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DROIT  COMMERCIAL  

TITRE II : L’EXERCICE DE LA PROFESSION COMMERCIALE

La qualité de commerçant confère un statut juridique qui s’articule autour d’un


certain nombre de règles dont la plupart se rapportent aux actes de commerce ou aux
activités commerciales. Parmi ces règles particulières applicables aux actes de
commerce, on mentionne généralement : Les règles de compétence, le régime de la
preuve, la présomption de solidarité, l’absence de formalisme de la mise en
demeure, la prescription abrégée etc.

Il est donc d’un grand intérêt de faire la distinction entre le commerçant et le simple
particulier.

En effet, le commerçant est assujetti à une condition juridique qui lui donne des droits
qui ne sont pas en principe reconnus aux non commerçants mais également qui
l’assujetti à des obligations spécifiques, dans le cadre de l’exploitation de son fond de
commerce.

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CHAP. I : LES DROITS RECONNUS AUX COMMERÇANTS

Ces droits sont nombreux mais, il est possible de les classifier en se fondant sur
l’objectif poursuivi par le législateur. D’une part, il y a des droits destinés à faciliter
l’exercice du commerce et d’autre part, il y a des droits destinés à protéger le
commerçant.

SECTION 1 : LES FACILITES RECONNUES AUX COMMERÇANTS.

Deux droits sont destinés essentiellement à faciliter l’exercice de l’activité


commerciale. Il s’agit du droit d’invoquer la liberté de la preuve et celui de se
prévaloir de la prescription abrégée.

PARAGRAPHE 1 : LA LIBERTE DE LA PREUVE

Il existe en matière de preuve deux systèmes. Il y a d’abord, le système de


l’intime conviction encore appelé système de la preuve morale. C’est le système
appliqué en matière pénale. Dans ce système, le juge a une large marge de manœuvre,
car tous les modes de preuves sont admis ; et, il n’y a pas une hiérarchisation de
preuve. Ensuite, il y a le système de la preuve légale encore appelé système de la
légalité. C’est celui, qui est appliqué en matière civile. Dans ce système, la loi énumère
de façon limitative les différents modes de preuve. Elle réglemente également, les
conditions de recevabilité de chacun de ses modes de preuves. Et enfin, elle détermine,
la force probante des différents modes de preuves, en distinguant des preuves parfaites
(écrit, acte sous seing privé…), qui lient le juge ; et les preuves imparfaites
(témoignage, présomption de fait,…) ; à l’égard desquelles, le juge dispose d’un
pouvoir souverain d’appréciation. Toutes ces règles sont écartées en matière
commerciale où, on constate l’absence de formalité. En effet, l’article 5 de
l’AUDCG dispose « les actes de commerce se prouvent par tout moyen même par
voie électronique à l’égard des commerçants ». Il résulte de ce texte que, la liberté de
la preuve ne s’applique que si l’objet de la preuve porte sur un acte de commerce et ;
si la preuve doit être rapportée contre un commerçant. Dès lors, cette règle ne

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s’applique dans l’absolu que si les deux parties ont la qualité de commerçant, et
qu’il s’agit de prouver un acte de commerce. La preuve contre un commerçant,
n’agissant pas dans le cadre de sa profession commerciale, est soumise aux règles du
droit civil. Cette liberté de preuve, se justifie par la rapidité et la répétition des
transactions commerciales, mais aussi, par le fait que les commerçants sont assujettis à
une comptabilité rigoureuse qui exclut toute incertitude de leurs créances et dettes. Dès
lors, il est inutile de se pré constituer une preuve écrite, même pour les opérations
portant sur des montants très élevés. L’écrit s’il existe n’a pas une prééminence sur les
autres modes de preuve. Le commerçant peut recourir à la photocopie même non
légalisée, à la disquette informatique, au télex en plus des modes de preuve habituels
prévus en matière civile. Il a même la possibilité selon l’article 5 al.2 de l’AUDCG
d’utiliser ses propres livres de commerce et les états financiers de synthèse comme
moyen de preuve.

Pour l’utilisation des livres de commerce comme mode de preuve ; un certain


nombre de conditions doivent être réunies par les commerçants.

D’abord, il doit s’agir de livres de commerce régulièrement tenus. Ensuite, le


commerçant doit être un commerçant de droit, l’acte à prouver doit être un acte de
commerce et, enfin, la preuve doit être rapportée contre un commerçant.

Que se passe-t-il s’il s’agit d’un acte mixte ? C’est-à-dire, un acte civil pour l’une
des parties et commercial pour l’autre. Tout dépend de la qualité de celui qui doit
prouver. En effet, contre le débiteur commerçant, le créancier non commerçant peut
utiliser tout moyen de preuve. En revanche, le commerçant qui entend prouver à
l’encontre d’un débiteur non commerçant doit le faire selon les règles du droit civil.
C’est ce qu’on appelle le principe de la distributivité. Afin de réduire les différences
entre les règles de droit commun et les règles de droit commercial en matière de
preuve, l’alinéa 2 de l’article 5 de l’Acte Uniforme ajoute : « que tout
commencement de preuve par écrit autorise le commerçant à prouver par tout
moyen contre un non commerçant ». Cette disposition vise à surmonter la

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contradiction entre les règles applicables aux commerçants et celles dont bénéficient
les non commerçants.

Lorsqu’il s’agit de prouver contre un non commerçant, le recours au commencement


de preuve par écrit, est de nature à surmonter la difficulté pratique pour les
commerçants à leur permettre de rapporter plus aisément, la preuve à l’égard d’une
partie non commerçante, et ceci dans le respect des pratiques couramment observées.
Notons aussi que la facture a une valeur juridique en matière commerciale, dans la
mesure où, elle est essentiellement un moyen de preuve à la disposition du
commerçant qui l’a établie. Elément de la comptabilité du commerçant, la facture à la
même valeur probante que les autres moyens de preuve.

PARAGRAPHE 2 : LA COURTE PRESCRIPTION EXTINCTIVE.

