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Essais de fissuration par fatigue

1. Introduction

Le tracé de la courbe de Wöhler permet de déterminer la limite de fatigue que l’on peut considérer
comme la contrainte maximale que peut supporter le matériau sans que s’amorce une fissure ; or
l’expérience a montré que, dans les pièces en service, il peut exister des défauts d’usinage, de soudage, de
fonderie, des piqûres de corrosion, à partir desquels une fissure de fatigue peut se propager. Cela est
encore plus vrai pour des structures réelles pour lesquelles la majeure partie de la durée de vie correspond
à la propagation d’une fissure. D’où l’intérêt, à côté des essais d’endurance, de l’étude de la propagation
des fissures. C’est aussi le seul moyen de déterminer de façon précise la durée de vie résiduelle d’une
pièce en service.
L’évolution d’une fissure de fatigue peut être divisée en trois phases :
 l’initiation (ou amorçage) de la fissure,
 la propagation stable,
 la propagation rapide, conduisant à la rupture de l’élément.
La rupture de l’élément peut être de type ductile, fragile ou mixte. La dimension et la géométrie de la
fissure amenant à la rupture de l’élément étant dépendantes de la propagation, la rupture dépend
directement de toute la phase d’évolution de la fissure. C’est pourquoi, lorsque l’on parle de la rupture,
qu’elle soit fragile ou ductile, il convient de connaître la phase de propagation en fatigue.
On peut caractériser le comportement de la fissure par la relation entre la taille de la fissure a et le nombre
de cycles N, décrivant ainsi la totalité de la propagation, depuis le début de la propagation jusqu’à la
rupture. La figure ci dessous représente ce comportement. L’évolution d’une fissure de fatigue peut être
divisée en trois phases : l’initiation (ou amorçage) de la fissure, la propagation stable et la propagation
rapide, conduisant à la rupture de l’élément.

a
rupture

A : initiation de la fissure
A B C B : propagation stable
C : propagation rapide
a0
N

Représentation schématique de la propagation d’une fissure

 L’initiation (ou amorçage) de la fissure (phase A) est influencée principalement par la différence de
contraintes , par le facteur de concentration de contraintes (facteur « normalisant » la géométrie du
détail), par la microstructure du matériau, par la contrainte moyenne et par l’environnement. Plusieurs
modèles tentant d’expliquer ce phénomène ont été développés. En général, selon les différents études, on
admet que la phase d’initiation est terminée lorsque la fissure atteint une certaine dimension a0, souvent
prise entre 0.1 mm et 0.25 mm. Pendant longtemps la dimension observable de la fissure minimale a été
de 0.1 mm.

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 La propagation stable (phase B) est influencée principalement par la différence de contraintes , par la
géométrie du détail et par la géométrie de la fissure. La microstructure du matériau, la contrainte
moyenne et l’environnement ont une influence moindre.
 La propagation rapide (phase C) qui conduit à la rupture de l’élément. Le nombre de cycles est ici très
faible et la propagation très rapide. Mentionnons encore que la rupture fragile peut intervenir à n’importe
quel moment, et non pas seulement après la phase de propagation rapide. Souvent, une petite fissure est à
l’origine d’une rupture fragile, alors qu’une rupture ductile a lieu après la phase de propagation rapide,
qui ne peut pas être décrite par la mécanique de la rupture linéaire élastique traditionnelle.
Pour un chargement à amplitude constante, le taux de croissance de la fissure dépend de l’amplitude de
contrainte appliquée. On peut, à partir de ce type de graphe, déterminer en différents points de la
propagation une vitesse de propagation, définie comme la tangente à la courbe a-f(N), notée da/dN et
exprimée en m/cycle. La méthode la plus simple de détermination de cette vitesse est la méthode de la
sécante. Elle consiste à assimiler la tangente à la sécante entre deux points proches.

On peut alors tracer l’évolution de la vitesse de propagation da/dN en fonction de la longueur de fissure a.
La vitesse de propagation croît avec la longueur de fissure jusqu’à la rupture finale ou l’arrêt de l’essai.
En outre, pour une longueur de fissure donnée, la vitesse est d’autant plus élevée que l’amplitude de
contrainte appliquée est importante.

