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Fonctions vectorielles d’une variable réelle

13 décembre 2023

Dans tout ce chapitre , I désigne un intervalle non trivial de R et F un K evn de dimension finie ≥ 1 muni
d’une norme ||.||.

1 Dérivation des fonctions vectorielles d’une variable réelle

1.1 Fonction vectorielle


Définition 1 (Fonction vectorielle)
Toute fonction définie d’une partie non vide A de R à valeurs dans un evn F est dite fonction vectorielle.

Définition 2 (Fonctions coordonnées)


Soient B = (e1 , · · · , er ) une base de F et f : A ⊂ R → F une fonction vectorielle. Si t ∈ A, on pose :
r
X
f (t) = fk (t)ek
k=1

La famille (f1 , · · · , fr ) de fonctions de A dans K est dite la famille des fonctions coordonnées de f dans la
base B.
La fonction fk : A → K est dite la k ième fonction coordonnée de f dans la base B.

1.2 Dérivabilité en un point d’une fonction vectorielle


Définition 3
La fonction vectorielle f : I ⊂ R −→ F est dite dérivable en a ∈ I si et seulement si la fonction

f (t) − f (a)
t 7−→
t−a
admet une limite dans F en a.
f (t) − f (a) df
Si f est dérivable en a, le vecteur lim est noté f ′ (a) ou (a) appelé le vecteur dérivé de f en a.
t→a t−a dt

Proposition 1 (Développement limité d’ordre 1)


Soient f : I ⊂ R −→ F une application à valeurs dans F et a ∈ I.
f est dérivable en a si et seulement si ∃ ε : I ⊂ R −→ F nulle et continue en a et ∃ ℓ ∈ F tel que :

∀t ∈ I, f (t) = f (a) + (t − a)ℓ + (t − a)ε(t)

Dans ce cas ℓ = f ′ (a). On dit que f admet un développement limité d’ordre 1 en a

Remarques
1. Avec les notations de landau : f est dérivable en a si et seulement si ∃ ℓ ∈ F tel que

∀t ∈I f (t) = f (a) + (t − a)ℓ + ◦(t − a), dans ce cas ℓ = f ′ (a)


t→a

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2. Si f est dérivable en a , l’application ta (f ) : R −→ F est dite l’application affine


t 7−→ f (a) + (t − a)f ′ (a)
tangente à f en a et son graphe est la tangente à f en a.
Exercice 1
Pour A ∈ Mn (K), on considère la fonction f : R −→ Mn (K) .
t 7−→ exp(tA)
1. Montrer que pour tout t ∈ R, exp(tA) et A commutent.
2. Montrer que f est dérivable en 0 et que f ′ (0) = A.
3. En déduire que f est dérivable en tout t ∈ R et que f ′ (t) = A exp(tA) = exp(tA)A.
Proposition 2 (Utilisation des fonctions coordonnées)
f est dérivable en a si et seulement si les fonctions coordonnées f1 , · · · , fr de f dans une base B le soient.
Dans le cas échéant on a :
r
X
f ′ (a) = fk′ (a)ek
k=1

Exemple
Si f : I ⊂ R −→ Mn (K) définie par ∀ t ∈ I, f (t) = (ai,j (t))1≤i,j≤n , alors f est dérivable en a ∈ I si et
seulement si les fonctions scalaires ai,j le soient pour tout 1 ≤ i, j ≤ n et dans ce cas f ′ (t) = a′i,j (t) 1≤i,j≤n .


Exercice 2
Soit f : R −→ Kn [X] où P est un polynôme fixé de Kn [X].
t 7−→ P (tX)
Montrer que f est dérivable en tout t ∈ R et calculer f ′ (t) en fonction de P ′ .
Proposition 3
Si f est dérivable en a, alors f est continue en a.

