Chapitre 7

ACTUF404 - Assurance Vie 1
Prof. Julien Trufin
Année académique 2020-2021
1
Chapitre 7 : Réserves mathématiques pures
Chapitre 7 : Réserves
mathématiques pures
2
Introduction
Introduction
Les compagnies d’assurance doivent établir leur bilan à la fin de
chaque année comptable.
→ Pour les compagnies d’assurance-vie, le passif du bilan comporte un
poste très important : les réserves mathématiques.
Ce poste reprend la valeur actuelle au jour du bilan des engagements

nets de la compagnie envers les contractants.
→ De façon plus précise, les réserves mathématiques sont égales à
l’espérance de la valeur actuelle des charges futures de la compagnie
au titre de tous les contrats en cours au moment du calcul, diminuée
de l’espérance de la valeur actuelle de toutes les primes restant à
échoir au titre de ces mêmes contrats.
3
Réserves mathématiques pures
Définition
Les réserves mathématiques sont dites pures lorsque
→ Pour l’évaluation de la valeur actuelle des charges futures de la
compagnie, on ne tient compte que des prestations assurées, en
excluant donc les frais de gestion futurs de la compagnie.
→ Pour évaluer la valeur actuelle des primes restant à échoir, on ne
considère que les primes pures, en excluant donc les chargements
pour frais contenus dans les primes restant à échoir.
4
Généralités (1/5)
Soit un contrat d’assurance-vie souscrit en t = 0 sur une tête d’âge
x , et d’une durée de n années. Les prestations sont définies comme
suit :
→ En cas de décès de l’assuré à l’instant t (0 < t < n), paiement
immédiat d’un capital de montant C (t), où C (t) est une fonction
intégrable sur [0, n].
→ En cas de vie de l’assuré à l’instant t (0 < t ≤ n), le montant
cumulé des prestations payées dans [0, t] est L(t) où L(t) est une
fonction continue à droite et non décroissante sur [0, n].
5
Pour un intervalle de temps T ⊂ [0, ∞) d’origine s, nous noterons
→ ET : l’espérance mathématique de la valeur actuelle en s des
prestations payables dans l’intervalle de temps T sachant que
l’assuré est vivant en s.
→ PT : l’espérance mathématique de la valeur actuelle en s des primes
pures échéant dans l’intervalle de temps T sachant que l’assuré est
vivant en s.
6
Soit x l’âge de l’assuré en t = 0. Il vient
Z t Z t
E[s,t] = v y−s y−s px +s µx +y C (y) dy + y−s px +s v y−s dL(y)
s s
et Z t
P[s,t] = y−s px +s v y−s dP (y).
s
La réserve mathématique pure V (t) du contrat en t est définie par
V (t) = E[t,n] − P[t,n] (0 ≤ t ≤ n).
7
Les primes pures satisfaisant le principe d’équivalence, il vient
V (0) = E − P = 0,
où E = E[0,n] et P = P[0,n] .
Remarque 1 :
→ Si le contrat est de durée n < ∞, il n’y a plus ni prime ni prestation
échéant après n et donc
V (t) = 0 ∀t > n.
→ Si le contrat garantit le paiement d’un capital L si l’assuré est vivant

au terme n et s’il n’y a pas de prime échéant en n, on a
V (n) = L.
8
Remarque 2 : Si x est l’âge de l’assuré à l’origine du contrat, la
réserve mathématique à l’âge x + t, V (t), est souvent notée t Vx
9
Réserves mathématiques anniversaires
Définition
Les réserves mathématiques anniversaires sont les réserves
mathématiques calculées en fin d’année d’assurance.
→ Plus précisément, ce sont les réserves mathématiques calculées aux
échéances anniversaires du contrat, par exemple en t = 1, 2, . . . , n
dans le cas d’un contrat souscrit en t = 0 pour une durée de n
années.
10
Conventions (1/2)
Dans la suite, les conventions suivantes sont adoptées pour les
primes :
→ Si une prime vient à échéance à la fin de la k -ème année d’assurance,
la réserve mathématique en k sera calculée en supposant cette prime
déjà payée.
→ Si une prime vient à échéance au début de la k + 1-ème année
d’assurance, la réserve mathématique en k sera calculée en
supposant cette prime non encore payée.
11
Conventions (2/2)
De même, les conventions suivantes sont adoptées dans la suite pour
les prestations :
→ Si une prestation est payable à la fin de la k -ème année d’assurance,
la réserve mathématique anniversaire en k sera calculée en supposant
cette prestation déjà liquidée.
→ Si une prestation est payable au début de la k + 1-ème année
d’assurance, la réserve mathématique en k sera calculée en
supposant cette prestation non encore payée.
Remarque : La même convention s’applique pour les réserves

