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MASTER DROIT PRIVE COMPARE ESPACE AFRIQUE

FRANCOPHONE ET COMMONWEALTH

Droit processuel comparé


Semestre 3

LES PROCES SANS PROCEDURE


« Arbitrage et conciliation »

Sous la direction du Professeur


Mr. Youness BENDAHMANE

Réalisé par
Fadoua TOUISSI
Chaimaa ENNAJI

Année universitaire : 2022/2023


« S’il y a une justice, il y a plusieurs façons de la rendre »
SOMMAIRE

PARTIE I : L’ARBITRAGE COMME PROCEDURE SOUPLE ET


EFFICACE POUR RESOUDRE LES LITIGES
CHAPITRE 1 : LA NOTION D’ARBITRAGE
CHAPITRE 2 : LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE
ARBITRALE

PARTIE II : LA PROCEDURE DE CONCILIATION COMME MODE


ALTERNATIF AUX PRODURES JUDICIAIRES CLASSIQUES
CHAPITRE 1 : LES TYPES DE LA CONCILIATION
CHAPITRE 2 : LES CAS DE CONCILIATION
INTRODUCTION

Le droit processuel a fait l’objet de deux approches distinctes. Une partie de la doctrine
estime que ce droit constitue une branche commune à toutes les procédures ; le droit
processuel serait ainsi une branche du droit qui rassemble toutes les règles juridiques de
forme. Une autre partie attribue à cette discipline une Verdun uniformisatrice, le droit
processuel serait selon les partisans de cette thèse, une discipline fondée sur la réalisation
d’une étude des différentes procédures en vue de jauger les chances de leur unification.

La "procédure" est la succession des actes nécessaires, à l'introduction, à la mise en


état, aux débats et aux délibéré des juges et à l'exercice des recours, jusqu'à parvenir à
l'exécution des décisions qu'ils ont rendues. La procédure est également étudiée sous les
appellations suivantes : "droit procédural", "droit processuel" et "droit judiciaire".

Le droit processuel est donc le droit d’une discipline qui consistait à comparer les trois
procédures principales : civile, pénale, administrative1. La procédure civile est l'ensemble
des règles relatives à l'organisation d'une action en justice devant une juridiction civile. Elle
s'entend aussi de toutes les démarches à entreprendre pour saisir une juridiction civile.
Finalement, elle est en général régie par un Code de procédure civile. La procédure pénal :
est l’ensemble des règles encadrant le processus pénal pendant ses différentes phases :
l’enquête effectuée par les services de police ou de gendarmerie sous le contrôle du parquet,
la décision du ministère public de mettre en œuvre l’action publique, l’instruction
préparatoire, le jugement et enfin l’organisation de la peine2. La procédure
administrative vise à régler les conflits entre un particulier et une administration. La
procédure devant le tribunal administratif se déroule en 3 étapes : la saisine du tribunal,
l'échange des arguments puis l'audience de jugement.3 De ce qui précède nous concluons que
le droit processuel s'intéresse généralement au déroulement du procès, à ses caractères, à
son organisation, à ses acteurs et à ses éléments (un litige, une contestation, une demande,
une requête, des actes juridictionnels, une décision, une sanction.)

1
https://cours-de-droit.net/definition-du-droit-processuel.
2
https://www.cairn.info/l-expertise-penale-psychologique-et-psychiatrique--9782100709489-page-11.htm.
3
https://justice.ooreka.fr/comprendre/procedure-administrative
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Ce travail sera consacré au traitement des procès entamés sans procédure judiciaire,
et plus précisément il portera sur deux procédures essentielles en l’occurrence la procédure
d’arbitrage, et la procédure de conciliation. De ce fait notre développement fera l’objet d’une
réponse sur plusieurs questions. Tout d’abord quelles sont ces procédures ? Quel intérêt peut-
on dégager apres avoir recourir à ces modes de règlement ? Et qu’en est-il de la procédure
poursuivie ?

Afin d’apporter une réponse à ces questions, nos développements feront l’objet de deux
grandes parties. Une première traitera de l’arbitrage en tant que procédure souple et efficace
pour résoudre les litiges. Et une deuxième partie consacrée à la conciliation.

