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INTERVENANT
Eugène BALEMAKEN
Docteur en Droit (Panthéon-Assas, Paris II)
Ancien Membre du Conseil de l’Ordre (Trésorier et Secrétaire de l’Ordre)
Conseil en Propriété Industrielle (certifié OAPI)
Ancien Membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés
Chargé d’Enseignement à l’UCAC.
La saisine des juridictions statuant en matière sociale tend à la résolution des différends ou
conflits individuels de travail.
En effet, il résulte des dispositions de l’article 131 du Code du travail issu de la loi du 14 Août
1992 que : « Les différends individuels pouvant s’élever à l’occasion du contrat de travail entre
travailleurs et employeurs et du contrat d’apprentissage relèvent de la compétence des
tribunaux statuant en matière sociale conformément à la législation portant organisation
judiciaire ».
Le différend individuel de travail est un conflit né à l’occasion du travail entre un employeur
et un ou plusieurs travailleurs pris individuellement et son employeur.
Cette définition met en exergue le caractère individuel des revendications à telle enseigne que
lorsque c’est un intérêt collectif qui est en jeu, l’on est en présence d’un conflit collectif de
travail lequel est soumis à un régime juridique particulier et, par voie de conséquence, appelle
la mise en œuvre d’une procédure particulière.
Seront respectivement examinées dans le cadre du présent exposé :
- La compétence des juridictions statuant en matière sociale (I)
- Les modalités procédurales de saisine du Tribunal (II)
- Les voies de recours (III)
a) Les différends justifiant la compétence des juridictions sociales peuvent s’élever à l’occasion
du contrat de travail ou du contrat d’apprentissage entre les employeurs d’un côté et les salariés
et apprentis de l’autre côté.
b) La compétence des juridictions sociales peut également être sollicitée dans le cadre de
l’application de la législation sur les accidents du travail, l’hygiène et la sécurité dans
l’entreprise, les différends entre salariés à l’occasion du travail, les actions récursoires des
entrepreneurs contre les tâcherons.
c) Les juridictions sociales peuvent également être sollicitées pour connaître des différends
entre employeurs. L’hypothèse la plus courante ici est celle relative à l’action en concurrence
déloyale pour débauchage d’un employé ou encore l’hypothèse dans laquelle le travailleur est
mis par son employeur à la disposition d’un autre employeur pour une durée déterminée.
L’article 134 du Code du travail dispose que tout travailleur ou tout employeur doit demander
à l’inspection du travail du lieu du travail de régler le différend à l’amiable.
Toute demande en justice n’ayant pas été soumise au préliminaire de conciliation obligatoire
est déclarée irrecevable par les tribunaux conformément à une jurisprudence constante.
Selon la Cour Suprême du Cameroun, en effet, il s’agit là d’une formalité substantielle dont
l’omission ou le défaut de constatation dans le jugement entraîne la nullité absolue de la
procédure.
Les modalités de convocation et comparution des parties devant l’Inspecteur du travail aux fins
de tentatives de conciliation ont été fixées par l’arrêt N° 11/MTPS du 23 Mai 1978.
1. L’hypothèse d’une conciliation totale
Il y a conciliation totale lorsque les parties s’accordent sur tous les points faisant l’objet du
litige.
Dans cette hypothèse un procès-verbal de conciliation totale rédigé et signé par l’inspecteur du
travail et par les parties, consacre le règlement à l’amiable du litige, le procès-verbal dit la loi
(cf. article 139 (3) du Code du travail) dès qu’il a été vérifié par le Président du tribunal
compétent et revêtu de la formule exécutoire.
2. L’hypothèse d’une conciliation partielle
Il y a conciliation partielle lorsque les parties ne se sont entendues que sur quelques points
objets du différend.
Dans cette hypothèse précise la loi (cf. article 139 (4) du Code du travail), le procès-verbal
mentionne les points sur lesquels un accord est intervenu et ceux sur lesquels un désaccord
persiste.
3. L’hypothèse d’un échec total de conciliation
Il y a échec total de conciliation lorsque les parties ne sont entendues sur aucun des points du
litige.
Dans cette hypothèse, l’Inspecteur dresse un procès-verbal de non conciliation (cf. article 139
(5) du Code du travail).