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INTRODUCTION

Pour faire face aux mouvements de mondialisation et de


régionalisation du droit qui sont des réalités économiques et politiques
fortes aujourd’hui et, devant la persistance de la crise de confiance des
investisseurs, les Etats africains de la zone franc ont décidé de réaliser
une intégration juridique en créant l’Organisation pour l’Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires, estimant que l’intégration juridique doit
précéder ou accompagner l’intégration économique.

Dans les différents processus d’intégration économique existant de par


le monde, la volonté politique est restée avant tout économique, le droit ne
jouant qu’un rôle de second plan de mise en ordre à posteriori.

Mais, les pays africains de la zone franc ont audacieusement inversé


les rôles en cette fin du XXème siècle, à travers une expérience singulière
d’intégration où le droit est appelé à jouer un rôle de tout premier plan dans
le processus d’intégration économique et régionale.

En réalité, c’est pour exprimer leur implication dans cette globalisation


que l’Afrique s’est trouvée dans l’obligation de se doter des moyens lui
permettant de participer pleinement à la mondialisation des marchés pour
ne pas rester à l’écart des flux mondiaux du commerce et des
investissements, ainsi, pour ne pas se voir être écartée du village planétaire
en plein essor.

Rappelons-le que beaucoup d’années après les indépendances, bon


nombre des pays africains se sont confrontés à d’énormes difficultés, dans
la mesure où certains d’entre eux n’ont pas consacré des efforts
nécessaires à l’adaptation de leur législation aux réalités économiques
nouvelles, et surtout aux exigences du commerce international. Le
morcellement de l’héritage juridique et judiciaire ne pouvait que constituer

1
un frein aux efforts d’intégration et de développement économique de la
région.

Les investisseurs étaient sans cesse confrontés à des législations


hétérogènes. Ils étaient exposés à un environnement caractérisé par
l’instabilité juridique et judiciaire, souvent aux conséquences désastreuses.

C’est en avril 1991, à Ouagadougou (République du BURKINA FASO),


que les ministres des finances de la zone franc ont décidé d’organiser une
réflexion sur la faisabilité d’un projet de mise en place progressive d’un droit
harmonisé des affaires afin de rationnaliser l’environnement juridique des
entreprises.

Cette idée s’est précisée à la réunion des ministres de finances de la


zone franc à Paris, en octobre 1991, où la direction de cette mission fut
confiée à Kéba M’BAYE1. Sans vouloir retracer la genèse déjà fort bien
connue de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires, il conviendrait de rappeler cependant que cette organisation,
répond au souci de mettre en place dans les Etats de la zone franc un droit
régional des affaires unique, moderne, adapté aux réalités économiques de
la fin du XXème siècle, et susceptible de remédier à l’insécurité juridique et
judiciaire décriée par les investisseurs dans l’activité des entreprises. Car,
la multiplicité des textes juridiques, leur inégale application, la formation
insuffisante de certains personnels de la justice étaient autant de facteurs
qui limitaient les investissements et nuisaient le développement des pays
de la région.

C’est dire que l’Ohada fut créée dans le but d’harmoniser ou plus
exactement d’unifier le droit des affaires des Etats parties afin d’assurer la
1
Ancien Président de la Cour Suprême du Sénégal, ancien Vice-président de la Cour Internationale de la Haye, ancien
Président de la Cour Constitutionnelle du Sénégal.V.égal « L’OHADA est un outil juridique imaginé et réalisé par l’Afrique
pour servir le développement et la croissance ». (J.O.OHADA, n°4, 1er Novembre 1997, p.1

2
sécurité juridique et judiciaire de l’environnement des affaires. D’où
l’élaboration et l’adoption des règles communes, simples, modernes et
adaptées à la situation économique des pays concernés, appelées Actes
uniformes. Notons que ces actes uniformes ont une valeur supranationale
et sont directement applicables et obligatoires dans les Etats parties.

De cette façon, les Etats signataires du Traité de l’Ohada ont


manifesté leur volonté d’harmoniser leur législation en matière de droit des
affaires.

Ainsi, les normes du droit de l’OHADA poursuivent l’objectif premier qui


demeure la mise en place d’un cadre juridique adapté propice au
développement économique intégré de la région. Cela est explicitement
affirmé dans le Préambule du Traité de Port-Louis d’Octobre 1993, relatif à
l’harmonisation du droit des affaires en Afrique. Une des dispositions dudit
Préambule dispose expressément que le droit des affaires harmonisé doit
« garantir la sécurité juridique des activités économiques…».

Cette sécurité juridique est présentée comme une valeur essentielle


afin de favoriser l’essor des activités économiques et de promouvoir les
investissements. Il est, sans nul doute, exact que la sécurité juridique est
une condition nécessaire au développement économique. Aucune activité
économique durable ne peut raisonnablement être entreprise, si les
« règles du jeu » que constituent les règles de droit, ne sont pas connues,
précises, correctement appliquées et dotées d’une certaine stabilité.

Le droit OHADA2 a pour ambition de moderniser le droit des pays


africains. Une entreprise de modernisation qui a été rendue possible par
l’adoption et, parfois l’adaptation des règles juridiques alors en vigueur.

Cette évolution a également conduit le législateur à considérer les


standards internationaux permettant au droit OHADA d’apporter des
2
Actuellement, l’OHADA regroupe 17 Etats : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Congo, Cote d’Ivoire,
Gabon, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, République Centrafricaine, République Démocratique
du Congo, Sénégal, Tchad, Togo.

3
solutions qui seront des ressources nécessaires à l’insertion de l’Afrique
dans l’économie mondiale afin d’affronter les effets néfastes de la
mondialisation. Les Etats-parties de l’OHADA, dans leur quête d’attractivité
économique, prennent conscience de la présence massive des
investisseurs de tous horizons et de la nécessité d’adapter les règles de
sécurisation des affaires afin de répondre à leurs attentes. « Cette
catégorie d’investisseurs, écrit un auteur, est donc en mesure de faire
pendant longtemps la pluie et le beau temps (…) et parallèlement ils se
livrent à un lobbying sur les autorités étatiques pour qu’elles reforment les
règles juridiques ou écartent les obstacles qui les gênent3 ».

C’est pour ainsi dire que les règles édictées par le législateur OHADA,
ont pour but la sécurité juridique et judiciaire favorables à l’investissement.
Mais la sécurité juridique ne suffit pas à elle seule pour encourager
l’investissement. Il faudrait, pour atteindre l’objectif escompté, instituer une
véritable sécurité judiciaire. Pour les investisseurs, deux principales
préoccupations se dégagent : la prévisibilité naturellement attachée aux
décisions de justice et la sensibilité économique. Cette prévisibilité
renforcée de réalisme est largement satisfaite par le droit OHADA. Il fallait
en effet, une certaine rencontre du droit et de l’économie, les économistes
ayant mis en relief le lien étroit entre les données juridiques et les faits
économiques.

En effet, dans le débat sur la sécurisation efficace des affaires,


l’attractivité économique du droit OHADA est devenue un impératif au cœur
de tous les discours, des reformes, de toutes les initiatives en matières de
développement des affaires et de fonctionnement efficace de l’entreprise.
Cela traduit bien la prise de conscience des Etats africains que la disparité
des législations est un obstacle pour la réalisation d’un espace économique
et social intégré.

3
A. MARTIN-SERF, « L’instrumentalisation du droit des sociétés », RJ com, 2002, 108, spéc.118

4
Cela pose également la question de savoir : comment concilier d’une
part, l’objectif de sécurité juridique et judiciaire, vecteur incontournable,
indispensable pour drainer des flux toujours plus importants
d’investissements en Afrique, facteur de stabilité et, d’autre part, l’enjeu
essentiel dont participe l’OHADA4 à et vecteur de la performance
économique.

L’OHADA est ainsi conçue comme un outil à la fois au service de la


performance des entreprises et de l’émergence d’un vaste marché
solidement bâti sur le socle de la sécurité juridique. C’est bien ces deux
finalités qui se manifestent dans l’attractivité économique et la sécurité
juridique du droit OHADA qui sous-tendent l’organisation d’un espace
d’échanges entre les différents acteurs économiques pour mener à bien
leurs projets et les experts en charge de la formulation du droit applicable
dans l’espace OHADA.

C’est à la suite de l’application du droit OHADA en République du


CONGO, et conformément aux dispositions du Traité portant harmonisation
du droit des affaires en Afrique ainsi que de l’Acte uniforme relatif au Droit
Commercial Général, qu’il est tenu au greffe de chaque tribunal de
commerce ou à défaut de ce dernier, au greffe de chaque tribunal de
Grande instance, un Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, en sigle
RCCM, en lieu et place du Registre du commerce, RC.

Depuis le décret du 18 Mars 1919 en Afrique Equatoriale Française, il


est organisé l’immatriculation au registre du Commerce. Nul ne pouvait
exercer une profession commerciale s’il n’était immatriculé à un Registre de
Commerce ; nul ne pouvait exercer une autre activité commerciale que
celle mentionnée au Registre du Commerce.