2. Application de la mécanique de la rupture


2.1. Facteur d’intensité de contrainte

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Dans les conditions de service, les fissures de fatigue se développent selon une direction qui est, à
l’échelle macroscopique, perpendiculaire à l’axe de la contrainte principale. Dans de très nombreux cas,
le chemin de fissuration sera donc perpendiculaire à la direction de traction qui tend à ouvrir la fissure
(mode I). Les autres modes, II et II sont toutefois envisageables. Dans le cas d’une fissure de longueur 2a
dans une plaque soumise en mode I à une contrainte S à l’infini. La théorie de l’élasticité permet de
décrire le champ de contrainte au voisinage de la pointe de fissure à l’aide des relations suivantes:

En mode I :
En cordonnées cartésiennes
KI   3 
x  cos 1  sin sin 
2r 2 2 2
KI   3 
y  cos 1  sin sin 
2r 2 2 2
KI   3
xy  sin cos cos
2r 2 2 2

Lorsque r tend vers 0, les contraintes tendent vers l’infini. En réalité les contraintes en pointe de fissure
seront finies du fait de l’activation de la plasticité en pointe de fissure, notamment pour les matériaux
ductiles.

À partir des concepts de la mécanique de la rupture, les contraintes au voisinage d’une fissure, au cours
d’un cycle de fatigue, sont déterminées dès que l’on connaît les valeurs minimale Kmin et maximale
Kmax du facteur K au cours de ce cycle. On peut en conclure, en particulier, que la vitesse de fissuration
est contrôlée par ces deux paramètres. Si ‘’a’’ est la longueur de la fissure et N le nombre de cycles, la
vitesse de fissuration s’exprime alors par :

da/dN = f (Kmin , Kmax)

Paris et ses collaborateurs ont montré que les paramètres de la mécanique de la rupture étaient à même de
décrire la vitesse de propagation des fissures soumises à des chargements cycliques. Cette caractérisation
est basée sur l’utilisation de l’amplitude du facteur d’intensité de contrainte K définie comme suit:

KKmaxKmin

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Les valeurs de Kmax et Kmin sont les valeurs du FIC calculées au maximum et au minimum du cycle
respectivement pour une même valeur de la longueur de fissure a

KmaxY. max (a)1/2 et KminY. min (a)1/2

L’amplitude du FIC est donc reliée à sa valeur maximale par l’intermédiaire du rapport de charge

K Y (maxmin) (a)1/2  Ymax(1R) (a)1/2 Kmax1R

D’où :
da/dN = f( K, R )

Pour un programme de charge simple (R constant), on obtient la loi puissance suivante (loi de Paris) pour
la majorité des matériaux métalliques:
da/dN = C  Km
Avec C et m constantes dépendant du matériau : m est compris entre 2 et 8 pour les matériaux
métalliques.

Les essais de fissuration ont pour objet de déterminer cette loi pour le matériau donné.

3. Différents régimes de propagation

Le comportement en fissuration par fatigue d’un matériau dans des conditions de sollicitations données
(rapport de charge, température, environnement, sens de prélèvement, etc.) sera caractérisé par une
courbe tracée sur un diagramme bilogarithmique. Sur ce diagramme, la vitesse de propagation mesurée
da/dN est reportée en fonction de l’amplitude du facteur d’intensité de contrainte K déterminée à partir
de l’amplitude de chargement et de la longueur de fissure. Sur cette courbe On distingue trois stades :

- un stade I de propagation très lente de la fissure (da/dN < 10–5 mm/cycle) au-dessus du seuil  Ks ;
- un stade II de propagation lente, correspondant à la loi de Paris ;
- un stade III de propagation rapide pouvant conduire à la rupture brutale (da/dN > 10–3 mm/cycle).

le domaine I se caractérise par une rapide décroissance de la vitesse de propagation lorsque la valeur de
K approche d’une valeur caractéristique. Cette valeur est appelée seuil de propagation et notée Kseuil.
En dessous de cette valeur, l’endommagement en pointe de fissure engendré par le chargement cyclique
devient si faible qu’il est quasiment impossible de détecter expérimentalement une avancée de fissure. Ce
domaine est en outre caractérisé par une forte influence de la microstructure, du rapport de charge et de
l’environnement.

