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MP

Chapitre 18

Intégrales dépendant d’un paramètre

Toutes les fonctions envisagées seront définies sur intervalle I de R, à valeurs dans C (voire dans un evn de
dimension finie), et continues par morceaux.

I. Le théorème de convergence dominée


1e ) Son énoncé
Théorème (de convergence dominée, ou de Lebesgue)
Soit (fn ) une suite de fonctions de I dans K.
On suppose
1e) ∀n, fn est continue par morceaux.
2e) La suite (fn ) converge simplement sur I vers une certaine fonction f .
3e) f est continue par morceaux.
ˆ
� 4e) Il existe une fonction ϕ, continue par morceaux, telle que ϕ soit convergente, et telle que
I

∀t ∈ I, ∀n ∈ N, |fn (t)| � ϕ(t)

(Hypothèse de domination.)
Alors les fn et f sont intégrables sur I, et
ˆ ˆ
lim fn = f
n→+∞ I I

Rq1 : C’est un théorème très puissant et totalement non trivial, essentiellement parce qu’il demande une
convergence simple.
2
Rq : L’hypothèse de domination est l’hypothèse ˆlourde, elle assure entre autres choses (mais ce n’est pas sa
force principale) l’absolue convergence des fn .
I ˆ
De plus, grâce à la convergence simple, on a aussi |f (t)| � ϕ(t), ce qui assure que f converge.
I
Rq3 : L’hypothèse de domination s’apparente fortement à une convergence normale (pour les séries).
Rq4 : Dans tous les théorèmes qui suivent, il y aura deux catégories d’hypothèses :
Les légères : elles plantent le décor. (ici 1e), 2e), 3e))
Les lourdes : celles qui font fonctionner le théorème.

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2e ) Exemples
ex 1 : Pour n ∈ N∗ , on pose :
+∞
sin n2 t
ˆ
In = dt
�1 +��nt �
2
0
fn (t)

+
Les fonctions fn sont continues
ˆ +∞ sur R .
1 dt
En +∞, |fn (t)| � 2 et converge.
nt 1 t2
• In existe donc pour tout n ∈ N∗ .
• À t fixé,
sin n2 t −→ 0 si t = 0
n∞

1 + nt2 −→ 0 si t �= 0
n∞

Les fn sont continues et convergent simplement vers la fonction nulle qui est continue.

1
∀t, ∀n � 1, |fn (t)| �
1 + 2
� ��t �
indt de n

+∞
dt
ˆ
Et converge.
0 1 + t2
⇒ Le théorème de convergence dominée s’applique :
ˆ +∞
lim In = 0=0
n→∞ 0

ex 2 : Soit f une fonction continue sur [0, 1], on pose :


ˆ 1
un = f (tn )dt
0 � �� �
gn (t)

• gn est continue sur [0, 1] ∀n.


• À t fixé,
−→ f (0) si 0 � t < 1
n∞

gn (t) = f (t )n
−→ f (1) si t = 1
n∞

La suite (gn ) converge simplement vers la fonction continue par morceaux :


ß
t �−→ f (0) si t �= 1
h:
1 �−→ f (1)

Soit M un majorant de la fonction continue |f | sur [0, 1], on a :

|gn (t)| � M ∀t∀n


ˆ 1
Et M converge.
0

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Le théorème de convergence dominée s’applique :


ˆ 1
lim un = h = f (0)
0

+∞
sin2 nt
ˆ
ex 3 : Jn = 1 dt
0 n + nt2
simplt
Cela ressemble à l’exemple 1, mais fn −→ 0 sur R+ et, ∀t ∈ R+ , ∀n ∈ N∗ ,
� �
� sin2 nt � 1
� �
�1 � � 1
� n + nt2 � n + t2
1

t2
Problème : la disparition du 1 au dénominateur rend la fonction majorante non sommable sur R+ ; dans
l’état actuel des choses, on ne peut pas appliquer le théorème de convergence dominée.
Or, ici, ˆ +∞
sin2 nt
Jn = n dt u = nt
0 1 + n 2 t2
ˆ +∞
sin2 u
= du
0 1 + u2

= cste non nulle


ˆ +∞
� 0=
Jn −→ 0dt
0
Cet exemple prouve donc que l’hypothèse de domination est essentielle.
ex 4 : On pose pour x > 0 :
nÅ ãn
t
ˆ
un = 1− tx−1 dt
0 n
Å ã ˆ 1
t n x−1 1 dt
(En 0, 1 − t ∼ 1−x � 0 et 1−x
converge car x > 0.)
n 0 t 0 t
Le problème ici est que la borne supérieure de l’intégrale bouge aussi avec n.
La ruse est la suivante :
ˆ +∞ Å ã ®
t n x−1 1 si 0 < t � n
un = 1− t 1]0,n] (t)dt où 1]0,n] (t) =
0 n 0 sinon

• fn est continue (par morceaux) sur ]0, +∞[.


