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Abus de position dominante

Type Doctrine - Synthèse

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 12 juillet 2022

Thématique Pratique anticoncurrentielle

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Abus de position dominante

Table des matières


I. - Entreprise en position dominante ............................................................................................................................................ 3
A. - Délimitation du marché en cause ................................................................................................................................ 4
1° Marché de produits ou de services ............................................................................................................................................ 4
2° Marché géographique ............................................................................................................................................................... 6
B. - Caractérisation de la position dominante ................................................................................................................... 6
1° Critères constitutifs de la position dominante ......................................................................................................................... 7
2° Détenteur de la position dominante ......................................................................................................................................... 8

II. - Exploitation abusive de la position dominante ....................................................................................................................... 9


A. - Principes ..................................................................................................................................................................... 9
1° Notion d'abus de position dominante ...................................................................................................................................... 9
2° Classification des abus de position dominante ....................................................................................................................... 10
B. - Comportements constitutifs d'abus ........................................................................................................................... 10
1° Abus en matière de prix .......................................................................................................................................................... 10
2° Limitation des débouchés ....................................................................................................................................................... 12
3° Pratiques discriminatoires ...................................................................................................................................................... 12
4° Pratiques de vente liées et fidélisation de la clientèle ............................................................................................................ 13

Textes de référence ...................................................................................................................................................................... 14


Bibliographie ................................................................................................................................................................................ 14
Auteur .......................................................................................................................................................................................... 15

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Abus de position dominante

Le Dahir n° 1-14-116 en date du 30 juin 2014 portant promulgation de la loi n° 104-12 (ci-après dénommée la « loi »), relative à la
liberté des prix et de la concurrence, prohibe quatre sortes de pratiques anticoncurrentielles, interdites en raison de leur incidence sur
le fonctionnement du marché. Sont ainsi visées aux termes de la loi, les ententes (L. n° 104-12, 30 juin 2014, art. 6), les abus de
dépendance économique (L. n° 104-12, 30 juin 2014, art. 7, al. 2), la pratique des prix abusivement bas (L. n° 104-12, 30 juin 2014,
art. 8) ainsi que les abus de position dominante (L. n° 104-12, 30 juin 2014, art. 7, al. 1er). Ces pratiques sont conformément aux
dispositions de l'article 10 de la loi, nulles de plein droit, sauf si, elles se fondent sur certains faits justificatifs reconnus par la loi (L.
n° 104-12, 30 juin 2014, art. 9). En tout état de cause, seul l'abus de position dominante retiendra notre attention. L'article 7 de la loi
dispose que « Est prohibée, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence, l'exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d'entreprises, d'une position dominante sur le marché intérieur
ou une partie substantielle de celui-ci. L'abus peut notamment consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de vente
discriminatoires ainsi que dans la rupture de relations commerciales établies, au seul motif que le partenaire refuse de se soumettre à
des conditions commerciales injustifiées. Il peut consister également à imposer directement ou indirectement un caractère minimal au
prix de revente d'un produit ou d'un bien, au prix d'une prestation de service ou à une marge commerciale ».
De la rédaction de cet article, il résulte que la position dominante n'est pas en soi, condamnée : c'est l'exploitation abusive de cette
position, qui est répréhensible. Autrement dit, c'est parce que la pratique incriminée, cause une restriction de concurrence, qu'elle est
qualifiée d'abusive. La notion de position dominante est donc en définitive, constituée par l'absence d'une concurrence effective sur le
marché et le pouvoir que possède une entreprise d'exercer une influence déterminante sur la politique de ses concurrents. De fait, la
délimitation du marché, et l'évaluation de la position qu'occupe l'entreprise sur ce marché, objet de la première partie de notre étude,
sont un préalable indispensable à la caractérisation de la position dominante. La seconde partie de notre étude sera axée sur
l'exploitation abusive de la position dominante ainsi que sur les abus qu'engendre cette dernière.

I. - Entreprise en position dominante


1. - Définition - L’article 7 de la loi n° 104-12 (ci-après dénommée la « loi »), relative à la liberté des prix et de la concurrence
dispose « est prohibée lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence, l'exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d'entreprises d'une position dominante sut le marché
intérieur ou une partie substantielle de celui-ci ».
De cet article, il résulte que trois conditions, sont requises à la caractérisation d'un abus de position dominante. L'entreprise
en cause doit ainsi occuper sur le marché une position dominante, et commettre un abus duquel il découle une restriction de
concurrence. C'est donc parce que la pratique prohibée cause une restriction de concurrence, qu'elle est qualifiée d'abusive.
Autrement dit, l'exploitation de la position dominante reste un comportement normal et licite dans le cadre de la concurrence
: seul l'abus en est interdit quand son objet ou son effet se répercute négativement sur le jeu de la concurrence (CA Paris, pôle
5, ch. 5-7, 9 mars 2010, n° RG 2010/24, n° 1647).
Il n'est donc pas interdit pour une entreprise ou groupe d'entreprises d'occuper ou même de conquérir une position dominante
si l'usage qui en est fait, ne porte pas atteinte à la concurrence sur le marché par des pratiques abusives.
Le droit marocain n'a pas défini la notion de position dominante, à l'instar d'ailleurs du droit français (C. com, art. L. 420-2).
Néanmoins et compte tenu de la similitude des textes applicables en la matière, il paraît opportun de s'inspirer de la définition
retenue par le conseil français de la concurrence. Ce dernier indique que pour établir qu'une entreprise ou qu'un groupe
d'entreprises est dans le champ d'application de l’article L. 420-2 du Code de commerce, il convient de rechercher si
l'entreprise est en situation de s'abstraire de la concurrence d'autres entreprises présentes sur le marché et d’agir à peu près
librement sans tenir compte du comportement et de la réaction de ses concurrents (Aut. conc., déc. n° 11-D-09 du 10 juin
2011). Partant la position dominante est définie comme « une position de puissance économique détenue par une entreprise
qui lui donne le pouvoir de faire obstacle au maintien d'une concurrence effective sur le marché en cause et lui fournissant la
possibilité de comportements indépendants dans une mesure appréciable vis-à-vis de ses concurrents, de ses clients et
finalement des consommateurs » (CJCE, 14 févr. 1978, aff. 27/76, United Brands : Rec. CJCE 1978, p. 207. - CJCE, 13 févr. 1979,
aff. 85/76, Hoffman La Roche : Rec. CJCE 1979, p. 461. - CA Paris, 1re ch, 13 avr. 1999 : RLDA 1999, n° 18, n° 1133, « la position
dominante s'entend comme le pouvoir de faire obstacle à une concurrence effective ; Elle suppose que l'entreprise considérée
occupe sur le marché une place prépondérante que lui assurent notamment l'importance des parts de marché qu'elle détient
dans celui-ci, la disproportion entre celles-ci et celles des entreprises concurrentes comme éventuellement son statut et ses
modes d'action commerciale »).
En tout état de cause, on notera que l'appréciation de la position dominante d'une entreprise ou d'un groupe d'entreprises
s'opère sur le marché, et se mesure en termes de pouvoirs de marchés, de sorte que l'analyse économique à partir de laquelle
est caractérisée une telle situation, commence toujours par la délimitation du marché pertinent. Plus le marché est étroit, plus
la position dominante sera aisément caractérisée. Néanmoins, il n'est pas nécessaire que la position dominante de l'entreprise
soit établie sur le marché même ou l'entreprise se livre à des pratiques abusives à la condition que, ce soit la suprématie
exercée sur le ou les marchés voisins qui lui ait permis de commettre de tel abus (Cass. com., 17 mars 2009, n° 08-14.503 :
JurisData n° 2009-047484 ; Comm. UE., 27 juin 2017, n° AT.39740).

2. - Distinction entre l'abus de position dominante et autres pratiques anticoncurrentielles - L'abus de position
dominante se distingue de l'entente, en ce qu'il consiste en un comportement unilatéral d'une entreprise ou groupe
d'entreprises. À l’inverse, l'entente est un concours de volonté entre entreprises suffisamment indépendantes les unes par
rapport aux autres, pour pouvoir décider de manière autonome de leur comportement sur le marché. Visées à l'article 6 de la
Loi, les ententes supposent donc indéniablement un concours de volontés, et ce quelle que soit la forme de cet accord, même

s'il ne se formalise pas réellement. La démonstration qu'il y a eu concours de volontés entre des personnes physiques ou

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s'il ne se formalise pas réellement. La démonstration qu'il y a eu concours de volontés entre des personnes physiques ou
morales juridiquement ou économiquement distinctes, est de ce point de vue, une condition indispensable à toute
incrimination.
La prohibition de l'abus de position dominante, ne se confond pas non plus avec une opération de concentration économique.
Constitue une concentration au sens de l'article 11 de la loi « La création d'une entreprise commune accomplissant de manière
durable toutes les fonctions d'une entité économique autonome. Le contrôle découle des droits, contrats ou autres moyens qui
confèrent, seuls ou conjointement et compte tenu des circonstances de fait ou de droit, la possibilité d'exercer une influence
déterminante sur l'activité d'une entreprise, et notamment : - des droits de propriété ou de jouissance sur tout ou partie des
biens d'une entreprise ; - des droits ou des contrats qui confèrent une influence déterminante sur la composition, les
délibérations ou les décisions des organes d'une entreprise ». Le contrôle de la position dominante est donc effectué en
matière de concentrations, ex ante (au préalable) alors que dans le cadre de l'article 7 de la loi, le contrôle porte sur
l'exploitation ex post (après les faits) de la position dominante.

A. - Délimitation du marché en cause

3. - Principe - Pour que soit identifiée une position dominante, il faut définir une part substantielle du marché, laquelle est
déterminée en fonction du marché des produits et services concernés et en fonction du marché géographique.