4
Unifier le droit de l’activité économique des entreprises afin d’assurer la sécurité juridique et judiciaire de
l’investissement dans les Etats partie. Le traité OHADA révisé le 17 Octobre 2008 au Québec par les chefs
d’Etats et de Gouvernement des pays membres, est entré en vigueur le 21 Mars 2010 avec les dépôts des
instruments de ratification du Sénégal comme 8ième pays membre.

5
La matière n’est certes pas nouvelle, mais les innovations introduites
par la réforme sont importantes et méritent une attention particulière.

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, en sigle RCCM est


une des innovations majeures dans le nouveau paysage juridique des pays
de l’OHADA. Il est institué par l’article 19 de l’Acte Uniforme relatif au Droit
Commercial Général et remplace l’ancien Registre du commerce. Il joue un
double rôle. Le premier est un rôle traditionnel qui est celui de recevoir
l’immatriculation des commerçants personnes physiques, des sociétés et
autres personnes morales dans les conditions prévues aux articles 25 et
suivants de l’AUDCG. Le second est un rôle nouveau introduit par le droit
OHADA, qui est de recevoir l’inscription de certaines suretés limitativement
énumérées par la loi d’où l’appellation Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier. Il n’y a donc pas un, mais deux registres car, à bien y regarder et à
la lecture des textes, les deux fonctions du RCCM sont différentes. L’article
19 prévoit en effet que : le RCCM a pour objet :

- d’une part de recevoir l’immatriculation des personnes physiques


commerçantes, des sociétés commerciales et autres personnes
morales assujetties à l’immatriculation.

- d’autre part, de recevoir les inscriptions relatives aux différentes


suretés que le texte prend le soin d’énumérer limitativement. Il s’agit :
du nantissement des actions et des parts sociales , du nantissement
du fonds de commerce, du privilège du vendeur du fonds de
commerce, du nantissement du matériel professionnel et des
véhicules automobiles , du privilège du trésor, de la douane et des
institutions sociales, du nantissement des stocks , de la réserve de
propriété , du contrat de crédit-bail.

La fonction d’inscription est donc différente de la fonction


d’immatriculation. C’est parce qu’il ne reçoit que l’inscription des suretés
réelles mobilières plus précisément de certaines d’entres elles que le

6
registre est dénommé registre du crédit mobilier. Registre du crédit et non
registre des suretés parce que les inscriptions de suretés que ce registre
est appelé à recevoir sont nécessairement liées à la mise en place d’un
crédit consenti au débiteur que le crédit soit antérieur, ce qui est
l’hypothèse la plus courante, ou postérieur à l’inscription de la sureté. Le
lien, la relation est donc établie entre le crédit, les suretés et le registre en
ce qu’il est possible de schématiser en disant que : le crédit suppose la
sureté (même si cela n’est pas toujours le cas) et que la sureté nécessite
l’inscription au RCCM non seulement à titre probatoire mais également
pour des besoins de publicité. Mais , il faut aller plus loin et dire qu’à travers
le RCCM c’est le crédit , entendu comme confiance ( du latin credere, c’est-
à dire croire) du débiteur ou du contractant en général, qui est apprécié de
manière globale et le RCCM est l’un des moyens juridiques qui permet
d’apprécier ce crédit et partant la crédibilité, qui est l’un des moyens
juridiques permettant d’établir une relation d’affaires . D’où l’intérêt de la
présente contribution.

Vingt cinq ans après l’entrée en vigueur de l’AUDCG qui a institué le


RCCM, il s’agit d’apprécier le rôle du RCCM dans l’amélioration de l’accès
au crédit. Autrement dit, dans quelle mesure ce registre et les mécanismes
mis en place pour en assurer l’effectivité et l’efficacité contribuent
réellement à l’amélioration de l’accès au crédit des entreprises de l’espace
OHADA, c’est-à-dire à renforcer le crédit des entreprises de la région en
termes de confiance et de possibilité d’accès au crédit.

Si la fonction que l’on assigne traditionnellement au RCCM ou à


d’autres mécanismes jouant un rôle identique est d’abord une fonction de
publicité qui permet notamment aux tiers d’avoir accès aux informations
concernant les actes juridiques auxquels ils ne sont pas partie, cette
fonction de publicité est elle-même conditionnée dans son efficacité à un
autre rôle qui est celui de la collecte voire de la centralisation des

7
informations qui en l’espèce ont trait aux différents droits réels consentis,
généralement à un titre provisoire, sur des biens mobiliers. Le RCCM ne
peut atteindre les objectifs à lui assignés que s’il remplit convenablement
ces deux fonctions différentes, mais complémentaires qui lui sont
assignées à savoir la centralisation des inscriptions et leur publicité à
travers la diffusion des informations.

Cette réflexion dont le contenu tentera d’éclairer la question de la


sécurisation des affaires par le RCCM, issu de l’Acte Uniforme relatif au
Droit Commercial Général présente plusieurs intérêts, tant au plan juridique
qu’économique, et sociologique.

Au plan juridique, à la lumière des principes de sécurisation des


affaires, il convient de préciser que le législateur OHADA a apporté un
élément nouveau dont la transparence est l’un des objectifs majeurs à
atteindre pour assurer la plus grande sécurité des investisseurs, qu’ils
soient étranger ou nationaux.

Au plan sociologique, l’étude de ce thème propose d’explorer ou


d’examiner tous les moyens mis en œuvre par les Etats membres pour
l’amélioration de l’Etat de droit, du droit de la propriété, des droits de
l’homme, et le respect des standards internationaux de la sécurisation des
affaires imposé comme la référence à l’échelon international.

Enfin, au plan économique, cette étude propose une contribution en


vue d’enrichir le débat sur l’approfondissement de l’Etat de droit
économique comme vecteur de la performance économique et comme
facteur essentiel de la sécurisation, car la garantie de l’Etat de droit et la
prise en compte de l’efficacité économique du droit sont des éléments
majeurs pour rétablir la confiance des acteurs économiques et la
sécurisation juridique des activités économiques.

8
Par ailleurs, ce travail propose une nouvelle réflexion sur l’application
des dispositions de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général,
relatives au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

Au fond, au cœur de la problématique : la question principale demeure


celle de savoir : comment le législateur OHADA appréhende et organise t-il
les règles concernant le RCCM en matière de sécurisation des affaires.
Reste donc, dans cette étude la question de l’applicabilité et de l’efficacité
du dispositif du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier en OHADA.
Autrement dit, c’est tout l’objet de cette étude que de questionner la réalité
du fonctionnement et de la gestion du RCCM dans l’espace OHADA, au-
delà des règles formellement posées. Il s’agira de voir quelle est l’approche
OHADA de la sécurisation des affaires par le RCCM au regard des enjeux
actuels dans le contexte de la libéralisation, de la mondialisation des
économies et des échanges.

D’un point de vue théorique, l’étude de la sécurisation des affaires par


le RCCM en droit OHADA, est une contribution à la systématisation de
cette expression, qui est une innovation de l’OHADA, laquelle, aujourd’hui
occupe une place indéniable dans la sécurité juridique et judiciaire des
activités économiques. René Descartes ne disait-il pas « qu’en tout
raisonnement, ce n’est que par comparaison que nous connaissons
précisément la vérité ». D’un point de vue méthodologique, il s’agit de
dégager, par la méthode analytique qui peut susciter la critique d’être une
démarche purement descriptive et explicative, sans pour autant être
négligeable.

Précisons que des difficultés ont agrémenté la réalisation de ce travail,


notamment l’absence d’ouvrages dans la seule bibliothèque de la ville. A
cela s’ajoute l’indisponibilité des personnes ressources (le Greffier chargé
du RCCM au Tribunal de Commerce). Sans oublier les interminables
délestages d’électricité que nous observons dans notre pays.

9
Ainsi, de l’analyse de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial
Général, il résulte que le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
occupe une place non négligeable en ce qu’il vise l’immatriculation des
assujettis et de leur crédit mobilier d’une part, et la publicité des actes
d’autres part. Le RCCM participe donc à la sécurisation des affaires dans
l’espace OHADA.

C’est dire, qu’aborder le sujet du RCCM comme instrument de


sécurisation des affaires en OHADA, c’est préciser finalement dans cette
étude la problématique de la contribution du Registre du Commerce et du
Crédit Mobilier dans la sécurité juridique et judiciaire des affaires. Sans
doute le législateur OHADA, par souci d’efficacité et de pragmatisme, avait-
il en vue l’intérêt de la sécurisation des transactions économiques.

Telle était donc la pensée de SENEQUE, qui disait : « il n’est pas de


vent favorable pour celui qui ne sait où il va»5.

