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Partie 1 : analyse juridique de la loi 104-12

Dans le processus de modernisation du droit marocain des affaires, la loi n°104-12 sur la
liberté des prix et de la concurrence a constitué un moment essentiel puisqu'il s'agissait de
protéger la concurrence afin de stimuler l'efficience économique, améliorer le bien-être des
consommateurs, assurer la transparence et la loyauté dans les relations commerciales. Il
s'était également agi de s'inscrire dans le cadre de la dynamique de convergence
réglementaire avec l'acquis communautaire, induite par l'accord d'association liant le Maroc
à l'Union européenne. Une dynamique renforcée par le statut avancé qui accorde au
rapprochement des législations une place prioritaire, Dans le cadre du droit moderne au
Maroc la loi n°06-99 DU JUIN 2000 innove en introduisant le droit de la concurrence dans le
système juridique du pays.

Elle initie une nouvelle discipline juridique, ou tout au moins elle en déclenche le processus
de naissance. Elle promet un enrichissement certain de la réflexion doctrinale sur les
divisions et les branches du droit positif car elle ne permet pas a priori de classer le droit de
la concurrence ou de le définir par rapport à son objet ou à sa place dans le contexte de
l'environnement juridique où il est appelé à se situer.

La liberté du commerce et de l'industrie suppose la liberté de la concurrence, c'est à dire la


libre compétition entre les agents économiques, qui offrent des produits ou services
identiques, ou similaires, susceptibles de satisfaire une même clientèle. C'est dans cette
optique que l’application de droit de la concurrence à la lumière de la loi 104-12 sur la
concurrence et la réglementation des prix sera traitée dans ce premier chapitre avant de
passer à traiter le cadre institutionnel et répressif de la loi 104-12 dans un deuxième
chapitre.

Chapitre 1 : l’application du droit de la concurrence à la lumière de la loi 104-12


SECTION 1 : les pratiques liés à la concurrence

Le droit de la concurrence se divise ainsi, en deux branches, d'un côté on trouve les
pratiques anticoncurrentielles (Paragraphe 1) qui visent surtout (interdiction entente, ou
abus de position dominante) et d'un autre les pratiques restrictives de la concurrence
(paragraphe 2) (encadrement des relations commerciales). Les pratiques restrictives de la
concurrence sont assez spéciales puisqu'elles sont sanctionnées indépendamment de
l'atteinte au marché.

Paragraphe 1 : les pratiques anticoncurrentielles

Les articles 6 à 9 de la loi 104-12 visent successivement les ententes au sens large d'une part
et les abus de position dominante et les exploitations abusives de situation de dépendance
économique d'autre part, si on préfère une formation plus brève et compréhensive on doit
constater qu'il s'agit des pratiques collectives et des actions individuelles

 Les pratiques collectives :

la loi de la concurrence adopte une notion compréhensive en énumèrant différentes


modalités de ces pratiques, les actions concertées, les conventions, les ententes, ou
coalitions1…

L'entente, au sens large visé par le texte se traduit par tout accord entre les entreprises dont
l'objet ou le but est d'empêcher ou de fausser le jeu de la concurrence sur le marché, le
texte énumère 4 exemples de situations caractéristiques des atteintes visées au jeu de la
concurrence :

a limitation de l'accès au marché ou du libre exercice de la concurrence par d'autres


entreprises.

La création d'obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant
artificiellement leur hausse ou leur baisse.

La limitation ou le contrôle de la production, des débouchés, des investissements, ou


du progrès technique.

La répartition des marchés, des sources d'approvisionnement ou des marchés


publics.

 Les pratiques individuelles

L'exploitation abusive d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie
substantielle de celui-ci d'une part, et d'une situation de dépendance économique dans

1
L’article 6 de la loi N° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence
laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne disposant d'aucune alternative d'autre part,
constituent deux situations distinctes par leur consistance intrinsèque mais que la loi réunit
au sein d'une formule unique. En effet cette présentation légale s'explique parce qu'elle
comporte des éléments communs à coté de leurs composantes spécifiques respectives.

