Vous êtes sur la page 1sur 10

UNS - Calcul intégral L3 2018-2019

Feuille de TD 3 : Tribus et mesures

Les exercices marqués d'une F sont censés être plus compliqués, et ne sont pas exigibles dans un
premier temps.

1 Tribus
Soit A1 , ..., An une partition de R. Montrer que A = { i∈I Ai : I ⊂ {1, ..., n}} est une
S
Exercice 1.
tribu. (A est constitué de toutes les réunions possibles d'ensembles Ai .)
Correction de l'exercice 1. On rappelle qu'une tribu sur R est un ensemble de parties de R contenant
R, stableSpar complémentaire et par intersection S dénombrable. Vérions que A est bien une tribu.
R = i=1 Ai appartientSbien à A. Soit B = i∈I Ai un élément de A. Alors, les Ai formant une
n

partition de R, on a B c = i∈{1,...,n}\I Ai , donc B cSest bien un élément de A. Enn, soit (Bj )T j∈J une
famille dénombrable d'éléments de A . On a B = A , où I ⊂ {1, ..., n}. Notons I := j∈J Ij .
On a alors j∈J Bj = i∈IJ Ai , donc j∈J Bj ∈ A. A contient bien R et est donc bien stable par
T S T j i∈Ik i k J

complémentaire et par intersection dénombrable : c'est une tribu.


Exercice 2. Soit T la tribu engendrée par les parties nies de R, et C l'ensemble des parties A ⊂ R
telles que A est dénombrable ou Ac est dénombrable.
1. Montrer que C est une tribu.
2. Montrer que C et T sont égales.
3. Comparer T à la tribu borélienne.
Correction de l'exercice 2. 1. C contient bien R, car Rc = ∅ est dénombrable. Si A ∈ C , alors Ac
appartient aussi à C , car soit Ac est dénombrable, soit (AcT
)c = A est dénombrable. Soit (Ai )i∈I une
famille dénombrable d'éléments de C ; on veut montrer que i∈I Ai ∈ C . Supposons tout d'abord qu'il
existe i0 ∈ I tel que Ai0 est dénombrable. Alors i∈I Ai ⊂ Ai0 est dénombrable, car inclus dans un
T
ensemble dénombrable. Supposons maintenant que pour tout i ∈ I , Ai n'est pas dénombrable. Alors,
comme les Ai sont tous dans C , on en déduit que pour tout i ∈ I , Aci est dénombrable. On a
\ c [
Ai = Aci .
i∈I i∈I
T c
Par conséquent, i∈I Ai est une union dénombrable d'ensembles dénombrables, donc est dénom-
brable. On en déduit que i∈I Ai ∈ C , et donc que C est une tribu.
T
2. Par dénition, T est la plus petite tribu de R contenant toutes les parties nies. C étant une
tribu contenant toutes les parties nies, on a T ⊂ C . Une tribu étant stable par union dénombrable et
par complémentaire, T doit contenir toutes les parties dénombrables de R, et aussi toutes les parties
dont le complémentaire des dénombrable. Par conséquent, T ⊃ C , et donc T = C .
3. La tribu borelienne B(R) contient tous les singletons, donc toutes les parties nies (car elle est
stable par union), donc contient T = C . En revanche, l'inclusion est sricte : [0, 1] ∈ B(R), mais [0, 1]
n'est pas dénombrable, et n'est pas de comlémentaire dénombrable.

1
2 Tribus boréliennes
Exercice 3. Montrer que la tribu des boréliens sur R est engendrée par
• les intervalles fermés,

R,
• les intervalles ]a, b], a ≤ b ∈

• Les intervalles ] − ∞, a], a ∈ R.

Correction de l'exercice 3. On rappelle que la tribu borélienne sur R est engendrée par les intervalles.
Il s'agit donc de montrer que tout intervalle à l'aide des ensembles proposés, à l'aide de réunions
dénombrables, d'intersections dénombrablesSet de passages au complémentaire.
S 1. On a, pour tout a < bS∈ R, [a, b[= n≥1 [a, b − 1/n], ]a, b[= n≥1 [a − 1/n, b − 1/n], ]a, b] =
S

