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Procédure de sauvegarde
Lorsqu’il existe une possibilité sérieuse pour l’entreprise d’être sauvegardée, le tribunal
arrête dans ce but un plan qui met fin à la période d’observation.
Lorsque l’entreprise fait l’objet d’une procédure de sauvegarde, aucun plan de cession n’est
envisageable. Seul un plan de sauvegarde est possible (l’entreprise est alors maintenue dans
le patrimoine du débiteur), à l’exception de deux cas opposés :
- D’une part, son adoption n’est pas nécessaire lorsque les difficultés qui ont justifié
l’ouverture de la procédure ont disparu, la période d’observation prenant alors fin.
- D’autre part, la procédure de sauvegarde est susceptible d’être convertie en
redressement ou liquidation judiciaire.
o Préparation du plan
Comités des créanciers. Les entreprises remplissant un double critère sont soumises à un
régime particulier.
- Premier critère. Les comptes de l’entreprise ont été certifiés par un CAC ou établis
par un expert-comptable.
- Second critère. Soit elle emploie plus de 150 salariés, soit elle réalise un CAHT
supérieur à 20 M €.
Délai global. Le délai global de consultation des comités et de l’assemblée des obligataires
est de 6 mois à compter du jugement d’ouverture. Si, au terme de ce délai, ces trois organes
ne se sont pas prononcés sur le projet de plan ou si le tribunal n’a pas arrêté le plan parce
qu’estimant que les intérêts d’un ou plusieurs créanciers n’étaient pas suffisamment
protégés, la procédure de consultation est reprise pour préparer un plan selon le régime de
principe.
- Le tribunal arrête le plan lorsqu’il existe une possibilité sérieuse pour l’entreprise
d’être sauvegardée.
- Dans le cas contraire, il convertit la procédure en un redressement ou prononce une
liquidation judiciaire, si la cessation des paiements est constatée et dès lors que les
conditions légales en sont réunies.
- Deux voies de recours sont possibles :
o Appel de la décision du tribunal devant une cour d’appel ;
o Tierce opposition.
o Contenu du plan
Modification des statuts. Le plan mentionne les modifications des statuts lorsqu’elles sont
nécessaires à la réorganisation de l’entreprise. La mesure concerne les personnes morales.
Le plus souvent, il s’agira d’augmentation de capital permettant d’accroître les fonds propres
de l’entreprise.
Apurement du passif (délais et remises). Sont ici concernées les créances antérieures à la
procédure, ainsi que celles postérieures mais ne bénéficiant pas du privilège de procédure.
Lors de la préparation du projet de plan, il a été indiqué que les créanciers sont consultés par
le mandataire judiciaire afin de consentir volontairement des délais de paiement et/ou des
remises de dettes. Lorsque le tribunal adopte le plan, il donne acte de ces engagements.
Mais il peut aussi les réduire s’il estime que les largesses des créanciers ont été excessives.
Pour les créanciers qui n’ont pas consenti volontairement, le tribunal peut choisir entre deux
mesures :
- Leur imposer des délais de paiement (mais pas des remises de dette) ;
- Offrir aux créanciers la possibilité de choisir entre un paiement intégral mais dans des
délais uniformes imposés ou un paiement dans des délais uniformes plus brefs, mais
assorti d’une réduction proportionnelle du montant de leur créance.
Créances non soumises aux délais et remises. Les créances suivantes ne peuvent pas faire
l’objet de délais ou remises qui n’auraient pas été acceptés par les créanciers :
o Effets du plan
Durée. La durée du plan est fixée par le tribunal. Elle ne peut excéder 10 ans (15 ans pour les
agriculteurs).
Exécution du plan. Une fois le plan adopté, les contrats en cours se poursuivent
conformément aux règles qui leur sont applicables. Quant aux créances incluses dans le plan,
c’est-à-dire admises après déclaration régulière, leur paiement fait partie de l’exécution du
plan de continuation.
o Sauvegarde accélérée
- Régime général
Articulation des deux procédures. La procédure de sauvegarde accélérée obéit aux règles
de la sauvegarde de droit commun, sous réserve des dispositions qui lui sont propres (C.
com., art. L. 628-1, al. 1er) et lui confèrent sa particularité. Sont cependant exclues certaines
dispositions relatives à la continuation des contrats en cours, d’une part, et celles
concernant la revendication de meubles, d’autre part.