Ainsi, la sécurisation des affaires par le RCCM ne sera possible que si


la centralisation des informations et des sûretés devenait effective ; de plus,
la création des textes juridiques sanctionnant le manquement aux
formalités liées au Registre du Commerce et du Crédit est indispensable.
Car ils constituent un facteur essentiel pour une sécurisation efficace des
affaires au moyen du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

C’est ainsi qu’il sera envisagé dans cette étude, d’une part, les notions
et buts du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier de l’OHA( première
partie) et, d’autre part, le rôle du Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier OHADA dans la sécurisation des affaires (deuxième partie).

5
Philosophe Grec du IVème Siècle

10
PREMIERE PARTIE :
NOTIONS ET BUTS DU REGISTRE DU COMMERCE ET DU CREDIT MOBILIER DE L’OHAD

11
L’un des mérites du législateur OHADA est à n’en point douter la
clarification des conditions d’accès à la profession commerciale, ainsi que
celles relatives à l’acquisition de la qualité de commerçant.

L’exigence de l’immatriculation du commerçant, personne physique ou


morale n’est certainement pas nouvelle ; néanmoins, elle revêt
actuellement une portée juridique significative.

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier a été l’une des


innovations majeures de l’AUDCG du 17 Avril 1997. Car il opéré une
refonte totale de la législation existante dans les Etats parties et introduit
l’inscription des sùrè tés mobilières.

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier est un ensemble de


dossiers individuels assortis de fichiers récapitulatifs qui configurent la vie
des commerçants, que ce soit des personnes physiques ou morales. Le
RCCM reçoit donc les mentions constatant les modifications survenues
tout au long de la vie des entreprises depuis la date de leur immatriculation,
et enregistre également leur radiation du registre.

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier constitue un outil


important dans la sécurité juridique et judiciaire des investissements. Car,
dorénavant il est considéré comme une source d’information sûre et fiable.

12
CHAPITRE I : LE FONCTIONNEMENT ET L’ORGANISATION DU
REGISTRE DU COMMERCE ET DE CREDIT MOBILIER

L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires


avait pour objectif cardinal non seulement de moderniser les normes
vétustes et obsolètes jusque-là en vigueur dans les Etats membres, mais
également de créer le climat propice au développement des économies
Africaines par la garantie de la sécurité juridique et judiciaire 6. En effet,
parce qu’il fallait combler le désordre de l’ordre juridique néfaste pour
assurer le développement social et économique, l’on observe que l’une des
innovations majeures de l’architecture juridique du législateur OHADA est
l’institution du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier. Ainsi, le
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier est une innovation de valeur
considérable pour les investisseurs.

Section 1 : Les Fonctions du Registre du Commerce et du Crédit


mobilier

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier a pour objet de


recueillir l’immatriculation des personnes assujetties et l’inscription des
sûretés mobilières. Mais le nouvel Acte Uniforme relatif au Droit
Commercial Général consacre de nombreuses dispositions aux missions
du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier. Il précise ses missions (§1)
et réaménage son organisation (§2).

Paragraphe 1 : Les Missions du Registre du Commerce et du


Crédit Mobilier OHADA

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier se voit assigner une


mission générale de collecte, de conservation et de diffusion de
l’information économique en vue d’assurer la transparence et la loyauté
6
A. AKAM AKAM, « les mutations juridiques dans le système OHADA », L’Harmattan, 2009, 262 pages.

13
nécessaires au développement des activités économiques. Dans cette
optique, le RCCM se voit reconnaitre également des missions techniques,
d’immatriculation et de déclaration d’activités de l’entreprenant, d’une part ;
d’inscription des suretés mobilières et du crédit-bail, d’autre part. Par
ailleurs, l’article 35 élargit notablement l’objet du RCCM à de nouveaux
assujettis et à de nouveaux actes.

A- Les missions générales du Registre du Commerce et du Crédit


Mobilier
Le commerce se nourrit du crédit, cependant pour permettre aux banques
d’accorder des facilités aux commerçants, d’une part et pour le
développement des partenariats et permettre la sécurisation des
transactions commerciales, d’autre part, il faut un minimum de confiance.

Cette confiance ne peut résulter que d’une véritable transparence des


acteurs du monde des affaires. Ainsi, un investisseur ou une banque aura
plus de diligence, lorsqu’il se sera renseigné utilement sur la personne du
commerçant avec qui il va rentrer en affaires. C’est pourquoi, il a été
institué un registre du commerce et du crédit mobilier, qui est organisé
comme une espèce de miroir des entreprises ou centre d’état civil des
commerçants.

En instaurant un Registre du Commerce et du Crédit Mobilier,


l’OHADA veut poursuivre un double objectif : primo, celui de fournir aux
entreprises une précieuse source d’information, fiable et centralisée, sur la
situation juridique et financière de leurs partenaires commerciaux actuels
ou futurs leurs permettant de connaitre les engagements antérieurs de ces
partenaires ; de mettre en place un système de garanties plus efficace car
désormais seulement l’inscription de certaines garanties valablement prise
sur le RCCM a pour effet de les rendre opposables aux tiers.

Le RCCM se voit assigner une mission générale de collecte, de


conservation et de diffusion de l’information économique en vue d’assurer
14
la transparence et la loyauté nécessaires au développement des activités
économiques. Dans cette optique, le RCCM se voit reconnaitre également
des missions techniques, d’immatriculation et de déclaration d’activités de
l’entreprenant, d’une part ; d’inscription des suretés mobilières et du crédit-
bail, d’autre part. Par ailleurs, l’article 35 élargit notablement l’objet du
RCCM à de nouveaux assujettis et à de nouveaux actes.

B-Les missions techniques du Registre du Commerce et du Crédit


Mobilier

Les missions techniques du Registre du Commerce et du Crédit


Mobilier ont trait à l’immatriculation tant des personnes tant physiques que
morales. Elles ont pour but de :

- Permettre aux assujettis à la formalité d’immatriculation au registre du


commerce et du crédit mobilier de faire leur demande
d’immatriculation , d’obtenir dès le dépôt de leur demande leur
numéro d’immatriculation et d’accomplir les autres formalités prévues
par le présent acte uniforme et toute autre disposition légale ;

- Permettre aux entreprenants de faire leur déclaration d’activité,


d’obtenir dès le dépôt de celle-ci leur numéro de déclaration d’activité
et d’accomplir les autres formalités prévues par le présent acte
uniforme et toute autres disposition légale ;

- Permettre l’accès des assujettis et des tiers aux informations


conservées par le registre du commerce et du crédit mobilier ;

- Permettre de satisfaire aux exigences de sécurité, de célérité, de


transparence et de loyauté nécessaires au développement des
activités économiques ;

- Recevoir les inscriptions relatives au contrat crédit-bail et, aux


suretés prévues par l’Acte uniforme portant organisation des suretés
ou par toute autre disposition légale.

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Les sociétés civiles par leur forme et commerciales par leur objet : en
réalité, cette catégorie ne saurait exister, il y a ici une double maitrise de la
part du législateur. Une société peut être civile par son objet, mais
difficilement par sa forme. De plus, l’AUSCGIE interdit la constitution de la
société civile ayant un objet commercial, puisque, au terme de l’article 3 de
cet acte uniforme, toutes personnes désirant exercer en société, une
activité commerciale sur le territoire de l’un des Etats parties, doivent
choisir l’une des formes de société qui convient à l’activité envisagée parmi
celles prévues par le présent acte uniforme. Les sociétés retenues sont
celles énumérées à l’article 6 de l’AUSCGIE (SNC, SCS, SARL, SA et
SAS) et sont toutes commerciales à raison de leur forme. La société civile
ayant un objet commercial, est donc une société irrégulière qui ne peut pas
se faire immatriculer ;

Tous les groupements dotés de la personnalité juridique que la loi


soumet à l’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier :
peuvent entrer dans cette catégorie, lorsque la loi nationale en décide ainsi,
les sociétés civiles (ayant véritablement un objet civil), les autres
groupements qu’un Etat partie serait amené à créer. Dans ce dernier cas,
l’Etat partie devra prévoir les conséquences qu’il entend attacher à cette
formalité ;

Toute personne physique exerçant une activité professionnelle que la


loi entend soumettre à l’immatriculation au RCCM : à priori, il doit s’agir
d’une personne physique exerçant une profession non commerciale. Cette
catégorie surprend un peu, parce que traditionnellement, la loi soumet les
personnes physiques à l’immatriculation pour leur reconnaitre la qualité de
commerçant7. Peut-être le législateur a-t-il voulu permettre à l’Etat partie
d’étendre les missions de centralisation et de diffusion de l’information
économique à d’autres professions, non-commerciales mais dont l’activité
se situe dans le domaine économique. Tout professionnel même non
7
Art. 59 al. 2 de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général.
16
commerçant peut être immatriculé dès lors que la loi nationale en décide
ainsi. Il y a une volonté d’extension de la police administrative ;

Les établissements publics ayant une activité économique : n’entrent


pas dans cette catégorie, les entreprises publiques déjà constituées sous la
forme de sociétés commerciales et déjà soumises à l’immatriculation à ce
titre. Selon les auteurs (l’établissement public est un service public doté de
la personnalité juridique, distinct de la personne publique qui l’a créé.
L’établissement public, sujet de droit autonome, devra exercer une activité
non pas commerciale mais économique8 ;

L’entreprenant : il ne constitue pas un véritable assujetti puisqu’il est


dispensé de l’immatriculation : il ne doit effectuer qu’une simple déclaration.

