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Lydex-CPGE M.

Elmerabet 2020-2021

Résumé analytique du Gai Savoir (Préface et livre IV) de Friedrich Nietzsche (1882)
(Aphorismes choisis)
Préface : Dans le premier développement (1), Nietzsche place son ouvrage sous le patronage de la santé retrouvée, et
de la joie que cette rémission suscite en lui. Dans la deuxième partie (2), il souligne à quel point la maladie est un
point de départ pour beaucoup de philosophes, qui élaborent des théories qui recherchent son contraire la fin des
souffrances, la paix, l’absence de souci. Il réfute cette vision et veut une philosophie fondée sur la vie.
La troisième section (3) évoque cependant le rôle de la douleur comme un déclencheur, le prétexte d’un
approfondissement de la réflexion. Enfin le quatrième développement (4) évoque le changement qui est intervenu en
lui après cette épreuve : une nouvelle sensibilité, de nouvelles exigences, et en particulier l’envie de cette démarche
artistique qui ne consiste pas à regarder la vérité dans sa nudité, mais à lui laisser des voiles bien plus évocateurs.
Nietzsche se compare aux Grecs qui étaient, dit-il, « superficiels par profondeur ».

Livre IV : Sanctus Januarius


278 La pensée de la mort (p. 227-228). Nietzsche constate l’énergie vitale des Génois qui pourtant vont mourir un
jour. Ils refusent cette « pensée de la mort », mais Nietzsche estime que c’est la « pensée de la vie » qui est
fondamentale.
§ 279 Amitié d’astres (p. 228-229). Nietzsche fait sans doute ici allusion à son amitié passée avec Richard Wagner.
La force du devenir peut rompre une amitié. Il faut l’accepter et ne pas s’accrocher à une amitié devenue illusoire.

§ 283 Hommes préparatoires (p. 230-232). Nietzsche appelle de ses vœux une époque qui remette à l’honneur le
courage, prélude d’une quête héroïque de connaissance. Pour ce faire, il faut des précurseurs solitaires, libres et gais,
qui aiment «vivre dangereusement» condition sine qua non pour conquérir le monde.
§ 285 Excelsior! (P. 232-233) [« Plus haut» en latin]. Le « tu » utilisé ici pourrait renvoyer au lecteur, mais il s’agit
plus vraisemblablement d’un autoportrait de Nietzsche qui, dans Ecce Homo (« La Naissance de la tragédie », § 4)
décrit sa « volonté de puissance portée à un point qu’aucun homme n’a jamais connu ». Il ne faut pas tomber dans la
facilité de la croyance religieuse, confortable, car elle donne un sens à la vie. Nietzsche utilise alors une métaphore :
de même qu’un lac qui construit une digue pour ne plus s’écouler verra son niveau s’élever, refuser la religion
permettra à l’homme de s’élever.
§289 Aux navires ! (p. 234-235) Un individu qui se soumet à une doctrine philosophique est comme un homme qui
se chauffe au soleil : sa vie est facile et agréable, car tout est expliqué et justifié. En réalité, il faut se détacher de tout
cela et mettre en place un nouveau système de valeurs. « Aux navires, philosophes », il faut aller découvrir les
antipodes, allusion à la fois au grand explorateur génois Christophe Colomb et à Nietzsche, en quête d’une nouvelle
philosophie.

§ 291 Gênes (p. 236-238). Nietzsche contemple Gênes et y voit la marque d’êtres « qui ont vécu et voulu continuer de
vivre ». Que ce soit dans leurs explorations géographiques ou chez eux, les Génois rivalisent entre eux et avec la
nature, et leur maison devient le symbole de leur maîtrise du réel.
§ 292 Aux prédicateurs de la morale (p. 238-239). Nietzsche s’adresse à ceux qui parlent sans cesse des valeurs
morales et finissent par les galvauder en les donnant en pâture à la foule. Pour redorer le blason de la morale, il
faudrait la rendre difficile d’accès, ce qui pourrait attirer les hommes «héroïques », si du moins elle implique un
risque.
§ 294 Contre les calomniateurs de la nature (p. 240). Nietzsche critique ceux qui nous ont fait croire que les
pulsions sont mauvaises. Certains refoulent leurs élans naturels par culpabilité alors qu’il faut aller où nous entraîne
notre élan, sans considération morale.
§ 297 Savoir contredire (p. 243). Supporter la contradiction permet de voir ses propres erreurs, mais savoir
contredire, c’est le « pas de géant de l’esprit libéré
§ 299 Ce qu’on peut apprendre des artistes (p. 244). Nous devons rendre les choses attirantes même quand elles ne
le sont pas, en les embellissant comme un médecin qui sucre un médicament ou un artiste qui transfigure la réalité.

