Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
3
Remerciements
4
Résumé : Les Turcs ne veulent Summary: The Turks do not
pas se laisser faire. Suite à des want to be taken in. Following
déclarations d’officiels statements by Moroccan
marocains sur la volonté de officials about the desire to
revoir certains aspects de review certain aspects of the
l’accord de libre-échange conclu free trade agreement between
entre les deux pays, c’est le the two countries, this is the
branle-bas de combat en turmoil of combat in Turkey. It
Turquie. Il faut dire que la must be said that the balance of
balance de l’accord de libre- the Moroccan-Turkish free
échange Maroco-turc penche trade agreement tilts largely in
largement en faveur d'Ankara. favor of Ankara. The figures are
Les chiffres sont édifiants. Ainsi, edifying. Thus, imports from this
les importations en provenance country have simply quadrupled
de ce pays ont été tout since the entry into force of the
simplement multipliées par free trade agreement in 2006.
quatre depuis l’entrée en This is what we will try to
vigueur de l’accord de libre- achieve by a studying the
échange en 2006. Ce qu’on va Turkish chain of stores in
essayer de concrétiser par une Morocco: BIM.
étude sur la chaîne de magasins
turcs au Maroc : BIM.
Mots-Clés :
Accord de libre-échange Marocoturc, Rééquilibrage, Révision, Crise.
5
SOMMAIRE
Remerciements ................................................................................................ ............ 4
Sommaire ......................................................................................................... ............ 6
Liste des abréviations ....................................................................................... ............ 7
Introduction ..................................................................................................... ............ 8
Première partie : Accord de libre-échange MarocoTurc ..................................... ......... 11
Chapitre I : Généralités sur l'accord de libre-échange MarocoTurc .............................. 12
Chapitre II : L'impact de l'accord de libre-échange sur l'économie marocaine.... .......... 15
Chapitre III : Crise : ALE Maroc-Turquie, vraie pomme de discordance................ ......... 20
Chapitre IV : Le rééquilibrage de l'ALE MarocoTurc ........................................... .......... 21
Chapitre V : La chaîne de distribution turque Bim dans l'ALE MarocoTurc ......... .......... 22
Deuxième partie : Etude de cas : BIM ................................................................ ......... 24
Chapitre I : Etude documentaire ........................................................................ ......... 25
Chapitre II : Etude qualitative ............................................................................ ......... 29
Chapitre III : Etude quantitative ......................................................................... ........ 35
Conclusion ......................................................................................................... ........ 45
Annexes ............................................................................................................. ........ 47
Webographie ..................................................................................................... ........ 54
Table des matières ............................................................................................. ........ 57
Liste des abréviations
ALE : Accord de libre échange
SNCP : Syndicat national des commerçants et professionnels
OMC : Organisation mondiale du commerce
GATT: General Agreement on Tariffs and Trade
AGS : Accord général sur le commerce des services
GMS : Grande et moyenne surface
TPE : Terminaux de paiement électronique
7
INTRODUCTION
8
L es relations diplomatiques entre la Turquie et le Maroc ont été établies le 17 avril 1956
par une déclaration commune des gouvernements de deux pays, à la suite de la
proclamation de l'indépendance du Royaume du Maroc. Les relations bilatérales entre les
deux pays reposent sur des approches communes, leurs politiques commerciales sont assez
similaires, également, les deux pays ont une approche commune d'un certain nombre de
normes et de dispositions, tout en préservant leur spécificité concernant les politiques de
développement sectorielles et régionales.
L'Accord de libre-échange signé par la Turquie et le Maroc le 07 avril 2004 et entré en vigueur
le 1er janvier 2006, prévoit de meilleures opportunités commerciales pour les exportateurs
des deux pays. L'objectif de l'ALE était de réduire les barrières commerciales en éliminant
pratiquement tous les droits de douane sur le commerce bilatéral industriel et de
consommation, ainsi que la libéralisation progressive des échanges agricoles, conformément
aux règles de l'OMC. En outre, l'accord réglemente de nombreux sujets tels que les mesures
sanitaires et phytosanitaires, les monopoles d'État, les droits de propriété intellectuelle, la
fiscalité intérieure, les marchés publics, la balance des paiements…
Apres plusieurs mesures prises par le ministère de l’industrie, du commerce, des nouvelles
technologies et du commerce numérique, notamment l’augmentation des tarifs douanières
sur certaines importations en 2019, le Maroc et la Turquie sont convenus, en février 2020,
soit 16 ans plus tard, de revoir les termes de leur accord de libre-échange actuel pour un
commerce "plus équilibré, plus important et de bonne qualité".
Dans ce contexte, nous nous sommes intéressés à l’étude de l’accord de libre-échange entre
le Maroc et la Turquie, dans le cadre d’un travail que nous étions amenés à faire pour mettre
en pratique les éléments du cours de la méthodologie de recherche.
Quel sera donc l’avenir de cet accord qui a lourdement pesé sur
la balance marocaine ?
Nous allons essayer d’identifier les sources de discordance qui font perturber l’ALE entre le
Maroc et la Turquie. Dans ce cadre nous allons travailler sur la chaîne de distribution turque
BIM et en sortir par des solutions à proposer pour rééquilibrer la situation entre les 2 pays
tout en répondant aux questions suivantes :
9
A quel point ce « rééquilibrage » sera bénéfique pour le Maroc ?
Va-t-il réussir à équilibrer sa balance commerciale qui fut déficitaire depuis le
lancement de l’ALE ?
Quel est le rôle des firmes turques installées au Maroc dans l’accentuation de ce
déficit ?
Quel est l’impact de ces firmes turques, notamment « BIM » sur le commerce de
proximité ?
Nous estimons comme hypothèse que : le Maroc va penser à mettre fin à cet accord vu les
pertes énormes et le déficit remarquables qu’il lui fait absorber.
Afin de valider ou de rejeter cette hypothèse nous allons articuler notre rapport autour de
deux parties :
La première partie : portera sur des généralités concernant l’ALE MarocoTurc, ses clauses,
son champ d’application, son impact sur les secteurs actifs au Maroc, notamment le secteur
de l’industrie, de l’agriculture, ainsi que ses avantages et inconvénients. Nous allons
également mettre le point sur la crise de l’ALE et les solutions prévues.
La deuxième partie : sera consacrée à l’étude du cas de BIM, une enseigne de grande
distribution hard discount turque disposant de plus de 475 supermarchés au Maroc, à
travers une étude documentaire, quantitative et qualitative par lesquelles on va essayer de
savoir l’impact de l’instauration de la firme turque « BIM » sur le commerce de proximité
dans le contexte de l’ALE MarocoTurc.