Au titre des nouveaux Actes; l’article 35, 3° in fine précise que le


RCCM peut également recevoir le dépôt des actes et pièces prévus par
toute autre disposition légale. La généralité de la formule montre bien qu’il
peut s’agir d’actes ou de pièces dont le dépôt est décidé par le législateur
national.

Paragraphe 2 : L’Organisation du Registre du Commerce et du


Crédit Mobilier OHADA

Le RCCM est un registre tenu par le greffier du tribunal de commerce


ou du tribunal de grande instance permettant de dénombrer les
commerçants, les sociétés et les groupements d’intérêt économique
installés dans son ressort.

C’est la loi française du 18 mars 1919 qui a institué ce registre qui à


l’origine était un répertoire des renseignements donnés au greffier et qui
était sans conséquence juridiques. Ce registre était un simple répertoire
administratif, un catalogue fournissant la liste des commerçants et des
C. Debbasch et F. Colin, Droit administratif, 9e éd., Economica, 2010, p.244,
8

17
sociétés dont les renseignements étaient sans effets juridiques (au plan
civil ou pénal) le défaut n’entraînant aucune déchéance ni sanction.

Mais les informations contenues dans ce registre étant devenues un


rouage important dans les relations d’affaires, le besoin de réformer ce
registre et de le rendre plus complet pour permettre une juste information à
ceux qui veulent traiter avec les commerçants s’est fait ressentir.

C’est pourquoi, la loi de 1919 a été réformée le 9 août 1953.

Mais la réforme n’a pas été rendue applicable dans les colonies de
sorte qu’à l’indépendance nos pays se sont retrouvés avec un registre de
commerce archaïque et inadapté à l’évolution économique.

Avec l’entrée en vigueur du traité OHADA et ses Actes uniformes


subséquents, le registre du commerce a subi une refonte importante et est
devenu registre de commerce et du crédit mobilier. En effet tout en gardant
son objectif traditionnel de répertoire de renseignements sur les
commerçants, le RCCM est devenu un véritable instrument de
renforcement de la sécurité du crédit et des transactions commerciales
avec l’inscription des sûretés mobilières que sont :

- Les nantissements des actions et parts sociales ;

- Les nantissements de fonds de commerce ;

- Les nantissements des matériels professionnels et des véhicules


automobiles ;

- Les nantissements des stocks ;

- Les privilèges du Trésor, de la douane et des institutions sociales ;

- La réserve de propriété ;

- Le contrat de crédit-bail ;

18
L’ensemble de ce dispositif vise à offrir aux entreprises un plus large
champ d’informations sur la situation juridique et financière de leurs
partenaires commerciaux. Cela a l’avantage de mettre en place des
garanties juridiques sérieuses, et par là même faciliter les échanges et le
marché.

Le système de publicité mis en place par l’OHADA au travers du


RCCM s’articule autour de deux (2) fichiers (national et régional) qui
s’organisent à partir en trois (3) niveaux ou étapes, à savoir :

 Un niveau local

 Un niveau national

 Un niveau régional

Ainsi à la base, il y a un registre local qui n’est plus obligatoirement


tenu par le greffe de la juridiction compétente. Les éléments contenus dans
le registre local, ou plus précisément dans les registres locaux sont
transférés au registre national, qui devra à son tour renseigner le registre
régional.

Il sied de noter que le registre local est placé sous la surveillance du


Président de la juridiction compétente ou du responsable de l’organe
compétent.

A- L’Organisation des fichiers locaux et nationaux

Le registre local qui autrefois était obligatoirement tenu par le greffe de


la juridiction compétente, peut dorénavant, également être tenu par un
organe compétent par l’Etat partie qui le souhaite. Cela permet aux Etat qui
ne connaissent pas la tenue du RCCM par le greffe du tribunal de
conserver leur usage ou de créer l’organe qui convient le mieux pour
remplir cette fonction. En réalité, le registre local est un double registre. Le
premier est consacré à l’immatriculation et à la déclaration de l’activité de
l’entreprenant, comprend lui-même quatre rubriques : un registre

19
chronologique qui enregistre les demandes dans leur ordre d’arrivée, un
répertoire alphabétique, un répertoire par numéro et collection des dossiers
individuels pour chaque assujetti. Le second registre, différent du premier,
est consacré à l’inscription des sûretés. Ce dernier comprend trois
registres : un registre chronologique des dépôts, un répertoire alphabétique
et la collection des dossiers individuels. Le fichier national centralise les
renseignements consignés dans chaque registre du commerce et du crédit
mobilier.

Chaque Etat Partie désigne l’organe en charge de la tenue du Fichier


National.

Le Fichier National est tenu sous la surveillance du ministère en


charge de la justice.

Les informations contenues dans les formulaires transmis au Fichier


National sont destinées à l’information du public.

A toute demande d’information faite au Fichier National, le greffier ou le


responsable de l’organe compétent dans l’Etat Partie doit répondre
immédiatement ou au plus tard dans un délai de quarante-huit (48) heures
à compter de la réception de la demande. La demande peut être formulée
par voie électronique ainsi que la réponse.

Le Fichier National comprend :

- un registre d’arrivée mentionnant, dans l’ordre chronologique la


réception de la transmission, la nature du formulaire et du dossier
reçus. Le registre mentionne également les déclarations relatives aux
hypothèques. Un numéro d’ordre d’arrivée est attribué à chaque
transmission et à chaque déclaration d’hypothèque.

- un répertoire alphabétique des personnes concernées par les


formulaires et dossiers relatifs à l’immatriculation et à la déclaration

20
d’activité reçus de chaque Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier avec mention :

- pour les personnes physiques , de leurs nom, prénoms, date et lieu


de naissance , du numéro d’immatriculation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier ou du numéro de la déclaration
d’activité au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier , de la
nature de l’activité exercée, de l’adresse du principal établissement
ou du lieu d’exercice de l’activité, des succursales et établissements
situés dans le ressort de la juridiction du Registre du Commerce et du
Crédit Mobilier ou hors de ce ressort ;

- Pour les personnes morales, selon le cas , de leur raison sociale, ou


dénomination sociale, de leur forme juridique , de leur numéro
d’immatriculation , de la nature de l’activité exercée, de l’adresse du
principal établissement, de l’adresse du siège social, des succursales
et établissements situés dans le ressort du Registre du Commerce et
du Crédit Mobilier ou hors de ce ressort.

- Un répertoire alphabétique des personnes concernées par les


formulaires et dossier relatifs à l’inscription des suretés et du crédit-
bail, ainsi que par les déclarations d’hypothèques. Le répertoire fait
mention des inscriptions supportées par ces personnes, contenant
pour chacune d’elles, les données y relatives, le tout par ordre
chronologique ;

- Un dossier individuel pour chaque personne concernée par les


formulaires, déclaration d’hypothèque et de dossiers reçus par le
Fichier National.

- En définitive, après la déclaration, un dossier individuel est ouvert au


nom du déclarant et classé par ordre alphabétique selon qu’il s’agisse
d’un commerçant personne physique ou 1personne morale. Ce
dossier contient :
21
- Pour les personnes physiques :

- Les informations relatives à l’état civil et à l’activité exercée

- Les déclarations faites et les actes y afférents

- Pour les personnes morales :

- L’identité et forme juridique de la société,

- Le siège social et les activités exercées

Toutes ces déclarations sont établies en quatre exemplaires. Le premier est


conservé au greffe du tribunal compétent qui a pris la déclaration. Le
second exemplaire est remis au déclarant. Les deux derniers exemplaires
sont transmis au fichier national. L’un d’eux est transmis au fichier régional.

