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Mathématiques Fondamentales I

Ph. Charton

7 novembre 2011
Chapitre 4

Applications linéaires

Après avoir étudié au chapitre précédent, les espaces vectoriels, nous allons nous interréssé dans ce
chapitre aux applications linéaires, c’est à dire les applications entre espaces vectoriels, conservant l’addition
et la loi externe. Nous étudirons tout particulièrement les applications linéaires entre espaces vectoriels de
dimension finie.
Cette étude sera prolongée par celle des matrices au second semestre.
Dans ce chapitre, K désigne un corps commutatif.

4.1 Généralités
4.1.1 Définitions
Définition 41 Soit E et F deux K-ev ; une application f : E → F est dite linéaire (ou est un morphisme
de K-ev ) lorsque :
1. ∀(x,y) ∈ E 2 ,f (x + y) = f (x) + f (y) et
2. ∀λ ∈ K,∀x ∈ E,f (λx) = λf (x).
On note L(E,F ) l’ensemble des applications linéaires de E dans F .

Définition 42 Soit E un K-ev, f : E → E une application. On dit que f est un endomorphisme de E


lorsque f est linéaire.
On note L(E) l’ensemble des endomorphismes de E.

remarques :
– On a donc L(E,E) = L(E).
– Pour toute application linéaire f , on a f (0) = 0 car f (0) = f (0 + 0) = f (0) + f (0)

Définition 43 1. Soit E et F deux K-ev f : E → F une application. On dit que f est un isomor-
phisme de E sur F lorsque f est linéaire et bijective.
2. Soit E un K-ev f : E → E une application. On dit que f est un automorphisme de E lorsque f
esst linéaire et bijective.
On note GL(E) l’ensemble des automorphismes de E.

Définition 44 Soit E un K-ev. On appelle forme linéaire sur E toute application linéaire ϕ de E dans
K. On note E ∗ l’ensemble des formes linéaires sur E ; E ∗ est appelé le dual de E.

On a donc E ∗ = L(E,K).

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24 CHAPITRE 4. APPLICATIONS LINÉAIRES

4.1.2 Propriétés
Proposition 42 Soit E et F deux K-ev, f : E → F une application ; f est linéaire si et seulement si
∀λ ∈ K,∀(x,y) ∈ E 2 ,f (λx + y) = λf (x) + f (y)

Proposition 43 Soit E et F deux K-ev, f ∈ L(E,F ). On a, pour tous n ∈ N∗ , (λ1 ,...,λn ) ∈ K n ,(x1 ,...,xn ) ∈
En : � n �
� n

f λi xi = λi f (xi )
i=1 i=1

Corollaire 4 Soit E un K-ev de dimension finie, F un K-ev, B = (e1 ,...,en ) une base de E, f ∈ L(E,F ),
n

x ∈ E, (x1 ,...,xn ) les composantes de x dans la base B (c’est à dire : x = xi ei ). On a alors f (x) =
i=1
n

xi f (ei ).
i=1

Exemple 9
Homothéties Soit E un K-ev, pour tout α de K, on appelle homothétie vectorielle de rapport α
l’application de E dans E hα : x �→ αx. En particulier h0 = 0 et h1 = IdE .
Projecteurs Soit E un K-ev, F et G deux sev de E supplémentaires dans E : E = F ⊕ G.

∀x ∈ E,∃!(x� ,x�� ) ∈ F × G,x = x� + x��


L’application de E dans E p : x �→ x� est un endomorphisme de E appelée projecteur sur F
parallèlement à G
L’application de E dans E q : x �→ x�� est le projecteur sur G parallèlement à F . On a donc ∀x ∈
E,q(x) = x − p(x) que l’on peut écrire : q = IdE − p.
Symétries Soit E un K-ev, F et G deux sev de E supplémentaires dans E : E = F ⊕G. Soit p le projecteur
sur F parallèlement à G. L’application de E dans E s = IdE − 2p est appelé symétrie par rapport
à F parallèlement à G.
i : F →E
Injection canonique Soit E un K-ev, F un sev de E. L’injection canonique F,E est
x �→ x
linéaire.
Projections canoniques Soit n ∈ N∗ , E1 ,...,En des K-ev. Pour chaque i de {1,...,n} la ieme projection
canonique est linéaire.

4.1.3 Noyau, Image


Proposition 44 Soit E et F deux K-ev, f ∈ L(E,F ).
1. Pour tout sev F1 de F , l’image récirpoque f −1 (F1 ) est un sev de E.
2. Pour tout sev E1 de E, l’image directer f (E1 ) est un sev de F.

Définition 45 Soit E et F deux K-ev, f ∈ L(E,F ).


On appelle noyau de f , et on note Ker(f ), le sev défini par :
Ker(f) = f −1 ({0}) = {x ∈ E : f (x) = 0}.
On appelle image de f , et on note Im(f ), le sev de F défini par :
Im(f ) = f (E) = {y ∈ F ; ∃x ∈ E,y = f (x)}.