Å ã
t n
• 1− −−−→ e−t à t fixé, 1]0,n] (t) = 1 pour n assez grand.
n n→+∞
Finalement, à t fixé,
fn (t) −−−→ e−t tx−1 qui est continue sur R+∗
n→+∞
• Domination :
∀x � 0, 1 + x � ex
t
0�1− � e− n
t
⇒ ∀t ∈]0, n],
n

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Å ã
t n
⇒ 0� 1− � e−t
n
⇒ |fn (t)| � e−t tx−1 ∀t ∈ R+∗ , ∀n ∈ N∗
ˆ +∞
Mais e−t tx−1 dt converge (cf. Γ(x)).
0
Le théorème de Lebesgue s’applique :
ˆ +∞
lim un = e−t tx−1 dt = Γ(x)
n 0

Complément : calculons un par parties.


nÅã
t n x−1
ˆ
un = 1− t dt
0 n ����
� �� � �

ïÅ ã ò ˆ n Å ã
t n tx n n t n−1 tx
= 1− + 1− dt
n x 0 0 n n x
ˆ Å ã
n1 n t n−1 x
= 1− t dt
nx 0 n
ÇñÅ ã ôn ˆ Å ã å
n1 t n−1 tx+1 n−1 n t n−2 tx+1
= 1− + 1− dt
nx n x+1 0 n 0 n x+1
ˆ nÅ ã
n(n − 1) 1 1 t n−2 x+1
= 1− t dt
nn x x + 1 0 n
..
.
n(n − 1) . . . 1 1 n
ˆ
= tn+x−1 dt
nn . . . n x(x + 1) . . . (n + x − 1) 0

n! nn+x
=
nn x(x + 1) . . . (n + x − 1) n + x
n!nx
=
x(x + 1) . . . (x + n)
Finalement, ∀x > 0,

n!nx
Γ(x) = lim
n∞ x(x + 1) . . . (x + n)

3e ) Le problème du choix
On dispose désormais de deux théorèmes pour passer à la limite dans une intégrale :
1e) Le théorème élémentaire :
unift
fn −→ f sur [a, b], tout le monde continu par morceaux :
ˆ b ˆ b
Alors fn −→ f.
a a

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2e) Le théorème de Lebesgue.


Lequel choisir ?
• Pour les intégrales impropres, la question ne se pose pas.
• Pour les intégrales propres, la convergence simple de Lebesgue est un avantage, mais l’hypothèse de
domination n’existe pas dans le 1er théorème.
Mais supposons qu’on soit sous les hypothèses du théorème élémentaire.
Les fn sont continues par morceaux sur un segment, elles y sont donc bornées.
Mais (fn ) converge uniformément, et on sait dans ce cas que les fn sont uniformément bornées :

∃M ∈ R+ / ∀n ∈ N, ∀t ∈ [a, b], |fn (t)| � M

On récupère ainsi l’hypothèse de domination ( M converge) et on peut donc appliquer le théorème de


´b
a
Lebesgue.
Conclusion :
Quand le théorème élémentaire s’applique, le théorème de Lebesgue s’applique.

II. Fonctions définies par une intégrale


0e ) Position du problème
On envisage ici des fonctions se présentant sous la forme suivante :
ˆ
F (x) = f (x, t)dt
I

(Γ(x) en est un exemple)
On s’intéresse ici à la continuité de telles fonctions, et à la possibilité de les dériver sous le signe .
´

Les moyens mis en œuvre :


Fixons a, et envisageons le problème de la continuité de F en a :

lim F (x) =
? F (a)
x→a

Ou encore : ˆ ˆ
lim f (t, x)dt =
? f (t, a)
x→a I I

On est donc devant un problème de passage à la limite dans une intégrale, ce que Lebesgue nous a appris
à faire mais… avec une variable entière tendant vers +∞, pas avec une variable x tendant continûment
vers a.

