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2.

Intégrales simples

Dans ce chapitre a et b désignent deux réels tels que a < b. Toutes les fonctions considérées sont
supposées définies, continues (ou continues par morceaux) sur [a, b]. Et elles sont à valeurs réelles,
puisque les fonctions complexes pouvant se ramener au cas réelle en considérant Re( f ) et Im( f ).

2.1 Introduction à la notion de l’intégrale


Définition 2.1 — unité d’aire. Le plan P est rapporté à un repère orthogonal (O,~i, ~j). Soient
−→ −→ −→
I, J et K trois points de P définis par OI =~i, OJ = ~j et OK =~i + ~j. On appelle unité d’aire
(en abrégé u.a), l’unité de mesure des aires donné par :

1 u.a = Aire du rectangle OIKJ.

Définition 2.2 — intégral d’une fonction positive. Soit f : [a, b] → R une fonction positive
et continue (ou continue par morceaux) sur l’intervalle [a, b]. On appelle intégral de f entre a et
Z b
b, noté f (x)dx, l’aire (exprimé en u.a) du domaine D délimité par la courbe représentative
a
de f , l’axe des abscisses et les deux droites d’équations x = a et x = b :

D = {M(x, y) ∈ P , a 6 x 6 b et 0 6 y 6 f (x)}.

Les réels a et b sont dites les bornes de l’intégrale, et la variable d’intégration “ x ” est dite muette,
c’est-à-dire, on peut la remplacer par n’importe quelle autre lettre :
Z b Z b Z b
f (x)dx = f (t)dt = f (u)du . . . .
a a a

Remarque À toute fonction réelle f , on peut associer deux fonctions positives, dites la partie
positive f + et la partie négative f − de f , définies respectivement par :
(
f (x) si f (x) > 0
f + (x) = max( f (x), 0) =
0 sinon,
20 Chapter 2. Intégrales simples
(
− f (x) si f (x) < 0
f − (x) = max(− f (x), 0) =
0 sinon.
Les deux fonctions f + et f − sont liées à la fonction initiale f par les deux relations suivantes :

f = f+− f− et | f | = f + + f −.

Définition 2.3 — intégral d’une fonction quelconque. Soit f : [a, b] → R une fonction
continue (ou continue par morceaux) sur [a, b]. On appelle intégral de f entre a et b, le réel
Z b Z b Z b
f (x)dx = +
f (x)dx − f − (x)dx
a a a
Z b
En d’autre terme f (x)dx se calcule en comptant positivement l’aire des domaine où f est
a
positive et négativement l’aire des domaine où f est négative.

2.2 Primitives d’une fonction


Définition 2.4 Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On appelle primitive de f
sur I, toute fonction F définie et dérivable sur I telle que :
∀x ∈ I, F 0 (x) = f (x).
Z Z
Les primitives de f sont notées f (x) dx ou f.

1
Exemple 1. La fonction x 7→ ln |x| est une primitive de la fonction x 7→ sur R∗ , alors
x
1
Z
dx = ln |x| sur R∗ .
x
Z
2. La fonction x 7→ ex est une primitive de la fonction x 7→ ex sur R, et alors ex dx = ex sur R.
1
3. Sur l’intervalle ] − 1, 1[, la fonction argth est une primitive de la fonction x 7→ puisque
1 − x2
1
argth0 (x) = pour tout x ∈ ] − 1, 1[ , et alors
1 − x2
1
Z
dx = argth(x) sur ] − 1, 1[ .
1 − x2

Proposition 2.1 Si F et G sont deux primitives de f sur un intervalle I, alors

∀x ∈ I, G(x) = F(x) +Cte.


Z
En particulier, si F est une primitive de f , alors on écrit f (x)dx = F(x) +Cte.

