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Calcul différentiel

Niveau : MP-MP*

EL AMDAOUI MUSTAPHA
Email: elamdaoui@gmail.com
www.elamdaoui.com
Table des matières

I Différentielle d’une fonction 1


I.1 Différentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
I.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

II Dérivées partielles 9
II.1 Dérivation selon un vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
II.2 Dérivées partielles dans une base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
II.3 Différentiabilité et dérivées partielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
II.4 Matrice Jacobienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

III Fonctions de classe C 1 18


III.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
III.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
III.3 Formule d’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

IV Dérivées d’ordres supérieurs 26


IV.1 Dérivées d’ordres supérieurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
IV.2 Théorème de Schwarz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
IV.3 Développement de Taylor-Young d’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 34
IV.4 Applications aux extrema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

V Cas des fonctions numériques 40


V.1 Gradient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
V.2 Vecteurs tangents à une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
V.3 Ligne de niveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
I DIFFÉRENTIELLE D’UNE FONCTION 1

– Dans ce chapitre les R-espaces vectoriels considérés E , F , G ... sont de dimen-


sions finies non nulles.
– On pose dimE = n, dimF = p et dim G = q
– B = ( e 1 , . . . , e n ) une base de E et C = (ε1 , . . . , ε p ) une base de F .
– U ⊂ E un ouvert non vide et f : U → F une application
Xn
– Pour x = x i e i on identifie f ( x) et f ( x1 , · · · , xn ).
i =1
– f 1 , · · · , f p les fonctions coordonnées de f dans la base C = (ε1 , . . . , ε p ).

I. Différentielle d’une fonction


I.1. Différentielle
Définition: Différentielle en un point
1. On dit que f est différentiable en a ∈ U s’il existe une application linéaire
` de E vers F et ε une application de E dans F continue et nulle en 0 telles
que : ∀ h ∈ E tel que a + h ∈ U on a

f ( a + h) = f (a) + `( h) + k h k ε( h)
h→0E

Dans ce cas, l’application ` est unique et s’appelle la différentielle de f en


a ou encore l’application linéaire tangente à f en a et on la note d f (a)
2. On dit que f est différentiable sur U si elle est différentiable en tout point
de U . Dans ce cas, l’application d f : x ∈ U 7→ d f ( x) ∈ L (E, F ) s’appelle la
différentielle de f sur U .

Preuve :
On montre l’unicité de l’application `. Supposons qu’il existe `1 et `2 ∈ L (E, F) tels
que 
 f (a + h) = f (a) + ` (h) + ◦ (h) (1)
1
 f (a + h) = f (a) + ` (h) + ◦ (h) (2)
2

Soit u = `1 − `2 , alors par différence (1) − (2), on a u(h) = ◦ (h).


1 x u(x) u(h n )
Soit x ∈ E \{0}, on pose h n = −−−−−→ 0, donc = −−−−−→ 0, donc u(x) = 0.
n k xk n→+∞ k xk k h n k n→+∞
L’application u est linéaire donc u(0) = 0 et, par suite, l’application u est nulle

 Notation
On écrit souvent o( h) ou ◦ (k h k) pour k h k ε( h).

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 Vocabulaire
Toute écriture :

f ( a + h ) = f ( a ) + `( h ) + ◦ ( h ) quand h → 0 avec ` ∈ L (E, F ).

est appelée développement limité à l’ordre 1 de f en a

 Attention
d f (a) est une application linéaire de E à valeurs dans F et non un vecteur de
F

Exemple 1
Si l’application f est constante sur U alors f est différentiable sur U et on a ∀a ∈
E, d f (a) = 0.

Solution
Soit a ∈ U et h ∈ E tel que a + h ∈ E, on a

f (a + h) = f (a)

On prend ` = 0 et ε = 0. Ainsi f est différentiable en a et d f (a) = 0

Exemple 2
On suppose que E est euclidien. Étudions la différentiabilité sur E de l’application

f (x) = k xk22

Solution
Soit x ∈ E. Pour tout h ∈ E, on a :

f (x + h) = k x + hk22
= k xk22 + 2 < x, h > +k hk22

L’application h 7−→ 2 < x, h > est linéaire. En outre pour tout h de E tel que k h k22 É
ε k h k2 , donc k h k22 = ◦ (k h k2 ). Donc

f (x + h) = f (x) + 2 < x, h > + ◦ (h)

Ainsi f est différentiable en x et d f (x) : h 7−→ 2 < x, h >

Exemple 3
On note E = Mn (K).
On cherche les différentielles de f 2 : A 7−→ A 2

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I DIFFÉRENTIELLE D’UNE FONCTION 3

Solution
Soit A ∈ Mn (K) ., alors pour H ∈ Mn (K),

f (A + H) = (A + H)2 = A 2 + AH + H A + H 2
= f (A) + ` (H) + H 2

Où ` est linéaire continue.


° H ° É k H k2 . Donc pour
° 2°
On munit E d’une norme d’algèbre. Alors ∀ H ∈ Mn (K) ,
k H k É ε, on a ° H 2 ° É ε k H k. Donc H 2 = ◦ (H).
° °

Donc f est différentiable en A et d f (a) : H 7−→ AH + H A

Propriété 1: Différentielle d’une application linéaire


Si f : U ⊂ E −→ F est la restriction d’une application linéaire alors elle est
différentiable sur U et on a

∀a ∈ U, d f ( a) = f

Preuve :
Soit a, h ∈ E, alors f (a + h) = f (a) + f (h). Quand h → 0, f (a + h) = f (a) + u(h) + ◦ (h)
avec u = f linéaire. Ainsi f est différentiable en a et d f (a) = f .

Exemple 4
1. Pour tout i ∈ [[1, n]], l’application


 E −→ R
∗ n
ei : X
 x=
 xk 7−→ xi
k=1

est différentiable, car elle est linéaire


2. Pour tout (k, `) ∈ [[1, n]] × [[1, p]]. L’application

M (K) −→ K
(
E ∗k,` : ¡ n,p ¢
a i, j 1ÉiÉn 7−→ a k,`
1É j É p

est différentiable, car elle est linéaire

 Remarque : Bases duales


1. La famille B ∗ = e∗1 , · · · , e∗n est une base de E ∗ = L (E, R) dite la base duale
¡ ¢

de B = ( e 1 , · · · , e n ) et on a

e∗i e j = δ i, j
¡ ¢
∀ i, j ∈ [[1, n]] ,

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I DIFFÉRENTIELLE D’UNE FONCTION 4

³ ´
2. La famille B ∗ = E ∗i, j 1É iÉn est une base de Mn,p (K)∗ = L Mn,p (K) , K dite
¡ ¢

¡ 1É jÉ p¢
la base duale de B = E i, j 1É iÉn et on a
1É j É p

∀ i, k ∈ [[1, n]] , j, ` ∈ [[1, p]] , E ∗i, j E k,` = δ i,k .δ j,`


¡ ¢

Propriété 2: E = R
Soit f : U ⊂ R −→ F et a ∈ U . Alors les assertions suivantes équivalentes
1. f est différentiable en a
2. f est dérivable en a.
Si l’une des assertions précédentes est vérifiée, alors

∀ h ∈ R, d f (a)( h) = h f 0 (a)

En particulier, d f (a)(1) = f 0 (a).

Preuve :
1) ⇐ 2) Si f dérivable en a. Alors

f (a + h) = f (a) + h. f 0 (a) + o(h) = f (a) + u(h) + o(h)

avec u : h 7−→ h. f 0 (a), linéaire. Par suite f est différentiable en a et d f (a) : h 7−→
h. f 0 (a).
1) ⇒ 2) Supposons f différentiable en a. Donc

f (a + h) = f (a) + d f (a)(h) + o(h)


= f (a) + hd f (a)(1) + o(h)

Car d f (a) est linéaire et h ∈ R. Ainsi f est dérivable en a et f 0 (a) = d f (a)(1).

I.2. Propriétés
I.2.1. Différentiabilité et continuité

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Propriété 3
1. Si f est différentiable en a alors f est continue en a.
2. Si f est différentiable sur U alors f est continue sur U .

Preuve :
1. Quand h → 0, f (a + h) = f (a) + d f (a)(h) + ◦ (h) −−−→ f (a) car l’application linéaire
h →0
d f (a) est continue puisqu’au départ d’un espace de dimension finie.
2. f est différentiable en tout point de U

I.2.2. Opérations algébriques

Propriété 4: Opérations algébriques


Soit f , g : U → F différentiables en a ( resp sur U ). Alors : ∀λ ∈ R, λ f + g est
différentiable en a ( resp sur U ) et on a

d(λ f + g)(a) = λd f (a) + d g(a)

Preuve :
Soit h ∈ E tel que a + h ∈ U. On a

(λ f + g) (a + h) = λ f (a + h) + g(a + h)
= λ f (a) + λd f (a)(h) + g(a) + dg(a)(h) + ◦ (k hk)
= (λ f + g) (a) + (λd f (a) + dg(a)) (h) + ◦ (k hk)

avec λd f (a) + dg(a) ∈ L (E, F). Par suite λ f + g est différentiable en a et

d(λ f + g)(a) = λd f (a) + dg(a)

Corollaire
L’ensemble des fonctions différentiables de U vers F constitue un sous-
espace vectoriel de F (U, F )

Propriété 5
Soient f : U ⊂ E −→ F , g : U ⊂ E −→ G et B : F × G −→ H bilinéaire.
Si f et g sont différentiables en a ( resp sur U ) alors B( f , g) l’est aussi et pour
tout h ∈ E , on a

dB( f , g)(a)( h) = B(d f (a)( h), g(a)) + B( f (a), d g(a)( h))

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Preuve :
Soit h ∈ E tel que a + h ∈ U. On a

B( f , g)(a + h) = B( f (a + h), g(a + h))


= B ( f (a) + d f (a)(h) + ◦ (k hk) , g(a) + dg(a)(h) + ◦ (k hk))
= B ( f (a), g(a)) + (d f (a)(h), g(a)) + ( f (a), dg(a)(h)) + ϕ(h)

Où ϕ(h) = B ( f (a), ◦ (k hk)) + B (d f (a)(h), dg(a)(h) + ◦ (k hk)) + B (◦(k hk), g(a + h)). avec