n≥1 [a − 1/n, b], ] − ∞, a] = n≥1 [−n, a], et de même pour les autres intervalles innis. On peut donc
construire tous les intervalles par unionTdénombrable d'intervalles fermés.
2. Soient a ≤ b ∈ R. On a [a, b] = n≥1 ]a − 1/n, b], donc on peut reconstruire tous les intervalles
fermés par intersection dénombrable, et donc toute la tribu des boréliens par la question précédente.
3. Soient a ≤ b ∈ R. On a ]a, b] =] − ∞, b] ∩ (] − ∞, a]c ), donc on peut utiliser la question précédente
pour déduire que les intervalles ] − ∞, a] engendrent la tribu des boréliens.
Exercice 4 (Exemples de boréliens). 1. Démontrer que A = {x ∈ R; ∃n ∈ N∗ , |x − n| < 1/n} est
un borélien de R.
2. Démontrer que les ensembles suivants sont des boréliens de R2 .
(a) La diagonale ∆ = {(x, x) ∈ R2 ; x ∈ R} de R2 .
(b) B = {(x, y) ∈ R2 ; x2 + y 2 = 1 et x ∈/ Q}.
Correction de l'exercice 4. 1. On a A = n∈N∗ ]n − 1/n, n + 1/n[, donc c'est une union dénombrable
S
d'intervalles : c'est bien un borélien.
2.(a) ∆ est un ensemble fermé, donc borélien.
Si on veut montrer directement ce résultat ien utilisant les pavés, c'est bien plus compliqué !
h 2
Montrons que ∆ = n∈N∗ x∈Q x − n1 , x + n1 . L'ensemble de gauche est une intersection dé-
T S

nombrable d'unions dénombrables dei pavés, donc c'est bien un borélien. Montrons tout d'abord
que ∆ ⊂ n∈N∗ x∈Q x − n , x + n1 . Soit (y, y) ∈ ∆. Pour tout n ∈ N∗ , on peut trouver un
h 2
T S 1

Q N
h i2
tel que |xn − y| < n1 , donc pour tout n ∈ ∗ , on a (y, y) ∈ x∈Q x − n1 , x + n1 , d'où
S
xn ∈
h i2 h i2
∆ ⊂ n∈N∗ x∈Q x − n1 , x + n1 . Réciproquement, soit (y1 , y2 ) ∈ n∈N∗ x∈Q x − n1 , x + n1 . Alors,
T S T S

pour tout n ∈ N∗ , on a |y1 − y2 | < n2 , donc y1 = y2 , et donc (y1 , y2 ) ∈ ∆. On en déduit le résultat.


Cette deuxième méthode est beaucoup plus fastidieuse, et est S à proscrire
S !
(b) L'ensemble C := {(x, y) ∈ R ; x ∈ Q} s'écrit comme C = x∈Q n∈N∗ {x} × [−n, n], donc est
2

un borélien. En notant D = {(x, y) ∈ R2 ; x2 + y 2 = 1}, on a B = D ∩ C c . D étant un fermé, c'est un


borélien, donc B est un borélien.
F Exercice 5 (Intervalles dyadiques). On appelle intervalle dyadique de [0, 1[ un intervalle de la
où n ∈ N et k ∈ {0, · · · , 2n − 1}.
h h
forme 2kn , k+1
2n

2
1. Soit 0 ≤ a < b < 1, montrer qu'il existe n0 ≥ 1 tel que 2−n0 < b − a ≤ 2−(n0 −1) . En déduire qu'il
existe k0 ∈ {0, · · · , 2n0 − 1} telle que a ≤ k0 2−n0 < b.
2. Montrer qu'il existe une suite croissante (tj )j≥0 telle que tj = kj 2−(n0 +j) avec kj ∈ {0, · · · 2−(n0 +j) −
1} et 0 ≤ kj+1 − (2kj + 1) ≤ 1 et telle que tj → b
j→+∞

Indication Prendre t0 = k0 2−n0 .


Pour construire t1 , on pourra ajouter 2−(n0 +1) à t0 si t0 +
2−(n0 +1) < b ou prendre t1 = t0 sinon, puis on pourra procéder par récurrence.

3. De même montrer qu'il existe une suite décroissante (sj )j≥0 avec sj = lj 2−(n0 +j) avec lj ∈
{0, · · · , 2n0 +j − 1}, 0 ≤ 2lj + 1 − lj+1 ≤ 1 et telle que sj −→ a.