1.3 Dérivée à gauche et à droite en un point


Définition 4
Soient f : I ⊂ R −→ F une fonction définie sur I à valeurs dans F et a ∈ I. On dit que f est dérivable à
f (t) − f (a)
droite ( resp. à gauche ) en a si et seulement si la fonction t 7→ admet une limite dans F quand
t−a
t tend vers a par des valeurs supérieures ( resp. inférieures).
f (t) − f (a) f (t) − f (a)
Si f est dérivable à droite en a ( resp. à gauche ) , le vecteur lim+ ( resp. lim− )
t→a t−a t→a t−a
′ ′
est noté fd (a) ( resp. fg (a) ) appelé le vecteur dérivé à droite ( resp. à gauche ) de f en a

Théorème 1
Soient f : I ⊂ R −→ F une application et a un point intérieur à I. Alors : f est dérivable en a si et
seulement si f est dérivable à gauche et à droite en a et fd′ (a) = fg′ (a).
Dans ce cas on a : f ′ (a) = fd′ (a) = fg′ (a)

Propriétés 1
Si f est dérivable à droite ( rep. à gauche ) en un point a, alors f est continue à droite ( resp à gauche ) en
a.
Si f est dérivable à droite et à gauche en un point a, alors f est continue en a

1.4 Dérivabilité sur un intervalle


Définition 5
Une fonction f : I ⊂ R −→ F est dite dérivable sur I lorsque f est dérivable en tout point de I. Dans ce cas,
l’application f ′ : I ⊂ R −→ F est dite la fonction dérivée de f sur I
t 7−→ f ′ (t)

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Notation
L’ensemble des fonctions dérivables sur I à valeurs dans F se note D(I, F ). On a D(I, F ) ⊂ C 0 (I, F )
Proposition 4
Si f1 , · · · , fr sont les fonctions coordonnées de f relativement à une base B = (e1 , · · · , er ) de F , alors f est
dérivable sur I si et seulement si f1 , · · · , fr le soient et dans ce cas
r
X
f′ = fk′ ek
k=1

1.5 Opérations sur les fonctions dérivables


Proposition 5 (Linéarité)
Si f, g : I ⊂ R −→ F sont deux fonctions dérivables sur I et λ ∈ K, alors λf + g est dérivable sur I et on a :

(λf + g)′ = λf ′ + g ′

Corollaire 1
D(I, F ) est un sous-espace vectoriel de C 0 (I, F )

Proposition 6 (Dérivée de L ◦ f avec L linéaire)


Si f : I ⊂ R −→ F est dérivable sur Iet L : F −→ G une application linéaire de F vers un evn quelconque
(G, N ), alors L ◦ f est dérivable sur I et on a :

(L ◦ f )′ = L ◦ f ′

Exercice 3
t
Soit f : I −→ Mn (K) une fonction dérivable sur I. Montrer que les applications t 7−→ tr(f (t)) et t 7−→ f (t)
sont dérivables sur I et calculer leur dérivée.
Proposition 7 (Dérivée de B(f, g) avec B bilinéaire)
Si f : I ⊂ R −→ E et g : I ⊂ R → F sont dérivables sur I à valeurs dans des evn de dim finies et si
B : E × F −→ G est bilinéaire à valeurs dans un evn G, alors B(f, g) est dérivable sur I et on a :

∀t ∈ I, (B(f, g))′ (t) = B(f ′ (t), g(t)) + B(f (t), g ′ (t))

Exemple
Si A : I −→ Mn (K) et X : I −→ Mn,1 (K) sont dérivables sur I, alors, l’application f : I −→ Mn,1 (K)
t 7−→ A(t) t 7−→ X(t) t 7−→ A(t)X(t)
est dérivable sur I et
∀ t ∈ I, (AX)′ (t) = A′ (t)X(t) + A(t)X ′ (t)
Corollaire 2 (produit scalaire)
Si f et g sont dérivables sur I à valeurs dans un espace vectoriel euclidien (F, (.|.)), alors l’application
(f |g) : t 7−→ (f (t)|g(t)) est dérivable sur I et on a :