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dans le domaine II, la courbe présente généralement une partie linéaire sur un assez large intervalle.
Cette linéarité traduit une dépendance en loi puissance de la vitesse de propagation par rapport à
l’amplitude de facteur d’intensité de contrainte K: da/dN = C ( K)m
Afin de déterminer, par intégration de cette loi, le nombre de cycles à rupture

a  ac
1
N 
a  a0 C (  y a )
m
da

Cette loi puissance est habituellement appelée loi de Paris et le domaine de vitesses de propagation dans
lequel cette relation est vérifiée est appelée domaine de Paris. Cette loi est une relation empirique. C et
m sont donc des paramètres dépendant du matériau considéré, mais aussi des conditions d’essai (rapport
de charge, environnement, …);

le domaine III correspond à une accélération de la propagation juste avant la rupture brutale. Celle-ci
intervient lorsque la valeur Kmax au cours du cycle devient égale à la valeur critique du FIC (ténacité
KC). En pratique, ce dernier domaine ne concerne qu’une très faible partie de la durée de vie en
propagation.

Il apparaît que le temps nécessaire pour faire propager la fissure d’1 mm varie entre 1 minute pour la
partie supérieure du domaine de Paris, et 1 semaine pour le voisinage du seuil.

4. Moyens d’essais
4.1. Machines d’essais
Elles doivent pouvoir maintenir des cycles de charge d’amplitude constante pendant toute la durée
d’essai, malgré la propagation de la fissure (asservissement des maximums et des minimums des cycles).
Elles doivent pouvoir travailler dans une large gamme de fréquences (0,1 à 50 Hz) et de formes
(sinusoïde, triangle, carré, etc.) des cycles de charge.

4.2. Forme des éprouvettes


On utilise les mêmes éprouvettes que celles employées pour mesurer la ténacité par la mécanique de la
rupture. , les géométries d’éprouvettes les plus utilisées sont:
- éprouvette de traction compacte (CT) ;
- éprouvette de traction à entaille centrale (CCT) ;
- éprouvette de flexion 3 points (SENB3);
- éprouvette de flexion 4 points (SENB4);
- éprouvette de flexion 8 points (SENB8) ;
- éprouvette de traction à entaille latérale (SENT).

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Éprouvette de traction compacte (CT).
La longueur de la fissure a est mesurée à partir du plan de référence XX. Ce type d'éprouvette ne convient
pas pour R ≤ 0.

Éprouvette de traction à entaille centrale (CCT).

La longueur de la fissure a est mesurée à partir du plan de référence XX. La géométrie de l'éprouvette doit
être symétrique par rapport au plan de référence XX et au plan YY passant par le centre de l'entaille. Le
système d'amarrage par trou et goupille représenté ne convient pas pour R ≤ 0.

Flexion 3 points

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Flexion 4 points. Flexion 8 points.

La longueur de la fissure a est mesurée à partir du plan de référence XX

Éprouvette de traction à entaille latérale (SENT).

La longueur de la fissure est mesurée à partir du plan de référence XX. La géométrie de l'éprouvette doit
être symétrique par rapport au planYY passant par le centre de l'entaille
D’autres géométries peuvent être utilisées à condition que la calibration du facteur d’intensité de
contrainte soit bien établie et que la taille de l’éprouvette garantisse un comportement globalement
élastique pendant tout l’essai.
B (mm) épaisseur de l’éprouvette ; W (mm) largeur utile de l’éprouvette ; Wt (mm) largeur totale de
l’éprouvette ; L (mm) distance entre le plan de la fissure et le point d’application de la force pour
l’éprouvette CT ; Lt (mm) longueur totale de l’éprouvette ; H (mm) demi-longueur totale de l’éprouvette
CT ; D (mm) diamètre du trou (éprouvettes CT ou CCT)
diamètre des appuis (éprouvettes SENB3, SENB4, SENB8) ; h (mm) longueur utile de l’entaille usinée ;
e (mm) largeur de l’entaille usinée ; f (mm) longueur de la fissure de fatigue et a (mm) longueur totale
utile de la fissure a = h + f

