Vous êtes sur la page 1sur 10

INTRODUCTION

Le système judiciaire a été conçu afin de pouvoir assurer à chaque citoyen


camerounais le droit à une justice équitable. C’est un droit fondamental. Cependant l’accès à
la justice ne relève par qu’uniquement de la volonté du demandeur. Ce dernier doit au
préalable respecter chaque étape de la procédure 1. Il est donc exigé aux parties d’accomplir
un certains nombre d’actes de la procédure dans les formes et délais requis avant qu’une
instance civile ne soit effective. Les exigences formelles sont donc manifestes pour ce type
d’actes. Cette nécessité d’accomplir ces actes dans les formes déterminée par la loi relève du
formalisme plus précisément du formalisme de l’instance civile.

Par définition, le formalisme est un principe juridique en vertu duquel une formalité
(ex. : la rédaction d’un écrit) est exigée par la loi pour la validité d’un acte. 2 En outre c’est
une exigence de forme poussée au plus haut degré (on parle de formalisme substantiel) qui
consiste à subordonner la validité d’un acte (dit *solennel) à l’accomplissement de
formalités déterminées. L’instance quant à lui est le lien juridique qui unit les parties à un
procès et le juge, créateur de doits et obligations, qui se crée avec la demande en justice, et
qui se défait avec la décision juge. Autrement dit, l’instance est un terme technique désignant
une suite d’actes de procédure3 allant de la demande en justice jusqu’au jugement 4. Le
principe du formalisme exige à cet effet que soit respecté un certain nombre de condition de
formes dont l’inobservation entacherait l’acte de procédure.

Dans une procédure écrite de l’instance, il permet de rendre effectif le droit à la


défense du défendeur. En effet, les actes de procédure font l’objet d’une réglementation
distincte des actes juridiques classiques : ici l’instrumentum (formalisation au plan matériel)
prévaut sur le negotium( opération intellectuelle) sans doute à cause, car ils s’agit en majorité
des actes unilatéraux pour lesquels se pose un problème d’information de l’adversaire. Cela
explique qu’ils fassent l’objet de formalisme et de sanction 5. Respecter les formes et les
mentions exigées aux fins d’accomplir un acte de procédure, permet aux autres parties de
l’instance, de cerner de manière limpide l’enjeu de cette instance. A cet effet, comment
appréhende t'on le formalisme de l’instance civile ?

L’instance étant une suite d’actes menant à la décision de justice, le formalisme se


manifeste à travers les actes des parties et ceux du juge en question.

Pour pouvoir réalise ce travail de recherche scientifique, nous avons usé de la méthode
exégétique qui nous a permis d’interpréter les ouvrages, les articles de doctrines, les textes…
En outre, nous avons recours à la technique documentaire qui, grâce aux descendent dans les
bibliothèques, nous a permis de rassembler cet ensemble des documents énumérés dans la
bibliographie nécessaire à l’élaboration de ce travail.
1
La procédure désigne « l’ensemble des formalités par lesquelles un litige, une difficulté d’ordre juridique
peuvent être soumis à un tribunal pour aboutir à une solution » : S. GUINCHARD, C. CHAINAIS et F.
FERRAND, Procédure civile, Droit interne et droit de l’Union européenne, 30e éd., Dalloz 2010, n° 1, p. 1.
2
Serge GUINCHARD, Lexique des termes juridiques, Dalloz, 25ème édition, 2017-2018,
3

4
Serge GUINCHARD, Lexique des termes juridiques, ibid
5
u
Étant un ensemble de formalités exigé par la loi, le formalisme de l’instance civile,
peut être appréhendé tant au niveau des actes posés par le juges(I) que ceux des parties(II).
I- LES ACTES DU JUGE

On attend par actes du juge,

A- Le formalisme du jugement

En général, le jugement désigne une décision rendue par un tribunal. Mais au niveau
de la procédure, le terme de jugement est souvent employé de manière plus large pour
désigner toutes les décisions des juridictions6. Par ailleurs de la nature du jugement va
dépendre la nature du moyen de contestation de ce jugement.

On parle de jugement quand la décision est rendue par une juridiction du premier
degré, c’est-à-dire le tribunal qui examine en premier le litige. On parle d’arrêt quand la
décision est rendue par une juridiction du second degré, c’est-à-dire une cour qui examine
une seconde fois le litige une fois qu’une décision a été rendue7.

L’écrit est l’une des formes exigée pour les jugements bien qu’aucun texte ne le
prévoit expressément, cette exigence se déduit d’un certain nombre de mentions qui doivent
être reproduites. Un jugement ne peut donc pas prendre une forme orale. L’original qui
constate par écrit la décision des juges est qualifié de minutes 8. Cette minute alors est
conservée par le greffier, ce qui permet d’assurer la publicité du jugement et de son
exécution.