4. En déduire que [ [ [ 


]a, b[= [sj+1 , sj [ [tj , tj+1 [ ,
j≥0 j≥0

et que les intervalles [sj , sj+1 [ et [tj , tj+1 [ sont des intervalles dyadiques.
5. En déduire que la tribu engendrée par les intervalles dyadiques est la tribu des boréliens B([0, 1[).
Correction de l'exercice 5. 1. Comme n 7→ 2−n est décroissante, l'ensemble {n ∈ N; 2−n < b − a} est
non-vide, donc admet un plus petit élément n0 . On a n0 > 0, car b − a < 1, et on a bien 2−n0 < b − a ≤
2−(n0 −1) .
L'ensemble {k ∈ {0, ..., 2n0 − 1}; k2−n0 < b} est non-vide (il contient 0), donc admet un plus grand
élément, noté k0 . Montrons que a ≤ k0 2−n0 . Par maximalité de k0 , on a
k0 2−n0 > b − 2−n0 ≥ b − (b − a) = a.

2. On construit (tj ) par récurrence, de la manière suivante. On pose t0 = k0 2−n0 . Supposons


tj = kj 2−n0 −j construite. Si tj + 2−n0 −j−1 ≥ b, on pose tj+1 = tj = 2kj 2−n0 −j−1 . Sinon, on pose
tj+1 = tj + 2−n0 −j−1 = (2kj + 1)2−n0 −j−1 .
Ainsi construite, la suite tj vérie tj < b pour tout j ∈ N, (tj ) est croissante, et on vérie par
récurrence que b − tj < 2−n0 −j . On a bien pour tout j ∈ N, kj+1 = 2kj ou kj+1 = 2kj + 1.
3. De même, n construit (sj ) par récurrence, de la manière suivante. On pose l0 = k0 , s0 = l0 2−n0 .
Supposons sj = lj 2−n0 −j construite. Si sj − 2−n0 −j−1 ≤ a, on pose sj+1 = sj = 2lj 2−n0 −j−1 . Sinon, on
pose sj+1 = sj − 2−n0 −j−1 = (2lj − 1)2−n0 −j−1 .
Ainsi construite, la suite sj vérie sj > a pour tout j ∈ N, (sj ) est décroissante, et on vérie par
récurrence que sj − a < 2−n0 −j . On a bien pour tout j ∈ N, lj+1 = 2lj ou lj+1 = 2lj − S 1.
4. Par construction, les intervalles [s ,
j+1 js [ et [t , t
j j+1 [ sont dyadiques. On a j=0J [sj+1 , sj [=
[sJ+1 , s0 [ et j=0J [tj , tj+1 [= [t0 , tJ+1 [, donc, comme s0 = t0 , on a
S

J
[ [ [ 
 
[sj+1 , sj [ [tj , tj+1 [ = sJ+1 , tJ+1 .
j=0 j≥0

Comme sJ+1 > a, sJ+1 −→ a et tJ+1 < b, tJ+1 −→ b, on en déduit le résultat.


5. Par la question précédente, tous les intervalles de la forme ]a, b[, a, b ∈ R appartiennent à la
tribu engendrée par les ensembles dyadiques. On en déduit, comme à l'exercice 3, que les ensembles
dyadiques engendrent la tribu borelienne sur R.

3
3 Mesures
Exercice 6. Soit (E, E, µ) un espace mesuré, et (Ai )i≥0 une suite décroissante d'ensembles mesurables
telle que µ(A0 ) < +∞.
1. Montrer que µ(An ) → µ(∩k≥0 Ak ).
n→∞

2. Donner un exemple où cette propriété n'est pas vraie si µ(A0 ) = +∞.


Correction de l'exercice 6. 1. On pose Bn = A0 \An . Alors Bn est une suite croissante d'ensembles
mesurables, et µ(Bn ) = µ(A0 ) −Sµ(An ). En S
posant Cn := Bn \Bn−1 pour n ≥ 1, C0 := B0 , les Cn
sont deux à deux disjoints, on a n∈N Cn = n∈N Bn et µ(Cn ) = µ(Bn ) − µ(Bn−1 ). On a donc, par
σ -additivité des mesures :
 [  [ 
µ Bn = µ(C0 ) + µ Cn
n∈ N n≥1

X
= µ(B0 ) + µ(Bn ) − µ(Bn−1 ) = lim µ(Bn ),
n→∞
n=1

la limite existant, car la suite µ(Bn ) est décroissante et minorée par zéro. On a alors
\  [  
µ( An ) = µ(A0 ) − µ Bn = µ(A0 ) − lim µ(Bn ) = µ(A0 ) − lim µ(A0 ) − µ(An ) = lim µ(An ).
n≥0 n∈ N n→∞ n→∞ n→∞