Les articles 16 à 29 de l’AUDCG organisent le régime général de la prescription


extinctive en matière commerciale, et précisent l’attitude du juge, et des parties au
regard des effets de la prescription. Selon l’article 16 de l’Acte Uniforme, les
obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants et non
commerçants se prescrivent par 5 ans si elles ne sont pas soumises à des
prescriptions plus courtes. Cette prescription abrégée est également prévue pour les
obligations nées entre entreprenants et non entreprenants. L’article 17 de l’Acte
Uniforme fixe le point de départ du délai de prescription en disposant que le délai
court à compter du jour où le titulaire du droit d’agir a connu ou aurait dû
connaître les faits lui permettant d’exercer l’action en justice. Comme dans toute
prescription extinctive, il peut y avoir une suspension ou une interruption de la
prescription. La suspension a pour effet d’en arrêter temporairement le cours sans
effacer le délai déjà couru. Cela veut dire que le délai pendant lequel le créancier
était dans l’impossibilité d’agir n’est pas pris en compte. Il faut ajouter au délai déjà
couru, le délai à courir après l’événement cause de la suspension. L’article 21 de
l’Acte Uniforme énumère les circonstances entraînant une suspension de la
prescription. Il en est ainsi lorsque celui qui devait agir est dans une impossibilité
d’agir par suite d’un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force

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majeure. C’est également le cas lorsqu’après la survenance d’un litige, les parties
conviennent de recourir à la médiation ou à la conciliation. C’est enfin, le cas lorsque
le juge accueille une demande d’instruction présentée avant tout procès.

Quant à l’interruption de la prescription, elle a pour effet d’effacer le délai de


prescription déjà acquis et de faire courir un nouveau délai de même durée que
l’ancien. La prescription peut être interrompue en cas de reconnaissance par le
débiteur du droit de celui contre lequel le délai est prescrit, en cas d’introduction d’une
demande en justice même en référé. Il en est de même, en cas d’incompétence du juge
saisi, ou d’annulation de l’acte d’introductif d’instance. En présence de codébiteurs,
d’héritiers ou de cautions, l’interruption à l’égard de l’un des débiteurs solidaires par
une demande en justice ou par un acte d’exécution forcée (saisie) ou la reconnaissance
par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrit interrompt le délai contre tous
les autres.

Concernant, l’attitude du juge et des parties face à la prescription ; il est prévu que
la prescription ne peut être relevée d’office, et sauf renonciation elle peut être
invoquée en tout état de cause, c’est-à-dire, à quelque étape de la procédure. Le
paiement d’une dette prescrite, ne peut pas aussi être répété. Cela signifie que, si un
débiteur paie volontairement une dette prescrite, il ne pourra pas exercer contre le
créancier, une action en répétition de l’indu.

Lorsqu’une prescription est acquise, le bénéficiaire peut y renoncer de façon expresse


ou tacite. La renonciation est tacite lorsqu’il résulte des circonstances, une volonté
sans équivoque (claire) de ne pas se prévaloir de la prescription. L’article 29 de
l’Acte Uniforme fixe la liberté des parties pour aménager par accord commun, le
régime de la prescription future ou en cours. Ainsi, elles peuvent réduire ou allonger la
durée de la prescription. Toutefois cette durée ne peut pas être réduite à moins d’un
an ni être étendue à plus de 10 ans.

SECTION 2 : LES DROITS RECONNUS AUX COMMERÇANTS POUR


ASSURER LEUR PROTECTION

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Les commerçants au même titre que les entreprenants, doivent être protégés contre
deux catégories de personnes : contre les concurrents, qui utilisent parfois des
méthodes déloyales mais aussi, contre les bailleurs qui peuvent être tentés de rompre
les contrats de bail nécessaires à l’exercice de leur activité.

PARAGRAPHE 1 : LA PROTECTION CONTRE LES CONCURRENTS

Le principe de la liberté du commerce et de l’industrie est proclamé depuis 1791. Il a


pour corollaire nécessaire celui de la libre concurrence. Pour assurer son rôle de
régulateur des échanges économiques, la concurrence doit répondre à deux exigences.
Elle doit être loyale et elle doit être libre. C’est-à-dire, qu’elle doit être exercée
conformément aux usages honnêtes du commerce, et elle ne doit pas être entravée par
des comportements anticoncurrentiels. En effet, il n’est pas tolérable, que certains
acteurs de la vie des affaires s’éloignent des règles du jeu, et s’approprient par des
manœuvres frauduleuses, la clientèle de leurs concurrents. C’est pourquoi le
commerçant est protégé contre le détournement de sa clientèle, par une action en
responsabilité civile particulière, appelée action en concurrence déloyale. Cependant,
cette action en concurrence déloyale n’est pas réservée exclusivement aux
commerçants. Les membres de toutes professions peuvent agir en concurrence
déloyale. Ainsi, l’entreprenant, bénéficie lui aussi de l’action en concurrence déloyale.
Etant une action en responsabilité civile, sa mise en œuvre est soumise à des
conditions spécifiques, et son exercice aboutit à des résultats particuliers.

A. LES CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION EN


CONCURRENCE DELOYALE.

L’action en concurrence déloyale est une application en matière commerciale, de


l’action en responsabilité civile du fait personnel de droit commun. C’est pourquoi,
son fondement légal est l’article 118 du COCC ou l’article 1382 du code civil
français. Sa mise en œuvre, suppose l’existence d’une faute, d’un préjudice et d’un
lien de causalité.

1. La faute

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Elle peut recouvrir plusieurs aspects :

Elle peut résulter d’un dénigrement du concurrent. Cet acte, consiste à jeter le discrédit
soit sur la personne du concurrent soit sur la qualité des produits qu’il fabrique ou
vend. Il est constitutif d’une concurrence déloyale quand bien même les critiques
formulées contre le concurrent sont fondées. Il faut néanmoins, que les concurrents
critiqués soient nommément désignés ou identifiables. La publicité comparative,
constitue souvent une concurrence déloyale car, celui qui compare dans un but
publicitaire, dénigre très souvent.

La faute peut aussi résulter de l’accomplissement d’un acte destiné à créer de la


confusion dans l’esprit de la clientèle afin d’attirer celle-ci. Exemple : un
commerçant utilise un nom commercial sous lequel, était déjà exploité un fond de
commerce ou vend des produits similaires. La confusion peut ainsi porter sur les
produits et services (confusion pouvant porter sur une marque, sur le nom commercial,
sur un signe distinctif) ou encore, sur l’aspect extérieur du produit tel que l’emballage.

