Vous êtes sur la page 1sur 6

UADB/TEC/M.

SIDIBE

La lettre à caractère juridique


I. Définition :
Les correspondances à caractère juridique sont des courriers adressés à l’administration
judiciaire, aux hommes de loi, avocats, notaires, huissiers et autres pour demander la copie
d’une décision de justice, un extrait du casier judiciaire, des éclaircissements sur une
décision de justice, pour contester quelque chose, demander une garantie, avoir
connaissance d’un dossier, etc.
Chaque cas étant particulier, il est difficile de vous proposer des modèles qui, tout en étant
formulés en termes généraux, s’adapteront à la situation évoquée.

II. Présentation et contenu :


1. La silhouette de la lettre :
Prénom et nom expéditeur Lieu et date
Coordonnées expéditeur

Destinataire
Coordonnées destinataire

Objet : objet de la demande/de la requête

Formule d’appel

Corps de la lettre

Signature

2. Le corps de la lettre :
Les premiers paragraphes doivent présentés objectivement les faits :
Par exemple, dans le cadre d’une requête en vue d’annuler d’une décision d’éviction
automatique de la Fonction Publique prise par un ministre, en violation d’une circulaire
présidentielle :
 « Le 4 novembre dernier, j’ai reçu une décision ministérielle me signifiant mon éviction de la
Fonction Publique pour avoir été condamné par la justice. »
UADB/TEC/M. SIDIBE

On doit ensuite indiquer clairement qu’on conteste les faits et/ou la procédure :
« Par la présente, je conteste cette décision d’éviction de la Fonction publique me
concernant ainsi que la procédure. »
Il faut ensuite énoncer les termes de la réglementation applicable en explicitant si besoin et
en faisant éventuellement référence à une décision de justice rendue dans une affaire
similaire dont on a connaissance. Dans le cas pris pour exemple, cela donne :
« En effet, on peut lire cette disposition dans la circulaire présidentielle n° 138/PR/SG/JUR en
date du 8 décembre 1964, relative à l’éviction de la Fonction Publique des agents
condamnés à des peines d'emprisonnement : 
1°) Fonctionnaires assujettis au Statut Général (Loi 61-33 du 15 juin 1961). Ce texte stipule
dans son article 20 que nul ne peut être nommé à un emploi s'il ne jouit de ses droits
civiques. La jurisprudence administrative française, rendue à propos d'un texte strictement
identique, en déduit que cette disposition interdit le maintien dans un emploi public de toute
personne qui ne possède l'intégralité de ses droits civiques […] Il résulte de cette même
jurisprudence qu'il n'est pas nécessaire que l'intéressé ait été privé, par le jugement, de la
totalité de ses droits civiques ou déclaré inapte à l'exercice de toute fonction publique : il
suffit qu'il ait été condamné à une peine emportant radiation de la liste électorale. Un
individu privé de droit de vote et d'éligibilité, ne saurait être considéré, en effet, comme
jouissant de la plénitude de ses droits civiques. Les condamnations entraînant radiation de
la liste électorale sont les suivantes (décret organique du 2 février 1852, modifié par la Loi
du 30 mars 1935, article 15) :
a) Les condamnations pour crime.
b) Les condamnations à une peine d'emprisonnement de durée quelconque sans sursis
prononcées pour toute une série de délits spécialement énumérés par la loi, au nombre
desquels figurent : le vol, l'abus de confiance, les soustractions commises par les
dépositaires de deniers publics et la corruption.
c) Les condamnations pour délit quelconque à plus de trois mois d'emprisonnement sans
sursis ou à plus de six mois d'emprisonnement avec sursis, sauf les délits d'imprudence ou
non intentionnels ;
d) Les condamnations par contumace.
En conséquence, chaque fois qu'un fonctionnaire est frappé d'une des condamnations
énumérées ci-dessus, il appartient au Ministère dont relève ce fonctionnaire, soit de prendre
lui-même, soit de me proposer dans les cas où le pouvoir de révocation m'est réservé, un
arrêt constatant (et pas « prononçant ») la radiation de l'intéressé des cadres de
l'administration pour dater de la condamnation. »
On peut appliquer alors cette réglementation au cas soulevé dans l’exemple :
« En l’espèce, la condamnation pour délit d’excès de vitesse ayant entrainé un accident qui a
causé des blessés légers à quatre mois d'emprisonnement avec sursis ne fait pas partie de la
liste des condamnations pour lesquelles l’agent de l’Etat est radié de la Fonction Publique.
Par suite, le pouvoir de révocation est réservé au président de la république, le ministre
UADB/TEC/M. SIDIBE