2. Sur N, on considère la mesure de comptage µ, et An = {k ∈ N; k ≥ n}. On a alors µ(An ) = +∞


pour tout n, mais k≥0 Ak = ∅.
T

F Exercice 7 (Borel-Cantelli). Soit (E, E, µ) un espace mesuré et (An )n une suite d'ensemble mesu-
rables telle que X
µ(An ) < +∞.
n≥0

Montrer que
µ(lim sup An ) = 0.
n
Indication : On rappelle que si une série de terme général (an ) est absolument convergente, on a
k≥n ak = 0. De plus, on peut se servir du point 1 de l'exercice précédent.
P
limn→∞
Correction de l'exercice 7. On rappelle que lim sup An = Pn≥1 k≥n Ak . Notons Bn = k≥n Ak . Alors
T S S
Bn est une suite décroissante d'ensembles, et µ(B0 ) ≤ k≥0 µ(Ak ) < +∞ par hypothèse. On peut
donc appliquer le résultat de l'exercice précédent, pour obtenir µ(lim sup An ) = lim µ(Bn ).
n→∞
On a, pour tout n, µ(Bn ) ≤ k≥n µ(Ak ), qui tend vers zéro quand n −→ ∞. On en déduit que
P
µ(lim sup An ) = 0.
Exercice 8. Soit

Card : P(N) → [0, +∞]


A 7→ Card(A) = le nombre d'éléments de A .
Montrer que Card est une mesure sur (N, P(N)).

4
Correction de l'exercice 8. On a bien Card(∅) = 0, et, si (Ai )i∈I est une famille dénombrable de
 Sde N deux
parties  P à deux disjointes. Si, pour tout i ∈ I , Ai est ni et si I est ni, alors on a bien
Card i∈I Ai = i∈I CardAi .
Si I est inni ou si au moins l'un des Ai est inni, alors i∈I Ai est inni et i∈I CardAi = +∞,
S P

donc on a bien Card i∈I Ai = i∈I CardAi . Card est donc bien une mesure.
S P

Exercice 9 (Mesure de Dirac). On se donne un espace mesurable (E, E).


1. Soit x ∈ E , on note
δx : E → [0, +∞]
si x ∈ B
(
=1
B 7→ δx (B)
=0 sinon .
Montrer que δx est une mesure sur (E, E). (Cette mesure s'appelle la mesure de Dirac en x.)
2. Soient x1 , ..., xk des éléments distincts de E et p1 , ..., pk ∈ R∗+ . On note

µ:E → [0, +∞]


X
B 7→ µ(B) = pi δxi (B)
1≤i≤k

Montrer que µ est une mesure sur (E, E).


Correction de l'exercice 9. 1. Soit x ∈ E . On a x ∈/ ∅, donc δx (∅ = 0. Soient (Bi )i∈I une famille
dénombrable d'éléments de E , deux à deux disjoints.
S 
• S'il existe i0 ∈ I tel que x ∈ Bi0 , alors x ∈ i∈I Bi , donc δx i∈I Bi = 1. D'autre part, pour
S

tout i ∈ I\{i0 }, on a x ∈/ Bi , donc δx (Bi ) = 0, tandis que δx (Bi0 ) = 1, donc i∈I δx (Bi ) = 1.
P

On a donc bien δx i∈I Bi = i∈I δx (Bi ).


S P

S  P
• Sinon, pour tout i ∈ I , on a x ∈
/ Bi , donc x ∈ i∈I Bi , et donc δx i∈I δx (Bi ) = 0.
S
/ i∈I i =
B

2. On a vu en cours que la multiplication d'une mesure par un réel positif était toujours une mesure,
donc, pour tout 1 ≤ i ≤ k,Ppi δxi est une mesure. On a aussi vu qu'une somme nie de mesure était
toujours une mesure, donc 1≤i≤k pi δxi est bien une mesure.
Exercice 10. Soit µ et ν les mesures sur R, B(R) dénies par
et
X X
µ= e−n δ 1 ν= en δ 1 ,
n n
n≥1 n≥1

où δa est la mesure de Dirac dénie à l'exercice 9.