B- L’Organisation du fichier Régional

Le fichier régional est tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire au siège de la Cour


Commune de Justice et d’arbitrage (CCJA), la Cour de l’OHADA et
centralise toutes les informations qui remontent des fichiers locaux en
passant par le fichier national. Son objectif c’est de mettre à la disposition
des investisseurs étrangers le maximum d’informations pour les permettre
de choisir entre deux pays, dans lequel ils voudront investir. Il comprend :

- Un registre d’arrivée mentionnant, dans l’ordre chronologique la


réception de la transmission, la nature du formulaire et du dossier
reçus. Un numéro d’ordre est attribué à chaque transmission ;

- Un répertoire alphabétique des personnes concernées par les


formulaires et le dossier reçus de chaque Fichier National, portant sur
l’immatriculation et la déclaration d’activité avec mention :

Pour les personnes physiques , de leurs nom, prénoms, date et lieu de


naissance , du numéro d’immatriculation au Registre du Commerce et du
Crédit Mobilier ou le numéro de déclaration d’activité au Registre du
22
Commerce et du Crédit Mobilier , de la nature de l’activité exercée, de
l’adresse du principal établissement ou du lieu d’exercice de l’activité, des
succursales et établissements situés dans le ressort de la juridiction du
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ou hors de ce ressort ;

Pour les personnes morales , selon le cas , de leur raison sociale ou


dénomination sociale, de leur forme juridique , de leur numéro
d’immatriculation, de la nature de l’activité exercée , de l’adresse du
principal établissement , de l’adresse du siège social, des succursales et
établissements situés dans le ressort du Registre du Commerce et du
Crédit Mobilier ou hors du ressort ;

- Un répertoire alphabétique des personnes concernées par les


formulaires et déclaration d’hypothèque reçus de chaque Fichier
National avec mention des inscriptions supportées par elles ;

- Un extrait du dossier individuel pour chaque personne concernée par


les formulaires et déclaration d’hypothèque.

Section 2 : L’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit


mobilier

En droit des affaires le commerçant est soumis à plusieurs obligations,


au rang desquelles figure l’immatriculation au RCCM. L’immatriculation est
la formalité par laquelle une personne physique ou morale déclare son
existence et son activité commerciale par la transcription de ses
renseignements au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).
D’une manière générale, l’immatriculation est l’action d’inscrire sur un
registre, sous un numéro d’ordre, le nom d’une personne ou d’une chose
en vue de l’identifier à des fins diverses.

23
A cet effet, la formalité d’immatriculation obéit à un certain nombre de
conditions et, concerne tant les personnes physiques que morales (§ 1),
après qu’elle soit accomplie produit des effets (§ 2).

Paragraphe 1 : Une obligation pour toutes les personnes physiques


et morales

Plus spécialement, l’immatriculation au RCCM est la procédure au


terme de laquelle une personne commerçante (personne physique ou
personne morale) se fait inscrire sur un registre conçu à cet effet en vue de
se faire reconnaitre la qualité de commerçant ou d’acquérir la personnalité
morale.

Elle est de ce fait, personnelle et unique et constitue en quelque sorte


son acte de naissance.

. A ce titre, le RCCM reçoit donc l’immatriculation :

- des personnes physiques ayant la qualité de commerçant ;

- des sociétés commerciales, à savoir : la société en non collectif, dite


SNC ; la société à responsabilité limité, la SARL ; la société
anonyme, la SA ; enfin, la société en commandite simple, la SCS ;

Des sociétés commerciales dans lesquelles l’Etat ou une personne


morale de droit public est associée (les sociétés nationales, les sociétés
d’économie mixte).

L’immatriculation au RCCM fait accéder à l’égard de toute personne à


la présomption légale de la qualité de commerçant. Cependant cette
présomption est simple car elle peut souffrir de la preuve contraire et ses
effets varient selon qu’il s’agisse d’une personne physique ou d’une
personne morale.

24
A- L’immatriculation des personnes physiques

Il ressort des dispositions de l’article 44 de l’Acte Uniforme relatif au


Droit Commercial Général que « toute personne physique dont
l’immatriculation est requise par la loi doit, dans le premier mois de
l’exercice de son activité, peut demander au greffe de la juridiction
compétente ou à l’organe compétent dans l’Etat Partie, dans le ressort de
laquelle son activité se déroule, son immatriculation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier… ». Notons que la demande est faite avec
le formulaire prévu à l’article 39 de l’acte uniforme précité et doit indiquer :

- les noms, prénoms et domicile personnel de l’assujetti ;

- ses dates et lieu de naissance ;

- sa nationalité ;

- le cas échéant le nom sous lequel elle exerce son activité, ainsi que
l’enseigne utilisée ;

- la ou les activités exercées ;

- le cas échéant, la date et lieu de mariage, le régime matrimonial


adopté, les clauses opposables aux tiers restrictives de la libre
disposition des biens des époux ou l’absence de telles clauses, les
demandes de séparation de biens ;

- les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile et nationalité


des personnes ayant le pouvoir général d’engager par leur signature
la responsabilité de l’assujetti ;

- l’adresse du principal établissement et, le cas échéant celle de


chacune des succursales et chacun des établissements exploités sur
le territoire de l’Etat partie ;

25
- le cas échéant, la nature et l’adresse des derniers qu’il a exploités
précédemment avec l’indication de leur numéro d’immatriculation au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ;

- la date du commencement, par l’assujetti, de son activité et le cas


échéant de celles des autres succursales et établissements ;

- toute autre indication prévue par des textes particuliers.

Notons que ce texte relatif aux conditions d’immatriculation des


personnes physiques vient remettre en cause les conceptions antérieures
lesquelles prescrivaient l’obligation d’immatriculation exclusivement aux
personnes physiques ayant la qualité de commerçants. Désormais, cette
obligation s’étend jusqu’aux personnes physiques non commerçantes. Le
fait que l’immatriculation au RCCM donne lieu à l’ouverture d’un dossier
dans lequel l’on retrouve des informations concernant l’assujetti, justifie le
fait qu’elle soit personnelle et unique, car il est interdit de s’immatriculer sur
plusieurs registres.

Il ressort de l’article 45 de l’AUCDG à l’appui de sa demande, le


demandeur est tenu de fournir les pièces justificatives suivantes quelle que
soit leur forme ou leur support :

- Un extrait de son acte de naissance ou de tout document


administratif justifiant de son identité ;

- Un extrait de son acte de mariage en tant que de besoin ;

- Une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant qu’il


n’est frappé d’aucune des interdictions prévues par l’article 10 ci-
dessus. Cette déclaration sur l’honneur est complétée dans un délai
de soixante-quinze (75) jours à compter de l’immatriculation par un
extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document qui en tient
lieu ;

- Un certificat de résidence ;

26
- Une copie du titre de propriété ou du bail ou du titre d’occupation du
principal établissement et le cas échéant de celui des autres
établissements et succursales ;

- En cas d’acquisition d’un fonds de commerce ou de location-gérance,


une copie de l’acte d’acquisition ou de l’acte de location-gérance ;

- Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer le commerce ;

- Le cas échéant, les pièces prévues par des textes particuliers.

Déclaration sur l’honneur. En plus des pièces justificatives requises


habituellement pour la demande d’immatriculation, le requérant doit fournir
une déclaration sur l’honneur pour attester qu’il ne tombe pas sous le coup
d l’article 10. L’intention du législateur se justifie dans la mesure où la
délivrance d’un extrait de casier judiciaire pourrait retarder
considérablement le démarrage des activités de l’assujetti. Cependant, la
référence à l’article 10, si elle est valable pour les commerçants, soulèvent
les interrogations pour les hypothèses dans lesquelles l’assujetti n’a pas la
qualité de commerçant.

Immatriculation d’une personne physique sous son nom commercial.

La Cour Commune de Justice et d‘Arbitrage, retient que l’entreprise


individuelle peut être immatriculée au RCCM sous son nom commercial et
que cette inscription est censée être faite au nom de la personne physique.

La Cour estime que la mention faite dans les actes conclus selon
laquelle l’entreprise est représentée par son directeur confirme cette
interprétation. La décision est doublement critiquable. D’une part, elle
conforte des pratiques juridiques condamnables par lesquelles des
personnes physiques font croire qu’elles exercent leur activité en tant que
personne morale en s’octroyant des titres que la loi réserve pour des
fonctions précises et déterminées.

27
D’autre part, seule une personne ayant une existence juridique peut se
faire représenter par une autre : un commerçant personne physique ne
peut pas être représenté par son directeur. Il ne peut être représenté que
par une personne munie d’un mandat exprès. En outre, il ne faut pas
confondre le nom commercial et la dénomination sociale ; le nom
commercial n’est qu’un nom sous lequel est exercée une activité ; il doit
être distingué du nom de la personne morale ; seule cette dernière peut se
faire immatriculer sous son nom9.

Ainsi, l’immatriculation au RCCM regroupe l’essentiel des informations


concernant une personne physique ayant la qualité de commerçant : le
nom, prénom et domicile personnel, date et lieu de naissance, nationalité,
le cas échéant, le nom sur lequel il exerce le commerce, ainsi que
l’enseigne utilisée, la ou les activités exercées, etc.

B- L’immatriculation des personnes morales

A l’exception de la société en participation, toute société doit être


immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier dans le mois
de sa création.

L’article 46 de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général


prévoit que, les personnes morales soumises par des dispositions légales à
l’immatriculation doivent demander leur immatriculation dans le mois de
leur constitution, auprès du greffe de la juridiction compétente ou de
l’organe compétent dans l’Etat partie dans le ressort duquel est situé leur
siège social où leur principal établissement.

