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10.

Calcul différentiel
E, F , G sont des R-espaces vectoriels de dimension finie. Sauf indication contraire, les applications
considérées sont définies sur un ouvert U de E, à valeurs dans F ; on pose p = dim E et n = dim F .
· désignera, en cas de besoin, une norme sur E ou sur F .
Les notions définies dans ce chapitre sont indépendantes du choix des normes.

I - Fonctions de classe C 1 — Généralités

1) Différentielle en un point
Propriété — définition : soient f : U → F et a ∈ U ; f est dite différentiable en a si et seulement s’il
existe une application linéaire ϕ ∈ L (E, F ) telle que l’on ait le développement limité à l’ordre 1
f (a + h) = f (a) + ϕ (h) + o (h) .
h→0
Si c’est le cas, ϕ est unique, notée df (a) appelée différentielle de f en a (ou encore application linéaire
tangente à f en a).
On a alors
f (a + h) = f (a) + df (a) (h) + o (h) avec df (a) ∈ L (E, F ) .
h→0
NB : 1) Comme U est ouvert et a ∈ U , a + h ∈ U pour h assez petite.
2) Si f est différentiable en a, alors f est continue en a (réciproque fausse déjà pour p = 1).

Exemples :

1) Cas p = 1 : lorsque E = R, “différentiable” équivaut à “dérivable” et, si f est dérivable en a,


df (a) est l’application linéaire df (a) : R → F et f ′ (a) = df (a) (1) .
h → df (a) (h) = h · f ′ (a)

2) Cas où f est linéaire : si f ∈ L (E, F ), f est différentiable en tout point a de E et


∀a ∈ E df (a) = f.

3) Si φ : E × F → G est bilinéaire, φ est différentiable en tout point (a, b) ∈ E × F et


∀ (a, b) ∈ E × F dφ (a, b) : (h, k) → φ (h, b) + φ (a, k) .

4) Si · est la norme euclidienne associée à un produit scalaire (·|·), alors


f : x → x2 est différentiable en tout point a de E et
∀a ∈ E df (a) : h → 2. (a|h)

2) Dérivée selon un vecteur


NB : U étant ouvert, pour a ∈ U et v vecteur non nul de E, il existe δ > 0 tel que
∀t ∈ [−δ, δ] a + t.v ∈ U .

Définition : soient f : U → F , v ∈ E\ {0} et a ∈ U ; on dit que f admet une dérivée en a selon le


vecteur v si et seulement si la fonction ϕv : t → f (a + t.v) est dérivable en 0 ; on note si
c’est le cas
1    
Dv f (a) = lim · f (a + t.v) − f (a) = ϕ′v (0)
t→0 t
(Dv f (a) est un vecteur de F ).

Théorème : si f est différentiable en a, alors f admet une dérivée en a selon tout vecteur non nul v
avec
Dv f (a) = df (a) (v)
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Attention ! Réciproque fausse dès que p ≥ 2, voir



 x2 y
si (x, y) = (0, 0)
f : (x, y) → 2 2
 x +y
0 si x = y = 0
qui admet une dérivée en (0, 0) selon tout vecteur non nul alors qu’elle n’est pas différen-
tiable en (0, 0).

3) Dérivées partielles
Définition : soient B = (e1 , . . . , ep ) une base de E et j ∈ Np ; on dit que f admet en a une j-ième
dérivée partielle (relativement à B) si et seulement si f admet une dérivée suivant le
vecteur ej ; on note si c’est le cas
∂f 1  
Dj f (a) = (a) = lim · f (a + t.ej ) − f (a) ∈ F.
∂xj t→0 t
Cas particulier : lorsque E = Rp et que B est la base canonique, la j-ième dérivée partielle s’obtient
en dérivant la j-ième application partielle de f en a, obtenue en fixant toutes les variables sauf la j-ième.
Théorème : si f est différentiable en a, alors f admet des dérivées partielles en a relativement à toute
base avec
Dj f (a) = df (a) (ej ) .

Attention ! Réciproque fausse dès que p ≥ 2, voir l’exemple du paragraphe précédent.