3 1
Z Z Z
Exemple 3x + 1 dx = x2 + x +Cte , e dx = e2x +Cte ,
2x
sin x dx = − cos x +Cte.
2 2

Remarque À partir des relations de dérivation, on récupère le tableau des primitives suivant
2.2 Primitives d’une fonction 21

Fonction f Primitive F Ensemble de validité

1
xα , α ∈ R \ Z xα+1 ]0, +∞[
α +1
1 1 1
, n ∈ N∗ \ {1} − R∗
xn n−1 x n−1

1 n+1
xn , n ∈ N x R
n+1
1
ln |x| R∗
x
1 αx
eα x , α ∈ R∗ e R
α

cos x sin x R

sin x − cos x R

sin x ¶ ©
tan x = − ln | cos x| R \ π/2 + kπ ; k ∈ Z
cos x
cos x ¶ ©
cotanx = ln | sin x| R \ kπ ; k ∈ Z
sin x
1 ¶ ©
1 + tan2 (x) = tan x R \ π/2 + kπ ; k ∈ Z
cos2 (x)
1 ¶ ©
1 + cotan2 (x) = 2 −cotanx R \ kπ ; k ∈ Z
sin (x)

chx shx R

shx chx R

shx
th x = ln(chx) R
chx
chx
coth x = ln(shx) R∗
shx
1
1 − th2 (x) = 2
th x R
ch (x)
1
coth2 (x) − 1 = 2 − coth x R∗
sh (x)
1
arctan x R
1 + x2
1 1 1 + x ¶ ©
ln R \ − 1, 1
1 − x2 1−x

2
1
√ arcsin x ] − 1, 1[
1 − x2
1
−√ arccos x ] − 1, 1[
1 − x2
1 √
√ ln |x + x2 − 1| ] − ∞, −1[ ∪ ]1, +∞[
2
x −1
1 √
√ ln(x + x2 + 1) R
2
x +1
22 Chapter 2. Intégrales simples

2.3 Intégrale d’une fonction continue


Lemme 2.1 — Lemme fondamental.Z Soit f : I → R continue sur un intervalle I et a ∈ I. La
x
fonction F : I → R définie par F(x) = f (t) dt est l’unique primitive de f qui s’annule en a.
a

Ce qui revient à dire que la fonction F est dérivable sur I et que sa fonction dérivée est f .

Théorème 2.1 Toute fonction continue sur un intervalle I, admet au moins une primitive sur I.

Corollaire 2.1 — Calcul d’intégral. Soient f continue sur [a, b] et F une primitive de f , alors
Z b
f (x)dx = [F(x)]ba = F(b) − F(a).
a
Z b
Remarque Le réel f (x)dx donné dans ce corollaire ne dépend pas de la primitive choisie.
a

Exemple En utilisant les primitives des fonctions usuelles, on obtient les intégrales suivantes
Z π/3 î ó π/3
tan x dx = − ln | cos x | 0
= ln 2.
0

e2 + 1 e2 − 2e + 1
Z 1 î ó1
shx dx = chx 0
= −1 = .
0 2e 2e
Z −1
1 î ó−1 π π 7π
√ 2
dx = arctan x √
3
=− − =− .
3 1+x 4 3 12
Z √2/2 ó√2/2
1 î π π 5π
√ dx = arcsin x = + = .
−1/2 1 − x2 −1/2 4 6 12
ô3
Z 3 √ √
ñ
1 p
√ √ 2 dx = ln x + x2 − 1 = ln(3 + 2 2) − ln( 2 + 1).


2 x −1 2

2.4 Propriétés des intégrales Simples


Proposition 2.2 Soit f une fonction continue sur [a, b], alors on a :
Z a Z b Z a
f (x) dx = − f (x) dx , f (x) dx = 0.
b a a

Proposition 2.3 Soit f une fonction continue positive sur [a, b], alors on a :
Z b Z b
f (x) dx > 0 , f (x) dx = 0 =⇒ f = 0.
a a

Remarque En particulier, si f une fonction continue à signe quelconque sur [a, b], alors on a :
Z a
| f (x)| dx = 0 =⇒ | f | = 0 =⇒ f = 0.
b
Z a
f 2 (x) dx = 0 =⇒ f 2 = 0 =⇒ f = 0.
b
2.4 Propriétés des intégrales Simples 23

Proposition 2.4 — Linéarité. Soient f et g continues sur [a, b] et α, β deux réels, alors on a :
Z b Z b Z b
(α f + β g)(x)dx = α f (x)dx + β g(x)dx.
a a a

Proposition 2.5 — Relation de Chasles. Soient f continue sur un intervalle I, alors on a :


Z b Z c Z b
∀a, b, c ∈ I, f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx.
a a c

Z 2 Z 1
Exercice 2.1 Calculer les deux intégrales suivantes I = x |x| dx et J = x |x| dx.
−1 −1