4. - Marché pertinent - Notion empruntée à la théorie économique, le marché est « le lieu théorique où se confrontent l'offre
et la demande de produits ou de services qui sont considérés par les acheteurs ou les utilisateurs comme substituables entre
eux mais non substituables aux autres biens et services offerts ».
La délimitation du marché pertinent est donc un instrument d'analyse essentiel en droit de la concurrence : elle consiste à
mesurer la concurrence actuelle ou potentielle, afin de décider s'il est nécessaire de contrôler le comportement d'une ou
plusieurs entreprises, voire de l'interdire ou de le sanctionner. La délimitation du marché pertinent sert ainsi, à apprécier le
pouvoir de domination d'une entreprise et constitue le cadre de la constatation d'une restriction de concurrence (Cons. conc.,
déc. n° 04-D-48 du 14 oct. 2004 : BOCCRF 21 janv. 2005 « la délimitation d'un marché pertinent ou la mise en œuvre d'un test
de dominance évaluant la possibilité pour une entreprise d'avoir un comportement indépendant de celui de ses concurrents et,
in fine, des consommateurs, selon la définition adoptée par les autorités de la concurrence tant nationales qu'européennes,
ont en commun d'avoir pour objectif l'évaluation du pouvoir de marché d'une entreprise, c'est-à-dire sa capacité à augmenter
ses prix au-delà du prix concurrentiel, et donc de se comporter de manière indépendante »).
D'ailleurs, le Conseil de la concurrence fait de la détermination du contour du ou des marchés en cause, un préalable
indispensable à la qualification de l'abus de position dominante (Aut. conc., no14-D-18 du 28 nov. 2014. La société Brandalley
a saisi l'Autorité de la concurrence, car elle considère que la société Vente-privee.com occupe une position dominante sur le
marché des «ventes événementielles privées par Internet». Vente-privee.com abuserait de cette position dominante en
imposant aux grandes marques qu'elle distribue une clause d'exclusivité, interdisant à ces dernières de commercialiser leurs
stocks d'invendus auprès d'autres sites internet concurrents. Selon la saisine, cette pratique a pour objet et pour effet de
verrouiller le marché de la vente événementielle sur internet du fait de l'effet cumulatif des clauses d'exclusivité à laquelle
sont tenues les marques et, à ce titre, un effet restrictif de concurrence. La plainte est rejetée, en raison de l'impossibilité de
définir un marché pertinent de la vente événementielle en ligne pour la période visée par celle-ci (2005-2011) et du fait de
l'existence d'autres canaux de distribution de produits de déstockage susceptibles d'exercer une pression concurrentielle sur la
vente événementielle en ligne (magasins d'usine, etc.).
La démarche consiste donc à apprécier l'existence d'offres substituables à celles des entreprises ou de l'entreprise en cause. La
substituabilité apparaît ainsi comme une notion clé de la détermination du marché en cause (Com., 6 dec. 2005, D. 2006, AJ 64.:
Les éléments recueillis au cours de l'enquête confirment les spécificités du roquefort, seul fromage de brebis à pâte persillée,
dont le goût le différencie des autres fromages et, notamment, de ceux au lait de vache; le roquefort bénéficie d'une
appellation d'origine contrôlée (AOC) et, au niveau communautaire, d'une appellation d'origine protégée (AOP); du fait de sa
fabrication à partir du lait de brebis qui est beaucoup plus onéreux que le lait de vache, il accuse une importante différence de
prix par rapport aux autres fromages à pâte persillée et que, pourtant, cette différence de prix, substantielle et durable, n'a pas
conduit les consommateurs à se détourner du roquefort au profit des bleus; au surplus, les spécificités du roquefort comparées
à celles des fromages à pâte persillée, le goût plus fort et plus typé du roquefort, la stratégie commerciale des offreurs
présentant le roquefort comme un fromage haut de gamme, le prix de vente du roquefort, très nettement supérieur à celui des
bleus, les contraintes géographiques et la réglementation spécifique imposées aux producteurs, conduisent à conclure qu'il
existe bien un marché pertinent du roquefort ; en l'état de ces énonciations et appréciations, une cour d'appel, qui s'est
déterminée au regard de critères de substituabilité, a légalement justifié sa décision au regard du principe de la sécurité
juridique et de la qualification du marché pertinent)Naturellement, la substituabilité parfaite entre produits et services,
n'existe pas : chaque produit est différent. C'est pour cela que le Conseil de la concurrence considère comme substituable, et
comme se trouvant sur le même marché, les produits ou services dont on peut raisonnablement penser que les demandeurs les
considèrent comme des moyens alternatifs entre lesquels ils peuvent arbitrer pour satisfaire une même demande.
In fine, la détermination du marché en cause, comprend deux phases : la définition du marché du produit ou du service et la
définition du marché géographique.

1° Marché de produits ou de services

5. - Principe - Précisons d'emblée, que l'analyse du marché des produits ou services en cause est un préalable nécessaire à la
détermination de l'abus de domination (J. Stoufflet, L'abus de position dominante Actualité du droit français de la concurrence

: RJ com. 1980, n° spécial, p. 68). La rencontre d'une offre et d'une demande est donc nécessaire pour que l'on soit en présence

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: RJ com. 1980, n° spécial, p. 68). La rencontre d'une offre et d'une demande est donc nécessaire pour que l'on soit en présence
d'un marché, lequel peut être constitué par un seul service ou un seul bien. Le marché peut également correspondre à une
gamme de produits et de services.

6. - Détermination du marché du produit ou du service - La délimitation du marché pertinent suppose que l'on décide du
degré de substituabilité nécessaire ou suffisant à l'existence d'un marché spécifique. La substituabilité est donc au centre de
l'opération de délimitation du marché de produits ou de services (Cons. conc., déc. n° 04-D-48 du 14 oct. 2004 : BOCCRF 21
janv. 2005 «La primauté donnée à la prise en compte de la substituabilité de la demande dans la définition du marché pertinent
est fondée sur le lien direct entre l'élasticité de la demande adressée à l'entreprise et sa marge, écart entre prix de vente et
coûts : le niveau de cette marge révèle, en effet, le pouvoir de marché de l'entreprise). Le degré de substituabilité d'un produit
ou d'un service s'apprécie aussi bien par rapport à la demande que par rapport à l'offre.

7. - Substituabilité du point de vue de la demande - La substituabilité entre différents biens et services du point de vue de
la demande, est un critère déterminant pour la délimitation du marché pertinent. Il faut donc se placer du côté de la clientèle
et donc de l'utilisateur-consommateur, pour savoir si deux produits ou deux services sont substituables ou non. Naturellement
il existe rarement des substituts parfaits. En effet, deux produits a priori différents, seront considérés comme appartenant au
même marché parce qu'ils seront considérés par les utilisateurs ou les consommateurs, comme suffisamment
interchangeables. À l’inverse, la circonstance que deux produits pourtant de même nature, ne sont pas aptes à satisfaire le
même besoin, conduira à isoler deux marchés distincts. La délimitation du marché pertinent suppose donc que l'on décide du
degré de substituabilité suffisant à l'existence d'un marché spécifique. Une telle décision, comporte invariablement une part de
subjectivité. Divers critères sont, à cet effet, mis en œuvre pour caractériser la substituabilité des produits. La technique
empruntée est celle d'un faisceau d'indices convergents.
- Indices objectifs : Les premiers critères auxquels l'on a recours, concernent la nature du produit, ses caractéristiques
physiques et matérielles (Aut. conc., déc. n° 16-DCC-158, 28 oct. 2016)qui le distinguent des autres, et le rendent non
substituables à d'autres . Par exemple les différentes vitamines ne sont pas substituables entre elles, et constituent un marché
distinct dès lors qu'elles disposent de fonctions métabolisantes spécifiques qui les empêchent d'être substituables entre elles
(CJCE, 13 févr. 1979, aff. 85/76, Hoffman La Roche : Rec. CJCE 1979, p. 461, pt 23 ;). De même, et en raison de leurs
caractéristiques techniques et réglementaires, les jeux de « hasard pur » de la Française des jeux ne sont pas considérés comme
étant substituables aux jeux organisés par le PMU ni aux jeux des casinos (Cons. conc, déc. n° 00-D-50, 5 mars 2001, BOCCRF
24 avr. 2001, p. 352 ; Contrats, conc. consom. 2001, comm. 106). De même, l’autorité de la concurrence a sanctionné le
laboratoire pharmaceutique Sanofi Aventis à hauteur d’un montant de 40.6 millions d’euros pour abus de position dominante
caractérisé par des comportements systématiques visant à dénigrer ses concurrents, commercialisant des génériques de son
médicament vedette Plavix dont le brevet est désormais tombé dans le domaine public, auprès des professionnels de la santé
(Aut. conc., n° 13-D-11 du 14 mai 2013).
En outre, la fonction et l'utilisation du produit, constituent un second indice. Par exemple, les consoles de jeux statiques se
distinguent des consoles de jeux portables, dès lors que leurs capacités techniques diffèrent (Cons. Conc., déc. n° 07-D-06, 28
févr. 2007, relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur des consoles de jeux et des jeux vidéos). Ces deux produits
bien que similaires, mais ayant des usages différents, n'appartiennent donc pas au même marché et ne peuvent pas être
considérés comme substituables du point de vue de la demande. À l’inverse, deux produits dont les caractéristiques sont très
différentes, peuvent appartenir au même marché lorsque leur usage est similaire. Ainsi en est-il des lignes aéroportuaires qui
entrent en concurrence avec des lignes ferroviaires pour le trajet Paris-Londres (Cons. Conc., déc. n° 07-D-39, 23 nov. 2007,
relative à des pratiques mises en œuvre dans le transport ferroviaire des personnes sur la route Paris Londres : Contrats, conc.
consom. 2008, comm. 21).
Des conditions techniques d'utilisation différentes peuvent également rendre non substituables des produits ou services qui
répondent par ailleurs à des besoins identiques. C'est par exemple le cas des techniques de diffusion par satellite et par câble,
lesquelles ne sont pas substituables aux techniques de diffusion par voie hertzienne.
Les caractéristiques de l'offre, peuvent également impacter le comportement des consommateurs. Ainsi, les stratégies de
commercialisation mises en place par les offreurs, comme la différenciation des produits ou celle des modes de distribution
(Cons. Conc., déc. n° 97-D -20, 25 mars 1997 : Rapp. Cons. conc., 1997, ann. p. 301, l'offre émanant des hypermarchés et des
supermarchés se distingue nettement de celle émanant des autres formes de commerces alimentaires, en raison
essentiellement de l'assortiment et des services offerts aux consommateurs), ont une incidence directe sur la substituabilité de
la demande et peuvent fonder une distinction des marchés. Dans le secteur de la presse, le marché de la vente au numéro est
traditionnellement distingué de celui de la vente par abonnement (Cons. conc., déc. n° 09-D-02, 20 janv. 2009, relative à une
demande de mesures conservatoires présentée par le syndicat national des dépositaires de presse).
Le prix est également un élément d'appréciation (Aut. conc., déc. n° 16-D-04 du 23 mars 2016 «dans une espèce relative à la
commercialisation de droits audiovisuels sur le championnat de Rugby, le fait que les droits audiovisuels dits « semi-
premium » soient proposés à un prix plus élevé que les autres droits n'a pas suffi à emporter la conviction de l’Autorité quant à
leur placement sur deux marchés distincts) puisqu’un écart de prix durable entre deux produits ou deux services est un indice
de non substituabilité et donc de non-appartenance au même marché. En effet une variation de prix peut entraîner un
déplacement substantiel de la demande d'une entreprise à l'autre.
Enfin, l'existence d'une réglementation spécifique ou d'une contrainte réglementaire pour la fabrication ou la
commercialisation d'un produit ou d'un service, peut influer sur le comportement de la demande puisque susceptible d'avoir
une incidence sur le prix des produits. En effet, deux produits qui ne sont pas soumis à la même contrainte juridique, ne
peuvent pas être considérés comme situés sur le même marché pertinent.

