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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 23/09/2016

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 1 (3h)

Correction de l’exercice 1 – Soit f une application de E dans F .


• Montrons (i) =⇒ (ii). Supposons f injective. Soit A et B deux sous-ensembles de E. Il s’agit de montrer que
f (A ∩ B) = f (A) ∩ f (B). L’inclusion directe f (A ∩ B) ⊂ f (A) ∩ f (B) est vérifiée d’après le cours. Montrons
l’inclusion réciproque. Pour cela, soit y ∈ f (A) ∩ f (B). Puisque y ∈ f (A), il existe a ∈ A tel que y = f (a). De
même, il existe b ∈ B tel que f (b) = y. On a alors f (a) = f (b), d’où, par injectivité de f , a = b. Ainsi, comme
a est dans A et b est dans B, on obtient a ∈ A ∩ B. L’égalité y = f (a) montre alors que y ∈ f (A ∩ B). On a
bien prouvé l’inclusion f (A) ∩ f (B) ⊂ f (A ∩ B). Le principe de double inclusion amène alors l’égalité.
• Montrons (ii) =⇒ (iii). Pour cela, supposons (ii) vérifié. Soit alors A et B deux sous-ensembles de E tels que
A ∩ B = ∅. D’après (ii),
f (A) ∩ f (B) = f (A ∩ B) = f (∅) = ∅.
D’où (iii).
• Montrons (iii) =⇒ (iv). Pour cela, supposons (iii) vérifié. Soit A et B deux sous-ensembles de E tels que
A ⊂ B. On a alors B = A ∪ ∁B A, et A ∩ ∁B A = ∅. D’après (iii), on a donc

f (A) ∩ f (∁B A) = ∅.

Par ailleurs, pour tout y ∈ f (B), il existe x ∈ B tel que y = f (x). Comme x est soit dans A, soit dans son
complémentaire, y est dans f (A) ∪ f ∁B A . Ainsi,



f (B) ⊂ f (A) ∪ f ∁B A

Réciproquement, puisque A ⊂ B, f (A) ⊂ f (B), et le même raisonnement s’applique à ∁B A. Ainsi,

f (A) ∪ f ∁B A ⊂ f (B).


On obtient l’égalité f (A) ∪ f ∁B A ⊂ f (B), et cette union étant disjointe, on conclut finalement que f (A) et


f ∁B A sont complémentaires l’un de l’autre dans f (B), ce qui se réécrit :




f (B \ A) = f (B) \ f (A).

• Montrons que (iv) =⇒ (i). Supposons la propriété (iv) satisfaite. Soit x et y dans E tels que x 6= y. On considère
alors B = {x, y} et A = {y}. Ainsi,

{f (y)} = f (B \ A) = f (B) \ f (A) = {f (x), f (y)} \ {f (x)}.

On a alors nécessairement f (x) 6= f (y), sinon {f (y)} = ∅, ce qui est absurde. Ainsi, f est injective.
Ces implications suffisent à montrer l’ équivalence entre toutes les propriétés .

Correction de l’exercice 2 –
1. On construit (xn ) par récurrence. L’initialisation est donnée dans l’énoncé. Soit n ∈ N. On suppose x0 jusqu’à
xn construits. Soit f : [[0, n]] −→ E définie par f (k) = xk , pour tout k ∈ [[0, n]]. Puisque E est infini, f n’est
pas surjective. Par conséquent, E \ {x0 , . . . , xn } est non vide. Soit xn+1 un élément de cet ensemble. Il est bien
distinct de tous les précédents par construction.
Par le principe de récurrence, on a donc construit une suite (xn )n∈N d’éléments deux à deux distincts de E .
2. Soit E infini, x ∈ E, et (xn ) une suite telle que dans la question précédente. On définit f : E → E \ {x} par :
(
xi+1 si x = xi (i > 0)
f (x) =
x si x ∈
6 {xi , i ∈ N}

1
On vérifie sans peine que f est bien définie ainsi (en particulier, f ne prend jamais la valeur x = x0 ) On définit
également g : E \ {x} −→ E par :
(
xi−1 si x = xi (i > 1)
g(x) =
x si x 6∈ {xi | i ∈ N∗ }