La faute peut également résulter de la désorganisation soit de l’entreprise concurrente


soit du marché. Exemple : un commerçant révèle les secrets de fabrique de son
concurrent ou débauche irrégulièrement le personnel de son concurrent. De même
l’espionnage industriel est une technique de désorganisation de l’entreprise du
concurrent. La désorganisation du marché consiste à utiliser une méthode de vente ou
de travail qui crée un avantage illicite. Exemple : la vente à perte, (la pratique des prix
anormalement bas.)

L’acte de concurrence déloyale, peut enfin prendre la forme d’un acte de


parasitisme, c’est-à-dire, un comportement destiné à s’approprier de façon
injustifiée le travail d’autrui. Il consiste pour une entreprise, à se mettre dans le
sillage d’une autre entreprise afin de profiter sans frais, des efforts et de la réputation
de cette dernière. Lorsqu’il existe un rapport de concurrence entre les deux entreprises
parce qu’intervenant dans le même domaine d’activité on dit alors, qu’il y a
concurrence parasitaire qui est une forme de concurrence déloyale. En revanche, s’il

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n’existe pas d’une concurrence entre le parasite et le parasité, on parle de parasitisme
économique, qui est cependant sanctionné au même titre que la concurrence déloyale.

2. Le dommage

Il consiste en une perte de clientèle subie par la victime, entrainant nécessairement une
baisse de son chiffre d’affaire. Cette perte de clientèle peut prendre deux formes :

-­‐ Il peut s’agir d’un transfert pur et simple de clientèle. Dans ce cas, la clientèle
va passer du fond de commerce du commerçant victime de la concurrence
déloyale à celui de l’auteur de l’acte de concurrence déloyale.
-­‐ Il peut s’agir d’une perte pure et simple de clientèle. Dans ce cas, la clientèle
perdue n’est pas nécessairement récupérée par l’auteur de l’acte.

Par ailleurs, en cas de parasitisme économique, il n’existe pas un détournement de


clientèle. On répare alors le préjudice, consistant en un affaiblissement du nom
commercial ou de la marque.

3. Le lien de causalité

A supposer même que la baisse du chiffre d’affaires soit établie, il faudrait prouver
encore le lien de causalité entre la faute et le préjudice. Cette tâche est délicate, car la
chute du volume des ventes ou des activités peut provenir d’autres causes au moins en
partie. Pour résoudre cette difficulté, on part souvent d’indices pour établir la preuve.
Ainsi, on compare les chiffres d’affaires réalisés avant l’acte de concurrence déloyale
et celui réalisé après cet acte en pondérant avec l’évolution du marché. La
jurisprudence se montre indulgente par rapport à la preuve du lien de causalité dès lors
que l’acte de concurrence déloyale et la baisse du chiffre d’affaire sont établis de façon
indiscutable.

B LES RESULTATS DE L’ACTION EN CONCURRENCE DELOYALE

L’exercice de l’action en concurrence déloyale peut aboutir à un triple résultats:

-­‐ La cessation des agissements déloyaux. A la demande de la victime, le juge


peut ordonner au besoin sous astreinte, toute mesure de nature à faire cesser la

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concurrence déloyale. Exemple : la suppression d’une dénomination illicite ou
la saisie des objets imités.
-­‐ La condamnation à des dommages et intérêts. A la demande de la victime, le
juge peut également condamner l’auteur de l’acte à verser une somme d’argent
pour compenser le préjudice subi par la victime. Le montant de ces dommages
et intérêts est évalué selon les circonstances de la cause et peut même être réduit
au franc symbolique.
-­‐ La condamnation à cesser les actes déloyaux peut aussi être assortie, d’une
condamnation à verser des dommages et intérêts.

PARAGRAPHE 2 : LA PROTECTION CONTRE LES BAILLEURS.

Dans la plupart des cas, le commerçant est simplement locataire des locaux où il
exerce son activité. Or cette situation, lui fait courir le risque de perdre son fond de
commerce ou son fond professionnel s’il est expulsé de son local. C’est pourquoi, une
prérogative essentielle lui est reconnue à travers un droit d’exiger le renouvellement de
son bail arrivé à expiration. Mais, le bailleur peut refuser le renouvellement, à
condition de payer une indemnité d’éviction, en compensation du préjudice qui est
ainsi causé au locataire.

Le régime du bail professionnel, notamment son aspect relatif au droit au


renouvellement, est réglementé par les articles 123 et suivants de l’AUDCG, qui
précisent les conditions de renouvellement du bail professionnel, la mise en œuvre de
ce droit au renouvellement et les modalités du règlement du contentieux qui peut naître
de l’exercice de ce droit.

A. LES CONDITIONS DE RENOUVELLEMENT DU BAIL


PROFESSIONNEL

Le droit au renouvellement d’un bail à usage professionnel s’exerce dans un cadre


légal bien déterminé. Les dispositions relatives au bail professionnel sont d’ordre
public. Ce droit n’est garanti au locataire que si les conditions liées à la nature des
locaux loués et à la durée du bail sont remplies.

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1. LES CONDITIONS RELATIVES AUX LOCAUX

Les règles régissant le bail commercial et donc le droit au renouvellement, ne


s’appliquent qu’aux baux portant sur des immeubles, rentrant dans l’une des catégories
prévues par l’article 101 de l’AUDCG :

-­‐ Les locaux ou immeubles à usage commercial, industriel, artisanal ou


professionnel ;
-­‐ Les locaux accessoires dépendant d’un local principal à usage commercial,
industriel, artisanal ou professionnel. Il faut préciser cependant, que si ces
locaux accessoires appartiennent à une personne autre que le propriétaire du
local principal, il faut que la location ait été faite en vue de l’utilisation jointe
que le destinait le preneur, et que cette destination ait été connue du bailleur au
moment de la conclusion du contrat ;
-­‐ Les terrains nues sur lesquels ont été édifiés avant ou après la conclusion du
bail, des constructions à usage commercial, industriel, artisanal ou
professionnel, si ces constructions ont été élevées ou exploitées avec le
consentement du propriétaire ou à sa connaissance.
2. LES CONDITIONS RELATIVES A LA DUREE DU BAIL

Le droit au renouvellement du bail est accordé au preneur personne physique ou


personne morale, exerçant une activité commerciale, industrielle, artisanale ou
professionnelle, mais, qui justifie d’une exploitation de son activité dans les locaux
pendant une durée égale au moins à 2 ans, peu importe, que le bail soit à durée
déterminée ou à durée indéterminée. Ce délai fixé par l’Acte Uniforme est considéré
comme le temps nécessaire en pratique pour s’attacher une clientèle et pouvoir ainsi,
bénéficier de la protection légale.