10
Première partie :
Accord de libre-
échange MarocoTurc
11
Chapitre I : Généralités sur l’accord de libre-échange MarocoTurc
L’accord est entré en vigueur le 1er janvier 2006 conformément aux dispositions de l'OMC
à laquelle les deux pays sont membres y compris le principe de la nation la plus favorisée
et le traitement national.
L’ALE Maroc Turquie a prévu une zone de libre-échange instaurée progressivement sur une
période transitoire de 10 ans, avec accès immédiat des produits marocains au marché turc dès
l’entrée en vigueur de l’accord.
Cette diversité témoigne de l’intérêt réciproque des deux parties à développer de véritables
relations de partenariats susceptibles de servir aux mieux leurs objectifs de développement.
12
Les accords formant le cadre juridique de la coopération maroco-turque peuvent être
énumérés comme suit :
13
5. Dispositions générales de l’ALE MarocoTurc :
Industrie
Une zone de libre-échange sera instaurée progressivement sur une période transitoire de 10
ans avec accès immédiat des produits marocains au marché turc dès l’entrée en vigueur de
l’accord.
Pour les produits industriels turcs, les droits de douane et taxes d’effet équivalant seront
éliminés progressivement.
La première : prévoit un démantèlement sur 10 ans à raison de 10% par an. Ceci concerne les
produits textiles et cuir, les matières plastiques, les machines et appareils électriques
ainsi que le bois et ouvrages en bois.
La seconde : prévoit une baisse de 3% par an durant les trois premières années et de
15% dès la quatrième année et porte sur les voitures particulières et autres matériels de
transport de personnes. Les produits industriels turcs qui ne figurent pas sur les deux
listes seront exonérés dès la signature de l’accord.
Agriculture
Selon le 2ème chapitre de l’ALE MarocoTurc :
Les deux parties s’engagent, dans les limites de leurs politiques respectives, à accroître leurs
échanges de produits agricoles, agroalimentaires et de produits de la pêche et de
discuter régulièrement de ces questions lors de comités mixtes.
Pour les produits agricoles, l’échange est possible pour des produits spécifiques et non
sensibles. Il s’agit de permettre l’entrée sur le marché marocain de certaines denrées
avec des réductions de droits de douane dans le cadre de contingents. Ainsi, les
concessions du Maroc portent sur les graines de semence de pois chiches, les lentilles
et légumineuses, les graines de cumin et les fromages.
Du côté turc, ce sont les plantes vivantes, les concombres et cornichons, les abricots en
conserve et quelques épices qui seront commercialisés sur le marché turc dès l’entrée en
vigueur de la zone de libre-échange.
Services
Selon le 3ème chapitre de l’ALE Maroc Turquie :
14
L’accord se réfère à l’Accord Général sur les Services de l'OMC (l’AGS) et aucun
engagement supplémentaire n’a été pris.
Les échanges commerciaux effectués dans le cadre des Accords de Libre-Echange, demeurent
prédominés par les importations, qui enregistrent des progressions depuis la signature de
l’ALE en 2003.
L’entrée en vigueur de l’ALE du Maroc avec la Turquie en 2006 a stimulé les échanges
commerciaux entre les deux pays. En effet, le Maroc exportait 0,6 milliard dirhams en
moyenne annuelle sur la période 2000-2005 et importait 2,1 milliards.
Après l’entrée en vigueur de l’ALE, les exportations ont augmenté pour atteindre près de 2
milliards dirhams par an en moyenne, entre 2006 et 2011, contre 7 milliards pour les
importations.
15
2. Solde commercial Maroc – Turquie 2003-2018 :
10000
8000
6000
4000
2000
0
2003 2004 2005 2006 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Déficit commercial
Nous remarquons que la relation commerciale entre les deux pays est totalement perdante
pour le Maroc qui n’a constaté qu’un déficit commercial croissant et énorme depuis la
signature de l’ALE en 2003 selon l’Office Des Changes.
Jusqu’à aujourd’hui la balance commerciale de la Turquie en sa relation avec le Maroc ne fut
qu’excédentaire.
Les échanges commerciaux ont ainsi profité beaucoup plus à la Turquie qu’au Maroc. La
conséquence a été une augmentation du déficit commercial qui a plus que triplé entre les
deux périodes passant de 1,6 milliard à 5,1 milliards respectivement.
Il atteint son record historique en 2018 avec plus de 10 milliard dirhams.
Demi produits
1%
1%
1%
20% 32% Produits finis de
consommation
Produits finis d'équipement
industriel
44%
Produits finis d'équipement
agricole
Chimie
4%6% Sidérurgie
33%
20% Bois-Papiers
Textile
10%
27% Agroalimentaire
Produits électroniques
En 2007, les exportations marocaines à destination de la Turquie n’ont pas dépassé 1,1 milliard
de dirhams. Elles ont représenté 0,9% de nos ventes totales à l’étranger, situant la Turquie au
13ème rang de nos principaux clients.
Depuis 1990, les exportations marocaines vers ce pays ont connu des périodes de fluctuations
importantes, en phase avec le cycle de l’activité turque, lui-même sujet à des variations
erratiques.
Globalement, les livraisons du Maroc portent essentiellement sur des produits chimiques
(acide phosphorique notamment), sur la ferraille, déchets, débris de fonte, fer et acier, sur la
pâte à papier, sur les tôles et sur les phosphates. La faiblesse des exportations marocaines
vers la Turquie reflète l’inadaptation de notre offre d’exportation à la demande d’importation
adressée par ce pays, compte tenu de la forte similarité qui existe entre les deux économies.
5. Les avantages de l’accord de libre-échange MarocoTurc pour le Maroc :
17
constituant de ce fait un bouclier parfait face aux menaces suscitées par la montée en
puissance de la concurrence asiatique, notamment chinoise.
Au niveau des échanges commerciaux :
La Turquie compte environ 67 millions d’habitants, avec un PIB par habitant en parité de
pouvoir d’achat de l’ordre de 8000 dollars. Elle constitue de ce fait un marché porteur pour
les entreprises marocaines, pourvu que ces dernières adoptent des stratégies de
positionnement sur des niches et des créneaux porteurs.
De plus, tenant compte du niveau de développement de l’économie turque, la structure de
ses importations a sensiblement évolué : les principaux produits importés sont de plus en plus
des produits à forte intensité en capital, tels que les machines et équipements de transport et
les produits chimiques. Ceci pourrait amplifier la rigidité et l’insuffisance de l’offre marocaine
à destination de ce pays, en l’absence d’une adaptation de l’offre exportable nationale à la
demande d’importation turque.