1. Vérier que µ et ν sont des mesures.

5
2. Les mesures µ et ν sont-elle nies ? de probabilité ?
h i h i
3. Calculer µ({0}), µ 0, k1 et limk→∞ µ 0, k1 . Comparer ces résultats.
4. Faire de même avec ν .
Correction de l'exercice 10. 1. On a vu en cours que la multiplication d'une mesure par un réel positif
était toujours une mesure, donc, pour tout n ≥ 1, e−n δ1/n et en δ1/n sont bien des mesures. On a aussi
vu en cours que la somme d'une suite de mesures était toujours une mesure, donc µ et ν sont bien des
mesures.
2. On a

R R e−1
X X
µ( ) = e−n δ 1 ( ) = e−n = .
n 1 − e−1
n≥1 n≥1

Cette quantité est nie, mais diérente de 1. µ est donc une mesure nie, mais pas une mesure de
probabilité.

R R
X X
ν( ) = en δ 1 ( ) = en = +∞,
n
n≥1 n≥1

donc ν n'est pas une mesure nie, et, en particulier, pas une mesure de probabilité.
3. Pour chaque n ≥ 1, on a n1 ∈/ {0}, donc µ({0}) = 0. On a
h 1 i X −n h 1 i X −n e−k
µ 0, = e δ 1 0, = e = ,
k n k 1 − e−1
n≥1 n≥k
h i  h i
et donc lim µ 0, k1 = 0 = µ lim 0, k1 , conformément à l'exercice 6.
k→ k→∞
4. Pour chaque n ≥ 1, on a n1 ∈/ {0}, donc ν({0}) = 0. On a
h 1 i X n h 1 i X n
µ 0, = e δ 1 0, = e = +∞,
k n k
n≥1 n≥k
h i  h i
donc lim µ 0, k 6= µ lim 0, k . Il faut donc faire attention quand on veut appliquer le résultat
1 1
k→ k→∞
de l'exercice 6 avec une mesure non nie !
Exercice 11 (Mesure invariante par translation sur Z). Démontrer qu'il n'existe pas de mesure µ nie
et non nulle sur (Z, P(Z)) qui soit invariante par translation, i.e. satisfaisant µ(p + A) = µ(A) pour
tout p ∈ Z et tout A ⊂ Z.
Correction de l'exercice 11. Supposons qu'une telle mesure existe. Alors, en prenant A = {x}, on voit
que pour tout x, p ∈ Z, on a µ({x}) = µ({xP+ p}) : tous les points ont donc la même mesure.
Si cette mesure est nulle, alors µ(Z) = x∈Z µ({x})
P = 0, donc µ est P la mesure nulle.
S'il existe x tel que µ({x}) > 0, alors µ(Z) = p∈Z µ({x + p}) = p∈Z µ({x}) = +∞, donc la
mesure µ n'est pas nie.

6
4 Mesure de Lebesgue
Exercice 12. Soit A = ∪n≥0 [n, n + 21n [. Calculer λ(A). (On se servira du fait que A est réunion
d'ensembles disjoints et on utilisera la propriété d'additivité.)
Correction de l'exercice 12. Pour chaque n ≥ 0, on a [n, n+ 21n [⊂ [n, n+1[, donc les ensembles [n, n+ 21n [
sont deux à deux disjoints. On a donc
X h 1 h
λ(A) = λ n, n + n
2
n≥0
X 1
= = 2.
2n
n≥0

Exercice 13. 1. Soit x ∈ R, calculer λ({x}) (utiliser la propriété de croissance).


2. Soit x0 , x1 , x2 , · · · ∈ R, calculer
λ(∪n≥0 {xn })
(utiliser la propriété de sous-additivité).
3. En déduire que λ(Q) = 0. Calculer λ([0, 1]\Q).
4. En déduire que R\Q n'est pas dénombrable.
Correction de l'exercice 13. P
1. On a λ({x}) = λ([x, x]) = x − x = 0.
2. On a λ(∪n≥0 {xn }) ≤ n≥0 λ(xn ) = 0.
3. On sait que Q est dénombrable. Il existe donc ψ : N → Q surjective, et donc Q = n∈N {ψ(n)}.
S
En utilisant la question précédente, on en déduit que λ(Q) = 0.
4. Si R\Q était dénombrable, on aurait λ(R\Q) = 0, par un raisonnement analogue à celui de la
question précédente, donc λ(R) = 0, ce qui est absurde. (Remarquons toutefois que cette preuve utilise
l'existence de la mesure de Lebesgue, que nous n'avons pas démontré en cours...)
F Exercice 14 (Oscillation et ensembles des points de continuité d'une fonction). Soit f : R→R
une fonction. Pour tout x ∈ X , l'oscillation de f en x est dénie par
!
ωf (x) = inf sup |f (t) − f (u)| .
δ>0 |t−x|≤δ et |u−x|≤δ