Rappel : procédé de discrétisation

Soit f : A −→ F (A ⊂ E evn) et a ∈ Ā.


�Alors f�possède une limite � en a ssi, pour toute suite (xn ) de points de A convergeant vers a, la suite
f (xn ) converge vers �.

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1e ) Continuité des intégrales à paramètre


On se donne une fonction f : I × A −→ C où I est un intervalle de R, A une partie d’un evn E, et l’on veut
poser, pour x ∈ A, ˆ
F (x) = f (t, x)dt
I
Pour ce faire, on demande :
i) ∀x ∈ A, l’application t �−→ f (t, x) est continue par morceaux.
ˆ
ii) ∀x ∈ A, l’intégrale f (t, x)dt converge.
I ˆ
i) et ii) nous permettent de poser F (x) = f (t, x)dt ∀x ∈ A.
I
Soit a ∈ A, et soit (xn ) une suite de points de A convergeant vers a :
?
F (xn ) −−−→ F (a)
n→+∞
?
ˆ ˆ
i.e f (t, xn )dt −−−→ f (t, a)dt
I � �� � n→+∞ I
gn (t)
On va essayer d’appliquer le théorème de convergence dominée à gn .
1e) gn est continue par morceaux :
Oui (i)).
2 ) On voudrait qu’à t fixé,
e

gn (t) = f (t, xn ) −−−→ f (t, a)


n→+∞
Pour cela, on demande à f d’être continue par rapport à sa seconde variable.
3 ) La limite simple (ici la fonction t �−→ f (t, a)) est continue par morceaux :
e

Oui d’après i).


4 ) La domination :
e

On veut une fonction intégrable ϕ, indépendante de n, telle que


∀t ∈ I, ∀n ∈ N, |gn (t)| � ϕ(t)
i.e ∀t ∈ I, ∀n ∈ N, |f (t, xn )| � ϕ(t)
Il suffit pour cela de demander l’existence d’une fonction intégrable ϕ sur I, indépendante de x, telle
que :
∀t ∈ I ∀x ∈ A, |f (t, x)| � ϕ(t)
Notation
Si f est une fonction de la variable (t, x), alors :
• Pour x fixé, f (·, x) est la fonction de l’unique variable t.
• Pour t fixé, f (t, ·) est la fonction de l’unique variable x.

Théorème de continuité
Soient I un intervalle de R, A ⊂ E evn, et f : I × A −→ C.
On suppose :
1e) f (·, x) est continue par morceaux sur I pour tout x de A.
2e) f (t, ·) est continue sur A pour tout t ∈ I.

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3e) Il existe une fonction continue par morceaux et intégrable ϕ sur I telle que

∀(t, x) ∈ I × A, |f (t, x)| � ϕ(t)

On peut alors poser, pour x ∈ A, ˆ


F (x) = f (t, x)dt
I
et la fonction ainsi définie est continue sur A.

ex 1 : On pose, quand c’est possible,


+∞
e−xt
ˆ
F (x) = dt
0 1 + t2
+
À x fixé, la fonction intégrée est continue sur R .
En +∞ :
Si x < 0, la fonction intégrée ˆ tend vers +∞, l’intégrale diverge.
+∞
e−xt 1 dt
Si x > 0, 0 � � et converge.
1+t 2 t 2
1 t2
Donc :
DF = R+

Alors :
• ∀x ∈ R+ , f (·, x) est continue par morceaux.
• ∀t ∈ R+ , f (t, ·) est continue.
• ∀(t, x) ∈ R+ × R+ ,
� −xt �
� e �
|f (t, x)| = �� �
1 + t2 �
1
� intégrable indt de x
1 + t2
F est donc continue sur R+ .
ex 2 : On pose, quand c’est possible, pour x � 0,
+∞
sin t
ˆ
F (x) = dt
0 t2+ x2

• La fonction intégrée est continue sur R+ si x �= 0, sur R+∗ si x = 0.