Proposition 2.6 Soient f et g continues sur [a, b] telles que ∀x ∈ [a, b], f (x) 6 g(x), alors :
Z b Z b
f (x)dx 6 g(x)dx.
a a

Corollaire 2.2 Soient f une fonction continue sur [a, b], alors on a :
Z b Z b
f (x)dx 6 | f (x)|dx.


a a

Proposition 2.7 — Inégalité de Cauchy-Schwarz. Soient f et g continues sur [a, b], alors
ÇZ b å2 ÇZ b åÇ Z b å
2 2
f (x) g(x)dx 6 f (x)dx g (x)dx .
a a a

Exercice 2.2 En utilisant l’inégalité de Cauchy-Schwarz, montrer que


Äbä b−a
∀ b > a ∈ R∗+ , ln 6 √ .
a ab

Proposition 2.8 — Première Formule de la moyenne. Soient f , g continues sur [a, b] avec
g positive, alors il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b Z b
f (x)g(x)dx = f (c) g(x)dx.
a a

Exercice 2.3 Soit f : [a, b] → R une fonction continue. Montrer qu’il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b
f (x) dx = f (c) (b − a).
a
24 Chapter 2. Intégrales simples

2.5 Techniques de calcul des intégrales


2.5.1 Utilisation des primitives usuelles
En plus des primitives usuelles du tableau précédent, on a la proposition suivante

Proposition 2.9 Pour calculer les primitives de fonctions composées, on a


Z
u0 (x) g0 (u(x)) dx = g(u(x)) + cte.

En particulier, on a le tableau des primitives composées suivant

u0 (x)
Z
dx = ln |u| + cte.
u(x)
Z
u0 (x)eu(x) dx = eu + cte.

uα+1
Z
u0 (x)u(x)α dx = + cte où α 6= −1.
α +1
Z
u0 (x) cos u(x) dx = sin u + cte.
Z
u0 (x) sin u(x) dx = − cos u + cte.

u0 (x)
Z
dx = arctan u + cte.
1 + u2 (x)
u0 (x)
Z
» dx = arcsin u + cte.
1 − u2 (x)
−u0 (x)
Z
» dx = arccos u + cte.
1 − u2 (x)

Z π/3
Exemple Calculons sin2 x cos x dx. Posons u(x) = sin x, d’où u0 (x) = cos x, et par suite
0

Z π/3 Z π/3 √
î1 óπ/3 î1 óπ/3 3
2 2 0 3 3
sin x cos x dx = u (x) u (x) dx = u (x) 0
= sin (x) 0
= .
0 0 3 3 8

sin x cos(ln x)
Z Z
Exercice 2.4 Calculer les primitives suivantes dx , dx.
cos2 x x

2.5.2 Intégration par parties


Théorème 2.2 Soient u, v : I → R deux fonctions de classe C1 sur un intervalle I de R, alors :
Z Z
u0 (x) v(x) dx = u(x) v(x) − u(x) v0 (x) dx.

En particulier, si I = [a, b], alors on a :


Z b ób Z b
u0 (x) v(x) dx = u(x) v(x) a − u(x) v0 (x) dx.
î
a a
2.5 Techniques de calcul des intégrales 25
Z e
Exemple Calculons ln x dx, par une intégration par parties, on obtient
1
Z e Z e
î óe 1 î óe î óe
ln x dx = x ln x 1 − x dx = x ln x 1 − x 1
= 1.
1 1 x
1
Z
Exemple Posons In = dx, par une intégration par parties, on obtient
(1 + x2 )n

x x2
Z
In = + 2n dx
(1 + x2 )n (1 + x2 )n+1
x 1 + x2 − 1
Z
= + 2n dx.
(1 + x2 )n (1 + x2 )n+1
x 1 1
Z Z
= + 2n dx − 2n dx
(1 + x2 )n (1 + x2 )n (1 + x2 )n+1
x
= + 2n In − 2n In+1 .
(1 + x2 )n

Par suite, il vient


x
2n In+1 = + (2n − 1) In . (2.1)
(1 + x2 )n
1
Z
Calculons par exemple I2 = dx. D’après la relation (2.1), on a
(1 + x2 )2

1 1 x 1 1 x arctan x
Z Z
I2 = dx = + dx = + + cte.
(1 + x2 )2 2 1 + x2 2 1 + x2 2 (1 + x2 ) 2

