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Entreprises en difficulté

Procédure de sauvegarde

o Dénouement de la procédure : le plan de sauvegarde

Code de commerce, article L. 626-1, al. 1er :

Lorsqu’il existe une possibilité sérieuse pour l’entreprise d’être sauvegardée, le tribunal
arrête dans ce but un plan qui met fin à la période d’observation.

Définition : Comme son nom l’indique le plan de sauvegarde tend à sauvegarder


l’entreprise. Il s’agit d’un instrument juridique permettant le sauvetage de l’entreprise.

Lorsque l’entreprise fait l’objet d’une procédure de sauvegarde, aucun plan de cession n’est
envisageable. Seul un plan de sauvegarde est possible (l’entreprise est alors maintenue dans
le patrimoine du débiteur), à l’exception de deux cas opposés :
- D’une part, son adoption n’est pas nécessaire lorsque les difficultés qui ont justifié
l’ouverture de la procédure ont disparu, la période d’observation prenant alors fin.
- D’autre part, la procédure de sauvegarde est susceptible d’être convertie en
redressement ou liquidation judiciaire.

o Préparation du plan

Bilan économique et social. La période d’observation a pour objet de savoir si la sauvegarde


de l’entreprise est envisageable ou pas. Aussi, un bilan économique et social doit être
réalisé. Sur sa base, l’administrateur propose un plan de sauvegarde. Si toutefois le bilan
révèle l’impossibilité de la sauvegarde, le débiteur a la faculté de demander la conversion de
la procédure en un redressement judiciaire, même si l’entreprise n’est pas en état de
cessation des paiements, mais à condition que la clôture de la procédure conduirait, de
manière certaine et à bref délai, à pareille cessation.

Le bilan économique et social précise l’origine, l’importance et la nature des difficultés de


l’entreprise. Il est élaboré par l’administrateur, avec le concours du débiteur et l’assistance
éventuelle d’un ou plusieurs experts (C. com., art. L. 623-1).

Contenu du projet de plan. Le débiteur, avec le concours de l’administrateur, doit plancher


sur les sujets suivants (C. com., art. L. 626-2) :

- Les perspectives de redressement en fonction des possibilités et des modalités


d’activités, de l’état du marché et des moyens de financement disponibles ;
- Les modalités de règlement du passif et les garanties éventuelles que le débiteur doit
souscrire pour en assurer l’exécution ;
- Le niveau et les perspectives d’emploi ainsi que les conditions sociales envisagées
pour la poursuite d’activité ;
- Les offres d’acquisition portant sur une ou plusieurs activités, présentées par des
tiers. Encore une fois, la cession de l’entreprise est impossible dans le cadre d’une
procédure de sauvegarde. Toutefois, les cessions partielles d’activité sont admises.

Modalités de règlement du passif. La définition des modalités de règlement du passif est un


volet essentiel du projet de plan, déterminant pour la sauvegarde de l’entreprise. La
procédure suivante doit en principe être suivie.

Comités des créanciers. Les entreprises remplissant un double critère sont soumises à un
régime particulier.

- Premier critère. Les comptes de l’entreprise ont été certifiés par un CAC ou établis
par un expert-comptable.
- Second critère. Soit elle emploie plus de 150 salariés, soit elle réalise un CAHT
supérieur à 20 M €.

Délai global. Le délai global de consultation des comités et de l’assemblée des obligataires
est de 6 mois à compter du jugement d’ouverture. Si, au terme de ce délai, ces trois organes
ne se sont pas prononcés sur le projet de plan ou si le tribunal n’a pas arrêté le plan parce
qu’estimant que les intérêts d’un ou plusieurs créanciers n’étaient pas suffisamment
protégés, la procédure de consultation est reprise pour préparer un plan selon le régime de
principe.

