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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 12/03/2015

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

DM no 14 : Espaces vectoriels

Correction de l’exercice 1 –
1. • Lorsque h 6= k, on a h + k 6= 0 et h − k 6= 0, donc :
Z π
1 π
Z
ϕk (x)ϕh (x) dx = (cos((h + k)x) + cos((h − k)x)) dx = 0,
−π 2 −π
le sinus s’annulant sur Nπ.
Lorsque h = k 6= 0, on obtient :
π π
1 + cos(2hx)
Z Z
ϕk (x)ϕh (x) dx = dx = π.
−π −π 2
2
Ainsi, pour tout (h, k) ∈ [[0, n]] \ {(0, 0)},
Z π Z π
ϕk (x)ϕh (x) dx = δh,k · π , et ϕ0 (x)ϕ0 (x) dx = 2pi
−π −π

n
X
• Soit λ1 , . . . , λn tels que λk ϕk = 0. On a alors, pour tout h ∈ [[1, n]] :
k=1
n
! n
Z π Z π
X X π
0= λk ϕk (x)ϕh (x) dx = λk ϕk (x)ϕh (x) dx = λh · .
−π −π 2
k=1 k=1

Ainsi, pour tout h ∈ [[1, n]], λh = 0. Le même raisonnement, avec un coefficient légèrement différent, montre
que ce résultat reste valide pour h = 0. On en déduit que (ϕk )k∈[[0,n]] est libre .
2. (a) Par définition, (ϕ0 , . . . , ϕn ) est une famille génératrice de Fn , et la question précédente montre qu’elle est
libre. Ainsi, c’en est une base, et dim(Fn ) = n + 1 .
(b) On linéarise cosp (x), en utilisant les formules d’Euler : pour tout x ∈ R,
p  
p 1 ix −ix p 1 X p i(2k−p)
cos (x) = p (e + e ) = p e .
2 2 k
k=0

Ainsi,
• si p est pair, p = 2ℓ,
  ℓ−1  
1 p X 1 p
fp = ϕ0 + ϕp−2k ,
2p ℓ 2p−1 k
k=1

ℓ  
X 1 p
• si p est impair, p = 2ℓ + 1 fp = p−1
ϕp−2k ,
2 k
k=1

Dans les deux cas, cela fournit fp ∈ Fn , ainsi que les coordonnées.
(c) La question 1 et la linéarité de l’intégale fournit alors, pour tout k ∈ [[1, n]] :

π p 
si k et p sont de même parité
Z π  p−1 p−k
2
cosp (x) cos(kx) dx = 2

−π 0 sinon.

On pourrait aussi obtenir le cas k = 0 :



π p
si p est pair
π

· 2π
Z  p
p 2p−1
cos (x) dx = 2

−π 0 sinon.

On vérifiera que cela donne bien le même résultat que pour p′ = p − 1 et k = 1.

1
3. • Si p est impair, la fonction gp : x 7→ sinp (x) est impaire et non nulle, et ne peut donc être combinaison linéaire
de fonctions paires. Ainsi, gp 6∈ Fn .
• Si p est pair, on a
p
∀x ∈ R, sinp (x) = (1 − cos2 (x)) 2 ,

et en développant, gp est combinaison linéaire de fonctions fp , elles mêmes dans Fn . Ainsi, gp ∈ Fn

Correction de l’exercice 2 – Autour de l’espace vectoriel des polynômes

1. (a) On raisonne par récurrence sur n ∈ N, pour montrer que toute famille de polynômes de cardinal n et de
degrés 2 à 2 distincts est libre.
L’initialisation pour n = 0, est triviale, la famille vide étant libre.
Soit n ∈ N∗ Supposons la propriété vraie pour tout famille de n − 1 polynômes, de degrés 2 à 2 distincts.
Soit (P1 , . . . , Pn ) une famille de n polynômes 2 à 2 distincts. Sans perte de généralité, on peut supposer que
dans cette famille, le polynôme de degré maximal est Pn . Notons d ce degré maximal. Les polynômes étant
de degrés 2 à 2 distincts, on a alors

∀k ∈ [[1, n − 1]], Pk ∈ Kd−1 [X].

