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Université Paris Cité 2023–2024 L3 MAE

Topologie - DM

Exercice 1

Définition. On dit qu’un point x d’un espace métrique connexe (X, d) est un point de coupure de X si
X \ {x} n’est pas connexe.

1. Soit le connexe X = [a, b] pour a < b. Déterminer l’ensemble des points de coupure de X.
[a, b] \ {x} est un connexe de R si et seulement si c’est un intervalle, c’est-à-dire si et seulement si x = a
ou x = b.
En d’autres termes, on a montré que l’ensemble des points de coupure de [a, b] est donné par ]a, b[.
2. Dans R2 muni de la distance euclidienne, on considère X = B((−1, 0), 1) ∪ B((1, 0), 1).
(a) Montrer que X est connexe.
D’après le cours, les boules ouvertes d’un espace vectoriel normé sont connexes, donc leur adhé-
rence (les boules fermées puisqu’on est dans un espace vectoriel normé) est encore connexe. Ainsi,
B((−1, 0), 1) et B((1, 0), 1) sont connexes. Par ailleurs, leur intersection est non vide puisqu’elle est
donnée par le point (0, 0). Par un autre résultat du cours, il en résulte que leur union X est connexe.

(b) Montrer que X admet un unique point de coupure et le déterminer.


Montrons que (0, 0) est un point de coupure de X. On note A = X \ {(0, 0)} = A1 ∪ A2 où
A1 = B((−1, 0), 1) \ {(0, 0)}, A2 = B((1, 0), 1) \ {(0, 0)}. A1 et A2 sont disjoints non vides, montrons
qu’ils sont tous les deux des fermés de A pour conclure au fait que A n’est pas connexe. On constate
que A1 = B((−1, 0), 1) ∩ A. Comme B((−1, 0), 1) est un fermé de R2 en tant que boule fermée, A1
est un fermé de A. De même, A2 est un fermé de A, ce qui clôt le raisonnement.
Montrons désormais que (0, 0) est l’unique point de coupure de X. Soit donc x ∈ X, x 6= (0, 0),
et montrons que A := X \ {x} est connexe. Sans perte de généralité, on peut supposer que x ∈
B((−1, 0), 1), de sorte que A = (B((−1, 0), 1) \ {x}) ∪ B((−1, 0), 1). Ces deux ensembles ont le point
(0, 0) en commun, et le second est connexe en tant que boule fermée, comme on l’a déjà vu. Pour
conclure que A est connexe, il suffit de démontrer que C = B((−1, 0), 1) \ {x} est connexe. On peut
par exemple établir que cet ensemble est connexe par arcs.
On se donne donc deux points y, z de C. Si x, y, et z ne sont pas alignés, le segment [y, z] est inclus
dans C et relie y et z. Si x, y et z sont alignés, on choisit n’importe quel point de c ∈ C qui ne soit
pas aligné avec ces trois points, et la concaténation des segments [y, c] et [c, z] fournit un chemin
inclus dans C, qui relie y à z.
3. (a) Soit f : (X, d) → (Y, d0 ). On suppose que (X, d) est connexe et f est un homéomorphisme. Donner
les points de coupure de Y à partir de ceux de X.
Notons Xc (respectivement Yc ) l’ensemble des points de coupure de X (respectivement Y ), et mon-
trons que Yc = f (Xc ). f étant bijective, on dispose pour tout x ∈ X des égalités f (X \ {x}) =
Y \ {f (x)} et X \ {x} = f −1 (Y \ {f (x)}) où f −1 est l’application réciproque de f .
Montrons l’inclusion Yc ⊂ f (Xc ). Soit donc y ∈ Yc , ce qui signifie que Y \ {y} n’est pas connexe.
Or par surjectivité de f , on peut écrire y = f (x) pour un certain x ∈ X, ce qui mène à Y \ {y} =
Y \ {f (x)} = f (X \ {x}). Si X \ {x} était connexe, on en déduirait par continuité de f qu’il en va
de même pour son image Y \ {y}. C’est donc que X \ {x} n’est pas connexe, et donc x ∈ Xc . Ainsi,
y = f (x) ∈ f (Xc ).