On vérifie sans peine que f et g sont réciproques l’une de l’autre, c’est-à-dire f ◦ g = idE\{x} et g ◦ f = idE .
Ainsi, f est une bijection de E vers E \ {x} .
3. On suppose de plus qu’il n’existe pas de surjection N → E. Soit (xn )n∈N une suite d’éléments 2 à 2 distincts, et
F = {xn | n ∈ N}. L’ensemble E \ F vérifie encore la même propriété que E. En effet, s’il existe une surjection
ϕ de N dans E \ F , on construit l’application ψ : N → E suivante : pour tout n ∈ N :
(
ϕ( n2 ) si n est pair
ψ(n) =
x 2n−1 si n est impair.
2

Il n’est pas dur de voir que ψ est surjective, contredisant ainsi l’hypothèse sur E.
L’hypothèse d’infinitude en découle. En effet, s’il existe une surjection [[0, n]] → E, en composant par une
surjection N → [[0, n]] (par dure à construire), on obtient une surjection de N dans E.
On peut donc en particulier trouver une suite (yn ) d’éléments deux à deux distincts de E \ F . Par ailleurs, la
numérotation de N2 en diagonales fournit une bijection Φ : N → N × N. En la composant par une translation
des indices, cela définit également une bijection Ψ : N → N × N∗ . On définit alors la suite doublement indexée
(
xi si j = 0
xi,j =
yΦ−1 (i,j) si j > 0

Nous allons contruire la bijection f : E → E \ F de la manière suivante : les valeurs à éviter étant les xi,0 on
les pousse sur les termes xi,1 , qu’eux-même on pousse sur les xi,2 etc.
Explicitement, nous obtenons la définition suivante :
(
xi,j+1 si x = xi,j , i > 0, j > 0
∀x ∈ E, f (x) =
x si x 6∈ {xi,j | i ∈ N, j ∈ N}.

Comme dans la question précédente, on construit facilement une réciproque :


(
xi,j−1 si x = xi,j , i > 0, j > 1
∀x ∈ E \ F, g(x) =
x si x 6∈ {xi,j | i ∈ N, j ∈ N∗ }.

Puisque f et g sont réciproques l’une de l’autre, elles sont bijectives. On a bien trouvé une bijection de E dans E \ F .

Correction du problème – Théorème de Cantor-Bernstein

Question préliminaire
On construit f : E → F par : (
f1 (x) si x ∈ E1
f (x) =
f2 (x) si x ∈ E2 .
Cette application est bien définie, puisque x ne peut être à la fois dans E1 et E2 , et puisque tout x de E est dans l’un
des deux.
On définit de même la fonction g : F → E, en échangeant le rôle de E et F et en remplaçant f1 par f1−1 et f2 par f2−1 .
De même, g est bien définie. Soit alors x ∈ E. Si x ∈ E1 , alors f (x) = f1 (x) ∈ F1 , donc g(f (x)) = f1−1 (f1 (x)) = x. On
montre de la même façon que g ◦ f (x) = x lorsque x ∈ E2 . Ainsi, g ◦ f = idE . De même f ◦ g = idF .
Les fonctions f et g étant réciproques l’une de l’autre, elles sont bijectives. On a bien construit une bijection de E dans F .

Partie I – Une première démonstration

2
1. (a) De toute évidence, E ∈ S, donc S 6= ∅ .
(b) Par croissance de ϕ, pour tout A de S, M ⊂ A, donc ϕ(M ) ⊂ ϕ(A). Ainsi,
\
ϕ(M ) =⊂ ϕ(A).
A∈S

Or, pour tout A de S, par définition de S, on a ϕ(A) ⊂ A. Ainsi,


\
ϕ(M ) ⊂ A=M .
A∈S

(c) Puisque ϕ est croissante, on a alors ϕ(ϕ(M )) ⊂ ϕ(M ). Comme par définition de ϕ, ϕ(M ) ∈ P(E), on en
déduit, par définition de S, que ϕ(M ) ∈ S .
Par principe de double inclusion, on a bien ϕ(M ) = M .
2. On définit ϕ : P(E) → P(E) par :

ϕ(A) = ∁E g ∁F f (A) .
Pour montrer que ϕ admet un point fixe, il suffit, d’après ce qui précède, de montrer que ϕ est croissante. Soit
A et B deux sous-ensembles de E tels que A ⊂ B. On a alors f (A) ⊂ f (B), donc ∁F f (B) ⊂ ∁F f (A), et en
prenant l’image par g :
g ∁F f (B) ⊂ g ∁F f (A) .
 