En général, les décisions de justice comprennent trois grande parties à savoir les
qualités ; les motifs et le dispositif.

Les qualités sont indicatives, informatives 9. Il y est mention, de la date de la décision,


du nom de la juridiction, des noms et prénoms de membres de la juridiction, des noms et
prénoms des parties, de leur qualité à l’instance, du nom de leurs avocats ou représentants.

Les motifs sont démonstratifs, justificatifs. Ce sont les raisons de fait et de droit qui
justifient la décision et qui sont exposés avant le dispositif 10 ; il s’agit des raisons que le juge
indique comme l’ayant déterminé à se prononcer comme il l’a fait.

6
Alexia, Les différents types de jugements, https://www.alexia.fr/fiche/7805/jugement.htm
7
Alexia op. cit., P.8.
8
V. BAMDE (A.), BOURDOISEAU(J.), La conservation de la minute du jugement et délivrance des copies et
des expéditions, 2019, P.2
9
COLOMBET (H.), GOUTTEFANGEAS (A.), « La qualité des décisions de justice », revue droit et société
2013, P.155-176
10
DZEUKOU (G.B.), Pratique de la rédaction des actes de justice, cours en MII Caju, 2024, P.19
Le dispositif est décisif, sentencieux11. C’est la partie finale de la décision qui, faisant
suite aux motifs énoncés afin de la justifier, contient la solution donnée par le juge au cas
d’espèce, et qui, constituant la chose jugée, est seule dotée, à l’exclusion des motifs, de
l’autorité que la loi attache à celle-ci.

Néanmoins, ces trois grandes divisions sont généralement :

- précédées d’un chapeau préliminaire souvent libellé ainsi :

« Audience publique ordinaire du ….

Au nom du Peuple camerounais … » (décisions des juges du fond)

« République du Cameroun

Au nom du Peuple camerounais … » (arrêts de la Cour suprême)

- Assorties de mentions (dont certaines en marges, à gauche) donnant des


références sur la décision (nature, numéro, date), l’année judiciaire, la nature de
l’affaire, le dossier de la procédure, etc.

En matière civile et commerciale de droit écrit, ce sont les articles 38 et suivants du


CPCC qui règlementent le contenu des jugements et arrêts :

Les jugements sont rédigés en minutes. Ils énonceront qu’ils ont été rendus en
audience publique et indiqueront clairement la date à laquelle ils ont été rendus. Ils
contiendront les noms des magistrats et du greffier qui auront siégé.

Les jugements contiendront en outre les noms, profession, domicile des parties, l’acte
introductif d’instance et le dispositif des conclusions, les motifs et le dispositif. Il y sera
indiqué si les parties se sont présentées en personne ou par mandataires, ou s’il a été jugé sur
mémoires produits.

Les greffiers sont spécialement chargés sous surveillance du juge, de la rédaction des
qualités qui comprennent l’acte introductif d’instance et le dispositif des conclusions des
parties12.
11
PUIGELIER (C.), Une sentence est un acte juridictionnel (E. PUTMAN, La sentence arbitrale et son
exécution, RRJ, 1996, pp. 17 et s. sur la notion d’arbitrage, C. JARROSSON, La notion d’arbitrage, thèse Paris
II, 1987).
12
Autrefois, le jugement en tant qu’acte de procédure écrit, n’était pas l’œuvre exclusive du juge. Il se
composait de deux parties distinctes qui n’étaient pas rédigées par les mêmes personnes. La première était
Le président ou le juge et les greffiers signeront chaque jugement dans un délai
maximum de cinq jours à compter du jour de son prononcé. Dans un jugement ou un arrêt, il
est fait mention de la condamnation aux dépens ; si la décision condamne à des dommages-
intérêts, elle doit faire mention de leur modalité de liquidation.