Cette demande faite avec le formulaire prévu à l’article 39 ci-dessus


mentionne :

9
CCJA, arrêt n°040 /2009 du 30 juin 2009 : Ohadata J-10-78.

28
1. la raison sociale ou la dénomination sociale ou l’appellation suivant le
cas ;

2. le cas échéant, le sigle ou l’enseigne ;

3. la ou les activités exercées ;

4. la forme de la personne morale ;

5. le cas échéant, le montant du capital social avec l’indication du


montant des apports en numéraire et l’évaluation des apports en
nature ;

6. l’adresse du siège social, et le cas échéant, celle du principal


établissement et de chacun des autres établissements ;

7. la durée de la société ou de la personne morale telle que fixée par


ses statuts ou le texte fondateur ;

8. les noms, prénoms et domicile personnel des associés tenus


indéfiniment et personnellement responsables des dettes sociales
avec mention de leur date et lieu de naissance , de leur nationalité, le
cas échéant, de la date et du lieu de leur mariage, du régime
matrimonial adopté et des clauses opposables aux tiers restrictives
de la libre disposition des biens des époux ou l’absence de telles
clauses ainsi que les demandes en séparation des biens ;

9. les noms, prénoms, date et lieu de naissance, et domicile des


gérants, dirigeants, administrateurs ou associés ayant le pouvoir
général d’engager la personne morale ou le groupement ;

10. les noms, prénoms, date et lieux de naissance, domicile des


commissaires aux comptes, lorsque leur désignation est prévu par
l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et des
groupements d’intérêt économique ;

29
11. ou toute autre indication prévue par une disposition légale
particulière.

L’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier donne


donc lieu à ouverture d’un dossier où est regroupé l’essentiel des
informations concernant une entreprise : la dénomination sociale, le cas
échéant le nom commercial, le sigle ou l’enseigne, la ou les activités
exercées, la forme de la société, l’adresse du siège sociale, la durée de la
société, etc.

 Informations relatives aux personnes morales

Tout comme les personnes physiques, les personnes morales ou les


groupements sont tenus à l’occasion de leur immatriculation, de fournir des
informations relatives à leur statut, à leur identité et à leur activité, et de
joindre des pièces justificatives à leur demande. La loi nationale peut exiger
des informations supplémentaires.

A cette demande sont jointes les pièces justificatives suivantes quelle


que soit leur forme ou leur support :

1. une copie certifiée conforme des statuts ou de l’acte fondateur ;

2. la déclaration de régularité et de conformité ou de la déclaration


notariée de souscription et de versement ;

3. la liste certifiée conforme des gérants, administrateurs, dirigeants ou


associés tenus indéfiniment et personnellement responsables ou
ayant le pouvoir d’engager la société ou la personne morale ;

4. une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant qu’il


n’est frappé d’aucune des interdictions prévues par l’article 10 ci-
dessus. Cette déclaration sur l’honneur est complétée dans un délai
de soixante-quinze (75) à compter de l’immatriculation par un extrait
de casier judiciaire ou à défaut par le document qui en tient lieu ;

30
5. le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer l’activité du
demandeur.

Déclaration sur l’honneur s’agissant des personnes morales.

La reproduction à l’identique de la déclaration sur l’honneur prévue à


l’article 45,3° embarrasse dans la mesure où il est difficile de savoir qui doit
attester sur l’honneur : l’associé, l’administrateur ou le gérant ? Par ailleurs,
le renvoi à l’article 10 de l’AUDCG rend la situation plus confuse parce
qu’en principe, les dirigeants sociaux n’ont pas la qualité de commerçant du
fait de leurs fonctions. De plus, la rédaction de cet article pose la question
de savoir si les interdictions peuvent concerner les groupements.

Toute personne physique ou morale non assujettie à l’immatriculation


au registre du commerce et du crédit mobilier en raison du lieu d’exercice
de son activité ou de son siège social doit, dans le mois de la création
d’une succursale telle que définie par l’Acte uniforme relatif au droit des
sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique, ou d’un
établissement, sur le territoire de l’un des Etats parties, en requérir
l’immatriculation.

Cette demande faite avec le formulaire prévu à l’article 39


susmentionné est déposée au greffe de la juridiction ou auprès de l’organe
compétent dans l’Etat partie dans le ressort duquel est établie cette
succursale ou cet établissement et doit mentionner :

1. le cas échéant, son nom commercial, son sigle ou son enseigne ;

2. la dénomination sociale ou le nom de la succursale ou de


l’établissement ;

3. la ou les activités exercées ;

4. la dénomination sociale de la société étrangère propriétaire de cette


succursale ou de cet établissement ; son nom commercial ; son sigle
ou son enseigne ; la ou les activités exercées ; la forme de la société

31
ou de la personne morale ; sa nationalité ; l’adresse de son siège
social ; le cas échéant, les noms, prénoms et domicile personnel des
associés indéfiniment et personnellement responsables des dettes
sociales ;

5. les noms, prénoms, date et lieu de naissance de la personne


physique domiciliée sur le territoire de l’Etat partie, ayant le pouvoir
de représentation et de direction de la succursale.

Immatriculation secondaire des personnes domiciliées à l’étranger.

La succursale et l’établissement sont aussi soumis à immatriculation


bien qu’ils ne jouissent pas de l’indépendance nécessaire à l’acquisition de
la qualité de commerçant. Si l’AUSCGIE définit la succursale comme « un
établissement commercial ou industriel ou de prestations de services
appartenant à une société ou à une personne physique et doté d’une
certaine autonomie de gestion » (AUSCGIE art.116), en revanche la notion
d’établissement n’est pas clairement définie. Il faut rappeler qu’aux termes
de l’article 120 de l’AUSCGIE, la succursale appartenant à une personne
étrangère, c’est-à-dire à un ressortissant d’un pays non membre de l’Ohada
doit être apportée à une société préexistante ou à créer de l’un des Etats
parties au plus tard dans un délai de deux ans après sa création, sauf
autorisation spéciale des autorités compétentes. Dans ces conditions,
l’immatriculation de la succursale doit être considérée comme temporaire.
La violation de cette disposition est sanctionnée par la radiation.

C’est dire que la succursale n’a pas de personnalité juridique


autonome, distincte de celle de la société ou de la personne physique
propriétaire. Les droits et obligations qui naissent à l’occasion de son
activité ou qui résultent de son existence sont compris dans le patrimoine
de la société ou de la personne physique propriétaire.

Rappelons que la succursale peut être l’établissement d’une société


ou d’une personne physique étrangère. Elle est soumise au droit de l’Etat
32
partie dans lequel elle est située. Donc immatriculée au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier conformément aux dispositions organisant
ce registre.

Bureau de liaison ou de représentation

Par ailleurs, la réforme de l’AUSCGIE crée le bureau de représentation


ou de liaison, défini comme un établissement dépourvu de personnalité
morale, appartenant à une société et chargé de faire le lien entre cette
dernière et le marché de l’Etat partie dans lequel il se situe (AUSCGIE, art.
120-1).

Ce bureau est soumis à l’immatriculation à l’image de la succursale


(AUSCGIE, art. 120-4). Si l’activité du bureau de représentation justifie qu’il
soit transformé en succursale, une demande de rectification au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier doit être formulée dans les trente (30) jours
suivant un tel changement de situation. La succursale nouvellement créée
sera, le cas échéant, soumise aux dispositions de l’article 120 de
AUSCGIE.

L’immatriculation d’une personne physique ou morale a un caractère


personnel.

Nul ne peut être immatriculé à un titre principal à plusieurs registres ou


à un même registre sous plusieurs numéros.

Dès réception du formulaire de demande d’immatriculation dûment


rempli et des pièces prévues par l’Acte uniforme relatif au droit commercial
général, le greffier ou le responsable de l’organe compétent dans l’Etat
Partie délivre au demandeur un accusé d’enregistrement qui mentionne la
date de la formalité accomplie et le numéro d’immatriculation.

Le greffier ou le responsable de l’organe compétent dans l’Etat Partie


dispose d’un délai de trois mois pour exercer son contrôle tel que prévu par
l’article 66 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général et, le cas

33
échéant notifier à la partie intéressée le retrait de son immatriculation et
procéder à sa radiation.

En cas de transfert du lieu d’exercice de son activité dans le ressort


territorial d’une autre juridiction, l’assujetti doit demander :

- sa radiation du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier dans le


ressort duquel il était immatriculé ;

- une nouvelle immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit


Mobilier de la juridiction dans le ressort de laquelle son activité est
transférée ; cette immatriculation n’est définitive qu’après la
vérification prévue aux alinéas 4 et 5 de l’article 66 de l’AUDCG.

A cet effet, l’assujetti doit suivant le cas, fournir les renseignements et


documents prévus aux articles 44 à 48 ci-dessus.