B- LA MISE EN ŒUVRE DU DROIT AU RENOUVELLEMENT DU BAIL


PROFESSIONNEL

1. LES DILIGENCES ATTENDUES DU PRENEUR

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Il faut faire une distinction selon qu’il s’agit du bail à durée déterminée ou du bail à
durée indéterminée. Le preneur qui a droit au renouvellement de son bail, doit faire
une demande de renouvellement. Cette demande doit être faite par signification
d’Huissier ou notification par tout moyen permettant d’établir, la réception effective
par le destinataire au plus tard, trois mois avant la date d’expiration du bail. A défaut le
preneur est déchu de son droit au renouvellement.

S’il s’agit d’un bail à durée indéterminée, l’initiative du congé (rupture du contrat/
préavis) n’appartient plus exclusivement au bailleur. Toute partie qui envisage la
résiliation du bail peut donner congé à l’autre par signification d’Huissier de justice ou
notification par tout moyen, permettant d’établir, la réception effective par le
destinataire au moins 6 mois à l’avance. Le preneur qui a reçu congé du bailleur, mais,
qui souhaite se maintenir dans les locaux peut exiger le renouvellement du bail, en
notifiant au bailleur dans les mêmes formes, avant la fin du préavis ou congé, une
contestation du congé. A défaut, il est mis fin au bail.

Le bénéfice du droit au renouvellement, est réservé aux locataires commerçants ou


entreprenants inscrit en cette qualité au RCCM (registre du commerce et du crédit
mobilier).

2. L’ATTITUDE DU BAILLEUR

Le bailleur qui a reçu la demande de renouvellement du bail dans les formes et les
délais prescrits, doit faire parvenir sa réponse au preneur, au plus tard un mois avant
l’expiration du bail. Faute de quoi, le contrat sera réputé reconduit pour une nouvelle
période. L’article 123 al.3 de l’AUDCG fixe à 3ans, la durée du nouveau bail
consenti expressément ou reconduit tacitement (sous silence). L’article 124 de
l’AUDCG impose une attitude passive au bailleur qui doit se contenter d’attendre que
le preneur formule sa demande de renouvellement du bail à durée déterminée et
ensuite, seulement lui faire sa réponse dans les délais légaux. Le bailleur n’a aucune
obligation de donner congé au preneur dont le manquement serait sanctionné par
l’inopposabilité de la déchéance au droit au renouvellement du bail à durée
déterminée.

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C- LE CONTENTIEUX DU DROIT AU RENOUVELLEMENT DU BAIL

Le rejet de la demande de renouvellement du bail à durée déterminée et la contestation


du congé dans le bail à durée indéterminée sont parfois sources de difficultés
juridiques. Le traitement de ces difficultés relève de la compétence de la juridiction
statuant à bref délai dans le ressort de laquelle sont situés les locaux loués. Ainsi par
exemple, le bailleur peut subordonner le renouvellement du bail, à une augmentation
du loyer. En application du principe de droit commun de la force obligatoire du
contrat, la révision du loyer devra se faire conformément aux stipulations
contractuelles.

Dans le silence du contrat, les dispositions supplétives de l’article 116 de l’Acte


Uniforme prévoient : ‘‘une révision lors de chaque renouvellement’’. En cas de
désaccord entre les parties sur les niveaux de réajustement à opérer, la juridiction
compétente saisie, tranchera en tenant compte, de la situation des locaux, la superficie
occupée, l’état de vétusté, le prix des loyers commerciaux couramment pratiqué dans
le voisinage pour des locaux similaires.

Une autre difficulté est relative au refus du bailleur de renouveler le contrat. En effet,
le bailleur peut de façon justifiée, refuser le renouvellement sans aucune conséquence.
Par contre, en cas de refus non justifié, il est tenu de payer une indemnité d’éviction au
locataire. Le montant de cette indemnité est librement déterminé par les parties. A
défaut d’accord des parties, le montant de cette indemnité est fixé par le tribunal en
tenant compte du montant du chiffre d’affaires, des investissements réalisés par les
preneurs et de la situation géographique du local.

Il existe des hypothèses dans lesquelles le bailleur peut refuser le renouvellement sans
avoir à payer une indemnité d’éviction :

-­‐ S’il justifie d’un motif légitime à l’encontre du locataire. Ex. : inexécution par
le locataire d’une obligation substantielle du bail ou la cessation de
l’exploitation de l’activité.

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-­‐ S’il envisage de démolir l’immeuble, comprenant les locaux loués et de les
reconstruire. Il est tenu cependant, de verser l’indemnité, si les nouveaux locaux
ont une destination différente de celle des locaux objets du bail initial ou s’il
n’est pas offert au preneur un bail dans les nouveaux locaux.

Le bailleur est dispensé du versement de l’indemnité d’éviction lorsqu’il reprend


les locaux d’habitation accessoires pour y loger lui-même ou les membres de sa
famille.

Même s’il n’a pas droit à une indemnité d’éviction, le preneur pourra obtenir le
remboursement du coût des aménagements et des constructions qu’il a réalisés
avec l’autorisation du bailleur. Le montant est fixé d’accord
partie, à défaut, il est fixé par le tribunal à la demande du preneur (Article 131
AUDCG).