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PARTIE I : L’ARBITRAGE COMME PROCEDURE SOUPLE ET EFFICACE POUR
RESOUDRE LES LITIGES

CHAPITRE 1 : LA NOTION D’ARBITRAGE

L’arbitrage est le règlement d'un différend par une ou plusieurs personnes (arbitre),
auxquelles les parties ont décidé de s'en remettre. Il permet généralement aux parties de
déterminer la plupart des aspects du processus pour satisfaire à leurs besoins et à la nature
du conflit. De plus, les parties peuvent choisir l'arbitre, chose que le système judiciaire
traditionnel ne nous permet pas.4

L’arbitrage est une solution remplaçante ou alternative aux procédures judiciaires. Il a


l’avantage d’être confidentiel et plus rapide qu’un procès juridictionnel. Lors d’un arbitrage,
les parties peuvent choisir un arbitre pour trancher leurs différends ou opter pour un tribunal
arbitral composé de trois membres. Chacun désigne alors un arbitre, lesquels vont être
appelés à nommer l’arbitre qui présidera ledit tribunal. Les parties peuvent être assistées par
des avocats.

a- Les conditions pour recourir à un arbitrage

Le recours à l’arbitrage implique tout d’abord que les parties au litige soient d’accord sur
ce mode de règlement du conflit, nul ne pouvant imposer à autrui un mode alternatif de
règlement des litiges. Cet accord préalable est formalisé par un écrit qui désigne le(s)
arbitre(s) et fixe les règles de procédure qui seront appliquées. Il prend le nom de clause
compromissoire s’il est prévu avant le litige, ou de compromis s’il est prévu après la naissance
d’un litige. En effet, le compromis est réalisé une fois le litige né, tandis que la clause
compromissoire intervient en prévention d’un éventuel litige (elle est insérée au sein du
contrat en prévoyant le règlement des litiges par le recours à l’arbitrage).

b- la durée de l’arbitrage
L’arbitrage est généralement encadré dans un délai :

• soit légal, soit fixé dans un règlement d’arbitrage,

4
https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/sjc-csj/sprd-dprs/res/mrrc-drrg/06.html
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• soit issu d’un calendrier de procédure fixé par le Tribunal et les parties à la procédure.

Ce calendrier tient compte du temps que les parties estiment nécessaire pour préparer
leurs mémoires écrits (équivalents des « conclusions » devant les juridictions étatiques) et
pour préparer l’audience (dont la durée dépend du temps dont les parties souhaitent disposer
pour leur plaidoiries – sous le contrôle des arbitres).

Donc, la durée de l’arbitrage dépend en grande partie de chaque dossier, de sa complexité


juridique, technique ou autre, et de la diligence des parties. S’y rajoute le temps de la
délibération et de rédaction de la sentence arbitrale par les arbitres, qui varie selon la nature
du dossier et leur charge de travail. Pour un dossier peu complexe avec un montant en litige
modeste, conduit par un arbitre unique de qualité, il n’est pas rare de voir des arbitrages
conclus en six mois à compter de la première réunion entre les parties et l’arbitre.5

c- les types d’arbitrage

L'arbitrage peut être ad hoc ou institutionnel.

L’arbitrage institutionnel consiste de démarches de règlement de différends supervisées


par un organisme ou une institution conformément au règlement d'arbitrage établi et
approuvé par l'institution.6

Les avantages de l’arbitrage institutionnel sont nombreux, parmi eux on retrouve la


simplification de la rédaction de la convention d’arbitrage ; deuxièmement une simple
référence à l’institution arbitrale suffit ; certaines institutions d’arbitrage proposent une
clause modèle par exemple : clause CCI ; la volonté des parties de recourir à un arbitrage
institutionnel oblige à s’informer sur le règlement d’arbitrage ; et finalement le choix de
l’institution constitue l’obligation de soumettre les parties à son règlement.