B. L’ordonnance

Le terme ordonnance s’entend fondamentalement d’une décision judiciaire,


dans bien des cas rendue en cours d’instance, qui oblige une personne à faire quelque chose
ou lui interdit de faire quelque chose.
En procédure judiciaire, l'ordonnance est une décision prise par un juge. Le juge statue
seul, dans certains cas, dans son cabinet, donc hors de l'audience publique. Cette procédure a
été instituée, soit en raison de l'extrême urgence, et pour régler au moins provisoirement une
situation qui ne peut souffrir une quelconque attente ou qui risque de s'aggraver. En
ordonnant une expertise, soit pour prescrire une mesure conservatoire. Elle peut être sur
requête ou de référé.
Les ordonnances sur requête, avec les ordonnances de référé, constituent la
manifestation du pouvoir du président des juridictions civiles de statuer à titre provisoire sur
certaines demandes. Ces deux types d'ordonnance sont des décisions provisoires dont l'objet
est d'ordonner des mesures urgentes.
1. Procédure d'ordonnance sur requête
La procédure d'ordonnance sur requête est une procédure non contradictoire13, c'est-à-
dire que les parties ne sont pas convoquées à l'audience (pas de débat). La requérante
présente sa requête écrite, précise et motivée au tribunal. Ainsi le juge qui est, selon les cas,
le président du tribunal judiciaire le juge d'instance ou le 1er président de la cour d'appel,
peut accepter ou refuser la requête.
L'ordonnance est la décision du juge. Elle doit être motivée 14 et est exécutoire sur
simple présentation de l’ordonnance sans aucune notification préalable à celui contre lequel
l’exécution est poursuivie.
Exemples: ordonnance qui autorise un créancier (requérant) à saisir à titre
conservatoire son débiteur, ordonnance qui ordonne un constat d'huissier de justice, etc.

l’œuvre du juge, assisté de son greffier, c’était la minute, partie essentielle, car contenant outre les mentions
nécessaires à la constatation de la régularité du jugement, les motifs et le dispositif. Mais que le jugement fut
complet, il fallait qu’à la minute fut joint un autre document, œuvre des parties ou plutôt de leurs avoués, les
qualités.
13
BRAUDO Serge, Ordonnance définition, Dictionnaire juridique.https://www.dictionaire-juridique.co...
14
GUINCHARD Serge (dir.), Droit et pratique de la procédure civile, Dalloz, 9e éd.,Paris, 2018, p.980.
La décision prise par ordonnance est une décision provisoire dans le sens que le juge
du fond qui jugera l'affaire ultérieurement n'est pas lié par l'ordonnance sur requête. Le juge
du fond peut donc décider autrement.

2. Procédure d'ordonnance de référé


C’est une procédure contradictoire grâce à laquelle une personne peut dans certains
cas comme par exemple dans les affaires urgentes, dans celles qui ne se heurtent à aucune
contestation sérieuse et qui justifie l’existence d’un différend, ou alors pour prévenir un
dommage imminent ou bien pour faire cesser un trouble manifestement contraire à la loi,
peut saisir le juge des référés pour obtenir une décision provisoire. La décision du juge des
référés peut-être : des mesures conservatoires, des mesures de remise en état, des
condamnations à des astreintes, aux dépens ou au paiement d’une provision.
Dans cette situation, le juge, généralement le président de la juridiction compétente,
est saisi par voie d'assignation. La décision est rendue sous forme d'une ordonnance et lors
d'une audience publique en respectant le principe du contradictoire. Ensuite, l'ordonnance est
immédiatement exécutoire à titre provisoire. Le juge du fond qui jugera l'affaire
ultérieurement n'est pas lié par l'ordonnance de référé. Ce dernier statue sur le fonds du litige
mais de manière rapide. Il rend un jugement et non plus une ordonnance, qui a autorité de la
chose jugée.
Dans certains cas, la procédure n'est pas suivie d'une manière contradictoire. La partie
qui n'a pas été appelée dispose alors d'un droit de rétractation 15. La rétractation a lieu en
référé, elle est menée au contradictoire des parties.
L'ordonnance sur requête est une décision provisoire rendue non contradictoirement
dans les cas où le requérant est fondé à ne pas appeler de partie adverse (désignation d'un
administrateur provisoire, sommation interpellatrice, saisie conservatoire lorsque le
requérant ne dispose pas d'un titre exécutoire). Le juge qui a émis l'ordonnance a la faculté
de la modifier ou de la rétracter. Le juge auquel s'adresse la personne qui sollicite le
rétractation de son ordonnance, est saisi en la forme des référés. Il s'agit, en matière civile,
d'une procédure fondée sur l'urgence de la situation ou pour régler de façon provisoire une
situation.

II- LES ACTES DES AUXILIAIRES DE JUSTICE

15
GUINCHARD Serge (dir.), Op. cit, p.982.
B- LES CONCLUSIONS ET MÉMOIRES

Les conclusions consiste en l’énoncé des prétentions respectives des parties à un


procès, présenté soit oralement soit, le plus souvent écrit, et rédigé par la partie ou son
avocat16. Par extension, se sont les écritures matérialisant cet acte, un tel écrit contenant en
outre l’exposé du fait et du droit. 17 Par ailleurs la conclusion est un acte par lequel les parties
déclaraient, une fois les preuves faites, n’avoir plus rien à ajouter en fait et en droit à la cause
est Les premières conclusions du demandeur sont des conclusions initiales, elles sont suivies
des conclusions en réponse du défendeur.