calculées à la fin d’une fraction d’année lorsque les primes ou les
prestations sont fractionnées.
12
Exemple 1 (1/3)
Soit une assurance vie-entière de capital unitaire sur une tête d’âge
x.
Si l’assuré vit en t, l’espérance de la valeur actuelle en t des

prestations assurées dans [t, ∞) est égale à la prime unique pure
d’une assurance vie-entière sur une tête d’âge x + t :
E[t,∞) = Āx +t .
13
Exemple 1 (2/3)
Cas 1 : Si le contrat est financé par une prime unique payable à la
souscription, il vient
P[t,∞) = 0 ∀t > 0.
Ainsi,
t Vx = Āx +t ∀t > 0.
14
Exemple 1 (3/3)
Cas 2 : Si le contrat est financé par des primes annuelles constantes
de montant PA payables annuellement par anticipation pendant k
années, il vient
Āx
PA =
äx :k
et
PA äx +t:k −t si t = 0, . . . , k − 1
P[t,∞) =
0 si t = k , k + 1, . . .
Par conséquent,

Āx +t − PA äx +t:k −t si t = 0, . . . , k − 1
t Vx =
Āx +t si t = k , k + 1, . . .
15
Exemple 2 (1/3)
Soit une assurance mixte de capitaux assurés unitaires et d’une
durée de n années sur une tête d’âge x .
Pour k = 0, 1, ..., n − 1, on a
E[k ,n] = Āx +k :n−k .

souscription, il vient
k Vx = Āx +k :n−k (k = 1, . . . , n).
16
Exemple 2 (2/3)
de montant PA payables annuellement par anticipation jusqu’au
terme, on a
Āx :n
PA =
äx :n
et
k Vx = Āx +k :n−k − PA äx +k :n−k (k = 0, 1, . . . , n).
17
Exemple 2 (3/3)
Cas 3 : Supposons le contrat financé par des primes payables
annuellement par anticipation, dont le montant est constant pendant
les cinq premières années, double la sixième année pour rester
ensuite constant jusqu’au terme du contrat.
Il vient en notant PA la prime annuelle à partir de la sixième année

(
PA
2
äx +k :5−k + PA 5−k Ex +k äx +5:n−5 si k = 0, 1, . . . , 4
P[k ,n] =
PA äx +k :n−k si k = 5, . . . , n
et
(
Āx +k :n−k − PA 0.5 äx +k :5−k + 5−k Ex +k äx +5:n−5 si k = 0, 1, . . . , 4
k Vx =
Āx +k :n−k − PA äx +k :n−k si k = 5, . . . , n.
18
Exemple 3
Soit une rente temporaire de un euro par an payable mensuellement
à terme échu sur une tête d’âge x et d’une durée de n années.
La rente est financée par une prime unique payable à l’origine.
Si le rentier est encore vivant à la fin de la t-ème année

(t = 1, 2, . . . , n), l’espérance de la valeur actuelle en t des
prestations futures de la compagnie est la prime unique pure d’une
rente temporaire de n − t années sur une tête d’âge x + t :
(12)
t Vx = ax +t:n−t (t = 1, 2, . . . , n).
19
Exemple 4 (1/2)
Soit une rente viagère de un euro par an payable annuellement à
terme échu et différée de n années, souscrite par une tête d’âge x .
Cas 1 : Si la rente est financée par une prime unique payable à la

souscription :