5
https://www.captaincontrat.com/litiges/non-respect-du-contrat/arbitrage-avantages-procedure.
6
https://can-mex-usa-sec.org/secretariat/ard-red-masc/arbitration-arbitrage-arbitral.aspx?lang=fra
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L'arbitrage est dit « ad hoc » lorsqu'il a lieu sans l'assistance d'une institution d'arbitrage.
Les avantages de l'arbitrage `'ad hoc'' sont évidents. Il s'agit d'une liberté totale laissée aux
parties, qui peuvent adopter des procédures convenant aux spécifiés de leur litige. Peut donc
parait plus souple que l'arbitrage institutionnel car celui-ci est soumis à quelques contraintes,
fussent-elles légères, de la part du centre d'arbitrage qui l'administre ou le contrôle. En
revanche, le principal inconvénient de ce type d'arbitrage réside dans les risques de blocage
qu'entraîne tout désaccord entre les parties ou de leurs arbitres respectifs, à propos de la
désignation du troisième arbitre ; par conséquent la procédure peut s'arrêter là.7

CHAPITRE 2 : LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE ARBITRALE

a- La saisine de l’arbitre

Le litige est soumis au tribunal arbitral soit conjointement par les parties, soit par la partie
la plus diligente. Une partie peut valablement saisir le tribunal arbitral à partir d’une clause
compromissoire sans transiter par l’étape du compromis en raison du caractère superflu de
celui-ci en cas de clause compromissoire valide. Néanmoins, il peut toujours être utile d’en
rédiger un. A défaut de compromis, et c’est en général fréquent dans la pratique, la mission
des arbitres peut être déterminée dans un acte de mission ou un procès-verbal de la première
réunion entre les parties et les arbitres. Par ailleurs, la demande d’arbitrage doit être faite de
manière formelle. La date à laquelle la demande a été faite doit être impérativement indiquée
pour interrompre le cours de la prescription. Elle peut se faire par lettre recommandée.

b- La communication des pièces et la conclusion

Que l’on soit dans le cadre de l’arbitrage ou de la justice étatique, les pièces et conclusions
d’une partie doivent être communiquées tant aux arbitres qu’à l’autre partie, conformément
à ce qu’exige le respect du principe du contradictoire. La production des pièces et conclusions
dans le procès arbitral, n’est cependant pas soumise aux règles qui s’imposent devant le juge.
Elle peut être entièrement écrite ou entièrement orale ou encore partiellement écrite et orale.
En pratique, la production des conclusions est souvent écrite. Mais il peut y avoir également

7
https://www.memoireonline.com/11/17/10190/m_L-arbitrage-en-droit-marocain-et-ses-evolutions14.html
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des réunions avec les arbitres à l’occasion desquelles ont lieu des débats oraux. Ceux-ci sont
généralement consignés par les arbitres dans des procès-verbaux de réunion.

c- L ‘instruction

Les actes de l’instruction et les procès-verbaux sont faits par tous les arbitres si le
compromis ne les autorise à commettre l’un d’eux. La loi permet à l’arbitre d’ordonner d’office
toutes les mesures d’instruction légalement admissibles. Il peut aussi demander des
expertises, entendre des témoins lesquels ne seront pas entendus sous serment étant que
l’arbitre n’a pas de fonction étatique. Il peut également être compétent pour trancher les
incidents relatifs à la compétence et à l’investiture de l’arbitre.

d- Le délibéré arbitral

La loi prévoit que l’arbitre fixe la date à laquelle l’affaire sera mise en délibéré. Après cette
date les débats sont clos, et c’est seulement à la demande de l’arbitre que de nouveaux
éléments peuvent être produits. L’ensemble des arbitres se doit d’y participer. En cas de refus
de l’un d’eux, le délibéré sera tout de même considéré comme valablement tenu, ceci afin
d’éviter toute paralysie de la procédure.8

e- La sentence arbitrale

Le terme sentence désigne la décision rendue par un arbitre qui sert à résoudre le conflit
entre deux ou plusieurs parties. Ainsi, le jugement est l’équivalent juridictionnel de la sentence
arbitrale. D’apres cette définition, la sentence sera donc une décision rendue par les arbitres,
c’est-à-dire une décision qui ne peut être rendue que par un ou plusieurs arbitres dans une
procédure d’arbitrage.