Chapitre 2 : LES OBLIGATIONS DES COMMERCANTS


Le commerçant est soumis à de nombreuses obligations. On évoque souvent les
obligations fiscales et sociales. Mais celles-ci en raison de leur ampleur, ne seront pas

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étudiées dans le cadre de ce cours. D’ailleurs ces obligations ne sont pas liées au
caractère commercial de l’activité, sauf exception.
En revanche, il existe des obligations propres aux commerçants. Ainsi, le commerçant
est tenu d’utiliser des instruments de constatation des opérations commerciales afin
d’assurer la sécurité des tiers et le contrôle des pouvoirs publics. Il est soumis, tout
comme l’entreprenant, à l’obligation de tenir une comptabilité correcte et des livres de
commerce (section 1) et à l’obligation de s’inscrire au registre de commerce et de
crédit mobilier (section 2).
Section 1 : Les obligations de tenir une comptabilité correcte et des livres de
commerce
Certaines de ces obligations résultent des règles sur les prix, la concurrence et le
contentieux économiques, c’est-à-dire des règles de la concurrence et du droit de la
consommation et les autres résultent de l’AUDCG.
Paragraphe 1 : Les obligations résultant des règles du droit de la consommation
Ces règles font obligations aux commerçants de réunir en liasse les originaux et les
copies des factures revêtues des mentions obligatoires, par ordre de date.
La facture est un écrit par lequel un commerçant rappelle à son client l’opération qu’il
a effectuée avec lui, détaille le montant des prestations qu’il lui a fournies et lui en
demande règlement. Obligation est faite aux vendeurs et aux prestataires de services
de délivrer des factures dans certains cas.
Les commerçants doivent conserver les copies des factures pendant une période de
trois ans à compter de la transaction.

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Les achats des produits destinés à la vente à l’état ou après transformation et les achats
pour le compte ou au profit d’un industriel ou d’un commerçant pour les besoins de
son exploitation doivent faire l’objet de factures comportant certaines mentions. De la
même manière, les prestations de service effectuées par un professionnel pour les
besoins d’un commerce ou d’une industrie doivent faire l’objet d’une facture. Quant
aux acheteurs professionnels, ils sont astreints à l’obligation de réclamer les factures,
sous peine de sanctions.
Paragraphe 2 : Les obligations résultant de l’AUDCG (articles 13 et suivants)
Aux termes de l’article 1 de l’Acte uniforme relatif au droit comptable, « toute
entreprise en activité doit mettre en place une comptabilité destinée à l’information
externe, comme à son usage propre ». Au-delà de l’obligation de tenir une
comptabilité, il ressort de ce texte que la comptabilité est un instrument d’information
et comme telle, elle doit être fiable et sécurisante.
Il s’agit essentiellement de la tenue des livres de commerce dont l’importance n’est
plus à démontrer ; ils peuvent servir de preuve en cas de contestations à propos des
opérations commerciales effectuées. En dehors de cet intérêt strictement privé, il y a
un intérêt fiscal car l’administration fiscale peut vérifier les déclarations effectuées par
les commerçants en examinant les livres de commerce.
La refonte de droit comptable et du plan comptable général a notamment pour
objectifs :
▬ de donner une image fidèle de la situation et des opérations traitées eu égard aux
obligations légales de ces entreprises en matière comptable et compte tenu de leur
activité et de leur taille ;
▬ de permettre des comparaisons fiables dans le temps au sein d’une même entreprise
et dans l’espace entre entreprise ou ensemble d’entreprises ;
▬ de permettre un contrôle des comptes assurant aux associés, à l’état et aux autres
utilisateurs privilégiés (banque, prêteurs) toutes garanties de leur régularité, de leur
sincérité et de leur transparence.
Le commerçant doit disposer de documents comptables pour lui permettre de faire
l’enregistrement des traitements comptables des données relatives à son activité. La
tenue des documents ci-après est obligatoire :

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● le livre journal qui enregistre au jour le jour les opérations commerciales, effectuées
par le commençant. Il constitue la mémoire comptable de l’entreprise.
● le grand livre avec balance générale récapitulative qui regroupe l’ensemble des
comptes de l’entreprise. Il constitue en quelque sorte un répertoire des inscriptions
portées sur le livre journal.
● le livre d’inventaire qui regroupe les données de l’inventaire qui est un état descriptif
et estimatif de l’ensemble des divers états de l’actif et du passif.
Ces livres doivent être tenus sans blanc ni altération et la correction d’erreurs doit se
faire par la technique de la contre-passation d’écriture ou l’inscription en négatif des
éléments erronés, suivis de l’enregistrement exact de l’opération concernée. Ces livres
sont côtés et paraphés par le président du tribunal compétent en matière commerciale
ou les juges délégués à cet effet.
.
Les livres de commerce doivent mentionner le numéro d’immatriculation au registre
du commerce et du crédit mobilier du commerçant. Les livres comptables et les pièces
justificatives doivent être conservés pendant une période de dix ans.
A côté des livres obligatoires, il y a des livres facultatifs. Ce sont des livres tenus à la
convenance du commerçant. Il s’agit par exemple du livre de caisse qui récapitule les
paiements faits ou reçus et du livre des effets à payer ou à recevoir dans lequel le
commerçant indique les traites et leurs échéances.
Les entreprises ont aussi l’obligation d’établir des états financiers de synthèse, encore
appelés états financiers annuels. Il s’agit d’un ensemble de documents comptables
élaborés par les commerçants qui « forment un tout indissociable et décrivent de façon
régulière et sincère les évènements, opérations et situations de l’exercice pour donner
une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entreprise
». Mais cette obligation ne comporte pas les mêmes exigences ; le législateur tient
compte de la taille des entreprises pour mettre en place trois systèmes comptables. Il
s’agit du système normal de comptabilité pour les entreprises

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grande taille, du système allégé pour les entreprises de taille petite ou moyenne et du
système minimal de trésorerie pour les entreprises de très petite taille.

