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Lycée Dominique Villars COURS

ECE 1

ETUDE des SUITES RECURRENTES

On appelle suite récurrente toute suite (un )n∈N telle qu’il existe une fonction réelle f : I → R telle que :

∀ n ∈ N, un+1 = f (un )

☛ On va voir comment étudier le comportement de (un )n∈N à partir de l’étude de la fonction f .

1 Intervalle stable par f - Existence et encadrement des termes de (un)n∈N


Définition - Intervalle stable par f .
Soit une fonction f : I → R avec I ⊂ R. Soit J un intervalle telle que J ⊂ I.
On dit que J est stable par f si et seulement si f (J) ⊂ J ou autrement dit si

∀x∈J, f (x) ∈ J
Exemple :
L’intervalle [0, 1] est stable par f : x → x − x2 .
L’intervalle [−1, 1] est stable par g : x → x3 .

L’intervalle [0, 169] est stable par h : x → x + 47.

☞ Méthode : Comment montrer qu’un intervalle est stable par une fonction ?
Afin de montrer qu’un intervalle J est stable par une fonction f , il est suffit d’étudier les variations de f continue
sur J et d’en déduire les valeurs minimales et maximales prises par f sur J.
1/ Si J = [m, M ] et que
min f (x) > m max f (x) 6 M
x∈J x∈J

alors J est stable par f .


2/ Si J =] − ∞, M ] et que maxx∈J f (x) 6 M alors J est stable par f .
3/ Si J = [m, +∞[ et que minx∈J f (x) > m alors J est stable par f .

Intérêt 1 : Existence de tout les termes de la suite (un )n∈N


Il est important de bien comprendre qu’il existe des suites récurrentes ”mal définies”!!
Observons par exemple : √
① la suite (un )n∈N définie par u0 = 5 et ∀ n ∈ N, un+1 = un − 1.
② la suite (vn )n∈N définie par v0 = 2 et ∀ n ∈ N, vn+1 = vn1−1 .
√ 1
Soient donc les fonctions f : x → x − 1 et g : x → x−1 définies respectivement sur Df = [1; +∞[ et Dg = R − {1}
On a
∀n ∈ N, un+1 = f (un ) et vn+1 = g(vn )
Calculons les premiers termes de ces deux suites :
√ √ √ √ √ √
u1 = u0 − 1 = 4 = 2 u2 = u1 − 1 = 2 − 1 = 1 u3 = u2 − 1 = 0 = 0 . . . mais u4 n’existe pas!!
1 1
v1 = = = 1 . . . mais v2 n’existe pas!!
u0 − 1 2−1
Dans ces deux exemples, on peut observer que Df n’est pas stable par f et de même Dg n’est pas stable par g .

Ainsi il est possible d’obtenir à partir d’un élément x ∈ Df (respect. ∈ Dg ) une image par f (respect. par g),
f (x) ∈
/ Df (respect. g(x) ∈/ Dg )

 ATTENTION ce n’est pas parce que Df n’est pas stable par f qu’une suite (un )n∈N telle que pour tout
n ∈ N, un+1 = f (un ), est ”mal définie”!!

En effet, ce problème d’existence des termes de la suite dépends également de la valeur du premier terme u0 !!!
Exemple
Modifions la valeur du premier terme de la suite (vn )n∈N définie ci-dessus.
En définissant la suite (wn )n∈N par w0 = −1 et pour tout n ∈ N, wn+1 = wn1−1 = g(wn ) alors :

1 1 1 2 1 3 1 5
w1 = =− w2 = =− w3 = =− w4 = = − . . . etc
−1 − 1 2 − 12 −1 3 − 23 −1 5 − 35 −1 8

On peut montrer que tout les termes de cette suite sont bien définies...!!!

☞ Méthode : Comment démontrer que tout les termes d’une suite récurrente sont bien définis ?
Supposons que l’intervalle J ⊂ Df soit un intervalle stable de f et que u0 ∈ J.
On peut alors montrer par récurrence que ∀n ∈ N , un existe et un ∈ J.
Pour le démontrer, posons l’hypothèse de récurrence suivante :

Pn : ”un existe et un ∈ J”

• P0 est vraie.
• Supposons que Pn est vrai. Alors un existe et un ∈ J. Or J ⊂ Df est stable par f donc f (un ) existe et (par
stabilité de J par f ) f (un ) ∈ f (J) ⊂ J. Donc un+1 = f (un ) existe et appartient à J. Ainsi Pn+1 est vraie.
• Par conséquent, ∀ n ∈ N, Pn est vraie.

