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2

Intégration de s f o n c t i o n s c o n t i n u e s
sur un segment

Dans toute la suite K := R ou C. On note C([a, b], K) l’ensemble des fonctions contin-
ues sur le segment [a, b] à valeurs dans K, on rappelle que C([a, b], K) est un K-espace
vectoriel.

2.1 Subdivisions et fonctions en escaliers


Définition 11. On appelle subdivision d’un segment [a, b] tout sous-ensemble fini σ = {x0 , x1 , . . . , xN }
de [a, b] avec N ∈ N telle que x0 := a, xN := b et xi < xi+1 pour tout 0 ≤ i ≤ N − 1. On écrit
dans ce cas σ := {a := x0 < x1 < · · · < xN −1 < xN := b}.

a = x0 x1 x2 x3 ... . . . xN −2 xN −1 b = xN

h1 h2 h3 hN −2 hN −1 hN
Subdivision d’un segment [a, b]

Remarques 4.

1. Lorsque a = b le segment [a, b] est réduit à un singleton i.e [a, b] = {a} et dans ce cas
σ := {a} est la seule subdivision possible.

2. Si σ := {a := x0 < x1 < · · · < xN −1 < xN := b} est une subdivision de [a, b] avec N ∈ N∗ et


si on note hi := xi − xi−1 pour tout 1 ≤ i ≤ N , la quantité h := max hi est appelée pas de
1,...,N
la subdivision σ .

3. Lorsque hi = hj pour tout 0 ≤ i, j ≤ N − 1, on dit que la subdivision σ est à pas constant


b−a
et dans ce cas on obtient que xi = xi−1 + h = a + ih. Ainsi h := .
N

17
CHAPTER 2. INTÉGRATION DES FONCTIONS CONTINUES SUR UN SEGMENT

a = x0 x1 x2 x3 x4 x5 ... ... ... xN −2 xN −1 b = xN

h h h h h h h h
Subdivision à pas constant d’un segment [a, b]

1 1 3
 
 
Exemples 13. Les ensembles σ1 := {0, 1}, σ2 := 0, , 1 et σ3 := 0, , , 1 forment trois
2 2 4
subdivisions différentes du segment [0, 1]. Notons que σ1 et σ2 sont des subdivisions à pas
constants tandis que σ3 n’est pas à pas constant.

Étant donnés deux subdivisions σ1 et σ2 d’un même segment [a, b], on dira que σ2 est plus
fine que σ1 si σ1 ⊂ σ2 .

Proposition 20. Soient σ1 et σ2 deux subdivisions du segment [a, b], alors σ := σ1 ∪ σ2 est une
subdivision de [a, b] qui est plus fine que σ1 et σ2 .

Exemples 14.

1. Si on considère les subdivisions du segment [0, 1] données par :

1 1 3
   
σ1 := {0, 1} , σ2 := 0, , 1 et σ3 := 0, , , 1 ,
2 2 4

il est clair que σ3 est plus fine que σ2 et que σ2 est plus fine que σ1 .

1 1 3
   
2. Si on considère les subdivisions σ := 0, , 1 et τ := 0, , , 1 de [0, 1] alors
2 4 4

1 1 3
 
σ ∪ τ := 0, , , , 1 ,
4 2 4

notons que σ ∪ τ est à pas constant bien que τ ne soit pas à pas constant.

Définition 12. On dira qu’une fonction ϕ : [a, b] −→ K est une fonction en escalier s’il existe
une subdivision σ := {a := x0 < x1 < · · · < xN −1 < xN := b} de [a, b] tel que la restriction de ϕ à
chacun des intervalles ]xi , xi+1 [ est constante pour 0 ≤ i ≤ N − 1, on dit dans ce cas que ϕ est
constante par morceaux relativement à la subdivision σ .

Notation. On note E([a, b], K) l’ensemble des fonctions en escaliers définies sur [a, b] à
valeurs dans K.

Exemples 15.

1. Toute fonction constante sur [a, b] est une fonction en escalier sur [a, b], en particulier la
fonction identiquement nulle est une fonction en escalier sur [a, b].