Ces formalités doivent être effectuées par l’assujetti dans le mois du


transfert.

Le greffe ou l’organe compétent dans l’Etat Partie en charge du


Registre du Commerce et du Crédit Mobilier dans le ressort duquel
l’assujetti a transféré son activité doit, dans le mois de la nouvelle
immatriculation, s’assurer de la radiation de l’assujetti en exigeant de celui-
ci un certificat délivré par le greffe ou l’organe compétent dans l’Etat Partie
du lieu de la précédente immatriculation.

Faute de diligence de l’assujetti, le greffe ou l’organe compétent dans


l’Etat Partie doit d’office faire procéder à la rectificative, et ce, aux frais de
l’assujetti.

Notons que, la formalité d’immatriculation une fois accomplie génère


des effets.

Paragraphe 2 : Les effets de l’immatriculation au Registre du


Commerce et du Crédit Mobilier

34
Toute personne immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier est présumée, sauf preuve contraire, avoir la qualité de
commerçant au sens de l’Acte uniforme relatif au Droit Commercial
Général.

A- Les effets à l’égard de l’assujetti

Autrefois, ne pouvaient s’immatriculer au RCCM que les personnes


physiques ayant la qualité de commerçant.

Toutefois, cette présomption ne joue pas à l’égard des personnes


physiques non commerçantes dont l’immatriculation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier résulte d’une disposition légale , et des
personnes morales qui ne sont pas réputées commerçantes du fait de
l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique ou d’une disposition légale particulière.

Toute personne physique ou morale immatriculée au Registre du


Commerce et du Crédit Mobilier est tenue d’indiquer sur ses factures, bons
de commande, tarifs et documents commerciaux ainsi que sur toute
correspondance, son numéro et son lieu d’immatriculation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier.

Toute personne physique assujettie à l’immatriculation au Registre du


Commerce et du Crédit Mobilier qui n’a pas demandé celle-ci dans les
délais prévu, ne peut se prévaloir , jusqu’à son immatriculation, de la qualité
de commerçant lorsque son immatriculation est requise en cette qualité.

Toute personne morale assujettie à l’immatriculation au Registre du


Commerce et du Crédit Mobilier qui n’a pas demandé celle-ci dans les
délais prévus, ne peut se prévaloir de la personnalité juridique jusqu’à son
immatriculation.

35
B- Les effets à l’égard des tiers

Toutefois, elle ne peut invoquer son défaut d’immatriculation au


Registre du Commerce et du Crédit Mobilier pour se soustraire aux
responsabilités et aux obligations inhérentes à cette qualité.

Toute personne assujettie à l’immatriculation au Registre du


Commerce et du Crédit Mobilier ne peut, dans l’exercice de ses activités,
opposer aux tiers et aux administrations publiques, qui peuvent toutefois
s’en prévaloir, les faits et actes sujets à transcription ou mention que si ces
derniers ont été publiés au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

Cette disposition n’est pas applicable si l’assujetti établit qu’au moment


où ils ont traité, les tiers ou administrations en cause avaient connaissance
des faits et actes dont s’agit.

Notons que les personnes morales qui saisissent la Cour Commune


de Justice d’Arbitrage d’un recours en cassation doivent apporter la preuve
de leur existence juridique par la production d’un extrait récent du RCCM.
Est déclaré irrecevable le recours déposé par une personne morale ne
justifiant d’aucune personnalité juridique, ce, malgré la demande de
régularisation du juge rapporteur de la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage 10
. C’est dire que l’exception d’irrecevabilité du pourvoi encourt
rejet dès lors que la preuve de l’existence juridique de la personne morale
résulte de la production d’un extrait du Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier11.

Signifions que lorsque les capitaux propres de la société deviennent


inférieurs à la moitié du capital social du fait des pertes constatées dans les
états financiers de synthèse, les dirigeants sociaux ont l’obligation de
déposer lesdits états au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, le

10
CCJA, 2ème ch., Arr. n°145 /2019, 09 mai 2019, Aff. Cabinet de l’Office d’Aide d’Accompagnement à la Création
d’Entreprise dit ODACE c/ SIPF
11
CCJA, 3ème ch., Arr. n° 134/2017, 08 juin 2017, Aff. SIB c/ SIC ACACIA, la BACI, CARICI, la SCI LOTUS

36
non-respect de cette disposition les expose à une sanction pénale ; cela,
dans les cas de dissolution des sociétés.

CHAPITRE II : LE REGISTRE DU COMMERCE ET CREDIT


MOBILIER, SOURCE D’INFORMATION ET DE
SECURITE DES CREANCIERS DANS L’ESPACE
OHADA

Dans le souci de renseigner l’investisseur ou la banque sur la


personne du commerçant avec qui il va entrer en affaire, il a été institué un
Registre du Commerce et du Crédit mobilier ou RCCM.

37
Ce registre tenu par le greffier du tribunal de Commerce ou du Tribunal
de Grande instance permet de dénombrer les commerçants, les sociétés et
les groupements d’intérêts économiques installés dans son ressort. A
l’origine ce registre n’était qu’un répertoire de renseignements donnés sur
les commerçants sous la responsabilité du déclarant. Mais un important
nombre d’innovations ont été introduites lors de la révision de l’Acte
uniforme de l’OHADA.

Aussi, l’immatriculation découle d’une inscription à ce registre par


l’individu désireux de se faire reconnaitre la qualité de commerçant. En
instaurant un Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, l’OHADA veut
poursuivre un double objectif : primo, celui de fournir aux entreprises une
précieuse source d’information, fiable et centralisée, sur la situation
juridique et financière de leurs partenaires commerciaux actuels ou futurs
leurs permettant de connaitre les engagements antérieurs de ces
partenaires ; de mettre en place un système de garanties plus efficace car
désormais seulement l’inscription de certaines garanties valablement prise
sur le RCCM a pour effet de les rendre opposables aux tiers.

Section 1 : L’inscription obligatoire au Registre du Commerce et du


Crédit Mobilier et les conséquences en cas de non
Inscription

De toute évidence, le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier


apparait comme étant une source d’information fiable.

38
Pour prétendre remplir correctement cette fonction, tout commerçant
personne physique ou morale est soumis à l’obligation d’inscription au
RCCM, doivent également être inscrits les actes la concernant, notamment
les suretés mobilières limitativement prévues par la loi. L’inscription initiale
doit être mise à jour périodiquement, en renseignant tous les événements
qui jalonnent la vie professionnelle du commerçant.

Paragraphe 1 : L’inscription des renseignements au Registre du


Commerce et du Crédit Mobilier

Comme relevé plus haut, tout commerçant personne physique ou


morale, est tenu de s’immatriculer au RCCM pour acquérir une existence
légale ; par ailleurs, pour être opposable aux tiers , les garanties prises sur
les partenaires d’affaires doivent être inscrites au Registre du Commerce et
du Crédit Mobilier.

A- Une obligation légale

Aux termes de l’article 59 de l’AUDCG révisé, toute personne


physique ou morale immatriculée est tenue d’indiquer sur ses factures,
bons de commande , tarifs et documents commerciaux ainsi que sur toute
correspondance son numéro et son lieu d’immatriculation au registre.
Toutefois, l’omission du numéro et du lieu d’immatriculation ne saurait priver
aux factures qui ne les comportent pas leur force probante en l’absence de
sanction prévue par les textes.

Notons aussi qu’en vertu de l’article 29 de l’AUDCG, toute personne


physique ou morale non assujettie à l’immatriculation au RCCM en raison
de la localisation de son siège social, par exemple parce qu’il est situé à
l’étranger, doit dans le mois de création de la succursale ou d’un
établissement sur le territoire , également en requérir l’immatriculation.

Toute personne intéressée peut également requérir du ou des


Registres du Commerce et du Crédit Mobilier concernés, la transcription de

39
la décision en cause. Toute personne qui entend se prévaloir d’une des
décisions dont la transcription doit être faite d’office est tenue d’établir que
cette décision a été transcrite, à charge pour elle d’en demander la
transcription au RCCM.

B- La juridiction compétente en matière d’inscription

L’inscription doit être prise au RCCM du lieu ou est immatriculé le


constituant de la sureté à inscrire. S’il n’est pas soumis à l’immatriculation
comme les associations ou la société civile, le RCCM compétent pour
recevoir cette inscription est, soit celui dans lequel est situé le siège du
constituant, s’il est une personne morale, soit son domicile s’il est une
personne physique.

Ainsi pour les nantissements de créances ou les cessions des


créances à titre de garantie, le RCCM compétent sera celui dans le ressort
duquel le débiteur de sa créance est immatriculé.

Pour les nantissements des droits d’associés et des valeurs mobilières


d’une société commerciale ou une personne morale ce sera le RCCM où
est immatriculé la personne physique ou la société commerciale.