 Eléments communs

L'article 7 de la loi dispose que prohibé, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet
d'empêcher de restreindre ou de fausser les jeux de la concurrence l'exploitation abusive par
une entreprise ou un groupe d'entreprise en position dominante en marché intérieur ou une
partie substantielle d'une partie; d'une situation de dépendance économique dans laquelle
se trouve un client ou un fournisseur ne disposant d'aucune autre alternative

Les dispositions reproduisent les mêmes conditions de fond exigées pour la prohibition des
ententes (empêcher, restreindre et fausser...). Elles précisent implicitement que
l'exploitation abusive de la position dominante ou la situation de dépendance économique
reste un comportement normal et licite dans le cadre de la concurrence.

En effet seul «l'abus » on est interdit quand son objet ou son effet << se répercute >>>
négativement sur le jeu de la concurrence, à cet égard le caractère rationnel de la loi ne fait
pas de doute, il est surement légitime qu'une entreprise s'efforce dans le cadre de la libre
concurrence, de tirer profit de sa domination, de sa maitrise de marché ou du secteur. Mais
si une telle attitude correspond à un abus elle devienne étrangère de la concurrence2; Elle
tend plutôt à l'éliminer; en conséquence elle tombe dans le domaine de la prohibition.

Noter bien que les éléments retenus par la loi doivent servir d'indicateurs dudit « abus ». On
peut même remarquer que ces situations ou ces comportements peuvent aussi être
appréhendées par la loi dans le cadre des atteintes susceptibles de toucher le jeu normal des
prix sans avoir besoin d'appliquer les notions de position dominante et de dépendance
économique.

 Eléments spécifiques :

La notion D’abus :

2
M. Nour- EDDINE TOUJANI : guide des pratiques anticoncurrentielles
Les éléments de la notion « d'exploitation abusive » figurent dans les deux derniers alinéas
de l'article 7 et ont trait à la clarification du contenu de l'abus. Celui-ci peut notamment
consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de ventes discriminatoires ainsi
que dans la rupture de relations commerciales établies. Au seul motif que le partenariat
refuse de se soumettre à des conditions clés injustifiées. Il peut consister également à
imposer directement ou indirectement un caractère minimal ou prix de revente d'un produit
ou d'un bien au prix d'une prestation de service ou à une marge commerciale.

L'abus peut consister aussi en offres de prix ou pratiques de prix de vente aux
consommateurs abusivement bas par rapport aux couts de « production, de transformation
et de commercialisation... ». Dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent
avoir pour effet d'éliminer d'un marché ou d'empêcher d'accéder à un marché, une
entreprise ou l'un de ses profits..

Noter bien le texte saisit ici une situation apparemment paradoxale ou la pratique se fonde
sur le prétexte de bénéficier aux consommateurs en réduisant les prix aux maximums! Mais
la baise devient anormale au regard de deux critères :

 Quand elle détruit le rapport entre les couts de production, de transformation ou de


commercialisation et dégage partant une perte.
 Encore quand l'objet véritable de la pratique ou son effet aboutissent; l'exclusion
d'un concurrent du marché ou de l'élimination de l'un de ses produits de la
concurrence dans un marché parce qu'il ne peut pas suivre le même courant de
baisse. Un tel comportement est malheureusement très fréquent dans la pratique
des opérateurs, l'intérêt des consommateurs n'y est qu'incident et temporaire. La
restriction de la concurrence fuit rapidement par l'anéantir.

Notions de domination et de dépendance économique:


Les exemples énumérés par la loi peuvent concrétiser les deux situations de position
dominante de dépendance économique. Force est de reconnaitre que cette dernière a peu
de chance d'apparente telle qu'elle a dans la pratique. En effet, elle prendra souvent une
force complexe par l'imbrication avec la manipulation suspectée des prix. Les deux situations
correspondent souvent à un abus de puissance d'achat exercé par des groupements
organisés sous forme d'entreprise de distribution ou de centrale d'achat.
Les risques ne sont plus théoriquement au MAROC ou on observe de plus en plus les
circonstances favorables animées par de telles organisations dans les secteurs de la
grande distribution de divers biens, produits et services, dans le commerce de
grandes surfaces ainsi que dans les secteurs intéressés par les marchés publics
engagés par l'Et at ou les collectivités locales.