∀t ∈ I, (f |g)′ (t) = (f ′ (t)| g(t)) + (f (t)|g ′ (t))

Corollaire 3 (Dérivabilité de la norme euclidienne)


Si f : I ⊂ R −→ F est une fonction dérivable sur I à valeurs dans un ev euclidien (F, (.|.)), alors l’application

t 7−→ ||f (t)||2 = (f (t)|f (t))

est dérivable sur I et on a :


∀t ∈ I, (||f ||2 )′ (t) = 2(f ′ (t)| f (t))

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Théorème 2 (Généralisation)
Si f1 , · · · , fn sont des fonctions dérivables sur I à valeurs dans des evn de dimension finie
(F1 , ||.||1 ), · · · , (Fn , ||.||n ) respectivement et M une application n-linéaire de F1 × · · · × Fn à valeurs dans
un evn (E, N ), alors l’application M (f1 , · · · , fn ) : t 7−→ M (f1 (t), · · · , fn (t)) est dérivable sur I et on a :
n
X
∀t ∈ I, M (f1 , · · · , fn )′ (t) = M (f1 (t), · · · , fk′ (t), · · · , fn (t))
k=1

Exercice 4
Si Ak : t 7−→ Ak (t) est dérivable sur I à valeurs dans Mn (K) pour tout k = 1, · · · , r. Montrer que
t 7−→ A1 (t) × · · · × Ar (t)
est dérivable sur I et calculer sa dérivée.
Si A : t 7−→ A(t) est dérivable sur I à valeurs dans Mn (K). Déduire que Ap est dérivable sur I et calculer sa
dérivée.
Exercice 5
Pour n ∈ N avec n ≥ 2 et t ∈ R, on pose An (t) = (ai,j (t))1≤i,j≤n avec
ti−j+1
ai,j (t) = si i + 1 ≥ j, et 0 sinon
(i − j + 1)!
Montrer que fn : t 7→ det(An (t)) est dérivable sur R et calculer fn′ (t). En déduire l’expression de fn (t)
Proposition 8 (Composition)
Si φ : J ⊂ R −→ R est dérivable sur l’intervalle J et f : I −→ F est dérivable sur I, et si φ(J) ⊂ I, alors
f ◦ φ est dérivable sur J et on a :

∀t ∈ J, (f ◦ φ)′ (t) = φ′ (t)f ′ (φ(t))

Exercice 6
Soit f : I → E une fonction dérivable sur l’intervalle I où E un espace vectoriel euclidien . On suppose que f
ne s’annule pas sur I. Montrer que l’application h : x 7→ ||f (x)|| est dérivable sur I et déterminer sa dérivée.
Exercice 7
Soit F une K- algèbre normé de dimension finie, on note U (F ) l’ensemble des unités de (F, +, ×)
1. Montrer que U (F ) est un ouvert de F
2. Montrer que l’application φ : u 7−→ u−1 de U (F ) à valeurs dans F est continue.
3. Soit f : I −→ F une application dérivable sur I avec ∀t ∈ I, f (t) ∈ U (F ). Montrer que l’application qui à
t 7−→ (f (t))−1 est dérivable sur I et calculer sa fonction dérivée.
Théorème 3
1) Si A ∈ Mn (K), alors la fonction f : t 7−→ exp(tA) est dérivable sur R et pour tout t ∈ R

f ′ (t) = Af (t) = f (t)A

2) Si u est un endomorphisme d’un K ev normé de dimension finie F , la fonction f : t 7−→ f (t) = exp(tu)
est dérivable sur R et pour tout réel t, on a

f ′ (t) = u ◦ f (t) = f (t) ◦ u

1.6 Applications de classe C n avec n ∈ N ou n = ∞


Définition 6
1. On appelle dérivée d’ordre 0 de f , notée f (0) l’application f elle même.
2. f est dite n fois dérivable sur I si et seulement si la dérivée f (n−1) d’ordre n - 1 existe et est dérivable
sur I . On a donc
f (n) = (f (n−1) )′ = (f ′ )(n−1)
3. f est dite de classe C n sur I si et seulement si f est n fois dérivable sur I et f (n) est continue sur I.
4. f est dite de classe C ∞ sur I si et seulement si f est de classe C n pour tout n ∈ N