� �
� sin t �
• � 2
� � � 1 , l’intégrale est toujours convergente à la borne +∞.
t + x � t2
2
• Pour x = 0 :
ˆ 1
sin t 1 dt
∼ � 0 et diverge.
t 0 t 0 t

Donc : DF = R+∗
sin t
• f (t, x) = est continue par morceaux par rapport à t et continue par rapport à x.
t2 + x 2

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• ∀t ∈ R+ , ∀x ∈ R+∗ , � �
� sin t �
|f (t, x)| = � 2
� �
t + x2 �
1

t2 + x2
1

t2
+∞
dt
ˆ
Mais diverge.
0 t2
Mais si on se limite à x ∈]a, +∞[ avec a > 0, il vient :
� �
� sin t � 1 t
� t2 + x2 � � t2 + a2 intégrable ind de x
� �

⇒ F est continue sur ]a, +∞[, et ce ∀a > 0, donc sur R+∗ .

2e ) Dérivation des intégrales à paramètres


Ici f : I × J −→ C où I et J sont deux intervalles de R.
On pose (si possible) : ˆ
∀x ∈ J, F (x) = f (t, x)dt
I
et on veut dériver F : pour ce faire, on fixe a ∈ J et on cherche

F (a + h) − F (a)
lim
h→0 h
F (a + h) − F (a) f (t, a + h) − f (t, a)
ˆ
= dt
h I h
et pour ce faire, on discrétise en prenant une suite de réels (hn ) tendant vers 0…

Théorème
Soit f : I × J −→ C où I et J sont deux intervalles de R.
On suppose :
• ∀x ∈ J, f (·, x) est continue par morceaux.
ˆ
• ∀x ∈ J, f (t, x)dt converge.
I
Ce qui permet de poser ˆ
∀x ∈ J, F (x) = f (t, x)dt
I
On suppose alors :
∂f
• existe en tout point de I × J.
∂x
∂f
• (·, x) est continue par morceaux ∀x ∈ J.
∂x
Hypothèse lourde :

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Il existe une fonction ϕ, indépendante de x, intégrable sur I, tq


� �
� ∂f �
∀(t, x) ∈ I × J, � (t, x)�� � ϕ(t)

∂x
Hypothèse inutile (!)
∂f
(t, ·) est continue ∀t.
∂x
Alors F est de classe C 1 sur J et peut être dérivée sous le signe :
´

∂f
ˆ
∀x ∈ J, F (x) =

(t, x)dt
I ∂x

Rq : Sans l’hypothèse inutile, F ne sera que dérivable au lieu d’être C 1 .


Elle est donc demandée si l’on veut F de classe C 1 .

3e ) Exemples
+∞
e−xt
ˆ
ex 1 : Retour à F (x) = dt.
0 1 + t2
On a vu que F était continue sur R+ .
On pose :  +
 R × R+ −→ R
f: e−tx
 (t, x) �−→
1 + t2
∂f ∂f −te−tx
Évidemment, existe en tout point de R+ × R+ , (t, x) = , fonction qui est continue par
∂x ∂x 1 + t2
morceaux selon t, et continue selon x.
Mais : � �
� ∂f �
� (t, x)� � t qui n’est pas sommable sur R+ !
� ∂x � 1 + t2
Limitons-nous à x ∈]a, +∞[ avec a > 0.
� �
� ∂f � t
∀(t, x) ∈ R+ ×]a, +∞[, �� (t, x)�� � e−at � e−at intégrable sur R+ et indt de x
∂x 1 + t2
ˆ
On en déduit F est de classe C 1 et peut être dérivée sous le signe sur ]a, +∞[ et ce ∀a > 0.
⇒ F est C 1 sur R+∗ , et :
+∞
−te−xt
ˆ
+∗
∀x ∈ R , F (x) =

dt
0 1 + t2
ex 2 : On pose, quand c’est possible, ˆ +∞
2
F (x) = e−t cos(2tx)dt
0
On posera : ®
R+ × R −→ R
f: 2
(t, x) �−→ e−t cos(2tx)
• ∀x ∈ R, f (·, x) est continue par morceaux.
2 2
• |e−t cos(2tx)| � e−t d’intégrale convergente.

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⇒ F (x) existe ∀x ∈ R.
∂f
• existe en tout point de R+ × R,
∂x
∂f 2
(t, x) = −2te−t sin(2tx)
∂x
Et cette fonction est continue par morceaux selon t, continue selon x.
� �
� ∂f � 2
• � (t, x)�� � 2te−t intégrable sur R+ indt de x.

∂x
ˆ
1
F est de classe C et peut-être dérivée sous le signe :

ˆ +∞
2
∀x ∈ R, F (x) =�
−2te−t sin(2tx)dt
0

On va intégrer ce machin par parties : attention, après avoir dérivé par rapport à x, les dérivations ici
se font par rapport à t.
Alors :
î 2 ó+∞ ˆ +∞ 2
F � (x) = e−t sin(2tx) − e−t 2x cos(2tx)dt
0 0

(Le crochet a bien un sens, cela valide l’intégration par parties.)


