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Topologie - DM
Exercice 1
Définition. On dit qu’un point x d’un espace métrique connexe (X, d) est un point de coupure de X si
X \ {x} n’est pas connexe.
1. Soit le connexe X = [a, b] pour a < b. Déterminer l’ensemble des points de coupure de X.
[a, b] \ {x} est un connexe de R si et seulement si c’est un intervalle, c’est-à-dire si et seulement si x = a
ou x = b.
En d’autres termes, on a montré que l’ensemble des points de coupure de [a, b] est donné par ]a, b[.
2. Dans R2 muni de la distance euclidienne, on considère X = B((−1, 0), 1) ∪ B((1, 0), 1).
(a) Montrer que X est connexe.
D’après le cours, les boules ouvertes d’un espace vectoriel normé sont connexes, donc leur adhé-
rence (les boules fermées puisqu’on est dans un espace vectoriel normé) est encore connexe. Ainsi,
B((−1, 0), 1) et B((1, 0), 1) sont connexes. Par ailleurs, leur intersection est non vide puisqu’elle est
donnée par le point (0, 0). Par un autre résultat du cours, il en résulte que leur union X est connexe.
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Réciproquement, montrons que f (Xc ) ⊂ Yc . On se donne donc y ∈ f (Xc ) qu’on écrit y = f (x) avec
x ∈ Xc . On peut donc écrire X \ {x} = f −1 (Y \ {y}). Si y n’était pas de coupure, Y \ {y} serait
connexe et donc X \ {x} aussi par continuité de f −1 , soit x ∈ Xc , ce qui est absurde. Ainsi, y ∈ Yc .
(b) En déduire qu’un segment de R et un cercle de R2 ne peuvent être homéomorphes, en se plaçant
dans le cas de X = [0, 1] et Y = {x ∈ R2 , kxk2 = 1}.
Supposons par l’absurde que X et Y soient homéomorphes, et donnons-nous f un homéomorphisme
de X dans Y . D’après ce qui précède et en gardant les mêmes notations, on aurait f (Xc ) = Yc .
Montrons que Yc = ∅. On en déduirait que Xc = ∅, et arriverait alors à une absurdité car on sait
par la question 1 que Xc = ]0, 1[.
Soit donc y ∈ Y , et montrons qu’il n’est pas de coupure pour Y . On peut écrire y sous la forme
y = (cos(θ), sin(θ)) pour un certain θ ∈ R. Alors on vérifie que Y \{y} = g(]0, 2π[) où g : R → R2 est
l’application t 7→ (cos(θ + t), sin(θ + t)). Cette application étant continue et ]0, 2π[ connexe, Y \ {y}
est connexe.
Exercice 2
Soit E = C([0, 1], R) muni de sa norme usuelle k · k∞ . Pour f ∈ E, on définit une nouvelle fonction par
Z 1
TK (f ) : x 7→ K(x, y)f (y) dy,
0
la fonction apparaissant à droite étant intégrable sur [0, 1] en tant que fonction continue sur cet intervalle.
Ainsi, une application du théorème de convergence dominée donne la convergence voulue.
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3. Montrer que TK est une application linéaire continue de E dans E, en donnant une majoration simple
de |||TK ||| grâce à ce qui précède.
La linéarité de TK est immédiate. Pour f ∈ E, on majore simplement
Z 1 Z 1
∀x ∈ [0, 1], |TK f (x)| ≤ |K(x, y)f (y)| dy ≤ M |f (y)|, dy ≤ M kf k∞ ,
0 0
ce dont on dire kTK f k∞ ≤ M kf k∞ . On en déduit que TK est linéaire continue de E dans E, et de plus
que |||TK ||| ≤ M .
4. Donner alors une condition suffisante portant sur K pour qu’il existe une unique fonction f ∈ E telle
que TK (f ) = f .
Pour f, g ∈ E, le résultat précédent permet d’écrire
En particulier, TK est M -lipschitzienne. Par ailleurs, E muni de k · k∞ est complet, donc on peut utiliser
le théorème du point de fixe de Banach : si sup(x,y)∈[0,1]2 |K(x, y)| < 1, l’équation TK (f ) = f admet une
unique solution f ∈ E (qui est d’ailleurs la fonction nulle, puisque celle-ci est bien entendu point fixe).
5. Améliorer le résultat de la question 4 en déterminant la valeur exacte de |||TK |||.
On majore plus finement qu’en question 3, pour f ∈ E :
Z 1 Z 1
∀x ∈ [0, 1], |TK f (x)| ≤ |K(x, y)f (y)| dy ≤ kf k∞ |K(x, y)| dy.
0 0
R1
Or la fonction x 7→ 0 |K(x, y)| dy est continue (comme on le montre par un raisonnement analogue à
celui effectué dans la question 2)Rsur le compact [0, 1]. Elle y est donc bornée et atteint ses bornes. On
1
peut donc définir L := supx∈[0,1] 0 |K(x, y)| dy, et on déduit de ce qui précède que kTK f k∞ ≤ Lkf k∞ ,
d’où |||TK ||| ≤ L. On trouve donc au passage que, si L < 1, l’équation TK (f ) = f admet une unique
solution f ∈ E.
Montrons qu’on ne peut pas obtenir une meilleure estimation, c’est-à-dire que |||TK ||| = L. SiR K = 0, le ré-
1
sultat est évident. Supposons désormais que K 6= 0. D’après ce qui précède, la fonction x 7→ 0 |K(x, y)| dy
atteignant ses bornes, il existe x ∈ [0, 1] tel que
Z 1 Z 1
|K(x, y)| dy = sup |K(x, y)| dy = L.
0 x∈[0,1] 0
On remarque tout d’abord que (fn )n∈N∗ est une suite de fonctions à valeurs dans [−1, 1] qui converge
simplement vers la fonction y 7→ sgn(K(x, y)), fonction comprise entre −1 et 1, et qui prend la valeur 1
ou −1 en au moins un point puisque K 6= 0. Par conséquent, kfn k∞ tend vers 1 quand n → +∞.
On calcule enfin pour n ∈ N∗ ,
Z 1 Z 1
K 2 (x, y)
TK fn (x) = K(x, y)fn (y) dy = 1 dy.
0 0 |K(x, y)| + n
1. Cette suite de fonctions est faite pour approcher la fonction y 7→ sgn(K(x, y)), où la fonction signe sgn : R → R est définie
comme valant 1 sur R∗+ , −1 sur R∗− et 0 en 0 (notez au passage que sgn(z)z = |z| pour tout z ∈ R). La fonction signe n’étant pas
continue, il n’y a pas de raison en l’absence d’hypothèse supplémentaire que la fonction y 7→ sgn(K(x, y)) soit continue, c’est-à-dire
soit un élément de E.
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Par le théorème de convergence dominée, on montre sans difficulté majeure que cette intégrale tend vers
R 1 K 2 (x,y) R1
0 |K(x,y)| dy = 0 |K(x, y)| dy = L.
Or
kTK (fn )k∞ |TK (fn )(x)|
≥ ,
kfn k∞ kfn k∞
avec le membre de droite qui tend vers L d’après ce qui précède. Comme le membre de gauche est majoré
par L, il tend lui aussi vers L. Finalement, on a bien montré que |||TK ||| = L.
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