Information et consultation des représentants du personnel. Les représentants du


personnel (de même que le mandataire judiciaire) sont informés, mais aussi consultés, sur
les mesures que le débiteur envisage de proposer dans le projet de plan. Ils le sont
également (ainsi que le mandataire judiciaire et les contrôleurs), sur le bilan économique et
social et sur le projet de plan. Ce bilan et ce projet sont également communiqués à
l’inspection du travail et au ministère public. Enfin, lorsque le projet adopté n’est pas celui
du débiteur, les représentants du personnel doivent en être informés.
o Adoption du plan de sauvegarde
Le projet de plan doit être présenté au tribunal en temps utile. Le tribunal statue, au vu de
ce projet, avant la fin de la période d’observation :

- Le tribunal arrête le plan lorsqu’il existe une possibilité sérieuse pour l’entreprise
d’être sauvegardée.
- Dans le cas contraire, il convertit la procédure en un redressement ou prononce une
liquidation judiciaire, si la cessation des paiements est constatée et dès lors que les
conditions légales en sont réunies.
- Deux voies de recours sont possibles :
o Appel de la décision du tribunal devant une cour d’appel ;
o Tierce opposition.

o Contenu du plan

Schématiquement, le plan de sauvegarde se compose de mesures propres à permettre


l’apurement du passif et, si nécessaire, la restructuration de l’entreprise. Souvent, pour
assurer l’exécution du plan, des engagements personnels seront intégrés à celui-ci.

Engagements personnels. Le plan mentionne l’ensemble des engagements souscrits par le


débiteur lui-même, lorsque le débiteur est une personne physique. Lorsque celui-ci concerne
une personne morale, il s’agit souvent d’engagements pris par les associés, mais un tiers
peut être concerné.

Restructuration de l’entreprise. À la différence du plan de redressement judiciaire, les


licenciements économiques décidés dans le cadre d’un plan de sauvegarde n’obéissent pas à
une réglementation spécifique. Ils sont alors soumis au droit commun.

Modification des statuts. Le plan mentionne les modifications des statuts lorsqu’elles sont
nécessaires à la réorganisation de l’entreprise. La mesure concerne les personnes morales.
Le plus souvent, il s’agira d’augmentation de capital permettant d’accroître les fonds propres
de l’entreprise.

Apurement du passif (délais et remises). Sont ici concernées les créances antérieures à la
procédure, ainsi que celles postérieures mais ne bénéficiant pas du privilège de procédure.
Lors de la préparation du projet de plan, il a été indiqué que les créanciers sont consultés par
le mandataire judiciaire afin de consentir volontairement des délais de paiement et/ou des
remises de dettes. Lorsque le tribunal adopte le plan, il donne acte de ces engagements.
Mais il peut aussi les réduire s’il estime que les largesses des créanciers ont été excessives.
Pour les créanciers qui n’ont pas consenti volontairement, le tribunal peut choisir entre deux
mesures :
- Leur imposer des délais de paiement (mais pas des remises de dette) ;
- Offrir aux créanciers la possibilité de choisir entre un paiement intégral mais dans des
délais uniformes imposés ou un paiement dans des délais uniformes plus brefs, mais
assorti d’une réduction proportionnelle du montant de leur créance.

Créances non soumises aux délais et remises. Les créances suivantes ne peuvent pas faire
l’objet de délais ou remises qui n’auraient pas été acceptés par les créanciers :

 Certaines créances salariales, notamment celles garanties par le « superprivilège » des


salariés ;
 Les créances bénéficiant du privilège de conciliation ;
 Les créances de faible valeur sont payées sans remise ni délai.

Conversion de créances en capital. Le projet de plan puis le plan peuvent prévoir la


conversion de créances en capital ou plus exactement une conversion en titres donnant ou
pouvant donner accès au capital.

o Effets du plan

Durée. La durée du plan est fixée par le tribunal. Elle ne peut excéder 10 ans (15 ans pour les
agriculteurs).

Pouvoirs du débiteur. Avec l’adoption du plan de sauvegarde, le débiteur recouvre ses


pouvoirs. En d’autres termes, les restrictions imposées pendant la période d’observation
prennent fin.