Finalement,
F � (x) = −2xF (x)

Équadiff linéaire du 1er ordre :


2
F (x) = ce−x
+∞ √
π
ˆ
−t2
Or F (0) = e dt = .
9 2
+∞ √
π −x2
ˆ
−t2
e cos(2tx)dt = e
0 2

ex 3 : L’intégrale de Gauss.
On pose, pour x ∈ R,

1 2 2
e−x (1+t ) x
ˆ ˆ
2
F (x) = dt G(x) = e−t dt
0 1 + t2 0

2
G est de classe C 1 sur R et ∀x ∈ R, G� (x) = e−x .
Soit : 
 [0, 1] × R −→ R
f: 2 2
e−x (1+t )
 (t, x) �−→
1 + t2
• f est continue par morceaux selon t.
ˆ 1
• f (t, x)dt converge ∀x ∈ R (elle est propre).
0

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∂f
• existe en tout point de [0, 1] × R,
∂x
∂f 2 2
(t, x) = −2xe−x (1+t ) est continue par morceaux selon t, continue selon x
∂x
� �
� ∂f �
� (t, x)� � 2|x|e−x2 fonction bornée sur R
� ∂x �
� M intégrable sur [0, 1]
ˆ
1
Alors F est de classe C et peut se dériver sous le signe :

ˆ 1
2 (1+t2 )
F � (x) = −2xe−x dt
0
ˆ 1
−x2 2 t2
= −2xe e−x dt u = xt
0
ˆ x
2 2
= −2e−x e−u du
0

= −2G� (x)G(x)

⇒ ∃c ∈ R/ ∀x,
F (x) = c − G2 (x)
Pour x = 0,
1
dt π
ˆ
F (0) = = G(0) = 0
0 1+t 2 4
⇒ ∀x,
π
F (x) = − G2 (x) (�)
4
Mais,
1 2 2
e−x (1+t )
ˆ
2
0 � F (x) = dt � e−x −−−→ 0
0 1+t 2 x→+∞
ˆ +∞
2
Et lim G(x) = ‘e−t dt.
x→+∞ 0
x −→ +∞ dans (�) et il vient :
ň +∞ ã2
2 π
e−t dt =
0 4

+∞ √
π
ˆ
−t2
e dt =
0 2

ex 4 : On considère un rectangle du plan [a, b] × [c, d] et f : [a, b] × [c, d] −→ C continue.


Il s’agit de prouver la formule de Fubini :
ˆ b Lj d å ˆ d Lj b å
f (x, y)dy dx = f (x, y)dx dy
a c c a

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f étant continue sur le compact [a, b] × [c, d], elle y est bornée.


Soit M ∈ R+ tel que :
∀(u, v) ∈ [a, b] × [c, d], |f (u, v)| � M
Posons, pour x ∈ [a, b] : Lj å
ˆ x d
F (x) = f (u, v)dv du
a c
� �� �
g(u)

La domination |f (u, v)| � M ainsi que la continuité de f donnent la continuité de g (théorème de


continuité).
Mais : ˆ x
F (x) = g(u)du
a
Et g est continue, donc F est dérivable, et :
ˆ d
∀ ∈ [a, b], F (x) = g(x) =

f (x, v)dv
c

Posons : ˆ d ň x ã
G(x) = f (u, v)du dv
c a
ˆ
Dériver G, c’est dériver sous le signe : on vérifie les hypothèses du théorème.





dÅ x ã

ˆ ˆ
Alors G (x) =

f (u, v)du dv.
c ∂x a
ˆ d
⇒ G (x) =

f (x, v)dv
c

Donc F � = G� .
Mais F (a) = G(a) = 0.
⇒ F =G
⇒ F (b) = G(b)

4e ) Étude de la fonction Γ
On a vu que :
ˆ +∞
• ∀x > 0, Γ(x) = e−t tx−1 dt
0
• ∀x > 0, Γ(x + 1) = xΓ(x)
• ∀n ∈ N, Γ(n + 1) = n!
Å ã ˆ +∞
1 2 √
• Γ =2 e−u du = π
2 0