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Notation
1. L’ensemble des fonctions n fois dérivable sur I à valeurs dans F se note Dn (I, F )
2. L’ensemble des fonctions de classe C n sur I à valeurs dans F se note C n (I, F ) et celui de classe C ∞ sur
I se note C ∞ (I, F ). On a
C ∞ (I, F ) ⊂ C n (I, F ) ⊂ Dn (I, F )

Proposition 9
f est n fois dérivable ( resp. de classe C n ) sur I si et seulement si les fonctions coordonnées f1 , · · · , fr dans
une base B de E le soient.

Proposition 10
Si f, g ∈ Dn (I, F ) ( resp. C n (I, F ) ) et λ ∈ K. Alors λf + g est n fois dérivable ( resp. de classe C n ) sur I
et on a :
(λf + g)(n) = λf (n) + g (n)

Corollaire 4
C ∞ (I, F ), C n (I, F ) et Dn (I, F ) sont des sous-espaces vectoriels de F(I, F )

Exemple
Si A ∈ Mn (K), alors t 7−→ exp(tA) est de classe C ∞ sur R avec ∀k ∈ N, (exp(tA))(k) = Ak exp(tA)

Proposition 11
Pour tout n ∈ N ∪ {∞}, C n (I, K) est une K - algèbre avec ∀f, g ∈ C n (I, K) et n ∈ N on a :
n
X
(f g)(n) = Cnk f (k) g (n−k)
k=0

Théorème 4 (Leibniz)
Soient B : (F1 , ||.||1 ) × (F2 , ||.||2 ) −→ (E, ||.||) une forme bilinéaire avec F1 et F2 des evn de dimension finie
et E un evn quelconque. Soient f : I −→ F1 et g : I −→ F2 deux applications n fois dérivables ( resp. de
classe C n ) sur I, alors B(f, g) est n fois dérivable ( resp. de classe C n ) sur I avec :
n
X
B(f, g)(n) = Cnk B(f (k) , g (n−k) )
k=0

Proposition 12
Sif : I −→ F une application de classe C n sur I et φ : J −→ R de classe C n sur l’intervalle J tel que
φ(J) ⊂ I, alors f ◦ φ est de classe C n sur I.

2 Intégrale d’une fonction continue par morceaux sur un segment


Dans tout ce paragraphe a, b ∈ R tel que a < b et f : [a, b] ⊂ R −→ F une application définie sur [a, b].

2.1 Fonctions en escalier sur un segment à valeurs dans un evn


Définition 7 (Fonction en escalier)
f : [a, b] −→ F est dite en escalier si et seulement si ses fonctions coordonnées dans une de F le soient
f est dite en escalier sur un intervalle I de R, si elle l’est sur tout segment de I.

Notation
L’ensemble des fonctions en escaliers sur I à valeurs dans F se note Esc(I, F )

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MP Fonctions vectorielles

Propriétés 2
1. Si f : [a, b] −→ F est en escalier alors f est bornée sur [a, b]
2. Toute combinaison linéaire de fonctions en escaliers sur I est une fonction en escalier sur I
3. Si F est une K - algèbre normée, le produit de deux fonctions en escaliers sur I est une fonction en
escalier sur I
4. Si f est en escalier sur I, alors ||f || : t 7−→ ||f (t)|| est en escalier sur I

Corollaire 5
Esc([a, b], F ) est un s - ev de B([a, b], F ) l’espace vectoriel des fonctions bornées sur [a, b] à valeurs dans F .