NB : pour f différentiable en a, le théorème précédent fournit l’expression analytique de df (a) dans


toute base B = (e1 , . . . , ep ) de E :
 p p
 p
 ∂f
si h = hj .ej , df (a) (h) = hj .Dj f (a) = hj · (a) .
∂xj
j=1 j=1 j=1

4) Fonctions de classe C 1
Théorème : s’il existe une base B = (e1 , . . . , ep ) de E telle que, pour tout j de Np , Dj f est définie et
continue sur U , alors f est différentiable en tout point a de U avec
p p
∀a ∈ U ∀h = hj .ej ∈ E df (a) (h) = hj .Dj f (a) .
j=1 j=1
En outre, pour tout vecteur non nul v de E, Dv f est définie et continue sur U .
Dém. non exigible
Définition : f est dite de classe C 1 (ou continûment différentiable) sur U si et seulement s’il existe une
base B de E telle que, pour tout j de Np , Dj f est définie et continue sur U .

NB : d’après le théorème précédent in fine, si la propriété ci-dessus est vraie pour une base de E, elle
est vraie pour toute base de E ; il est donc loisible de dire “f est de classe C 1 ” au lieu de “f est
de classe C 1 relativement à la base B”.

Exemple : si f ∈ L (E, F ), f est de classe C 1 sur E (ses dérivées partielles relativement à une base
B = (e1 , . . . , ep ) de E sont les applications constantes Dj f : a → f (ej ) puisque
Dj f (a) = df (a) (ej ) et df (a) = f ).
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II - Opérations sur les fonctions de classe C 1 — Applications

1) L’espace vectoriel C 1 (U, F )


• Si f, g sont de classe C 1 sur U et λ ∈ R, alors λ.f + g est de classe C 1 sur U et
∀a ∈ U d (λ.f + g) (a) = λ.df (a) + dg (a) .
• Notion de différentielle (à réserver pour une seconde lecture) : si f ∈ C 1 (U, R), on appelle différen-
tielle de f l’application
df : U → E ∗ = L (E, R) .
a → df (a)
L’ensemble Ω des applications de U dans E ∗ (appelées formes différentielles sur U ) est naturellement
muni d’une structure de R-espace vectoriel ; on définit aussi, pour ϕ : U → R et ω : U → E ∗ la
forme différentielle ϕ · ω : a → ϕ (a) · ω (a). Si B = (e1 , . . . , ep ) est une base de E, on note enfin,
pour tout j de Np , dxj la forme différentielle constante définie par
∀a ∈ U dxj (a) = e∗j
 
où B∗ = e∗1 , . . . , e∗p est la base duale de B. On a alors
p
 ∂f
df = · dxj (eh oui ! C’est une égalité dans Ω = (E ∗ )U . . . )
∂xj
j=1
p
 ∂f
En effet : ∀a ∈ U df (a) = (a) · e∗j (égalité dans E ∗ ),
∂xj
j=1
p
 p
 ∂f
puisque : ∀h = hj .ej ∈ E df (a) (h) = (a) · hj (égalité dans R).
∂xj
j=1 j=1
La propriété précédente s’écrit alors : d (λ.f + g) = λ.df + dg.

2) Composition
Théorème : soient f ∈ C 1 (U, F ) et g ∈ C 1 (V, G) où V est un ouvert de F tel que : f (U ) ⊂ V ; alors
g ◦ f ∈ C 1 (U, G) avec
∀a ∈ U d (g ◦ f) (a) = dg [f (a)] ◦ df (a)
Dém. Soient a ∈ U et ℓ = dg [f (a)] ◦ df (a) ; ℓ est bien dans L (E, G), je vais obtenir le développement
limité ad hoc pour g ◦ f . Pour cela, j’écris en vertu des hypothèses :
f (a + h) = f (a) + df (a) (h) + h .ε (h) avec lim ε = 0
0
g [f (a) + k] = g [f (a)] + dg [f (a)] (k) + k .η (k) avec lim η = 0
0
j’ai ainsi :

 0
si h = 0
f (a + h) = f (a) + h .B (h) où B (h) = 1 ;
 df (a) · h + ε (h) si h = 0
h
comme df (a) est linéaire et E de dimension finie, elle est continue et donc bornée sur la sphère unité
(compacte !) ; il en résulte que B est bornée au voisinage de 0. Et j’ai
 
g ◦ f (a + h) = g f (a) + h .B (h)
 
= g [f (a)] + dg [f (a)] h .B (h) + h .B (h) .η (h .B (h))
 