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Posons : ß
]0, +∞[×]0, +∞[ −→ R
f:
(t, x) �−→ e−t tx−1
∂f
existe en tout point de R+∗ × R+∗ et :
∂x
∂f
(t, x) = e−t ln t tx−1
∂x
est continue par morceaux selon t et continue selon x.
Domination :
On se limite à x ∈]a, A[ avec 0 < a < A < +∞.
Pour t ∈]0, 1], � �
� ∂f �
� (t, x)� = e−t | ln t|tx−1
� ∂x �
� | ln t|tx−1
| ln t|
� | ln t|ta−1 =
t1−a
Si δ ∈]1 − a, 1[,
| ln t|
tδ = tδ−(1−a) | ln t| −−−→ 0
t1−a t→0
⇒ Pour t assez petit,
ˆ 1
| ln t| 1 dt
0� � et converge
t1−a tδ 0 t
δ
ˆ 1
| ln t|
⇒ 1−a
dt converge.
0 t
Pour t ∈]1, +∞[, � �
� ∂f �
� (t, x)� � e−t ln t tA−1
� ∂x �
Pour t assez grand,
1
0 � e−t ln t tA−1 �
t2
ˆ +∞
⇒ e−t ln t tA−1 dt converge.
1
Récapitulons :

| ln t|
 1−a si 0 < t � 1

Posons ϕ(t) = t .

 −t
e ln t t A−1
si t > 1
ˆ +∞
+∗
ϕ est continue par morceaux sur R et ϕ converge.
0
Enfin, � �
+∗
� ∂f �
∀(t, x) ∈ R ×]a, A[, � (t, x)�� � ϕ(t)

∂x
ˆ
Γ est de classe C 1 sur ]a, A[ et peut y être dérivée sous signe , et ce ∀a, A…

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Γ est de classe C 1 sur R+∗ et ∀x > 0,


ˆ +∞
Γ� (x) = e−t ln t tx−1 dt
0

Observons que les majorations effectuées avec ln t marchent sans modification avec | ln t|p .
ˆ 1 ˆ +∞
| ln t|p
En effet, les intégrales 1−a
dt et e−t (ln t)p tA−1 dt convergent.
0 t 1 ˆ
Bref, on peut dériver Γ à tout ordre sous le signe :

Γ est de classe C ∞ sur R+∗ et ∀x > 0, ∀p ∈ N,


ˆ +∞
Γ(p) (x) = e−t (ln t)p tx−1 dt
0

En particulière, Γ�� � 0, Γ est convexe.

0 1 c 2 +∞
�� +

Γ� 0

Γ� − 0 +
+∞
Γ

Γ(1) = Γ(2) = 1 ⇒ ∃c ∈]1, 2[/ Γ� (x) = 0 (Rolle.)

Γ croît sur ]c, +∞[, donc possède une limite en +∞.

∀n ∈ N, Γ(n + 1) = n! −−−→ +∞
n→+∞

lim Γ(x) = +∞
x→+∞

Pour x > 0,
Γ(x + 1) Γ(1)
Γ(x) = ∼ (Γ continue en 1)
x x→0 x

1
Γ(x) ∼
0+ x

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MP Intégrales dépendant d’un paramètre

Compléments
ˆ +∞
1e) On peut prouver que Γ (1) =

e−t ln tdt = −γ (γ cste d’Euler).
0
Donc, au voisinage de 0,
Γ(x + 1)
Γ(x) =
x
Γ(1) + xΓ� (1) + o(x)
=
x
1
= − γ + o(1)
x
1
Γ(x) = − γ + o(1)
0+ x

2e) Γ est logarithmiquement convexe i.e ln Γ est convexe.


En effet : ň +∞ ã2
� � �2
Γ (x) = e ln t t dt
−t x−1
0
ň +∞ ã2
x−1 x−1
= e − 2t
t 2 ln t e − 2t
t 2 dt
0
Mais (Cauchy-Schwarz) :
ň ã2 ˆ ˆ
2
fg � f × g2

� �2
ˆ +∞ Ä x−1 ä2 ˆ +∞ Ä x−1 ä2
Γ (x) e − 2t
dt × e− 2 ln t t dt
t
⇒ �
� t 2 2
0 0

� Γ(x)Γ�� (x)
⇒ Γ�2 � ΓΓ��
Γ�� Γ − Γ�2
Donc (ln Γ)�� = � 0.
Γ2

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Chapitre 18 Mathématiques

3e) Stirling :
� x �x √
Γ(x + 1) ∼ 2πx
x→+∞ e

4e) Formule des compléments


π
∀x ∈]0, 1[, Γ(x)Γ(1 − x) =
sin πx

III. Intégration terme à terme des séries des fonctions


Théorème

Soit un une série de fonctions de I dans K.
On suppose :
1e) ∀n, un est continue par morceaux.