En somme, la sentence est une décision à contenu juridique qui met fin à un litige et qui
est différente de tout autre type de décision pouvant être rendue par un organe judiciaire.
Dès qu'elle est rendue, la sentence arbitrale a la force de la chose jugée relativement à la
contestation qu'elle tranche. La sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée qu'en

8
K.Ribahi, Fiche pédagogique. « La sentence arbitrale : exécution ». 31 décembre 2009.
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vertu d'une ordonnance d'exequatur délivrée par le président de la juridiction dans le ressort
de laquelle la sentence a été rendue.

En France, cette procédure de reconnaissance, est très rapide, gratuite, et peu


contraignante. Il suffit de présenter au juge une copie de la sentence et de la convention
d’arbitrage. L’exequatur est accordé de manière quasi-automatique dans un délai d’environ
10 jours. Même avant l’exéquatur, la sentence peut en tout état de cause servir de base à la
mise en œuvre de mesures provisoires (saisies, etc.).

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PARTIE II : LA PROCEDURE DE CONCILIATION COMME MODE ALTERNATIF AUX
PROCEDURES JUDICIAIRES CLASSIQUES

La conciliation désigne l’arrangement amiable auquel parviennent des personnes en


conflit, au besoin avec l’aide d’un tiers. Il s’agit d’un mode alternatif, rapide et gratuit de
règlement des litiges dont la nature ne nécessite pas l’engagement d’une procédure judiciaire.

Concilier signifie également, rapprocher des personnes que leur opinion ou leur intérêt
divise. Plus généralement, la conciliation désigne, d’une part, un accord par lequel deux
personnes en conflit mettent fin à celui-ci, la solution du différend résultant non d’une
décision de justice, ni même de celle d’un arbitre mais de l’accord des parties elles-mêmes et,
d’autre part, la phase de procédure au cours de laquelle il est tenté de parvenir à cet accord
par le biais d’un mode de règlement amiable du litige. 9

En France il existe des juridictions devant lesquelles un préliminaire de conciliation est


obligatoire. Ce préliminaire se caractérise par une tentative de conciliation, lorsqu’elle
précède l’instance de jugement, surtout dans les cas où la loi subordonne le jugement d’une
affaire à une tentative préalable de conciliation (et à la constatation de l’échec de celle-ci),
comme c’est le cas en matière prud’homale où il existe un préliminaire obligatoire de
conciliation devant le bureau de conciliation et d’orientation.

L’objectif de la conciliation est que les parties parviennent à un accord directement ou


grâce à l’intervention d’une tierce personne appelée conciliateur. La mission de conciliation
est une des fonctions du juge mais cette mission peut également être confiée à des tiers non
juges.

A cet ordre d’idée, il sera nécessaire de faire une classification aux types de conciliation

(CI), ainsi que quelques cas où la conciliation est introduite, en matière civile et pénale (C2).

CHAPITRE 1 : LES TYPES DE LA PROCEDURE DE LA CONCILIATION

En raison de leur grande diversité, les procédures de conciliation pourraient être


classées en catégories selon de multiples critères : organique, matériel, structurel... Pour

9
A.FORGE, 2016. « Les modes alternatifs de règlement des litiges en droit du travail » mémoire de master.
Université Panthéon-Assas,Paris II.
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autant, seulement ces deux types seront traités, retenus traditionnellement par la doctrine
pour présenter les modes alternatifs de règlement des conflits : la nature extrajudiciaire (1) ou
judiciaire (2) de la conciliation.

1. La conciliation extrajudiciaire

La conciliation est dite extrajudiciaire lorsqu'elle est mise en œuvre en dehors de toute
instance judiciaire et que son initiative, son déroulement et l'exécution de l'éventuel accord
en résultant, échappent à tout contrôle du juge. L’extrajudiciaire suppose l’absence de tout
lien avec le juge ou le monde judiciaire. Cette catégorie de conciliation, très vaste, peut être
encore scindée en deux sous-catégories, qui distinguent selon que les modalités
d'organisation de la procédure sont plus ou moins formelles : ainsi, la conciliation
consensuelle, ou ad hoc (a) se distingue de la conciliation institutionnelle (b) par son absence
de formalisme. Le recours à l’un ou l’autre de ces types de conciliation peut être décidé d’un
commun accord par les parties, une fois le litige né. Mais l’hypothèse la plus fréquente reste
néanmoins la prévision anticipée, avant même qu’un litige ne naisse, par l’insertion de clauses
dites de conciliation dans les contrats régissant les rapports entre les parties.