Ainsi, Vect(P1 , . . . , Pd−1 ) ⊂ Kd−1 [X].


Par conséquent, la famille (P1 , . . . , Pd−1 ) est libre (par hypothèse de récurrence), et Pd 6∈ Vect(P1 , . . . , Pd−1 ),
donc (P1 , . . . , Pd ) est libre.
D’après le principe de récurrence, toute famille finie de polynômes de degrés 2 à 2 distincts est libre.
(b) Si pour tout k ∈ [[0, n]], deg(Pk ) = k, l’hypothèse de la question précédente est vérifiée. Ainsi, (Pk )k∈[[0,n]]
est libre dans Kn [X], de cardinal n + 1, égal à la dimension de Kn [X]. Ainsi, par maximalité, il s’agit d’une
base de Kn [X] .
2. (a) Soit E cet ensemble. Alors, tous les ri étant racines du polynôme nul, on a : 0 ∈ E. De plus, soit P, Q ∈ E,
et λ ∈ R. Alors, pour tout i ∈ [[1, k]],

(λP + Q)(ri ) = λP (ri ) + Q(ri ) = λ0 + 0 = 0.

Ainsi, pour tout i ∈ [[1, k]], ri est racine de λP + Q. Par conséquent, λP + Q est élément de E. Ainsi, E est
stable par combinaisons linéaires et non vide. Donc E est un sous-espace vectoriel de R[X] .
Tous polynôme de E s’écrit sous la forme (X − r1 ) · · · (X − ri ) · Q, donc comme combinaison linéaire de
polynômes (X − r1 ) · · · (X − ri ) · X i . La famille constituée de ces polynômes est donc génératrice.
Elle est également libre car toute sous-famille finie en est libre (puisque constituée de polynômes de degrés
à 2 distincts).
Ainsi, une base de E est ((X − r1 ) · · · (X − ri ) · X k )k∈N .
(b) On fait de même dans Rn [X]. Soit F l’ensemble des polynômes de Rn [X] dont r1 , . . . , rn sont racines. Le
même argument montre que F est un sous-espace de Rn [X]. De plus, P = (X − r1 ) · · · (X − rk ) est de degré
k, donc Q doit être de degré au plus n − k. Ainsi, une base de F est ((X − r1 ) · · · (X − rk ) · X j )j∈[[0,n−k]] .
En particulier, dim F = n − k + 1 .
(c) Soit H l’ensemble des polynômes de degré au plus n dont r1 , . . . rk sont racines, les ri vérifiant les hypothèses
de l’énoncé. H est un sev de Rn [X] pour les mêmes raisons que plus haut. Soit P ∈ H.
Les ri sont implicitement supposés distincts, et non égaux au conjugué d’un autre. Ainsi, d’après les
propriétés des racines complexes des polynômes à coefficients réels, r1 , . . . , rk sont racines de P . Ainsi,
r1 , . . . , rk , r1 , . . . , rk sont des racines deux à deux distinctes de P . Soit pour tout i ∈ [[1, k]], Pi = (X −
ri )(X − ri ) ∈ R[X]. Alors P1 · · · Pk divise P . Réciproquement, tout polynôme divisé par P1 · · · Pk est dans
H.
On en déduit comme plus haut une base de G : (P1 · · · Pk X i )06i6n−2k , ainsi que l’égalité dim G = n − 2k .

2
(d) On fait comme précédemment, mais cette fois, on n’ajoute une racine égale au conjugué d’une racine
existante seulement si cette racine n’est pas réelle, et n’est pas déjà présente dans la liste. Ainsi, si ℓ est le
le nombre de racines n’ayant pas leur conjugué dans la liste, on obtient k + ℓ racines imposées, et l’espace
considéré est de dimension n − k − ℓ .
3. Pour les deux questions, le sous-ensemble considéré ne contient pas le polynôme nul, donc n’est pas un sev .