La composition de la production manufacturière et du commerce extérieur de la Turquie fait
apparaître l’importance de son avantage comparatif au niveau des industries intensives en
main-d'œuvre : la valeur ajoutée des industries de textile-habillement, du cuir, des produits
alimentaires et des boissons et des tabacs représente près d’un tiers de la valeur ajoutée
manufacturière totale.
En particulier, la composition des exportations de textiles et de vêtements continue d'évoluer
vers des produits finis à plus forte valeur ajoutée. En 2004, la Turquie était le sixième
exportateur mondial de vêtements, avec une part du marché mondial de 3,4%. L'Union
Européenne est traditionnellement le principal débouché de la Turquie, tant pour les textiles
que pour les vêtements, suivie des États-Unis.
La place de l’automobile dans les exportations turques ne cesse d’augmenter. En effet, les
investissements de Renault, Fiat, Ford et Honda ont transformé la Turquie en plateforme
exportatrice servant toute la région périphérique. Ce type d’activité industrialisant exerce des
effets d’entraînement sur tout le tissu productif turc, confortant ainsi la dynamisation de
l’avantage compétitif de la Turquie.
En revanche, le Maroc n’a renforcé ses avantages comparatifs que sur les biens finaux
intensifs en travail non qualifié. Il est même en désavantage comparatif sur les biens
intermédiaires intensifs en travail non qualifié puisqu’il continue encore d’importer des
équipements et produits textiles intermédiaires. Ceci prouve que le Maroc n’a pas opéré une
remontée de filière dans son principal secteur de spécialisation, perpétuant en conséquence
des schémas de sous-traitance passive avec les donneurs d’ordre européens.
Au niveau des flux d’IDE En matière d’investissement :
L’accord de libre-échange devrait accroître les opportunités de partenariat avec les
entreprises turques, notamment en matière de mise en œuvre des projets d’infrastructures
au Maroc.
18
Par ailleurs, l'intégration probable de la Turquie à l’Union Européenne devrait accélérer sa
convergence économique, par le biais de l’émergence de nouvelles spécialisations
industrielles. Le rattrapage technologique déjà à l’œuvre en Turquie tendrait à favoriser les
secteurs à rendements croissants et permettrait ainsi de libérer certains segments de
production intensifs en main d’œuvre.
En conséquence, le Maroc pourrait constituer une destination privilégiée pour les
investisseurs turcs, qui pourraient utiliser le Maroc comme plateforme d’exportation vers les
Etats-Unis et les autres pays arabes et africains, compte tenu des accords conclus entre le
Maroc et ces pays.
La réalisation de cet objectif demeure toutefois tributaire de la poursuite de l’amélioration
du climat des affaires au Maroc et la dynamisation du rôle des associations professionnelles
marocaines à élargir le champ de coopération avec leurs homologues turques.
Au niveau des flux migratoires :
Compte tenu de son statut de candidat potentiel à l’Union Européenne, la Turquie devrait
devenir un pays d’accueil de main d’œuvre peu qualifiée au fur et à mesure de la progression
du niveau de vie de sa population et l’accroissement de son offre d’emploi qualifié.
Par ailleurs, il serait opportun pour contrer les effets immédiats d’une éviction en matière de
flux migratoires de mettre en place une stratégie fondée sur la mise en place des programmes
d’investissements, notamment dans les secteurs manufacturiers à forte intensité de travail,
l’amélioration de l’attractivité de notre pays pour les délocalisations européennes et le
développement de la formation sur place, surtout que les entreprises étrangères recherchent, outre
les conditions de coût, une main d’œuvre disposant de qualifications spécifiques.
19
Chapitre III : Crise : ALE Maroc-Turquie, Vraie pomme de discordance.
Il faut d’abord rappeler que cet ALE est similaire à ceux signés avec d’autres pays ou entités
comme l’Union Européenne, les USA, la Tunisie, l’Egypte … Aujourd’hui, le problème est que
l’objectif initial de complémentarité industrielle n’a pas été atteint.
Ainsi, sachant que la Turquie est un producteur d’intrants pour l’industrie marocaine
notamment du textile, ce dernier secteur aurait dû être le principal bénéficiaire de l’accord
mais en réalité, il est devenu depuis son entrée en vigueur en 2006, sa principale victime.
En effet, au final, ce n’est pas de la matière première textile qui est achetée à la Turquie mais
plutôt de grosses quantités de produits finis comme l’habillement ou la bonneterie, sans
compter des produits alimentaires, de l’acier, des matériaux de construction ...
Ainsi, quand les produits marocains sont exportés, ils sont souvent bloqués aux frontières
turques alors que les leurs passent sans aucun problème aux nôtres.
Concrètement, les importations turques passent moins d’une journée à notre contrôle
douanier alors que nos exportations peuvent rester bloquées jusqu’à 3 mois pour dégoûter
nos opérateurs.
Il y a donc un problème d’application des règles de base ce qui au final favorise un seul des
deux partenaires censés pourtant être à pied d’égalité. Les Turcs font tellement traîner les
choses que certaines entreprises marocaines de vêtements préfèrent jeter l’éponge.
Ainsi, pour être en mesure de leur exporter un stylo, par exemple, les Turcs vont demander le
respect de certaines règles qui sont en fait des barrières déguisées non tarifaires.
Le Maroc a commencé à établir également ses propres normes mais normalement, ces règles
sont établies pour protéger les consommateurs et non pas pour protéger une industrie.
20
Chapitre IV : Le rééquilibrage de l’ALE MarocoTurc :
Selon Abdellatif Maâzouz, par ailleurs président de l'Alliance des économistes istiqlaliens, les
produits de bonneterie, de l’habillement, de la biscuiterie, des matériaux de construction …
doivent être exclus de l’ALE pour être soumis au régime douanier normal.
Il faudra donc se mettre d’accord avec nos partenaires en leur disant que le Maroc a une forte
sensibilité sur certains produits turcs vendus au Maroc. En effet, le but ne doit pas être de
ruiner l’industrie naissante d’un des deux partenaires à savoir le Maroc.
Cette solution qui peut devenir opérationnelle très rapidement permettra de se donner du
temps pour réfléchir et arrêter les dégâts actuels en réduisant le déficit commercial.
Au final, il faut changer les règles rigoureuses mises en place par notre partenaire, se mettre
d’accord sur des délais acceptables de passage en douane (1 semaine de part et d’autre) en
excluant les normes turques et enfin une liste négative.