a- La conciliation ad hoc ou consensuelle

La conciliation est dite ad hoc, consensuelle ou encore spontanée lorsque sa mise en


œuvre, ses modalités d'application et son issue ne sont soumis à aucun formalisme particulier
et dépendent de la seule volonté des parties en conflit, qui sont libres d’organiser la procédure
comme elles l'entendent : « le consensualisme consacre la liberté d’expression du
consentement ». Concrètement, cette liberté signifie que les parties peuvent décider soit de
négocier directement entre elle la solution du litige, soit de faire appel à un tiers. Dans ce
dernier cas, libre à elles encore une fois de désigner une personne physique ou bien une
personne morale et de lui confier une mission de conciliation plus ou moins active dont elles
déterminent librement le contenu et la durée. 10

La conciliation extrajudiciaire consensuelle est donc un mode amiable ou


conventionnel de règlement des conflits, mis en œuvre en dehors de toute instance judiciaire

10
JOLY-HURARD, Julie. Chapitre préliminaire. Conciliation et médiation judiciaires, formes de conciliation In :
Conciliation et médiation judiciaires [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2003
(généré le 21 décembre 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/puam/686>. ISBN :
9782821853362. DOI : https://doi.org/10.4000/books.puam.686.
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et échappant dans son intégralité à tout contrôle du juge, par lequel les parties, seules ou avec
l'aide d'un tiers bénévole qui a leur confiance, décident de confronter leurs points de vue
respectifs afin de trouver une solution amiable à leur différend.

Lorsque les parties font appel à un tiers, il doit faciliter la recherche d'une solution
amiable sans, en principe, faire de proposition. L'accord éventuel en résultant doit,
idéalement, émaner des parties elles-mêmes.

b- La conciliation institutionnelle

Contrairement à la conciliation consensuelle, la conciliation est dite institutionnelle ou


instituée lorsqu'elle est encadrée par une réglementation particulière, autrement dit, qu’elle
« résulte de règlements de conciliation édictés par des organismes spécialisés ». On trouve
des exemples de conciliation institutionnelle chaque fois que la conciliation est organisée
conformément à des dispositions réglementaires ou législatives ou encore, conformément
aux dispositions d’un règlement ou du statut d'une institution spécialisée dans le règlement
amiable des conflits, qu’il s’agisse d’une personne physique ou d’une personne morale.

La conciliation extrajudiciaire institutionnelle est donc une forme particulière de


conciliation extrajudiciaire par laquelle un tiers personne physique ou personne morale soit-
il, spécialisé dans le règlement amiable de certains conflits est chargé, en vertu du
consentement des parties ou en vertu de la loi, de confronter leurs points de vue respectifs
afin de trouver une solution amiable au différend qui les oppose conformément aux règles qui
organisent son activité.

Lorsque les parties décident de recourir à de telles institutions, soit directement une
fois le litige né ou bien préalablement à l’existence de tout litige au moyen d'une clause de
conciliation ou de médiation, elles acceptent de se soumettre aux dispositions des règlements
internes de ces organismes, sans pouvoir a priori en modifier les termes. 11

2. La conciliation judicaire
Deux éléments caractérisent la conciliation judiciaire : la première est que la conciliation est
mise en œuvre dans le cadre d’une instance judiciaire (a) ; la seconde, qu’elle se déroule
sous l’égide du juge (b).