1. Démontrer que f est continue en x ∈ X si et seulement si ωf (x) = 0.


2. Montrer que, pour tout ε > 0, l'ensemble Ωε = {x ∈ R : ωf (x) < ε} est un ouvert de R.
3. En déduire que l'ensemble C des points où f est continue est un borélien de R.
Correction
 de l'exercice 14. 1. Supposons
 ωf (x) = 0. Alors, pour tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que
sup|t−x|≤δ et |u−x|≤δ |f (t) − f (u)| < ε. En particulier, en prenant u = x, on en déduit que pour tout
t ∈ R tel que |t − x| < δ , on a |f (t) − f (x)| < ε, donc f est continue en x.
Réciproquement, supposons f continue en x. Alors, pour tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que pour
tout t ∈ R avec |t − x| ≤ δ , on a |f (t) − f (x)| < ε/2. Si t, u vérient |t − x| ≤ δ et |u − x| ≤ δ , on a

7
 
|f (t) − f (u)| ≤ |f (t) − f (x)| + |f (u) − f (x)| < ε, donc sup|t−x|≤δ et |u−x|≤δ |f (t) − f (u)| < ε. On a
donc ωf (x) < ε pour tout ε > 0, et donc ωf (x) = 0.
 2. Soit ε > 0, et soit x0 ∈ R tel que ωf (x0 ) < ε. Par dénition de ωf (x0 ), il existe δ > 0 tel que
sup|t−x0 |≤δ et |u−x0 |≤δ |f (t) − f (u)| < ε.
Soit x ∈]x0 − δ/2, x0 + δ2 [. Alors si t, u vérient |t− x| ≤ δ/2, |u − x| ≤ δ/2, on a aussi |t − x0 | ≤ δ ,
|u − x0 | ≤ δ , et donc |f (t) − f (u)| < ε. On a donc sup|t−x|≤δ/2 et |u−x|≤δ/2 |f (t) − f (u)| < ε, donc
x ∈ Ωε . Ωε est donc un ouvert.
3. L'ensemble des points de continuité de f s'écrit comme

R 1o
\ n
x ∈ ; ωf (x) < .
n∈ N

n

C'est donc une intersection dénombrable d'ouverts, donc un ensemble borélien.


Exercice 15 (Quelques propriétés sur la mesure de Lebesgue des ouverts). Dans cet exercice, on note
λ la mesure de Lebesgue.
1. Soit U un ouvert borné. Démontrer que λ(U ) < +∞. La réciproque est-elle vraie ?
2. Soit ε > 0. Construire un ouvert U dense dans R de sorte que λ(U ) ≤ ε.
3. Soit A un borélien de R. Montrer que si A contient un ouvert, alors λ(A) > 0. La réciproque
est-elle vraie ?
Correction de l'exercice 15. 1. Si U est borné, il existe M > 0 tel que U ⊂ [−M, M ], donc λ(U ) ≤ 2M .
Attention,
S la réciproque
 n'est pas vraie ! Par exemple, on peut montrer comme dans l'exercice 12 que
n≥0 ]n, n + 2n [ = 2, mais l'ensemble n≥0 ]n, n + 2n [ est un ouvert non borné.
1 S 1
λ
2. Q étant dénombrable, il existe ψ : N −→ Q surjective. On pose
[ i ε ε h
U= ψ(n) − , ψ(n) + .
2n+1 2n+1
n∈ N
U contient Q, donc est dense dans R. C'est un ouvert, car une réunion d'ouverts. On a
X i ε ε h
λ(U ) ≤ λ ψ(n) − , ψ(n) +
2n+1 2n+1
n∈
X
N
= ε2−n+1 = ε.
n∈ N
3. Si A contient un ouvert de R, alors A contient un intervalle ouvert, donc λ(A) > 0. La réciproque
est fausse ! Par exemple, si U est comme dans la question précédente, on pose A = R\U . A ne contient
aucun ouvert (sinon, U ne serait pas dense), mais λ(A) = +∞.
Exercice 16 (Propriété d'un grand borélien). Soit A un borélien de R tel que λ(A) > 1.
1. Démontrer que λ(A) = n∈Z λ (A − n) ∩ [0, 1[ , où A − n = {a − n : a ∈ A}.
P 

Indication : introduire l'ensemble An = A ∩ [n, n + 1[ et utiliser l'invariance par translation de la


mesure de Lebesgue.