= g ◦ f (a) + ℓ (h) + h . dg [f (a)] (ε (h)) + B (h) .η (h .B (h))
et le contenu du dernier crochet admet pour limite 0 lorsque h tend vers 0 ; j’ai donc prouvé
g ◦ f (a + h) = g ◦ f (a) + ℓ (h) + o (h) ;
h→0
donc g ◦ f est différentiable en tout a de U avec
d (g ◦ f ) (a) = dg [f (a)] ◦ df (a) .
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En particulier, relativement à une base B de E, j’obtiens les dérivées partielles :


 
∀j ∈ Np Dj (g ◦ f) (a) = dg [f (a)] ◦ df (a) (ej ) = dg [f (a)] (Dj f (a)) .
Il en résulte que les d (g ◦ f) sont définies et continues sur U ; ainsi g ◦ f est de classe C 1 et le théorème
est démontré.

Cas particulier important :


Soient ϕ : I → U de classe C 1 sur un intervalle I de R et f : U → F de classe C 1 sur U ; alors
f ◦ ϕ : I → F est de classe C 1 avec :
 
∀t ∈ I (f ◦ ϕ)′ (t) = df [ϕ (t)] ϕ′ (t)
En effet    
(f ◦ ϕ)′ (t) = d (f ◦ ϕ) (t) (1) = df [ϕ (t)] ◦ dϕ (t) (1) = df [ϕ (t)] ϕ′ (t)

Calcul pratique : supposons pour fixer les idées E = R3 et ϕ (t) = (x (t) , y (t) , z (t)) :
d ∂f ∂f ∂f
[f (x (t) , y (t) , z (t))] = x′ (t) · [ϕ (t)] + y ′ (t) · [ϕ (t)] + z ′ (t) · [ϕ (t)]
dt ∂x ∂y ∂z
Exemples d’utilisation (hypothèses à préciser)
La formule précédente permet de calculer des dérivées partielles (en fixant toutes les variables sauf une).
• si g (u, v) = f (a.u + b.v, c.u + d.v), alors
∂g ∂f ∂f
(u, v) = a · (a.u + b.v, c.u + d.v) + c · (a.u + b.v, c.u + d.v)
∂u ∂x ∂y
∂g ∂f ∂f
(u, v) = b · (a.u + b.v, c.u + d.v) + d · (a.u + b.v, c.u + d.v)
∂v ∂x ∂y
• Coordonnées polaires : si g (r, θ) = f (r cos θ, r sin θ), alors
∂g ∂f ∂f
(r, θ) = cos θ · (r cos θ, r sin θ) + sin θ · (r cos θ, r sin θ)
∂r ∂x ∂y
∂g ∂f ∂f
(r, θ) = −r sin θ · (r cos θ, r sin θ) + r cos θ · (r cos θ, r sin θ)
∂θ ∂x ∂y
On écrit souvent abusivement :
 
∂g ∂f ∂f  ∂f ∂g 1 ∂g

 = cos θ · + sin θ · 
 = cos θ · − sin θ · ·
∂r ∂x ∂y ∂x ∂r r ∂θ
∂g ∂f ∂f et

 
 ∂f ∂g 1 ∂g
= −r sin θ · + r cos θ ·  = sin θ · + cos θ · ·
∂θ ∂x ∂y ∂y ∂r r ∂θ

3) Utilisation des applications coordonnées


Théorème : soient C = (ε1 , . . . , εn ) une base de F et f : U → F .
n

x → f (x) = fi (x) .εi
i=1
f est de classe C 1 sur U si et seulement si les applications coordonnées f1 , . . . , fn le sont.
∂fi
Si f est de classe C 1 et B = (e1 , . . . , ep ) une base de E, alors les Dj fi = sont les
∂xj
applications coordonnées de Dj f : U → F . Autrement dit :
 n
∂fi
∀a ∈ U Dj f (a) = (a) .εi .
∂x j
i=1

Dém. Si les fi sont C 1 , alors f est C 1 (TOC).


Si f est C 1 , alors, pour tout i, fi = ε∗i ◦ f est C 1 d’après le paragraphe précédent, avec
     
Dj fi (a) = dfi (a) (ej ) = dε∗i [f (a)] ◦ df (a) (ej ) = ε∗i ◦ df (a) (ej ) = ε∗i Dj f (a) cqfd.
10. Calcul différentiel Page 5

4) Matrice jacobienne — Jacobien


Définition : soient B = (e1 , . . . , ep ) une base de E, C = (ε1 , . . . , εn ) une base de F , f : U → F de classe
C 1 et a ∈ U .
∗ La matrice jacobienne de f en a (relativement à B, C) est :

  ∂fi
MatB,C df (a) = (a)
∂xj 1≤i≤n
1≤j≤p

∗ Si F = E, le jacobien de f en a est le déterminant de df (a) (c’est le déterminant de


la matrice jacobienne de f en a relativement à B, B pour toute base B de E).
Exemples : coordonnées polaires, cylindriques, sphériques.