2. La restriction de la fonction partie entière à un segment [a, b] est une fonction en escalier.

18 P r o f . Na b i l M e h d i
Prof. Na b i l M e h d i 2 . 1 . S U B D I V I S I O N S E T FO N C T I O N S E N E S CA L I E R S

3. Soit ϕ : [0, 1] −→ K la fonction donnée par l’expression :


 1
−1 si 0 ≤ x <


2



1


ϕ(x) =  0 si x =


 2
1


 1 si < x ≤ 1


2
Alors ϕ est une fonction en escalier sur [0, 1].

-2 -1 1 2

Graphe d’une fonction en escalier définie sur le segment [−2, 2]. Cette fonction est
constante par morceaux par rapport à la subdivision σ = {−2, −1, 0, 1, 2}.

Remarques 5. Soit ϕ ∈ E([a, b], K) et σ := {a := x0 < x1 < · · · < xN −1 < xN := b} une subdivi-
sion de [a, b] telle que ϕ est constante sur chacun des intervalles ]xi , xi+1 [ pour 0 ≤ i ≤ N − 1.
Si τ := {a := y0 < y1 < · · · < yM−1 < yM := b} est une subdivision de [a, b] plus fine que σ alors
la fonction ϕ est constante sur chacun des intervalles ]yj , yj+1 [.

Remarques 6. Si ϕ ∈ E([a, b], K) et si a < c < b alors la restriction de ϕ à [a, c] définit une
fonction en escalier sur [a, c] i.e ϕ|[a,c] ∈ E([a, c], K).

Proposition 21. Soient ϕ1 , ϕ2 : [a, b] −→ K deux fonctions en escalier et soit λ ∈ K. alors


ϕ1 · ϕ2 et ϕ1 + λϕ2 sont deux fonctions en escalier sur [a, b]. Ainsi (E([a, b], K), +, ·) est un
K-espace vectoriel.

Proposition 22. Soit ϕ : [a, b] −→ K une fonction en escalier. Alors la fonction |ϕ| : [a, b] −→ K
donnée par |ϕ|(t) := |ϕ(t)| est une fonction en escalier sur [a, b]. Si de plus K := C alors les
fonctions Re(ϕ), Im(ϕ) : [a, b] −→ R sont des fonctions en escalier sur [a, b].

Définition-Proposition 3. Soit ϕ ∈ E([a, b], K) et soit σ := {a := x0 < x1 < · · · < xN := b} une


subdivision de [a, b] sur laquelle ϕ est constante par morceaux, i.e ϕ|]xi ,xi+1 [ := ci ∈ R. Posons :
N
X −1
I(ϕ, σ ) := (xi+1 − xi )ci .
i=0
R Rb
On appelle intégrale de ϕ sur [a, b] et on note [a,b]
ϕ ou a
ϕ(t)dt la quantité donnée par :
Z b
ϕ(t)dt := I(ϕ, σ ).
a

19
CHAPTER 2. INTÉGRATION DES FONCTIONS CONTINUES SUR UN SEGMENT

Cette définition ne dépend pas de la subdivision de [a, b] sur laquelle ϕ est constante par
morceaux

0.5 1 1.5 2 2.5 3

0.5 1 1.5 2 2.5 3

(a) Intégrale d’une fonction en (b) Intégrale d’une fonction en


escalier : Aire en vert. escalier : Différence entre l’aire en vert
et l’aire en rouge.

Proposition 23. L’intégrale des fonctions en escaliers vérifie les propriétés suivantes :
R R R
1. Linéarité. Si ϕ1 , ϕ2 ∈ E([a, b], K) et si λ ∈ K alors [a,b]
(ϕ1 + λϕ2 ) = [a,b]
ϕ1 + λ [a,b]
ϕ2 .
R R
2. Domination : Si ϕ1 , ϕ2 ∈ E([a, b], R) tels que ϕ1 ≤ ϕ2 alors ϕ ≤
[a,b] 1 [a,b]
ϕ2 .
R R R
3. Additivité. Soit ϕ ∈ E([a, b], K) et soit a ≤ c ≤ b alors [a,b]
ϕ= [a,c]
ϕ+ [c,b]
ϕ. En
R
particulier [a,a] ϕ = 0.