Théorème 5 (Approximation uniforme par une fonction en escalier)


Si f : [a, b] −→ F est une fonction continue, alors pour tout ε > 0 il existe φ : [a, b] −→ F en escalier tel que :

|| f − φ||∞ = sup ||f (t) − φ(t)|| ≤ ε


t∈[a,b]

Théorème 6 (Approximation uniforme par une suite de fonctions en escaliers)


Si f : [a, b] −→ F est une fonction continue sur [a, b], alors il existe une suite (φn )n∈N de fonctions en
escaliers sur [a, b] à valeurs dans F convergeant uniformément vers f sur [a, b] i.e

||f − φn ||∞ = sup ||f (t) − φn (t)|| −→ 0


t∈[a,b] n→+∞

On dit que f est la limite uniforme de (φn )n∈N sur [a, b]

2.2 Fonctions continues par morceaux sur un segment à valeurs dans un evn
Définition 8 (Fonction continue par morceaux)
f : [a, b] −→ F est dite continue par morceaux sur [a, b] si et seulement si ses fonctions coordonnées dans une
base de F le soient.
f est dite continue par morceaux sur un intervalle I de R, si elle l’est sur tout segment de I.

Notation
L’ensemble des fonctions continues par morceaux sur I à valeurs dans F se note CM(I, F ).
Remarque

Esc(I, F ) ⊂ CM(I, F ) et C(I, F ) ⊂ CM(I, F )

Propriétés 3
1. Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux alors f est bornée sur [a, b]
2. Toute fonction continue par morceaux sur [a, b] n’ a qu’un nombre fini de points de discontinuité.
3. Toute combinaison linéaire de fonctions continues par morceaux sur I est une fonction continue par
morceaux sur I
4. Si F est une K - algèbre normée, le produit de deux fonctions continues par morceaux sur I est une
fonction continue par morceaux sur I
5. Si f est continue par morceaux sur I, alors ||f || : t 7−→ ||f (t)|| est continue par morceaux sur I

Corollaire 6
CM([a, b], F ) est un s-ev de B([a, b], F ) l’espace vectoriel des fonctions bornées sur [a, b] à valeurs dans F

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MP Fonctions vectorielles

Théorème 7 (Approximation uniforme par une fonction en escalier)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux sur [a, b] , alors pour tout ε > 0 il existe φ : [a, b] −→ F en
escalier tel que :
|| f − φ||∞ = sup ||f (t) − φ(t)|| ≤ ε
t∈[a,b]

Théorème 8 (Approximation uniforme par une suite de fonctions en escaliers)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux sur [a, b], alors il existe une suite (φn )n∈N de fonctions en
escaliers sur [a, b] à valeurs dans F convergeant uniformément vers f sur [a, b] i.e

||f − φn ||∞ = sup ||f (t) − φn (t)|| −→ 0


t∈[a,b] n→+∞

On dit que f est la limite uniforme de (φn )n∈N sur [a, b]

2.3 Intégrale d’une fonction continue par morceaux sur un segment


Définition 9
Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux, et (f1 , · · · , fr ) la famille des fonctions coordonnées de f dans
Z b Z b
une base B = (e1 , · · · , er ) de F , on définie son intégrale sur [a, b], notée f ou f (t)dt par :
a a

r
!
Z b X Z b
f= fk ek
a k=1 a

Exercice 8
Montrer que cette intégrale ne dépend pas de la base choisie.
Proposition 13 (Linéarité )
L’application I : CM([a, b], F ) −→ F est linéaire.
Z b
f 7−→ I(f ) = f
a

Corollaire 7
Deux fonctions continues par morceaux sur [a, b] à valeurs dans F égales sur [a, b] sauf en un nombre fini de
points ont même intégrale sur [a, b].