Contrairement au commerçant, les obligations comptables de l’entreprenant sont plus


allégées. Ces obligations sont définies en un chapitre aux articles 31 et 32 AUDCG.
Aux termes de l’article 31 AUDCG, l’entreprenant est tenu d’établir, dans le cadre de
son activité, au jour le jour, un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le
montant de ses ressources en distinguant les règlements en espèces des autres modes
de règlement d’une part, la destination et le montant de ses emplois d’autre part. Ledit
livre doit être conservé pendant cinq ans au moins. L’article 32 AUDCG prévoit qu’en
outre, l’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises, d’objets, de
fournitures et de denrées ou de fourniture de logement doit tenir un registre, récapitulé
par année, présentant le détail des achats et précisant leur mode de règlement et les
références des pièces justificatives, lesquelles doivent être conservées.
En somme, il s’agit d’une comptabilité de trésorerie de type recettes dépenses
dégageant le résultat de l’exercice. Dès lors, de très petites entreprises dont les moyens
matériels ne permettent guère la tenue d’une comptabilité fiable et qui naguère, étaient
contraintes de demeurer dans l’informel trouvent ainsi une chance d’améliorer leur
gestion comptable.
Sa qualité professionnelle ne le dispense que de ces obligations comptables et
d’immatriculation et il doit respecter les règles d’exercice propres à son activité
d’agriculteur, d’artisan, de commerçant ou de professionnel libéral. S’il exerce une
activité commerciale, il peut être titulaire d’un fonds de commerce mais il doit alors
l’exploiter directement et ne peut le donner en location-gérance. Il ne peut davantage
prendre un fonds en location-gérance.
Paragraphe 3 : L’utilisation des livres en justice

A. La valeur des livres de commerce en tant que mode de preuve

Selon l’article 5 AUDCG, les livres de commerce régulièrement tenus peuvent être
admis par le juge pour constituer une preuve entre commerçants ou entre

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entreprenants. Il faut cependant un certain nombre de conditions. Il faut d’une part,
que les livres soient régulièrement tenus. Il s’ensuit qu’un livre tenu en violation des
règles ne peut servir de preuve. Il faut d’autre part, que le litige à propos duquel le
commerçant prétend se servir de ce livre l’oppose à un autre commerçant ou
entreprenant.
Que se passe-t-il lorsqu’il s’agit d’une contestation opposant un commerçant ou
entreprenant à un non commerçant ou entreprenant ? Il ne fait pas de doute que le
commerçant ou l’entreprenant ne peut pas utiliser ses livres contre un non commerçant
ou entreprenant. En revanche, la jurisprudence a toujours admis la possibilité pour les
civils d’opposer au commerçant les livres que celui-ci a tenus.

B. Les techniques d’utilisation des livres en justice

Il y a deux techniques d’utilisation possibles. D’une part, la représentation qui consiste


à extraire du livre ce qui intéresse le litige. Ainsi, le commerçant ne sera pas tenu de
communiquer l’ensemble de ses livres à son adversaire qui pourrait connaître ses
secrets. D’autre part, la communication qui consiste à communiquer l’ensemble des
livres à l’adversaire, lequel pourra les consulter dans toutes les parties. Dans le souci
de préserver les secrets des affaires, l’article 5, al. 5 AUDCG ne consacre que la
technique de la représentation.
Section 2 : L’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier
Celle-ci est parfois présentée, eu égard à son importance particulière, comme une
condition d’accès à la profession commerciale. Cela n’est pas vrai, car il s’agit d’une
véritable obligation qui pèse sur les personnes physiques commerçantes.
Selon l’article 44, al. 1 AUDCG « toute personne physique dont l’immatriculation est
requise par la loi doit, dans le premier mois de l’exercice de son activité, demander au
greffe de la juridiction compétente ou à l’organe compétent dans l’Etat Partie, dans le
ressort de laquelle son activité se déroule, son immatriculation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier ».

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Il apparaît que l’immatriculation est beaucoup plus qu’une formalité légale ou une
simple condition d’accès à l’activité commerciale. Elle doit s’analyser en une véritable
obligation incombant à tout commerçant dès son entrée en activité.

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Si le commerçant est tenu de s’immatriculer, selon les articles 34, 39 et 62 AUDCG,
l’entreprenant quant à lui doit déclarer son activité au registre du commerce.
Organisé par les articles 34 à 81 AUDCG, le Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier (R.C.C.M) est une institution fondamentale dont le but est de pallier les
difficultés d’avoir des renseignements précis sur les commerçants ou les entreprenants.
Le registre de commerce est important car c’est un instrument d’information pour les
pouvoirs publics qui ont besoin de renseignement et de statistiques pour diriger
l’économie.
C’est aussi un instrument d’information pour les tiers, il est nécessaire en effet que le
tiers appelé à faire crédit à des commerçants ou entreprenants puisse obtenir
rapidement les renseignements susceptibles de justifier l’octroi de ce crédit ou de
légitimer une prudente réserve.
Il répond aussi à la nécessité de mettre en place un système efficace permettant
d’atteindre les objectifs suivants :
● centralisation de l’information ;
● accessibilité des renseignements pour la transparence et la loyauté dans les affaires ;
● fiabilité des informations pour une meilleure sécurité et célérité des affaires.
Paragraphe 1 : L’organisation du R.C.C.M
Les articles 37, 75 et 77 de l’AUDCG indiquent avec précision les divers registres,
répertoires et dossiers qui doivent être tenus tant pour l’immatriculation des
commerçants que pour la déclaration d’activité de l’entreprenant et pour les
inscriptions des sûretés mobilières et du crédit-bail.
Ainsi, l’ensemble des RCCM et des fichiers nationaux de la zone OHADA devraient
tenir les mêmes registres et répertoires, demander les mêmes informations et
documents aux assujettis. Par voie de conséquence, le fichier régional devrait recevoir
les mêmes informations et documents des fichiers nationaux de chaque Etat partie.
L’objectif étant que les informations données par les registres et fichiers pour chaque
assujetti et pour chaque Etat partie soient équivalentes et que les assujettis ne soient
plus soumis à des demandes d’information et de pièces d’information différentes dans
les Etats parties. Cette harmonisation était enfin indispensable pour l’informatisation,
la mise en place de l’utilisation des procédures électroniques pour l’exécution de ses

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missions par le RCCM et les fichiers, ainsi que pour l’accomplissement de leurs
obligations par les assujettis.
Il y a trois éléments, le RCCM proprement dit que l’on appelait autrefois le registre
local, le fichier national qu’on appelait le registre central et le registre régional.
A. Le fichier local
Il est tenu au greffe du tribunal compétent en matière commerciale ou par un organe
compétent dans chaque Etat partie sous la surveillance du président du tribunal ou
d’un juge commis à cet effet. Il comprend quatre éléments :
▬ un registre d’arrivée mentionnant dans l’ordre chronologique la date et le numéro
de chaque déclaration acceptée, les noms, prénoms, raison ou dénomination sociale du
déclarant ainsi que l’objet de la déclaration ;
▬ un répertoire des personnes immatriculées et des entreprenants tenu par ordre
alphabétique ;
▬ un répertoire par numéro des personnes immatriculées et des entreprenants ;
▬ une collection de dossiers individuels pour chaque entreprenant et chaque personne
immatriculée tenue par ordre alphabétique.
B. Le fichier national
Il est tenu dans chaque Etat partie un fichier national. Le fichier national est quant à lui
tenu par l’organe désigné par chaque Etat partie, sous la surveillance du ministère de la
Justice. Il centralise les renseignements consignés dans chaque Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier.