ϕ(h) = B( f (a), dg(a)(h)+ o(h))+B(d f (a)(h)+ o(h), g(a))+B(d f (a)(h), dg(a)(h))+B(o(h), o(h))

Or les applications d f (a) et dg(a) sont lipschitziennes car linéaires en dimension


finie donc continues et kB(x, y)k É kk xk.k yk car B est bilinéaire en dimension finie
donc continue. Par suite ϕ(h) = o(h) et donc

B( f , g)(a + h) = b( f , g)(a) + u(h) + o(h)

avec u : h 7−→ B(d f (a)(h), g(a)) + B( f (a), dg(a)(h)) linéaire. Ainsi B( f , g) est différen-
tiable en a et dB( f , g)(a) : h 7−→ B(d f (a)(h), g(a)) + B( f (a), dg(a)(h)). Abusivement, on
écrit dB( f , g)(a) = B(d f (a), g(a)) + B( f (a), dg(a))

Corollaire
Si de plus F est une algèbre normée alors pour f , g : U ⊂ E −→ F différen-
tiables en a, f g est différentiable en a et on a

∀ h ∈ E, d( f g)(a)( h) = d f (a)( h) g(a) + f (a)d g(a)( h)

Preuve :
B : F × F −→ F, (x, y) 7−→ x y est bilinéaire

Corollaire
Si α : U ⊂ E −→ R et f : U ⊂ E −→ F différentiables en a, alors α f est diffé-
rentiable en a et on a

d(α f )(a) = dα(a) f (a) + α(a) d f (a)

1 f
Si de plus α ne s’annule pas en a, alors est définie au voisinage de a et
α α
est différentiable en a et
f α(a).d f (a) − dα(a). f (a)
µ ¶
d ( a) =
α α2 (a)

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Preuve :
B : R × F −→ F, (λ, x) 7−→ λ x est bilinéaire

Exemple 5: Déterminant
La fonction det : M n (K) −→ K est différentiable sur Mn (K). Car
n
E ∗i,σ( i)
X Y
det = ε(σ)
σ∈ S n k=1

est somme et produit de fonctions différentiables.

I.2.3. Composition

Théorème: Composition de deux fonctions différentiables


Soit f : U ⊂ E → F différentiable en a, V un ouvert de F tel que f (U ) ⊂ V et
g : V → G différentiable en f (a). Alors g ◦ f est différentiable en a et on a

d( g ◦ f )(a) = d g( f (a)) ◦ d f (a)

Preuve :
Soit a ∈ U. Quand h → 0,

f (a + h) = f (a) + d f (a)(h) + ◦ (h) = f (a) + k

avec k = d f (a)(h) + ◦ (h) = O (h) car k d f (a)(h)k É k d f (a)k.k hk.


Puisque k → 0
g( f (a) + k) = g( f (a)) + dg( f (a))(k) + o(k)

puis

(g ◦ f )(a + h) = g( f (a)) + dg( f (a))(d f (a)(h) + ◦ (h)) + ◦ (h)


= g( f (a)) + dg( f (a))(d f (a)(h)) + dg( f (a))(◦ (h)) + ◦ (h)

Mais dg( f (a))(◦ (h)) = ◦ (h) car dg( f (a)) est lipschitzienne.
Ainsi : (g ◦ f )(a + h) = (g ◦ f )(a) + u(h) + o(h) avec u = dg ( f (a) ◦ d f (a) ∈ L (E, H).
Finalement g ◦ f est différentiable en a et d(g ◦ f )(a) = dg( f (a)) ◦ d f (a).

Exemple 6
Soit ϕ l’application définie sur Mn (K) par ϕ(A) = Tr A 2 . Montrer que ϕ est diffé-
¡ ¢

rentiable sur Mn (K) et calculer sa différentielle en tout point A de Mn (K)

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I DIFFÉRENTIELLE D’UNE FONCTION 8

Solution

Soit f : A 7−→ A 2 et g = Tr. On sait que f est différentiable sur Mn (K) ( Voir exemple
3 ) et que
∀ H ∈ Mn (K) , d f (A)(H) = AH + H A

En outre g est linéaire, par la propriété 1, elle est différentiable et

∀ A, H ∈ Mn (k) , dg(A)(H) = g(H) = Tr (H)

On en déduit par composition que ϕ = g ◦ f est différentiable sur Mn (K) et pour toutes
matrices A, H ∈ Mn (K), on a

dϕ(A)(H) = (dg( f (A)) ◦ d f (A)) (H)


= dg( f (A)) (AH + H A)
= Tr (AH + H A) = 2Tr (AH)

Propriété 6: Fonctions coordonnées


Soit f : U ⊂ E −→ F . On a équivalence entre :
1. f est différentiable
2. les fonctions coordonnées de f dans une base de F le sont.

Preuve :

1 ⇒ 2) Soient C = ε1 , · · · , ε p une base de F et f 1 , · · · , f p les composantes de f dans


¡ ¢

la base C . ³ ´
Notons C ∗ = ε∗1 , · · · , ε∗p la base duale de C . Pour tout i ∈ [[1, p]], f i = ε∗i ◦ f , par
composition, est différentiable
Xp
2 ⇒ 1) On a aussi f = f i ε i est différentiable par opération sur les fonctions
i =1
différentiables. En effet la fonction constante égale à ε i est différentiable et par
composition avec l’application bilinéaire produit extérieur nous pouvons affirmer
que si f i : U −→ R est différentiable, l’application f i ε i : U −→ F l’est aussi.

Corollaire
Soit f : U ⊂ E → R et ϕ : I ⊂ R −→ R telles que f (U ) ⊂ I .
Si f est différentiable en a et ϕ dérivable en f (a), alors ϕ ◦ f est différentiable
en a et
d(ϕ ◦ f )(a) = ϕ0 ( f (a))d f (a)

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 9

Preuve :
Par composition ϕ ◦ f est différentiable en a et

∀ h ∈ E, d(ϕ ◦ f )(a)(h) = dϕ ( f (a)) (d f (a)(h))

D’après la propriété 2, dϕ ( f (a)) (d f (a)(h)) = ϕ0 ( f (a)) .d f (a)(h)

Propriété 7: Dérivée le long d’un arc


Soit f : U ⊂ E → F et γ : I ⊂ R −→ E telles que γ( I ) ⊂ U .
Si γ est dérivable sur I et f est différentiable sur U , alors f ◦ γ est dérivable
sur I et on a :
∀ t ∈ I, ( f ◦ γ)0 ( t) = d f γ( t) γ0 ( t)
¡ ¢¡ ¢

¢0
L’application f ◦ γ est appelée la dérivée de f le long de l’arc γ
¡

Preuve :
f ◦ γ est dérivable sur I et pour tout t ∈ I, d’après la propriété 2

( f ◦ γ)0 (t) = d( f ◦ γ)(t)(1)


= d f (γ(t)) ◦ dγ(t) (1)
¡ ¢

= d f (γ(t)) dγ(t)(1)
¡ ¢

= d f (γ(t)) γ0 (t)
¡ ¢

II. Dérivées partielles


II.1. Dérivation selon un vecteur
U est un ouvert et a ∈ U , il existe α > 0 tel que B (a, α) ⊂ U . Soit h ∈ E \ {0}, la
fonction t ∈ R 7−→ f (a + th) est définie au voisinage de 0.

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 10

Définition 1: Dérivée selon un vecteur


f (a + th) − f (a)
On dit que f admet une dérivée en a suivant h ∈ E \{0} si lim
t →0 t
existe dans F . Dans ce cas, cette limite s’appelle la dérivée de f en a suivant
h et on la note D h f (a).

Propriété 8
On pose ϕ( t) = f (a + th). Alors :
1. ϕ est définie au voisinage de 0.
2. Les deux assertions suivantes sont équivalentes
(a) f admet une dérivée en a suivant h
(b) ϕ est dérivable en 0.
Dans un tel cas D h f (a) = ϕ0 (0).

 Remarque
Cette propriété est pratique pour calculer les dérivées directionnelles. Il est
inutile de simplifier l’expression de ϕ0 ( t). Remplacer directement par t = 0.

Exemple 7
Soit l’application f : R2 → R définie par f (x, y) = x y.
Calculons la dérivée en a = (1, 1) suivant la direction h = (1, 2).

Solution
Soit ϕ(t) = f (1 + t, 1 + 2t) = (1 + t)(1 + 2t). On a ϕ0 (t) = 1 + 2t + 2(1 + t) donc D (1,2) f (1, 1) =
ϕ0 (0) = 3.

Propriété 9
Si f est différentiable en a alors f est dérivable en a suivant tout vecteur
non nul. Dans ce cas,
∀ h ∈ E, d f (a)( h) = D h f (a)

Preuve :
Soit h ∈ E \ {0}. Pour t proche de 0

f (a + th) = f (a) + d f (a) (th) + ◦(t)


= f (a) + td f (a)(h) + ◦(t) car d f (a)est linéaire

f (a + th) − f (a)
Par suite lim = d f (a)(h)
t→0 t

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 11

Exemple 8
x y2
Soit l’application f (x, y) = si (x, y) 6= (0, 0) et f (0, 0) = 0.
x 2 + y2
1. Montrer que f est continue en (0, 0) et elle admet des dérivées suivant tout vecteur
2. Montrer que f n’est pas différentiable en (0, 0)

Solution

1. – Pour (x, y) ∈ R2 \ {(0, 0)}, on a

¯ x y2 ¯ | y|
¯ ¯
| f (x, y)| = ¯ 2
¯ ¯É −−−−−−−→ 0
x + y2 ¯ 2 ( x,y)→(0,0)

– Soit (h, k) 6= (0, 0). On a ϕ(t) = f (th, tk) = t f (h, k) donc D (h,k) f (x, y) = ϕ0 (0) =
f (h, k) donc f admet des dérivées suivant tout vecteur non nul en (0, 0).
2. L’application (h, k) 7→ f (h, k) n’est pas linéaire donc f n’est pas différentiable en
(0, 0).

 Remarque
Si ∃ h ∈ E \ {0} tel que f ne soit pas dérivable en a suivant h alors f n’est pas
différentiable en a.