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4.2.1. Choix des éprouvettes
L’éprouvette CCT convient bien pour les matériaux fournis sous forme de tôle mince. Les éprouvettes
SENB, SENT et CT conviennent bien pour les matériaux se présentant sous forme de tôles épaisses.
L’éprouvette CT est, de plus, intéressante à cause de ses dimensions réduites. Pour que les résultats soient
valides, il est nécessaire que les éprouvettes soient sollicitées dans le domaine d’élasticité du matériau
pour toutes les valeurs de la charge appliquée. Les dimensions minimales d’éprouvettes pour satisfaire à
ces exigences sont fondées essentiellement sur des résultats expérimentaux et sont spécifiques à une
configuration d’éprouvette.
Le calcul du facteur d’intensité K des éprouvettes décrites dans le paragraphe président est donné par :

Avec F charge appliquée


Les valeurs de Y sont indiquées ci-après.

a) Éprouvette de traction compacte (CT)

Condition de validité :

b) Éprouvette de traction à entaille centrale (CCT)

Condition de validité : toutes valeurs de a/W

c) Éprouvette de flexion 3 points (SENB3)


Distance entre appuis externes : 4W

Condition de validité : toutes valeurs de a/W

d) Éprouvette de flexion 4 points (SENB4)


Distance entre appuis externes – distance entre appuis internes = L1 + L2 = 2W

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Condition de validité : toutes valeurs de a/W

Si L1 + L2 = 2W, la valeur du polynôme Y est proportionnelle au (L1 + L2)/2W.

e) Éprouvette de flexion 8 points (SENB8)


Distance entre appuis externes – distance entre appuis internes = (L1 + L2)/2W

Condition de validité : toutes valeurs de a/W

f) Éprouvette de traction à entaille latérale (SENT)

Le détail des entailles est donné sur la figure ci-dessous

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5. Mesure de la longueur de fissure
5.1. Mesure optique
À l’aide d’une loupe binoculaire et d’un dispositif stroboscopique, on mesure l’avancement de la fissure à
la surface de l’éprouvette (sensibilité 0,1 mm).

5.2. Mesure par courants de Foucault


On produit des courants de Foucault dans le métal à l’aide de deux bobines montées en pont de Thomson.
La présence de la fissure sous l’une des deux bobines modifie la répartition des courants de Foucault
dans l’éprouvette et, par conséquent, l’impédance de la branche correspondante du pont. La tension de
déséquilibre est utilisée pour un moteur pas à pas qui déplace le capteur d’une quantité égale à
l’avancement de la fissure (sensibilité 0,05 mm).

Principe de mesure par courants de Foucault.


5.3. Mesure par jauges de fissuration
On colle sur la face de l’éprouvette, perpendiculairement au plan de fissuration, une jauge formée de
brins espacés régulièrement (0,5 mm) reliés entre eux comme autant de résistances en parallèle,
perpendiculaires à la fissure. L’alliage de la jauge est tel que chaque brin se rompt dès que la fissure
l’atteint. La jauge est alimentée sous 12 V et l’on enregistre la variation de résistance au cours de l’essai
(sensibilité 0,5 mm).

Jauges collée sur éprouvette CT.

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Les jauges de fissuration HBM sont utilisées pour déterminer la propagation des fissures dans un
composant. HBM offre trois types différents de jauges.
Les types RDS20 et RDS40 se comporte comme une résistance électriquement isolée. Lorsque la fissure
se propage, les filaments sont coupés les uns après les autres.
Le modèle RDS22 se compose de fils conducteurs reliés en parallèle qui se couperons si la fissure s’étend
sous la jauge. Cela augmentera graduellement la résistance électrique de la jauge de contrainte au fur et à
mesure que la fissure continue à s’élargir.
Ce changement de résistance peut être mesuré en utilisant un mesureur de résistance ou un amplificateur à
jauge de contrainte.