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- Indices subjectifs : Comme précédemment indiqué, la substituabilité est avant tout une notion éminemment subjective.
C'est donc dans l'esprit des consommateurs qu'elle doit exister. Au titre desdits indices, le comportement des consommateurs
apparaît donc comme un élément primordial, puisque c'est précisément la préférence des consommateurs en faveur de tel ou
tel produit déterminé, qui permettra de reconnaître à ce produit, un marché spécifique.
L'élasticité croisée du prix et de la demande, permet également de renseigner sur la substituabilité des différents biens ou
services, et ce à partir de données relatives uniquement aux prix et quantités écoulées. Il s'agit en réalité de se demander si les
clients des parties se tourneraient vers des produits de substitution facilement accessibles ou vers des fournisseurs implantés
ailleurs en cas d'augmentation légère (de 5 à 10 %) mais permanente des prix relatifs des produits considérés dans les
territoires concernés. À ce propos, faisons état d’une décision rendue récemment par la chambre commerciale de la cour de
cassation en date du 2 septembre 2020 (Com., 2 sept. 2020, n° 18-1/8.501 D 2020.1716) aux termes de laquelle il a été décidé
que le test du concurrent le plus efficace, qui consiste à estimer le prix qu'un concurrent devrait offrir pour indemniser le
client pour la perte du rabais conditionnel, si ce dernier s'adressait à lui plutôt qu'à l'entreprise en position dominante, pour
une partie de la demande ou une fraction pertinente de celui-ci, n'est approprié que lorsque l'instrument de la fidélisation est
de nature financière. En l’espèce, les pratiques reprochées ne se bornaient pas à l'application de remises d'exclusivité ou
fidélisantes, mais à la mise en œuvre d'une politique commerciale d'ensemble visant, notamment, à dissuader les distributeurs
d'offrir d'autres produits que ceux de la marque, et, lorsqu'ils procédaient à de telles offres, à les empêcher d'en faire la
promotion, en vue d'entraver la pénétration sur le marché et le développement de ses concurrents en empêchant, autant que
faire se peut, ses clients de s'approvisionner auprès de ces derniers par l'application de diverses clauses contractuelles, de
mesures de surveillance et de rétorsion. En outre, cette politique s'appliquait à l'ensemble des produits concernés par les
marchés pertinents.

8. - Substituabilité du point de vue de l'offre - Ce critère apparaît comme subsidiaire et suppose que les fournisseurs
puissent réorienter leur production vers les produits ou services en cause sans coût ou risque insupportable pour se substituer
à l'offreur précédent, étant observé que si la substitution nécessite de lourds investissements ou des révisions stratégiques, il
n'en n'est pas tenu compte dans la définition du marché. Autrement dit, il faut que la réorientation de la production soit peu
coûteuse et immédiate.

2° Marché géographique

9. - Zone territoriale sur laquelle s'exerce la concurrence - Définie comme la zone dans laquelle les conditions objectives
de concurrence doivent être similaires pour tous les opérateurs économiques (CJCE, 14 févr. 1978, aff. 27/26 : Rec. CJCE 1978,
p. 27, pt 44). Selon la définition donnée par la Commission européenne, « le marché géographique comprend le territoire sur
lequel les entreprises concernées sont engagées dans l'offre de biens et de services en cause, sur lequel les conditions de
concurrence sont suffisamment homogènes et qui peut être distingué de zones géographiques voisines parce que, en
particulier, les conditions de concurrence y différent de manière appréciable ».
Délimiter le marché géographique, revient donc à se s'interroger sur le fait de savoir si les demandeurs considèrent que sur un
espace géographique donné, les produits ou services sont en concurrence. À cet égard, plusieurs critères doivent être pris en
compte afin de déterminer si les conditions de concurrence sont effectivement homogènes ou pas sur le territoire
géographique donné.
En premier lieu, certains produits sont limités dans leurs possibilités de déplacement. Ces contraintes peuvent être liées au
coût du transport par exemple (Cass. Com., 29 juin 1993, n° 91-14.295 : JurisData n° 1993-001530 ; Bull. civ. IV, n° 276 ; Aut.
conc., déc. n° 14-DCC-173, 21 nov. 2014 ; Aut. conc., déc. n° 15-DCC-146, 26 oct. 2015). Rapporté à la valeur du produit, le
coût du transport est un élément d'appréciation important de la préférence des consommateurs. Si ce coût est important, le
consommateur choisira en principe, de ne pas se fournir près d'une entreprise éloignée de son point d'ancrage.
Les caractéristiques physiques des produits peuvent également en limiter les possibilités de déplacement, comme c'est le cas
pour les produits de revêtement routier ou le béton prêt à l'emploi qui ne peut être transportés sur de longues distances sans
perdre les propriétés de température ou d'humidité qui les rendent propres à être employés.
D'autres indices peuvent également rentrer en ligne de compte. Par exemple des contraintes légales ou réglementaires, (Aut.
conc., déc. n° 11-D-06, du 24 fev 2011, relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur des pompes funèbres à Tours et
dans son agglomération), peuvent restreindre l'étendue du marché. Certains marchés sont en effet géographiquement limités
par l'existence d'entraves réglementaires liées à des différences de taux de change ou à des différences de fiscalité.
Enfin, les préférences et les habitudes régionales ou nationales, voire l'attachement aux marques, expliquent que certains
produits d'origine géographique différente, ne soient pas du point de vue de la demande, substituables aux produits locaux.
Les facteurs liés à la préférence nationale ou à une préférence pour des marques nationales, la langue, la culture… peuvent
ainsi limiter l'étendue de la zone sur laquelle la concurrence peut s'exercer (Aut. conc., Déc. n° 16 DCC-111, 27 juillet 2016).

B. - Caractérisation de la position dominante

10. - Principe - L'article 7 prohibe l'exploitation abusive d'une position dominante par une entreprise ou un groupe
d'entreprises.

11. - Obstacle au maintien d'une concurrence effective sur le marché - Comme déjà indiqué, une entreprise est en
position dominante si sa position est de nature à lui permettre de s'abstraire de la pression de la concurrence d'autres
entreprises sur le marché.

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Abus de position dominante

1° Critères constitutifs de la position dominante

12. - Définition - La position dominante se définit comme la situation dans laquelle une entreprise est susceptible de
s'abstraire des conditions de marché et donc d'agir à peu près librement sans tenir compte du comportement et de la réaction
de ses concurrents. C'est donc l'indépendance de comportement dont jouit l'entreprise sur le marché pertinent qui entre en
ligne de compte, dans l'appréciation de la position dominante. Autrement dit, l'existence d'une position dominante implique
que l'entreprise en cause, détienne un pouvoir de marché substantiel et durable. Dès lors et pour établir l'existence d'une
position dominante, il faut d'une part mesurer la part de l'entreprise sur le marché considéré et celle de ses différents
concurrents. D'autres éléments propres au marché ou à l'entreprise elle-même, entrent également en ligne de compte.

13. - Parts de marché - La domination d'un marché se caractérise d'abord par la place qu'occupe sur ce marché, ou s'il n'est
pas unique, sur l'un de ses segments, une entreprise ou un groupe d'entreprises. La part de marché est donc un indicateur
important dans l'appréciation de la dominance éventuelle d'une entreprise sur le marché. Toutefois il n'est pas l'unique critère
pour la démonstration d'une position dominante : il en constitue néanmoins, un paramètre d'appréciation important. Ainsi si
l'entreprise détient plus de la moitié (Cass. com., 30 mai 2000, n° 99-17.038 : JurisData n° 2000-002281 ; RJDA 2000, n° 1176),
ou bien l'intégralité des parts de marché, la position dominante est de ce fait établie (Cons. conc., déc. N° 04-D-48, 14 oct.
2004 : BOCCRF 21 janv. 2005, p. 48 . – Cons. conc., déc. n° 05-D-44, 21 juill. 2005 : BOCCRF 14 mars 2006, p. 317 . - T. com.
Paris, 31 janv. 2012, n° 2009061231 : Contrats. conc. consom. 2012, comm. 129).Plus récemment, les juges de l’union
européenne ont affirmé qu’une part de marché de 70 à 80 % constitue en elle-même, un indice clair de l’existence d’une
position dominante.
- Situation monopolistique : D'emblée, précisons que la situation de monopole caractérise nécessairement et de ce seul fait,
une position dominante puisque l'entreprise (Cons. conc., déc. n° 02-D-34, du 11 juin 2002 : le conseil de la concurrence a
rappelé dans son rapport d‘activité de l’année 2000 p 114 que EDF qui détient un monopole légal assorti d’exceptions limitées
à la production d’électricité, un monopole sur le transport d’électricité et est concessionnaire des réseaux de distribution de 95
pour cent des communes françaises, occupe une position dominante sur les marchés de production, de transport et de la
distribution d’électricité) détient la totalité ou la quasi-totalité des parts de marché ou elle n'est soumise à aucune
concurrence et qu'elle réalise par ce biais, une concentration absolue de la puissance économique. Ainsi le monopole de droit
ou de fait, suffit à établir la position dominante de son titulaire. Il en est de même lorsqu'une entreprise est en situation de
quasi-monopole . Ce monopole est entendu au sens économique du terme, l'entreprise étant le seul opérateur sur le marché.
- Parts de marché substantielles : Sauf circonstances exceptionnelles, la détention d'une forte part de marché constitue un
indice significatif de l'existence d'une position dominante. Néanmoins, ce critère doit être corroboré par d'autres indices ou
facteurs qui brident le comportement de l'entreprise en cause. À l’inverse, une part de marché faible est de nature à établir
l'absence de position dominante (Cons. conc, déc. n° 04-D-32, 8 juill. 2004, relative à la saisine de la société More group France
contre les pratiques du groupe Decaux : Contrats. Conc. Consom. 2004, comm. 156).