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Réciproquement, montrons que f (Xc ) ⊂ Yc . On se donne donc y ∈ f (Xc ) qu’on écrit y = f (x) avec
x ∈ Xc . On peut donc écrire X \ {x} = f −1 (Y \ {y}). Si y n’était pas de coupure, Y \ {y} serait
connexe et donc X \ {x} aussi par continuité de f −1 , soit x ∈ Xc , ce qui est absurde. Ainsi, y ∈ Yc .
(b) En déduire qu’un segment de R et un cercle de R2 ne peuvent être homéomorphes, en se plaçant
dans le cas de X = [0, 1] et Y = {x ∈ R2 , kxk2 = 1}.
Supposons par l’absurde que X et Y soient homéomorphes, et donnons-nous f un homéomorphisme
de X dans Y . D’après ce qui précède et en gardant les mêmes notations, on aurait f (Xc ) = Yc .
Montrons que Yc = ∅. On en déduirait que Xc = ∅, et arriverait alors à une absurdité car on sait
par la question 1 que Xc = ]0, 1[.
Soit donc y ∈ Y , et montrons qu’il n’est pas de coupure pour Y . On peut écrire y sous la forme
y = (cos(θ), sin(θ)) pour un certain θ ∈ R. Alors on vérifie que Y \{y} = g(]0, 2π[) où g : R → R2 est
l’application t 7→ (cos(θ + t), sin(θ + t)). Cette application étant continue et ]0, 2π[ connexe, Y \ {y}
est connexe.

Exercice 2

Soit E = C([0, 1], R) muni de sa norme usuelle k · k∞ . Pour f ∈ E, on définit une nouvelle fonction par
Z 1
TK (f ) : x 7→ K(x, y)f (y) dy,
0

où K : [0, 1] × [0, 1] → R est continue.


1. Montrer qu’il existe M > 0 tel que pour tout (x, y) ∈ [0, 1] × [0, 1], |K(x, y)| ≤ M . Par définition, que
vaut la plus petite telle constante M ?
Munissons R√ 2 d’une norme, par exemple la norme euclidienne k · k . Tout (x, y) ∈ [0, 1]2 satisfait
2
k(x, y)k2 ≤ 2 donc [0, 1]2 est borné. Par ailleurs, cet ensemble est un fermé de R2 puisque si l’on
dispose d’une suite ((xn , yn ))n∈N convergeant vers (x, y) ∈ R2 , un passage à la limite dans 0 ≤ xn ≤ 1 et
0 ≤ yn ≤ 1 donne (x, y) ∈ [0, 1]2 .
Ainsi, R2 étant de dimension finie, [0, 1]2 est compact. La fonction K étant continue sur ce compact, elle
y est bornée. En particulier, il existe M > 0 tel que pour tout (x, y) ∈ [0, 1]2 , |K(x, y)| ≤ M . La plus
petite telle constante n’est autre que sup(x,y)∈[0,1]2 |K(x, y)|.
2. Montrer que TK est une application à valeurs dans E.
Soit f ∈ E. Il s’agit de montrer que l’application g := TK f ∈ E, c’est-à-dire que cette fonction est continue
sur [0, 1]. On peut ici utiliser un théorème de continuité sous le signe intégrale, ou (ce qui revient en fait
au même) directement montrer le résultat par caractérisation séquentielle. Soit donc (xn )n∈N une suite
de [0, 1] convergeant vers x ∈ [0, 1] et montrons que (g(xn ))n∈N tend vers g(x).
Par continuité de la fonction K, on dispose de la convergence simple

∀y ∈ [0, 1], K(xn , y)f (y) −→ K(x, y)f (y).


n→+∞

Par ailleurs, on peut écrire la domination

∀n ∈ N, ∀y ∈ [0, 1], |K(xn , y)f (y)| ≤ M |f (y)|,

la fonction apparaissant à droite étant intégrable sur [0, 1] en tant que fonction continue sur cet intervalle.
Ainsi, une application du théorème de convergence dominée donne la convergence voulue.