 Remarque
On suppose que f admet des dérivées en a suivant tout vecteur h ∈ E \ {0}.
Si l’application g : h 7→ D h f (a) si h 6= 0 et g(0) = 0 n’est pas linéaire sur E alors
f n’est pas différentiable en a.

II.2. Dérivées partielles dans une base


B = ( e 1 , · · · , e n ) base de E
Définition: Dérivées partielles
1. On dit que f admet une ième dérivée partielle ( première ) en a ( dans la
base B ) si f admet une dérivée en a selon e i .
∂f
Elle se note (a) ou ∂ i f (a) ou D i f (a) ou encore D e i f (a).
∂xi
2. Si f admet en tout point de U une dérivée par rapprot à la ième place,
on appelle dérivée partielle de f par rapport à la ième place l’application,
∂f ∂f
noté D e i f ou D i f ou , l’application x 7→ ( x)
∂xi ∂xi

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 12

 Remarque
Calculer la ième dérivée partielle en a = (a 1 , . . . , a n ) revient à calculer la dérivée
de la fonction à variable réelle

g : t 7−→ f (a 1 , . . . , a i−1 , t, a i+1 , . . . , a n ) en t = a i

Exemple 9
Calculons les dérivées partielles de la fonction f : R2 −→ R définie par

f (x, y) = e x . cos(y)

en tout point (a, b) de R2

Solution

Soit (a, b) ∈ R2 et t ∈ R, l’application

ϕ1 : t 7−→ f (a + t, b) = e a+ t cos(b)

∂f
est dérivable en 0 et ϕ01 (0) = e a cos(b), donc (a, b) = e a cos(b). En outre l’application
∂x

ϕ2 : t 7−→ f (a, b + t) = e a cos(b + t)

∂f
est dérivable en 0 et ϕ02 (0) = − e a sin(b), donc (a, b) = − e a sin(b)
∂y

Exemple 10
Calculer les dérivées partielles de det : M n (K) −→ K dans la base canonique
¡ ¢
E i, j 1É i, jÉn

Solution

Soit A = a i, j 1É i, jÉn une matrice de Mn (K) de colonnes (C 1 , · · · , C n ). Soit i, j ∈ [[1, n]]


¡ ¢

et t ∈ R, on pose e i = t (0, · · · , 0, 1, 0, · · · , 0) . Alors


| {z }
1 dans la ième place

det(A + tE i, j ) = det(C 1 , · · · , C j−1 , C j + te i , C j+1 , · · · , C n )


= det(C 1 , · · · , C j−1 , C j , C j+1 , · · · , C n ) + t det(C 1 , · · · , C j−1 , te i , C j+1 , · · · , C n )
= det(A) + t det(C 1 , · · · , C j−1 , te i , C j+1 , · · · , C n )

On développe det(C 1 , · · · , C j−1 , te i , C j+1 , · · · , C n ) par rapport à la j-ième colonne, alors

det(C 1 , · · · , C j−1 , te i , C j+1 , · · · , C n ) = ∆ i, j (A)

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 13

Avec ∆ i, j (A) est le cofacteur de A de position (i, j), c’est-à-dire le déterminant de la


matrice obtenue de A en supprimant sa i-ième ligne et sa j-ième colonne multiplié
par (−1) i+ j . Donc
t 7−→ det(A + tE i, j ) = det(A) + ∆ i, j (A)t

est dérivable en 0 de dérivée ∆ i, j (A), donc det admet des dérivées partielles et

∂ det
∀ A ∈ Mn (K) , ∀ i, j ∈ [[1, n]] , (A) = ∆ i, j (A)
∂ x i, j

 Remarque
La matrice ∆ i, j ( A ) 1É i, jÉn est la comatrice de A
¡ ¢

II.3. Différentiabilité et dérivées partielles


Propriété 10
Si f est différentiable en a alors les dérivées partielles de f en a existent et
on a
Xn X n ∂f
∀h = h i e i ∈ E, d f (a)( h) = D h f (a) = hi ( a)
i =1 i =1 ∂xi

Preuve :
Si f est différentiable alors pour tout a ∈ U et tout h ∈ E, f est dérivable en a selon
le vecteur h et
Dh f (a) = d f (a)(h)

En particulier pour h = e i
D e i f (a) = d f (a)(e i )
n
X
Si h = h i e i , alors
i =1
à !
n
X
d f (a)(h) = d f (a) hi ei
i =1
n
X n
X ∂f
= h i d f (a) (e i ) = hi (a)
i =1 i =1 ∂xi

Car d f (a) est linéaire

 Remarque
Cette propriété permet de donner l’expression de la différentielle d’une fonction
différentiable :
– On montre que f est différentiable par les théorèmes généraux

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 14

– On utilise les dérivées partielles pour exprimer sa différentielle

Exemple 11
(
R2 −→ R
Soit f : . Montrer que f est différentiable sur R2 et calculer
(x, y) 7−→ e x cos(y)
sa différentielle en tout point (a, b) de R2

Solution

f est différentiable par les théorèmes généraux et pour tout (a, b) ∈ R2 et(h, k) ∈ R2 ,
on a :
∂f ∂f
d f (a, b)((h, k)) = h (a, b) + k(a, b)
∂x ∂y
= e a cos(b)h − e a sin(b)k

Le calcul des dérivées partielles est déjà vu dans l’exemple 9

Exemple 12: Différentielle du déterminant


Calculer la différentielle de det

Solution
D’après l’exemple 5 l’application det est différentiable et d’après l’exemple 10 on
sait calculer ses dérivées partielles, alors pour tout A ∈ Mn (K) et H = h i, j 1É i, jÉn , on
¡ ¢

a
X ∂ det
d det(A)(H) = h i, j (A)
1É i, j É n ∂ x i, j

∆ i, j (A)h i, j
X
=
1É i, j É n

∆ i, j (A)h i, j = Tr t com(A)H , donc


X ¡ ¢
Or
1É i, j É n

d det(A)(H) = Tr t com(A)H
¡ ¢

Corollaire
Le développement limité à l’ordre 1 de f en a s’écrit alors
n
X ∂f
f ( a + h) = f ( a) + hi (a) + ◦ (k hk)
i =1 ∂xi

II.4. Matrice Jacobienne


B = ( e 1 , / cdots, e n ) base de E et C = (ε1 , · · · , ε p ) base de F

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 15

Définition
On appelle matrice jacobienne relative aux bases B et C d’une application
f : U ⊂ E −→ F différentiable en a ∈ U la matrice de l’application linéaire
d f (a) relative aux bases B et C

Jac( f )(a) = Mat (d f (a)) ∈ M p,n (R)


B ,C

Propriété 11
En notant f 1 , · · · , f p les fonctions coordonnées de f

∂ f1 ∂ f1 ∂ f1
 
 ∂ x ( a) ∂ x2
( a) · · ·
∂ xn
( a )
∂fi
µ ¶  1
 . .. ..

Jac( f )(a) = ( a) =  ..

. .
∂x j

1É i É n
∂fp ∂fp ∂fp
 
1É j É p 
( a) ( a) · · · ( a)
∂ x1 ∂ x2 ∂ xn

Preuve :
Les colonnes de Jac( f )(a) sont formées par les composantes dans C des vecteurs
p
∂f X
d f (a)(e j ) = (a). Avec f = f i ε i , alors
∂x j i =1

p
∂f X ∂fi
(a) = (a)ε i
∂x j i =1 ∂ x j

 Remarque
La matrice jacobienne permet d’exprimer la différentielle en un point : Pour
h ∈ E , on pose H = [ h]B et Y = [d f (a)( h)]C . Alors : Y = Jac( f )(a) × H .

Exemple 13
Déterminons la différentielle de l’application f (x, y, z) = (x y + yz + zx, x yz).

Solution
f admet deux composantes f 1 (x, y, z) = x y + yz + zx et f 2 (x, y, z) = x yz.
On a f 1 et f 2 sont différentiables sur R3 car polynomiales en x, y et z donc f est
différentiable sur R2 .

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 16

La matrice jacobienne de f est une matrice d’ordre 2 × 3 et ∀(x, y, z) ∈ R2 on a :

∂ f1 ∂ f1 ∂ f1
 
 ∂ x (x, y, z) ∂ y (x, y, z) ∂ z (x, y, z)
Jac( f )(x, y, z) = 
 ∂ f2 ∂ f2 ∂ f2


(x, y, z) (x, y, z) (x, y, z)
∂x ∂y ∂z
à !
y+ z x+ z x+ y
=
yz xz xy

Donc ∀(x, y, z), (h, k, `) ∈ R2 ,


   
h à ! h
y+ z x+ z x+ y  
Jac( f )(x, y, z)  k  = k
 
yz xz xy
` `
à !
(y + z)h + (x + z)k + (x + y)`
=
yzh + xzk + x y`

On déduit que d f (x, y, z)(h, k, `) = ((y + z)h + (x + z)k + (x + y)`, yzh + xzk + x y`).