☞ Ainsi pour démontrer que tout les termes de la suites (un )n∈N sont bien définis, il suffit de déterminer un
intervalle J stable par f contenant la valeur de u0 !!!
1
Exercice 1 : Déterminer un intervalle J stable par g : x → x−1 telle que w0 ∈ J.

Remarque : Il est également possible de montrer par exemple que u1 existe puis de déterminer un intervalle J
stable par f contenant u1 !!

1
Exercice 2 : Soit la suite (zn )n∈N définie par z0 = 3 et pour tout n ∈ N, zn+1 = zn −1 .
(i) Calculer z1 .
1
(ii) Déterminer un intervalle J stable par g : x → x−1 telle que z1 ∈ J.

Intérêt 2 : Encadrement des termes de la suite (un )n∈N


En démontrant que J est stable par f et que u0 ∈ J, le principe de récurrence nous a permis de démontrer que :
• tout les termes de la suite existent.
• tout les termes de la suite sont dans l’intervalle J.
Ce deuxième point assure donc un encadrement (minoration, majoration) concernant un pour tout n ∈ N.

Exemple :
Soit la suite (un )n∈N définie par u0 = 2 et pour tout n ∈ N, un+1 = un + u1n .
(i) on montre que l’intervalle J = [1; +∞[ est stable par f : x → x + x1 .
(ii) on déduit que pour tout n ∈ N, un > 1.

2 Points fixes de f et limites éventuelles de (un)n∈N


Définition - Point fixe d’une fonction.
Soit une fonction f : Df → R. Soit x ∈ Df . On dit que x est un point fixe de f si f (x) = x.
 Attention une fonction f peut admettre plusieurs point fixe (une infinité même cf. f : x → x)
mais f peut également n’admettre aucun point fixe!!
Exemple - Exercice :
1 est un point fixe de f : x → 3x2 − 2 car f (1) = 1. La fonction f admet-elle un autre point fixe?

Remarque : Point fixe et représentation graphique Cf


Un point fixe de f correspond à l’abscisse d’un point d’intersection de Cf et de la ”première bissectrice” : la droite
d’équation y = x.

Théorème - Localisation de point fixe.


Soit f une fonction continue sur I. Supposons que le segment [a, b] est stable par f .
Alors f possède un point fixe appartenant dans l’intervalle [a, b].
☞ Ainsi (à condition que f soit continue) dans un intervalle stable par f , il existe nécéssairement un point fixe de f !!

Démonstration :
On pose g tel que g(x) = f (x)−x. La fonction g est continue sur [a, b] et g(a) = f (a)−a > 0 et g(b) = f (b)−b 6 0
(car f (a) et f (b) ∈ [a, b]).
En appliquant, le théorème des valeurs intermédiares à g continue sur [a, b], il existe c ∈ [a, b] tel que g(c) = 0
c’est à dire f (c) = c.

RAPPEL - Théorème :
Soit f une fonction continue en un point l (ou sur un intervalle contenant l) et u = (un )n∈N une suite convergeant
vers l. Alors la suite (f (un ))n∈N converge vers f (l).

Supposons maintenant que la suite récurrente (un )n∈N (telle que un+1 = f (un )) converge vers une limite finie l :
(i) le rappel ci-dessous assure que limn→+∞ un+1 = limn→+∞ f (un ) = f (l).
(ii) d’autre part, limn→+∞ un+1 = limn→+∞ un = l.
Ainsi par unicité de la limite d’une suite, on obtient que l = f (l) =⇒ l est donc un point fixe de f !!

Théorème du POINT FIXE - Limite éventuelle de la suite (un )n∈N


Soit (un )n∈N une suite récurrente du type un+1 = f (un ).
Si la suite converge vers l et si la fonction f est continue en l, alors l est un point fixe de f :

f (l) = l

Remarque 1 :
Si f n’admet aucun point fixe, alors toute suite récurrente (un )n∈N du type un+1 = f (un ) n’est pas convergente!!
Exemple : (un )n∈N définie par u0 ∈ R et un+1 = un + u1n n’est pas convergente!!