2e) un converge simplement sur I.
+∞

3e) La fonction S : x �−→ un (x) est continue par morceaux sur I.
n=0
ˆ
4e) ∀n, |un | converge.
I

ˆ
� 5e) |un | converge.
I
Alors S est intégrable sur I et
ˆ Ç +∞

å +∞

ˆ
un (t) dt = un (t)dt
I n=0 n=0 I

ˆ
1
Rq : Le résultat de l’intégration terme à terme donne S(t)dt sous forme d’une série qui n’est pas celle qui
I
doit converger pour assurer l’hypothèse 5e).
(sauf dans le cas où les un sont positifs)
ˆ
Rq2 : Le théorème donne S sous forme d’une série absolument convergente.
I

ˆ
3
Rq : Il s’agit de la copie conforme du théorème de Fubini, si l’on remplace par .

+∞
t
ˆ
ex 1 : Calcul de I = dt
0 et −1
t
En 0 : −−−→ 1 Faux problème.
et − 1 t→0 Å ã
t 1
En +∞ : t =O 2 .
e −1 t
L’intégrale I converge.

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MP Intégrales dépendant d’un paramètre

On écrit :
+∞
te−t
ˆ
I= dt
0 1 − e−t
ˆ +∞ +∞

= te−t e−nt dt (car 0 < e−t < 1 pour t > 0)
0 n=0
ˆ +∞ Å +∞

ã
= � �� � dt
te −(n+1)t
0 n=0 un (t)

• Les un sont continues sur R+∗ .


� t
• un converge simplement sur R+∗ vers t �−→ t qui est continue sur R+∗ .
e −1
ˆ +∞
• Pour n � 0, |te−(n+1)t |dt converge.
0
+∞ +∞
ñ ô+∞ +∞
e−(n+1)t 1 1
ˆ ˆ ˆ
• |un | = te −(n+1)t
dt = −t + e−(n+1)t dt =
0 0 n+1 0
n+1 0 (n + 1)2

ˆ +∞
Finalement, |un | converge, on peut intégrer terme à terme.
0

+∞
� +∞
ˆ
I= un
n=0 0
+∞
� 1
=
n=0
(n + 1)2

π2
I=
6
ex 2 : On pose, quand c’est possible :
+∞
sin t
ˆ
I(x) = e−xt dt pour x > 0
0 t
sin t
En 0 : e−xt −−−→ 1, il y a un faux problème.
t t→0 Å ã
−xt sin t 1
En +∞ : e =O 2 .
t t
⇒ I(x) existe pour x > 0
On peut envisager deux méthodes pour calculer I(x) :
1e) Le calcul de I � (x).
2e) On écrit :
+∞ +∞
� t2n
ˆ
I(x) = e−xt dt
(−1)n
0 n=0
(2n + 1)!
ˆ +∞ Ç +∞ 2n −xt
å
n t e

= (−1) dt
0 n=0
(2n + 1)!

• Les un sont continues sur R+∗ .

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Chapitre 18 Mathématiques

� sin t
• un converge simplement sur R+∗ vers t �−→ e−xt qui est continues sur R+∗ .
t
ˆ +∞
• |un | converge ∀n � 0.
0
+∞ +∞
1
ˆ ˆ
|un | = t2n e−xt dt
0 (2n + 1)! 0
+∞
1 1 v 2n −v
ˆ
v = xt = e dv
(2n + 1)! x 0 x2n
1 1
= Γ(2n + 1)
(2n + 1)! x 2n+1