Proposition 45 Soit E et F deux K-ev, f ∈ L(E,F ).


f est injective si et seulement si Ker(f ) = {0}.
f est surjective si et seulement si Im(f ) = F .

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4.2. OPÉRATIONS SUR LES APPLICATIONS LINÉAIRES 25

4.1.4 Applications linéaires et familles de vecteurs


– E,F désignent deux K-ev
– f ∈ L(E,F )
– F = (x1 ,...,xn ) est une famille finie d’éléments de E.

Proposition 46 f (Vect(F)) = Vect(f (F))

Corollaire 5 si f est surjective, et si F engendre E, alors f (F) engendre F .

Proposition 47 1. si F est liée, alors f (F) est liée.


2. si f (F) est libre, alors F est libre.

Proposition 48 Si f est injective et F libre, alors f (F) est libre.

Proposition 49 Si E est de dimension finie, les propriétés suivantes sont équivalentes :


1. f est bijective
2. Pour toute base B de E, f (B) est une base de F
3. Il existe une base B de E telle que f (B) soit une base de F .

4.2 Opérations sur les applications linéaires


4.2.1 L’espace vectoriel L(E,F )
Proposition 50 L(E,F ) est un K-ev pour les lois usuelles.

Rappelons que les lois usuelles sur F E sont définies par :


– ∀(f,g) ∈ (E X )2 ,∀x ∈ X,(f + g)(x) = f (x) + g(x)
– ∀λ ∈ K,∀f ∈ E X ,∀x ∈ X,(λf )(x) = λf (x)

4.2.2 Composition
Proposition 51 Soit E, F et G trois K-ev. On a :

∀f ∈ L(E,F ),∀g ∈ L(F,G),g ◦ f ∈ L(E,G)

Proposition 52 Soit E, F et G trois K-ev. On a :


1. ∀f1 ,f2 ∈ L(E,F ),∀g ∈ L(F,G),g ◦ (f1 + f2 ) = g ◦ f1 + g ◦ f2
2. ∀f ∈ L(E,F ),∀g1 ,g2 ∈ L(F,G),(g1 + g2 ) ◦ f = g1 ◦ f + g2 ◦ f
3. ∀α ∈ K,∀f ∈ L(E,F ),∀g ∈ L(E,F ),(αg) ◦ f = g ◦ (αf ) = α(g ◦ f )

Proposition 53 Soit E et F deux K-ev , f ∈ L(E,F ). Si f est un isomorphisme de E sur F , alors f −1


est un isomorphisme de F sur E.

Définition 46 Deux K-ev E et F sont dits isomorphes lorsqu’il existe un isomorphisme de K-ev de E
sur F .

Proposition 54 1. Soit E et F deux K-ev de dimension finie.E et F sont isomorphes si et seulement


si dim(E) = dim(F )
2. Soit n ∈ N ∗ . tout K-ev de dimension finie n est isomorphe à K n .

Définition 47 Un endomorphisme f d’un K-ev E est dit nilpotent lorsqu’il existe p ∈ N∗ tel que f p = 0.

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26 CHAPITRE 4. APPLICATIONS LINÉAIRES

Proposition 55 1. Soit F et G deux sev de E supplémentaires dans E, p le projecteur sur F pa-


rallèlement à G. On a : p ◦ p = p, Im(p) = F , Ker(p) = G.
2. Réciproquement, si p ∈ L(E) est tel que p ◦ p = p, alors Im(p) et Ker(p) sont deux sev de E
supplémentaires dans E, et p est le projecteur sur Im(p) parallèlement à Ker(p).
De plus, pour tout x ∈ E : x = p(x) + (x − p(x)), p(x) ∈ Im(p), x − p(x) ∈ Ker(p).

Demonstration en TD

Proposition 56 Soit E un K-ev. L’ensemble GL(E) des automorphismes de E est un groupe pour ◦,
appelé groupe linéaire de E.

4.3 Cas de la dimension finie


E et F sont deux K-ev de dimension finie.

Définition 48 soit f ∈ L(E,F ); On appelle rang de f , et on note rg(f ), l’entier naturel défini par :
rg(f ) = dim((Im(f )).

Théorème 5 (Théorème du rang) Soit f ∈ L(E,F ), on a : rg(f ) = dim(E) − dim(Ker(f )).

Proposition 57 Soit f ∈ L(E,F ), on a :


1. f est injective ⇐⇒ rg(f ) = dim(E)
2. f est surjective ⇐⇒ rg(f ) = dim(F )

Théorème 6 Soit f ∈ L(E), les propriétés suivantes sont équivalentes :


1. f est inversible pour ◦ dans L(E)
2. f est injectif
3. f est surjectif
4. f est bijectif.

Proposition 58 L(E,F ) est de dimension finie et : dim(L(E,F )) = dim(E) · dim(F ).

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