Exercice 2.5 Calculer les primitives ou intégrales suivantes


Z p Z Z 1 Z π/2
1 − x2 dx , sin(x) ex dx , x arctan x dx , In = sinn (x)dx où n ∈ N.
0 0

2.5.3 Changement de variable


Théorème 2.3 Soit ϕ : [a, b] → R de classe C1 sur [a, b] et f : I → R continue sur un intervalle
I de R telle que ϕ([a, b]) ⊂ I, alors, on a :
Z b Z ϕ(b)
0
f (ϕ(x))ϕ (x)dx = f (u)du.
a ϕ(a)

En plus, si F est une primitive de f sur I, alors on a :


Z
f (ϕ(x))ϕ 0 (x)dx = F(ϕ(x)) +Cte.

La transformation u = ϕ(x) est dite changement de variable, on effectue les substitutions suivantes
- u = ϕ(x).
- du = ϕ 0 (x) dx.
26 Chapter 2. Intégrales simples

- on change les bornes d’intégration a et b en ϕ(a) et ϕ(b).


Remarque En conjuguant ce théorème avec la relation de Chasles, on obtient :
1. Soit f : [−a, a] → R une fonction continue, alors on a :
Z a Z a
- si f est paire, alors f (x)dx = 2 f (x)dx
−a 0
Z a
- si f est impaire, alors f (x)dx = 0.
−a
2. Soit f : R → R continue et T -périodique, alors, pour tout a ∈ R, on a :
Z a+T Z T
f (x)dx = f (x)dx.
a 0

1
Z
Exemple Calculons dx. Posons u = ex d’où du = ex dx = u dx, et par conséquent
ex + 1
1 1 1 1
Z Z Z
x
dx = du = − du = ln(u) − ln(u + 1) + cte.
e +1 u(u + 1) u u+1
Finalement, on obtient
1
Z
dx = ln(u) − ln(u + 1) + cte = x − ln(ex + 1) + cte.
ex + 1

Exercice 2.6 Calculer les intégrales ou primitives suivantes


Z e2 Z √
1 1
Z
3
dx , dx , ex − 1 dx.
e x ln(x) chx

Dans la version suivante, il faut que le changement de variable ϕ soit bijectif et que ϕ, ϕ −1 soient de
classe C1 . C’est en particulier le cas si ϕ de classe C1 strictement monotone sur [a, b].

Théorème 2.4 — Changement de variable bijectif. Soit ϕ : [a, b] → R de classe C1 stricte-


ment monotone sur [a, b] et f : I → R continue sur un intervalle I telle que ϕ([a, b]) ⊂ I, alors
Z b Z ϕ −1 (b)
f (x)dx = f (ϕ(u)) ϕ 0 (u) du.
a ϕ −1 (a)

Dans ce changement de variable, on effectue les substitutions suivantes


- x = ϕ(u) et dx = ϕ 0 (u) du.
- on change les bornes d’intégration a et b en ϕ −1 (a) et ϕ −1 (b).
Z 1
1
Exemple Calculons √ dx. La fonction u 7→ tan u est de classe C1 bijectif de
0 (1 + x2 )) 1 + x2
î πó
0, sur [0, 1] de réciproque x 7→ arctan x. Posons donc x = tan u d’où dx = (1 + tan2 u) du, alors
4

1 + tan2 u
Z 1 Z arctan(1) Z π/4
1 2
√ dx = √ du = cos u du = .
0 (1 + x2 )) 1 + x2 arctan(0) (1 + tan2 u) 1 + tan2 u 0 2
2.6 Méthodes élémentaires pour le calcul de primitives 27

x2
Z 1p Z 1/2
Exercice 2.7 Calculer les intégrales suivantes : 1 − x2 dx , √ dx.
−1 0 1 − x2

2.6 Méthodes élémentaires pour le calcul de primitives


Dans cette section, on présente un certain nombre de procédés permettant de calculer les primitives
de fonctions courantes. Cette liste n’est pas exhaustive et les procédés proposés ne fournissent pas
toujours la façon la plus rapide de calculer la primitive, mais une manière systématique pour aboutir
au résultat. Dans la suite, k, m, n, p, q, r et s sont des entiers naturels, a, b, c, d, α et β sont des
réels, P une fonction polynomiale à coefficients réels et F une fonction rationnelle à coefficients
réels.