§ 304 En faisant, nous ne faisons pas (p. 249). Nietzsche critique les interdits moraux, qui affaiblissent l’homme, et
prône une morale de l’affirmation et de l’action qui conduit à regarder droit devant et à accepter le devenir.
§ 310 Volonté et vague (p. 253-254). Nietzsche compare les vagues à la volonté de puissance et s’adresse à elles :
elles ont peur qu’il trahisse leur secret, ce qui ne risque pas de se produire, car ils ont en commun la volonté de
puissance.
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§ 312 Mon chien (p. 255). Nietzsche appelle sa douleur « mon chien », car elle a les mêmes caractéristiques que cet
animal et qu’il peut la malmener.
§ 314 Nouveaux animaux de compagnie (p. 255). Nietzsche veut avoir comme animaux de compagnie un lion et un
aigle, à l’aune desquels il pourra mesurer sa propre force.

§ 324 In media vita (« au milieu de la vie» en latin, Nietzsche a alors trente-huit ans) (p. 260-261). Loin d’être déçu
par la vie, Nietzsche la trouve toujours plus séduisante, car elle est une «expérimentation de l’homme de connaissance
».
§ 329 Loisir et oisiveté (p. 264-266). La culture du travail et de l’efficacité propre aux Américains est en train de
contaminer l’Europe. À présent, on se sent coupable de pratiquer l’otium, source de méditation, de réflexion et de
culture, qui est rendu impossible par cette activité frénétique.

§334 On doit apprendre à aimer (p. 268-269). En musique, il faut apprendre à entendre une nouvelle mélodie, faire
preuve de patience pour la connaître, elle devient alors une habitude que l’on chérit. Il en va de même de l’amour en
général, et de l’amour de soi. C’est une initiation à l’amor fati.
§ 339 Vita femina (la vie est femme, en latin) (p. 278). Pour contempler la beauté, il faut à la fois avoir le bon point
de vue et la bonne disposition d’âme, ce qui est rare. De plus, « ce qui se dévoile à nous, se dévoile à nous une seule
fois ! », car le réel ne procure que rarement ce genre de révélations. C’est d’ailleurs ce qui fait son charme : sa
réticence est attirante, « Oui, la vie est femme ».
§ 340 Socrate mourant (p. 278-279). Nietzsche est déçu par les dernières paroles de Socrate « Oh, Criton, je dois un
coq à Asclépios ». La gaieté dont il a fait montre toute sa vie n’était qu’apparence, puisqu’il a mauvaise conscience à
cause d’une dette. C’est donc un homme faible, un homme du ressentiment qui n’aime pas la vie.

§ 341 Le poids le plus lourd (p. 279-28 0). Nietzsche imagine qu’un démon lui demande ce qu’il dirait s’il devait
revivre sa vie à l’infini jusque dans le moindre détail et sans aucun changement. Serait-il désespéré ou ravi? Il devrait
alors peser chacune de ses actions à l’aune de la question : « veux-tu ceci encore une fois et d’innombrables fois ? »
Désirer l’éternel retour serait le degré suprême de l’amor fati.
§ 342 Incipit tragoedia (la tragédie commence, en latin). À trente ans, Zarathoustra décide de se retirer dans les
montagnes. Au bout de dix ans, il est las de sa sagesse surabondante. Il se compare au soleil qui ne se lasse pas de sa
lumière, car il la donne au monde. Zarathoustra veut faire de même et, comme le soleil qui décline, il veut redescendre
parmi les hommes. Nietzsche adopte la figure de Zoroastre (VI siècle) qui a créé de nouvelles valeurs. Il a renoncé
aux sacrifices religieux, au profit d’une religion fondée sur l’effort pour atteindre la pureté de l’âme.

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