14. - Autres indices - La part de marché est à elle seule rarement suffisante pour déduire l’existence ou non d’une position
dominante. Sont pris en compte, de nombreux autres facteurs économiques qui permettent de mesurer la puissance de marché
de l’entreprise et notamment :

la part de chacun des autres intervenants sur le marché, leurs poids respectifs et leur degré de concentration. Il s’agit d’
apprécier le pouvoir économique relatif de l’entreprise, en fonction de la structure du marché en cause et de la
concurrence qui s’exerce sur celui-ci ou sur les marchés connexes de l’ensemble d’une gamme de produits ou
dépendant du même secteur d’activité. Par exemple, un indice de la position dominante peut être que l’offre de la
concurrence est fractionnée. Autrement dit, plus le résidu de parts de marché est émietté entre une multitude de
concurrents et plus la position dominante pourra être caractérisée aisément. Par exemple, bien que ne détenant que 32
% du marché total de la distribution de produits phytosanitaires, l’union de coopératives a été considérée en position
dominante, car elle approvisionnait près des cinq septièmes des coopératives et la part du principal négociant, n’
excédait pas la moitié de sa part de marché (Cons. conc., déc. n° 92 D 29, 5 mai 1992 : Rapp. Cons. conc., 1992, ann. P.
260 ; BOCCRF 30 mai 1992 ; Rec. Lamy 1992, n° 493 ; en sens contraire voir Cons. Conc., déc. n° 04-D-22 du 21 juin
2004, BOCCRF 8 nov : commercialisation par France Télécom du tarif promotionnel Primaliste longue distance],
L'analyse de l'évolution du marché montre que France Télécom Mobiles ne pouvait, à l'époque des faits, avoir un
comportement indépendant des autres opérateurs. En premier lieu, sa part de marché en terme d'abonnés n'a cessé de
décliner depuis la mise en place des réseaux GSM. En second lieu, le jeu de la concurrence sur ce marché s'est
manifesté par une baisse importante du prix de revient d'un mobile pour les utilisateurs sous l'effet conjugué de la
baisse des prix des communications, de la mise en place des nouvelles formules d'abonnement ou de prépayé et de
l'apparition des packs comprenant un terminal au prix subventionné par l'opérateur. Or, France Télécom n'a pas
toujours été l'opérateur qui a initié ces innovations commerciales et a parfois été obligé de s'aligner sur les
propositions de ses concurrents. Ainsi, France Télécom a lancé les premières cartes prépayées mais c'est Bouygues
Télécom qui a, le premier, proposé des forfaits comprenant abonnement et communications. En conséquence, il ne
peut être considéré que France Télécom occupait au moment des faits une position dominante sur le marché de la
téléphonie mobile) ;
le pouvoir détenu par l'entreprise sur les marchés connexes ou voisins en particulier si elle y occupe une situation de
monopole (Cons. conc., déc. n° 02-MC-04, 11 avr. 2002 : Rapp. Cons. conc., 2002, ann. p. 889 ; BOCCRF 28 juin 2002)
; le fait qu'elle appartienne à un groupe d'entreprises puissantes (Cons. conc., déc. n° 98-D-70, 24 nov. 1998), son
statut et ses possibilités d'accès préférentiels à certaines sources de financement ;

l'existence de barrières à l'entrée du marché, rendant peu probable la remise en question de la suprématie de

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Abus de position dominante

l'existence de barrières à l'entrée du marché, rendant peu probable la remise en question de la suprématie de
l'entreprise. Il s'agit d'obstacles érigés face aux concurrents potentiels ou actuels dans leur volonté de pénétrer le
marché ou d'augmenter le volume de leurs activités sur le marché en cause (H. Kazzi, L'analyse des barrières à l'entrée :
entre convergences et risques : Contrats, conc. consom., 2007, étude 15. - B. Brun et A. Toulemont Dakoure, Les
barrières à l'entrée en droit de la concurrence : Contrats, conc. consom., 2003, chron. 11). Ces barrières peuvent être
des barrières juridiques, tels des normes réglementaires (Cons. conc., déc. n° 04-D-13, 8 avr. 2004 : JCP E 2004, 1195)
ou des droits de douane, des barrières commerciales (par exemple, lorsque l'entreprise en cause est protégée par un
effet de réseau : c'est le cas lorsque les clients sont liés à l'entreprise en cause par des contrats de très longue durée), ou
financières lorsque l'accès au marché est subordonné à de lourds investissements ;
la rentabilité du secteur ;
certaines caractéristiques propres à l'entreprise telles sa progression sur le marché, sa notoriété (Cons. conc., déc. n°
99-D-45, 30 juin 1999 : Rapp. cons. conc., 1999, ann. p. 406 ; BOCCRF 11 déc. 1999 ; Rec. Lamy 1999, n° 803); Cons.
Conc., déc. n° 08-D-16, 3 juillet 2008, Contrats conc. Consom., 2009, comm. 209), l'image de sa marque, son avance
technologique (Trib. UE., 1er juillet 2010, aff. T-321/05 pt 270 confirmé par CJUE, 6 dec. 2012, aff. C-457/10 P pt 186),
sa supériorité de gestion, ses actions commerciales (Cons. conc., déc. n° 03D-09, 14 févr. 2003 : BOCCRF 16 juin 2003,
p. 346), son rôle pilote en matière de prix (TPICE, 30 sept 2003, aff. T-191/98, Atlantic Container Line : Rec. CJCE 2003,
p. II-3275) ;
la capacité de l'entreprise ou du groupe d'entreprise à faire obstacle à l'entrée de concurrents sur le marché.

2° Détenteur de la position dominante

15. - Principe - Conformément aux dispositions de l'article 7 de la loi, l'abus de position dominante peut être commis par
l'entreprise exerçant sa domination, seule sur le marché. L'abus de position dominante peut également être commis par un
groupe d'entreprises.

16. - Position dominante individuelle - L'entreprise en position dominante peut occuper cette position en tant que vendeur
ou fournisseur de services. Mais l'entreprise peut également être en position dominante vis-à-vis de ses propres fournisseurs
(Cons. conc., déc. n° 01-MC-01, 11 mai 2001 : Rapp. Cons. conc., 2001, ann. p. 736 ; BOCCRF 24 mai 2001 ; Rec. Lamy 2001, n°
855, le fait que la société Canal Plus pré-achète 80 % des droits de diffusion des films d'expression française pour la télévision
à péage, permet de ne pas exclure qu'elle détienne une position dominante sur le marché des droits de diffusion des films
d'expression française sur les chaînes de télévision à péage).

17. - Position dominante collective - L'article 7 de la loi, prohibe l'exploitation abusive par une entreprise ou groupe
d'entreprises d'une position dominante sur le marché intérieur. La position dominante collective peut être définie comme celle
détenue par plusieurs entreprises juridiquement et économiquement distinctes (Cons. conc., déc. n° 02-D-44, 11 juill. 2002 :
Rapp. Cons. conc., 2002, ann. p. 654 ; BOCCRF 30 sept. 2002 ; Rec. Lamy 2002, n° 898). Pour démontrer l'existence d'une
position dominante collective, il convient d'établir que les entreprises ont ensemble, notamment en raison de facteurs de
corrélations existant entre elles, le pouvoir d'adopter une même ligne d'action sur le marché et d'agir dans une mesure
appréciable indépendamment des autres concurrents, de leur clientèle et finalement des consommateurs (CJCE, 31 mars 1998,
aff. jtes C-68/94 et C-30/95 : Rec. CJCE 1998, p. I-1375, pt 221).
Deux critères semblent en tout état de cause, requis pour caractériser l'existence d'une position dominante collective :

liens unissant les entreprises : La notion de groupe d'entreprises s'entend d'un ensemble d'unités supportées par des
personnes morales, soumises à un contrôle commun par des liens financiers qui les unissent. Cette situation vise donc
un groupe de sociétés ayant individuellement suffisamment d'autonomie, pour constituer des entreprises distinctes qui
se trouvent néanmoins placées sous un contrôle commun. Pour caractériser le groupe, il est nécessaire de relever
l'existence de liens (juridiques et commerciaux, structurels ou économiques et commerciaux), entre les entreprises
détentrice de la position dominante (La position dominante peut ainsi résulter de l'addition des pouvoirs de marché
d'une société mère et de ses filiales. Les liens financiers unissant des sociétés à travers leur société mère, doivent être
durant la période examinée, suffisamment importants, directs et stables pour impliquer à eux seuls un groupe
d'entreprise. Il n'est toutefois, pas nécessaire que la participation de la société mère dans la filiale dépasse 50 % du
capital, dès lors qu'elle exerce un contrôle effectif. Il suffit pour caractériser le groupe, que les liens financiers
constatés entre plusieurs entreprises, révèlent soit une unité de direction et de contrôle (Cons. conc., déc. n° 03-D-01,
14 janv. 2003 : BOCCRF 8 oct. 2003 ; Rec. Lamy 2003, n° 909) soit une action concertée sur le marché (Cons. conc., déc.
n° 93-D-42, 19 oct. 1993 : Rapp. Cons. conc.. 1993, ann. p. 294 ; BOCCRF 4 déc. 1993 ; Rec. Lamy 1993, n° 554). En
effet, en vue de caractériser la détention conjointe de la position dominante, il faut également relever de la part des
entreprises en cause, la volonté de coordonner les actions ou les politiques (Aut. conc., déc n° 12-D-13, 15 mai 2012) :
doit en effet être mis en exergue, l’adoption effective d’une ligne d’action commune sur le marché en vue de la
qualification de la position dominante collective) ;
interdépendance résultant de la structure du marché. Pour démontrer l’existence d’une position dominante collective,
l’analyse des structures du marché est requise, pour faire ressortir l’interdépendance des entreprises. L’exclusion de la
concurrence peut ainsi résulter de la combinaison de deux facteurs : la position des entreprises sur le marché et les
liens de coopération (Cons. conc., déc. N° 93-D-42, 19 oct. 1993 : Rapp. Cons. conc. 1993, ann. P. 294 ; BOCCRF 4 déc.
1993 ; Rec. Lamy 1993, n° 554, « les deux sociétés étaient les seules propriétaires des installations de stockage et de
manutention du carburéacteur, donc les seuls fournisseurs sur ce marché étroit et elles étaient en mesure de faire

obstacle à l'entrée de tout nouveau concurrent » Bien plus « elles géraient ensemble les installations par l'intermédiaire