2.6.1 Primitives de fonctions rationnelles Z


Soit F ∈ R(X) une fraction rationnelle, on se propose de calculer F(x) dx. Par la décomposition
de F en éléments simples sur R, on se ramène au calcul de primitives de la forme :
1 ax + b
Z Z
dx avec k ∈ N∗ , dx avec c2 − 4d < 0 et k ∈ N∗ .
(x − a)k (x2 + cx + d)k
Z
1
(a) Intégrales de type dx :
(x − a)k

Z
1  ln |x − a| + cte
 si k = 1,
dx = 1
(x − a)k  + cte si k > 2.
(1 − k)(x − a)k−1

Z
ax + b
(b) Intégrales de type dx :
(x2 + cx + d)k

Pour cet intégrale, on commence par écrire :


ax + b a 2x + c Ä ac ä 1
2 k
= 2 k
+ b − 2
.
(x + cx + d) 2 (x + cx + d) 2 (x + cx + d)k
La primitive du premier terme dans la formule précédente est donnée par :
2

Z
2x + c  ln(x + cx + d) + cte
 si k = 1,
2
dx = 1
(x + cx + d)k  + cte si k > 2.
(1 − k)(x2 + cx + d)k−1

Pour la primitive du second terme, comme c2 − 4d < 0, alors on a :


Ç√ å2
dx dx c 4d − c2
Z Z
2
= 2 2
avec p = et q2 =
(x + cx + d)k [(x + p) + q ]k 2 2
1 dx
Z
= 2k å2 ôk .
q
ñÇ
x+ p
+1
q
x+ p dx
Effectuant le changement de variable u = (du = ), on obtient
q q
dx 1 du 1 du
Z Z Z
2
= 2k−1 2
= 2k−1 Ik où Ik = .
(x + cx + d)k q (u + 1)k q (u2 + 1)k
28 Chapter 2. Intégrales simples

En procédant par intégration par parties sur Ik−1 , on obtient pour tout k > 2 que

du u u2
Z Z
Ik−1 = = + 2(k − 1) du
(u2 + 1)k−1 (u2 + 1)k−1 (u2 + 1)k
u (u2 + 1) − 1
Z
= 2 + 2(k − 1) du
(u + 1)k−1 (u2 + 1)k
u
= 2 + 2(k − 1) Ik−1 − 2(k − 1) Ik .
(u + 1)k−1

Et donc pour tout k > 2, on a


u
2(k − 1) Ik = + (2k − 3) Ik−1 .
(u2 + 1)k−1

Cette formule permet de calculer Ik connaissant Ik−1 , et le calcul de I1 est immédiat puisque

du
Z
I1 = = arctan(u) + cte
u2 + 1
ó π πî
Remarque En effectuant le changement de variable u = tan θ où θ ∈ − , , on obtient
2 2
1 1
Z Z
Ik = du = dθ , (du = (1 + tan2 θ ) dθ )
(u2 + 1)k (1 + tan2 θ )k−1
Z
= cos2k−2 θ dθ .

Le calcul de ce type d’intégrale est traité dans le paragraphe suivant.

x4 x4
Z
Exemple Calculons dx. La DES1 de f (x) = donne
(x + 1)2 (x2 + 1) (x + 1)2 (x2 + 1)

x4 a b cx + d
f (x) = 2 2
= 1+ + 2
+ 2 où a, b, c, d ∈ R.
(x + 1) (x + 1) x + 1 (x + 1) x +1

Puisque, on a
î ó 1 1
• (x + 1)2 f (x) x=−1
= =⇒ b = .
2 2
• f (0) = 0 =⇒ 1 + a + b + d = 0.
î −i ó 1 −i 1
• (x2 + 1) f (x) =
=⇒ ci + d = 2
= =⇒ c = − , d = 0.
2 x=i (1 + i) 2 2
3 1 x
Alors, on obtient f (x) = 1 − + − , et par suite
2(x + 1) 2(x + 1)2 2(x2 + 1)

x4 3 1 1
Z
2 2
dx = x − ln(|x + 1|) − − ln(x2 + 1) + cte.
(x + 1) (x + 1) 2 2(x + 1) 4

1 L’abréviation DES signifie la décomposition en éléments simples


2.6 Méthodes élémentaires pour le calcul de primitives 29

Z 1 3
x +x+1
Exercice 2.8 Calculer l’intégrale suivante dx
0 (x2 + 2)2

2.6.2 Primitives de fonctions rationnelles en sinus et cosinus


Soit F(X,Y ) ∈ R(X,Y ) une fraction rationnelle, on se propose de calculer les primitives
Z
F(sin x, cos x) dx.