11
Idem.
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a- Nécessite d’une instance judiciaire

Pour qu’une conciliation soit judiciaire, elle doit être mise en œuvre dans le cadre ou à
l’occasion d’une instance judiciaire. Indépendamment du moment où intervient la
conciliation, de l’introduction de l’instance au prononcé du jugement, il importe que la
procédure amiable soit effectivement menée à l’occasion d’une instance introduite et non
encore éteinte.

b- Le juge et la conciliation

La conciliation judiciaire ne saurait être réduite à une conciliation mise en œuvre dans le
cadre d’une instance judiciaire : encore faut-il que son déroulement s’effectue sous le contrôle
du juge. Cette égide ou ce contrôle ne doit pas être purement théorique mais se manifester
par l’accomplissement d’actes judiciaires positifs - ordonnances, jugements, mesures
d’administration judiciaire etc. - destinés à promouvoir, ordonner, contrôler la conciliation,
voire simplement à la constater. Schématiquement, on observe que l’égide du juge peut
consister, soit en l’exercice d’une tutelle sur la procédure de conciliation, soit en le constat de
l'accord des parties résultant de la conciliation, afin d’en tirer les conséquences sur le plan
judiciaire.

L’égide du juge peut tout d’abord prendre la forme de l’exercice d’une tutelle sur la
procédure de conciliation. Cette tutelle est une manifestation du pouvoir général
d’appréciation conféré au juge par le législateur. En effet, la volonté du législateur d’encadrer
le déroulement de la conciliation par des dispositions réglementaires détaillées, en vue de
protéger les intérêts des parties comme d’assurer le bon fonctionnement du service public de
la justice, ne lui a pas fait perdre de vue la nécessité de laisser au juge.

Ainsi, il y aura bien évidemment tutelle du juge sur la procédure de conciliation si ce


dernier est directement à l’origine de la procédure amiable parce qu’il en a pris l’initiative,
mais également si, au cours d’une procédure de conciliation engagée spontanément par les
parties en cours d’instance, celles-ci lui demandent d’intervenir. Dans ces deux cas de figure,
le juge participe activement aux procédures de conciliation ; il en est en quelque sorte le
« maître d’œuvre » ; il y joue le rôle de juge-conciliateur. Mais le juge peut également être
amené à exercer sa tutelle alors même que ce n’est pas lui qui mène la procédure de
conciliation, mais un tiers qu’il a désigné à cette fin sur accord des parties. Si le procès est la
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chose des parties, il est aussi un service public dont il appartient au juge d’assurer le bon
fonctionnement en vue de parvenir à une solution la plus juste possible.

CHAPITRE 2 : LES CAS DE CONCILIATION

Le développement récent de la conciliation en tant que mode alternatif de règlement


des conflits pourrait bien caractériser une autre façon de faire la justice. La conciliation ou la
procédure de conciliation est devenue présente dans plusieurs matières. Le droit marocain
quant à lui, reconnait cette pratique dans certains domaines comme un passage obligatoire
avant d’entamer certaines procédures judiciaires.

a- La conciliation en matière civile

Il existe des cas où la procédure de conciliation devient une étape nécessaire et


obligatoire, et d’autres cas où elle est fortement recommandée.

La conciliation est une notion présente dans le code de procédure civile à travers les
articles suivants :

 Pour ce qui est des procédures en matière de statut personnel, l’article 180 énonce que
« Lorsque le juge est saisi d'une procédure, il convoque immédiatement les parties à une
audience. A cette première audience, les parties doivent comparaître en personne ou par
leur représentant légal et il est toujours procédé à une tentative de conciliation.

Si cette conciliation intervient, le juge rend immédiatement un jugement constatant


l'accord, qui met fin au litige, a force exécutoire et n'est susceptible d'aucun recours. ».

 Concernant la procédure en matière sociale, la conciliation est pratiquée dans ce sens par
le juge au début de l’audience avant de procédé à une procédure purement judiciaire. Et
ce à travers les termes de l’article 277 du code de la procédure civile qui énonce que : « Le
juge, au début de l'audience, tente de concilier les parties. ». Egalement l’article suivant
ajoute qu’ : « En cas de conciliation, il constate les conditions de l'accord dans les formes
suivantes : - en matière de conflit du travail ou de différend entre employeur et salarié,
l'accord est constaté par une ordonnance ;

- En matière d'accidents du travail et de maladies professionnelles, l'accord est constaté


par une ordonnance qui indique la date de l'accident, le point de départ de l'indemnité ou de

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la rente et tous les éléments qui ont servi au calcul de l'indemnité ou de la rente dans les
conditions prévues par la législation en vigueur et, en cas de révision de la rente, la mention
de l'aggravation ou de l'atténuation de l’incapacité ;

- en matière de sécurité sociale, l'accord est constaté, suivant le cas, par procès-verbal
ou, lorsque le litige porte sur les indemnités ou pensions, par ordonnance qui indique tous les
éléments qui ont servi au calcul desdites indemnités ou pensions, dans les conditions prévues
par la législation relative à la sécurité sociale. »

Finalement le même article ajoute dans son dernier alinéa que « Le constat de l'accord, soit
par procès-verbal, soit par ordonnance, met fin au litige. Il a force exécutoire et n'est
susceptible d'aucun recours. ».