I- La Position dominante

La reconnaissance d'une position dominante implique la nécessité de « situer


l'entreprise concernée dans le marché intérieur pour déterminer concrètement son
influence sur l'existence et le jeu de la concurrence ». En d'autres termes; la
dimension importante ou modeste 'importe peu', il demeure impérieux de procéder
à l'étude du marché ou elle est supposée exercer sa domination.
A cet égard, la nature des biens, produits et services peut avoir des degrés si
significatifs ou dérisoires d'importance et de possibilité de remplacement pour les
besoins des opérateurs ou des consommateurs. Et la découverte totale ou partielle
du marché national constitue un autre critère d'appréciation de la réalité de la
domination.
Le texte parle du marché intérieur ou d'une partie substantielle de celui-ci, le
problème n'existe que dans le cadre du marché national; le commerce extérieur est
exclu la proportion visée par la partie substantielle risque d'être difficile à cerner en
raison de la nécessité de tenir compte d'autres éléments qualitatifs et quantitatifs,
sur lesquels la loi et son décret d'application ne prononcent que parcimonieusement.

II-La situation de dépendance économique :

"Difficile à délimiter avec précision', cette notion est conditionnée par « la qualité de
la victime >»; Lorsqu'elle résulte du comportement des fournisseurs à l'encontre des
distributeurs: Son appréciation prend en considération la notoriété de la marque-la
part du marché exploite par le fournisseur.
Il en est de même de l'état inverse de dépendance économique d'un fournisseur avec
le distributeur : l'appréciation de la dépendance tient compte de la part du chiffre
d'affaire réalisé par le dit fournisseur avec le distributeur ou le revendeur, de
l'importance de ce chiffre d'affaire dans la commercialisation des produits, biens et
services concernées des facteurs qui ont forcés le fournisseurs à concentre ses ventes
chez le distributeur concerné, de l'existence et de l'intérêt des solutions alternatives
pour le fournisseur.

Le second volet de cette section appel la mise en exergue des pratiques restrictives de la
concurrence.

Paragraphe 2 : Pratiques restrictives de la concurrence

A l'instar des consommateurs, les commerçants et généralement les professionnels ont vu


leur situation s'épanouir grâce aux apports de la loi 104-12rix.en matière de liberté des p3
Assurément, en veillant quant à la transparence des relations professionnelles en instaurant
certaines mesures telles que l'obligation de la facturation et la communication des barèmes
des prix et en essayant de faire disparaitre toute pratique ayant pour objectif l'atteinte
négative à la loyauté de la concurrence, le législateur marocain a voulu rompre avec une
époque où les pratiques anticoncurrentielles étaient légion4.

A : De la transparence dans les relations commerciales entre professionnels

L'objet de la loi 104-12 d'une façon générale est de maintenir une concurrence saine à la fois
au niveau horizontal, c'est-à-dire entre distributeurs, et au niveau vertical, entre fournisseurs
et distributeurs. A ce titre sont interdites certaines pratiques dites restrictives :

comme le refus de vente, la revente à perte, la vente avec prime et les ventes liées. Il s'agit
de savoir notamment comment la loi organise et protège leurs intérêts.

Le refus de vente :

4
Yves Chaput ; le droit de la concurrence ; édition que sais je 1998
D'après l'article 61 de la loi 104-12: Il est interdit à tout commerçant, industriel ou artisan
ainsi qu'à tout prestataire de service:

de refuser de satisfaire, dans la mesure de ses disponibilités et dans les conditions


conformes aux usages commerciaux, aux demandes d'achat de produits ou aux
demandes de prestation de services, pour une activité professionnelle, lorsque
lesdites demandes ne présentent aucun caractère anormal et émanent de
demandeurs de bonne foi et lorsque la vente de produits ou la prestation de services,
n'est pas interdite par une loi ou par un réglement de l'autorité publique. >

Le refus peut être justifié par :

- L'indisponibilité des produits Cette indisponibilité peut résulter d'une absence


physique des produits ou d'une indisponibilité juridique. L'indisponibilité juridique
peut être la conséquence de la vente du produit ou du non obtention de son
autorisation de mise sur le marché.
- Le caractère anormal de la demande: Le caractère anormal peut se manifester par
une demande contraire aux modalités habituelles de livraison du vendeur
(conditionnement, horaire de livraison, modalités de paiement...) ou peut découler
d'une discordance entre l'activité du vendeur/prestataire de service et la nature du
produit/service sollicité.
- La mauvaise foi du demandeur

La vente à perte

La revente à perte est le fait de revendre un produit en l'état à un prix inférieur à son prix
d'achat effectif, est interdit aussi d'annoncer la revente d'un produit à un prix inférieur à son
prix d'achat effectif.