1. F est un polynômes : Z
Par linéarité de l’intégral, on est ramener au calcule de primitives sinm x cosn x dx où m, n ∈ N.
1.1. Cas m ou n est impair :
 Z
Z 

 sinm x (1 − sin2 x) p cos x dx si n = 2p + 1 impair
m n
sin x cos x dx = Z
(1 − cos2 x)q cosn x sin x dx m = 2q + 1 impair


 si
 Z


 um (1 − u2 ) p du avec le changement de variable u = sin x
= Z
 − (1 − u2 )q un du avec le changement de variable u = cos x.

Z
On se ramène aux primitives d’une fonction polynôme ur (1 − u2 )s du qui sont facile à calculer.
Z
Exemple Calculons sin5 x dx. Puisque sin5 = (1 − cos2 x)2 sin x, on pose u = cos x, et alors
Z Z
5
sin x dx = (1 − cos2 x)2 sin x dx
Z
=− (1 − u2 )2 du (du = − sin x dx)
Z
=− (u4 − 2u2 + 1) du

u5 2u3
=− + − u + cte.
5 3
Finalement, on en déduit que

cos5 x 2 cos3 x
Z
sin5 x dx = − + − cos x + cte.
5 3
1.2. Cas m et n sont pairs :
On calcul ces primitives par linéarisation de sinm x cosn x (l’écrire en combinaison linéaire de
cos(kx) et sin(kx)), en utilisant les formules d’Euler et la binôme de Newton suivantes
n
eix + e−ix eix − e−ix X
cos x = , sin x = et (a + b)n = Cnk ak bn−k .
2 2i k=0
30 Chapter 2. Intégrales simples

Z
4
Exercice 2.9 Linéariser sin x, puis calculer la primitive sin4 x dx.

2. Règles de Bioche :
Z
Pour calculer F(sin x, cos x) dx où F est une fraction rationnelle à deux variables, on peut toujours
x 1 + u2
effectuer le changement de variable u = tan . Et puisque du = dx, on se ramène à calculer :
2 2

2u 1 − u2
Ç å
2 du
Z
F , .
1 + u2 1 + u2 1 + u2

Cette méthode amène souvent à intégrer des fractions rationnelles dont le dénominateur est de
degré élevé, alors on commence en général par effectuer l’un des changement de variables suivants

u = cos x , u = sin x et u = tan x.

Pour simplifier les calculs, on peut utiliser les règles de Bioche suivantes :

- Si F(sin x, cos x) dx reste invariant quand on remplace x par −x, on pose u = cos x.
- Si F(sin x, cos x) dx reste invariant quand on remplace x par π − x, on pose u = sin x.
- Si F(sin x, cos x) dx reste invariant quand on remplace x par π + x, on pose u = tan x.
Remarque Si deux au moins des changements précédents laissent invariant F(sin x, cos x) dx, le
changement de variable u = cos 2x ramène à calculer une primitive d’une fonction rationnelle.

dx
Z
Exemple Calculons . En utilisant les règles de Bioche, on pose u = cos x, et alors
sin x + sin 2x

dx sin x dx du
Z Z Z
= =− (du = − sin x dx).
sin x + sin 2x sin2 x + 2 sin2 x cos x (1 − u2 )(1 + 2u)

−1
La DES de la fraction rationnelle donne
(1 − u2 )(1 + 2u)

−1 1 1 4
= + − .
(1 − u2 )(1 + 2u) 6(u − 1) 2(u + 1) 3(2u + 1)

Finalement, on obtient

dx 1 1 4
Z Z
= + − du
sin x + sin 2x 6(u − 1) 2(u + 1) 3(2u + 1)
1 1 2
= ln(|u − 1|) + ln(|u + 1|) − ln(|2u + 1|) + cte
6 2 3
1 1 2
= ln(1 − cos x) + ln(1 + cos x) − ln(|1 + 2 cos x|) + cte
6 2 3

dx
Z Z
Exercice 2.10 Calculer cos4 x sin2 x dx et 4
.
sin x + cos4 x
2.6 Méthodes élémentaires pour le calcul de primitives 31