Matrice jacobienne de la composée de deux applications de classe C 1


Soient f ∈ C 1 (U, F ) et g ∈ C 1 (V, G) où V est un ouvert de F tel que : f (U ) ⊂ V ; si B, C, D sont des
bases de E, F, G respectivement et :
• A la matrice jacobienne de f en a ∈ U relativement à B, C ;
• B la matrice jacobienne de g en f (a) relativement à C, D.
Alors B × A est la matrice jacobienne de g ◦ f en a relativement à B, D.
(Revoir les calculs du § 2 in fine.)

Matrice jacobienne d’une bijection réciproque


Soit f ∈ C 1 (U, F ) une bijection de U sur un ouvert V de F telle que f −1 soit de classe C 1 sur V ; si B, C
sont des bases de E, F respectivement et a ∈ U , la matrice jacobienne de f −1 en b = f (a) relativement
à C, B est la matrice inverse de la matrice jacobienne de f en a relativement à B, C.
NB : si une telle application f existe, nécessairement n = p.
Dém. La matrice jacobienne de l’identité en tout point relativement à B, B pour toute base B est la
matrice identité. . . Donc, si j’appelle A, B les matrices jacobiennes de f, f −1 considérées, j’ai
BA = Ip et AB = In ;
soient alors u = Can A ∈ L (Rp , Rn ) et v = Can B ∈ L (Rn , Rp ) :
v ◦ u = idRp et u ◦ v = idRn
donc u est injectif (car v ◦ u injectif) et surjectif (car u ◦ v surjectif) ; ainsi u est un isomorphisme donc
n = p et (enfin) B = A−1 !

5) C 1 -difféomorphismes
Définition : soient U ouvert de E et V ouvert de F ; f : U → F est un C 1 -difféomorphisme de U dans
V si et seulement si f est une bijection de U dans V , de classe C 1 sur U et telle que f −1
soit de classe C 1 sur V .

Théorème d’inversion globale : soit f : U → F injective et de classe C 1 sur U .


f induit un C 1 -difféomorphisme de U dans V = f (U ) si et seulement si, pour tout a de U , df (a) est
un isomorphisme de E dans F (i.e. si et seulement si le jacobien de f ne s’annule pas, lorsque F = E).
NB : si c’est le cas, V = f (U ) est un ouvert de F .

Dém. Hors programme

Exemple : coordonnées polaires

Application : changement de variables dans une équation aux dérivées partielles


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Image d’une courbe paramétrée par un C 1 -difféomorphisme : soit f : U → F un C 1 -difféomor-


phisme, φ : I → U une fonction de classe C 1 sur un intervalle I de R et Γ = φ (I) la courbe paramétrée
correspondante. Alors ψ = f ◦ φ : I → F définit un paramétrage de ∆ = f (Γ). ψ est de classe C 1 sur
I et, pour tout t de I, on a  
ψ ′ (t) = df [φ (t)] φ′ (t) .
Or, par hypothèse, df [φ (t)] est un isomorphisme. Il en résulte que, si Γ est régulière (i.e. f ′ ne s’annule
pas), alors ∆ est régulière également. De plus, si ,v = φ′ (t) dirige la tangente à Γ en M = φ (t), alors
la tangente à ∆ en ψ (t) = f (M) est dirigée par ψ ′ (t) = df (M) (,v). Cette tangente est donc la droite
passant par le point f (M), dirigée par df (M) (,v).

III - Fonctions numériques de plusieurs variables réelles

1) L’algèbre C 1 (U, R)
• si f, g sont dans C 1 (U, R), f · g aussi et
∀a ∈ U d (f · g) (a) = f (a) · dg (a) + g (a) · df (a)
(autrement dit, avec les notations du §II-1) : d (f · g) = f · dg + g · df ) ;
1
• si f ∈ C 1 (U, R) ne s’annule pas, ∈ C 1 (U, R) et
f

1 1
∀a ∈ U d (a) = − · df (a)
f f (a)2

1 1
(autrement dit, avec les notations du §II-1) : d = − 2 · df ).
f f

2) Gradient
Pour ce paragraphe et le suivant, E désigne un espace vectoriel euclidien, (·|·) le produit scalaire et ·
la norme associée.