n−t| ax +t si t = 1, . . . , n
V
t x =
ax +t si t = n + 1, . . .
20
Exemple 4 (2/2)
Cas 2 : Si la rente est financée par une prime annuelle constante PA
payable trimestriellement par anticipation pendant le terme différé,
on a
n| ax
PA = (4)
äx :n
et
(
(4)
n−t| ax +t − PA äx +t:n−t si t = 0, . . . , n
t Vx =
ax +t si t = n + 1, . . .
21
Contrat général
Soit un contrat de la forme générale décrite au slide 5 de ce chapitre
sur une tête d’âge x et d’une durée de n années.
Il vient
Z n Z n
t Vx = v s−t s−t px +t µx +s C (s) ds + v s−t s−t px +t dL(s)
t t
Z n
− v s−t s−t px +t dP (s).
t
22
Forme rétrospective des réserves
Contexte
La formule générale
V (t) = E[t,n] − P[t,n] (0 ≤ t ≤ n),
est une formule prospective.

→ En effet, elle définit la réserve mathématique en t en termes de
primes et de prestations futures.
Si les primes et les prestations sont liées par le principe

d’équivalence, on peut réexprimer la réserve mathématique en
termes de valeurs acquises des primes et des prestations passées.
23
Approche rétrospective (1/4)

Soit la formule prospective
t Vx = E[t,n] − P[t,n] .
Puisque pour t ∈ [0, n],
E[0,n] = E[0,t) + v t t px E[t,n]

P[0,n] = P[0,t) + v t t px P[t,n] ,
il vient
v t t px t Vx = v t t px E[t,n] − v t t px P[t,n]
= E[0,n] − E[0,t) − P[0,n] + P[0,t) .
24

Le contrat satisfaisant au principe d’équivalence, on a
E[0,n] = P[0,n] , d’où
t
t px t Vx = P[0,t) − E[0,t) u
qui est la formule rétrospective annoncée.
25

Celle-ci traduit l’équilibre entre les recettes et les charges attendues
de la compagnie sur [0, t) :
→ Recettes : P[0,t) u t est l’espérance de la valeur capitalisée en t des
primes payées dans l’intervalle [0, t).
→ Charges :
E[0,t) u t est l’espérance de la valeur capitalisée en t des prestations à
payer dans l’intervalle [0, t).
t px t Vx est l’espérance de la réserve à constituer en t pour le contrat
considéré. En effet :
→ Si l’assuré est vivant en t, l’assureur doit constituer en t une
réserve t Vx égale à la valeur actuelle moyenne de ses engagements
nets futurs au titre du contrat considéré.
→ Si l’assuré décède avant l’instant t, le contrat est éteint en t et il
n’y a évidemment pas lieu de constituer une réserve en t pour ce
contrat.
26
La forme rétrospective de la réserve mathématique s’écrit souvent à

l’aide de l’ordre de survie :
lx +t t Vx = lx P[0,t) − E[0,t) u t .

→ Interprétation : Soit un effectif de lx personnes d’âge x souscrivant

le même contrat. Cette relation exprime que l’espérance de la valeur
capitalisée en t de l’excédent des recettes sur les prestations échéant
dans l’intervalle de temps [0, t) pour ces lx contrats est égale à
l’espérance du montant des réserves à constituer en t.
Remarque : Si les primes ne satisfont pas le principe d’équivalence

(i.e. V (0) = E − P = 6 0), la formule rétrospective devient
t
t px t Vx = V (0) + P[0,t) − E[0,t) u .
27
Exemple 1 (1/2)
Soit une assurance vie-entière de capital assuré unitaire sur une tête
d’âge x .
Cas 1 : Si le contrat est financé par la prime unique Āx payable à

l’origine, il vient
E[0,t) = Ā1x :t
P[0,t) = Āx (t > 0).
La formule rétrospective devient

1
Āx − Ā1x :t ut

t Vx = (t > 0).
t px
28
Exemple 1 (2/2)
années, on a
Āx
PA = .
äx :k

 1 PA äx :t − Ā1 ut si t = 1, . . . , k
p
t x x :t
t Vx =

 1 PA ä 1
ut
t px x :k − Āx :t si t = k + 1, . . .
29
Exemple 2

souscription, la formule rétrospective devient
1
Āx :n − Ā1x :t ut ,

t Vx = t = 1, . . . , n.
t px

terme, on a
PA = Āx :n /äx :n ,
et la formule rétrospective devient
1
PA äx :t − Ā1x :t ut ,

t Vx = t = 1, . . . , n.
p
t x
30
Exemple 3
(12)
La rente est financée par la prime unique pure ax :n payable à
l’origine.