En termes de contenu, l’ALE conclu avec la Turquie est presque identique à celui avec l’Union
Européenne mais la différence est que les Européens investissent en masse au Maroc, ce que
ne font absolument pas nos partenaires turcs.
Si notre balance commerciale est quasi-excédentaire avec la France, c’est parce que ce pays
investit beaucoup au Maroc. Si les Turcs font de même, le déficit commercial pourra se
résorber mais pour l’instant, ce partenaire se contente d’ouvrir quelques franchises qui ne
sont pas des investissements vraiment productifs.
Hormis quelques emplois créés, ces franchises tuent le petit commerce marocain, alors pour
inverser la tendance actuelle, il faut de vrais investissements turcs au Maroc comme, par
exemple, produire sur place de la matière première pour le secteur textile ou des intrants pour
le secteur automobile.
La Turquie vient de demander au Maroc de lui accorder un nouveau délai pour la révision des
termes l'accord de libre-échange qui lie les deux pays.
21
Chapitre V : La chaîne de distribution turque Bim dans l’ALE Maroco-
turc
L’exemple de la chaîne de magasins turcs BIM (498 points de vente dans tout
le Royaume) est révélateur. Booster à coup de subventions de l’Etat turc, la
chaîne tue le commerce local. Selon les chiffres avancés par la ministre,
chaque implantation d’un magasin BIM dans un quartier entraîne la
fermeture de 60 commerces de proximité.
En contrepartie, la chaîne n’offre aucune plus-value pour l’économie nationale. Depuis son
implantation en 2009, elle refuse de se fournir chez les producteurs locaux, prétextant que le
volume de vente ne justifie pas une production locale.
Les produits d’hygiène, une bonne partie des produits agro-alimentaires, sans compter les
offres de la semaine (ustensiles de cuisines, petit électroménager, linge de maison….) vendus
chez BIM sont fabriqués en Turquie.
En ligne de mire depuis novembre 2019, la révision de l'accord de libre-échange (ALE) maroco-
turc. Le Maroc demande une liste de produits négatifs, des produits menacés par les
importations turques et pour lesquels l'ALE ne doit pas s'appliquer et demande également un
effort d'investissement au Maroc, surtout en comparant le montant des investissements
d'Ankara en Algérie (5,4 milliards de dollars en une année).
La partie turque vient d'accepter, par écrit, la révision de l'ALE ainsi que la liste négative
marocaine.
Les médias se sont emparés d’une déclaration du ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy
où il répond à un député qui a évoqué BIM en exemple, dans le cadre d’un débat plus global
sur les accords de libre-échanges (ALE), notamment celui avec la Turquie qui est actuellement
en cours de révision.
Le ministre déclare : "Vous avez évoqué BIM, alors rentrons dans le détail. J’ai reçu le président
de BIM il y a 5 ans, et je lui ai dit : 'il est impossible qu’on poursuive la relation telle qu’elle est
aujourd’hui. Vous avez investi au Maroc, c’est bien. Vous avez le soutien de votre pays, tant
mieux, mais à chaque fois que vous vous installez dans une zone, 60 commerçants ferment
boutique. Le produit que vous vendez n’est pas marocain. Je lui ai dit, que si nous n’arrivons
pas au moins à ce que 50% de vos produits soient marocains, on va vous arrêter par n’importe
quel moyen, car on ne peut pas continuer à voir nos commerçants fermer boutique sans rien
faire…’Donc nous essayons de remplir notre mission…", conclut le ministre qui a été
interrompu dans son discours par la présidente de la séance parlementaire.
Depuis la Turquie, nous n'envoyons qu'environ 15% de nos produits au Maroc. 85% sont
achetés auprès de producteurs locaux, a déclaré le directeur financier de BIM, Haluk
Dortluoglu, à Reuters.
22
Si 85% des produits vendus par la chaîne BIM sont maintenant marocains, il faut s'en réjouir
et nous serons les premiers. Mais achetés au Maroc ne signifie pas qu'ils sont obligatoirement
marocains. Il faudra vérifier, répond le ministre.
Les commerçants vs les supérettes
Dans cette bataille qui s’est invitée dans le débat sur les ALE, il y a des vérités à vérifier,
d’autres à rappeler.
S’agissant de la présence de produits marocains, il est très difficile de vérifier l’exactitude des
chiffres avancés par BIM et selon lesquels 85% des produits sont acquis auprès d’opérateurs
locaux. Encore moins si 50% d’entre eux sont des produits marocains. Mais, une simple revue
des rayons du discounter turc nous permet d’affirmer qu’il y a bel et bien des produits
marocains. C’est le cas par exemple du rayon frais où la majorité des produits sont des
marques marocaines. Idem pour l’eau en bouteille. Ils ont des références marocaines de
confitures et de biscuits.
Est-ce suffisant ? La question reste entière. Les éléments de l’enquête ouverte par le ministère
apporteraient certainement un éclairage qui serait le bienvenu. Par ailleurs, la promotion du
made in Morocco devrait être une politique globale quels que soient le marché et les acteurs.
Qu’en est-il de la concurrence faite aux petits commerçants ? Un BIM ouvert cause-t-il
vraiment la fermeture de 60 petits commerces ? Selon un membre du Syndicat national des
commerçants et professionnels (SNCP).
"Il n’y a pas que BIM. Ce sont toutes ces supérettes qui ouvrent dans les quartiers populaires
qui tuent le commerce de proximité. Certes, nous n’avons pas de statistiques précises mais
nous avons des remontées faisant état des conséquences sur les épiceries. Certaines ferment,
d’autres résistent mais sont asphyxiées financièrement. Ils ne font plus autant de chiffres
qu’avant", déclare Mohamed Chahid, membre du SNCP.
"Si le commerçant résiste, il garde la clientèle adepte du ‘carnet’ (achat à crédit, ndlr)", ajoute
Mohamed Chahid qui met dans le même panier toutes les enseignes de distribution qui
choisissent d’investir les quartiers populaires.
Sur ce point, le représentant du SNCP appelle le gouvernement à classer "les épiciers et petits
commerces comme patrimoine national au regard du rôle social qu’ils jouent". Il demande à
ce qu’il leur soit accordé :
- Des avantages fiscaux plus élargis ;
- Une couverture sociale décente et à la portée ;
- Des aides pour créer des coopératives ou des centrales d’achat ;
- Des aides pour moderniser leurs locaux ;
- La mise en place d’un cahier des charges pour les réseaux de GMS avec règles de chainage
vis-à-vis des petits commerçants.