Remarque 2 : En général, la fonction f possède non pas un mais plusieurs points fixes. Pour déterminer la
limite éventuelle de (un )n∈N , on utilise le résultat classique sur les suites :
si ∀ n ∈ N , un ∈ [a, b] et si la suite (un )n∈N converge vers l alors l ∈ [a, b]

3 Représentation Graphique d’une suite récurrente


En utilisant la courbe Cf associée à f , on peut représenter la suite u définie par un+1 = f (un ) sur l’axe des
abscisses du repère orthonormé dans lequel on a tracé Cf .
La droite d’équation y = x permet de rapporter les points de l’axe des ordonnées à l’axe des abscisses et met en
évidence l’éventuelle limite de la suite qui est l’abscisse d’un point d’intersection de cette droite avec Cf .

Ci-dessous, représentation des premiers termes de la suite (un )n∈N définie par
un + 4
u0 = 2 un+1 = +2
un − 5
4 Monotonie des suites
4.1 Etude du signe de un+1 − un
Supposons que J soit un intervalle stable tel que u0 ∈ J. On déduit alors que ∀ n ∈ N, un ∈ J.
On cherche à connaitre la monotonie de la suite (un )n∈N . De manière générale on étudie pour cela le signe de
un+1 − un = f (un ) − un .
Quand est-ce-que ce critère permet de conclure ? Réponse : quand le signe de f (x) − x est constant sur J!!

Supposons que f est continue sur un intervalle J stable par f et contenant u0 .


Si pour tout x ∈ J , f (x) − x > 0 alors la suite (un )n∈N est croissante.
Si pour tout x ∈ J , f (x) − x 6 0 alors la suite (un )n∈N est décroissante.
En effet, supposons que tout x ∈ J , f (x) − x > 0. Sachant que ∀ n ∈ N, un existe et un ∈ J alors :

∀ n ∈ N, un+1 − un = f (un ) − un > 0

4.2 Cas f croissante.


Supposons que f est continue sur un intervalle J stable par f et contenant u0 .
Si de plus f est croissante sur J alors la suite (un )n∈N est monotone.
Plus précisément :
❶ Si u1 > u0 alors (un )n∈N est croissante.
❷ Si u1 6 u0 alors (un )n∈N est décroissante.
Démonstration :
On calcule explicitement u1 = f (u0 ) et on distingue les deux cas suivants :
• Cas 1 : u0 6 u1
On va montrer par récurrence que la suite u est croissante. Posons ainsi,

Pn : ”un 6 un+1 ”
P0 est trivialement vraie (c’est la condition du cas 1!!!) Supposons que Pn soit vraie donc un 6 un+1 .
Or f est croissante sur J et un , un+1 ∈ J donc : f (un ) 6 f (un+1 ) ⇒ un+1 6 un+2 . Ainsi Pn+1 est vraie.
Par conséquent ∀ n ∈ N, Pn est vraie et la suite u est croissante.
• Cas 2 : u0 > u1
On pose alors pour n ∈ N
Pn : ” un > un+1 ”
P0 est trivialement vraie. Si Pn est vraie c.a.d. un > un+1 , et comme f est croissante sur J et un , un+1 ∈ J alors
: f (un ) > f (un+1 ) ⇒ un+1 > un+2 . Ainsi Pn+1 est vraie.
Par conséquent ∀ n ∈ N, Pn est vraie et la suite u est décroissante.

Exemple :

Ci-dessous sont représentés les premiers termes de la suite (un )n∈N définie par la relation ∀ n ∈ N, un+1 = un .


u0 = 0, 2 alors u1 = 0, 2 > u0 √
u0 = 1, 9 alors u1 = 1, 9 < u0
4.3 Cas f décroissante.
Supposons que f est continue sur un intervalle J stable par f et contenant u0 .
Si f est décroissante sur l’intervalle I alors les suites (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N sont monotones de sens contraires
(l’une croissante l’autre décroissante!!)
Introduisons les deux suites auxiliaires a et b définies pour tout n ∈ N par :

an = u2n et bn = u2n+1

Alors on a :
an+1 = u2(n+1) = u2n+2 = f (u2n+1 ) = f (f (u2n )) = (f ◦ f )(an )
Donc la suite a vérifie une relation de récurrence donnée par :

∀ n ∈ N, an+1 = (f ◦ f )(an )

Par définition ∀ n ∈ N, an = u2n ∈ J et la fonction f ◦ f est croissante sur J.