Propriété et définition : soient U ouvert de E et f ∈ C 1 (U, R).


Pour tout a de U , df (a) est une forme linéaire sur E ; on appelle gradient de f en a l’unique vecteur
grad f (a) de E tel que
∀h ∈ E df (a) (h) = (grad f (a) |h) .
Si B = (e1 , . . . , en ) est une base orthonormale de E, alors
n
 ∂f
grad f (a) = (a) · ej .
∂xj
j=1
L’application grad f : U → E est continue sur U .

Exemple : “gradient en coordonnées polaires”.

3) Inégalité des accroissements finis


Théorème : soient U ouvert convexe de E, M ∈ R et f ∈ C 1 (U, R) tels que :
∀x ∈ U grad f (x) ≤ M ; alors
∀ (a, b) ∈ U 2 |f (b) − f (a)| ≤ M · b − a .
Dém. Fixons (a, b) ∈ U 2 ; je définis sur [0, 1] les applications ϕ : t → (1 − t) · a + t · b et g : t → f [ϕ (t)].
ϕ est à valeurs dans U car U est convexe, de classe C 1 (TOC), donc g : [0, 1] → R est de classe C 1 en
tant que composée de fonctions de classe C 1 . De plus
 
∀t ∈ [0, 1] g′ (t) = df [ϕ (t)] ϕ′ (t) = (grad f [ϕ (t)] |b − a)
d’où (inégalité de Cauchy-Schwarz) : ∀t ∈ [0, 1] |g ′ (t)| ≤ M · b − a.
L’inégalité des accroissements finis (pour les fonctions numériques d’une variable réelle) appliquée à g
sur [0, 1] donne donc le résultat, puisque g (1) = f (b) et g (0) = f (a).
10. Calcul différentiel Page 7

Propriété : si f ∈ C 1 (U, R) où U est un ouvert étoilé de E, alors f est constante sur U si et seulement si
df (a) est nulle pour tout a de U (i.e. toutes les dérivées partielles de f sont identiquement
nulles sur U ).

Attention ! Résultat faux sur un ouvert quelconque (cf. une fonction “en escalier” sur une réunion
d’ouverts disjoints).
x+y
Exemple : étudier f : (x, y) → arctan x + arctan y − arctan .
1 − xy

4) Points critiques — Extremums locaux


Définition : soient f : U → R et a ∈ U .

1) f admet un maximum local en a si et seulement si : ∃δ > 0 ∀x ∈ B (a, δ) f (x) ≤ f (a) .

2) f admet un minimum local en a si et seulement si : ∃δ > 0 ∀x ∈ B (a, δ) f (x) ≥ f (a) .

3) Si en outre f est de classe C 1 , a est un point critique de f si et seulement si df (a) = 0 (i.e. toutes
les dérivées partielles de f sont nulles en a).
Condition nécessaire d’extremum local
Si f ∈ C 1 (U, R) admet un extremum local en a ∈ U (U ouvert), alors a est un point critique de f.
Attention ! Réciproque fausse ! (cf. f : (x, y) → x2 − y 2 en (0, 0)).

Remarques pratiques
1) On commence par rechercher les points critiques à l’aide des dérivées partielles de f, puis on étudie
localement le signe de f (a + h) − f (a) au voisinage de chaque point critique a.

2) Penser à utiliser les extremums globaux pour une fonction continue sur un compact.

Exemples : 1) Déterminer les extremums de f : (x, y) →
 x2+ x2 + y 2 sur le disque fermé
 2 2 2

D = (x, y) ∈ R / x + y ≤ 9 .
2) Déterminer le maximum du produit xyz pour x, y, z réels positifs de somme 1.
3) Déterminer les extremums de f : (x, y) → xy 2 + ln 1 + y 2 .

