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Endommagement et mécanique de la rupture Mr. A.

Abderrahmane Master 1 GM

Chapitre 01

Rupture fragile, rupture ductile et transition ductile-fragile

1.1 Introduction :
La rupture mécanique est une interruption de la continuité du matériau (de la pièce, structure…).
Cette rupture peut être une simple cassure ou ouverture au sein du matériau (rupture partielle), ou
fragmentation en deux ou en plusieurs parties (rupture totale), dans ce dernier cas elle ne peut plus
assurer sa fonction. La rupture des matériaux est un phénomène aussi vieux que les matériaux,
l’homme la rencontré aussi longtemps qu’il fait des constructions de pièces et de machines. Ce
problème est devenue plus crucial est plus dangereux avec le développement des structures complexes
liées au progrès technologiques, où des ruptures inattendues ont lieu. L’étude de la rupture et
l’optimisation des matériaux pour des sollicitations exceptionnelles permettent de limiter les
conséquences d’un accident. Dans le cas du crash automobile, par exemple, on cherche à absorber la
plus grande part possible de l’énergie du choc par la déformation et la rupture du véhicule afin de
protéger les passagers. On peut aussi vouloir contrôler la taille des fragments éjectés lors de la rupture
d’une pièce tournante. Les ruptures peuvent en effet être soit de type ductile, soit de type fragile.

1.2 La rupture fragile :


1.2.1 Définition :
La rupture fragile est une rupture qui se produit sans ou avec peu de déformation plastique, avec
faible absorption d’énergie et les morceaux peuvent se réassembler parfaitement. Elle est
catastrophique, elle se produit sans avertissement et de façon très brutale par la propagation très rapide
de fissure où toute l’énergie élastique emmagasinée est libérée d’un seul coup au moment de la
rupture, ce qui fait le danger. Elle est caractérisée par une section de rupture plane proche de la section
initiale, perpendiculaire à la direction de la contrainte principale maximale et avec un faible
coefficient de striction (ou nul). Macroscopiquement la rupture fragile est définie par un faciès de
rupture brillant à grain (cristallin). Microscopiquement la propagation de fissure peut être
transgranulaire (par clivage) ou intergranulaire.

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1.2.2 Rupture transgranulaire (par clivage) :


La rupture par clivage est une rupture fragile transgranulaire, à l’échelle microscopique la fissure
traverse le centre des grains en suivant des plans cristallographiques bien définis dans chaque grain
appelés plans de clivages (plans de faiblesse dans la structure cristalline), à l’échelle atomique elle se
produit par une décohésion des liaisons interatomiques. En microscope électronique à balayage
(MEB) le faciès de rupture est caractérisé par des microreliefs appelés rivières (Fig. a).

a b

Photos MEB

1.2.3 Rupture intergranulaire :


Il s’agit d’une rupture fragile par décohésion intergranulaire, où la fissure se propage en suivant les
joints de grain (séparation du matériau suivant les joints de grains). Cette décohésion a pour origine
une fragilité introduite par des défauts concentrés aux joints de grain comme la ségrégation d’un
élément fragilisant. Aussi, elle est observable principalement en présence de corrosion (fragilisation
par l'hydrogène par exemple). Au MEB, le faciès de rupture est caractérisé par des facettes ((Fig.b).

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1.3 Rupture de type ductile :


1.3.1 Définition
La rupture ductile est une rupture qui se produit avec une déformation plastique importante, elle est
caractérisée par une grande absorption d’énergie. Elle est moins dangereuse, l’énergie emmagasinée
est dissipée progressivement avant la rupture pour provoquer la déformation plastique. Elle est définie
par une section de rupture à relief (non plane) avec un coefficient de striction élevé.
Macroscopiquement la rupture ductile est définie par un faciès de rupture sombre à nerf.

1.3.2 Mécanisme physique la rupture ductile :


La rupture ductile est liée essentiellement à la présence d’inclusions ou de précipités. La rupture se
produit par : 1. déformation plastique autour des inclusions, 2. formation des microcavités 3.
allongement de ces microcavités dans le sens de la déformation et finalement coalescence de celle-ci
par striction ou cisaillement provoquant ainsi la rupture finale. Ce mécanisme conduit à la naissance
de microreliefs appelés cupules visible par le MEB. Les cupules ont des formes allongées dans la
direction de la déformation, ou bien elles ont des formes liées à celle des particules qui leur ont donné
naissance.