En passant une nouvelle fois au complémentaire, on obtient :

∁E g ∁F f (B) ⊂ ∁E g ∁F f (A) , soit:


 
ϕ(A) ⊂ ϕ(B).

Ainsi, ϕ est une application croissante de P(E) dans lui-même, donc admet un point fixe M .
3. La fonction f étant injective, toute restriction de f est encore injective. Ainsi, f|M est injective. De plus,
l’image de l’application f|M est par définition f (M ), donc f|M se corestreint sur f (M ) en une application
f1 , dont l’image est également f (M ). L’application f1 : M −→ f (M ) est donc surjective, et l’injectivité est
préservée par corestriction. Ainsi, f1 est une bijection de M sur f (M ) .
4. Soit N = ∁F f (M ).
(a) Par définition de ϕ, et par la propriété de point fixe de M , ∁E g(N ) = ϕ(M ) = M , donc g(N ) = ∁E M .
(b) Le même argument que pour f1 montre que g se corestreint en une bijection de N sur g(N ), donc en une
bijection de N sur ∁E M .
5. On dispose d’une bijection f1 = M −→ f (M ) et d’une bijection g1−1 : ∁E M −→ ∁F f (M ) = N . Ainsi, d’après la
question préliminaire, il existe une bijection h : E → F (construite explicitement dans cette question)

Partie II – Une deuxième démonstration

1. (a) Puisque C0 ⊂ C, on a ∁E C ⊂ ∁E C0 , soit D ⊂ B .


(b) Par définition de D, {D, C} est un partage de E . Par conséquent, puisque B ⊂ E, {D ∩ B, C ∩ B} est un
partage de E. or, D ∩ B = D d’après la question précédente, et, par distributivité,
+∞
[
C ∩B = (Cn ∩ B).
n=0

Par définition de C0 , C0 ∩ B = ∅, et par ailleurs, pour tout n > 1, par construction, Cn ⊂ u(E) ⊂ B. Ainsi,
Cn ∩ B = Cn . Par conséquent,
+∞
[
C∩B = Cn = C ′ .
n=1

On en déduit que {D, C ′ } est un partage de B .

3
(c) D’après le cours, et d’après la définition de la suite (Cn ),
+∞
! +∞ +∞ +∞
[ [ [ [
u(C) = u Cn = Cn = Cn+1 = Cn ,
n=0 n=0 n=0 n=1

soit : u(C) = C ′ .
(d) Puisque u est injective, u se restreint à C en une application d’image C ′ ; si on corestreint encore cette
application à C ′ , on gagne la surjectivité sans perdre l’injectivité. Ainsi, il existe une bijection u1 : C → C ′ .
Par ailleurs, il existe une bijection u2 : D → D (par exemple l’identité). La question préliminaire, dont les
hypothèses sont assurées par la question 1(b), donne alors l’ existence d’une bijection de E dans B.
Remarquez la similitude de cet argument avec l’argument de l’hôtel de Hilbert : on pousse les éléments par
paquets de Ck pour laisser de la place aux éléments de C0 .
2. La fonction u = g ◦ f est injective de E dans E, comme composée de deux injections. De plus, elle est à
valeurs dans g(F ). Elle définit donc par corestriction une application injective ũ : E → g(F ). D’après le lemme
précédent, on en déduit l’existence d’une bijection de E sur g(F ). Par ailleurs, g étant injective, sa corestriction
à son image est une bijection ṽ de F sur g(F ). Alors la composée ṽ −1 ◦ ũ est une bijection de E vers F , en
tant que composée de deux bijections.