2.6.3 Primitives de fonctions rationnelles en sinus et cosinus hyperboliques :


Z
Pour calculer F(chx, shx) dx où F est une fraction rationnelle à deux variables, on utilise :
x
1. le changement de variable u = th , ce qui nous ramène au calcul d’une primitive de type
2
2u 1 + u2
Z Ç å
2 du
F , (technique à éviter si possible).
1 − u 1 − u 1 − u2
2 2

x ex − 1
Puisque th = , alors l’utilisation de ce changement de variable revient quasiment à
2 ex + 1
utiliser le changement de variable u = ex .
ex − e−x ex + e−x
2. le changement de variable u = ex , étant donné que sh(x) = et ch(x) = .
2 2
3. les changements de variable u = chx,
Z u = shx ou u = th x. En pratique, on utilise les règles
de Bioche associées aux primitives F(cos x, sin x) dx pour simplifier les calculs :

- Si F(cos x, sin x) dx reste inchangé en changeant x par π − x, on pose u = shx.


- Si F(cos x, sin x) dx reste inchangé en changeant x par −x, on pose u = chx.
- Si F(cos x, sin x) dx reste inchangé en changeant x par π + x, on pose u = th x.
La première et/ou la seconde méthode ramène à calculer les primitives classiques suivantes :
Ç å
dx dx 1 chx − 1 x
Z Z
= 2 arctan(ex ) + cte et = ln = ln th + cte.

chx shx 2 chx + 1 2
Remarque
Z Z
Si F(cos x, sin x)dx se calcule avec u = cos 2x, alors F(chx, shx)dx se calcule avec u = ch2x.
dx dx
Z Z
Exemple 3
se calcule en posant u = cos x, alors pour calculer , on pose u = chx.
sin x sh3 x
dx shx du
Z Z Z
3
= 4
dx = 2 − 1)2
(du = shx dx).
sh x sh x (u
Par une intégration par parties, on a
du u u2
Z Z
= − 2 du (u2 = (u2 − 1) + 1)
1 − u2 1 − u2 (1 − u2 )2
u du du
Z Z
= + 2 − 2 .
1 − u2 1 − u2 (1 − u2 )2
Par suite, il vient
du u du u 1 1 + u
Z Z
2 = + = + ln .
(u2 − 1)2 1 − u2 1 − u2 1 − u2 2 1−u
Finalement, on obtient
dx du 1 u 1 1 + u
Z Z
= = + ln + cte
sh3 x (u2 − 1)2 2 1 − u2 4 1−u
1 chx 1 1 + chx
= + ln + cte
2 1 − ch2 x 4 1 − chx
1 1 + chx chx
= ln − + cte.
4 1 − chx 2sh2 x
32 Chapter 2. Intégrales simples

Z ln 2
dx
Exercice 2.11 Calculer l’intégrale suivante .
0 5 shx − 4 chx

2.6.4 Primitives de fonctions rationnelles


Z en ex
Pour calculer les primitives F(eαx ) dx où F ∈ C(X) et α ∈ C∗ , on effectue le changement de
variable u = eαx , pour se ramener au calcul d’une primitive d’une fraction rationnelle de la forme

1 F(u)
Z
du.
α u
dx
Z
Exemple Calculons . Posons u = ex d’où du = ex dx = u dx, et donc
(ex + 2)2
dx du 1 1 1 2 ä
Z Z Z Ä
= = − − du
(e + 2)2
x u (u + 2)2 4 u u + 2 (u + 2)2
1Ä 2 ä
= ln |u| − ln |u + 2| + .
4 u+2
Finalement, on obtient
dx x ln |ex + 2| 1
Z
x 2
= − + x
+ cte.
(e + 2) 4 4 2 (e + 2)

Z √
dx
Z
Exercice 2.12 Calculer ex + 1 dx et où α ∈ R∗ .
(1 + eαx )2

2.6.5 Intégrales Abéliennes


Soit F ∈ R(X,Y ) une fraction rationnelle, on se propose de calculer les primitives de la forme :
Ç   å
ax + b
Z
n
F x, dx avec ad − bc 6= 0.
cx + d

Pour calculer cette intégrale, on effectue le changement de variable suivant


 
n ax + b
u= .
cx + d
Il en vient que
dun − b ad − bc n−1
x = ϕ(u) = et dx = ϕ 0 (u) du = n u du.
a − cun (cun − a)2
On se ramène ainsi à une primitive d’une fraction rationnelle de type
Z
F(ϕ(u), u) ϕ 0 (u) du.