Correction de l’exercice 3 – (D’après Polytechnique 2004, Partie I) –


1. • P est un polynôme de degré n (produit de n polynômes de degré 1). De plus, il est divisible par X − xj .
P (X)
Ainsi, est encore un polynôme, et son degré est n − 1. De plus, par définition de P , xj est racine
(X − xj )
1
simple de P , donc P ′ (xj ) 6= 0. Ainsi ′ est un réel bien défini. Donc Pj est bien défini, et est un
P (xj )
polynôme de degré n − 1 .
• Pour tout k 6= j, xk est racine de Pj , donc Pj (xk ) = 0. Par ailleurs, si j = k,

1 Y
Pj (xj ) = ′
· (xj − xk ).
P (xj )
k∈ [[ 1,n ]] \{j}

Calculons maintenant P ′ (xj ) en utilisant la dérivation d’un produit :


Y
P = (X − xj ) · (X − xk ),
k∈ [[ 1,n ]] \{j}

d’où :  ′
Y Y
P ′ = (X − xj )  (X − xk ) + (X − xk ).
k∈ [[ 1,n ]] \{j} k∈ [[ 1,n ]] \{j}

En appliquant cette expression à xj , le premier terme s’annule, et on obtient :


Y
P ′ (xj ) = (xj − xk ).
k∈ [[ 1,n ]] \{j}

Par conséquent, Pj (xj ) = 1.


Ainsi, Pj (xi ) = δi,j .
On reconnaît les polynômes de Lagrange aux points x1 , . . . , xn .
2. Soit F un polynôme. Alors
n
X
LF (xj ) = F (xk )Pk (xj ) = F (xj )Pj (xj ) = F (xj ),
k=1

car, d’après ce qui précède, le seul terme non nul dans la somme correspond à l’indice k = j.
On reconnaît en LF le polynôme d’interpolation de Lagrange aux points x1 , . . . , xn de la fonction (polynomiale)
F.
3. Soit F un polynôme de degré au plus n − 1. Les polynômes LF et F coïncident en au moins n valeurs x1 , . . . , xn .
Ainsi, LF − F admet au moins n racines. De plus, de façon immédiate, deg(LF − F ) 6 n − 1. Ainsi, par propriété
de rigidité, LF = F .
4. La question précédente montre que tout F ∈ Cn−1 [X] est combinaison linéaire des Pj (en prenant l’expression
définissant LF ). Ainsi, (Pi )16ilen est génératrice de Cn−1 [X], de cardinal n = dim(Cn−1 [X]). C’en est donc
une base .
1
5. Comme Pj est de degré n−1, bn−1,j est le coefficient dominant de Pj , clairement égal à P ′ (xj ) d’après la définition
de Pj . Ainsi
1
bn−1,j = ′ .
P (xj )

3
6. On applique la question 3 au polynôme F = X j , pour j ∈ [[ 0, n − 1 ]] :
n
X
j
X = xjk Pk (X).
k=1

En considérant la partie homogène de degré n − 1 ( i.e. le coefficient de X n−1 ) :


n
X xjk
= δj,n−1 .
P ′ (xk )
k=1

7. On développe (X − xk )n−1 à l’aide de la formule du binôme :


n n n−1
(X − xk )n−1
 
X X X 1 n−1
= (−1)ℓ X n−1−ℓ xℓk
P ′ (xk ) P ′ (xk ) ℓ
k=1 k=1 ℓ=0
n−1 n
!
X n − 1 ℓ
X x
= (−1)ℓ X n−1−ℓ k
ℓ P ′ (xk )
ℓ=0 k=1
 
n−1
= (−1)n−1 X n−1−(n−1) = (−1)n−1 .
n−1
En effet, d’après la question précédente, seul le terme de la somme correspondant à l’indice ℓ = n − 1 est non
nul.

Correction de l’exercice 4 –
1. • Soit F un sous-espace de E. Il est donc non vide, et stable par combinaisons linéaires à coefficients complexes ;
il est donc a fortiori stable également par combinaisons linéaires à coefficients réels, et est donc un sous-espace
sur R de E. Tout sous-espace vectoriel (sur C) de E est donc un sous-espace vectoriel sur R.
• La réciproque n’est pas vraie ; un sous-ensemble stable par combinaisons linéaires à coefficients réels n’a pas
de raison en général d’être stable par combinaisons linéaires à coefficients complexes. Donnons un contre-
exemple. Soit E = C. Alors F = R ⊂ C est un sous-espace sur R de C, mais n’est pas un sous-espace de C,
car F n’est pas stable par combinaisons linéaires à coefficients complexes ; par exemple, i ·1 6∈ R.
2. (a) • Pour commencer, pour tout y ∈ i F , il existe x ∈ F tel que y = i x, et comme x ∈ E et que E est un
espace vectoriel sur C, i x ∈ E. Ainsi, i F est un sous-ensemble de E.
• On a : 0 = i ·0, et comme 0 ∈ F , on a donc 0 ∈ i F .
• Soit (x, y) ∈ (i F )2 , et soit λ ∈ R. Alors il existe x′ et y ′ dans F tels que x = i x′ et y = i y ′ . Ainsi :