1 (12) (12)

t Vx = ax :n − ax :t ut , t = 1, . . . , n.
t px
31
Exemple 4 (1/2)
Soit une rente viagère de un euro par an, payable annuellement à
terme échu, différée de n années, sur une tête d’âge x .
Cas 1 : Si la rente est financée par la prime unique pure n| ax , la

formule rétrospective devient
1 t
t px
n| ax u si t = 1, . . . , n
t Vx = 1 n
t
t px
a
n| x − v p a
n x x +n:t−n u si t = n + 1, . . .
32
Exemple 4 (2/2)
Cas 2 : Si la rente est financée par des primes annuelles constantes
pures de montant PA payables trimestriellement par anticipation
pendant le terme différé,
n| ax
PA = (4)
,
äx :n
et la formule rétrospective devient

( 1 (4)
t px
PA äx :t u t si t = 1, . . . , n
t Vx =

1 (4) n
t px
PA äx :n − v n px ax +n:t−n ut si t = n + 1, . . .
33
Contrat général

(Z
t Z t
t px t Vx = v s s px dP (s) − v s s px µx +s C (s) ds
0 0
)
Z t
− v s s px dL(s) u t .
0
34
Formule de récurrence
Formule de récurrence (1/4)

Soit la formule prospective pour les réserves mathématiques en t et
t +1 :
V (t) = E[t,n] − P[t,n]

V (t + 1) = E[t+1,n] − P[t+1,n] .
Puisque
E[t,n] = E[t,t+1) + v px +t E[t+1,n]

P[t,n] = P[t,t+1) + v px +t P[t+1,n] ,
il vient
1
V (t + 1) = E[t,n] − E[t,t+1) − P[t,n] + P[t,t+1) u.
px +t
35

Ainsi, on trouve la formule de récurrence
v px +t V (t + 1) = V (t) + P[t,t+1) − E[t,t+1) .
→ La réserve mathématique en t + 1 peut-être calculée si on connait la

réserve mathématique en t, les primes échéant dans [t, t + 1) et les
prestations assurées dans [t, t + 1).
36

Cette formule traduit l’équilibre entre les valeurs actuelles moyennes
des recettes et des charges de la compagnie d’assurance sur la
période [t, t + 1) :
→ Recettes :
V (t) est la réserve dont doit déjà disposer la compagnie à l’instant t.
P[t,t+1) est l’espérance de la valeur actuelle en t des primes échéant
dans [t, t + 1).
→ Charges :
E[t,t+1) est l’espérance de la valeur actuelle en t des prestations
échéant dans [t, t + 1).
La réserve à constituer en t + 1 est V (t + 1) si l’assuré vivant en t
survit en t + 1 et est nulle sinon. v px +t V (t + 1) est donc
l’espérance de la valeur actuelle en t de la réserve mathématique à
constituer en t + 1.
37

Remarques :
→ La formule de récurrence peut également être obtenue au départ de
la formule rétrospective écrite pour les réserves mathématiques en t
et en t + 1.
→ La formule de récurrence écrite pour des intervalles de temps de
longueur 1 se généralise immédiatement pour des intervalles de
temps de longueur h quelconque :
h
h px +t V (t + h) = V (t) + P[t,t+h) − E[t,t+h) u .
38
Exemple 1 (1/2)
Soit une assurance vie-entière de capital assuré unitaire sur une tête
d’âge x .
Cas 1 : Si le contrat est financé par la prime unique Āx payable à

l’origine, la formule de récurrence devient

 Āx − Ā1x :1 u si t = 0
px +t t+1 Vx =
 t Vx − Ā 1
x +t:1
u si t = 1, 2, . . .
39
Exemple 1 (2/2)
années, on a
Āx
PA = .
äx :k
La formule de récurrence devient

 t Vx + PA − Ā1 u si t = 0, . . . , k − 1
x +t:1
px +t t+1 Vx =
1
t Vx − Āx +t:1 u si t = k , k + 1, . . .