Le mémoire quant a lui un document qui, en certaines procédures ou devant certaines


juridictions, remplace à la fois les conclusions et la plaidoirie (en ce qu’il contient les
arguments et les prétentions d’une partie) et qui, de ce fait, constitue la pièce maîtresse d’une
procédure écrite. C’est un Document écrit contenant l’exposé des prétentions d’un plaideur.
Contrairement aux conclusions, le mémoire n’est produit que devant les cours nationales.

Les formes rédactionnelles des conclusions et mémoires sont libres. Toutefois, ces
actes doivent comporter certaines mentions : la liste des pièces dont l’une des parties
entendra faire usage18. Par ailleurs, conformément à l’article 96 du code de procédure civile
et commerciale du Cameroun : « toutes pièces non mentionnées dans les mémoires et
assignations ou conclusions d’une partie ou dont la communication aura été refusée sera
rejetée des débats même d’office par le juge ». Dès lors, une conclusion ou un mémoire qui
n’est pas suffisamment déterminée sera déclaré(e) irrecevable. Le tribunal ne peut pas se
prononcer sur une conclusion ou un mémoire pour laquelle il risque de juger ultra petita.
Bien libre dans leurs rédactions, les mentions exigées lors de la matérialisation des
conclusions et mémoires dans une procédure écrites sont obligatoires sous peine de tomber
sous les jougs de l’article 94 et 96 du CPCC du Cameroun. En effet, le législateur par la
consécration de ces dispositions, œuvre à rendre effectif le droit à la défense 19 accordé à
chaque citoyen camerounais par la Constitution révisée en 1996 dans son préambule.

16
CORNU (G.), Vocabulaire juridique, 12ème édition, 2016,
17
Article 31 su code de procédure civil et commercial : « Ᾰ l’audience, les parties (ou leurs mandataires) sont
autorisés à présenter des observations orales ou à développer leurs conclusions ».
18
Article 94 : « La liste des pièces dont l'une des parties entendra faire usage sera mentionnée dans ses
conclusions ou mémoires. La partie adverse pourra même par lettre demander communication
desdites pièces. Celles-ci seront déposées et communiquées sans déplacement au greffe de la
juridiction saisie » et 94 du CPCC
19
Le droit à la défense regroupe : le droit de contester les arguments et prétentions du demandeur, le droit
d’être informé des pièces et preuves détenues par l’adversaire, le droit le droit de formuler des demandes
reconventionnelles…
CONCLUSION

Au terme de cette analyse qui portait sur la question de savoir comment appréhender le
formalisme de l’instance civile, il ressort que les mentions
Bibliographie

I- OUVRAGES GÉNÉRAUX ET SPÉCIALISÉS

1) Alexia, Les différents types de jugements,


https://www.alexia.fr/fiche/7805/jugement.htm
2) V. BAMDE (A.), BOURDOISEAU(J.), La conservation de la minute du jugement et
délivrance des copies et des expéditions, 2019, P.2
3) DZEUKOU (G.B.), Pratique de la rédaction des actes de justice, cours en MII Caju,
2024, P.19
4) PUIGELIER (C.), Une sentence est un acte juridictionnel (E. PUTMAN, La sentence
arbitrale et son exécution, RRJ, 1996, pp. 17 et s. sur la notion d’arbitrage, C.
JARROSSON, La notion d’arbitrage, thèse Paris II, 1987).

5) S. GUINCHARD, C. CHAINAISet F. FERRAND, Procédure civile, Droit interne et


droit de l’Union européenne, 30e éd., Dalloz 2010, n° 1, p.

II- ARTICLES DE DOCTRINE

1) COLOMBET (H.), GOUTTEFANGEAS (A.), « La qualité des décisions


de justice », revue droit et société 2013, P.155-176.

III- DICTIONNAIRES

1) CORNU (G.), Vocabulaire juridique, 12 ème édition, 2016,


2) GUINCHARD Serge (dir.), Droit et pratique de la procédure civile,
Dalloz, 9e éd.,Paris, 2018
3) BRAUDO Serge, Ordonnance définition, Dictionnaire
juridique.https://www.dictionaire-juridique.com.

IV- LÉGISLATIONS

1) Constitution
2) Code de Procédure Civile et Commerciale du Cameroun

Vous aimerez peut-être aussi