λx + y = i(λx′ + y ′ ).

Comme F est un sous-espace sur R de E, il est stable par combinaisons linéaires à coefficients réels ; par
conséquent, λx′ + y ′ ∈ F , puis λx + y ∈ i F . Ainsi, i F est stable par combinaisons linéaires à coefficients
réels.
• On en déduit que i F est un sous-espace vectoriel sur R de E.
(b) De façon immédiate, par pseudo-associativité de la loi externe, i(i F ) = −F , et par stabilité, par prise
d’opposé on obtient −F ⊂ F , et puisque −(−F ) = F , de même F ⊂ −F . Ainsi, i(i F ) = F .

(c) Soit (b1 , . . . , bn ) une base de F . Alors (i b1 , . . . , i bn ) est une base de i F . En effet, l’application ϕ : F → i F
définie par ϕ(x) = i x est linéaire, et c’est un isomorphisme, sa réciproque étant l’application ψ : i F → F
définie par ψ(y) = − i y. Par conséquent, ϕ envoie une base de F sur une base de i F .
On en déduit que dim(F ) = dim(i F ) .
(d) • Pour commencer, F ′ = F ∩ i F ⊂ F , et F ∩ i F est un sous-espace de E. En effet, F ′ est un sous-ensemble
de E contiennant 0, stable par somme (car F et i F le sont). Il reste donc à montrer la stabilité par
multiplication par un scalaire complexe λ = a + i b. Par stabilité de F et i F par somme et multiplication
par un scalaire, il suffit de vérifier la stabilité par multiplication par i. Or, étant donné x ∈ F ′ , x ∈ F ,
donc i x ∈ i F , et de même, x ∈ i F , donc i x ∈ i(i F ) = F . Ainsi, x ∈ F ′ .
Par conséquent, F ′ = F ∩ i F est un sous-espace vectoriel (sur C) de E)

4
• Montrons que c’est le plus grand sous-espace de E contenu dans F . Soit G un sous-espace de E contenu
dans F . On a alors, par stabilité, i G ⊂ G, et G = i(i G) ⊂ i G, donc G = i G et par suite G = i G ⊂ G.
Comme i G ⊂ i F , on en déduit que G ⊂ F ∩ i F .
Ainsi, F ∩ i F est le plus grand sous-espace (sur C) de E contenu dans F .
(e) Soit G un supplémentaire de F ∩ i F dans F . Puisque G ⊂ F et i G ⊂ i F , on a G ∩ i G ⊂ F ∩ i F , et puisque
G ∩ i G ⊂ G, il vient
G ∩ i G ⊂ G ∩ (F ∩ i F ) = {0},
par définition d’un supplémentaire. L’inclusion réciproque étant évidente, il vient donc G ∩ i G = {0}, donc
G est un sous-espace réel de E .
3. Soit F un sous-espace réel de E.
(a) Soit (xj )j∈I une famille d’éléments de F , libre sur R. Soit (λj )j∈C une famille d’éléments de C presque tous
nuls, tels que X
λj xj = 0.
j∈I

ÉcrivonsXpour tout j ∈
X I, λj = aj + i bj , où aj et bj sont des réels. Alors les aj et les bj sont presque tous
nuls, et aj xj = − bj (i xj ). La première somme est dans F , la seconde est dans i F . Ainsi, au vu de
j∈I j∈I
l’égalité, elles sont toutes les deux dans F ∩ i F qui est égal à {0} (F est un sous-espace réel). Ainsi :
X X
aj xj = 0 et bj (i xj ) = 0.
j∈I j∈I