8
2. En déduire que les ensembles (A − n) ∩ [0, 1[, n ∈ Z, ne peuvent pas être deux à deux disjoints.
3. En déduire qu'il existe a, b ∈ A tels que a − b soit un entier non nul.
Correction de l'exercice 16. 1. Les ensembles An = A ∩ [n, n + 1[ sont deux à deux disjoints, donc on a
[ 
λ(A) = λ An
X
n∈ Z
= λ(An )
n∈ Z
par invariance par translations de λ
X
= λ(An − n)
Z
n∈
X
= λ(A − n ∩ [0, 1[)
n∈ Z
2. Supposons par l'absurde que les ensembles (A − n) ∩ [0, 1[, n ∈ Z, sont deux à deux disjoints.
On a alors
X
λ(A) = λ(A − n ∩ [0, 1[)
n∈

Z 
[
=λ (A − n ∩ [0, 1[) .
n∈ Z
S 
Mais n∈Z (A − n ∩ [0, 1[) ⊂ [0, 1, donc λ n∈Z (A − n ∩ [0, 1[) ≤ 1, et donc λ(A) ≤ 1, ce qui contredit
S

notre hypothèse.
3. Par la question précédente, il existe n1 , n2 ∈ Z tels que ((A − n1 ) ∩ [0, 1[) ∩ ((A − n2 ) ∩ [0, 1[) 6= ∅.
On peut donc trouver x ∈ (A − n1 ) ∩ (A − n2 ). En posant a = x + n1 et b = x + n2 , on a bien a ∈ A,
b ∈ A, et a − b ∈ Z.

F Exercice 17 (Un exemple d'ensemble qui n'est pas un borélien). On considère sur ]0, 1[ la relation
d'équivalence x ∼ y si et seulement si x − y ∈ Q. Pour chaque classe d'équivalence, on xe un
représentant et on note F l'ensemble de ces représentants. Ainsi, pour tout x ∈]0, 1[, il existe un
unique y ∈ F tel que x ∼ y .
1. Soit q, r ∈ Q, avec q 6= r. Démontrer que (F + q) ∩ (F + r) = ∅.
2. Démontrer que ]0, 1[⊂ Q + q) ⊂] − 1, 2[.
S
q∈ ∩]−1,1[ (F
S 
3. On suppose que F est un borélien. En considérant λ q∈Q∩]−1,1[ (F + q) , obtenir une contra-
diction.
Correction de l'exercice 17. 1. Par dénition de F , si x, y ∈ F avec x 6= y , on a (x − y) ∈/ Q. Supposons
qu'il existe z ∈ (F + q) ∩ (F + r). On a alors z = x + q = y + r, avec x, y ∈ F . On a alors x − y = r − q ,
ce qui est absurde.
S 2. Soit q ∈] − 1, 1[, et soit x ∈ F . Comme x ∈]0, 1[, on a forcément x + q ∈] − 1, 2[, d'où
q∈Q∩]−1,1[ (F + q) ⊂] − 1, 2[.

9
D'autre part, par construction de F , tout z ∈]0, 1[ peut s'écrire
S comme x + q , avec x ∈ F et
Q
q ∈ .S Comme x ∈]0, 1[, on a forcément q ∈] − 1, 1[, et donc x ∈ q∈Q∩]−1,1[ (F + q). On a donc bien
]0, 1[⊂ q∈Q∩]−1,1[ (F + q) ⊂] − 1, 2[.
S 3. Supposons que F est un borélien. Les ensembles (F + q) étant deux à deux disjoints, on a
q∈Q∩]−1,1[ (F + q) = q∈Q λ(F + q) = Q λ(F ), la mesure de Lebesgue étant invariante par
P P
λ
 q∈
translations. Si λ(F ) > 0, on en déduit que λ q∈Q∩]−1,1[ (F + q) = +∞, et donc λ] − 1, 2[= +∞,
S
S 
ce qui est absurde. Si λ(F ) = 0, on a λ q∈Q∩]−1,1[ (F + q) = 0, et donc λ(]0, 1[) = 0, ce qui est
absurde. Dans tous les cas, on atteint une absurdité : F n'est donc pas mesurable.

10

Vous aimerez peut-être aussi