Propriété 12: La jacobienne de la combinaison


Soient f , g : U → F différentiables en a. Alors pour tout λ ∈ R

Jac(λ f + g)(a) = λJac( f )(a) + Jac( g)(a)

Propriété 13: La jacobienne de la composée


Soient (
U ⊂E −→ F
f:
x = ( x1 , · · · , xn ) 7−→ ( f 1 ( x), · · · , f p ( x))
et (
V ⊂F −→ G
g:
y = ( y1 , · · · , yp ) 7−→ ( g 1 ( y), · · · , g q ( y))
deux fonctions différentiables telles que f (U ) ⊂ V . On a

∀a ∈ U, Jac( g ◦ f )(a) = Jac( g( f (a)) × Jac( f )(a)

et pour tout j ∈ [[1, n]], on a


p
∂( g ◦ f ) X ∂ fk ∂g
( a) = ( a ). ( f (a)) (Règle de la chaine)
∂x j k=1 ∂ x j ∂ yk

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II DÉRIVÉES PARTIELLES 17

avec f 1 , · · · , f p les fonctions coordonnées de f dans la base ε1 , · · · , ε p . En


¡ ¢

particulier pour i ∈ [[ i, q]] et j ∈ [[1, n]] :

∂ ( g ◦ f )i Xn ∂f
k ∂gi
( a) = ( a) . ( f (a)) (Règle de la chaine)
∂x j k=1 ∂ x j ∂ yk

Preuve :
∂(g ◦ f ) i
Le coefficient de position (i, j) dans Jac(g ◦ f )(a) ∈ M q,n (R) vaut (a). Mais
∂x j
Jac(g ◦ f )(a) = Jac(g( f (a)) × Jac( f )(a), alors
p
∂(g ◦ f ) i X ∂ fk ∂gi
(a) = (a). ( f (a)) Règle de la chaine
∂x j k=1 ∂ x j ∂ yk

 Remarque
La règle de la chaîne se retient de la façon suivante :

∂ ∂ c1 ∂ f ∂cn ∂ f
f ( c1 , · · · , c n ) = ( c1 , · · · , c n ) + · · · + ( c1 , · · · , c n )
∂u ∂ u ∂ x1 ∂ u ∂ xn

c 1 , · · · , c n sont des fonctions en u et f est une fonction en x1 , · · · , xn

Exemple 14
Soit f : (x, y) ∈ R2 → f (x, y) ∈ R une fonction différentiable sur R2 .
1. On définit g : R → R par g(t) = f (2 + 2t, t2 ). Démontrer que g est différentiable sur
R et calculer g0 (t) en fonction des dérivées partielles de f .
2. On définit h : R2 → R par h(u, v) = f (uv, u2 + v2 ). Démontrer que h est différen-
∂h ∂h
tiable sur R2 et exprimer les dérivées partielles et en fonction des dérivées
∂u ∂v
∂f ∂f
partielles et .
∂x ∂y

Solution

1. La fonction t 7→ (2 + 2t, t2 ) est dérivable car ses fonctions coordonnées sont poly-
nômiales, donc g est de classe est différentiable par composition. On applique
ensuite la formule de la dérivée d’une fonction composée.

∂g ∂
g0 (t) = (t) = f (2 + 2t, t2 )
∂t ∂t
∂(2 + 2t) ∂ f ∂(t2 ) ∂ f
= (2 + 2t, t2 ) + (2 + 2t, t2 )
∂t ∂x ∂t ∂ y
∂f ∂f
= 2 (2 + 2t, t2 ) + 2t (2 + 2t, t2 )
∂x ∂t

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III FONCTIONS DE CLASSE C 1 18

2. La fonction (u, v) 7→ (uv, u2 + v2 ) est dérivable car ses fonctions coordonnées sont
polynômiales, donc h est différentiable. Le théorème de dérivation d’une composée
dit que

∂h ∂
(u, v) = f (uv, u2 + v2 )
∂u ∂u
∂(uv) ∂ f ∂(u2 + v2 ) ∂ f
= (uv, u2 + v2 ) + (uv, u2 + v2 )
∂u ∂ x ∂u ∂y
∂f ∂f
= v (uv, u2 + v2 ) + 2u (uv, u2 + v2 )
∂x ∂y

De même on trouve
∂h ∂f ∂f
(u, v) = u (uv, u2 + v2 ) + 2v (uv, u2 + v2 ).
∂v ∂x ∂y

Exemple 15: Coordonnées polaires


Soient f : (x, y) ∈ R2 7−→ f (x, y) ∈ R une fonction différentiable.
∂g
On définit g : (r, θ ) ∈ R2 7−→ f (r cos θ , r sin θ ). Exprimer les dérivées partielles et
∂r
∂g ∂f ∂f
en fonction des dérivées partielles et .
∂θ ∂x ∂y

Solution

L’application g est différentiable sur R2 par composition et

∂g ∂
(r, θ ) = f (r cos(θ ), r sin(θ ))
∂r ∂r
∂(r cos θ ) ∂ f ∂(r sin θ ) ∂ f
= (r cos θ , r sin θ ) + (r cos θ , r sin θ )
∂r ∂x ∂r ∂y
∂f ∂f
= cos θ (r cos θ , r sin θ ) + sin θ (r cos θ , r sin θ )
∂x ∂y

et
∂g ∂
(r, θ ) = f (r cos(θ ), r sin(θ ))
∂θ ∂θ
∂(r cos θ ) ∂ f ∂(r sin θ ) ∂ f
= (r cos θ , r sin θ ) + (r cos θ , r sin θ )
∂θ ∂x ∂θ ∂y
∂f ∂f
= − r sin θ (r cos θ , r sin θ ) + r cos θ (r cos θ , r sin θ )
∂x ∂y

III. Fonctions de classe C 1

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 19

III.1. Définition
Soit B = ( e 1 , · · · , e n ) une base de E .
Définition
On dit qu’une fonction f : U ⊂ E −→ F est de classe C 1 sur U si elle est
différentiable sur U et sa différentielle d f : a 7−→ d f (a) est continue sur U

Propriété 14
Soit f : U ⊂ E −→ F . Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est de classe C 1 sur U ;
2. Les dérivées partielles de f dans une base existent et sont continues
3. Pour tout h ∈ E \ {0} l’application Dh f existe et est continue sur U .

Preuve : Non exigible


1 ⇒ 3) Supposons que f est différentiable et d f est continue.
Soit h ∈ E \ {0}, l’application f est différentiable, alors D h ( f ) existe.
Puisque l’application a 7−→ d f (a) est continue, l’application constante a 7−→ h est
continue et puisque l’application B : L (E, F) × E −→ F définie par B(u, x) = u(x)
est continue car bilinéaire en dimension finie, on peut affirmer que l’application
a 7−→ D h f (a) = d f (a)(h) est continue par opérations sur les fonctions continues.
∂f
3 ⇒ 2) Pour les éléments de la base = D e i f exite et est continue
∂xi
1 ⇒ 2) Supposons f de classe C 1 dans la base B .
Dans le cas : E = R2 , F = R et B = (e 1 , e 2 ) la base canonique de R2 .
Soit a = (a 1 , a 2 ) et h = (h 1 , h 2 ). On a

f (a + h) − f (a) = f (a 1 + h 1 + a 2 + h 2 ) − f (a 1 , a 2 + h 2 ) + f (a 1 , a 2 + h 2 ) − f (a 1 , a 2 )

En appliquant le TAF aux applications partielles


x1 7−→ f (x1 , a 2 + h 2 ) et x2 7−→ f (a 1 , x2 )
il existe, c h compris entre a 1 et a 1 + h 1 et d h compris entre a 2 et a 2 + h 2 vérifiant :

∂f ∂f
f (a + h) − f (a) = h 1 (c h , a 2 + h 2 ) + h 2 (a 1 , d h )
∂ x1 ∂ x2

Quand h → 0, (c h , a 2 + h 2 ) −→ (a 1 , a 2 ) et (a 1 , d h ) −→ (a 1 , a 2 ) donc par continuité


des dérivées partielles de f , on obtient

∂f ∂f
f (a + h) − f (a) = h 1 (a 1 , a 2 ) + h 2 (a 1 , a 2 ) + ◦ (k hk)
∂ x1 ∂ x2

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 20

n ∂f
e∗i
X
On en déduit que f est différentiable en a et d f (a) = (a).
∂xi
i =1
Par opérations sur les fonctions continues, d f est continue. En effet les applica-
∂f
tions a 7−→ (a) et a 7−→ e∗i sont continues.
∂xi

Exemple 16
E = M n (R), det : M 7−→ det (M) est de classe C 1

Solution

Soit B = E i, j la base canonique de E.


¡ ¢

ϕ(t) = det M + tE i j = det(M) + t∆ i j (M)


¡ ¢

Donc D i j f : M 7−→ ϕ0 (0) = ∆ i j (M) existe et est continue, puisqu’elle est polynomiale,
ce qui assure que det est de classe C 1

Corollaire
La notion de classe C 1 ne dépend pas du choix de la base B .

Corollaire
Les fonctions de classe C 1 sont continues

Preuve :

Toute fonction de classe C 1 est différentiable.

Exemple 17
Les fonctions constantes sont de classe C 1 car de dérivées partielles nulles donc
continues.

Exemple 18
Les applications linéaires sont de classe C 1 .

Solution
En effet, pour f ∈ L (E, F), les dérivées partielles de f dans B sont les applications
données par D e j f (a) = d f (a)(e j ) = f (e j ). Ce sont des applications constantes donc
continues.

III.2. Propriétés

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 21

Propriété 15
Soient f , g : U ⊂ E −→ F et λ, µ ∈ R.
Si f et g sont de classe C 1 alors λ f + µ g aussi et

∂(λ f + µ g) ∂f ∂g
=λ +µ
∂xi ∂xi ∂xi

Preuve :
f et g sont différentiables donc λ f + µ g aussi et d(λ f + µ g) = λd f + µdg.
Les dérivées partielles de λ f + µ g existent et

∂f ∂g
D j (λ f + µ g)(a) = d(λ f + µ g)(a)(e j ) = (λd f (a) + µdg(a))(e j ) = λ (a) + µ (a).
∂x j ∂x j

Les dérivées partielles de λ f + µ g sont donc continues.

Corollaire
L’ensemble C 1 (U, F ) des fonctions de classe C 1 de U vers F est un sous-
espace vectoriel de C (U, F ).

Propriété 16
Soient f : U ⊂ E −→ F, g : U ⊂ E −→ G et B : F × G −→ H bilinéaire.
Si f et g sont de classe C 1 alors B( f , g) aussi et

∂B ( f , g ) ∂f ∂g
µ ¶ µ ¶
=B , g +B f ,
∂xi ∂xi ∂xi

Preuve :
f et g sont différentiables donc B( f , g) aussi et dB( f , g) = B(d f , g) + B( f , dg).
Les dérivées partielles de B( f , g) existent et

∂B( f , g)
(a) = dB( f , g)(a)(e i )
∂xi
= B(d f (a)(e i ), g(a)) + B( f (a), dg(a)(e i ))
∂f ∂g
µ ¶ µ ¶
= B (a), g(a) + B f (a), (a)
∂xi ∂xi

Les dérivées partielles de B( f , g) sont donc continues.