Rb Rb
4. Inégalité en module. Si ϕ ∈ E([a, b], K) alors |ϕ(t)|dt. En particulier si
a
ϕ(t)dt ≤ a
R
la fonction ϕ est à valeurs réelles et qu’elle est positive sur [a, b] alors [a,b] ϕ est positive.
R R
La proposition précédente montre que l’application [a,b]
: E([a, b], K) −→ K, ϕ 7→ [a,b]
ϕ
est linéaire. Comme conséquence de la relation de domination et de l’inégalité en module,
on obtient l’inégalité triangulaire pour les intégrales de fonctions en escalier :

Corollaire 10 (Inégalité triangulaire). Soient ϕ1 , ϕ2 ∈ E([a, b], K) alors :


Z Z Z Z Z Z
|ϕ1 + ϕ2 | ≤ |ϕ1 | + |ϕ2 | et ϕ1 − ϕ2 ≤ |ϕ1 − ϕ2 |.
[a,b] [a,b] [a,b] [a,b] [a,b] [a,b]

2.2 Construction de l’intégrale d’une fonction continue sur un


segment
Nous allons utiliser les résultats développés dans la section précédente pour définir la
notion d’intégrale d’une fonction continue sur un segment. On commence par établir le
fait qu’une fonction continue sur un segment peut être approchée par une fonction en
escalier à une précision choisie, c’est l’objet du théorème suivant :

20 P r o f . Na b i l M e h d i
Prof. Na b i l M e h d i 2 . 2 . I N T É G R A L E D ’ U N E FC T. CO N T I N U E

Théorème 11. Soit f : [a, b] −→ K une fonction continue. Pour tout ε > 0, il existe une
fonction en escalier ϕ ∈ E([a, b], K) vérifiant :

∀t ∈ [a, b], |f (t) − ϕ(t)| < ε.

Si de plus K := R, alors pour tout ε > 0 il existe deux fonctions en escalier ϕ1 , ϕ2 ∈ E([a, b], R)
vérifiant :

∀t ∈ [a, b], ϕ1 (t) ≤ f (t) ≤ ϕ1 (t) + ε et ϕ2 (t) − ε ≤ f (t) ≤ ϕ2 (t).

0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5 1.75 2

Approximation de la fonction x 7→ x2 (en rouge) par des fonctions en escalier (en bleu et
en vert).

Définition-Proposition 4. Soit f : [a, b] −→ R une fonction continue à valeurs réelles. On


R Rb
appelle intégrale de la fonction f sur le segment [a, b] et on note [a,b] f ou a f (t)dt la quantité
définie de la façon suivante :
Z b (Z ) (Z )
f (t)dt := sup ϕ, ϕ ∈ E([a, b], R), ϕ ≤ f = inf ϕ, ϕ ∈ E([a, b], R), f ≤ ϕ .
a [a,b] [a,b]

Notons que cette quantité existe et est bien définie à cause du théorème précédent.

0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5 1.75 2 0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5 1.75 2

(a) Intégrale d’une fonction continue : (b) Approximation de l’intégrale d’une


Aire en rouge. fonction continue par l’intégrale de
fonctions en escalier graphiquement.

21
CHAPTER 2. INTÉGRATION DES FONCTIONS CONTINUES SUR UN SEGMENT

Définition 13. Soit f : [a, b] −→ C une fonction continue à valeurs complexes, on appelle
R Rb
intégrale de f sur [a, b] la quantité notée [a,b] f ou a f (t)dt et donné par :
Zb Z Z
f (t)dt := Re(f ) + i Im(f ).
a [a,b] [a,b]
L’intégrale d’une fonction continue ainsi définie possède les mêmes propriétés que l’intégrale
des fonctions en escalier, ceci est résumé dans la proposition suivante :