C. Le fichier régional
Il est tenu au greffe de la C.C.J.A. Ce fichier centralise les renseignements contenus
dans chaque fichier national.
Paragraphe 2 : Le fonctionnement du R.C.C.M.

A. L’opération initiale

1. Les persones assujetties

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L’AUDCG étend à plusieurs types de personnes la possibilité de faire des demandes
d’immatriculation. Au-delà des catégories classiques que sont les personnes physiques
commerçantes et les sociétés commerciales, le texte mentionne également les sociétés
civiles par leur forme et commerciales par leur objet, le groupement d’intérêt
économique, les succursales au sens de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUDSC-GIE), toute personne
physique exerçant une activité professionnelle ou tout groupement doté de la
personnalité juridique que la loi soumet à l’immatriculation au RCCM, les
établissements publics ayant une activité économique et bénéficiant d’une autonomie
juridique et financière108. L’introduction des derniers cités est la preuve d’une réelle
volonté de transparence, y compris pour les operateurs du secteur public. Le but
recherché est que toutes les entités soient répertoriées.
108 AUDCG, Art. 35.
Les personnes physiques ont l’obligation d’introduire une requête dans le premier
mois de l’exploitation.
La demande d’immatriculation doit être introduite dans le mois de la constitution du
groupement commercial.
Sont enfin concernés les entreprenants qui sont tenus de déclarer leur activité au greffe
de la juridiction compétente ou à l’organe compétent dans l’Etat partie, dans le ressort
duquel ils exercent.
L’entreprenant ne peut commencer son activité qu’après la réception de son numéro de
déclaration d’activité, lequel sera mentionné sur ses factures, bons de commande, tarifs
et documents ou correspondances professionnels.
L’immatriculation et la déclaration d’activité de l’entreprenant sont incompatibles, car
le régime juridique de l’entreprenant est distinct de celui du commerçant immatriculé.

2. Les modalités

La demande d’immatriculation est déposée au greffe de la juridiction compétente ou à


l’organe compétent dans l’Etat partie, dans le ressort de laquelle se trouve le

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commerce lorsqu’il s’agit de personnes physiques. Pour les personnes morales, la
demande est déposée au greffe de la juridiction compétente ou à l’organe compétent

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Les articles 66 et 69 l’AUDCG organisent le contentieux entre le greffier et les
assujettis, mais aussi entre les tiers et le greffier.
L’organisation du contentieux permet de rendre effectifs les droits résultant des
missions, et notamment celui d’avoir, dès le dépôt, le numéro d’immatriculation et de
déclaration d’activité ainsi que, pour les tiers, leur droit à obtenir l’information détenue
par le RCCM. Dans la logique de permettre l’accès des tiers aux informations détenues
par le greffe, l’AUDCG donne le droit à ces derniers de saisir la juridiction compétente
ou l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, en cas de manquement
à une formalité prescrite par l’AUDCG. Les tiers deviennent ainsi des acteurs
importants dans l’exactitude et l’actualisation des informations répertoriées.

L’intérêt de tous étant que l’information fournie soit exacte, les articles 66 et 68
prévoient que tout requérant peut saisir la juridiction compétente pour obliger
l’assujetti à accomplir les formalités mises à sa charge.
De même, lorsque certaines décisions de justice devraient être transcrites d’office et
qu’il y a carence, l’article 43 AUDCG permet à toute personne intéressée d’en
demander la transcription au RCCM.
Enfin, toute personne qui entend se prévaloir d’une décision de justice dont la
transcription doit être faite d’office doit établir que cette dernière a été faite à charge
pour elle d’en demander la transcription au RCCM compétent.
L’ensemble des dispositions maintenues, réaménagées ou nouvelles vise à
l’instauration d’un système d’informations juridiques, économiques et financières
sincères et à jour permettant la facilitation et la rapidité de l’accomplissement des
formalités. L’informatisation est un des éléments phares indispensables pour
l’aboutissement ultime de ces innovations. Cependant, le texte n’est que la base, un
changement d’approche des responsables en charge du RCCM mais aussi des
assujettis et des praticiens conduira à une efficience totale de la reforme. Les
opérateurs économiques de l’espace OHADA ne peuvent qu’y gagner, car la
transparence de l’information apportera un climat de confiance et de sécurisation qui
ne pourra que favoriser les relations entre les différents acteurs économiques, attirer
les investisseurs étrangers et inciter l’investissement national.

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B. Les opérations ultérieures

L’inscription initiale doit être constamment mise à jour. C’est pourquoi le commerçant
doit demander une inscription modificative chaque fois qu’il y a un changement de sa
situation. Il doit également demander sa radiation lorsqu’il cesse ses activités.

1. Les inscriptions modificatives

Une immatriculation secondaire doit être requise dans le délai d’un mois à compter du
début de l’exploitation si l’assujettie exploite des établissements commerciaux
secondaires ou des succursales dans le ressort d’autres juridictions.

De la même manière, les éléments qui jalonnent la vie du commerçant doivent être
constatés par la rectification ou le complément des énonciations portées sur le registre
de commerce. Il en est ainsi des modifications concernant l’état civil, le régime
matrimonial ou la capacité de l’assujetti.
La demande de mention rectificative ou complémentaire doit être présentée au greffier
ou au responsable de l’organe compétent dans l’Etat partie dans un délai de trente (30)
jours à compter de la modification survenue. Elle est signée par l’assujetti lui-même ou
par tout mandataire dûment constitué à cet effet, c’est-à-dire justifiant d’une
procuration en bonne et due forme.
Le greffier ou le responsable de l’organe compétent dans l’Etat partie dès réception de
la demande rectificative ou modificative délivre un accusé d’enregistrement qui
mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date116.
L’entreprenant qui change d’activité ou de lieu d’exercice de son activité doit en faire
une déclaration modificative, sans frais, au greffe ou à l’organe compétent dans l’Etat
partie du Registre de Commerce et de Crédit Mobilier compétent.