1
= série convergente pour x > 1
(2n + 1)x2n+1
On peut donc intégrer terme à terme pour x > 1, et ∀x > 1,
+∞
� +∞
ˆ
I(x) = un
n=0 0
+∞
� 1
= (−1)n
n=0
(2n + 1)x2n+1
1
= arctan
x
ex 3 : On pose, quand c’est possible,
+∞
� 1
pour t � 0, f (t) =
n=1
n3 + t3
On pose, ∀t � 0,
1
un (t) =
n3 + t3
1
∀t � 0, |un (t) �
, ce qui assure la convergence de la série définissant f (t) ;
n3 �
Cela prouve aussi que la série un converge normalement sur R+ , les un sont continues, donc f est
continue sur R+ .
ˆ +∞
f (t)dt est-elle convergente ?
0 ˆ +∞
Évidemment, ∀n, |un | converge et :
0
+∞ +∞
dt
ˆ ˆ
|un | =
0 0 n3 + t 3
+∞
1 dt t
ˆ
= 3 u=
n 0 n3 + t 3 n
+∞
1 du
ˆ
=
0n2 1 + u3
ˆ +∞
λ du
= 2 avec λ =
n 0 1 + u3

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MP Intégrales dépendant d’un paramètre


ˆ +∞
Bref, |un | converge.
0
ˆ +∞
Alors, f converge et :
0
ˆ +∞ +∞
� +∞
ˆ
f (t)dt = un
0 n=1 0
+∞
� 1

n=1
n2

π2

6
Rq : Une petite ruse pour calculer λ :

+∞
du 1
ˆ
λ= t=
0 1 + u3 u
ˆ +∞ dt
t2
= 1
0 1+ t3
+∞
tdt
ˆ
=
0 1 + t3
+∞
udu
ˆ
=
0 1 + u2

+∞
1+u
ˆ
⇒ 2λ = du
0 1 + u3
+∞
du
ˆ
=
0 u2 + u + 1
+∞
du
ˆ
= � �
1 2 3
0 u− 1 + 4
� �+∞
2 u− 1
= √ arctan √ 2
3 3
2 0

2 π 2 3
=√ + √ arctan
3 2 3
3 � �� �
π
6

� tn
ex 4 : Soit la série entière (−1)n .
ln n
� (−1)n
Son rdc vaut 1, et la série converge pour t = 1 car converge (théorème des séries alternées).
ln n
La somme S(t) de cette série converge pour 0 � t � 1.
Le cours sur les séries entières nous dit que S est continue sur [0, 1[.
tn
Si l’on pose un (t) = (−1)n .
ln n

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Chapitre 18 Mathématiques

Ici, puisque |un (t)| � , le théorème des séries alternées nous dit :
n0
� �
� +∞ k �
� � k t � tn+1
� (−1) ��

k=n+1
ln k � ln(n + 1)
1 indt de t
� −−−−→ 0
ln(n + 1)

La convergence de un est uniforme sur [0, 1], les un sont continues en 1, donc S est continue en 1.
ˆ 1
Donc S(t)dt existe sans problème, c’est une intégrale propre.
0
Peut-on la calculer en intégrant terme à terme ?
1 1
tn
ˆ ˆ
|un | = dt
0 0 ln n
1
=
(n + 1) ln n
1
∼ �0
n ln n
� 1
Et diverge.
n ln n
Le théorème ne s’applique pas. �
Mais les un sont continues sur [0, 1] et la convergence de un y est uniforme.
⇒ Le théorème élémentaire d’intégration terme à terme s’applique et on peut écrire :
1 +∞
� (−1)n
ˆ
S(t)dt =
0 n=2
(n + 1) ln n

Conclusion : contrairement à ce qu’il se passe pour les suites de fonctions où Lebesgue entrainait élé-
mentaire, ici ce n’est plus le cas.

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IV. Complément
Il s’agit de dériver à l’ordre p ∈ N∗ sous le signe .
´

Théorème
Soient I et J deux intervalles de R, et f : I × J −→ K.
On suppose :
1e) ∀x ∈ J, f (·, x) est continue par morceaux et d’intégrale convergente sur I.
On peut alors poser, pour x ∈ J, ˆ
F (x) = f (t, x)dt
I
2e) On suppose que f possède des dérivées par rapport à x jusqu’à l’ordre p ∈ N∗ inclus en tout point
de I × J.
∂kf
3e) ∀k ∈ �1, p�, est continue par morceaux selon t et continue selon x.
∂xk
4e) ∀k ∈ �1, p�, ∃ϕk sommable sur I telle que :
� �
� ∂kf �
� �
∀(t, x) ∈ I × J, � k (t, x)� � ϕk (t)
� ∂x �

Alors F est de classe C p sur I et ∀k ∈ �0, p�, ∀x ∈ J,

∂kf
ˆ
F (k) (x) = (t, x)dt
I ∂xk

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