Organes de la procédure. L’adoption du plan entraîne la nomination d’un nouvel organe :


le commissaire à l’exécution du plan. Il est chargé de veiller à la bonne exécution du plan. Le
tribunal nomme l’administrateur judiciaire ou le mandataire judiciaire pour endosser ses
fonctions.

Exécution du plan. Une fois le plan adopté, les contrats en cours se poursuivent
conformément aux règles qui leur sont applicables. Quant aux créances incluses dans le plan,
c’est-à-dire admises après déclaration régulière, leur paiement fait partie de l’exécution du
plan de continuation.

Conséquences en cas d’inexécution du plan. En cas d’inexécution des dispositions prévues


dans le plan, la résolution de ce dernier peut être demandée au tribunal. Si elle est
prononcée, l’anéantissement qui se produit alors emporte la déchéance des délais de
paiement accordés, de même que les créanciers recouvrent l’intégralité de leurs créances et
sûretés, déduction faite des sommes perçues bien entendu. Si la résolution du plan conduit à
la cessation des paiements, le tribunal ouvre une procédure de redressement judiciaire ou, si
le redressement est manifestement impossible, la liquidation judiciaire de l’entreprise. Des
sanctions pénales sont édictées en cas de réalisation de certains actes interdits (ex. :
paiement d’une créance avant l’échéance prévue par le plan).
En cas d’échec. Lorsque la cessation des paiements du débiteur est constatée au cours de
l’exécution du plan, le tribunal décide sa résolution et prononce soit le redressement, soit la
liquidation judiciaire. Les effets de la résolution sont les mêmes que ceux indiqués plus haut
à propos de l’inexécution du plan.

o Sauvegarde accélérée

- Régime général
Articulation des deux procédures. La procédure de sauvegarde accélérée obéit aux règles
de la sauvegarde de droit commun, sous réserve des dispositions qui lui sont propres (C.
com., art. L. 628-1, al. 1er) et lui confèrent sa particularité. Sont cependant exclues certaines
dispositions relatives à la continuation des contrats en cours, d’une part, et celles
concernant la revendication de meubles, d’autre part.

Domaine d’application. La procédure est ouverte au débiteur :

- Dont les comptes ont été certifiés par un commissaire aux comptes ou établis par un
expert-comptable et qui satisfait l’un des trois critères suivants :
o Le débiteur compte plus de 20 salariés ;
o Le CAHT excède 3 millions € ;
o Le total de bilan excède 1,5 million €.
- Ou qui a établi des comptes consolidés conformément à l’article L. 233-16 du Code
de commerce.

La sauvegarde accélérée n’est donc pas réservée aux entreprises tenues légalement de
constituer des comités des créanciers. En pareille situation, l’ouverture de la procédure de
sauvegarde accélérée est subordonnée à cette constitution.

Conditions d’ouverture. L’ouverture ne peut être demandée que par le débiteur et ce


dernier ne l’obtiendra qu’à condition qu’il soit engagé dans une procédure de conciliation en
cours. La célérité voulue de la sauvegarde accélérée repose donc sur une passerelle entre
celle-ci et la procédure de conciliation.

L’état de cessation de paiement ne fait pas obstacle à l’ouverture d’une procédure de


sauvegarde accélérée, à condition qu’il ne précède pas de plus de 45 jours la demande de
conciliation. Autrement dit, la procédure accélérée est ouverte à tout débiteur ayant obtenu
l’ouverture d’une conciliation.

Déclaration des créances. Le débiteur est tenu de dresser la liste des créances dont les
titulaires ont participé à la conciliation et qui doivent faire l’objet d’une déclaration en vertu
du droit commun de l’article L. 622-24 du Code de commerce.
La déclaration de créance est rendue facultative pour leur titulaire.

Code de commerce, article L. 628-7, al. 3 :

Le dépôt de la liste au greffe du tribunal vaut déclaration au nom des créanciers si ceux-ci
n’adressent pas la déclaration de leurs créances dans les conditions prévues aux articles L.
622-24 à L. 622-26.