5.4. Mesure par ultrasons


La longueur de fissure est mesurée par l’intermédiaire d’un capteur à ultrasons (10 MHz) placé à la face
supérieure de l’éprouvette, parallèlement au plan de fissuration. Dans le cas d’un capteur fixe, on
enregistre le niveau de l’écho de la fissure au cours de l’essai. Le dispositif nécessite un étalonnage
préalable de l’amplitude d’écho. Dans le cas d’un capteur mobile, un montage déclenche son déplacement
dès que l’écho de la fissure a atteint un niveau donné ; le mouvement s’arrête lorsque l’écho est de
nouveau inférieur au seuil de déclenchement. Le déplacement du capteur est alors égal à l’avancement de
la fissure, à l’intérieur de l’éprouvette (sensibilité 0,05 mm).

a) capteur mobile b) capteur fixe

Principe de mesure par ultrasons

5.5. Mesures potentiométriques


La variation de résistance électrique de l’éprouvette est mesurée au cours de l’essai et reliée à la longueur
de la fissure par un étalonnage préalable à l’aide de l’une des méthodes précédentes; sensibilité : 0,01 à
0,05 mm. L’éprouvette est instrumentée pour être alimentée par un courant d’intensité constante et pour
mesurer la différence de potentiel entre deux points situés de part et d’autre de l’entaille mécanique. On
trouve :
- soit une alimentation en courant continu (5 à 50 A sous 4 V) ;
- soit une alimentation en courant alternatif (0 à 50 A sous 50 Hz branchée sur deux éprouvettes
dont une de référence ; les tensions de mesure sont montées en opposition de phase.

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6. Conduite de l’essai
6.1 Pré-fissuration
La pré-fissuration en fatigue doit permettre de créer une fissure droite et très aiguë et d’une taille adéquate
pour mener ensuite l’essai de propagation de fissure proprement dit. La pré-fissuration permet de se
dégager de la zone perturbée par la présence de l’entaille mécanique. Elle doit être menée de façon à ce
que les résultats de vitesse de propagation de fissure ultérieurs ne soient pas perturbés par cette phase de
pré-fissuration (changement de forme du front de fissure, effets d’histoire du chargement de pré-
fissuration). Aucun traitement thermique ne doit être fait après la pré-fissuration. L’application de la
charge doit être telle que la distribution de charge soit symétrique par rapport à l’entaille mécanique et
Kmax doit être contrôlé pendant la pré-fissuration à plus ou moins 5 %. N’importe quelle fréquence de
chargement pratique permettant la fiabilité de la charge peut être utilisée pendant la pré-fissuration.
La longueur de la pré-fissure doit être supérieure à la plus grande des valeurs suivantes 0,10 B , e, 2,5
mm. La valeur de Kmax en fin de pré-fissuration doit être inférieure ou égale à la valeur de Kmax en
début d’essai de propagation de fissure proprement dit. Dans le cas des essais à amplitude de charge
constante, des valeurs de Kmax élevées peuvent être utilisées pour amorcer la fissure. La valeur de Kmax
doit ensuite être diminuée progressivement pour atteindre la valeur de Kmax visée pour l’essai. De façon
à éviter de bloquer la fissure, les réductions de Kmax ne seront pas supérieures à 10 %.

7. Endommagement en pointe de fissure

La progression d’une fissure de fatigue résulte d’un processus d’endommagement en pointe de fissure,
lui-même relié à l’amplitude de déformation plastique cyclique imposée au matériau dans cette région.
En mode I et dans le plan de fissuration (=0) la contrainte normale à une distance r de la pointe d’une
fissure est exprimée par:
KI
 y
2 r

Il ya plastification en pointe de fissure lorsque la limite élastique est excédée. Des corrections simples à la
mécanique linéaire de la rupture sont proposées lorsque cette taille reste faible (Plasticité confinée). La
taille et la forme de la zone plastifiée dépendent essentiellement de l’état de contrainte. Dans le cas d’une
fissure soumise à une sollicitation monotone, Irwin à défini la taille de cette zone par:

2
1  K I 

ry cmonotone 
  . y 

α = 2 : en contrainte plane et α = 6 : en déformation plane.