Néanmoins, si en matière d’accident de travail et de maladies professionnelles, la conciliation


n’a pu avoir lieu le juge établit un procès-verbal de non-conciliation. En matière de conflit de
travail également, si la conciliation n’a pu aboutir le tribunal peut statuer immédiatement.

 Dans un autre côté la procédure de conciliation est mentionnée par le législateur, au dahir
du 22 mai 1994 relatif à la prorogation des baux d'immeubles à usage commercial,
industriel ou artisanal. A travers l’article 28 qui dispose que « Le président du tribunal de
première instance saisi ou le Juge qui le remplace a pour mission de concilier les parties. Il
doit dresser à l'audience de conciliation un procès-verbal dans lequel seront consignés,
notamment, les motifs de refus opposés par le bailleur ainsi que les demandes et offres
respectives des parties, tant sur le prix, la durée, le point de départ et les autres conditions
du bail, que sur le montant des indemnités prévues par le présent dahir et pouvant être
dues par le bailleur.
Les parties pourront se faire assister ou représenter par un avocat. Toutefois, le juge pourra
ordonner leur comparution personnelle.
Le président du tribunal est saisi par requête écrite ou par déclaration faite au greffe et
accompagnée du versement du montant de la taxe judiciaire.
En aucun cas, une demande tendant à faire statuer sur l'expulsion du locataire ne pourra
être jointe à la procédure de conciliation. Le président du tribunal convoquera les parties à

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son audience, huit Jours au moins à l'avance, dans les formes prévues aux articles 5512 et
suivants du dahir formant Code de procédure civile. ».
 Finalement la conciliation en matière de divorce trouve son fondement dans l’article 81
du code de la famille, qui dispose dans son premier alinéa que « Le tribunal convoque les
époux pour une tentative de conciliation ». Et donc à travers cet article le juge est chargé
de convoquer les deux époux afin d’assurer des audiences de conciliation avant l’instance
judiciaire. Cette tentative de conciliation a pour finalité de faire renoncer les époux au
divorce surtout quand il s’agit d’un divorce contentieux.
b- La conciliation en matière pénale

Il convient de mentionner encore une fois qu’aucune définition législative n’a était
donnée à la conciliation même en matière pénale aussi, tel est cas même en France.
Néanmoins en matière pénale la nomination diffère on parle plutôt de la transaction et non
pas de conciliation.

La transaction pénale est une procédure alternative aux poursuites pénales qui
constitue l'une des modalités d'extinction de l'action publique. L'objet de cette transaction
porte principalement sur une somme d'argent dont l'auteur de l'infraction devra s'acquitter.
Cependant, il pourra aussi s'agir d'obligations telles que cesser l'infraction, éviter son
renouvellement ou réparer le dommage.

La transaction au Maroc est citée brièvement dans le code pénal (art 4913), elle est
encadrée par les articles 41 du CPP et 486 pour les mineurs. Dans les juridictions répressives,
son usage n'est pas rare : En 2018, le ministère public a dressé 7.566 procès-verbaux de
transaction et 3.212 personnes en ont bénéficié. Mais elle gagnerait à se démocratiser,
sachant qu'elle concerne essentiellement des faits qui présentent un degré de gravité mineur.