Particularité de la continuation des contrats en cours. Certaines règles relatives à la


continuation des contrats en cours sont écartées (C. com., art. L. 628-1, al. 1 er).

- La résiliation de plein droit ne frappe pas le contrat pour lequel le créancier met
l’administrateur en demeure de se prononcer sur sa poursuite sans obtenir de
réponse. Et pas davantage le défaut de paiement d’une somme d’argent stipulée
dans un contrat poursuivi.
- La résiliation judiciaire d’un contrat ne peut être demandée par l’administrateur
même si elle est nécessaire à la sauvegarde du débiteur.

Éviction de la revendication de meubles. Les règles relatives à la revendication de meubles


sont écartées de la sauvegarde accélérée (C. com., art. L. 628-1, al. 1 er), sans doute parce que
son délai de mise en œuvre n’est guère compatible avec la célérité voulue pour la procédure
nouvelle. Le vendeur de meuble bénéficiaire d’une clause de réserve de propriété ne peut
donc revendiquer et doit se soumettre aux délais du plan.

Adoption du plan. Lorsque le débiteur n’est pas soumis à l’obligation de constituer les
comités de créanciers, le tribunal ordonne leur constitution (C. com., art. L. 628-4).

Ils se prononcent dans les conditions de droit commun et, en conséquence, sans que les
délais de consultation ne puissent être réduits. La loi énonce toutefois un délai global de 3
mois courant à compter de l’ouverture de la procédure, donc plus bref qu’une période
d’observation initiale. À l’issue de ces 3 mois, le tribunal arrête le plan.

o Sauvegarde financière accélérée (SFA)


Objectif. La situation que la loi entend régler est celle d’entreprises lourdement endettées
auprès de créanciers financiers (établissement de crédit, fonds d’investissement, hedge
funds, obligataires…), endettement qu’elles ne sont pas en mesure de résorber et qu’il est
urgent de restructurer.

Définition : La sauvegarde financière accélérée (SFA) vise à mettre rapidement sur pied un
accord entre les principaux créanciers financiers du débiteur qui s’appliquera à leur égard
mais aussi à l’égard de tous les créanciers financiers, donc même ceux qui n’y ont pas
participé, soit qu’ils n’étaient pas connus, soit qu’ils furent opposés à l’accord.
Domaine d’application. La SFA est réduite aux créanciers financiers, c’est-à-dire les
établissements de crédit et organismes assimilés, ainsi que, le cas échéant, les obligataires.
En revanche, les débiteurs pouvant y prétendre sont plus nombreux car les critères
d’application concernent aussi bien la procédure accélérée que la SFA.

Condition d’ouverture. La sauvegarde accélérée n’est réduite aux créances financières que si
« la nature de l’endettement rend vraisemblable l’adoption d’un plan par les seuls créanciers
» financiers (C. com., art. L. 628-9). Seul le débiteur peut en demander l’ouverture et il ne
l’obtiendra que si les conditions de la sauvegarde accélérée sont réunies, notamment
l’élaboration, lors de la procédure de conciliation, d’un projet de plan visant à assurer la
pérennité de l’entreprise et susceptible de recueillir un soutien suffisamment large des
créanciers financiers pour rendre vraisemblable son adoption dans le délai prévu.

Adoption du plan. Pas plus que pour la sauvegarde accélérée classique, l’ouverture d’une
SFA n’est pas soumise aux critères de création de comités de créanciers. En revanche, dès
lors que sont atteints les critères d’ouverture énoncés au titre de la sauvegarde accélérée, et
également applicables à la SFA, l’ouverture de cette dernière conduit à la création des seuls
comités des établissements de crédit et organismes assimilés ainsi que, le cas échéant,
l’assemblée des obligataires. La réduction du délai accordé par la loi aux comités pour se
prononcer sur le ou les projets de plan – 15 jours minimum dans la procédure de
sauvegarde, comme dans celle accélérée – peut atteindre 8 jours dans la SFA. Quant au délai
global de la procédure, il est en principe d’un mois à compter de son ouverture et peut être
prolongé d’un mois au plus par le tribunal.

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