En réalité, la zone plastifiée possède une forme complexe. Les observations expérimentales et les calculs
par la méthode des éléments finis font apparaître deux « ailes de papillon » (ou haricots) symétriques par
rapport au plan de fissuration. Cette forme est retrouvée analytiquement en introduisant les critères de
plasticité de Von Mises ou de Tresca en pointe d’une fissure sollicitée en mode I.
Au cours d’un cycle de fatigue (cas d'un matériau parfaitement plastique), après l’alternance il se produit
une déformation plastique de compression au voisinage de la pointe de fissure, pour lequel la limite
d’élasticité en compression est égale à l’opposé de la limite en traction.

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La plastification en compression intervient lorsque l’amplitude de contrainte vue par le matériau en pointe
est égale au double de la limite d’élasticité. Il en va de même pour les alternances suivantes. La répétition
de ce processus de plastification engendre donc, au sein de la zone plastifiée monotone, l’apparition d’une
zone de déformations plastiques cycliques appelé zone plastifiée cyclique. La zone plastique monotone
est plus grande et contient la zone cyclique à l'intérieur. Le rayon de cette zone est donné par une relation
similaire à l’équation en remplaçant K par K et y par 2y. On obtient alors:

En réalité la limite d'élasticité n'est pas constante au sein de la zone plastifiée et varie en fonction de
l'adoucissement ou du durcissement de l'alliage considéré. Ceci explique les disparités entre observations
expérimentales et modèles théoriques.
2
1  K I 

ry cyclique 
  2. y 

Cette zone plastifiée cyclique est 4 fois plus petite que la zone plastifiée monotone dans le cas d’un
chargement R=0. D’une manière générale le rapport entre zone plastifiée monotone et cyclique est donné
par:

ry (cyclique / monotone) 
1  R 2
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8. Influence des différents paramètres


8.1. Éprouvettes
Pour une forme donnée, les résultats sont indépendants de l’épaisseur B tant que la zone plastifiée reste
confinée. Pour un matériau donné, les résultats obtenus avec les différentes éprouvettes conduisent à une
seule courbe de vitesse de fissuration.

8.2. Influence du rapport de charge R


Quand R augmente positivement, on constate que pour une même valeur de K la vitesse de fissuration
augmente, les courbes da/dN = f( K ) se déplacent parallèlement à elles-mêmes vers les vitesses
croissantes, le seuil Ks diminue. Quand R est négatif, la vitesse de fissuration ne dépend que de la
partie du cycle qui correspond à la traction : da/dN varie avec Kmax .
L’influence de ce rapport se traduit par un décalage des courbes da/dN=K lorsque la valeur de R
augmente, Ce décalage est tout particulièrement marqué au voisinage du seuil, c’est-à-dire dans le
domaine des vitesses lentes, et aux fortes valeurs de K, lorsque Kmax approche la ténacité du matériau
Kc. La valeur de Kseuil est donc fortement dépendante du rapport de charge.

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8.3. Influence de l’environnement
Des essais effectués sur un même matériau ont montré que la vitesse de fissuration pouvait dépendre
fortement du milieu. De toute façon, la loi da/dN = C  Km était vérifiée, ce qui voudrait dire que le
paramètre C caractérise l’influence du milieu. Il faut remarquer que l’influence du milieu n’apparaît que
pour des fréquences inférieures à 10 Hz et qu’elle est d’autant plus forte que la fréquence est basse.
Les vitesses mesurées dans un environnement actif tel que l’air ambiant sont, pour la plupart des métaux à
l’exception de l’or, supérieures à celles obtenues dans un environnement inerte (vide par exemple). Cette
différence est attribuée à la présence d’humidité dans l’air ambiant. L’exposition à un environnement
corrosif engendre différentes formes de perte de résistance à la fissuration.

8.4. Influence des facteurs métallurgiques


Les facteurs métallurgiques, comme la taille de grain, la nature et la répartition des défauts, le
comportement élasto-plastique, influencent la propagation essentiellement au voisinage du seuil. Ainsi,
pour une valeur de R donnée, la valeur de Kseuil augmente lorsque la taille de grain augmente.

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