Le prix d'achat effectif (PAE) est le prix unitaire mentionné sur la facture, déduction faite des
seules remises commerciales afférentes au produit et portées sur la facture, majoré des
taxes et le cas échéant des frais de transport. Ces derniers ne sont intégrés que s'ils sont
individualisés et imputables au produit concerné, ou s'ils font l'objet d'une facture spécifique
du fournisseur ou d'un transporteur.

La vente avec prime

La prime est un produit, un bien ou un service remis gratuitement à l'occasion d'une


opération de vente ou prestation de service. La remise à titre gratuit de produits ou service
identiques à ceux vendus ne constituent pas une prime interdite au sens du texte. On parle
de prime lorsque l'objet offert est lié à un achat, à la différence du cadeau qui est offert sans
lien avec un achat.

Les ventes liées

La vente liée, également appelée vente subordonnée ou vente conjointe, consiste à


proposer ou vendre plusieurs produits dans un même lot sans proposer ces produits
séparément au même prix.

En effet, on parle de vente liée à partir du moment où l'on attache un produit quel qu'il soit
à un autre, ou que l'on en force la vente dans une quantité donnée (appelée aussi vente par
lots).

Dans le cas de la vente par lot, ceci est en général assez aisé à comprendre.

Les ventes et prestations liées : l'entreprise ne doit pas contraindre son client à acheter une
quantité de produits supérieure à ce qu'il souhaite. Le client doit impérativement avoir la
possibilité d'acheter chaque article à l'unité. Toute forme de vente forcée est donc
formellement interdite.

Les pratiques restrictives interdites entre professionnels

➤ Interdiction de la revente à prix minimum imposés

Dans la revente à prix imposé, le fournisseur fixe dans le contrat de vente le prix minimum
auquel l'acheteur revendra les produits. En pratique, c'est le moyen pour un fabricant de
contrôler les prix au détail de ses propres produits. Le fabricant vise alors un double objectif:
s'assurer une marge de profit et donner à ses produits l'image d'un produit de luxe. Cette
pratique commerciale est interdite par l'article 60 en ces termes « Est interdit le fait par
toute personne d'imposer, directement ou indirectement, un caractère minimal au prix de
revente d'un produit ou d'un bien, au prix d'une prestation de service ou à une marge
commerciale.

L'interdiction est générale puisqu'elle vise toute personne (c'est-à-dire physique ou morale,
commerçante ou non) susceptible de se livrer à une telle pratique, et porte sur le prix d'un
produit, d'un bien, d'une prestation de service, ou sur une marge commerciale.

➤ Interdiction des pratiques discriminatoires

L'article 61-1 dispose qu' « Il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste ou
prestataire de services:

De pratiquer, à l'égard d'un partenaire économique ou d'obtenir de lui des prix, des délais de
paiement, des conditions de vente ou des modalités de vente ou d'achat discriminatoires et
non justifiés par des contreparties réelles en créant de ce fait, pour ce partenaire, un
désavantage ou un avantage dans la concurrence ».

➤ Interdiction de ravitaillement et de mise en vente des fruits, légumes, ou poissons

en dehors du carreau des marchés ou des halles de poissons :

L'article 61 précise qu' « Il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste ou


prestataire de services, dans les villes où existent des marchés de gros et des halles aux
poissons:

De ravitailler les grossistes, semi-grossistes ou détaillants en fruits, légumes ou poissons


destinés à la consommation et vendus en l'état et qui ne seraient pas passés par le carreau
de ces marchés et de ces halles :

De détenir, de mettre à la vente ou de vendre des fruits, légumes ou poissons destinés à la


consommation et vendus en l'état et qui ne seraient pas passés par le carreau de ces
marchés et de ces halles.

Exception est faite pour les denrées susvisées importées ou destinées à l'exportation ou à
l'industrie.»
Cette interdiction concerne deux pratiques restrictives particulières au commerce de
certains produits alimentaires non importés et destinés à la consommation interne, à
l'exclusion des produits destinés à l'exportation ou à l'industrie. Il s'agit de ravitaillement et
de vente en dehors des marchés publics organisés à l'intérieur du domaine public et soumis
à la police administrative des autorités locales. Cette interdiction s'inscrit dans une logique
de l'organisation de la distribution assurant la centralisation de l'approvisionnement et les
conditions matérielles de salubrité, d'hygiène et de la qualité des produits détenus ou mis en
vente.