12
CPC, art 55. « Le juge peut, soit sur la demande des parties ou de l'une d'elles, soit d'office, ordonner avant
dire droit au fond, une expertise, une visite des lieux, une enquête, une vérification d'écriture ou toute autre
mesure d'instruction. Le ministère public peut assister à toutes les mesures d'instruction ordonnées par le
tribunal. ».
13
CP, art 49. « Tout condamné doit subir entièrement les peines prononcées contre lui, à moins que
n'intervienne l'une des causes d'extinction, d'exemption ou de suspension ci-après : 1° La mort du condamné ;
2° L’amnistie ; 3° L'abrogation de la loi pénale ; 4° La grâce ; 5° La prescription ; 6° Le sursis à l'exécution de la
condamnation ; 7° La libération conditionnelle ; 8° La transaction lorsque la loi en dispose expressément. ».
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L’article 41 du code de la procédure pénale dispose que la transaction couvre en effet
les infractions punies d'une peine d'emprisonnement égale ou inférieure à deux ans, ou/et
celles dont l'amende maximale ne dépasse pas 5.000 DH.

S’agissant de la procédure d’application de la transaction ce même article prévoit deux


cas de figure :

Dans le premier, la demande de transaction est initiée par le plaignant ou le prévenu.


Cette requête est soumise au procureur du Roi, qui doit dresser un procès-verbal après
entente des parties sur les termes de l'accord.

Le parquet transmet alors le PV au président du tribunal, qui procède, en personne ou


par son délégué, à sa validation en chambre du conseil qui statue par ordonnance
insusceptible d'appel. L'ordonnance comporte l'accord des deux parties et, le cas échéant, ce
qui suit :

o Le paiement d’une amende ne dépassant pas la moitié du maximum prévu par la


loi.
o La fixation d’un délai d’exécution de la transaction.

Dans le deuxième, la partie lésée ne se présente pas ou n'existe pas (ex : affaire de
consommation de drogue). Ici, l'initiative de la transaction revient au procureur, qui peut
proposer au prévenu le paiement de la moitié du maximum de l'amende prévue pour
l'infraction. A partir de là, la suite de la procédure est à peu près la même que pour le premier
cas (PV, validation par le président du tribunal etc.).

Quel que soit le cas, les effets sont les mêmes. La procédure de transaction et l'ordonnance
rendue par le président suspendent la mise en mouvement de l'action publique. Mais le
procureur pourra toujours l'enclencher si le PV n'est pas validé ou si, après validation, les
termes de la transaction ne sont pas exécutés ou encore si de nouveaux éléments
apparaissent, affectant l'action publique.14

14
A. EL HOURRI. (2021), « Justice : un nouveau souffle pour la transaction pénale ».
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CONCLUSION

Les modes alternatifs sont devenus un élément à part entière du système de régulation
juridique et il faut en consolider, à la fois, la diversité et la sécurité. La principale raison étant
que les modes de règlements amiables peuvent être judiciaires ou extrajudiciaires ; et peuvent
faire intervenir un tiers ou non ; ils peuvent être préalables à l’instance ou se produire en cours
d’instance ; ils peuvent déboucher sur un contrat ou sur un jugement.

Au Maroc, une action en justice efficace ne doit pas être précédée d’une tentative de
règlement à l’amiable, mais cela fait l’exception en quelques matières l’exemple du droit de
travail et en droit de la famille. En somme en droit du travail, une seule tentative suffit, or
qu’en droit de la famille, l’accord à l’amiable doit échoué trois fois avant qu’une action en
justice puisse être engagé. Tous ces procédés à fin d’alléger l’encombrement des dossiers ou
des affaires existants auprès des tribunaux, en même temps ils offrent aux parties un gain de
temps et leurs assure des jugements tres similaires à ceux qu’ils allaient avoir suite à une
procédure judiciaire classique, et des fois même plus avantageux.

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES SPECIAUX ET GENERAUX

 Joly-Hurard, Julie. Conciliation et médiation judiciaires. Aix-en-Provence : Presses


universitaires d’Aix-Marseille, 2003. Web. <http://books.openedition.org/puam/679>.

THESES ET MEMOIRES

 Alexis FORGE, 2016. « Les modes alternatifs de règlement des litiges en droit du travail »
mémoire de master. Université Panthéon-Assas, Paris II.
 Karima Ribahi, « La sentence arbitrale : exécution ». 31 décembre 2009.
TEXTES LEGISLATIFS
 Code de procédure pénale marocain.
 Code de procédure civile marocain.

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