40
Exemple 2
souscription, la formule de récurrence devient

 Āx :n − Ā1 u si t = 0
x :1
px +t t+1 Vx =
 t Vx − Ā1 u si t = 1, . . . , n − 1.
x +t:1

terme, on a
PA = Āx :n /äx :n ,
et la formule de récurrence devient
+ PA − Ā1x +t:1

px +t t+1 Vx = t Vx u t = 0, . . . , n − 1.
41
Exemple 3
(12)
La rente est financée par la prime unique pure ax :n payable à
l’origine.


 a (12) − a (12) u si t = 0
px +t t+1 Vx = x :n x :1
 t Vx − a (12) u si t = 1, . . . , n − 1.
x +t:1
42
Exemple 4 (1/2)
Soit une rente viagère de un euro par an, payable mensuellement à
terme échu, différée de n années, sur une tête d’âge x .
(12)
Cas 1 : Si la rente est financée par la prime unique pure n| ax , la
formule de récurrence devient
(12)


 n| ax u si t = 0
px +t t+1 Vx = V
t x u si t = 1, . . . , n − 1
 V − a (12)

u si t = n, n + 1, . . .
t x x +t:1
43
Exemple 4 (2/2)
Cas 2 : Si la rente est financée par des primes annuelles constantes
pures de montant PA payables trimestriellement par anticipation
pendant le terme différé,
(12)
n| ax
PA = (4)
,
äx :n
et la formule de récurrence devient


 t Vx + PA ä (4) u si t = 0, . . . , n − 1
x +t:1
px +t t+1 Vx =
(12)

t Vx − ax +t:1 u si t = n, n + 1, . . .

44
Contrat général

Z t+h
v h h px +t t+h Vx = t Vx + v s−t s−t px +t dP (s)
t
Z t+h
− v s−t s−t px +t µx +s C (s) ds
t
Z t+h
− v s−t s−t px +t dL(s).
t
45
Equation différentielle de Thiele
Equation de Thiele (1/3)

La forme rétrospective de la réserve mathématique pour un contrat
de la forme générale décrite au slide 5 de ce chapitre est
Z t Z t Z t
t px V (t) = v s s px dP (s) − v s s px µx +s C (s) ds − v s s px dL(s) u t .
0 0 0
Soit δ = ln(1 + i ) le taux instantané d’intérêt technique. En

différentiant les deux membres de la relation ci-dessus, il vient
l’équation de Thiele :
dV (t) = δ V (t) dt + dP (t) − µx +t (C (t) − V (t)) dt − dL(t).
Avec la condition initiale V (0) = 0, cette équation a une solution

unique.
46

L’équation de Thiele exprime l’équilibre local (dans l’intervalle
[t, t + dt)) des recettes et des dépenses moyennes de la compagnie :
→ Recettes :
Intérêts sur réserve constituée en t : δ V (t) dt.
Primes échéant dans [t, t + dt) : dP (t).
Libération de la réserve constituée en cas de décès dans [t, t + dt) :
recette moyenne µx +t V (t) dt.
→ Charges :
Capital à liquider en cas de décès de l’assuré dans [t, t + dt) : valeur
moyenne µx +t C (t) dt.
Prestation en cas de vie dans [t, t + dt) : dL(t).
Accroissement de la réserve sur [t, t + dt) : dV (t).
47

Remarque : Lorsque P (t) et L(t) sont des fonctions dérivables,
V (t) est également dérivable et l’équation de Thiele devient une
équation différentielle ordinaire. En notant π(t) = P 0 (t) et
λ(t) = L0 (t), il vient
d
V (t) = δV (t) + π(t) − µx +t [C (t) − V (t)] − λ(t).
dt
48
Prime de risque et prime d’épargne
Prime de risque et prime d’épargne (1/3)

Soit une assurance mixte sur une tête d’âge x et d’une durée de n
années.
→ Soit Ck le capital assuré en cas de décès de l’assuré dans la k -ème
année, payable à la fin de l’année du décès.
→ Soit L le capital assuré en cas de vie au terme.
Le contrat est supposé financé par des primes annuelles pures

payables par anticipation.
→ Soit Πk le montant de la prime échéant en k (k = 0, 1, . . . , n − 1).
La formule de récurrence pour les réserves mathématiques

anniversaires s’écrit
px +k V (k + 1) = (V (k ) + Πk − v qx +k Ck +1 ) u.
49
Cette formule peut se réécrire comme suit :
Πk = v (1 − qx +k ) V (k + 1) − V (k ) + v qx +k Ck +1
= v V (k + 1) − V (k ) + qx +k (Ck +1 − V (k + 1)) v .
→ Le premier terme est la prime d’épargne pour l’année k + 1.

