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MPI - Compacité 1

COMPACITE

Soit (E, k.k) un espace vectoriel normé.

1 Théorème de Borel-Lebesgue
1.1 Définition
Soit X une partie de E. On appelle recouvrement ouvert de X toute famille (Ωi )i∈I telle que
S
1. X ⊂ Ωi
i∈I
2. ∀i ∈ I, Ωi est un ouvert de E.

1.2 Enoncé
Théorème 1
Soit X une partie de E. X est compacte si et seulement si de tout recouvrement ouvert de X on peut
extraire un sous-recouvrement fini.

1.3 Démonstration
1. Supposons que de tout recouvrement ouvert de X on peut extraire un sous-recouvrement fini.
Soit (xn ) une suite d’éléments de X. Montrer par l’absurde que (xn ) possède une valeur d’adhé-
rence dans X.
 Supposons que (xn ) n’admette pas de valeur d’adhérence dans X :

∀x ∈ X, ∃εx > 0, {n ∈ N | kxn − xk < εx } est finie.


B(x, εx ). On en extrait un sous-recouvrement fini : il existe (a1 , . . . , ap ) ∈ X p tel
S
Or X ⊂
x∈X
que
p
[
X⊂ B(ai , εai ).
i=1

Soit n ∈ N. xn ∈ X, donc il existe i ∈ [| 1, p|] tel que kxn − ai k < εai . On a donc
p
S
N⊂ {n ∈ N | kxn − ai k < εai }. Or une union finie d’ensembles finis est finie : N est fini.
i=1
Contradiction. .
2. Supposons X compacte. Soit (Ωi )i∈I un recouvrement ouvert de X.
(a) Montrer par l’absurde qu’il existe ε ∈ R∗+ tel que pour tout x ∈ X, il existe i ∈ I tel que
B(x, ε) ⊂ Ωi .
 Par l’absurde, supposons

∀ε ∈ R∗+ , ∃x ∈ X, ∀i ∈ I, B(x, ε) 6⊂ Ωi .
1
Soit n ∈ N. On prend ε = n+1 . Il existe donc xn ∈ X tel que pour tout i ∈ I, il existe
yn,i ∈ B(xn , ε) et yn,i 6∈ Ωi .
Comme X est compacte, (xn ) possède une valeur d’adhérence. Il existe ϕ : N → N strictement
croissante telle que (xϕ(n) ) converge vers un certain x ∈ X.
Soit i ∈ I. (yϕ(n),i ) converge aussi vers x (somme de (yϕ(n),i − xϕ(n) ) qui tend vers 0 et de
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(xϕ(n) ) qui tend vers x). Or (yϕ(n),i ) est une suite d’éléments de ES\ Ωi qui est fermé. Par
caractérisation séquentielle, x ∈ E \ Ωi . Alors x n’appartient pas à Ωi , donc n’appartient
i∈I
pas à X : contradiction. 
(b) On choisit un tel ε. Montrer par l’absurde qu’il existe N ∈ N∗ et a1 , . . . aN des éléments de
X tels que (B(ak , ε))1≤k≤N soit un recouvrement de X.
 S’il n’existe aucun sous-recouvrement fini du recouvrement de X (B(x, ε))x∈X , on construit
n−1
S
par récurrence une suite (bn ) ∈ X N telle que pour tout n ∈ N, bn 6∈ B(bk , ε). X étant
k=0
compacte, il existe ϕ : N → N strictement croissante telle que (bϕ(n) ) converge vers un cer-
tain b ∈ X.
Il existe n0 ∈ N tel que pour tout n ∈ N, si n ≥ n0 , alors kbϕ(n) − bk ≤ 3ε .
Pour (n, p) des entiers naturels tels que n0 ≤ n < p, kbϕ(n) − bϕ(p) k ≤ 2ε 3 < ε. Ainsi
ϕ(n)
S ϕ(p)−1
S
bϕ(p) ∈ B(bi , ε). Or, par construction bϕ(p) 6∈ B(bi , ε). comme ϕ(p) > ϕ(n), on a
i=1 i=1
une contradiction. 
(c) Conclure.
 Pour k = 1 · · · N , il existe ik ∈ I tel que B(ak , ε) ⊂ Ωik . On a alors
N
[ N
[
X⊂ B(ak , ε) ⊂ Ω ik .
k=1 k=1

On a bien trouvé un sous-recouvrement fini de X. 

2 Théorème de Riesz
2.1 Enoncé
Théorème 2
E est de dimension finie si et seulement si sa boule unité fermée est compacte.

2.2 Démonstration
Il suffit de démontrer que si la boule unité fermée est compacte alors E est de dimension finie, l’autre
implication étant immédiate.
n
1. Montrer qu’il existe n ∈ N∗ et a1 , . . . , an élements de E tels que B ⊂ B ai , 12 .
S 
i=1
B a, 12 . La propriété de Borel-Lebesgue permet d’en extraire un sous-recouvrement
S 
B⊂
a∈B
fini. 
On pose V = Vect(a1 , . . . , an ). V est de dimension finie. On veut montrer par l’absurde que V = E.
On choisit donc x ∈ E avec x 6∈ V .