Comme la famille (xj )j∈I est libre (sur R), la première somme (qui est à coefficients réels) amène : ∀j ∈
I, aj = 0.
X
De plus, en multipliant la seconde somme par − i, on obtient bj xj = 0. En utilisant de nouveau la liberté
j∈I
de la famille (xj )j∈I sur R, on en déduit que pour tout j ∈ I, bj = 0.
Ainsi, pour tout j ∈ I, λj = 0, et la famille (xj )j∈I est libre sur C .
(b) • Si dimC E = n, alors dimR E = 2n. En effet, si (bj )j∈ [[1,n ]] est une base de E sur C, alors :
∗ en séparant partie réelle et partie imaginaire des coefficients, toute combinaison à coefficients complexes
de (b1 , . . . , bn ) est combinaison linéaire à coefficients réels de (b1 , . . . , bn , i b1 , . . . , i bn ).
∗ toute combinaison linéaire à coefficients réels des vecteurs de (b1 , . . . , bn , i b1 , . . . , i bn ) est une combi-
naison linéaire nulle à coefficients complexes des bk (en regroupant les termes bk et i bk ). Si elle est
nulle, la liberté sur C de la famille (bk ) nous assure la nullité de tous ces coefficients complexes, donc
de leur partie réelle et imaginaire, donc de tous les coefficients de la combinaison initiale.
Ainsi, (b1 , . . . , βn , i b1 , . . . , i bn ) est une base de E sur R
• Soit F un sous-espace réel. Comme F et i F ont même dimension, et comme F ⊂ i F = {0} (par définition
d’un sous-espace réel), il vient dim F 6 n.
• On a égalité si et seulement si dimR (F ⊕ i F ) = dimR (E). L’inclusion, avec égalité des dimensions, amène
l’égalité. Ainsi, dim F 6 n si et seulement si F ⊕ i F = E.
4. Soit G un sous-espace de E de dimension finie. Soit (b1 , . . . , bℓ ) une base sur C de G. le même argument que
pour E montre que (b1 , . . . , bℓ , i b1 , . . . , i bℓ ) est une base de G sur R.
Soit alors F = VectR (b1 , . . . , bℓ ). On a i F = VectR (i b1 , . . . , i bℓ ), et le fait que (b1 , . . . , bℓ , i b1 , . . . , i bℓ ) soit une
base de G amène alors :
G = F ⊕ iF
(l’égalité provenant du caractère générateur, et la somme directe de la liberté).
Cet espace n’est bien sûr pas unique ; en effet, si F est un tel espace, alors i F convient aussi. D’autres contre-
exemples : si E = G = C, soit z ∈ C∗ , et soit F = Rz (ainsi, F est n’importe quelle droite réelle dans le plan
complexe). Alors i F ∩ F = {0}, et C = F ⊕ i F . On a trouvé une infinité de sous-espaces F qui conviennent.
5. On considère F l’ensemble des sous-espaces vectoriels sur R de G tels que F ⊕ i F soit directe (et nécessairement
inclu dans G, par stabilité de G par multiplication par un scalaire complexe), ordonné par l’inclusion.
Soit (Fi )i∈I un sous-ensemble totalement ordonné de F . Alors :

5
• si I = ∅, {0} est un majorant de (Fi )
• si I 6= ∅, soit F = i∈I Fi .
S

∗ Montrons que F est un sous-espace vectoriel sur R de E. Soit x, y ∈ F . Il existe (i, j) ∈ I 2 tels que x ∈ Fi
et y ∈ Fj . L’ordre étant total sur (Fi )i∈I , on a Fi ⊂ Fj ou Fj ⊂ Fi . Ainsi, x et y sont soit tous deux dans
Fi , soit tous deux dans Fj . Pour se fixer les idées, supposons que x et y soient dans Fi . Alors pour tout
l ∈ R, x + λy ∈ Fi , donc x + λy ∈ F . Comme de plus, F est de toute évidence inlus dans E, et contient 0
(car I 6= ∅), on en déduit que F est un sous-espace vectoriel sur R de E.
∗ F est inclus dans G. De plus, soit x ∈ F ⊂ i F . Il existe donc i et j tels que x ∈ Fi et x ∈ i Fj . De même
que précédemment, on peut supposer i = j car l’ordre est total, donc x ∈ Fi ∩ i Fi = {0}. Ainsi, x = 0. Par
conséquent, F ∩ i F = {0}, et la somme F ⊕ i F est directe.
Ainsi, F est un majorant dans F de (Fi ).
On en déduit que F est inductif. D’après le lemme de Zorn, il admet donc un élément maximal F . On a
F ⊕ i F ⊂ G. Si ce n’est pas une égalité, alors soit x ∈ G \ (F ⊕ i F ).
Il n’est pas très dur de se convaincre que F est un sous-espace vectoriel (sur C) de G. Ainsi, on obtient