Sa capitalisation sur l’année permet de financer exactement
l’accroissement de la réserve mathématique :
(V (k ) + Πek ) u = V (k + 1).
→ Le second terme est la prime de risque pour l’année k + 1.
Le coût net que représenterait pour l’assureur le décès de l’assuré
dans l’année k + 1 est la différence entre le capital décès assuré et la
réserve mathématique à constituer en fin d’année si l’assuré survit,
i.e. Ck +1 − V (k + 1).
Cette différence est appelée le capital-risque de l’année. La prime de
risque est égale à la prime d’une assurance temporaire d’un an
assurant en cas de décès le paiement en fin d’année du capital risque.
50

Les primes d’épargne capitalisées financièrement jusqu’au terme du
contrat permettent de payer le capital en cas de vie L :
n−1
X n−1
X
Πek u n−k = [v V (k + 1) − V (k )] u n−k
k =0 k =0
= ...
= V (n) − V (0) u n
= V (n)
= L.
51
Cas d’un capital différé à prime annuelle constante (1/2)

Dans le cas d’une assurance de capital différé à primes annuelles
constantes,
→ Ck = 0 ;
→ L > 0;
→ Πk = Π = n Ex /äx :n .
La prime de risque
Πrk = −v qx +k V (k + 1) (k = 0, 1, . . . , n − 1)
est alors négative chaque année.
Par voie de conséquence, la prime d’épargne est plus élevée que la

prime annuelle pure du contrat.
52
Cas d’un capital différé à prime annuelle constante (2/2)

Explication :
→ En cas de décès de l’assuré, l’assureur n’est tenu à aucune prestation
et la réserve constituée lui reste acquise.
→ L’espérance de la valeur actuelle de la réserve ainsi libérée s’ajoute à
la prime annuelle pure pour former la prime d’épargne :
Πek = Π + v qx +k V (k + 1).
53
Cas d’une assurance décès temporaire (1/4)

Dans le cas d’une assurance décès à capital constant, il vient
→ L = 0;
→ Ck = C > 0 pour k = 1, . . . , n.
La prime pure couvrant le risque pour l’année k + 1 est donnée par
C A1x +k :1 = C v qx +k .
→ La probabilité de décès dans l’année augmentant avec l’âge de

l’assuré, cette prime augmente donc avec k .
54

Si l’assuré payait exactement cette prime chaque année, i.e. si
Πk = C v qx +k , la compagnie n’aurait évidemment aucune réserve à
constituer en fin d’année au titre du contrat. En effet, il vient pour
k = 0, 1, . . . , n
X−1
n−k
V (k ) = C A1x +k :n−k − j px +k v j Πk +j
j =0
X−1
n−k
!
= C A1x +k :n−k − j px +k qx +k +j v j +1
j =0
= 0.
55

Dans ce cas, il vient pour k = 0, 1, . . . , n − 1
Πrk = Πk = C A1x +k :1 = C v qx +k
et
Πek = 0.
De tels contrats sont dits à la prime de risque.
56

Pour un contrat à prime annuelle constante :
1. La prime annuelle est supérieure à la prime de risque durant les
premières années.
→ Les excédents de prime perçus durant cette période permettent de
constituer la réserve mathématique ; les primes d’épargne sont
positives durant cette période.
2. La probabilité annuelle de décès augmentant, la prime annuelle du
contrat devient ensuite inférieure à la prime de risque.
→ La différence est financée par la réserve mathématique ; la prime
d’épargne est alors négative.
3. Lorsque cette différence devient supérieure à l’intérêt annuel
escompté produit par la réserve (i.e. lorsque Πk + i v V (k ) < Πrk ),
la réserve se met à décroı̂tre pour s’annuler à la fin de la dernière
année.
57
Exercice 7.1
Une personne de 40 ans souscrit un contrat d’assurance vie comportant les garanties suivantes :
En cas de décès avant 65 ans, le paiement immédiat d’un capital de 125 000 euros ;
En cas de vie à 65 ans, le paiement d’un capital de 250 000 euros.
Le contrat prévoit des primes payables annuellement par anticipation pendant les 20 premières
années. Ces primes sont de montant P durant les 10 premières années, de montant 1.5P à partir
de la 11 ème année. Sachant que
Ā140:25 = 0.118711 25 E40 = 0.237999 ä40:10 = 8.051409 10 E40 = 0.599040
ä50:10 = 7.877589 Ā145:20 = 0.130736 20 E45 = 0.306039
ä45:5 = 4.520874 5 E45 = 0.770294,
calculer
(a) La prime unique du contrat.
(b) La prime annuelle P des 10 premières années.
(c) La réserve mathématique pure à la fin de la 5 ème année.
58