Photo MEB

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1.4 Influence de la température sur la ductilité :


Les essais de traction effectués à basses températures ont montrés qu’à une température donnée la
limite d’élasticité (Re) et la résistance à la traction (Rm) ont une même valeur, et que l’allongement
à la rupture A% devient nulle, ce qui signifie que le matériau est devenu parfaitement fragile. Cette
température est appelée température de transition ductile fragile (TTDF). Un tel changement de
comportement repose sur les faits suivants : quand la température décroît, le mouvement des
dislocations, qui est assisté thermiquement, devient de plus en plus difficile et la décohésion brutale
du matériau (rupture par clivage) aura lieu avant qu’une déformation plastique généralisée se produit.

Variation de la limite d’élasticité Re, de la résistance à la


traction Rm et de l’allongement à la rupture A%, en fonction
de la température de l’essai de traction.

La TTDF est la température pour laquelle un matériau ductile change du comportement à la rupture
et il devient fragile, tel que sa limite d’élasticité (Re) s’approche de sa résistance à la traction (Rm)
et l’allongement à la rupture A% devient nulle.

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1.5 Transition ductile -Fragile :


L’essai de résilience est un essai de flexion par choc sur éprouvette Charpy avec une entaille
généralement en V. Des essais à basses températures permettent de déterminer la résilience du
matériau en fonction de la température, le domaine de transition ductile-fragile d’un matériau qui
sépare la rupture ductile (à énergie élevée) et la rupture fragile ((de faible énergie) ainsi que la TTDF.

La résilience Kcv est l’énergie absorbée par le matériau après rupture lors d’un essai de chocs (essai
de résilience) sur une éprouvette entaillée, divisé par la section sous entaille. Elle est exprimée en
(daJ/cm2).

Kcv = U/A avec U = m . g . (h0-h1) A= section sous entaille de l’éprouvette


La courbe de résilience donne l’énergie de rupture (en joules) en fonction de la température d’essai.
Elle présente généralement trois zones ou domaines, domaine de la rupture ductile, domaine de
transition ductile-fragile (domaine de rupture mixte) et le domaine de la rupture fragile. La
température TTDF est déterminée dans le domaine de transition.

Détermination de la TTDF : La TTDF peut être déterminée par trois méthodes

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 Celle qui correspond à 50 % du niveau de cristallinité.


 Celle qui correspond à l’énergie déterminée en faisant la moyenne des paliers haut et bas de
la courbe de résilience.
 Comme celle qui à un niveau d’énergie de rupture fixé à l’avance déduite de considérations
statistiques T35 par exemple.

Dans une conception pour éviter la rupture fragile, il faut que la température de service soit
toujours supérieure à la TTDF du matériau.

1.6 Facteurs d’influence sur la transition ductile fragile


Vitesse de sollicitation :
La vitesse de sollicitation peut aussi avoir un effet sur la
ténacité d’un matériau. C’est d’ailleurs pourquoi la vitesse de
chargement des essais de résistance mécanique est normalisée.
Un accroissement de la vitesse de déformation entraîne une
augmentation de la température de transition.

Concentration de contrainte ou effet d’entaille :


La présence d’un concentrateur de contrainte entraîne une
augmentation de la température de transition. La
diminution du rayon d’entaille ρ implique une
augmentation de la contrainte locale.

Tri axialité des contraintes (épaisseur) :


Il est remarqué expérimentalement qu’un matériau
présente un comportement ductile dans les plaques
minces, cependant il se rompt d’une façon brutale dans
les plaques épaisses. Par ailleurs une transition ductile-
fragile est observée dans le cas des matériaux ductiles
avec des sections très épaisses.

L’influence de ces différents paramètres est prise en cas


d’un essai de résilience.

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Influence des facteurs métallurgiques :

Microstructure structure (maille)

Taille de grain % du carbone (aciers au carbone)

Détermination de la TTDF :

 à 50 % du niveau de cristallinité.
 la moyenne des paliers haut et bas de la courbe de résilience
 comme celle qui à un niveau d’énergie de rupture fixé à l’avance déduite de
considérations statistiques T35 par exemple.

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