(F ⊕ i F ) ⊕ Cx ⊂ G.

Or, vu comme espace sur R,

F ⊕ i F ⊕ Cx = F ⊕ i F ⊕ Rx ⊕ R i x = (F ⊕ Rx) ⊕ (i F ⊕ R i x) = (F ⊕ Rx) ⊕ i(F ⊕ Rx).

Cela contredit la maximalité de F .


Ainsi, F ⊕ i F = G.
6. Soit F un espace vectoriel sur R quelconque.
(a) On définit des opérations sur F × F par :

(x, y) + (x′ , y ′ ) = (x + x′ , y + y ′ ) et (a + i b) · (x, y) = (ax − by, bx + ay).

Pour vérifier que cela définit une structure d’espace vectoriel, il faut vérifier toutes les propriétés d’un espace
vectoriel (ici, ce n’est par le sous-espace vectoriel de quelque chose !) :
• Structure de groupe abélien pour la somme : la définition donnée pour la somme n’est rien d’aure que la
définition de la structure de groupe produit G × H, abélien si les deux groupes G et H le sont.
• Compatibilité avec le neutre 1 ∈ C :

∀x, y ∈ F × F, 1 · (x, y) = (1 + i ·0) · (x, y) = (1 · x − 0 · y, 0 · x + 1 · y) = (x, y).

• Le produit est associatif : pour tout (x, y) ∈ F 2 , et tous a, b, c, d ∈ R,

((a + i b)(c + i d))(x, y) = (ac − bd + i(bd + ad))(x, y) = ((ac − bd)x − (ad + bc)y, (ad + bc)x + (ac − bd)y),

et : (a + i b)((c + i d)(x, y)) = (a + i b)(cx − dy, dx + cy)


= (a(cx − dy) − b(dx + cy), b(cx − dy) + a(dx + cy)) = ((a + i b)(c + i d))(x, y).

• Distributivité du produit sur la somme de C :

((a + i b) + (c + i d))(x, y) = ((a + c) + i(b + d)) = (a + c)x − (b + d)y, (b + d)x + (a + c)y),

et : (a + i b)(x, y) + (c + i d)(x, y) = (ax − by, bx + ay) + (cx − dy, dx + cy)


= ((a + c)x − (b + d)y, (b + d)x + (a + c)y).

• Distributivité du produit sur la somme de F × F : de même.


Au passage, remarquez à quel point c’est préférable de pouvoir définir un espace vectoriel comme un sous-
espace d’un espace connu : il y a beaucoup moins de vérifications à faire !