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ACTUF404 - Assurance Vie 1

ACTUF404 - Assurance Vie 1

Prof. Julien Trufin

Année académique 2020-2021

Ce poste reprend la valeur actuelle au jour du bilan des engagements

La réserve mathématique pure V (t) du contrat en t est définie par

V (t) = E[t,n] − P[t,n] (0 ≤ t ≤ n).

où E = E[0,n] et P = P[0,n] .

→ Si le contrat garantit le paiement d’un capital L si l’assuré est vivant

Remarque : La même convention s’applique pour les réserves

Si l’assuré vit en t, l’espérance de la valeur actuelle en t des

E[k ,n] = Āx +k :n−k .

Cas 1 : Si le contrat est financé par une prime unique payable à la

k Vx = Āx +k :n−k (k = 1, . . . , n).

Il vient en notant PA la prime annuelle à partir de la sixième année

La rente est financée par une prime unique payable à l’origine.

Si le rentier est encore vivant à la fin de la t-ème année

Cas 1 : Si la rente est financée par une prime unique payable à la

V (t) = E[t,n] − P[t,n] (0 ≤ t ≤ n),

est une formule prospective.

Si les primes et les prestations sont liées par le principe

Approche rétrospective (1/4)

Puisque pour t ∈ [0, n],

E[0,n] = E[0,t) + v t t px E[t,n]

Approche rétrospective (2/4)

qui est la formule rétrospective annoncée.

Approche rétrospective (3/4)

Approche rétrospective (4/4)

La forme rétrospective de la réserve mathématique s’écrit souvent à

→ Interprétation : Soit un effectif de lx personnes d’âge x souscrivant

Remarque : Si les primes ne satisfont pas le principe d’équivalence

Cas 1 : Si le contrat est financé par la prime unique Āx payable à

La formule rétrospective devient

Soit une assurance mixte de capitaux assurés unitaires et d’une

Cas 2 : Si le contrat est financé par des primes annuelles constantes

La formule rétrospective devient

Cas 1 : Si la rente est financée par la prime unique pure n| ax , la

et la formule rétrospective devient

La formule rétrospective devient

Formule de récurrence (1/4)

V (t) = E[t,n] − P[t,n]

E[t,n] = E[t,t+1) + v px +t E[t+1,n]

Formule de récurrence (2/4)

v px +t V (t + 1) = V (t) + P[t,t+1) − E[t,t+1) .

→ La réserve mathématique en t + 1 peut-être calculée si on connait la

Formule de récurrence (3/4)

Formule de récurrence (4/4)

Cas 1 : Si le contrat est financé par la prime unique Āx payable à

Cas 2 : Si le contrat est financé par des primes annuelles constantes

La formule de récurrence devient

et la formule de récurrence devient

La formule de récurrence devient

Equation de Thiele (1/3)

Soit δ = ln(1 + i ) le taux instantané d’intérêt technique. En

dV (t) = δ V (t) dt + dP (t) − µx +t (C (t) − V (t)) dt − dL(t).

Avec la condition initiale V (0) = 0, cette équation a une solution

Equation de Thiele (2/3)

Equation de Thiele (3/3)

Prime de risque et prime d’épargne (1/3)

Le contrat est supposé financé par des primes annuelles pures

La formule de récurrence pour les réserves mathématiques

Prime de risque et prime d’épargne (2/3)

Cette formule peut se réécrire comme suit :

→ Le premier terme est la prime d’épargne pour l’année k + 1.