23
Deuxième partie :
Etude de Cas : Bim
24
Chapitre I : Etude documentaire sur l’enseigne de distribution BIM
1. Présentation de BIM :
Principes BIM
L'objectif de BIM A.Ş. est de minimiser ses coûts d'exploitation dans le but d'offrir des rabais
à ses clients. Le pionnier du modèle maxi discompte en Turquie grâce à sa structure
organisationnelle, à sa gestion efficace des coûts et à son portefeuille de produits limitée, BIM
construit son concept de maxi discompte sur trois piliers principaux :
Accélérer les processus de prise de décision et d’exécution tout en créant un réseau
logistique et d'information dynamique entre les bureaux régionaux et les magasins
avec une structure organisationnelle décentralisée,
Eviter les dépenses inutiles qui pourraient augmenter les prix des produits ; minimiser
les coûts de gestion, de décoration de magasin, de personnel, de distribution, de
commercialisation et de promotion,
Superviser les normes de qualité plus efficacement en limitant le portefeuille de
produits à environ 600 produits et offrir aux clients des produits au meilleur prix.
En raison de son fort pouvoir d'achat, BIM est la plus grande Centrale d'Achat en
Turquie de la plupart des produits qu'elle vend. Par conséquent, elle encourage les
fournisseurs pour fabriquer des produits à faible coût et de haute qualité et elle peut
obtenir des produits de qualité aux meilleurs prix.
BİM emploie un mode détaillé et bien pensé pour la sélection des produits et des prix. Les
produits qui sont offerts à Nos consommateurs dans les magasins sont choisis de telle manière
qu'ils satisfont 80% des besoins quotidiens de base d'un ménage.
25
Le Concept BİM:
Pour BİM, l’intérêt des clients est plus important que de récolter de grands bénéfices sur le
court terme.
BİM offre des produits de grande qualité aux prix les plus avantageux.
Les clients de BIM peuvent retourner les produits dont ils ne sont pas satisfaits.
BİM fait fabriquer spécialement pour vous des produits de grande qualité.
Les clients de BIM paient uniquement le produit lui-même, non pas l’emballage ou la
marque.
BIM présente ses produits dans leurs colis afin d’éviter des charges superflues.
BİM choisit des magasins aux loyers les plus avantageux sur les localités qui
conviennent le mieux à ses clients.
BİM n’a pas de frais de publicités exagérés susceptible d’augmenter le prix des produits
offerts.
Les magasins BİM emploient suffisamment de personnes pour assurer un bon service
à leurs clients.
26
2. Instauration de BIM au Maroc :
BIM MAROC, leader de la distribution alimentaire Hard Discount en Turquie, s’est installé au
Maroc en 2009 et s’est rapidement imposé sur le marché grâce à une stratégie de
développement et d’implantation très agressive et des prix très compétitifs. En 2017 il réalise
un chiffre d’affaire qui s’élève à 2 251 168 671 Dhs avec une variation positive de 12.27% par
rapport à 2016. Toutefois, il fait un déficit d’exploitation de 93 230 577 Dhs. En 2017, BIM
stores a réussi à atteindre une part de marché de 10%, essentiellement au détriment de
Marjane/Acima. Il compte aujourd’hui 505 magasins à travers tout le pays.
27
Khémisset 4
Larache 5
Tiflet 4
Ben Guerir 3
Beni Mellal 3
Fquih Ben Salah 3
Sidi Kacem 3
Sidi Slimane 3
Mediouna 1
Séfrou 2
Total 505
Source : Bim.ma(2020)
28
Chapitre II : Etude qualitative
1. Contexte de l’étude
L’étude qualitative, est une continuation de l’étude documentaire qui nous permettra de
cumuler plus d’informations sur les réactions des acteurs commerciaux sur l’instauration de
la firme turque BIM au Maroc. Nous allons nous limiter aux commerçants de proximité, du fait
que chaque implantation d’un magasin BIM dans un quartier entraîne la fermeture de 60
commerces de proximité.
C’est alors que notre étude qualitative aborde les répercussions de cette instauration, ses
avantages et inconvénients et son impact sur le commerce de proximité, ainsi elle s’est basée
sur des entretiens individuels effectués via un questionnaire qui comporte 12 questions et se
réparti en 2 grands axes.
Et pour la deuxième et dernière partie, elle se focalise sur l’objet de notre étude, c’est de
savoir l’impact de l’instauration de la firme turque BIM sur le commerce de proximité, la
réaction des consommateurs en vue de changer leurs habitudes d’achat, et les précautions
des distributeurs existants sur le marché.
Pour que les réponses soient ainsi plus pertinentes et crédibles nos interviewés étaient des
commerçants de proximité qui opèrent sur le marché de distribution depuis plusieurs années.
Nous tenons à préciser que la collecte de ces informations a été assez difficile vu la méfiance
de ces interviewés.
29
30
1. La première partie : A propos du commerce de proximité
Sur l’ensemble des commerces traditionnels interrogés, 69% disposent d’une surface
inférieure à 40 m². Cette tendance est encore plus accentuée dans les quartiers populaires où
ces commerces représentent 80%. A l’inverse, un quart des surfaces dans les quartiers
intermédiaires et huppés font plus de 60m² contre seulement 5% des surfaces dans les
quartiers populaires.
Cette proportion passe à 32% dans les quartiers huppés et à 36% dans les commerces de plus
de à 40m².
Principal besoin exprimé : une bâche !
Les besoins exprimés par les épiciers diffèrent
selon la taille du commerce et le type de quartier.
Au global, 16% disent avoir besoin d’une bâche et
12% d’une caméra de surveillance. Toutefois,
dans les quartiers huppés les caméras sont
mentionnées par près d’un quart de nos sondés,
c’est sans surprise leur principal besoin avec les
rideaux électriques (15%).
31
L’avènement de nouveaux arrivants à la fois plus modernes et mieux organisés dans le centre
des villes, notamment BIM qui concerne notre étude, a poussé ces petits commerçants à
s’adapter.
Les épiceries traditionnelles : Concurrents et Particularités
Acima, BIM, Carrefour, Marjane, Aswak Assalam, Atacadao ou encore Leader Price..
Généralement l’ensemble des acteurs de la GMS se prennent pour des concurrents du
commerce de proximité.
La force du réseau traditionnel, c’est sa proximité, son sens du service au client et sa capacité
à s’adapter aux évolutions du marché.
La proximité traduite, entre autres, par le traditionnel carnet de crédit dont se servent la
plupart des familles modestes et la possibilité d’acheter de toutes petites quantités de
produits destinés a priori à être vendus dans leur emballage d’origine.