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Abus de position dominante

obstacle à l'entrée de tout nouveau concurrent » Bien plus « elles géraient ensemble les installations par l'intermédiaire
de deux groupements d'intermédiaires économiques, ce qui leur permettaient de s'accorder sur une politique
commerciale commune »). Par ailleurs, outre la prise en compte des structures du marché et du parallélisme des
comportements, l'existence d'un lien (structurel ou de coopération) entre les entreprises détentrices d'une position
dominante collective, semble nécessaire bien que cette question semble ne pas avoir été tranchée de manière définitive
En effet et malgré l’ouverture représentée par la décision n° 02-D-44 du 11 juillet 2002 (Rapp. Cons. conc., 2002, ann. p
654, BOCCRF 30 sept, Rec Lamy n° 898) du conseil de la concurrence, il est difficile de conclure à l’abandon de la
condition relative à l’existence de liens financiers ou coopératifs entre les entreprises : en effet, la majeure partie des
décisions rendues par les autorités de la concurrence, réclament la preuve de liens structurels entre les entreprises
détentrices d’une position dominante collective. Or l’interdépendance peut résulter non seulement de liens structurels,
mais également des caractéristiques et de la structure oligopolistique du marché, conduisant à des comportements
parallèles prévisibles (Arrêt Compagnie maritime belge de transport, Aff. C 395/96, Rec. CJCE I p. 1365).

II. - Exploitation abusive de la position dominante


18. - Interdiction - L'article 7 alinéa 1er de la loi prohibe l'exploitation abusive d'une position dominante sur le marché
intérieur ou sur une partie substantielle de celui-ci.

19. - Comportements imputables à l'entreprise dominante - L'exploitation abusive est fondée sur des comportements
imputables à l'entreprise dominante dont les seules conséquences novices sur le fonctionnement du marché en cause,
justifient cette qualification.

A. - Principes

20. - Absence de définition - À l’instar de l' article L. 420-2 du Code de commerce français , le Dahir n° 1-14-116 en date du
30 juin 2014 portant promulgation de la loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence ne définit pas
l'exploitation abusive d'une position dominante. Seuls les cas d'abus de position dominante sont énumérés.

1° Notion d'abus de position dominante

21. - Principe - La position dominante apparaît comme la condition préalable de l'abus incriminé, abus dont les éléments
constitutifs sont appréciés souverainement d'après les éléments de l'espèce, par les juges du fonds et qui résultent à la fois du
comportement adopté par cette entreprise et du lien de causalité entre la position dominante de ce comportement.

22. - Relation entre la position dominante et l'abus - Comme précédemment indiqué, la détention d'une position
dominante n'implique en soi aucun reproche à l'encontre de l'entreprise concernée mais fait reposer sur les épaules de cette
dernière, une responsabilité particulière : celle de ne pas fausser pas le jeu de la concurrence subsistant sur le marché (Cons.
conc., déc. N° 03-D-09, 14 févr. 2003 : BOCCRF 16 juin 2003). Autrement dit l’entreprise dominante ne sera sanctionnée que si
elle abuse de son pouvoir (Cons. conc., déc. n° 96-D-12, 5 mars 1996 : Rapp. Cons. conc., 1996, ann. p. 232 ; BOCCRF 17 juin
1996 ; Rec. Lamy 1996, n° 676, « le fait pour l'entreprise en position dominante de tenter de limiter l'accès du marché sur
lequel elle détient la position dominante ou sur un autre marché en recourant à des moyens autres que ceux qui relèvent d'une
concurrence par les mérites, revêt un caractère abusif »). La position dominante n'est pas en soi illicite : elle constitue
simplement l'un des critères de l'abus de position dominante.
Par ailleurs l'infraction d'abus de position dominante n'est constituée que s'il existe un lien de causalité entre le pouvoir de
domination de l'entreprise et l'abus qui lui est imputé. L'exploitation abusive doit donc être réalisée par l'utilisation de la
position dominante. Le lien de causalité entre la pratique dénoncée et la domination exercée par l'entreprise doit être direct.
Toutefois, même si l'entreprise dominante ne détient pas une position dominante sur les marchés sur lesquels se déroulent les
pratiques relevées, celles-ci peuvent naturellement être prohibées, s'il est démontré que, pour les mettre en œuvre, elle a
abusé d'une position dominante occupée sur un autre marché distinct mais connexe de celui sur lequel la position dominante
est détenue (Paris, 20 nov. 2013, RG n° 12/02931).

23. - Atteinte ou restriction à la concurrence - L'appréciation du caractère restrictif de concurrence d'un abus de position
dominante, ne se fait pas différemment de celui d'une entente. En présence d'une pratique susceptible de constituer un abus, il
est recherché si elle a un objet ou un effet restrictif de concurrence (Cons. conc., déc. n° 03-D-22, 24 avr. 2003 : BOCCRF 8 oct.
2003. Naturellement, toute sanction est écartée si elle est sans incidence sur le jeu de la concurrence sur le marché concerné,
en particulier lorsqu'elle n'empêche pas la libre compétition des opérateurs. Ainsi, bien que dominante, l'entreprise conserve
le droit de protéger ses intérêts commerciaux : elle dispose d'un droit de riposte à l'égard de ses concurrents, à condition que
les moyens employés soient loyaux et légitimes (Cons. conc., déc. n° 04-D-22, 21 juin 2004 : BOCCRF 8 nov. 2004, p. 673 ; RLC
2004/1, n° 31).
Seule une atteinte sensible à la concurrence peut donc caractériser une pratique anticoncurrentielle. La sanction de l'abus de
position dominante nécessite par conséquent l'analyse concrète et la preuve de son incidence, actuelle ou potentielle, mais
tangible et significative, sur le marché. Pour que l'abus soit constitué, il n'est pas nécessaire que la pratique reprochée porte un
préjudice direct aux concurrents de l'entreprise en position dominante : l'abus est tout aussi condamnable lorsqu'il porte
atteinte à l'intérêt des clients ou des consommateurs.

24. - Conception objective de l'abus de position dominante - La preuve de l'abus n'exige pas que soit établie une fraude ou

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Abus de position dominante

24. - Conception objective de l'abus de position dominante - La preuve de l'abus n'exige pas que soit établie une fraude ou
une intention anticoncurrentielle de la part de l'entreprise qui en est l'auteur mais seulement un effet ou une virtualité d'effet
de cette nature. L'abus de position dominante consiste donc essentiellement en un comportement anticoncurrentiel par le
biais duquel l'entreprise met en œuvre des pratiques destinées à lui permettre d'éviter d'être confronté à la concurrence et qui
ont pour objet et pour effet, de restreindre artificiellement le jeu de la concurrence sur le marché.
Les pratiques restreignant le jeu de la concurrence résultent souvent d'actes répréhensibles par eux-mêmes. C'est le cas
chaque fois que l'entreprise occupant une position dominante utilise une pratique revêtant un caractère intrinsèquement
illicite et qui mérite alors d'être qualifiée d'abusive. Parfois la pratique ne sera pas délictueuse en elle-même mais le deviendra
parce qu'elle aura manifesté la volonté de son auteur d'entraver la concurrence au mépris de la prohibition légale (refus de
vente, ventes liées, conditions discriminatoires et rupture des relations commerciales établies). En toutes hypothèses, il faut
que l'entreprise victime de la pratique dénoncée, au risque de voir sa demande rejetée, apporte la démonstration que cette
pratique a en l'espèce, pour objet ou effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur le marché
(Cass. com., 16 nov. 2013, n° 12-12.900 : RLDI 2013/94, n° 3126).

2° Classification des abus de position dominante

25. - Principe - L'abus peut consister en des comportements par eux-mêmes illicites, c'est-à-dire qui contreviennent à une
prescription juridique. Dès lors qu'ils sont mis en œuvre par une entreprise en position dominante, ces comportements fautifs
sont constitutifs d‘abus au sens de l'article 7 de la loi. L'abus peut également résulter de comportements anormaux de la part
de l'entreprise en position dominante.

26. - Liste non limitative - L'article 7 de la loi fournit un certain nombre d'exemples constitutifs d'abus. L'abus peut «
notamment consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de vente discriminatoires, en accords de gamme
(Com., 6 dec. 2005, n° 04-19.541 : D. 2006, AJ 64) ainsi que dans la rupture de relations commerciales établies, au seul motif
que le partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées (Com., 19 janv. 2016, n° 14-21.670 D
2016.973 : après avoir rappelé que le droit de la concurrence et notamment l'article L. 420-2 du Code de commerce ne trouve à
s'appliquer que si la rupture brutale de la relation commerciale a eu un objet ou des effets anticoncurrentiels, avérés ou
potentiels, la cour d'appel a retenu que les éléments présentés par la société E-Kanopi ne sont pas suffisamment probants pour
caractériser l'objet ou les effets anticoncurrentiels de la rupture des relations contractuelles par la société Google et en a
déduit, à bon droit, que la question relative à la gravité de la violation des règles contractuelles permettant, par application de
l'article L. 442-6 du Code de commerce, une rupture sans préavis des relations commerciales est inopérante) . Il peut consister
également à imposer directement ou indirectement un caractère minimal au prix de revente d'un produit ou d'un bien, au prix
d'une prestation de service ou à une marge commerciale ». La pratique des prix abusivement bas visée à l'article 8 de la loi, est
également prohibée.
La liste n'est pas limitative comme le démontre l'emploi du terme « notamment ». Elle vise principalement des abus dans les
relations commerciales entre vendeurs et acheteurs professionnels. De plus, l'article 7 de la loi prohibe à la fois l'abus de
position dominante et l'abus de dépendance économique, la liste d'exemple étant commune à ces deux pratiques.