Partie III – Une troisième démonstration

1. La suite commençant en un élément x de E ne peut vérifier qu’une des trois propriétés de l’énoncé, et en vérifie
nécessairement l’une des trois. Ainsi, tout x de E appartient à un et un seul des ensembles EE , EF et E∞ .
C’est bien dire que ces ensembles sont deux à deux distincts, et que leur union est E. C’est la définition d’un
partage de E .
2. Soit x ∈ EE , et (un (x))n∈[[0,N ]] la suite finie associée à x (qui s’arrête en E). Ainsi, xN est dans E. Soit
y = f (x). Alors x est l’unique antécédent de y (l’unicité provenant de l’injectivité de f ). Ainsi, u0 (y) = y et
u1 (y) = x. À partir de là, les antécédents successifs, uniques par injectivité, sont les mêmes que ceux de x :
l’unique antécédent de u1 (y) = u0 (x) est u1 (x), ainsi u2 (y) = u1 (x) et en continuant ainsi (on pourrait écrire
une récurrence bornée assez triviale),

∀n ∈ [[1, N + 1]], un (y) = un−1 (x).

En particulier, ces termes sont bien définis, et uN +1 (y) = uN (x), qui n’a pas d’antécédent (par g puisque c’est
un élément de E). Ainsi, tout comme la suite issue de x, la suite issue de y s’arrête au point uN +1 (y) = uN (x),
qui est élément de E. Ainsi, y ∈ FE .
On en déduit que f (EE ) ⊂ FE .
Montrons l’inclusion réciproque. Soit y ∈ FE , et (un (y))n∈[[0,M]] la suite (finie et s’arrêtant en E) issue de y.
Alors M > 1 (sinon, cela signifierait que la suite s’arrête tout de suite, donc au point y qui est élément de F , ce
qui impliquerait y ∈ FF ce qui est contradictoire). On peut donc considérer x = u1 (y) ∈ E, qui par définition
est un antécédent de y. Ainsi, f (x) = y. Un raisonnement similaire au précédent montre qu’alors,

∀n ∈ [[0, M − 1]], un (x) = un+1 (y).

En particulier, la suite issue de x s’arrête en uM (y) ∈ E. Ainsi, x ∈ EE et f (x) = y. On en déduit que


y ∈ f (EE ), donc FE ⊂ f (EE )
L’égalité f (EE ) = FE alors obtenue par double-inclusion justifie que f définit par restriction et corestric-
tion une application surjective fE : EE → FE . L’application f étant injective, sa restriction aussi, donc
fE est bijective .
La situation est symétrique en f et g, donc g définit aussi par restriction corestriction une bijection gF = FF → EF .
3. Montrons enfin que f se restreint et corestreint également en une bijection f∞ : E∞ → F∞ . Nous procédons
comme dans la question précédente
• f∞ est bien définie car f (E∞ ) ⊂ F∞ . En effet, si y ∈ f (E∞ ), il existe un antécédent x ∈ E∞ de y, et comme
précédemment, la suite issue de y peut se décrire en fonction de celle issue de x ; celle-ci étant infinie, on
obtient :
∀n ∈ N∗ , un (y) = un−1 (x),
donc la suite issue de y est infinie. Cela prouve que y ∈ F∞ , donc que f (E∞ ) ⊂ F∞ .

4
• f∞ est est surjective. En effet, soit y ∈ F∞ . Sa suite étant infinie, on peut considérer son premier élément
x = u1 (y), qui est dans E. Comme précédemment, la suite issue de x se décrit en fonction de la suite issue
de y, et en particulier, elle est infinie. Ainsi, x ∈ E∞ . Ainsi, f∞ est définie en x (et coïncide avec f par
définition), donc f∞ (x) = y. Cela prouve la surjectivité de f∞ .
• L’injectivité découle de celle de f .
Ainsi, f∞ est une bijection de E∞ dans F∞ .
On aurait pu montrer de la même manière que g induit une bijection de F∞ vers E∞ .
−1
On dispose donc de trois bijections fE : EE → FE , gE : EF → FF et f∞ : E∞ → F∞ .
D’après la question préliminaire qu’on généralise facilement à 3 termes (et pour un partage plutôt qu’une
partition) et d’après la question III-1, ces trois bijections permettent de construire une bijection de E vers F ,
ce qui prouve une nouvelle fois le théorème de Cantor-Bernstein.