Proposition 24. L’intégrale des fonctions en continues sur un segment vérifie les propriétés
suivantes :
R R R
1. Linéarité : Si f1 , f2 ∈ C([a, b], K) et si λ ∈ K alors
[a,b]
(f 1 + λf 2 ) = [a,b]
f 1 + λ f .
[a,b] 2
R R R
2. Additivité : Si f ∈ C([a, b], K) et si a ≤ c ≤ b alors [a,b] f = [a,c] f + [c,b] f . En partic-
R
ulier [a,a] f = 0.
R R
3. Domination : Si f1 , f2 ∈ C([a, b], R) tels que ϕ1 ≤ ϕ2 alors [a,b] f1 ≤ [a,b] f2 .
Rb Rb
4. Inégalité en module : Si f ∈ C([a, b], K) alors a
|f (t)|dt. En particulier si
f (t)dt ≤ a
R
la fonction f est à valeurs réelles et qu’elle est positive sur [a, b] alors [a,b] f est positive.

Les résultats suivants découlent directement de la proposition précédente :

Corollaire 11 (Inégalité triangulaire). Soient f1 , f2 ∈ C([a, b], K) alors


Z Z Z Z Z Z
|f1 + f2 | ≤ |f1 | + |f2 | et f1 − f2 ≤ |f1 − f2 |.
[a,b] [a,b] [a,b] [a,b] [a,b] [a,b]
Corollaire 12. L’intégrale d’une fonction continue f : [a, b] −→ R vérifie l’inégalité
Zb
(b − a) inf f (t) f (t)dt ≤ (b − a) sup f (t).
t∈[a,b] a t∈[a,b]

Les deux résultats suivants sont spécifiques aux cas des intégrales de fonctions continues
et ne sont pas vérifiées pour les intégrales de fonctions en escalier.

Corollaire 13. Soit f ∈ C([a, b], R) une fonction continue gardant un signe constant sur [a, b].
R
Alors [a,b] f = 0 si et seulement si f est identiquement nulle.

Plus généralement, on a le résultat suivant :

Corollaire 14. Soient f , g ∈ C([a, b], R) deux fonctions continues telles que f (t) ≤ g(t) pour
R R
tout t ∈ [a, b]. Alors [a,b] f = [a,b] g si et seulement si f = g.

Le théorème suivant donne une façon pour de calculer l’intégrale d’une fonction continue
sur un segment comme limite de sa valeur moyenne par rapport à des subdivisions à pas
constants de plus en plus fines.

Théorème 12 (Somme de Riemann). Soit f : [a, b] −→ K une fonction continue. Alors :


Zb n−1 !
b−a X b−a
f (t)dt = lim f a+k .
a n→+∞ n n
k=0

22 P r o f . Na b i l M e h d i
Prof. Na b i l M e h d i 2.3. INTÉGRALES ET PRIMITIVES

2.3 Intégrales et primitives


Nous avons mentionner dans un chapitre précédent que toute fonction continue sur un
intervalle possède un primitive, nous sommes à présent en mesure de montrer ce résultat.

Théorème 13 (Existence de primitive). Soit f : I −→ K une fonction continue sur un


Rx
intervalle I. Si a ∈ I, alors la fonction x 7→ a f (t)dt est de classe C1 sur I, de plus toute
primitive F : I −→ K de la fonction f sur l’intervalle I est de la forme,
Zx
∀x ∈ I, F(x) = c + f (t)dt avec c ∈ K.
a

Dans ce cas on obtient que c = F(a).

Remarques 7. Soit f : [a, b] −→ K est une fonction continue et F : [a, b] −→ K est une primitive
de f , d’après le théorème précédent, il est simple de voir que :
Zb
f (t)dt = F(b) − F(a).
a
Ra
Nous utilisons ce fait pour introduire la notation b
f (t)dt := F(a) − F(b), ainsi on obtient que
Z a Z b
f (t)dt = − f (t)dt.
b a

Exemples 16. Dans cet exemple nous exploitons la relation intégrale-primitive pour calculer
n−1 n
. Remarquons tout d’abord que pour tout n ∈ N∗ :
P
la limite lim
n→+∞ k=0 n + k 2
2

n−1 n−1 n−1 n−1 !