27. - Abus de structure et abus de comportement - Il existe deux conceptions de l'abus. La première correspond à l'abus de
structure, lequel résulte de l'effet d'un acte ou d'une opération sur les conditions d'exercice et d'intensité de la concurrence sur
le marché (par exemple l'exclusion de concurrents potentiels ou actuels). La seconde correspond à l'abus de résultat,
l'entreprise tirant profit de son pouvoir de marché pour obtenir des avantages de ses clients ou fournisseurs, qu'une
concurrence effective ne lui aurait pas permis d'atteindre.
L'abus peut donc être commis tant à l'égard des concurrents réels ou potentiels de l'entreprise lorsqu'il vise à les éliminer du
marché ou à leur en interdire l'accès, qu'à l'encontre de ses clients et des consommateurs en général lorsqu'elle réalise à leur
détriment des profits injustifiés.
Le conseil français de la concurrence, admet la distinction entre ces deux types d'abus et oppose les pratiques ayant pour objet
ou pouvant avoir pour effet d'éliminer des concurrents, aux comportements qu'une entreprise ne pourrait adopter sans
compromettre son propre intérêt sur un marché concurrentiel ou si elle ne disposait pas d'une puissance de domination du
marché.

B. - Comportements constitutifs d'abus

28. - Diversité des comportements constitutifs d'abus - Les dispositions conjuguées des articles 7 et 8 de la loi visent les
pratiques restrictives de concurrence imputables à l'entreprise en position dominante. Quatre types d'abus de position
dominante peuvent être distingués.

1° Abus en matière de prix

29. - Prix excessivement bas - Le droit de la concurrence a pour objet de protéger la concurrence et donc de faire bénéficier
les consommateurs des prix le plus bas possible. Des prix bas sont en principe, synonymes d'une concurrence dynamique et
vertueuse, même lorsqu'ils sont le fait d'opérateurs dominants.
- Prix prédateurs : Quoi qu’il en soit, la forme la plus évidente de prix abusivement bas est le prix prédateur (article 8 de la loi
« sont prohibées les pratiques de prix de vente aux consommateurs abusivement bas par rapport aux coûts de production, de
transformation, et de commercialisation, dès lors que ces pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d'éliminer à
terme d'un marché, ou d'empêcher d'accéder à un marché, une entreprise ou l'un de ses produits ») qui consiste pour une

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Abus de position dominante
transformation, et de commercialisation, dès lors que ces pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d'éliminer à
terme d'un marché, ou d'empêcher d'accéder à un marché, une entreprise ou l'un de ses produits ») qui consiste pour une
entreprise dominante à adopter un comportement prédateur en supportant des pertes (Com., 17 juin 2008 : D. 2008 AJ 1038)
ou en renonçant à des bénéfices à court terme (Aut. conc., déc n° 14-D-02, 20 fev 2014, relative à des pratiques mises en œuvre
dans le secteur de la presse d’information sportive : L’autorité a sanctionné la société Editions P. Amaury pour avoir abusé de
la position dominante qu’elle détient grâce à son journal l’Equipe, en mettant en œuvre une pratique d’éviction d’un nouvel
entrant sur le marché du lectorat de la presse d’information sportive. Amaury avait choisi de riposter à cette entrée par le
lancement d’un nouveau quotidien à vocation éphémère, choix qui traduisait bien sa volonté d’éviction, puisqu’il avait préféré
sacrifier des bénéfices dans l’espoir de retrouver sa situation de monopole sur le marché de la presse quotidienne d’
information sportive. Selon l’Autorité, un tel comportement ne s’inscrit pas dans le cadre d’une concurrence par les mérites et
constitue donc un abus de position dominante condamnable) et ce, délibérément, de façon à évincer un ou plusieurs de ses
concurrents réels ou potentiels, en vue de maintenir ou de renforcer son pouvoir de marché, portant de ce fait préjudice aux
consommateurs (Paris, 20 nov. 2013, n° 12/02931. - Cons. conc., déc. n° 07-D-09, 14 mars 2007, pt 64 ;). Les pratiques de prix
bas ont un point commun : elles visent l'éviction des concurrents, : l'entreprise investit dans l'exclusion des rivaux.
Dès lors, toute la question porte sur la preuve d'une part, du niveau auquel se situe le prix par rapport au coût que supporte
l'entreprise et d'autre part, de l'intention d'évincer un concurrent du marché (CA Paris, 8 avr. 2008 : JCP G 2008, II, 10209 ;
Contrats, conc. consom. 2008, comm. 166, n'était pas rapportée la preuve d'un lien de causalité entre la stratégie d'agressivité
sur le marché non dominé et l'attitude des concurrents sur le marché dominé).
Deux critères distincts permettent d'établir la pratique des prix prédateurs : les coûts et la stratégie dominante en cause. Deux
hypothèses sont ainsi envisagées selon le niveau des prix litigieux par rapport aux coûts. La première hypothèse est celle qui
correspond à des prix inférieurs à la moyenne des coûts variables par lesquels l'entreprise dominante, cherche à éliminer un
concurrent et qui sont donc considérés comme étant abusifs (Cons. conc., déc. n° 00-D-70, 31 janv. 2001 : Rapp. Cons. conc.,
2000, ann. p. 752 ; BOCCRF 23 févr. 2001, « le prix de vente d'un bien ou service peut être qualifié de prédateur, lorsqu'il est
2000, ann. p. 752 ; BOCCRF 23 févr. 2001, « le prix de vente d'un bien ou service peut être qualifié de prédateur, lorsqu'il est
durablement inférieur à la moyenne des coûts variables de production »). La seconde hypothèse, correspond à des prix
inférieurs à la moyenne des coûts totaux de production, qui comprennent des coûts fixes et variables. L'abus est en effet, établi
si l'entreprise en position dominante pratique des prix inférieurs à ses coûts variables pendant un certain délai (Cons. conc.,
déc. n° 00-D-70, 31 janv. 2001 : Rapp. Cons. conc., 2000, ann. p. 752 ; BOCCRF 23 févr. 2001, « le prix de vente d'un bien ou
d'un service peut être qualifié de prédateur lorsqu'il est inférieur à la moyenne des coûts totaux de production, qui comportent
les coûts fixes et variables mais supérieur aux coûts variables, s'il est démontré en pareil cas que le prix a été fixé à ce niveau
pour éliminer un concurrent du marché »).
- Prix sélectifs : Une politique de prix bas appliqué de manière sélective aux clients potentiels d'un concurrent, est une
pratique abusive de la part de l'entreprise en position dominante (Cons. conc., déc. N° 00-D-14, 3 mai 2000 : Rapp. Cons.
conc., 2000, ann. p. 122 ; BOCCRF 22 juin 2000 ; Rec. Lamy 2000, n° 819). La pratique des prix sélectifs a pour but, le
détournement de clientèle d'un concurrent.

30. - Prix de revente imposé - L'article 7 de la loi, dispose que « L'abus peut consister à imposer directement ou
indirectement un caractère minimal au prix de revente d'un produit ou d'un bien, au prix d'une prestation de service ou à une
marge commerciale ». L'entreprise en position dominante cherche donc à conserver son pouvoir ou emprise sur le marché, en
contrôlant l'activité de ses clients (revendeurs ou fournisseurs). C'est le cas lorsque le fabricant dans les accords de
distribution, proposé à ses distributeurs, précise un niveau de refacturation minimum et adopte des mesures coercitives pour
atteindre ce résultat. La pratique du prix de revente imposé aboutit ainsi à interdire toute concurrence par les prix entre les
revendeurs et à dissuader les grossistes et les détaillants dont les marges sont ainsi artificiellement protégées, de référencer les
produits proposés par d'autres fabricants (Cons. conc., déc. N° 00-D-85, 20 mars 200 : Rapp. Cons. conc., 2000, ann. p. 885 ;
BOCCRF 24 févr. 2000 ; Rec. Lamy 2000, n° 851).
De même, s'apparente à une pratique abusive figeant les positions acquises sur le marché, l'entreprise en position dominante
qui accorde à ses clients, une garantie de prix, selon laquelle ledit prix n'a pas vocation à dépasser le prix d'un produit
concurrent : une telle garantie fait obstacle à l'abaissement des prix de la part des fournisseurs de produits concurrents,
puisqu'aucun d'eux ne peut espérer augmenter sa part de marché s'il diminue ses prix.

31. - Prix hauts ou excessivement élevés - Les « prix excessifs » concernent les prix fixés par une entreprise en position
dominante qui peuvent s'avérer être abusifs dans la mesure où ils traduisent une politique d'exploitation de sa clientèle par
l'entreprise dominante. La pratique du prix excessivement élevé se rencontre lorsque l'entreprise en position dominante,
impose à son client de lui acheter un volume de prestations injustifié que ce dernier n'est pas en mesure de discuter ou bien
fixe son prix à un niveau manifestement excessif (Cons. conc., déc. n° 02-D-18, 13 mars 2002 : Rapp. Cons. conc., 2002, p. 334 ;
BOCCRF 27 mai 2002 ; Rec. Lamy 2002, n° 887 et n° 884).
La pratique de prix abusifs peut ainsi être établie en recherchant, s'il existe une disproportion manifeste entre le prix et la
valeur du produit correspondant et que cette disproportion ne s'appuie sur aucune justification économique (Cons. conc., déc.
n° 09-D-24, 28 juill. 2009, pt 169) ou bien en procédant à une comparaison avec les prix pratiqués par d'autres opérateurs.
Ainsi et s'il n'est pas possible d'établir cette disproportion par examen des coûts, il est permis de recourir à une évaluation par
comparaison avec les prix pratiqués par des entreprises placées dans des situations équivalentes (Cons. conc., déc. no 03-D18,
10 avr. 2003 . - Cons. conc., déc. No 05-D-15, 13 avr. 2005 . – Cons. conc., déc. no 06-D-39, 15 déc. 2006 . - Aut. conc., déc. no
09-D-38, 17 déc. 2009).