Proposition 14 (Relation de Chasles)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux , alors pour tout a < c < b les restrictions de f à [a, c] et [c, b]
sont continues par morceaux et on a :
Z b Z c Z b
f= f+ f
a a c

Théorème 9 (Composition par une application linéaire)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux et L : F −→ E linéaire, alors L ◦ f est continue par morceaux
sur [a, b] et :
Z b ! Z b
L f = L◦f
a a

Théorème 10 (Inégalité triangulaire)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux sur [a, b], alors :
Z b Z b
f ≤ ||f ||
a a

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MP Fonctions vectorielles

Proposition 15 (Inégalité de la moyenne)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux sur [a, b], alors :
Z b
f ≤ (b − a) sup ||f (x)||
a x∈[a,b]

Corollaire 8
L’application : (CM([a, b], F ), ||.||∞ ) −→ F est continue
Z b
f 7−→ f
a

Définition 10 (extensions de la définition) Z a Z b Z a


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux, on pose f =- f et f =0
b a a

Théorème 11 (Sommes de Riemann)


Si f : [a, b] −→ F est continue par morceaux, alors

n−1   Z b
b−a X b−a
f a+k −→ f (t)dt
n n n→+∞ a
k=0

Exemple n 
1 X cos kπ − sin kπ

Calculer la limite de la suite n n
n sin kπ
n cos kπ
n
k=0

2.4 Primitives d’une application continue

Dans ce paragraphe E désigne un evn de dimension finie.


Définition 11
On appelle primitive d’une application f : I −→ E, toute application F : I −→ E dérivable sur I et telle que
F ′ = f sur I.

Théorème 12
Soit f : I −→ E une fonction continue sur I à valeurs dans E et a ∈ I.
1. La fonction F : I −→ E
Z x est une primitive de f sur I qui s’annule en a.
x 7−→ f (t)dt
a
2. La fonction f admet une infinité de primitives sur I.
3. Si F est une primitive de f sur I, les primitives de f sur I sont les fonctions x 7−→ F (x) + C où C ∈ E.
4. Pour tout (x0 , y0 ) ∈ I × E, il existe une primitive et une seule de f sur I prenant la valeur y0 en x0 à
savoir la fonction Z x
x 7−→ y0 + f (t)dt
x0
Z x
En particulier la fonction F : x 7−→ f (t)dt est la primitive de f sur I s’annulant en a
a

2.5 Formules de Taylor


Théorème 13 (Formule de Taylor avec reste intégrale)
Soient n ∈ N et f : I −→ F une fonction de classe C n+1 sur I. Alors
n Z x
X f (k) (a) k (x − t)n (n+1)
∀ a, x ∈ I, f (x) = (x − a) + f (t)dt
k! a n!
k=0

8
MP Fonctions vectorielles

x
(x − t)n (n+1)
Z
Le terme f (t)dt est appelé le reste intégrale ou le reste de Taylor -Laplace
a n!

Démonstration :
Il suffit d’utiliser une intégration par parties ou d’appliquer la formule de Taylor avec reste intégrale sur les
composantes de f dans une base de F

Théorème 14 (Inégalité de Taylor-Lagrange)


Soit n ∈ N et f : I −→ F une fonction de classe C n+1 sur I. Alors :
n
X f (k) (a) (|b − a|)n+1
∀a, b ∈ I, ||f (b) − (b − a)k || ≤ sup ||f (n+1) (x)||
k! (n + 1)! [a,b]
k=0

Démonstration :
Appliquer la formule de Taylor avec reste intégrale à f entre a et b et majorer le reste intégrale en utilisant
l’inégalité triangulaire sur les intégrales .


Remarque
La formule de Taylor avec reste intégrale et l’inégalité de Taylor-Lagrange sont des formules globales i.e en
tout point de I.

Théorème 15 (Inégalité de Taylor-Young)


Soient n ∈ N, f : I −→ F une fonction de classe C n sur I et a ∈ I. Alors :
n
X f (k) (a)
∀x ∈ I, f (x) = (x − a)k + ◦((x − a)n )
a k!
k=0

Démonstration :
Appliquer la formule de Taylor-Young sur les composantes de f en a dans une base de F .


Remarque
La formule de Taylor-Young est une formule locale i.e valable au voisinage d’un point.