Les marques l’ont bien compris et leur donnent de plus en plus d’importance à travers des
promotions, des gratuités, des présentoirs…
Malgré des chiffres qui témoignent d’un avenir prometteur pour la monnaie scripturale, les
commerçants ne sont pas intéressés par ces méthodes modernes de paiement.
Parmi les commerçants interrogés, presque aucun ne dispose de TPE et seuls 6% sont prêts à
en installer un à l’avenir. Les commerces des quartiers huppés (10%) et ceux de grande taille
(11%) se disent davantage intéressés.
32
Vente à crédit, une des forces des commerces traditionnels :
Un autre phénomène propre au Maroc et à ces marchands est le crédit qu’ils accordent
souvent à leurs clients, un crédit souple et gratuit dont les modalités sont souvent discutées
au cas par cas avec les clients. On comprend alors la raison numéro puisque la monnaie
scripturale a déjà une place bien installée dans les carnets de comptes de ces épiciers.
7 commerçants sur 10 font crédit à leurs clients…
Ce résultat diffère légèrement selon le niveau social du quartier, puisque cette
proportion s’établit à 78% dans les quartiers populaires contre 66% dans les
quartiers huppés.
On peut aussi légitimement se demander si ces commerçants favorisent les
ventes de certains produits ou de certaines marques lorsqu’ils proposent cette facilité de
paiement.
Parmi ces commerçants qui accordent des facilités à leurs clients, 17% favorisent la vente de
certaines marques quand l’achat est fait à crédit.
33
« Si nous parlons des clients quotidiens et fidélisés par la relation directe établie, notamment
le carnet de crédit sans frais, nous pouvons estimer que l’installation de BIM ne va pas
impacter leurs habitudes d’achat. » explique Ahmed, un commerçant de Kenitra.
Le système de crédit gratuit, la proximité et la forte capillarité restent les principaux
avantages concurrentiels de la distribution traditionnelle.
Les épiciers de quartier adoptent majoritairement un système de vente à crédit (gratuit)
accordé à une proportion importante de leurs clients, grâce notamment à la relation de
confiance qu’ils développent avec ceux-ci.
Cette forte capillarité répond aussi aux besoins de la grande majorité des ménages, qui
préfèrent s’approvisionner quotidiennement, en vue de favoriser la fraîcheur des aliments, et
surtout afin de gérer rigoureusement leur consommation/budget à travers l’acquisition
régulière de petites quantités de produits de consommation.
Il continue : « Nous avons remarqué que BIM parvient à multiplier le nombre de magasins
dans un même quartier afin de l’encercler et d’empêcher la concurrence de s’y installer. »
La multiplication et la proximité des magasins combinées à l’attractivité des prix ont fait de
BIM un concept attrayant et populaire au Maroc.
34
Chapitre III : Etude quantitative
1. Contexte de l’étude
35
36
1. Caractéristiques de l’échantillon de l’étude
Concernant la catégorie
socioprofessionnelle de notre
échantillon, on remarque que
dans un total de 154
répondants la classe
socioprofessionnelle qui se
situe au sommet est celle des
cadres moyens (45.5% / ayant
entre 25 et 35 ans).
Ces derniers ont généralement tendance à faire les courses par eux-mêmes et donc ils nous
peuvent générer des réponses plus fiables et plus correctes. Le plus important c’est qu’ils
peuvent avoir des connaissances assez importantes sur l’ALE Maroco-turc (sa conclusion, sa
crise...) soit d’après leurs expériences quotidiennes soit d’après leurs études. Il était donc
nécessaire de connaitre leur point de vue vis-à-vis cette crise de l’ALE et s’ils vont changer de
comportement d’achat auprès de BIM ou non pour obtenir des résultats pertinents
Au second rang, on trouve les étudiants (27.3%) et au troisième, les cadres et profession
intellectuelle supérieure (18.2%). On estime que ces personnes appartenant à la première
catégorie socioprofessionnelle réalisent des courses domestiques non pour leur besoin mais
pour celui de leurs parents / foyers.
37
2. Analyse Univariée
Notre échantillon comporte deux catégories de répondants selon cette question : les clients et les non
clients de BIM.
Ainsi, la première catégorie représente 90.5% des réponses soit 140 réponses sur 154, alors que la
deuxième atteint les 9.5% soit 14 réponses sur 154.
Cette répartition nous informe sur les personnes qui seront influencées par la fermeture probable de la
firme de distribution turque BIM, leurs réactions face à cette décision et s’ils sont prêts à changer leurs
habitudes d’achat ou non. La deuxième catégorie, des personnes interrogées peuvent complémenter
notre étude en vue de construire une opinion publique sur l’ALE MarocoTurc
38
Dans un total de 154 répondants, 57.1% sont des consommateurs rationnels c’est-à-dire : pour qui la
fréquentation des supermarchés est plus souvent déjà considérée non plus seulement comme un plaisir
mais comme une obligation liée à un certain mode de vie. On est d’ailleurs forcé de gérer sa
consommation avec plus de parcimonie, selon ses moyens, qui le permettent en partie mais ne sont pas
illimités non plus. Le supermarché semble alors représenter à la fois une possibilité de répondre à un désir
de s’offrir un peu plus que le simple minimum, et un mode de consommation qui s’imbrique avec un mode
de vie lié au travail et impliquant une gestion du temps rigoureuse.
Le pourcentage des personnes qui se prennent pour des consommateurs spectateurs est de 28.6% c’est-
à-dire : Ce sont les populations qui n’ont pas les moyens de consommation des deux autres catégories et
pour qui les supermarchés semblent fonctionner comme un substitut amélioré aux épiceries de quartier.
On y vient pour prendre le plaisir de circuler dans les rayons, comparer prix et produits, mais on y achète
le strict minimum, l’équivalent peut-être de ce qu’on aurait acheté dans le commerce traditionnel.
En outre, les consommateurs fantaisistes représentent 14.3% des répondants, ce sont ceux pour qui
l’approvisionnement en supermarché est un plaisir qu’on peut largement se permettre. (On vient sans
liste et on dépense beaucoup).
En ce qui concerne le rapport qualité-prix chez BIM, la majorité des répondants 50.5% sont bien satisfaits,
24.3% sont très bien satisfaits, le reste se divise entre les neutres et les non satisfaits.
Nous pouvons dire que les prix cassés et promotions, proposés par le distributeur turc BIM tout au long
de l’année, ont pu généralement satisfaire les consommateurs marocains.