Partie IV – Quelques applications classiques

1. On définit Φ : P(N) → {0, 1}N par Φ(A) = 1A , la fonction indicatrice de A dans N. La fonction Φ ad-
met une récirpoque Ψ : {0, 1}N → P(N), définie par Ψ(χ) = χ−1 (1). La vérification du fait que ces ap-
plications sont réciproques l’une de l’autre est immédiate ; Ainsi, Ψ est une bijection, ce qui montre que
P(N) et {0, 1}N ont même cardinal .
2. On construit une application Φ : NN → {0, 1}N de la manière suivante. Étant donné f ∈ NN , on construit
χ = Φ(f ) de la manière suivante :
(
1 si n = f (0) + · · · + f (k) + k − 1, pour un certain k dans N
∀n ∈ N, χ(n) =
0 sinon

Ainsi, les images successives des entiers par χ définissent une suite de 0 et de 1 tels que la position du premier
1 est égale à f (0), et que pour tout n ∈ N, le nombre de 0 s’intercalant entre le n-ième 1 et (n + 1)-ième 1 est
égal à f (n + 1).
La fonction Φ ainsi définie est une injection (mais pas une bijection) : en effet, si Φ(f ) = Φ(g) = χ, alors on
retrouve f et g en regardant la position du premier 1 dans la suite des images de χ, et le nombre de 0 séparant
deux 1 consécutifs. On obtient alors la même description pour f et g, prouvant que Φ est injective. Elle n’est
pas surjective, car les applications χ dans l’image de Φ prennent nécessairement une infinité de fois la valeur 1.
Mais on peut conclure tout de même : Φ est une injection de NN dans {0, 1}N et l’inclusion définit une injection
de {0, 1}N dans NN . Le théorème de Bernstein nous assure alors que {0, 1}N et NN ont même cardinal.
3. D’après ce qui précède, il suffit de montrer que [[0, 9]]N et {0, 1}N ont même cardinal. L’inclusion du deuxième
vers le premier définit un injection {0, 1}N → [[0, 9]]N . Dans l’autre sens, on peut faire un détour par NN , et
construire une injection par composition :

[[0, 9]]N −→ NN −→{0, 1}N,

où la première flèche est issue de l’inclusion, et la deuxième est la bijection obtenue dans la question précédente.
La composée des deux est donc injective, en tant que composée d’injections.
Le théorème de Berstein permet alors d’affirmer que P(N) et [[0, 9]]N ont même cardinal .
4. • À tout réel x de [0, 1[, on associe la suite des décimales de son unique développement propre en base 10.
Ainsi, on définit f ∈ [[0, 9]]N en posant f (i) comme étant la i + 1-ième décimale de son développement.
On pose Φ(x) = f . La fonction Φ est injective, car l’égalité Φ(x) = Φ(y) signifie que x et y ont même
développement décimal, ce qui n’est possible que si x = y.
• Réciproquement, étant donné f ∈ [[0, 9]]N , on peut définie Ψ(f ) comme l’unique réel x dont le développement
décimal est donné par les valeurs successives de f . Le problème rencontré ici, c’est que Ψ peut prendre la
valeur 1, pour la fonction f constante de valeur 9, De plus, elle n’est pas injective, car les nombres décimaux
ont deux développements (l’un terminant par des 0, l’autre par des 9). Le problème rencontré provient donc
du fait que f peut prendre un grand nombre de fois la valeur 9. On va donc lui interdire cette valeur.
• On pourrait construire alors Ψ à partir des fonctions à valeurs dans [[0, 8]], afin d’éviter les développements
terminant par des 9. Ce n’est pas dur de montrer, comme précédemment que l’ensemble de ces fonctions est
de même cardinal que {0, 1}N, donc que [[0, 9]]N . Mais tant qu’à faire, autant revenir directement à {0, 1}N. On
construit donc Ψ : {0, 1}N −→[0, 1[ en associant à f ∈ {0, 1}N l’unique réel x = Ψ(f ) dont le développement