publier un arrêt constatant et pas « prononçant ». Or, dans le cas qui me concerne, le
ministre a bien « prononcé » la radiation. »
Et on conclut en indiquant clairement ce que l’on attend de son interlocuteur :
« Par conséquent, je demande le classement sans suite de cette décision d’éviction. A
défaut, je souhaite que ma contestation soit transmise aux autorités compétentes. »
Il faut être clair et le plus objectif possible dans les propos, éviter les positionnements
politiques, les jugements de valeur sur le travail de la police ou de l’officier du ministère
public, rester courtois et neutre en n’énonçant que des faits concrets et précis, essayer de
faire des phrases courtes en appliquant la formule : une idée par phrase, un argument par
paragraphe.
Le schéma et les recommandations sont les mêmes pour une action en garantie contre un
vice caché contre un professionnel ou un particulier.
Par exemple :
- Les faits :
« Le 12 août dernier, j’ai fait l’acquisition auprès de votre enseigne d’une 4X4 de marque
Suzuki, immatriculée DK-1234-A et totalisant 15.000 km pour le prix de 9.500.000 F.
J’ai noté différents dysfonctionnements qui affectent le fonctionnement du véhicule et
rendent impossible son utilisation normale.
Après avoir parcouru seulement 200 kilomètres au volant du véhicule, mon concessionnaire
a diagnostiqué………………………………………………….. (indiquer les avaries). »
- Le rappel de la réglementation :
« Selon l’article……………………………….du code civil, « le vendeur est tenu de la garantie à
raison des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à l’usage auquel on la
destine, ou qui diminuent tellement cet usage que l’acheteur ne l’aurait pas acquise ou n’en
aurait donné qu’un moindre prix s’il les avait connus ». Je tiens à vous préciser que cette
disposition s’applique au vendeur non professionnel, même s’il ne connaissait pas l’existence
des défauts. 
L’article…………………………………du même code offre alors à l’acheteur le choix de rendre le
véhicule et de se faire restituer le prix ou de le garder en se faisant rendre une partie du
prix. »
- La demande :
« Notre entretien téléphonique du 15 septembre n’ayant débouché sur aucun accord, je
vous mets, par la présente, en demeure de prendre en charge les réparations nécessaires au
bon fonctionnement du véhicule, pour un coût total de 1.500.000F (voir devis en pièces
jointes).
Si vous le préférez, je suis également disponible à vous rendre le véhicule en restitution du
prix d’achat, augmenté des frais que j’ai dû supporter pour son immatriculation (300.000F
de carte grise).
UADB/TEC/M. SIDIBE

Sans réponse de votre part sous huit jours, je remettrais les éléments de cette affaire à mon
assureur de protection juridique/ à mon avocat afin qu’un recours contentieux soit
engagé. »

III. Exemples de lettre pour les tribunaux et la justice :


Correspondre avec le juge d'un tribunal, un notaire, un avocat ou encore un huissier
suppose trouver les bons termes juridiques, ce qui, souvent, n'est pas facile quand on n'est
pas du métier.
Nous proposons ici quelques modèles qui ne sont qu’à titre informatif et pédagogique. Par
ailleurs, il est indispensable de consulter le professionnel concerné avant toute démarche.
Par ailleurs, même si la situation qu’on évoque est difficile ou conflictuelle, il faut essayer
de rester poli et le plus objectif possible.
Remarque : manuscrite ou pas ? 
La lettre manuscrite est de plus en plus abandonnée au profit d'une version
dactylographiée ou traitée en texte. Cette dernière est tout à fait adaptée à l'usage
administratif, n'hésitez pas à y recourir, surtout si on a une écriture particulièrement
déplaisante à lire.