X n X n 1X 1 1X k
= != !2 := n f ,
n2 + k 2 k2 n k n
k=0 k=0 n2 1 + k=0 k=0
1+
n2 n
1
où f : R −→ R est la fonction continue donnée par f (x) := . Ainsi la limite précédente
1 + x2
est exactement l’intégrale de la fonction f sur le segment [0, 1], et donc :
n−1 Z 1
X n 1 π
lim = dt = [arctan(x)]10 = .
n→+∞ n + k2
2
0 1+t 2 4
k=0

Les formules d’intégration par parties et de changement de variables peuvent être utilisés
pour calculer des intégrales de fonctions continues sur un segment et dont l’énoncé peut
être consulté dans le chapitre concernant les primitives. Donnons quelques exemples
d’application de ces formules :

Exemples 17.

1. Posons f (x) = xe−x pour tout x ∈ R. Une intégration par parties donne que :
Z2 Z2 Z2
−x 2
f (t)dt = t
te dt = [−xe ]0 + e−t dt = −2e−2 + [−e−x ]20 = −3e−2 + 1.
0 0 0

23
CHAPTER 2. INTÉGRATION DES FONCTIONS CONTINUES SUR UN SEGMENT

2. Posons f (x) := ln(x) pour tout x ∈ R. Une intégration par parties donne que :
Z 3 Z 3 Z 3
f (t)dt = ln(t)dt = [x ln(x)]31 − dt = −3 ln(3) − 2.
1 1 1

1 R3
3. Posons f (x) = pour tout x > 1. Afin de calculer l’intégrale 2 f (t)dt, on applique
x ln(x)
le changement de variable t := es , ainsi dt := es ds et ln(2) ≤ s ≤ ln(3) pour 2 ≤ t ≤ 3.
Donc :
Z 3 Z ln(3) Z ln(3)
1
f (t)dt = f (es )es ds = ds = ln(ln(3)) − ln(ln(2)).
2 ln(2) ln(2) s

Les formules suivantes permettent de simplifier le calcul d’intégrales pour les fonctions
possédant des symétries, notamment les fonctions paires/impaires et les fonctions péri-
odiques, et sont conséquence de la formules de changement de variables et de la relation
de Chasles.

Proposition 25.

1. Soit f : I −→ K une fonction continue définie sur un intervalle I symétrique par rapport
à 0. Alors pour tout a ∈ I :
 Ra
Z a
 2 0 f (t)dt si f est paire


f (t)dt := 
−a  0 si f est impaire

2. Soit f : R −→ K une fonction continue et T > 0 une période de f . Alors pour tout a, b ∈ R
et tout n ∈ Z on a :
Z a+T Z T Z b+nT Z b
f (t)dt = f (t)dt et f (t)dt = f (t)dt.
a 0 a+nT a
R b+nT Rb RT
Plus généralement on a a+mT
f (t)dt = a
f (t)dt + (n − m) 0
f (t)dt.

Soit f : I −→ R une fonction continue définie sur un intervalle I symétrique par rapport à
a ∈ R i.e pour tout x ∈ I, 2a − x ∈ I. Ainsi, si α > 0 tel que a − α ∈ I alors a + α ∈ I.

• Si le graphe ( Cf ) de la fonction f admet la droite (D) : x = a comme axe de symétrie


alors la fonction g : [−α, α] −→ R, g(x) := f (a + x) est paire.

• Si le graphe ( Cf ) de la fonction f admet le point M(a, b) comme centre de symétrie


alors la fonction h : [−α, α] −→ R, g(x) := f (a + x) − b est impaire.

On obtient alors la conséquence suivante :

Corollaire 15. Soit f : [a − α, a + α] −→ R une fonction continue définie sur un intervalle I


symétrique par rapport à a ∈ R avec α > 0.
R a+α R a+α
1. Si ( Cf ) admet la droite (D) : x = a comme axe de symétrie alors a−α
f (t)dt = 2 a
f (t)dt.

24 P r o f . Na b i l M e h d i
Prof. Na b i l M e h d i 2.3. INTÉGRALES ET PRIMITIVES

R a+α
2. Si ( Cf ) admet le point M(a, b) comme centre de symétrie alors a−α
f (t)dt = 2αb.