5) Dérivées partielles d’ordre k ≥ 2


On définit par récurrence les dérivées partielles successives et les fonctions de classe C k .
L’ensemble C k (U, R) des applications de classe C k sur U est une R-algèbre.
Théorème de Schwarz : si f ∈ C 2 (U, R) et si B est une base de E on a
∂ 2f ∂2f
∀ (i, j) ∈ N2n = .
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
Dém. Hors programme.
Application : si E est un espace vectoriel euclidien et f ∈ C 2 (U, R), alors grad f ∈ C 1 (U, E) et
pour tout a dans U , la différentielle d (grad f) (a) est un endomorphisme autoadjoint de E, appelé
endomorphisme hessien de f en a, noté

Hf (a). Sa matrice dans une base orthonormale B est la matrice
∂2f
hessienne de f en a : (a) , qui est symétrique d’après le théorème de Schwarz !
∂xj ∂xi 1≤i,j≤n

6) Formule de Taylor-Young, application à la recherche d’extremums


Ici E est un espace vectoriel euclidien (on peut toujours choisir un produit scalaire sur E !).
10. Calcul différentiel Page 8

a) Formule de Taylor-Young à l’ordre 2

Théorème : soit f ∈ C 2 (U, R) et a ∈ U ; on a


  1   
f (a + h) = f (a) + gradf (a) |h + Hf (a) (h) |h + o h2
h→0 2
Dém. Comme U est ouvert, je dispose de r > 0 tel que B (a, r) ∈ U . Fixons h ∈ E non nul tel h < r.
Soit ϕ : t → f (a + th) ; comme [a, a + h] ⊂ U , ϕ est de classe C 2 sur [0, 1] et la formule de Taylor avec
reste intégral à l’ordre 1 s’applique :
 1  1
1  
ϕ (1) = ϕ (0) + ϕ′ (0) + (1 − t) ϕ′′ (t) dt = ϕ (0) + ϕ′ (0) + ϕ′′ (0) + (1 − t) ϕ′′ (t) − ϕ′′ (0) dt.
0 2 0
Par dérivation de fonction composée,
 
∀t ∈ [0, 1] ϕ′ (t) = df (a + th) (h) = grad f (a + th) |h
et    
∀t ∈ [0, 1] ϕ′′ (t) = d (grad f ) (a + th) (h) |h = Hf (a + th) (h) |h ,
donc    
ϕ′ (0) = gradf (a) |h et ϕ′′ (0) = Hf (a) (h) |h .
Enfin, pour tout t dans [0, 1],
 ′′   
ϕ (t) − ϕ′′ (0) =  [Hf (a + th) − Hf (a)] (h) |h 
 
≤ N Hf (a + th) − Hf (a) · h2
où N désigne la norme sur L (E) subordonnée à la norme euclidienne choisie sur E.
Comme f est de classeC 2 , Hf
 est continue et la majoration précédente montre que le “reste intégral”
ci-dessus est bien un o h2 lorsque h tend vers 0.

b) Application à la recherche d’extremums locaux


Soit f ∈ C 2 (U, R) et a ∈ U un point critique de f. D’après le paragraphe précédent, on a, en notant
q : h → Hf (a) (h) |h la forme quadratique associée à l’endomorphisme autoadjoint Hf (a),
1
f (a + h) − f (a) = q (h) + h2 ε (h) où ε (h) −→ 0.
2 h→0
Conditions nécessaires :
• si f admet un minimum local en a, nécessairement q est positive
• si f admet un maximum local en a, nécessairement q est négative
Conditions suffisantes :
• si q est définie positive, alors f admet un minimum local strict en a
• si q est définie négative, alors f admet un maximum local strict en a

NB : revoir le lien entre ces propriétés de q et le signe des valeurs propres de l’endomorphisme hessien
associé (resp. de la matrice hessienne dans une base orthonormale) : chap 9 — § IV-7).

c) Expression analytique en dimension 2, notations de Monge


Ici f ∈ C 2 (U, R), avec U ouvert de R2 et (a, b) ∈ U est un point critique de f. On note
∂2f ∂2f ∂ 2f
r= (a, b) ; s = (a, b) ; t = (a, b)
∂x2 ∂x∂y ∂y 2

r s
La matrice hessienne de f en (a, b) est ; son déterminant vaut rt − s2 et sa trace r + t.
s t
• si rt − s2 > 0 et r + t > 0, alors f admet un minimum local strict en (a, b)
• si rt − s2 > 0 et r + t < 0, alors f admet un maximum local strict en (a, b)
• si rt − s2 < 0, alors f n’admet pas d’extremum en (a, b)
• si rt − s2 = 0, pas de conclusion directe. . . On en revient (cf. § 4) exemple 3) à l’étude locale de
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f (a + h, b + k) − f (a, b) = rh + 2shk + tk2 + o (h, k)2
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