1. Pour porter plainte :


La plainte est l'acte par lequel une personne qui s'estime victime d'une infraction en
informe le procureur de la République, directement ou par un service de police ou de
gendarmerie. Elle permet à la victime de demander à l'autorité judiciaire la condamnation
pénale de l'auteur (peine d'emprisonnement, d'amende, ...). La plainte peut être déposée
contre une personne identifiée ou contre X, si l'identité de l'auteur des faits est inconnue.
La lettre doit préciser :
- l'état civil complet du plaignant,
- le récit détaillé des faits, la date et le lieu de l'infraction,
- le nom de l'auteur présumé s'il est connu du plaignant (à défaut, il convient de déposer
plainte contre X),
- les noms et adresses des éventuels témoins de cette infraction,
- la description et l'estimation provisoire ou définitive du préjudice,
- les documents de preuve à disposition : certificats médicaux constatant les blessures,
arrêts de travail, factures diverses, constats en cas de dégâts matériels.
Modèle de lettre pour déposer une plainte en justice pour des insultes, vol, violences :
A……………….. (lieu), le……………………….. (date),
Je soussigné(e)…………………………………………….. (nom, prénom, profession), né(e)
le……………..(date) à………………………… (lieu), demeurant……………………………………………………..
(adresse), désire par la présente porter plainte contre……………………………………………………..
(titre, nom, prénom, adresse ou X) aux motifs suivants :
UADB/TEC/M. SIDIBE

……………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………… (détailler les faits : insultes verbales, vol véhicule, vandalisme, coups et
blessures, faillite frauduleuse etc.)
Je me tiens à votre disposition pour apporter tous les renseignements
complémentaires que vous jugerez utile de me demander. Vous pouvez me joindre à ce
numéro…………………………………………………………. (téléphone).
Je vous prie d’accepter, Monsieur le Procureur de la République, l'expression de mes
salutations les plus respectueuses.

2. Lettre pour un huissier pour exécution de jugement :


Une décision de justice ne devient exécutoire que lorsque la partie condamnée en a été
notifiée et s'il n'y a pas plus de recours suspensifs possibles ou si le juge a ordonné une
exécution provisoire.
Si l'adversaire ne s'exécute pas ou refuse de payer les indemnités, il faudra alors saisir un
huissier de justice qui disposera de moyens légaux (comme obtenir la saisie sur les comptes
du débiteur) et dont les coûts pourront être imputés à la partie adverse. Cette procédure
est valable 10 ans à compter de la notification.
Modèle de lettre pour obtenir l'exécution d'un jugement par huissier .
Maître,
Je vous prie de trouver ci-joint le jugement rendu le…………………………. (date) contre la
société……………………………… (nom de la société) condamnée à me verser la somme
de……………………………………. (indiquer le montant) f CFA.
Je vous mandate expressément pour faire le nécessaire et vous joins pour cela un
chèque de……………………………………..(indiquer le montant) f CFA comme demandé lors de
mon entretien téléphonique avec votre secrétaire.
Veuillez recevoir, Maître, l'expression de mes sincères salutations.

3. Demander à un huissier de dresser un constat :


Le constat d'huissier est un acte juridique par lequel un huissier de justice relève des
éléments matériels dans le but d'établir un rapport (appelé procès-verbal de constat) à la
personne qui le lui a demandé. Son but est d'apporter une preuve ayant une force probante
de la réalité d'une situation ou d'un fait à un instant donné.
UADB/TEC/M. SIDIBE

Le demandeur qui peut-être un juge, une entreprise ou un particulier peut recourir au


constat d'huissier en vue de valoir un droit (ex : observer les nuisances du voisinage,
constater un abandon de domicile, relever le caractère d'une diffamation, ou encore
signaler des malfaçons sur une construction, etc.)
Modèle de lettre pour demander à un huissier de constater une atteinte à son image sur
internet :
Objet : demande de constat

Maître,

J'ai l'honneur de solliciter votre intervention afin que vous constatiez le caractère
diffamatoire des propos que Monsieur………………………………………………… (mentionner le
nom de la personne) a écrits à mon sujet sur son site Internet……………………………. (préciser
l’adresse web).

La tentative de règlement amiable de cette situation et mes différentes mises en


demeure lui demandant de retirer ses allégations n'ayant pas abouti, j'envisage d'entamer
des poursuites judiciaires à son encontre.

Comme nous l'avons convenu par téléphone, vous trouverez ci-joint un chèque d'un
montant de………………………… (indiquer le montant) correspondant à vos honoraires.
Je vous prie de croire, Maître, en l'assurance de ma meilleure considération.

Vous aimerez peut-être aussi