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 22

Corollaire
1. Si F est une algèbre alors C 1 (U, F ) est une sous-algèbre de C (U, F ).
2. C 1 (U, K) est une algèbre
f
3. Si f , g ∈ C 1 (U, K) telle que g ne s’annule pas sur U alors est de classe
g
C 1 sur U

Exemple 19
Toute fonction polynômiale de Rn à valeurs dans C est de classe C 1

Exemple 20
Soit P,Q : Rn −→ R deux fonctions polynomiales non nulles.
Alors U = {(x1 , · · · , xn ) ∈ Rn , Q(x1 , · · · , xn ) 6= 0} est un ouvert de Rn car il est image
réciproque d’un ouvert par une application continue. Soit

−→ R

 U
f: P(x1 , · · · , xn )
 (x1 , · · · , xn ) 7−→
Q(x1 , · · · , xn )

est de classe C 1 sur U et ∀ i ∈ [[1, n]]

∂P ∂Q
Q−P
∂f ∂xi ∂xi
=
∂xi Q2

Propriété 17
Soit f : U ⊂ E −→ F . On a équivalence entre :
1. f est de classe C 1 sur U ;
2. les fonctions coordonnées de f sont de classe C 1 sur U .
∂f ∂f j ∂f j
µ ¶ µ ¶ µ ¶
De plus, on a alors = . C’est-à-dire sont les fonctions coor-
∂xi j ∂xi ∂xi
∂f
données de
∂xi

Preuve :
Soit C = (ε1 , · · · , ε p ) base de F.
X p
2 ⇒ 1) On a f = f k εk donc
k=1

p
∂f X ∂ fk
(a) = (a)εk
∂xi k=1 ∂ x i

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 23

Les dérivées partielles sont continues donc f est de classe C 1 .


1 ⇒ 2) On a f j = ε∗j ◦ f donc

∂f j f (a + te i ) − f (a) ∂f
µ ¶ µ ¶
(a) = lim ε∗j = ε∗j (a)
∂xi t→0 t ∂xi

∂f j ∂f
et = ε∗j ◦ est continue par composition.
∂xi ∂xi

Exemple 21
f : GLn (R) −→ M n (R), M 7−→ M −1 .
Montrer que f est de classe C 1 et donner d f (M)(H)

Solution
Soit B la base canonique de M n (R),
– les coordonnées de f sont

∆ ji (M)
f i j : M 7−→ M −1 i j =
£ ¤
detM
où ∆ ji (M) le cofacteur de M de position ( j, i). On voit que f i j est quotient de deux
fonctions polynomiales, donc elle est de classe C 1 , donc f est de classe C 1 .
– Soit H ∈ M n (R) \ {0} et ϕ : t 7−→ (M + tH)−1 . On a

ϕ(t) (M + tH) = I n

Par dérivation, on obtient ϕ0 (t) (M + tH) + ϕ(t)H = 0, puis on évalue en 0, il vient

ϕ0 (0) = − M −1 HM −1

Soit d f (M)(H) = D H f (M) = ϕ0 (0) = − M −1 HM −1 . Enfin d f (M) est linéaire, donc


l’égalité est vraie pour H = 0

Propriété 18
Soient f : U ⊂ E −→ F et g : V ⊂ F −→ G telles que f (U ) ⊂ V .
Si f et g sont de classe C 1 alors g ◦ f est de classe C 1 et pour tout a ∈ U
p
∂( g ◦ f ) X ∂fi ∂g
( a) = (a). ( f (a)) Règle de la chaine
∂x j i =1 ∂ x j ∂ yi

avec f 1 , · · · , f p les fonctions coordonnées de f dans la base ε1 , · · · , ε p .


¡ ¢

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 24

Preuve :

Exemple 22
Soient f : (x, y) ∈ R2 7−→ f (x, y) ∈ R de classe C 1 .
Montrer que g : (r, θ ) ∈ R2 7−→ f (r cos θ , r sin θ ) est de classe C 1 sur R2

Solution

L’application g est de classe C 1 par composition et

∂g ∂f ∂f
(r, θ ) = cos θ (r cos θ , r sin θ ) + sin θ (r cos θ , r sin θ )
∂r ∂x ∂y

et
∂g ∂f ∂f
(r, θ ) = − r sin θ (r cos θ , r sin θ ) + r cos θ (r cos θ , r sin θ )
∂θ ∂x ∂y

Propriété 19
Soient γ : I ⊂ R −→ E et f : U ⊂ E −→ F telles que γ( I ) ⊂ U .
p
X
On note γ1 , · · · , γ p les fonctions coordonnées de γ de sorte que γ( t) = γ i ( t) e i .
i =1
Si γ et f sont de classe C 1 alors f ◦ γ l’est aussi et :

¢0 n ∂f
f ◦ γ ( t) = d f γ(t) γ0 ( t) = γ0i ( t)
¢ X
(γ( t))
¡ ¡
(Règle de la chaine)
i =1 ∂xi

Preuve :
Rappelons que pour g une fonction dérivable g0 (t) = dg(t)(1). Par suite
¢0
f ◦ γ (t) = d f γ(t) γ0 (t)
¡ ¡ ¢¡ ¢

n
γ0j (t)e j , donc par linéarité
X
Or γ0 (t) =
i =1
¢0
f ◦ γ (t) = d f γ(t) γ0 (t)
¡ ¡ ¢¡ ¢

n
γ0i (t)d f γ(t) (e i )
X ¡ ¢
=
i =1
p
∂f
γ0i (t)
X
= (γ(t))
i =1 ∂xi

Exemple 23
Soit f : (u, v) ∈ R2 7−→ f (u, v) ∈ R et γ : t ∈ R 7−→ (x(t), y(t)) sont de classe C 1 .
¢0
Montrer que f ◦ γ est de classe C 1 et calculer f ◦ γ (t)
¡

TA B L E D E S M AT I È R E S
III FONCTIONS DE CLASSE C 1 25

Solution
L’application, par composition,

t 7−→ f (x(t), y(t))

est de classe C 1 sur R et , d’apes la règle de la chaîne,

¢0 ∂f ∂f
f ◦ γ (t) = x0 (t) (x(t), y(t)) + y0 (t)
¡
(x(t), y(t))
∂u ∂v

III.3. Formule d’intégration


Propriété 20: Formule d’intégration
Soit f : U ⊂ E −→ F une application de classe C 1 .
Si γ : [0, 1] −→ E est un arc de classe C 1 inscrit dans U d’extrémités a = γ(0)
et b = γ(1) alors
Z 1
d f γ( t) γ0 ( t) d t
¡ ¢¡ ¢
f ( b ) − f ( a) =
0

Preuve :
Soit ϕ : [0, 1] −→ F définie par ϕ(t) = f ◦ γ(t).
Par composition la fonction ϕ est dérivable

ϕ0 (t) = d f γ(t) γ0 (t)


¡ ¢¡ ¢

La fonction ϕ est donc de classe C 1 et alors


Z 1
ϕ(1) − ϕ(0) = ϕ0 (t) dt
0

Or ϕ(1) = f (b), ϕ(0) = f (a) et ϕ0 (t) = d f γ(t) γ0 (t) .


¡ ¢¡ ¢

Exemple 24
Si [a, b] ⊂ U alors
Z 1
f (b) − f (a) = d f ((a + t(b − a))) (b − a) dt
0

En effet, ϕ(t) = a + t.(b − a) définit un paramétrage de classe C 1 du segment [a, b].

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 26

Corollaire
Si U est un ouvert connexe par arcs et si f : U ⊂ E −→ F est de classe C 1
alors

f est constante si, et seulement si, d f = 0


e

Preuve :
On se contente du cas U convexe.
⇒) Déjà connu
⇐) Soit a, b ∈ U, d’après la formule d’intégration
Z 1
f (b) − f (a) = d f ((a + t(b − a))) (b − a) dt = 0
0

Donc f est constante

IV. Dérivées d’ordres supérieurs


IV.1. Dérivées d’ordres supérieurs
Définition 2
Soit f : U ⊂ E −→ F et B une base de E .
– La fonction f est appelée dérivée partielle d’ordre 0 de f
– Pour k ∈ N, sous réserve d’existence, on appelle drivées partielles d ?ordre
k + 1 de f les dérivées partielles des dérivées partielles d’ordre k de f

 Notation
Soit k ∈ N∗ . Sous réserve d’existence, on note : Pour i ∈ {1, . . . , n}
à !
∂k f ∂ ∂k−1 f
( x) = ( x) .
∂xk ∂ x i ∂ x k−1
i i

Pour α1 , . . . , α p ∈ N∗ tels que α1 + · · · + α p = k et i 1 , . . . , i p ∈ {1, . . . , n} , on note :


    
k α1 α2 αp
∂ f ∂
 ∂ · · ·  ∂ f ( x) · · ·  .
α α p ( x) = α α αp
∂xi 1 · · · ∂xi ∂xi 1 ∂xi 2 ∂x
1 p 1 2 ip

Exemple 25

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 27

∂4 f ∂ ∂2 ∂
µ µ ¶¶
Pour f (x, y, z) = x2 y4 z on a (x, y, z) = x 2 y4 z = 24x y2 .
∂ x∂ y2 ∂ z ∂ x ∂ y2 ∂ z

Définition: Fonctions de classe C k


– On dit que f : U ⊂ E −→ F est de classe C k (dans la base B ) si les
dérivées partielles d’ordre k de f dans la base B existent et sont continues.
– On dit que f est de classe C ∞ si f est de classe C k pour tout k ∈ N.

 Remarque
Les applications de classe C 0 correspondent aux applications continues.

Exemple 26
Les applications constantes sont C ∞ .

Exemple 27
Les application linéaires sont C ∞ car leurs dérivées partielles sont constantes.

Solution
∂f
En effet pour une application linéaire f , (a) = d f (a)(e j ) = f (e j ).
∂x j

Propriété 21
Si f : U ⊂ E −→ F est de classe C k+1 alors f est de classe C k .

Preuve :

Si f est de classe C k+1 alors les dérivées partielles d’ordre k de f existent et sont
de classe C 1 donc continues.

Propriété 22
Soit k ∈ N ∪ {∞}. On a équivalence entre :
1. f est de classe C k+1 ;
2. les dérivées partielles de f existent et sont de classe C k .

Preuve :
Les dérivées partielles d’ordre k + 1 de f sont les dérivées partielles d’ordre k des
dérivées partielles de f .

 Notation
– On note C k (U, F ) avec k ∈ N∗ ∪{∞} l’ensemble des fonctions de U vers F de
classe C k sur U .
– C k (U, R) se note tout simplement C k (U ).