2. La radiation

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L’article 55 AUDCG envisage les cas de radiation de la personne physique
immatriculée au Registre de Commerce et de Crédit Mobilier. Ainsi, lorsque le

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commerçant cesse les activités, la radiation doit être demandée. Il peut s’agit de
cessation volontaire, dans ce cas c’est l’intéressé lui-même qui doit demander sa
radiation dans un délai d’un mois à compter de cette cessation d’activité.
Il se peut aussi que la cessation soit involontaire, par exemple le décès du commerçant,
dans ce cas, il appartient aux héritiers de demander la radiation ou la modification de
l’inscription s’ils doivent continuer l’exploitation. Ils doivent le faire dans un délai de
trois mois à compter du décès.
En cas de dissolution ou de nullité d’une personne morale, l’article 58 AUDCG prévoit
que c’est le liquidateur qui doit demander la radiation dans le délai d’un mois à
compter de la clôture des opérations de liquidation. A défaut, le greffe du tribunal
compétent ou l’organe compétent dans l’Etat partie procède à la radiation sur décision
du tribunal ou de l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, rendue
à la demande de tout intéressé.
L’entreprenant qui cesse son activité est tenu de faire, sans frais, une déclaration à cet
effet auprès du greffe compétent ou de l’organe compétent dans l’Etat partie.

La radiation emporte la perte des droits résultant de l’immatriculation ou de la


déclaration.
Paragraphe 3 : Les effets de l’inscription ou du défaut d’inscription au RCCM

A. Les effets de l’inscription au RCCM

L’effet principal que la loi attache à l’immatriculation c’est la présomption simple de


commercialité. Celui qui est immatriculé au RCCM est présumé avoir la qualité de
commerçant. Cette présomption est simple aussi bien pour les personnes physiques
que pour les personnes morales, puisque l’article 59, al. 1 AUDCG ne fait pas de
distinction. Du fait du caractère simple de cette présomption, il doit être possible de
prouver par tous moyens que telle personne immatriculée l’a été à tort et que malgré
cette immatriculation, elle n’a pas la qualité de commerçant.
Mais cette présomption ne joue pas à l’égard des personnes physiques non-
commerçantes qui se sont immatriculées en vertu d’une disposition légale, ni à l’égard

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des personnes morales non-commerçantes, ni à l’égard des Groupements d’Intérêt
Economique.
La personne physique qui a satisfait aux obligations déclaratives est présumée avoir la
qualité d’entreprenant. Par ailleurs, l’entreprenant déclaré au RCCM bénéficie de la
liberté de preuve, de la courte prescription commerciale et des règles relatives au bail
professionnel.

Toute personne physique ou morale immatriculée ou toute personne physique déclarée


au Registre du Commerce et de Crédit Mobilier est tenue de mentionner sur ses
factures, bons de commande, tarifs et documents ou correspondances professionnels,
son numéro et lieu d’immatriculation ou de déclaration121.

B. Les effets du défaut d’inscription

La situation de la personne non immatriculée est assez originale. En effet, la personne


physique assujettie à l’immatriculation et qui s’abstient d’y procéder ne peut se
prévaloir de sa qualité de commerçant à l’égard des tiers et de l’administration ; elle ne
peut donc bénéficier des droits des commerçants.
Dans le même temps, cette personne ne pourra pas invoquer ce défaut
d’immatriculation pour se soustraire aux responsabilités et aux obligations qui
découlent de la qualité de commerçant. Cette personne peut, par exemple, être déclarée
en faillite.
Au total, le commerçant non immatriculé est soumis aux obligations du commerçant,
mais ne peut pas bénéficier des droits. Il convient d’observer que si l’immatriculation
n’est pas requise dans le délai, le tribunal peut soit d’office, soit à la requête du greffe
ou de tout intéressé rendre une décision enjoignant l’intéressé de procéder à cette
immatriculation.
Il en est de même de la personne physique assujettie au régime de la déclaration qui
s’abstient d’accomplir cette formalité.
Lorsqu’il s’agit d’une personne morale, le défaut d’immatriculation au RCCM ne lui
permet pas d’acquérir la personnalité juridique. Cependant, elle ne peut invoquer un

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défaut d’immatriculation pour se soustraire aux responsabilités et obligations
inhérentes à cette qualité

C. Les effets du déf.aut d’accomplissement des formalités ultérieures

1. La mention des faits ou actes intéressant le commerçant

Pour les inscriptions postérieures, l’AUDCG ne se préoccupe des effets que sous
l’angle de leur non accomplissement. C’est ainsi que le fait ou l’acte qui aurait dû être
mentionné et qui ne l’aurait pas été ne peut pas être opposé par le commerçant, aux
tiers et à l’administration, sauf s’il prouve que ceux-ci en ont eu connaissance par
d’autres moyens123.
Le défaut de mention n’empêche pas cependant les tiers et l’Administration de se
prévaloir de l’acte ou du fait non mentionné contre l’assujetti. Il faut souligner là aussi
la possibilité pour le tribunal de reconnaître à l’intéressé l’inscription des mentions
complémentaires ou rectificatives omises.

2. La radiation

Le commerçant qui cesse ses activités doit se faire radier du R.C.CM. Le défaut de
radiation emporte une présomption irréfragable de commercialité. Dès lors, le tiers est
fondé à considérer que le commerçant qui cesse ses activités, mais qui omet de se faire
radier conserve la qualité de commerçant avec la possibilité d’être déclaré en cessation
des paiements.
Cette personne retirée mais non radiée est donc dans l’impossibilité d’apporter par
d’autres moyens la preuve de la perte da sa qualité de commerçant et ne peut pas
bénéficier des droits de commerçant. Le greffe ou l’organe compétent dans l’Etat
partie peut procéder à la radiation après décision de la juridiction compétente ou de
l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, saisie à sa requête ou
à celle de tout intéressé124.

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