6
(b) • Tout d’abord, montrons que F est un sous-espace sur R de FC ; pour cela, étudions la stabilité par
combinaisons linéaires. Soit X = (x, 0) et Y = (y, 0) deux éléments de F , et λ ∈ R. Alors λX + Y =
(λx + y, 0). Or, λx + y est dans F , par stabilité de F , donc (λx + y, 0) ∈ F , d’après l’abus de notation
précisé dans l’énoncé. Comme (0, 0) ∈ F , on en déduit que F est un sous-espace sur R de FC .
Remarquez que l’abus de notation se justifie par le fait que l’application linéaire F −→ F (de l’ancien F
vers le nouveau) donnée par x 7→ (x, 0) est un isomorphisme.
• Soit maintenant X = (x, 0) un élément de F . Alors i X = (0, x), d’après la description de la loi externe.
Ainsi, i F est le sous-espace sur R de FC constitué des couples (0, x), pour x ∈ F . En particulier, F ∩ i F =
{(0, 0)} = {0}. Par conséquent, F est un sous-espace réel de FC .
(c) On sait déjà que F et i F sont en somme directe (question précédente). Montrons que F + i F = FC . Soit
(x, y) un élément de FC . Alors (x, y) = (x, 0) + (0, y), avec (x, 0) ∈ F , et (0, y) ∈ i F . Donc FC ⊂ F + i F .
L’inclusion réciproque est évidente, puisque F ⊂ FC et i F ⊂ FC . Ainsi, F ⊕ i F = FC
(d) Un sous-espace réel de FC n’est pas forcément un sous-espace (sur R) de F .
En effet, si F = R, alors une vérification immédiate montre que FC = C ; l’élément i correspond à (0, 1). Le
produit et l’addition correspondent au produit et à l’addition dans C. On a vu plus haut que toute droite
réelle de C est un sous-espace réel de C. Ainsi, i F = i R est un sous-espace réel de R, aussi étrange que
puisse paraître la terminologie !
C’est d’ailleurs le cas pour tout sous-espace réel F : i F est alors aussi un sous-espace réel de FC , mais n’est
bien sûr pas contenu dans F , sauf dans le cas où F = {0}.
7. D’après la question 4, il existe un sous-espace sur R de E tel que F ⊕ i F = E. Montrons que E est isomorphe à
FC . On définit l’isomorphisme
ϕ : FC = F × F −→ E = F ⊕ i F
par ϕ(x, y) = x + i y. Cette application est clairement une bijection. En effet l’application définie pour tout x ∈ F
et y ∈ i F par ψ(x + y) = (x, − i y) en est clairement une réciproque.
Montrons que c’est un isomorphisme, c’est-à-dire que cette bijection est une application linéaire. Soit (x, y) et
(x′ , y ′ ) deux éléments de F × F , et λ ∈ C. On écrit λ = a + i b, où a et b sont deux réels. Alors :

ϕ(λ(x, y) + (x′ , y ′ )) = ϕ(ax − by + x′ , bx + ay + y ′ ) = (ax − by + x′ ) + i(bx + ay + y ′ )


= (a + i b)(x + i y) + (x′ + i y ′ ) = λϕ(x, y) + ϕ(x′ , y ′ ).

Ainsi, ϕ est un isomorphisme de FC sur E : E est isomorphe au complexifié de F .

Correction de l’exercice 5 – (Existence d’un supplémentaire commun)


Soit E un espace vectoriel de dimension n > 2 et F et G deux sous-espaces vectoriels de E de même dimension p < n.
Soit
SF = {H sev de E tq H ∩ F = {0}} et SG = {H sev de E tq H ∩ G = {0}}

1. SF ∩ SG est non vide (il contient l’espace nul), et les dimensions de ses éléments forment un sous-ensemble non
vide et majoré (par n) de N.
Ainsi, le principe fondamental de N assure l’existence d’un élément H de degré maximal dans SF ∩ SG .
2. On suppose ici que dim H < n − p.
(a) Un exercice archi-classique justifie que A ∪ B est un sous-espace de E si et seulement si A ⊂ B ou B ⊂ A .
En effet la réciproque est triviale, alors que si A 6⊂ B et B 6⊂ A, il existe a ∈ A ∪ B \ A et b ∈ A ∪ B \ A. On
ne peut alors pas avoir a + b ∈ A (sinon b = (a + b) − a serait aussi dans a), ni a + b ∈ B. Ainsi, on a trouvé
a ∈ A ∪ B, b ∈ A ∪ B tels que a + b 6∈ A ∪ B, et A ∪ B ne peut donc pas être un sous-espace vectoriel de E.
(b) Puisqu’on a supposé dim H < n − p, on a dim(F ⊕ H) < n et dim(G ⊕ H) < n. Ainsi, F ⊕ H 6= E et
G ⊕ H 6= E. D’après la question précédente, on a alors aussi F ⊕ H ∪ G ⊕ H 6= E. Il existe donc un vecteur
x ∈ E \ F ⊕ H ∪ G ⊕ H, qui n’est pas l’ensemble vide.
Comme x 6∈ F ⊕ H, la (seconde) somme (F ⊕ H) + Kx est directe. Ainsi, on a F ⊕ H ⊕ Kx, et en particulier,
H ⊕ Kx ∈ SF .