L'application de cette interdiction est soumise à des conditions:

1. L'existence des marchés et des halles publiques ce qui implique que dans les villes
et les zones rurales ou ces marchés et halles font défaut les professionnels du
commerce en question retrouve leur liberté.

2. Les produits vendus ou détenus doivent être des fruits, des légumes et des
poissons, ce qui implique que les autres produits alimentaires non mentionnés par le
texte ne sont pas concernés par l'interdiction.

3. Les produits vendus ou détenus doivent être des produits destinés à la


consommation finale, ce qui implique que quand la vente ou la détention de ces
produits est destinés à approvisionnement de l'industrie alimentaire par exemple
l'interdiction ne s'applique pas.

B : Du stockage clandestin

Le stockage des marchandises, en temps normal, constitue un critère de performance des


entreprises et une modalité de gestion de l'approvisionnement du marché en fonction des
besoins de la clientèle et des exigences des règles de la concurrence. Mais en temps de crise
ou dans des circonstances de spéculation abusive, le stockage des marchandises devient un
facteur de concurrence déloyale et du non transparence du marché. C'est dans le cadre de
cette hypothèse que l'article 62 interdit le stockage clandestin des marchandises.

Cette interdiction recouvre cinq situations de détention de stock de marchandises ou de


produits :
1. La détention par des commerçants, industriels, artisans ou agriculteurs de stocks
de marchandises ou de produits qui sont dissimulés par eux à des fins spéculatives
et en quelque local que ce soit.
2. La détention en vue de la vente d'un stock de marchandises ou de produits
quelconques, par des personnes non inscrites au registre de commerce ou n'ayant
pas la qualité d'artisan aux termes de la loi n°18-09 formant statut des chambres
d'artisanat promulguée par le dahir n°1-11-89 du 16 ramadan 1432 (17 aout 20115)
ou qui ne peuvent justifier de la qualité de producteur agricole;
3. La détention, en vue de la vente, par des personnes inscrites au registre de
commerce ou ayant la qualité d'artisan, d'un stock de marchandises ou de produits
étrangers à l'objet de leur industrie ou commerce ou activité tel que cet objet
résulte de leur patente ou de leur inscription sur les listes électorales des chambres
d'artisanat.
4. La détention, en vue de la vente, par des producteurs agricoles d'un stock de
marchandises ou de produits étrangers à leur exploitation.
5. La détention de stocks de marchandises ou de produits qui n'ont pas été déclarés
alors qu'ils auraient dû l'être.

L'étude des pratiques liées à la concurrence rappelle l'exigence du contrôle, a fortiori, qui
porte sur les prix et les concentrations.

Section 2 : le contrôle des prix et le contrôle des concentrations

En principe, les prix des biens, produits et services sont librement fixés. Cela relève du
principe de la liberté des prix et s'oppose à la réglementation des prix.

Cependant, le principe de la liberté des prix a subi des limites.

Paragraphe 1 : Le contrôle des prix

A titre de rappel on a dit que la loi 104-12 a pour objet de définir les dispositions régissant la
liberté des prix et d'organiser la libre concurrence.

5
Dahir nº 1-11-89 du 16 ramadan 1432 (17 aout 2011) portant promulgation de la loi n°18-09 formant statut
des chambres d'artisanat; Bulletin officiel nº 5984 du 8 kaada 1432 (6octobre 2011), p. 2156.
Ces principes de la liberté des prix et de la libre concurrence sont consacrés notamment par
l'article 2 de la loi 104-12 qui dispose que les prix des biens, produits et services sont
déterminés par le jeu de la libre concurrence6. Autrement dit, la formation des prix est
réglée par le libre jeu de l'offre et de la demande.

Néanmoins, il est à noter que le principe de la liberté des prix n'est pas absolu. Ce principe,
tel qu'il est consacré par la loi 104-12, souffre-lui même certaines exceptions.

D'abord, la règle de la liberté de la libre concurrence ne s'applique pas lorsque la liste des
biens, produits et services est fixée par voie réglementaire après la consultation du conseil
de concurrence7.

Ensuite, les prix peuvent être réglementés en raison des zones géographiques où la
concurrence par les prix est limitée par le monopole de droit ou par le soutien accordé à
certains secteurs ou produits ou par les difficultés permanentes d'approvisionnement ou
finalement par des dispositions législatives ou réglementaires8.

De plus, l'administration peut prendre certaines mesures temporaires qui restreignent cette
liberté de fixer les prix de produits en vue de maitriser les multiples excès qu'elle peut
engendrer.