2. Montrer que d(x, V ) > 0. On pose ε = d(x, V ) > 0.


 Supposons par l’absurde que d(x, V ) = 0. Alors x ∈ V . Mais V est fermé, car c’est un
sous-espace vectoriel de dimension finie. Donc x ∈ V : contradiction. 
3. Montrer qu’il existe y ∈ V tel que ε ≤ kx − yk ≤ 23 ε.
 Cela découle immédiatement de la définition d’une borne inférieure. 
1
On pose z = kx−yk (x − y).
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4. Montrer qu’il existe i ∈ [| 1, n|] tel que kz − ai k ≤ 12 .


 z ∈ B. 
5. Etablir kx − yk × kz − ai k ≥ ε et conclure à une contradiction.

kx − ykz − kx − ykai = x − y − kx − ykai = x − (y + kx − ykai ) .
Or, y + kx − ykai ∈ V , donc
kkx − ykz − kx − ykai k ≥ ε.
i.e.
kx − yk kz − ai k ≥ ε.
1
Or 0 ≤ kz − ai k ≤ 2 et 0 ≤ kx − yk ≤ 32 ε. Par produit :
3
kx − yk kz − ai k ≤ ε.
4
On a bien une contradiction. 

2.3 Conséquences
1. Montrer que, dans un espace vectoriel normé qui n’est pas de dimension finie, aucune sphère
n’est compacte.
 Supposons qu’il existe une sphère S = S(a, R) compacte. Montrons que B = B 0 (0, 1) est
compacte. Soit (xn ) ∈ B N .
Si (xn ) s’annule une infinité de fois, 0 est valeur d’adhérence.
Sinon, à partir d’un certain rang n0 , on peut définir la suite (yn )n≥n0 telle que pour tout n ∈ N,
n ≥ n0 , yn = kx1n k xn . On peut aussi définir la suite (un )n≥n0 avec, pour n ∈ N, n ≥ n0 ,
un = a + Ryn . (un )n≥n0 est une suite d’éléments de S. Elle possède donc une valeur d’adhérence
l ∈ S. (yn )n≥n0 possède alors R1 (l − a) comme valeur d’adhérence ( R1 (l − a) = 1).
Notons ϕ l’extractrice en jeu. On a, pour n ∈ N,

xϕ(n) = kxϕ(n) k yϕ(n) = λn yϕ(n) .

(λn ) est une suite de scalaires bornée (par 1) : par le théorème de Bolzano-Weierstrass, elle
possède une suite extraite convergente. On note ψ cette nouvelle extractrice et λ la limite de
(λψ(n) ). Il vient que (xϕ◦ψ(n) ) converge vers x = λ R1 (l − a). Mais alors kxk = |λ| ≤ 1, i.e, x ∈ B.
On a montré dans tous les cas que (xn ) possède une valeur d’adhérence dans B : B est compacte.
Contradiction. 
2. Montrer que, dans un espace vectoriel normé qui n’est pas de dimension finie, tout compact est
d’intérieur vide.
 Supposons qu’un compact K ait un intérieur non vide. On peut alors inclure dans K une
boule ouverte (de rayon r) et donc une sphère (le même centre, mais de rayon r/2). Cette sphère
est un fermé inclus dans un compact : c’est un compact. Ce qui contredit la question précédente.

3. On suppose que (E, k.k) est un espace vectoriel normé qui n’est pas de dimension finie. Soit
f ∈ Lc (E) telle que pour tout borné B de E, f (B) est compacte dans E. Montrer que f n’a
pas d’inverse pour ◦ dans Lc (E).
 Supposons qu’il existe g ∈ Lc (E) tel que f ◦ g = g ◦ f = IdE . B = B 0 (0, 1) est bornée, donc
f (B) est compacte. Soit (xn ) une suite d’éléments de B. (f (xn )) est une suite d’éléments de
f (B). Elle possède donc une valeur d’adhérence dans f (B) : il existe ϕ : N → N strictement
croissante telle que (f (xϕ(n) )) converge vers l ∈ f (B). Alors (g ◦ f (xϕ(n) )) converge vers g(l)
et donc (xϕ(n) ) converge vers g(l) ∈ E. Mais comme B est fermée et comme (xϕ(n) ) est à
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valeurs dans B, g(l) ∈ B et donc (xn ) possède une valeur d’adhérence dans B : B est compacte.
Contradiction.
On aurait aussi pu écrire :

B = (g ◦ f )(B) = g(f (B)) ⊂ g(f (B)).

Mais g(f (B)) est un compact (image continue d’un compact). B est alors un fermé dans un
compact : B est compact...

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