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3. Montrer que TK est une application linéaire continue de E dans E, en donnant une majoration simple
de |||TK ||| grâce à ce qui précède.
La linéarité de TK est immédiate. Pour f ∈ E, on majore simplement
Z 1 Z 1
∀x ∈ [0, 1], |TK f (x)| ≤ |K(x, y)f (y)| dy ≤ M |f (y)|, dy ≤ M kf k∞ ,
0 0

ce dont on dire kTK f k∞ ≤ M kf k∞ . On en déduit que TK est linéaire continue de E dans E, et de plus
que |||TK ||| ≤ M .
4. Donner alors une condition suffisante portant sur K pour qu’il existe une unique fonction f ∈ E telle
que TK (f ) = f .
Pour f, g ∈ E, le résultat précédent permet d’écrire

kTK (f ) − TK (g)k∞ = kTK (f − g)k∞ ≤ M kf − gk∞ .

En particulier, TK est M -lipschitzienne. Par ailleurs, E muni de k · k∞ est complet, donc on peut utiliser
le théorème du point de fixe de Banach : si sup(x,y)∈[0,1]2 |K(x, y)| < 1, l’équation TK (f ) = f admet une
unique solution f ∈ E (qui est d’ailleurs la fonction nulle, puisque celle-ci est bien entendu point fixe).
5. Améliorer le résultat de la question 4 en déterminant la valeur exacte de |||TK |||.
On majore plus finement qu’en question 3, pour f ∈ E :
Z 1 Z 1
∀x ∈ [0, 1], |TK f (x)| ≤ |K(x, y)f (y)| dy ≤ kf k∞ |K(x, y)| dy.
0 0
R1
Or la fonction x 7→ 0 |K(x, y)| dy est continue (comme on le montre par un raisonnement analogue à
celui effectué dans la question 2)Rsur le compact [0, 1]. Elle y est donc bornée et atteint ses bornes. On
1
peut donc définir L := supx∈[0,1] 0 |K(x, y)| dy, et on déduit de ce qui précède que kTK f k∞ ≤ Lkf k∞ ,
d’où |||TK ||| ≤ L. On trouve donc au passage que, si L < 1, l’équation TK (f ) = f admet une unique
solution f ∈ E.
Montrons qu’on ne peut pas obtenir une meilleure estimation, c’est-à-dire que |||TK ||| = L. SiR K = 0, le ré-
1
sultat est évident. Supposons désormais que K 6= 0. D’après ce qui précède, la fonction x 7→ 0 |K(x, y)| dy
atteignant ses bornes, il existe x ∈ [0, 1] tel que
Z 1 Z 1
|K(x, y)| dy = sup |K(x, y)| dy = L.
0 x∈[0,1] 0

On définit alors pour n ∈ N∗ la fonction 1


K(x, y)
fn : y 7−→ 1.
|K(x, y)| + n

On remarque tout d’abord que (fn )n∈N∗ est une suite de fonctions à valeurs dans [−1, 1] qui converge
simplement vers la fonction y 7→ sgn(K(x, y)), fonction comprise entre −1 et 1, et qui prend la valeur 1
ou −1 en au moins un point puisque K 6= 0. Par conséquent, kfn k∞ tend vers 1 quand n → +∞.
On calcule enfin pour n ∈ N∗ ,
Z 1 Z 1
K 2 (x, y)
TK fn (x) = K(x, y)fn (y) dy = 1 dy.
0 0 |K(x, y)| + n

1. Cette suite de fonctions est faite pour approcher la fonction y 7→ sgn(K(x, y)), où la fonction signe sgn : R → R est définie
comme valant 1 sur R∗+ , −1 sur R∗− et 0 en 0 (notez au passage que sgn(z)z = |z| pour tout z ∈ R). La fonction signe n’étant pas
continue, il n’y a pas de raison en l’absence d’hypothèse supplémentaire que la fonction y 7→ sgn(K(x, y)) soit continue, c’est-à-dire
soit un élément de E.

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Par le théorème de convergence dominée, on montre sans difficulté majeure que cette intégrale tend vers
R 1 K 2 (x,y) R1
0 |K(x,y)| dy = 0 |K(x, y)| dy = L.
Or
kTK (fn )k∞ |TK (fn )(x)|
≥ ,
kfn k∞ kfn k∞
avec le membre de droite qui tend vers L d’après ce qui précède. Comme le membre de gauche est majoré
par L, il tend lui aussi vers L. Finalement, on a bien montré que |||TK ||| = L.

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