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 28

– C k+1 (U, F ) ⊂ C k (U, F ) et C ∞ ( u, F ) = C k (U, F )


\
k∈N

Propriété 23
L’ensemble C k (U, F ) des fonctions de classe C k de U vers F est un sous-
espace vectoriel de C (U, F ).

Preuve : Non exigible


Par récurrence pour k ∈ N.
– Pour k = 0 : ok
– Supposons la propriété établie au rang k Ê 0.
Soient f et g de classe C k+1 . f et g sont de classe C 1 donc λ f + g aussi et pour
∂(λ f + g) ∂f ∂g
tout j ∈ [[1, n]], =λ + .
∂x j ∂x j ∂x j
∂f ∂g ∂(λ f + g)
Puisque et sont de classe C k , on obtient de classe C k en vertu
∂x j ∂x j ∂x j
de l’hypothèse de récurrence.
Ainsi les dérivées partielles de λ f + g existent et sont de classe C k donc λ f + g
est de classe C k+1 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞.
Si f et g sont de classe C ∞ alors f et g sont de classe C k pour tout k ∈ N et donc
λ f + g aussi.

Corollaire
La notion de fonction de classe C k ne dépend pas du choix de la base B .

Preuve : Non exigible


Par récurrence pour k ∈ N.
– Pour k = 0 : ok
– Supposons la propriété établie au rang k Ê 0.
Supposons f de classe C k+1 dans la base B = (e 1 , · · · , e p ). Les dérivées partielles
D 1 f , · · · , D p f de f dans B existent et sont de classe C k .
Soit B 0 = (e01 , · · · , e0p ) une autre base de E, notons D 10 f , · · · , D 0p f les dérivées par-
tielles de f dans B 0 . Celles-ci sont des combinaisons linéaires des dérivées par-
tielles D 1 f , · · · , D p f .
En effet puisque f est au moins de classe C 1 , f est différentiable et donc D 0j f (a) =
X p p
X
d f (a)(e0j ) = a i, j D i f (a) en posant e0j = a i, j e i . Puisque les dérivées partielles
i =1 i =1
dans B sont de classe C k dans B , par combinaison linéaire, les dérivées partielles
dans B 0 sont de classe C k dans B et donc dans B 0 par hypothèse de récurrence.
On en déduit que f est de classe C k+1 dans la base B 0 .

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 29

Récurrence établie.
Pour k = ∞ : ok

Propriété 24
Soient f : U ⊂ E −→ F , g : U ⊂ E −→ G et B : F × G −→ H bilinéaire.
Si f et g sont de classe C k alors B( f , g) l’est aussi.

Preuve : Non exigible


Par récurrence pour k ∈ N.
– Pour k = 0 : ok car l’application bilinéaire b est continue.
– Supposons la propriété établie au rang k Ê 0.
Soient f et g de classe C k+1 .
f et g sont de classe C 1 donc B( f , g) aussi et pour tout j ∈ [[1, p]], D j B( f , g) =
∂f ∂g
B( , g) + B( f , ).
∂x j ∂x j
∂f ∂g
Puisque et sont de classe C k et puisque f , g sont aussi de classe C k , on
∂x j ∂x j
peut affirmer que D j B( f , g) est de classe C k en vertu de l’hypothèse de récur-
rence.
Ainsi les dérivées partielles de B( f , g) existent et sont de classe C k donc B( f , g)
est de classe C k+1 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞ : ok.

Corollaire
Si F est une algèbre alors C k (U, F ) est une sous-algèbre de F U

Exemple 28
Les fonctions polynomiales sur R p sont de classe C ∞ .

Exemple 29
L’application det : M n (R) −→ R est de classe C ∞ par somme et produit de fonctions
C ∞.

Propriété 25
Soit f : U ⊂ E −→ F . On a équivalence entre :
1. f est de classe C k ;
2. les fonctions composantes de f dans une base de F sont de classe C k .

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 30

Preuve :
Notons f 1 , · · · , f n les fonctions coordonnées de f dans une base C = (e 1 , · · · , e n ). On
démontre l’équivalence par récurrence sur k ∈ N sachant que pour une fonction de
∂ f
µ ¶
classe C 1 on a = D j( fi)
∂x j i

Exemple 30
f : (x, y) 7−→ (x2 + y2 , x y) est de classe C ∞ .

Propriété 26
Soient f : U ⊂ E −→ F et g : V ⊂ F −→ G telles que f (U ) ⊂ V .
Si f et g sont de classe C k alors g ◦ f l’est aussi.

Preuve : Non exigible


Par récurrence pour k ∈ N.
– Pour k = 0 : ok
– Supposons la propriété établie au rang k Ê 0.
Soient f et g de classe C k+1 .
f et g sont de classe C 1 donc g ◦ f aussi et pour tout j ∈ [[1, n]],
p
∂(g ◦ f ) X ∂fi ∂g
(a) = (a) ( f (a))
∂x j i =1 ∂ x j ∂xi

∂fi ∂g
Puisque et sont de classe C k , on peut affirmer que D j (g ◦ f ) est de classe
∂x j ∂x j
Ck en vertu de l’hypothèse de récurrence et des théorèmes d’opérations.
Ainsi les dérivées partielles de g ◦ f existent et sont de classe C k donc g ◦ f est de
classe C k+1 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞ : ok.

Exemple 31
Les fonctions rationnelles sur R p sont de classe C ∞ .

Exemple 32
F(r, θ ) = (r cos θ , r sin θ ) définit une fonction C ∞ de R2 vers R2 .

IV.2. Théorème de Schwarz

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 31

Lemme 1
Si U un voisinage ouvert de (0, 0) et f ∈ C 2 (U, F ) . Alors :

∂2 f ∂2 f
(0, 0) = (0, 0).
∂ x∂ y ∂ y∂ x

Preuve : Non exigible


Soit ε > 0.
∂2 f
On a f ∈ C 2 (U, F) donc est continue en (0, 0) d’où ∃α > 0,
∂ x∂ y
° 2
° ∂ f ∂2 f
°
∀| x| < α, ∀| y| < α, ° °Éε
°
° (x, y) − (0, 0)°
∂ x∂ y ∂ x∂ y

∂f ∂2 f
On pose ϕ(x) = (x, y) − x (0, 0). On a
∂y ∂ x∂ y
° 2
° ∂ f ∂2 f
°
0
∀| x| < α, kϕ (x)k = ° °Éε
°
° (x, y) − (0, 0)°
∂ x∂ y ∂ x∂ y

donc, d’après l’inégalité des accroissements finis kϕ(x) − ϕ(0)k É ε| x| d’où

°∂f 2
° (x, y) − x ∂ f (0, 0) − ∂ f (0, y)° É ε| x|
° °
°
° ∂y ∂ x∂ y ∂y °

∂2 f
On pose ψ(y) = f (x, y) − x y (0, 0) − f (0, y). On a
∂ x∂ y

°∂f ∂2 f ∂f
° °
0
∀| y| < α, kψ (y)k = ° (x, y) − x ° É ε| x|
°
° (0, 0) − (0, y)°
∂y ∂ x∂ y ∂y

donc, d’après l’inégalité des accroissements finis, kψ(y) − ψ(0)k É ε| x y|. On déduit que

∂2 f
° °
∀| x| < α, ∀| y| < α, ° f (x, y) − x y ° É ε| x y|
° °
° (0, 0) − f (0, y) − f (x, 0) + f (0, 0)°
∂ x∂ y

∂2 f
De même, en utilisant la continuité de en (0, 0) on obtient :
∂ y∂ x

∂2 f
° °
∃β > 0, ∀| x| < β, ∀| y| < β, ° f (x, y) − x y ° É ε| x y|
° °
° (0, 0) − f (x, 0) − f (0, y) + f (0, 0)°
∂ y∂ x

Donc, pour γ = min(α, β), on obtient ∀| x| < γ, ∀| y| < γ,


2
° f (x, y) − x y ∂ f (0, 0) − f (0, y) − f (x, 0) + f (0, 0)° É ε| x y|
° °
° °
° ∂ x∂ y °

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 32

et
2
° f (x, y) − x y ∂ f (0, 0) − f (x, 0) − f (0, y) + f (0, 0)° É ε| x y|
° °
° °
° ∂ y∂ x °

donc
∂2 f ∂2 f
° °
∀| x| < γ, ∀| y| < γ, ° x y ° É ε| x y|
° °
° (0, 0) − x y (0, 0)°
∂ y∂ x ∂ x∂ y
On déduit que ° 2
° ∂ f ∂2 f
°
° ∂ y∂ x (0, 0) − ∂ x∂ y (0, 0)° É ε
°
° °

d’où
∂2 f ∂2 f
(0, 0) = (0, 0)
∂ y∂ x ∂ x∂ y

Théorème: Théorème de Schwarz


Soit f ∈ C 2 (U, F ). Alors :

∂2 f ∂2 f
∀ i, j ∈ {1, . . . , n}, = .
∂xi ∂x j ∂x j ∂xi

Preuve : Non exigible


Soient i, j ∈ {1, . . . , n}, B = (e 1 , . . . , e n ) la base de E et a ∈ U.
On pose g(x, y) = f (a + xe i + ye j ) donc g est C 2 au voisinage de (0, 0).
∂g ∂f ∂2 g ∂2 f
On a (x, y) = (a + xe i + ye j ) donc (x, y) = (a + xe i + ye j ).
∂x ∂xi ∂ y∂ x ∂x j ∂xi
∂2 g ∂2 f
De même, (x, y) = (a + xe i + ye j ).
∂ x∂ y ∂xi ∂x j
∂2 f ∂2 g ∂2 g ∂2 f
Donc (a) = (0, 0) = (0, 0) = (a) d’après le lemme précédent .
∂xi ∂x j ∂ x∂ y ∂ y∂ x ∂x j ∂xi

 Remarque
∂2 f
Pour montrer que f 6∈ C 2 (U, F ) il suffit de vérifier que ∃ i, j ∈ [[1, n]] , 6=
∂xi ∂x j
∂2 f
.
∂x j ∂xi

Exemple 33

2 2
 x y(x − y )

Si (x, y) 6= (0, 0)
On considère l’application f (x, y) = x 2 + y2
 0

Sinon

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 33

Solution
∂f ∂f
Pour tout x ∈ R, on a f (x, 0) = f (0, x) = 0 donc (0, 0) = (0, 0) = 0.
∂x ∂y
On a ∀(x, y) 6= (0, 0),

∂f (3x2 y − y3 )(x2 + y2 ) − 2x(x3 y − y3 x)


(x, y) =
∂x (x2 + y2 )2
3x4 y + 3x2 y3 − x2 y3 − y5 − 2x4 y + 2x2 y3
=
(x2 + y2 )2
x4 y + 4x2 y3 − y5
=
(x2 + y2 )2

Or ∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) = − f (y, x) donc ∀(x, y) 6= (0, 0),

∂f ∂f x5 − 4x3 y2 − x y4
(x, y) = − (y, x) =
∂y ∂y (x2 + y2 )2

∂f ∂2 f
On a ∀ y ∈ R, (0, y) = − y donc (0, 0) = −1.
∂x ∂ y∂ x
∂f ∂2 f
De même ∀ x ∈ R, (x, 0) = x donc (0, 0) = 1.
∂y ∂ x∂ y
∂2 f ∂2 f
On a (0, 0) 6= (0, 0) donc, d’après le théorème de Schwarz, f n’est pas de
∂ y∂ x ∂ x∂ y
classe C 2 sur R2 .