Exemples 18.
R1 cos(x)
1. Calculons f (t)dt avec f (x) :=pour tout x ∈ [−1, 1]. Pour cela, notons g la
−1 ex + 1
partie paire de la fonction f et h sa partie impaire, on rappelle que pour tout x ∈ [−1, 1] :

f (x) − f (−x)
f (x) + f (−x)
g(x) = . et h(x) =
2 2

ex
!
1 1 1
Un calcul direct donne que g(x) = cos(x) + = cos(x) et donc :
2 1 + ex 1 + ex 2
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
f (t)dt = g(t)dt + h(t)dt = 2 g(t)dt = cos(t)dt = sin(1).
−1 −1 −1 0 0
| {z }
=0

2. Posons f (x) := b|x|c − |x| − b2|x|c pour tout x ∈ R. Alors f : R −→ K est continue sur R
et admet 1 comme période (exercice), ainsi pour tout x ∈ R :

x+1 1 1 Z1 1 Z1 " 2 # 12 " #1


(1 − t)2
Z Z Z Z
2 2 t 1
f (t)dt = f (t)dt = f (t)dt+ f (t)dt = tdt+ (1−t)dt = − = .
x 0 0 1
0 1 2 0 2 1 4
2 2 2

Le résultat précédent permet aussi de déduire la chose suivante :

Corollaire 16.

1. Toute fonction continue paire sur un intervalle symétrique par rapport à 0 admet une
primitive impaire.

2. Toute fonction continue impaire sur un intervalle symétrique par rapport à 0 admet une
primitive paire.

3. Si f : R −→ K est une fonction continue telle que T > 0 est une période de f . Supposons
RT
que 0 f (t)dt = 0, alors toute primitive de f sur R admet T comme période.

L’inégalité des accroissements finis peut être reformulée en termes d’intégrales de la


façon suivante :

Proposition 26 (Inégalité des accroissements finis). Soit f : [a, b] −→ R une fonction con-
Rb
tinue à valeurs réelles. Alors | a f (t)dt| ≤ (b − a) max |f (t)|.
t∈[a,b]

Comme application de la formule d’intégration par parties, on obtient la formule de


Taylor avec reste intégrale définie ci-dessous, comme une alternative à la formule de
Taylor-Young avec l’avantage qu’elle valide globalement et non seulement au voisinage
d’un point donné. Le seul inconvénient est que cette formule nécessite plus de régularité.

25
CHAPTER 2. INTÉGRATION DES FONCTIONS CONTINUES SUR UN SEGMENT

Théorème 14 (Formule de Taylor avec reste intégral). Soit f : I −→ K une fonction de classe
Cn+1 définie sur un intervalle I et soit a ∈ I. Alors pour tout x ∈ I :
n x
f (k) (a)
Z
X 1
f (x) = k
(x − a) + (x − t)n f (n+1) (t)dt.
k! n! a
k=0

Comme application, on déduit une autre formule connue sous le nom de formule de
Taylor-Lagrange et valide pour les fonctions à valeurs réelles, mais avant nous avons
besoin d’un résultat.

Proposition 27 (Égalité de la moyenne). Soient u, v : [a, b] −→ R deux fonctions continues


Rb Rb
telles que v ≥ 0. Alors il existe c ∈ [a, b] tel que u(c) a v(t)dt = a u(t)v(t)dt.

Théorème 15 (Taylor-Lagrange). Soit f : I −→ R une fonction de classe Cn+1 définie sur un


intervalle I. Alors pour tous a, b ∈ I avec a ≤ b, il existe c ∈ [a, b] vérifiant :
n
X f (k) (a) f (n+1) (c)
f (b) = (b − a)k + (b − a)n+1 .
k! (n + 1)!
k=0

Corollaire 17. Soit f : I −→ R une fonction de classe Cn+1 définie sur un intervalle I et telle
que f (n+1) est bornée sur I. Alors pour tous a, b ∈ I avec a ≤ b :
n
X f (k) (a) (b − a)n+1
f (b) − (b − a)k ≤ M avec M := sup |f (n+1) (x)|.
k! (n + 1)! x∈I
k=0

26 P r o f . Na b i l M e h d i

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