39
4- A votre avis, la majorité des produits vendus par BIM sont :
En ce qui concerne la provenance des produits commercialisés chez BIM, 55.9% des répondants pensent
que la majorité des produits sont d’origine Marocaine, face à 41.2% qui pensent qu’ils sont d’origine
Turque.
En effet, MHE ministre de l’industrie et de l’économie du Maroc, a affirmé avoir demandé, il y a cinq ans,
au président du groupe BIM, soit de renforcer la proportion des produits locaux vendus au Maroc, jusqu’à
atteindre au moins une part de 50%, soit de fermer ses magasins éparpillés partout dans le royaume.
Par la voix de son directeur financier, Haluk Dortluoğlu, l’enseigne turque se défend, arguant que la
majorité des produits commercialisés au Maroc proviennent de sources locales. « Seulement 15% des
produits sont importés de Turquie. Le reste, soit 85%, sont achetés auprès de fournisseurs locaux», a
déclaré à Reuters Dortluoğlu.
5- Serez-vous prêts à abandonner vos courses auprès de BIM et opter pour les
épiceries du coin ?
40
La majorité des répondants 76.3% sont prêts ou presque prêts à changer leurs habitudes d’achat auprès
du distributeur turc BIM, par les épiceries de proximité.
Cela reflète la relation ancestrale entre les marocains et le commerce de proximité traditionnel. En effet
les marques de distribution moderne telle que BIM, n’ont pas pu remplacer -la proximité traduite, entre
autres, par le traditionnel carnet de crédit dont se servent la plupart des familles modestes et la possibilité
d’acheter de toutes petites quantités de produits destinés a priori à être vendus dans leur emballage
d’origine- par les promotions et les prix cassés.
Comme prévu, le sujet de l’actualité, la crise d’ALE Marocoturc est connue par la majorité de l’échantillon
étudié. On effet 75.7% des répondants sont au courant de la crise, ce sont les personnes les plus
susceptibles à enrichir notre étude et avoir des réponses pertinentes à propos du sujet.
41
7- A votre avis quel pays bénéficie le plus de cet accord ?
Presque la moitié de l’échantillon pense que l’ALE est plus bénéfique pour la Turquie que le Maroc.
En effet, ils ont raison les échanges commerciaux ont ainsi profité beaucoup plus à la Turquie qu’au
Maroc. La conséquence a été une augmentation du déficit commercial qui a plus que triplé entre
2003-2018 passant de 1,6 milliard à 5,1 milliards respectivement selon l’Office Des Changes.
Généralement les répondants pensent que les deux pays partagent la responsabilité du déséquilibre en
matière du profit. Ce déséquilibre montre que l’ALE a été mal négocié.
La face cachée de l’iceberg, montre que la Turquie concurrence le Maroc sur les produits à l’export
notamment dans le secteur du textile. C’est d’ailleurs la goutte qui a fait déborder le vase.
42
9- Pensez-vous que le gouvernement marocain doit annuler cet accord de libre-
échange entre le Maroc et la Turquie ?
75.7% des répondants pensent que le Maroc a la nécessité de ne pas annuler l’accord totalement. Mais
en fait, le réviser. Il faut rappeler que la révision des ALE est une question qui se pose depuis déjà quelques
années sans qu’aucun gouvernement n’ait le courage d’enclencher le processus.
Mais, ce n’est pas pour autant qu’il faut rester les bras croisés, il est temps de stopper l’hémorragie et
mettre en place les mesures idoines. Il est temps de prendre des décisions politiques courageuses et
correctives pour défendre notre économie. Et si ça doit passer par la révision voire même la suspension
d’un Accord, autant le faire.
10- Estimez-vous qu'il est nécessaire de fermer les magasins BIM au Maroc ?
89.2% de ’échantillon estime la non nécessité de la suspension des magasins BIM au Maroc. Alors il faut
réviser les clauses du contrat avec le distributeur turc, de telle manière à ce qu’il soit bénéfique pour le
Maroc et n’impacte pas le commerce de proximité.
43
Recommandations
L’étude élaborée sur la crise de l’accord de libre-échange MarocoTurc nous a conduit à des
conclusions qui nous ont permis de mettre en place des recommandations adéquates.
C’est ainsi que nous avons constaté d’après nos recherches approfondies que l’accord est mal
négocié et plein de lacunes. Le Maroc s’est fut déficitaire et perdant depuis sa conclusion.
D’où la nécessité d’une révision ou voire même une suspension immédiate de l’accord. La
Turquie a accepté de revoir l’accord afin de réaliser un rééquibrage gagnant-gagnant pour les
deux parties, y compris celui en relation avec les firmes turques installées au Maroc.
Notamment BIM, accusé de fermeture de 60 magasins de proximité à chaque fois il s’installe
dans un quartier.
Ensuite, nous avons pu remarquer selon notre étude qualitative qui a été faite avec des
commerçants que le commerce de proximité, malgré la concurrence des GMS et des
superettes modernes, continue à survivre grâce à des démarches de fidélisation efficaces :
telles que le carnet de crédit sans frais, la proximité, la relation de confiance entre le client et
le commerçant … Afin que le commerce de proximité puisse continuer à survivre face à cette
concurrence acharner nous suggérons de :
Classer les épiciers et petits commerces comme patrimoine national au regard du rôle
social qu’ils jouent.
Leur accorder des avantages fiscaux plus élargis ;
Ainsi qu’une couverture sociale décente et à la portée ;
Des aides pour créer des coopératives ou des centrales d’achat ;
Des aides pour moderniser leurs locaux ;
La mise en place d’un cahier des charges pour les réseaux de GMS avec règles de chainage
vis-à-vis des petits commerçants.
Et pour l’étude quantitative nous avons pu comprendre les comportements d’achat et cerner
les attentes des consommateurs marocains qui se sont caractérisés selon notre étude
essentiellement par :
Une flexibilité de changement de leurs habitudes d’achat auprès de BIM par des épiceries
traditionnels.
Leur insatisfaction face à l’ALE MarocoTurc, qui jugent être plus bénéfique pour la Turquie
que le Maroc.
Leur volonté à ce que l’ALE et le contrat avec BIM soient révisés de telle manière à ce qu’ils
soient gagnant-gagnant pour les deux pays.
Néanmoins, nous avons conclu au fur et à mesure de cette étude que la crise de l’accord de
libre-échange entre le Maroc et la Turquie, qui fait objet de notre étude n’est pas une chose
de discret, autrement dit elle est connu par les différentes personnes interrogées, et
attendent tous un réequibrage immédiat.