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2° Limitation des débouchés

32. - Principe - L'entreprise dominante peut se voir reprocher un certain nombre de pratiques qui ont pour conséquence de
produire une limitation de débouchés. Le refus de vente ou de prestations relève de cette catégorie.

33. - Refus de vente ou de prestation de service - L'article 7 de la loi mentionne que l'abus peut notamment consister en un
refus de vente. La seule constatation d'un refus de vente, ne suffit pas à caractériser l'abus, lequel doit être justifié dans un
certain nombre de circonstances. Néanmoins, il est établi que l'entreprise dominante exploite sa position de façon abusive,
lorsqu'elle refuse de fournir des biens ou services dans le but manifeste de limiter ou d'exclure ses concurrents réels ou
potentiels d'un marché déterminé et de renforcer par là même, sa position sur ce marché (Cons. conc., déc. N° 04-D-77, 22 déc.
2004 : BOCCRF 31 mars 2005 ; Aut. conc., déc. n° 14-D-06, 8 juillet 2014, confirmé par CA. Paris, 24 sept. 2015, contrats conc.
consom., 2015, comm. n° 285 « le refus de vente opposé de façon discriminatoire par une entreprise en position dominante
peut constituer un abus de celle-ci, dès lors que le refus fausse de manière sensible le jeu de la concurrence. Ainsi,
l'exploitation d'un droit de propriété intellectuelle, peut pour une entreprise dominante, être constitutif d'abus lorsqu'il est
utilisé pour exclure toute concurrence sur un marché dérivé.

34. - Exclusivité de vente ou de prestation de services - Une obligation d'exclusivité peut constituer un abus de position
dominante dans la mesure où elle permet à l'entreprise dominante de rendre captif le débiteur de cette obligation et de
verrouiller ainsi le marché, produisant alors un effet d'éviction sur les concurrents. L'exclusivité aboutit ainsi à l'éviction des
tiers auxquels sera opposé le refus de contracter. Le critère déterminant est le résultat économique : dès lors qu'une clause
conduit à rendre le débiteur captif, elle est assimilée à une clause d'exclusivité. Tel peut être le cas notamment des clauses de
non-concurrence, de quotas, d'objectifs d'achats, des accords de financement (Déc. Comm., 22 juin 2005, no 39.116, Coca-Cola
sur l'octroi d'un prêt dont le remboursement prévoit l'achat des produits de l'entreprise dominante).
Quoi qu’il en soit, l'engagement d'exclusivité peut être souscrit au profit du fournisseur par son client ou être consenti par un
producteur en faveur de son revendeur. En absorbant la capacité d'achat du distributeur, le créancier d'une exclusivité
d'approvisionnement ferme le marché à ses concurrents ; de même, l'exclusivité de distribution concourt à un partage de
marché entre concurrents. Dans ces situations, l'abus de position dominante a donc pour objet ou effet de limiter la
distribution d'autres produits et d'empêcher d'autres formes de commercialisation.

3° Pratiques discriminatoires

35. - Principe - L'article 7 de la loi précise que l'abus peut consister en conditions de vente discriminatoires, ce qui suppose
une différence de traitement entre partenaires ou concurrents placés dans des situations comparables et l'absence de
justifications objectives quand à cette différence de traitement. Il y a donc discrimination, dès lors que, par ses pratiques, une
entreprise conduit à entraver la position concurrentielle d'une partie des partenaires commerciaux de cette entreprise par
rapport aux autres. A contrario, le fait, pour un opérateur en position dominante, de traiter différemment des acheteurs se
trouvant dans des situations différentes n'est généralement pas considéré comme une discrimination (Aut. conc., n° 14-D-06,
8 juin 2014, pratiques mises en œuvre par la société Cegedim dans le secteur des bases de données d'informations médicales).

36. - Prix discriminatoires - La pratique des prix discriminatoires, est l'un des moyens par lequel l'entreprise dominante peut
traiter ses partenaires de façon discriminatoire. En effet, si les écarts de prix sont admissibles entre diverses catégories de
clients lorsqu'ils traduisent des différences raisonnables de coûts dans les éléments commerciaux de l'opération, l'entreprise
dominante ne peut à l'intérieur d'une même catégorie de clients, opérer une discrimination dans le traitement qu'elle réserve à
ses propres clients réguliers et aux clients anciens ou présents dont elle espère conserver ou reprendre la clientèle. Ainsi et en
présence de prix différents pratiqués pour des prestations équivalentes, il convient d'apprécier si ces différences sont justifiées
par des éléments objectifs. Autrement dit, il faut rechercher si les différenciations de prix pratiqués sont réellement
discriminantes, si elles concernent les mêmes marchés, si elles sont justifiées par des différences de coûts, si elles ne visent
pas à augmenter artificiellement le coût de produits ou de services qui sont indispensables à une entreprise pour se maintenir
sur le marché… Par exemple, des différences de tarifs ne sont pas discriminatoires lorsque ces tarifs émanent d'opérateurs
différents et procèdent de situations statutaires ou contractuelles sans liens entre elles.
Par ailleurs et toujours dans le droit fil de ce qui précède, il convient de mentionner la pratique du ciseau tarifaire. Il y a effet
de ciseau lorsque la somme facturée par l'opérateur historique aux concurrents qui ont accès au bien est telle, que ces derniers
sont obligés de facturer leurs abonnés à des prix supérieurs à ceux que l'opérateur historique facture à ses propres abonnés
pour ses propres services. Autrement dit, l'entreprise qui donne accès à son bien, ne doit pas pratiquer des prix tels qu'il y ait
un effet de squeeze ou encore de ciseau tarifaire (Déc. Comm. CE., n° 2003/792 : JOCE n° L 300, 18 nov. 2003, « on peut
conclure l'existence d'un effet de ciseau abusif lorsque la différence entre les prix de détail d'une entreprise qui domine le
marché et le tarif des prestations intermédiaires pour des prestations comparables à ses concurrents est soi négative, soit
insuffisante pour couvrir les coûts spécifiques des produits de l'opérateur dominant pour la prestation de ses propres services
aux abonnés sur le marché aval. Une marge insuffisante entre les prix des prestations intermédiaires et les prix de détail d'un
opérateur verticalement intégré occupant une position dominante constitue plus particulièrement un comportement
anticoncurrentiel dès lors que les autres opérateurs s'en trouvent écartés de la concurrence sur le marché en aval, même s'ils
sont au moins aussi efficaces que l'opérateur historique » ; Com., 10 mai 2006, D. 2006. AJ 1527 : Il appartient à la cour d'appel
de Paris de rechercher, non si le Conseil de la concurrence avait établi que les nouveaux opérateurs de téléphonie fixe ne
disposaient plus d'aucun moyen permettant d'éviter l'effet de ciseau subi en cas d'interconnexion directe, mais si les pratiques
de « ciseau tarifaire » respectivement mises en œuvre par France Télécom et par SFR avaient pour objet ou pouvaient avoir
pour effet de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur le marché de la téléphonie fixe vers mobile des entreprises.

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Abus de position dominante

pour effet de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur le marché de la téléphonie fixe vers mobile des entreprises.
Dans la même affaire, la Cour de cassation a jugé qu'une pratique de ciseau tarifaire n'a un effet anticoncurrentiel que si un
concurrent potentiel aussi efficace que l'entreprise dominante verticalement intégrée auteur de la pratique ne peut entrer sur
le marché aval qu'en subissant des pertes ; elle ajoute qu'un tel effet ne peut être présumé que lorsque les prestations fournies
à ses concurrents par l'entreprise auteur du ciseau tarifaire leur sont indispensables pour la concurrencer sur le marché aval.
Com., 3 mars 2009, n° 08-14-435 D 2009 et Paris, 27 janv. 2011 : RG n° 2010/08945).

37. - Conditions discriminatoires - Les conditions discriminatoires concernent de première part, les conditions de vente : il
faut pour caractériser la pratique abusive, établir que la modification des conditions de vente par l'entreprise en position
dominante à l'égard d'une autre entreprise, se solde par une atteinte à la concurrence. Par exemple, la clause interdisant à
l'acquéreur d'un produit de le revendre en l'état peut être à l'origine d'une discrimination de prix, dans la mesure où elle peut
limiter la capacité concurrentielle des transformateurs : une telle immixtion dans la politique commerciale d'un client entraîne
une discrimination de prix avec les autres clients (Cons. conc., déc. N° 91-D-54, 3 déc. 1991 : Rapp. Cons. conc., 1991, ann. p.
140 ; BOCCRF 9 janv. 1992 ; Rec. Lamy 1992, n° 473).
Elles peuvent de seconde part, concerner les conditions d'accès à un service ou à une installation ou bien les conditions
d'entrée dans un réseau de distribution : une entreprise en position dominante, ne peut en ayant recours à un réseau de
revendeurs, accorder à certains d'entre eux des conditions de vente discriminatoires.

4° Pratiques de vente liées et fidélisation de la clientèle

38. - Ventes liées - La pratique prohibée consiste pour l'entreprise dominante à lier la vente d'un produit donné (produit
liant), sur lequel l'entreprise détient une position dominante, à la vente d'un produit distinct (produit lié). La vente liée
renvoie à la subordination de la vente du produit liant à celle du produit lié, qui reste ou non disponible séparément. Il peut
s'agir par exemple pour l'entreprise dominante de concevoir le produit liant de telle manière que son usage correct impose
l'usage du produit lié (subordination technique) ou de soumettre l'acheteur à l'engagement d'acheter également le produit lié
(subordination contractuelle). L'entreprise dominante est ainsi tentée d'utiliser l'hégémonie dont elle dispose sur le marché
d'un produit ou d'un service donné, pour accroître ses parts de marché ou interdire l'accès à d'éventuels concurrents sur un
marché connexe.
Traditionnellement, il est admis qu'une pratique de vente liée constitue un abus de position dominante si quatre conditions
sont remplies : Il faut que les produits liants et liés soient des produits distincts ; l'entreprise concernée doit détenir en outre,
une position dominante sur le marché du produit liant (il n'est pas nécessaire qu'elle détienne également une position
dominante sur le marché du produit lié) ; de plus, il est nécessaire que l'entreprise dominante ne propose pas aux acheteurs, la
possibilité d'obtenir le produit liant sans le produit lié ou, dans le cas de la vente groupée, propose un rabais pour l'achat
conjoint des deux produits. Enfin, il faut que la vente liée/groupée restreigne la concurrence.