5
décimal est constitué de la suite des valeurs prises par f . Cette fois, puisque les décimales de x sont toutes
égales à 0 ou 1, il s’agit d’un développement propre. Cela nous assure en particulier que x ∈ [0, 1[, et que Ψ
est injective, par unicité du développement propre.
• Ayant des injections dans chaque sens (en composant la seconde par l’injection {0, 1}N → [[0, 9]]N issue de
l’inclusion), le théorème de Bernstein nous permet de conclure que [[0, 9]]N et [0, 1[ ont même cardinal .
5. L’inclusion définit une injection i : [0, 1[→ R. On peut facilement trouver une injection dans l’autre sens, avec les
fonctions usuelles. En effet, f : x 7→ tan((2πx − 3π 1
2 )) est strictement croissante sur ] 2 , 1[, de limites −∞ et +∞
aux bords de l’intervalle, et continue. D’après le théorème des valeurs intermédiaires, elle est donc surjective de
] 21 , 1[ dans R et injective par stricte croissance. Elle est donc bijective. Sa réciproque est donc une application
bijective g : R →] 21 , 1[. En la composant par l’injection i :] 12 , 1[→ [0, 1[ issue de l’inclusion, on obtient une
injection de R dans [0, 1[.
Le théorème de Bernstein assure alors que R et [0, 1[ ont même cardinal .
Remarque : g peut se décrire directement avec de l’arctangente, si on connait cette fonction.
6. On compose les différentes bijections (ou leurs réciproques) obtenues en 3, 4 et 5, pour définir une bijection de
P(N) dans R. Ainsi, P(N) et R ont même cardinal .
7. On adapte l’exemple du cours qui peut se faire directement dans R. Soit (x, y) ∈ R2 , on définit z ∈ R comme
étant l’unique réel dont le développement décimal est défini par
(
xi si i est pair
zi = 2
,
y i−1 si i est impair
2

où xi , yi et zi représentent respectivement le chiffre de poids 10i des nombres x, y et z dans la représentation


décimale propre. Ainsi, le chiffre des unités est de rang 0, celui des dizaines de rang 1, et les chiffres après la
virgule sont numérotés négativement. Au besoin, on rajoute des 0 devant le chiffre de plus haut poids de x et
de y, pour avoir une bonne définition de z.
Comme on part des développements propres de x et y le développement de z sera également un développement
propre. Soit Φ : R2 → R ainsi définie. Si Φ((x, y)) = Φ((x′ , y ′ )) = z, l’unique développement propre de z permet
donc de retrouver le développement de x et celui de y (en ne gardant qu’un chiffre sur 2). Faisant de même
avec x′ et y ′ , on en déduit que x et x′ ont même développement, donc x = x′ et de même y = y ′ . Cela prouve
l’injectivité de Φ : R2 → R.
Une injection dans l’autre sens est facile à trouver : il suffit par exemple de considérer Ψ : x 7→ (x, x).
Le théorème de Berstein permet de conclure que R et R2 ont même cardinal .
8. Une première démonstration consiste en une utilisation directe du théorème de Berstein. On construit sans
problème une injection P(R) → RR , par A 7→ 1A .
Réciproquement, on utilise l’injection ϕ : R2 → R construite précédemment. Soit alors f ∈ RR , on définit

Ψ(f ) = {ϕ(x, f (x)) | x ∈ R} ⊂ R.

Cette application est injective. En effet, supposons Ψ(f ) = Ψ(g). soit x ∈ R. Par définition, ϕ(x, f (x)) ∈
Ψ(f ) = Ψ(g). Ainsi, par définition de Ψ(g), il existe y ∈ R tel que ϕ(x, f (x)) = ϕ(y, g(y)). Puisque ϕ est
bijective, (x, f (x)) = (y, g(y)), de quoi on déduit x = y et f (x) = g(y), et enfin g(x) = f (x). Ceci étant vrai
pour tout x, f = g. Ainsi, Ψ est une injection de RR dans P(R).
Le théorème de Cantor-Berstein prouve alors que P(R) et RR ont même cardinal .
9. La deuxième preuve consiste à se servir de ce qui précède. En fait, si on regarde de près, il s’agit grossièrement
de la même preuve, mais rédigée un peu différemment.
L’injection P(R) → RR est la même que plus haut.
Une fonction f est déterminée par son graphe Gf ⊂ P(R2 ). Cela nous donne une injection RR → P(R2 ).
On utilise alors le lemme suivant : si f : A → B est une bijection, alors f˜ : P(A) → P(B) aussi. Cela résulte
d’un exercice vu en cours (séparant injectivité et bijectivité), mais se redémontre très facilement directement
en utilisant la bijectivité. Je laisse en exercice. Ainsi, la question 7 permet de définir une bijection de P(R2 )
dans P(R). En composant avec l’injection RR → P(R2 ), on en déduit une injection RR → P(R2 ).
On termine encore une fois par le théorème de Cantor-Berstein.

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