Et bien sur ces mesures temporaires contre les hausses et les baisses excessives de prix qui
sont prises par l'administration après consultation du conseil de concurrence doivent être
motivées par des circonstances exceptionnelles ou par une calamité publique ou une
situation anormale du marché. Ces mesures ne peuvent excéder 6 mois prorogeable une
seule fois9.

Le prix d'un bien, produit ou service déterminé peut être aussi fixé librement par un accord
entre l'administration et les organisations intéressées. Cependant, en cas de violation de
l'accord conclu, l'administration fixe le prix du bien par voie réglementaire10. Cela étant,
reste à éclaircir le contrôle des concentrations.

6
1er al de l’article 2 de la loi 104-12 Relative à la liberté des prix et de la concurrence
7
2eme al de l’article 2 de la loi 104-12
8
Article 3 De la loi 104-12
9
Article 4 de la loi 104-12
10
Article 5 DE la loi 104-12
Paragraphe : le contrôle des concentrations

On entend par le terme concentration selon l'article 11 : la création d'une entreprise


commune qui va accomplir d'une manière permanente toutes les fonctions d'une entité
économique autonome.

L'opération de concentration est réalisée en cas de fusion de deux ou plusieurs

entreprises; en cas d'une personne qui détient déjà le contrôle d'une entreprise et qui
acquiert le contrôle de l'ensemble ou d'une partie d'une autre entreprise ou d'autres
entreprises; en cas d'une ou plusieurs entreprises qui acquièrent le contrôle de l'ensemble
ou d'une partie d'une autre entreprise ou d'autres entreprises.

En effet, l'entreprise créée va détenir le contrôle sur une ou plusieurs autres entreprises. Et
ce contrôle confère la possibilité d'exercer une influence déterminante sur l'activité d'une
entreprise.

Mais à vrai dire, l'entreprise qui souhaite exercer une opération de concentration doit
d'abord la notifier au conseil de concurrence avant la réalisation de cette opération de
concentration".

Il est à noter que l'entreprise dans ce cas doit respecter certaines conditions à savoir le
chiffre d'affaires. Le chiffre d'affaires que ce soit réaliser au Maroc ou au niveau mondial doit
être supérieur au montant fixé par voie réglementaire.

Alors, c'est l'accord du conseil de concurrence qui autorise la réalisation effective d'une

opération de concentration.

Le contrôle dégage deux autres aspects de la loi 104-12 à savoir l'aspect répressif et
institutionnel.

Le droit de la concurrence entre nécessité d’application et les pratiques contractuelle

La revue d’un contrat par un conseil juridique spécialisé fait souvent défaut pour des
contrats de distribution, de vente de produits ou de services, et de partenariat.

Les entreprises, ne perçoivent pas toujours les risques de leurs accords commerciaux et
souvent, la nécessité d’aller vite dans la négociation contractuelle l’emporte sur la
conscience du risque d’infraction. Or une bonne information des entreprises sur le cadre
autorisé des négociations, permettrait d’être plus pertinent pour les parties. De façon non
limitative, certains points d’attention méritent d’être rappelés. De façon indiscutable, les
accords entre les concurrents sur les prix pratiqués ou les composantes du prix de vente, les
conditions de ventes, les rabais, les augmentations des prix sont de nature à faire obstacle à
la libre formation des prix et donc à la libre concurrence.

Plus couramment et la tentation peut paraître légitime entre un fournisseur et un


distributeur, la fixation d’un prix de revente par le fournisseur est interdite, toujours au titre
d’une entente anticoncurrentielle.

Il s’agit de la même infraction si le fournisseur fait pression sur ses distributeurs en les
incitant fortement à appliquer les prix de revente qu’il recommande. Cette pression peut
s’exprimer par une surveillance accrue de ses distributeurs, sur la remontée des certaines
informations et de politique incitative/ de sanction à l’égard des distributeurs qui ne
suivraient pas la politique de prix recommandés.

La question également de la vente à perte est également souvent posée par les entreprises.
Selon l’article 8 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence,
l’interdiction de pratiquer des prix abusivement bas s’entend sur les prix de revente aux
consommateurs. Toutefois, en considération de la position de l’entreprise, notamment une
position dominante sur le marché, la question de la vente à perte des produits /services sur
un marché intermédiaire de professionnels est légitime et se doit d’être appréciée avec plus
de précision par un praticien du droit .

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