39. - Remises de fidélité - Une telle remise tend à empêcher par la voie de l'octroi d'un avantage financier,
l'approvisionnement des clients auprès des producteurs concurrents. Elle affecte ainsi le fonctionnement global de la
concurrence, et entrave l'accès au marché de produits concurrents, dans des conditions normales (Cons. conc., déc. n° 00-D67,
13 févr. 2001 ; Rapp. Cons. Conc. 2000, ann. p. 700; BOCCRF 30 mars 2001 ; Rec. Lamy 2001, n° 843 ;Cons. conc., déc. N° 09-D-
04, 27 janv. 2009 ; RLC 2009/19, n° 1336 ; Aut. conc., déc. n° 09-D-12, 18 mars 2009). Naturellement une réduction de prix
consentie par une entreprise en position dominante à l'un ou à certains de ses clients n'est pas abusive, si elle n'excède pas les
marges de liberté dont dispose tout fournisseur, même détenteur d'une position dominante, dans la négociation avec un client
potentiel.

40. - Remises de couplages - C'est une pratique par laquelle l'entreprise en position dominante offre une prime de fidélité à
ses clients qui seraient tentés de devenir clients de ses concurrents sur un autre marché. La remise de couplage récompense les
clients qui obligés d'acquérir le premier produit, renoncent à s'adresser à la concurrence pour le second. Une telle remise n'est
en réalité condamnable que si elle a pour effet d'entraver le jeu d'une concurrence effective (Paris, 26 sept. 2006 : D. 2006, AJ
p. 2460. – Cass. com., 28 juin 2005, n° 04-13.910 : JurisData n° 2005-029184 ; JCP G 2005, IV, n° 2926).

41. - Exclusivité d'approvisionnement - Une telle exclusivité a pour résultat de fermer le marché à la concurrence en
interdisant aux entreprises liées par l’effet d’une telle clause, de s’adresser à de nouveaux entrants. Le caractère abusif d’une
telle clause résulte fréquemment de la durée de l’exclusivité (Cons. conc., déc. n° 02-D-33, 10 juin 2002 : Rapp. Cons. conc.,
2002, ann. p. 380 ; BOCCRF 30 sept 2002 ; Rec. Lamy 2002, n° 892). Sont ainsi répréhensibles les conventions d'exclusivité
d'approvisionnement par lesquelles les producteurs dominants cherchent à contrôler la distribution (Cass. com., 12 févr. 2002,
n° 00-10.465 et n° 00-10.613 : JurisData n° 2002-013066 ; LPA 3 juill. 2003, p. 58).
L'entreprise en position dominante, peut également mettre en place des moyens de dissuasion à l'encontre des entreprises
liées par l'engagement exclusif : ainsi est de nature à limiter les possibilités de développement des entreprises concurrentes de
l'entreprise en position dominante et à entraver l'accès de nouveaux entrants à ce marché, la mise en place d'un système de
notation à l'égard des distributeurs qui seraient tentés d'adhérer à d'autres réseaux, par des dispositions pénalisantes qu'il est
difficile de compenser par des efforts commerciaux (Cons. conc., déc. N° 00-D-75, 6 févr. 2001 : Rapp. Cons. conc., 2000, ann.
p. 792 ; BOCCRF 30 mars 2001 ; Rec. Lamy 2001, n° 841).

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Textes de référence
Dahir n° 1-14-116 en date du 30 juin 2014 , portant promulgation de la loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence

Bibliographie
A. S-Choné, Les abus de domination Essai en droit des contrats et en droit de la concurrence : Economica, 2010
A. Colin, L'abus de position dominante : LGDJ, coll. Systèmes, 2002
M. Drissi Alami Machichi, Concurrence. Droit et Obligations des entreprises au Maroc : EDDIF, 2004
M.-A. Frison-Roche et M.-S. Payet, Droit de la concurrence : Dalloz, 1re éd., 2005
L. Vogel, Traité de droit économique. Droit de la concurrence, t. I : Bruylant, 2015
D. Bosco, Regards sur la modernisation de l'abus de position dominante : LPA 3 juill. 2018, p. 4
M.-C. Boutard-Labarde et D. Bureau, La détermination du marché pertinent : RJDA 1993, p. 743
B. Brun et A. Toulemont-Dakoure, Les barrières à l'entrée en droit de la concurrence : Contrats, conc. consom. 2003, chron. 11
M. Glais, Définition du marché de référence dans le droit de la concurrence : RI conc. 1993, n° 171, p. 30
H. Kazzi, L'analyse des barrières à l'entrée : entre convergences et risques : Contrats, conc. consom. 2007, étude 15
J. Stoufflet, L'abus de position dominante. Actualité du droit français de la concurrence : RJ com. 1980, n° spécial, p. 68
L. Vogel, Discrimination tarifaire. Quelle marge de manœuvre pour les entreprises ? : Contrats, conc. consom. 2013, dossier 5

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Auteur

Meriem BENIS
Professeure de l'enseignement supérieur

Principaux domaines d'expertise

Droit des suretés


Droit bancaire et financier
Droit des contrats
Droit commercial et droit des sociétés
Droit du travail
Droit de la concurrence et de la distribution
Droit de l’arbitrage
Droit des nouvelles technologies de l’information

Biographie
Titulaire d’un master en droit des affaires et d’un Doctorat en droit obtenu à l’université René Descartes Paris V portant sur « L’
effectivité des suretés garantissant les crédits bancaires en jurisprudence marocaine et française », Meriem Benis est
actuellement professeure de l’enseignement supérieur.

Bibliographie
Articles publiés au sein de la Revue droit et stratégie des affaires

La gérance libre : de quelques précautions contractuelles : Revue droit et stratégie des affaires au Maroc, numéro 2,
juillet-aout 2014, p. 48 et s.
La clause de non concurrence dans le cadre du contrat de travail : Revue droit et stratégie des affaires au Maroc,
numéro 3, septembre-octobre 2014, p. 27 et s.
Quelques clauses particulières du contrat de travail : Revue droit et stratégie des affaires au Maroc, numéro 1, Janvier
2017, p. 32 et s.
Les atteintes à l’entreprise concurrente : Revue droit et stratégie des affaires au Maroc, numéro 2, Mars 2017, p. 33 et s.
Impartialité et indépendance de l’arbitre : Revue droit et stratégie des affaires au Maroc, numéro 3, Mai 2017, p. 43 et s.
La garantie autonome : Quelle efficacité ? :Revue droit et stratégie des affaires au Maroc, numéro 4, Juillet 2017, p. 52
et s.

Articles publiés au sein de la Revue bimestrielle marocaine d’administration locale et de développement

Les lettres d’intention ont-elles encore un avenir ? Réalités et perspectives en droit marocain et en droit français :
Remald numéro 133 Mars - avril 2017 p. 143 et s.
La rédaction d’une garantie autonome : Comment éviter la requalification en cautionnement ? Remald numéro 136
sept-octobre 2017, p. 55 et s.
Le contrat électronique : Remald numéro 137, novembre-décembre 2017, p. 35 et s.
L’enjeu de la médiation conventionnelle : outil de prévention du procès ? : Remald numéro 147 juillet-aout 2019, p. 25
et s.
La souscription d’une garantie autonome par un particulier : sujette à caution ? : Remald numéro 149 novembre-
décembre 2019, p. 71 et s.

Articles publiés au sein de la Revue marocaine de droit d’économie et de gestion

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Le nantissement des droits de propriété industrielle : Revue marocaine de droit, d’économie et de gestion n° 57- 2020
Journées d’études organisée par le laboratoire Justice pénale et Systèmes comparés le 15 février 2017 à la FSJES Ain
Chock, p. 47 et s.

Le parasitisme : Instrument de protection du consommateur ? : Revue marocaine de droit, d’économie et de gestion n°


57- 2020 Colloque organisé par le laboratoire des études juridiques Civiles et Fiqh Al Mouaamalat le 15 mars 2017 à la
FSJES Ain Chock, p. 67 et s.

Articles publiés au sein de la Revue : La lettre d’Artémis Bulletin trimestriel d’information juridique et fiscale
marocain

Le sort des suretés personnelles lors des opérations de restructuration :La Lettre d’artemis 2e trimestre 2018, p. 31 et s.
Rédaction du contrat de Franchise : De quelques précautions contractuelles : La Lettre d’artemis 3e trimestre 2018, p.
30 et s.

Mélanges/ Ouvrages collectifs

Le droit de rétention : Moyen actif de protection et d’exécution du rétenteur ? : Liber Amicorum Mélanges en l’honneur
du Professeur A. Kettani 1er édition 2018, p. 293 et s.
Le cautionnement à l’épreuve du droit des entreprises en difficultés : Contribution publiée au sein de l’ouvrage collectif
La défaillance d’entreprise Edition Laboratoire Finance, Banques et Gestion des risques), p. 202 et s.
L’arbitrage interne : Mode alternatif autonome de règlement des conflits ? : Contribution parue aux éditions
universitaires européenne : Regards croisés sur la justice marocaines, p. 202 et s.
Le harcèlement sexuel et moral des femmes au travail : Propos sur une violence discriminatoire : Contribution publiée
au sein de l’ouvrage collectif La violence saisie par le droit sous la direction du Professeur Jaouhar Publications du
Laboratoire Justice pénale et Systèmes comparés, p. 69 et s.
Les garanties de substitution au cautionnement, ont-elles un avenir, en droit marocain ? : Mélanges dédiés au
Professeur El Mernissi, p. 207 et s.
Les suretés personnelles en droit marocain : Quelle attractivité ? : Mélanges dédiés au Professeure Leila Zouhry (en
cours de publication)

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