Définition 3: Matrice hessienne


∂2 f
µ ¶
2
Soit f : U ⊂ E −→ R de classe C . Pour tout a ∈ U , la matrice ( a)
∂xi ∂x j 1É i, j É n
est appelée la matrice Hessienne de f en a, notée H a ( f )

Exemple 34
Soit f : (x, y) ∈ R2 7−→ 2x3 + 6x y − 3y2 + 2. Déterminer la matrice Hessienne de f en
(1, 1) dans la base canonique

Solution

La fonction f est de classe C 2 sur R2 et

∂2 f ∂2 f ∂2 f
(x, y) = 12x (x, y) = −6 (x, y) = 6
∂x 2 ∂y 2 ∂ x∂ y
à !
12 6
Donc H (1,1) ( f ) =
6 −6

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IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 34

Propriété 27
Soit f : U ⊂ E −→ R de classe C 2 . Alors pour tout a ∈ U , la matrice Hessienne
de f en a est symétrique réelle. C’est-à-dire H ( f )(a) ∈ S n (R)

IV.3. Développement de Taylor-Young d’ordre 2


Propriété 28
Soit f ∈ C 2 (U, F ). Alors ∀ h ∈ E tel que a + h ∈ U on a :

1 X ∂2 f
f (a + h) = f (a) + d f (a)( h) + hi h j (a) + o 0 (k hk2 ).
2 1É i, jÉn ∂xi ∂x j

n
X
Avec h = hi e i.
i =1

Preuve : Non exigible


Soit a un élément de l’ouvert U. Il existe une boule centrée en a incluse dans U.
Pour h ∈ E suffisamment petit, on a

∀ t ∈ [0, 1], a + t.h ∈ U

Considérons alors ϕ : [0, 1] −→ R définie par ϕ(t) = f (a + t.h).


ϕ est bien définie et de classe C 2 par composition. Par la formule de Taylor reste-
intégrale
Z 1
0
ϕ(1) = ϕ(0) + ϕ (0) + (1 − t)ϕ00 (t)dt
0
Z 1
1
= ϕ(0) + ϕ0 (0) + ϕ00 (0) + (1 − t) ϕ00 (t) − ϕ00 (0) dt
¡ ¢
2 0

Or
ϕ(1) = f (a + h), ϕ(0) = f (a)

et
n ∂f
ϕ0 (t) =
X
hi (a + th)
i =1 ∂xi
donc
n ∂f
ϕ0 (0) =
X
hi (a)
i =1 ∂xi

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 35

et enfin
n ∂2 f
ϕ00 (t) =
X
hi h j (a + th)
i, j =1 ∂xi ∂x j

et
n ∂2 f
ϕ00 (0) =
X
hi h j (a)
i, j =1 ∂xi ∂x j

Il reste à montrer Z 1
(1 − t) ϕ00 (t) − ϕ00 (0) dt = o k hk2
¡ ¢ ¡ ¢
0
Soit ε > 0. Par continuité des dérivées partielles d’ordre 2 en a, il existe α > 0 tel que
pour tout i, j ∈ [[1, n]]2 :
¯ 2
¯ ∂ f ∂2 f
¯
k kk É α ⇒ ¯¯ (a)¯¯ < ε
¯
(a + k) −
∂xi ∂x j ∂xi ∂x j

On a alors
°ϕ (t) − ϕ00 (0)° É n2 εk hk2
° 00
k hk É α ⇒ ∀ t ∈ [0, 1],
°

car k = t.h vérifie k kk É α. Par suite


¯Z 1 ¯ 2
¯ (1 − t) ϕ00 (t) − ϕ00 (0) dt¯ É n εk hk2
¯ ¡ ¢ ¯
¯ ¯ 2
0

Ainsi Z 1
(1 − t) ϕ00 (t) − ϕ00 (0) dt = o k hk2
¡ ¢ ¡ ¢
0

Définition: Notation de Monge


Cas particulier : dim(E ) = 2.
Soit f ∈ C 2 (U, F ), on note :
∂f ∂f ∂2 f ∂2 f ∂2 f
p= (a, b), q = (a, b), r = 2 (a, b), s = (a, b) et t = 2 (a, b).
∂x ∂y ∂x ∂ y∂ x ∂y

 Remarque
Le développement de Taylor-Young d’ordre 2 en (a, b) est

1
f (a + h, b + k) = f (a, b) + hp + kq + ( h2 r + 2 hks + k2 t) + o(k( h, k)k2 )
2

Exemple 35
Soit f : (x, y) ∈ R2 7−→ 2x3 + 6x y − 3y2 + 2. Déterminer le développement de Taylor-
Young à l’ordre 2 de f en (1, 1)

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 36

Solution

La fonction f est de classe C 2 sur R2 et

∂f ∂f ∂2 f ∂2 f ∂2 f
(x, y) = 6x2 , (x, y) = 6x−6y, (x, y) = 12x, (x, y) = −6, (x, y) = 6
∂x ∂y ∂x 2 ∂y 2 ∂ x∂ y

Donc p = 6, q = 0, r = 12, s = 6 et t = −6, puis le développement de Taylor-Young à


l’ordre 2 est

12h2 + 6hk − 6k2 + ◦ k (h, k) k2
¢ ¡ ¢
f (1 + h, 1 + k) = 7 + 6h +
2

Propriété 29: Taylor-Young et matrice Hessienne


n
Soit f ∈ C 2 (U, R). Pour h =
X
h i e i ∈ E tel que a + h ∈ U , on pose H = Mat ( h),
i =1 B
alors
1t
f (a + h) = f (a) + Jac( f (a)) H + H.H a ( f ).H + ◦(k H k2 ).
2

Exemple 36
Soit f : (x, y) ∈ R2 7−→ 2x3 + 6x y − 3y2 + 2. Déterminer le développement de Taylor-
Young à l’ordre 2 de f en (1, 1)

Solution

La fonction f est de classe C 2 sur R2 et


à !
³ ´ 12 6
Jac( f )(1, 1) = 6 0 et H ( f )(1, 1) =
6 −6

Puis le développement de Taylor-Young à l’ordre 2 est


à ! à !
³ ´ h 1³ ´ h
+ h k H ( f )(1, 1) + ◦ k (h, k) k2
¡ ¢
f (1 + h, 1 + k) = 7 + 6 0
k 2 k

= 7 + 6h + 12h2 + 6hk − 6k2 + ◦ k (h, k) k2
¢ ¡ ¢
2

IV.4. Applications aux extrema


Les fonctions étudiées sont supposées à valeurs réelles.

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 37

Définition
Soit f : U ⊂ E → R.
– On dit que f admet un minimum (global) en a ∈ U si ∀ x ∈ U, f ( x) Ê f ( a)
– On dit que f admet un minimum local en a ∈ U si

∃ α > 0, ∀ x ∈ U ∩ B(a, α), f ( x) Ê f (a)

 Remarque
Les extrémums globaux sont a fortiori des extrémums locaux.

Définition
On dit qu’une application f : U ⊂ E −→ R de classe C 1 admet un point cri-
tique en a ∈ U si d f (a) = 0.

Propriété 30
Soient B = ( e 1 , · · · , e p ) une base de E , f : U ⊂ E −→ R de classe C 1 et a ∈ U .
On a équivalence entre :
1. a est point critique de f ;
∂f
2. ∀ i ∈ [[1, p]] , (a) = 0.
∂xi

Preuve :
∂f
1 ⇒ 2) Via (a) = d f (a)(e j ).
∂xi
n p
X X ∂f
2 ⇒ 1) Via pour tout h = h i e i ∈ E, d f (a)(h) = hj (a).
i =1 j =1 ∂x j

Propriété 31
Si f : U ⊂ E −→ R de classe C 1 admet un extremum local en a ∈ U alors a est
point critique de f .

Preuve :
Cas a minimum local :
Il existe α > 0 tel que B(a, α) ⊂ U et ∀ x ∈ B(a, α), f (x) Ê f (a).
1
Pour tout h ∈ E, d f (a)(h) = D h f (a) = lim ( f (a + th) − f (a)).
t→0 t
1
Pour t > 0 suffisamment proche de 0, a + th ∈ B(a, α) et ( f (a + th) − f (a)) Ê 0 donc à
t
la limite d f (a)(h) Ê 0.
On obtient de façon semblable d f (a)(h) É 0.

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 38

Ainsi d f (a)(h) = 0 pour tout h ∈ E.

 Attention
– La réciproque n’est pas vraie.
– Ce résultat ne s’applique qu’à une fonction de classe C 1 définie sur un
ouvert.

Exemple 37
Considérons f : R2 −→ R définie par f (x, y) = x2 + y2 + x y + 1.
Chercher les extrémums de f

Solution

f est de classe C 1 sur R2


∂f ∂f
Points critiques : On a (x, y) = 2x + y et (x, y) = x + 2y. Le système
∂x ∂y

2x + y = 0
⇐⇒ x = y = 0
 x + 2y = 0

Etude en (0, 0) Soit (x, y) ∈ R2 , on a

f (x, y) − f (0, 0) = x2 + y2 + x y Ê 0

Donc (0, 0) est un minimum global.