On est donc ramené au cas d’une fonction croissante étudié ci-dessus. Ainsi (an )n∈N est :
• croissante si a1 > a0 c’est à dire u2 > u0 .
• décroissante si a1 6 a0 c’est à dire u2 6 u0 .
On vérifie de même que la suite (bn )n∈N est définie par la relation bn+1 = (f ◦ f )(bn ) donc peut être étudiée comme
(an )n∈N . Ainsi (bn )n∈N est :
• croissante si b1 > b0 c’est à dire u3 > u0 .
• décroissante si b1 6 b0 c’est à dire u3 6 u1 . Remarque Les deux suites a et b seront de monotonies
contraires.
En effet, si a0 6 a1 ⇐⇒ u0 6 u2 alors par décroissance de f , f (u0 ) > f (u2 ) ⇐⇒ u1 > u3 ainsi b0 > b1 .

Exemple :
1 1
Ci-dessous les premiers termes de la suite (un )n∈N définie par u0 = 2 et pour tout n ∈ N, un+1 = un + 21 .
5 Comportement asymptotique de la suite (un)n∈N
5.1 Cas (un )n∈N monotone
Supposons que :
• il existe J ⊂ Df tel que ∀ n ∈ N, un ∈ J.
• (un )n∈N est monotone : croissante ou décroissante.

Cas croissant
1/ Si (un )n∈N est majorée (exemple, si J = [m, M ] avec m ∈ R, M ∈ R) alors elle converge vers un point fixe de
f appartenant à J
2/ Si (un )n∈N ne semble pas majorée (par exemple J = [m, +∞[).
On essaie de minorer (un )n∈N par un nombre m :

∀n ∈ N, un > m

tel qu’il n’existe pas de point fixe pour f sur [m, +∞[ et on utilise le raisonnement par l’absurde suivant :
Supposons que la suite (un )n∈N converge vers une limite finie l. Par suite l > m et l est un point fixe de f . Or f
ne possède pas de point fixe sur [m, +∞[ : contradiction !!
Donc la suite (un )n∈N ne converge pas et puisqu’elle est croissante, elle diverge vers +∞.

Cas décroissant
1/ Si (un )n∈N est minotée (exemple, si J = [m, M ] avec m ∈ R, M ∈ R) alors elle converge vers un point fixe de
f appartenant à J
2/ Si (un )n∈N ne semble pas minorée (par exemple J =] − ∞, M [).
On essaie de majorer (un )n∈N par un nombre M :

∀n ∈ N, un 6 M

tel qu’il n’existe pas de point fixe pour f sur ] − ∞, M ] et on utilise le raisonnement par l’absurde suivant :
Supposons que la suite (un )n∈N converge vers une limite finie l. Par suite l 6 M et l est un point fixe de f . Or f
ne possède pas de point fixe sur ] − ∞, M ] : contradiction !!
Donc la suite (un )n∈N ne converge pas et puisqu’elle est décroissante, elle diverge vers −∞.

5.2 Cas (un )n∈N n’est pas monotone


Il s’agit du cas étudié dans la section f décroissante. Les suites (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N sont monotones donc on
peut leur appliquer le raisonnement de la section précédente pour déterminer leurs convergences respectives.
Puis on applique le théorème suivant :

Théorème
La suite (un )n∈N converge vers l si et seulement si les suites (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N convergent toutes les deux
vers le réel l.
☛ Dans ce cas les suites (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N sont adjacentes!!!

5.3 Méthode fondée sur l’inégalité des accroissements finis


Une autre méthode, dans le cas de convergence vers le point fixe l, consiste à utiliser l’inégalité des accroissements
finis :
❶ on majore |f ′ (x)| sur l’intervalle J stable par f , par un réel q < 1 :

∀x∈J, |f ′ (x)| 6 q

❷ après vérification de toutes les hypothèses, on applique l’IAF aux points un et l, point fixe de f dans J :

|f (un ) − f (l)| 6 q|un − l| ⇐⇒ |un+1 − l| 6 q|un − l|

❸ on montre alors par récurrence que :

∀ n ∈ N , |un − l| 6 q n |u0 − l|

❹ puisque q < 1, on conclut avec le théorème d’encadrement que limn→+∞ |un − l| = 0 donc limn→+∞ un = l!!

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