7
De même, H ⊕ Kx ∈ SG
Ainsi, H ⊕ Kx ∈ SF ∩ SG , et dim(H ⊕ Kx) > dim H, ce qui contredit la maximalité de la dimenion de H.
On en déduit que dim H = n − p (il ne peut pas être strictement plus grand, la dimension de F + H étant
inférieure à n)
On a alors une somme directe F ⊕ H telle que

dim(F ) + dim(H) = dim(E),

donc H est un supplémentaire de F . De la même manière, H est un supplémentaire de G.


Ainsi, F et G admettent un supplémentaire commun .
3. Le raisonnement est à peu près le même, mais nécessite une hypothèse supplémentaire sur K. En effet, si K est
fini et E un espace de dimension finie > 2 sur E, E a un nombre fini de droites, donc est l’union d’un nombre
fini de droites/ Tout supplémentaire d’une droite contient alors un point non nnul d’une autre droite, et ne peut
donc pas être supplémentaire de cette droite. On suppose donc ici que K est infini.
On considère F1 , . . . , Fp des sev de E de même dimension k, et SFi les ensembles de sev correspondants, définis
comme dans le cas de F et G. On considère alors H de dimension maximale dans l’intersection de tous les SFi .
Pour adapter le raisonnement précédent, il faudrait montrer que si dim H < n − k, alors il existe un élément x
n’appartenant à aucun des Fi ⊕ H. Ceci provient du lemme suivant :

Lemme : soit p un entier au moins égal à 3, et soit K un corps infini. Si l’union de p sous-espaces vectoriels
F1 , . . . , Fp de E est un sous-espace vectoriel, alors il existe un Fk contenant tous les autres. Autrement dit,
l’union est l’un des Fk .

Supposons ce lemme aquis. Alors, les Fi ⊕ H n’étant pas égaux à E (pour des raisons de dimension), leur union
ne peut l’être non plus, en raison du lemme. On peut donc trouver x n’appartenant à aucun des Fi ⊕ H. On
vérifie alors comme plus haut que H ⊕ Kx est dans l’intersection des SFi et contredit la maximalité de H. Ainsi,
dim H = n − k, et comme plus haut, on en déduit que H est un supplémentaire commun aux Fi .

Démonstration du lemme
Supposons que F1 ∪ · · · ∪ Fp = F , où F est un sev de E.
On commence par une réduction initiale, consistant à enlever successivement de la famille, les Fk inclus dans
l’union de tous les autres restants (ceux qu’on n’a pas encore enlevés), ceci jusqu’à ce qu’il n’existe plus de tel
sous-espace dans la famille réduite.
On obtient donc, après cette réduction et en renumérotant les espaces, une famille (Gi )i∈[[1,m]] tel qu’aucun espace
de cette famille ne soit inclus dans l’union des autres, et dont l’union est égale à l’union des Fi (cette réduction
s’opère à union globale constante), donc l’union est un sous-espace vectoriel de E.
Supposons que dans cette famille, il reste au moins deux espaces G1 et G2 (donc m > 2). Alors, on peut choisir
m
[
x ∈ F1 tel que pour tout k 6= 1, x 6∈ Gk et y ∈ G2 tel que pour tout k 6= 2, y 6∈ G2 . Comme Gi est un espace
i=1
m
[
vectoriel, pour tout λ ∈ K, λx + y est dans Gi . Le nombre de λ ∈ K étant infini, et le nombre de Gi étant
i=1
fini, il existe, d’après le principe des tiroirs, λ 6= µ et k ∈ [[1, n]] tels que

λx + y ∈ Gk et µx + y ∈ Gk .

En formant la différence de ces deux expressions, et du fait que λ − µ est inversible, on en déduit que x ∈ Gk ,
puis y ∈ Gk . Le choix de x amène k = 1, le choix de y amène k = 2, d’où une contradiction.
Ainsi, après la réduction initiale, il ne reste pas deux espaces. Autrement dit la réduction initiale nous ramène
à un unique espace (G1 , initialement numéroté Fk ), et la réduction initiale préservant l’union, on a
p
[
Fk = G1 = Fi .
i=1

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