Propriété 32
Soit f ∈ C 2 (U, R). On suppose que f admet un point critique en a. Alors :
• Si Sp (H a ( f )) ⊂ R∗+ , alors f admet un minimum local stricte en a.
• Si Sp (H a ( f )) ⊂ R∗− , alors f admet un maximum local stricte en a.
• Si Sp (H a ( f )) est ni strictement positive ni strictement négative, alors f
n’admet pas d’extremums en a. On dit dans ce cas que a est un point col
ou selle.

Preuve :
a est un point critique donc Jac( f )(a) = 0.
D’après la formule de Taylor-Young d’ordre 2 :

1t
H H a ( f )H + ◦0 k H k2
¡ ¢
f (a + h) = f (a) +
2
λmin et λmax sont respectivement les valeurs propres minimale et maximale de
H a ( f ), alors
λmin k H k2 É t H H a ( f )H É λmax k H k2

TA B L E D E S M AT I È R E S
IV DÉRIVÉES D’ORDRES SUPÉRIEURS 39

1t
H H a ( f )H + ◦0 k h k2 est celui de t hH f (a)h
¡ ¢
Pour h au voisinage de 0 le signe de
2
• Si Sp (H a ( f )) ⊂ R∗+ , alors si h 6= 0,t H H a ( f )H > 0 donc f (a + h) − f (a)0 et par suite
f (a) < f (a + h).
f admet un minimum local stricte en a.
• Si Sp (H a ( f )) ⊂ R∗− , alors si h 6= 0, t H H a ( f )H < 0 donc f (a + h) − f (a) < 0 et par
suite f (a) > f (a + h).
f admet un maximum local stricte en a.
• Dans ce cas h −→ t H H a ( f )H change de signe au voisinage de 0, donc f admet
un point col ou un point selle en a

Propriété 33: Extrémums en dimension 2


On suppose que dim E = 2, soit f ∈ C 2 (U ) qui admet un point critique a. On
suppose que rt − s2 6= 0. Alors :
• Si rt − s2 > 0 et r > 0 alors f admet un minimum local stricte en a.
• Si rt − s2 > 0 et r < 0 alors f admet un maximum local stricte en a.
• Si rt − s2 < 0 alors a est un point col de f .

Preuve :
On a H f (a) est symétrique donc diagonalisable. On pose Sp (H f (a)) = {α, β}, on a

det H f (a) = rt − s2 = αβ et Tr (H f (a)) = r + t = α + β

• Si rt − s2 > 0 et r > 0, alors α et β ont le même signe. On a r > 0 et rt > s2 Ê 0


donc t > 0 d’où α + β = r + t > 0 et par suite α > 0 et β > 0. Donc Sp (H a ( f )) ⊂ R∗+ et
alors f admet un minimum local stricte en a.
• Si rt − s2 > 0 et r < 0 alors α et β ont le même signe. On a et rt > s2 Ê 0 donc t < 0
d’où α + β = r + t < 0 et par suite α < 0 et β < 0. Donc Sp (H a ( f )) ⊂ R∗− et alors f
admet un maximum local stricte en a.
• Si rt − s2 < 0 alors α et β ont de signes opposés. Alors f admet un point col en a.

Exemple 38
Considérons f : R2 −→ R définie par f (x, y) = x3 + y3 − 3x y.
Chercher les extrémums de f

Solution

f est de classe C 1 sur R2


∂f ∂f
Points critiques : On a (x, y) = 3x2 − 3y et (x, y) = 3y2 − 3x. Le système
∂x ∂y
  
3x2 − 3y = 0  y = x2  y = x2
⇐⇒ ⇐⇒
3y2 − 3x = 0  x4 = x  x = 1 ou x = 0

TA B L E D E S M AT I È R E S
V CAS DES FONCTIONS NUMÉRIQUES 40

(0, 0) et (1, 1) sont les seuls points critiques

∂2 f ∂2 f ∂2 f
f (x, y) = 6x, f (x, y) = −3 et f (x, y) = 6y
∂ x2 ∂ x∂ y ∂ y2

Etude en (0, 0) : r = 0, s = −3, t = 0 et s2 − rt = 9 > 0. Il n’y a pas d’extremum local


Etude en (1, 1) : r = 6, s = −3, t = 6 et s2 − rt < 0 et r > 0. Il y a minimum local.

Exemple 39
Extrema de l’application f (x, y) = 1 − x2 1 − y2 .
¡ ¢¡ ¢

Solution
Recherche des points critiques de f : Les points critiques de f sont les solutions
∂f

(x, y) = 0
(
−2x(1 − y2 ) = 0

∂x

du système ∂f . Donc . Les points critiques de f

 (x, y) = 0 −2y(1 − x2 ) = 0
∂y
sont alors (0, 0), (1, 1), (−1, 1), (1, −1) et (−1, −1). On a f (x, y) = f (− x, y) = f (x, − y) =
f (− x, − y) donc les points critiques (1, 1), (−1, 1), (1, −1) et (−1, −1) sont de même
nature.
– Étude du point (0, 0) : On a r = t = −2 et s = 0, alors s2 − rt = −4 < 0 et r < 0, donc
f admet un minimum local stricte en (0, 0).
– Étude des points (1, 1), (−1, 1), (1, −1) et (−1, −1) : On a r = t = 0 et s = 4 donc
s2 − rt = 16 > 0. On déduit que f admet des points cols en (1, 1), (−1, 1), (1, −1) et
(−1, −1).

V. Cas des fonctions numériques


V.1. Gradient
E désigne un espace vectoriel euclidien dont on note < ., . > son produit scalaire

Propriété 34
Si f : U ⊂ E −→ R est une application différentiable en a ∈ U , il existe un
unique vecteur dans E noté ∇ f (a) et appelé gradient de f en a vérifiant

∀ h ∈ E, d f (a)( h) =< ∇ f (a), h >

De plus, si B = ( e 1 , · · · , e n ) est une base orthonormée de E alors

X n ∂f
∇ f ( a) = ( a) e i
i =1 ∂ x i

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V CAS DES FONCTIONS NUMÉRIQUES 41

Preuve :
Pour tout a ∈ U, l’application d f (a) ∈ E ∗ , donc l’existence et l’unicité

V.2. Vecteurs tangents à une partie


Définition
Soit a un élément d’une partie X d’un espace vectoriel réel E . On dit qu’un
vecteur v de E est tangent à X en a, s’il existe ε > 0 et un arc γ défini sur
] − ε, ε[ inscrit dans X vérifiant :

γ(0) = a et γ0 (0) = v

Lorsque le vecteur v est non nul, on dit que la droite a + Vect (v) est tangente
à X en a.

Définition
Soit f : U ⊂ R2 −→ R. On appelle surface représentative de f l’ensemble
formé des ( x, y, z) ∈ R3 vérifiant l’équation

S f : z = f ( x, y)

Définition
Soit f : U ⊂ R2 −→ R. Si f est différentiable en ( x0 , y0 ), le plan d’équation
cartésienne
∂f ∂f
z= ( x0 , y0 )( x − x0 ) + ( x0 , y0 )( y − y0 ) + f ( x0 , y0 )
∂x ∂y

est appelé plan tangent à S f au point ( x0 , y0 , z0 ).

Exemple 40
Considérons la surface z = x2 + 2y2 .
Une équation du plan tangent en (x0 , y0 , z0 ) est

z = 2x0 (x − x0 ) + 4y0 (y − y0 ) + z0

et puisque z0 = x02 + 2y02 , on peut simplifier

z = 2x0 x + 4y0 y − z0

TA B L E D E S M AT I È R E S
V CAS DES FONCTIONS NUMÉRIQUES 42

Théorème
Si f est différentiable en ( x0 , y0 ) alors les tangentes à S f au point ( x0 , y0 , z0 )
sont toutes incluses dans le plan tangent à S f en ( x0 , y0 , z0 ).

Preuve :

Soit T une tangente à S f en (x0 , y0 , z0 ). Il existe v ∈ R3 non nul et un arc γ : t 7−→


γ(x(t), y(t), z(t)) défini sur ] − ε, ε[ inscrit dans S f vérifiant

γ(0) = (x0 , y0 , z0 ) et γ0 (0) = v = (x0 (0), y0 (0), z0 (0))

Puisque z(t) = f (x(t), y(t)), on obtient par dérivation en 0

∂f ∂f
z0 (0) = x0 (0) (x0 , y0 ) + y0 (0) (x0 , y0 )
∂x ∂y

Les éléments de la droite T sont alors de coordonnées



 x = x0 + λ x (0)

 0

y = y0 + λ y0 (0)


z = z0 + λ z0 (0)

vérifiant l’équation du plan proposée.

 Remarque
On peut aussi montrer que le plan tangent est exactement la réunion des
droites tangentes à S f en ( x0 , y0 , z0 ).

V.3. Ligne de niveau


Définition 4
Soit λ ∈ R et f : U ⊂ E −→ R. L’ensemble

Uλ = { x ∈ U, f ( x) = λ}

est appelé ligne de niveau λ de f

TA B L E D E S M AT I È R E S
V CAS DES FONCTIONS NUMÉRIQUES 43

Théorème 1
Soit f : U ⊂ E −→ R différentiable, avec E euclidien. Alors les vecteurs tan-
gents en un point a d’une ligne de niveau sont orthogonaux au gradient de f
en a

Preuve :
On introduit B = (e 1 , · · · , e n ) une base orthonormée de E. On sait

X n ∂f
∇ f (a) = (a)e i
i =1 ∂ x i

Soit v un vecteur tangent au point a d’une ligne de niveau Uλ de f . Il existe un arc


γ : t −→ γ(t) défini sur ]−ε, ε[ inscrit dans Uλ vérifiant

γ(0) = a et γ0 (0) = v

En notant x1 , · · · , xn les coordonnées de γ dans B , on a


n
v = γ0 (0) = x0i (0)e i
X
i =1

Puisque γ inscrit dans Uλ , la fonction t 7−→ f (γ(t)) est constante. Par dérivation, on a
n ∂f
x0i (0)
X
0= (a) =< ∇ f (a), v >
i =1 ∂xi

TA B L E D E S M AT I È R E S

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