44
CONCLUSION
45
Après les nombreuses menaces du ministère de l’économie et de finance Moulay Hafid
Elalamy de déchirer l’accord de libre-échange entre les deux pays, prononcées le 10 février
2020, la Turquie a finalement accepté de revoir l’accord de libre-échange signé avec le Maroc.
Après un long refus de la part de la ministre du Commerce turque Ruhsar Pekcan, la
demande de notre ministère était d’avoir 50% des produits commercialisés de provenance
Marocaine au sein des supermarchés BIM. L’un des principaux problèmes de cet accord, ainsi
que le manque d’investissement Turc dans le territoire marocain, et le fait que 60 épiceries du
coins se voient fermer la porte à chaque implantation d’un supermarché BIM dans la région
concernée, et nous n’envoyons qu’environ 15 % de nos produits au Maroc alors que 85 %
sont achetés auprès de producteurs locaux
Zebrano, Enza Home, Ozbay Furniture, Yatsan, Adolia, Antalya Home, Autokar, Istikbal,
Ahme chef… les entreprises Turques implantées au Maroc dépassent les 80 aujourd’hui, ce
problème de déséquilibre ne concerne pas seulement la marque BIM, mais cela peut être
considéré comme une invasion dans plusieurs domaines, en plus, le problème des ALE
concerne tous les pays pas seulement la Turquie.
Pour remédier à ces déséquilibres :
Il faut pousser la Turquie à investir de plus en plus dans le territoire marocain
comme la plupart des pays européens, car jusqu’à présent La Turquie ne représente que
1 % des IDE au sein du Royaume et ne pas se contenter seulement des coopérations
bilatérales entre les deux parties de cet accord,
Il faut aussi négocier les produits commercialisés par BIM et atteindre le cap
de 50% de produits marocains ;
Et malgré ces propositions, certains spécialistes considèrent que la Turquie exerce depuis
une dizaine d’années un soft-power dans le monde arabe du fait de sa stratégie touristique et
de ses différentes séries télévisées diffusées sur les chaines marocaines. Alors que d’autres
expliquent les propos annoncés par le ministre Moulay Hafid El Alamy à propos de BIM,
servent seulement son intérêt personnel, puisque ce dernier est actionnaire dans d’autre
marques marocaines et françaises de supermarché au Maroc ; et cela nuit à ces
investissements.
46
ANNEXES
47
Guide d’entretien du Secteur du Commerce de proximité
Le commerce de proximité
est pour vous : un Business
transmis de père en fils ou
un nouveau challenge ?
48
Quel est votre principal
besoin en matière
d’aménagement du
magasin ?
Particularités
49
L’impact de l’installation des magasins de BIM sur le commerce de proximité
D’après le ministre de l’industrie Moulay Hafid Elalamy, chaque fois qu’un magasin de BIM s’installe
dans une zone, 60 commerçants ferment boutique.
MHE explique que les commerçants locaux du circuit traditionnel de distribution souffrent de la
concurrence avec BIM.
50
Questionnaire : BIM en sa relation avec l’ALE MarocoTurc publié sur GoogleForms
51
52
53
Webographie
54
Evolution de l’importation & l’exportation entre le Maroc et la Turquie (2003-2018)
Nom de la source : Ministère de Finance : Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Titre de la source : Point sur les relations économiques du Maroc avec la Turquie
Date de visite : 20 mars 2020
URL : https://www.finances.gov.ma/Publication/depf/2009/6887_maroc_turquie.pdf
55
Présentation de la firme BIM
Le commerce de proximité
56
Table Des Matières
Remerciements ....................................................................................................................................... 4
SOMMAIRE .............................................................................................................................................. 6
Liste des abréviations .............................................................................................................................. 7
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 8
Première partie : Accord de libre-échange MarocoTurc ....................................................................... 11
Chapitre I : Généralités sur l’accord de libre-échange MarocoTurc ................................................. 12
1. L’Accord de libre-échange MarocoTurc : .............................................................................. 12
2. Objectifs de l’ALE MarocoTurc : ............................................................................................ 12
3. Cadre réglementaire des relations bilatérales entre le Maroc et la Turquie : ...................... 12
4. Clauses de l’ALE Maroc Turquie : .......................................................................................... 13
5. Dispositions générales de l’ALE MarocoTurc : ...................................................................... 14
Chapitre II : l’impact de l’accord de libre-échange sur l’économie marocaine ................................. 15
1. Evolution des échanges commerciaux du Maroc avec la Turquie : ...................................... 15
2. Solde commercial Maroc – Turquie 2003-2018 : .................................................................. 16
3. Répartition des importations marocaines de la Turquie par secteur en 2018 : ................... 16
4. Répartition des exportations marocaines vers la Turquie par secteur (en 2006) ................. 17
5. Les avantages de l’accord de libre-échange MarocoTurc pour le Maroc : ........................... 17
Chapitre III : Crise : ALE Maroc-Turquie, Vraie pomme de discordance. .......................................... 20
1. Un accord sans aucune complémentarité industrielle : ........................................................ 20
2. Les produits marocains bloqués aux douanes turques : ....................................................... 20
3. Apparition de normes turques absentes de l’ALE : ............................................................... 20
Chapitre IV : Le rééquilibrage de l’ALE MarocoTurc :........................................................................ 21
1. Résorber le déficit par des investissements turcs au Maroc................................................. 21
Chapitre V : La chaîne de distribution turque Bim dans l’ALE Maroco-turc...................................... 22
Deuxième partie : Etude de Cas : Bim ................................................................................................. 24
Chapitre I : Etude documentaire sur l’enseigne de distribution BIM ................................................ 25
1. Présentation de BIM : ........................................................................................................... 25
2. Instauration de BIM au Maroc : ............................................................................................ 27
3. Les parts de marché par enseigne : ....................................................................................... 28
Chapitre II : Etude qualitative ............................................................................................................ 29
1. Contexte de l’étude ............................................................................................................... 29
1. La première partie : A propos du commerce de proximité ................................................... 31
57
2. La deuxième partie : L’impact de l’installation des magasins de BIM sur le commerce de
proximité. ...................................................................................................................................... 33
Chapitre III : Etude quantitative ........................................................................................................ 35
1. Contexte de l’étude ............................................................................................................... 35
1. Caractéristiques de l’échantillon de l’étude.......................................................................... 37
2. Analyse Univariée .................................................................................................................. 38
Recommandations............................................................................................................................. 44
CONCLUSION ......................................................................................................................................... 45
ANNEXES................................................................................................................................................ 47
Webographie ......................................................................................................................................... 54
Table Des Matières ................................................................................................................................ 57
58
59