Z √ √
4
x+1− x+1
Exemple Calculons la primitive F = √ √
4 dx. En posant
x+1+ x+1

4
u= x + 1 ∈ ]0, +∞[, c’est-à-dire x = u4 − 1 ∈ ] − 1, +∞[ ,
2.6 Méthodes élémentaires pour le calcul de primitives 33

on obtient
Z √ √
4 Z 2
x+1− x+1 u −u 3 2
Z
F= √ √
4 dx = 4 2 +u
u du = 4 (u3 − 2u2 + 2u − 2 + ) du.
x+1+ x+1 u u + 1
Finalement, on trouve
8
F = u4 − u3 + 4u2 − 8u + 2 ln(u + 1) + cte
3
8 √ √
4 √
4
= x + 1 − (x + 1)3/4 + 4 x + 1 − 8 x + 1 + 8 ln( x + 1 + 1) + cte
3

 
x−1
Z
Exercice 2.13 Calculer (x + 1) dx.
x

2.6.6 Primitives du produit d’un polynôme et d’une fonction exponentielle


Soient P ∈ C[X] et α ∈ C∗ , par une intégration par parties, on obtient :
Z
P(x) eαx dx = Q(x) eαx + cte,

où Q ∈ C[X] de même degré que P, et dont les coefficients sont déterminer par identification dans :
α Q + Q0 = P.
Z
Exemple Calculons (x2 − x + 3) e2x dx. Par des intégrations par parties successives, on obtient

1 1
Z Z
(x − x + 3) e dx = (x2 − x + 3) e2x −
2 2x
(2x − 1) e2x dx
2 2
ñ ô
1 1 1 1
Z
= (x2 − x + 3) e2x − (2x − 1)e2x − 2x
2 e dx
2 2 2 2
1 1 1
Z
= (x2 − x + 3) e2x − (2x − 1)e2x + e2x dx
2 4 2
1
= (x2 − 2x + 4) e2x + cte.
2
Z Z
Remarques. 1. Les primitives P(x) cos β x dx ou P(x) sin β x dx où P ∈ R[X] et β ∈ R∗ ,
s’obtiennent en les écrivant comme parties réelles et imaginaires de la primitive
Z
P(x) eiβ x dx.
Z Z
2. Les primitives P(x)eαx cos β x dx ou P(x)eαx sin β x dx où P ∈ R[X] et (α, β ) ∈ R2 \ {(0, 0)},
s’obtiennent en les écrivant comme parties réelles et imaginaires de
Z
P(x)e(α+iβ ) x dx.
Z Z
3. Cette même technique peut être utiliser pour calculer les primitives eαx cos β x dx ou eαx sin β x dx
où (α, β ) ∈ R2 \ {(0, 0)}, en les écrivant comme parties réelles et imaginaires de
e(α+iβ ) α − iβ α x
Z
e(α+iβ ) x dx = + cte = 2 e (cos β x + i sin β x) + cte.
(α + iβ ) α +β2
34 Chapter 2. Intégrales simples

Par suite, on obtient


eαx
Z
eαx cos β x dx = (α cos β x + β sin β x) + cte
α2 + β 2

eαx
Z
eαx sin β x dx = (α sin β x − β cos β x) + cte.
α2 + β 2
Z π/2
Exemple Calculons l’intégrale e2x sin x dx, on a
0
Ç Z π/2 å ñ (2+i)x ôπ/2 ñ ôπ/2
2 − i 2x ix
Z π/2
2x (2+i)x e
e sin x dx = Im e dx = Im = Im e e .
0 0 2+i 0 5 0

Il en découle ainsi que


Z π/2 Ä2−i ä 2eπ + 1
e2x sin x dx = Im (eπ i − 1) = .
0 5 5

Exercice 2.14 Calculer les primitives suivantes :


Z Z Z
3 2 2x 3 2
(x + 4x − 2x + 7) e dx , (x − x + 2x − 3) sin x dx et (x + 3) ex cos 3x dx.

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