- Dont les comptes ont été certifiés par un commissaire aux comptes ou établis par un
expert-comptable et qui satisfait l’un des trois critères suivants :
o Le débiteur compte plus de 20 salariés ;
o Le CAHT excède 3 millions € ;
o Le total de bilan excède 1,5 million €.
- Ou qui a établi des comptes consolidés conformément à l’article L. 233-16 du Code
de commerce.
La sauvegarde accélérée n’est donc pas réservée aux entreprises tenues légalement de
constituer des comités des créanciers. En pareille situation, l’ouverture de la procédure de
sauvegarde accélérée est subordonnée à cette constitution.
Déclaration des créances. Le débiteur est tenu de dresser la liste des créances dont les
titulaires ont participé à la conciliation et qui doivent faire l’objet d’une déclaration en vertu
du droit commun de l’article L. 622-24 du Code de commerce.
La déclaration de créance est rendue facultative pour leur titulaire.
Le dépôt de la liste au greffe du tribunal vaut déclaration au nom des créanciers si ceux-ci
n’adressent pas la déclaration de leurs créances dans les conditions prévues aux articles L.
622-24 à L. 622-26.
- La résiliation de plein droit ne frappe pas le contrat pour lequel le créancier met
l’administrateur en demeure de se prononcer sur sa poursuite sans obtenir de
réponse. Et pas davantage le défaut de paiement d’une somme d’argent stipulée
dans un contrat poursuivi.
- La résiliation judiciaire d’un contrat ne peut être demandée par l’administrateur
même si elle est nécessaire à la sauvegarde du débiteur.
Adoption du plan. Lorsque le débiteur n’est pas soumis à l’obligation de constituer les
comités de créanciers, le tribunal ordonne leur constitution (C. com., art. L. 628-4).
Ils se prononcent dans les conditions de droit commun et, en conséquence, sans que les
délais de consultation ne puissent être réduits. La loi énonce toutefois un délai global de 3
mois courant à compter de l’ouverture de la procédure, donc plus bref qu’une période
d’observation initiale. À l’issue de ces 3 mois, le tribunal arrête le plan.
Définition : La sauvegarde financière accélérée (SFA) vise à mettre rapidement sur pied un
accord entre les principaux créanciers financiers du débiteur qui s’appliquera à leur égard
mais aussi à l’égard de tous les créanciers financiers, donc même ceux qui n’y ont pas
participé, soit qu’ils n’étaient pas connus, soit qu’ils furent opposés à l’accord.
Domaine d’application. La SFA est réduite aux créanciers financiers, c’est-à-dire les
établissements de crédit et organismes assimilés, ainsi que, le cas échéant, les obligataires.
En revanche, les débiteurs pouvant y prétendre sont plus nombreux car les critères
d’application concernent aussi bien la procédure accélérée que la SFA.
Condition d’ouverture. La sauvegarde accélérée n’est réduite aux créances financières que si
« la nature de l’endettement rend vraisemblable l’adoption d’un plan par les seuls créanciers
» financiers (C. com., art. L. 628-9). Seul le débiteur peut en demander l’ouverture et il ne
l’obtiendra que si les conditions de la sauvegarde accélérée sont réunies, notamment
l’élaboration, lors de la procédure de conciliation, d’un projet de plan visant à assurer la
pérennité de l’entreprise et susceptible de recueillir un soutien suffisamment large des
créanciers financiers pour rendre vraisemblable son adoption dans le délai prévu.
Adoption du plan. Pas plus que pour la sauvegarde accélérée classique, l’ouverture d’une
SFA n’est pas soumise aux critères de création de comités de créanciers. En revanche, dès
lors que sont atteints les critères d’ouverture énoncés au titre de la sauvegarde accélérée, et
également applicables à la SFA, l’ouverture de cette dernière conduit à la création des seuls
comités des établissements de crédit et organismes assimilés ainsi que, le cas échéant,
l’assemblée des obligataires. La réduction du délai accordé par la loi aux comités pour se
prononcer sur le ou les projets de plan – 15 jours minimum dans la procédure de
sauvegarde, comme dans celle accélérée – peut atteindre 8 jours dans la SFA. Quant au délai
global de la procédure, il est en principe d’un mois à compter de son ouverture et peut être
prolongé d’un mois au plus par le tribunal.