Définition 12
Soit f : I −→ F une application définie sur I et a ∈ I. On dit que f admet un développement limité à l’ordre
n ∈ N au voisinage de a s’il existe un polynôme P à coefficients dans F de degré ≤ n tel que :

∀x ∈ I, f (x) = P (x − a) + ◦((x − a)n )


a

P (x − a) est unique, appelé la partie régulière du DLn (a)

Remarques
1. Pour calculer la partie régulière d’un DL, on peut utiliser les composantes de f dans une base de F .
2. Toute fonction de classe C n sur un intervalle I admet un DLn en tout point a de I donné par la formule
de Taylor-Young.
3. Une fonction peut admet un DLn en un point a sans être de classe C n par exemple f : x 7→ x3 sin(1/x) si
x ̸= 0 et f (0) = 0 admet un DL2 (0) mais non de classe C 2
4. On peut dériver et intégrer des DLn d’une fonction de classe C n .

9
MP Fonctions vectorielles

5. La formule de Taylor-Young est un justificatif de l’existence d’un DL, rarement un moyen de calcul.

Quelques exercices sur les fonctions vectorielles


Exercice 1
Soit f : R → E une fonction dérivable en 0 avec E un evn de dim finie, telle que :

∀ x ∈ R, f (2x) = 2f (x)

Montrer que f est linéaire.


Exercice 2
Soit M : R −→ M2n+1 (R) une fonction de classe C 1 sur R telle que
t 7−→ M (t)

∀ t ∈ R, t M (t)M (t) = I2n+1

Montrer que pour tout t ∈ R, M ′ (t) est non inversible.


Exercice 3 (Inégalité des accroissements finis)
E un evn de dim finie, f : [a, b] → E et g : [a, b] → R deux fonctions dérivables sur [a, b] et on suppose que pour
tout t ∈ [a, b], ||f ′ (t)|| ≤ g ′ (t).
1. On suppose dans cette question seulement que f et g sont de classe C 1 sur [a, b]. Montrer que :

||f (b) − f (a)|| ≤ g(b) − g(a)

2. On revient au cas ou f et g sont seulement dérivables sur [a, b]. Pour ε > 0, on pose :

Aε = {x ∈ [a, b], tel que ∀t ∈ [a, x], ||f (t) − f (a)|| ≤ g(t) − g(a) + ε(t − a)}

(a) Montrer que Aε admet un max α.


(b) Montrer que α = b et en déduire que : ||f (b) − f (a)|| ≤ g(b) − g(a).
Exercice 4 (Prolongement de classe C n )
Soit f : [a, b] → E une fonction continue sur [a, b] à valeurs dans un evn de dim finie E.
1. Montrer que si f est de classe C 1 sur [a, b[ et si lim f ′ (x) = ℓ existe dans E , alors f est de classe C 1
x→b−
sur [a, b] et que f ′ (b) = ℓ
2. Montrer que si f est de classe C k sur [a, b[ et si pour tout 1 ≤ j ≤ k, lim f (j) (x) = ℓj existe dans E ,
x→b−
alors f est de classe C k sur [a, b] et que pour tout 1 ≤ j ≤ k, on a f (j) (b) = ℓj
Exercice 5
Soit f de classe C 2 sur R. On suppose que f et f ′′ sont bornées sur R. Montrer que

||f ′ ||2∞ ≤ 4||f ||∞ ||f ′′ ||∞

Exercice 6
Soit E un evn de dimension finie et f : [a, b] → E une fonction dérivable sur [a, b] avec a < b tel que pour tout
t ∈ [a, b]
||f (t)||2 + ||f ′ (t)||2 > 0
Montrer que f s’annule au plus qu’un nombre fini de fois sur [a, b]
Exercice 7
Soit f : [a, b] → E de classe C 1 avec E un e.v normé de dimension finie. On suppose que f (a) = 0. Démontrer
que :
Z b
(b − a)2
f (t)dt ≤ sup ||f ′ (t)||
a 2 t∈[a,b]

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