L’instruction du nantissement du fonds de commerce et le privilège du


vendeur d’un fonds de commerce doit être prise au RCCM de
l’immatriculation de la personne physique ou morale propriétaire du fonds.

Si le fonds de commerce comprend des succursales, l’inscription est


prise à la fois au lieu de l’immatriculation principale (siège) et celui de
l’immatriculation, secondaire (succursale).

Enfin pour les privilèges le RCCM compétent sera celui où le


redevable est immatriculé, ou celui de la situation de son siège ou son
domicile.

Après avoir vérifié sa compétence, le Greffier peut refuser l’inscription


s’il n’est pas compétent. Mais il engage sa responsabilité s’il se trompe.

40
Ainsi, le registre du commerce et du crédit mobilier est une dynamique
d’informations qui doit être actualisée constamment à la faveur de la
survenance de circonstances nouvelles.

Paragraphe 2 : L’obligation d’inscription des suretés mobilières


au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
Outre l’immatriculation des personnes physiques et des autres
personnes morales, le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier a aussi
pour objectif d’assurer la publicité et la centralisation des suretés
mobilières. L’inscription des suretés mobilières leur donne date certaine,
leur octroie un rang dans l’ordre de règlement de créances et les rends
opposables aux parties et aux tiers. C’est ce qui justifie d’ailleurs son
appellation.

A- Les sûretés concernées

Les suretés qui doivent être inscrites au Registre du Commerce et du


Crédit Mobilier sont limitativement énoncées par l’Acte Uniforme relatif au
Droit Général et sont les suivantes : le nantissement des actions et parts
sociales ; le nantissement du fonds de commerce ; le nantissement du
privilège du vendeur du fonds de commerce, le nantissement du matériel
professionnel et du véhicule automobile ; le nantissement des stocks ; le
privilège du trésor ; le privilège de l’administration des douanes ; le privilège
d’une institution de sécurité sociale ; la clause de réserve de propriété et ;
le contrat de crédit- bail.

B- Les formalités exigées pour l’inscription

Pour obtenir l’inscription d’une sûreté, le créancier, l’agent de sûreté, le


constituant ou le comptable public doit présenter au greffe territorialement
compétent un formulaire d’inscription (en annexe du présent document) en
quatre (04) exemplaires portant les mentions suivantes :

41
Nom, prénom, dénomination sociale, domicile ou siège social et si
possible les coordonnées électroniques et le numéro d’immatriculation ou
de déclaration d’activités, du créancier ou de l’argent de sureté, du débiteur
de la créance garantie et du constituant s’il n’est pas ce débiteur ;

Nature et date du titre générateur de la sûreté ;

Montant maximum de la créance garantie comprenant le principal, les


intérêts et autres accessoires, la date d’exigibilité et l’existence d’un pacte
commissoire ;

La possibilité pour le constituant d’aliéner les biens grevés ;

La désignation du bien grevé et sa localisation (art.53 AUS) ;

Muni de ce dossier, le Greffier doit vérifier la conformité du formulaire


avec les documents présentés. Il s’assure ainsi du respect des mentions
concernant l’identification et la domiciliation des parties , la nature et la date
du titre générateur de la sûreté, la durée de l’inscription, le montant
maximum de la créance et de l’existence ou on d’u pacte commissoire et
enfin s’il est possible au constituant d’aliéner les biens périssables.

Le rôle du Greffier se limite à cette opération matérielle de vérification.


Il est incompétent pour soulever l’irrégularité juridique du titre générateur de
la créance présente.

Si tout parait conforme, le Greffier procède immédiatement à


l’inscription de la sureté sur le registre chronologique. Il fait mention de
l’inscription au dossier individuel ouvert au nom de la personne physique ou
morale contre laquelle l’inscription a été prise.

Il classe les actes et le formulaire de déclaration qui lui a été remis au


dossier avec mention de cette date d’inscription et de son numéro d’ordre .
Il remet à la personne qui a requis l’inscription (créancier bénéficiaire de la
sûreté) :

42
- le second exemplaire de sa déclaration visé par le greffe qui
mentionne la date et le numéro d’ordre de l’inscription ;

- le certificat d’inscription daté et désignant la formalité accomplie.

Enfin, les 3ème et 4ème exemplaires sont envoyés au fichier national


dont l’un est transmis au fichier régional à Abidjan.

L’inscription d’une sûreté ou son refus est notifié par le Greffier au


débiteur ou au constituant.

Lorsque la sûreté porte sur un nantissement ou un privilège qui porte


sur la propriété intellectuelle, le Greffier informe le déclarant qu’une
publicité complémentaire doit être faite sur les registres de l’Organisation
Africaine de la Propriété Intellectuelle.

Cela dit, nous noterons que la centralisation des inscriptions à elle


seule ne suffit pas pour améliorer le crédit, sinon l’accès au crédit des
partenaires. D’où la détermination des infractions relatives au non-respect
des formalités liées au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier s’avère
nécessaire.

Pour chacune de ces suretés mobilières, le titre constitutif de ladite


sureté et un formulaire d’inscription reprenant différentes mentions
obligatoires doivent être déposées au greffe du tribunal de commerce ou , à
défaut , du tribunal de grande instance dans le ressort duquel se trouve le
siège social de la société commerciale ou le principal établissement de la
personne physique exerçant la profession de commerçant . Le greffier
vérifie la conformité du formulaire au titre constitutif avant de procéder à
l’inscription.

Outre les suretés suscitées, l’inscription des hypothèques est aussi


rendue obligatoire pour assurer la sécurité des transactions immobilières,
la publicité de l’hypothèque qu’elle soit conventionnelle ou forcée, est
réalisée par une double inscription :

43
- au livre foncier conformément à la réglementation de chaque Etat-
partie.

Au Congo il s’agit de la loi n°17-2000 du 30 décembre 2000 portant loi


de finances pour l’année 2001 dans ses dispositions relatives à la
réglementation foncière.

-Au RCCM du greffe territorialement compétent

Aux termes de l’article 1958 de l’AUS « tout acte conventionnel ou


judiciaire constitutif d’une hypothèque doit être inscrit conformément aux
règles de publicité édictées par l’Etat-partie où est situé le bien grevé et
prévues à cet effet. »

En effet, il n’y a pas de garantie hypothécaire sans inscription. L’acte


authentique dressé par le Notaire est reçu par Greffier et classé au dossier
personnel du constituant. La date d’inscription au RCCM et sur les livres
fonciers détermine le rang et l’ordre de paiement en cas de pluralité de
créanciers.

Il sied de notifier que l’inscription a pour effet de rendre les suretés


opposable aux parties et aux tiers à partir de la date de leur inscription au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier et pendant une durée qui varie
de un à cinq ans.

Cinq ans pour l’inscription du nantissement sur les actions ou parts


sociales ; du nantissement du fonds de commerce et du nantissement du
matériel professionnel des véhicules automobiles, celle du privilège du
vendeur ; et des contrats de crédit-bail ;

Trois ans pour l’inscription des privilèges généraux du Trésor public, de


l’Administration des douanes et des institutions de sécurité sociale ;

Un an pour l’inscription du nantissement des stocks ,et de la clause de


réserve de propriété.

44
Cette inscription doit être renouvelée, à sa date d’échéance, dans les
mêmes conditions que l’inscription initiale.

Sont en outre transcrites d’offices au RCCM

- les décisions intervenues dans les procédures individuelles de faillite


ou dans les procédures collectives d’apurement du passif ;

- les décisions prononçant des sanctions patrimoniales contre les


dirigeants des personnes morales ;

- les décisions de réhabilitation ou des mesures d’amnistie faisant


disparaitre les déchéances ou interdictions.

Le greffe de la juridiction qui a rendu une décision dont la transcription


doit être faite au RCCM communique un exemplaire signé de cette décision
dans les meilleurs délais aux greffes ou aux organes compétents dans
l’Etat Partie dans le ressort desquels les formalités doivent être accomplies.

Section 2 : Les inscriptions complémentaires, les régularisations et

les conséquences en cas de non inscription

La vie en société est jalonnée de plusieurs mutations, lesquelles


exigent la prise en compte de certaines obligations. C’est ce qui justifie les
inscriptions complémentaires et régularisations au RCCM (§1) et, le
manquement à cette obligation engendre sans conteste des conséquences
(§2)

Paragraphe 1 : Les inscriptions complémentaires et régularisations

Si la situation de l’assujetti subit ultérieurement des modifications qui


exigent la rectification ou le complément des énonciations portées au
registre du commerce et du crédit mobilier, il doit formuler, dans les trente
(30) jours de cette modification, une demande de rectification ou de
mention complémentaire.

A- La modification de l’inscription

45
Toute modification concernant notamment l’état civil, le régime
matrimonial, la capacité et l’activité de l’assujetti personne physique, ou
encore toute modification concernant le statut des personnes morales
assujetties à l’immatriculation doit être mentionnée au registre du
commerce et du crédit mobilier.

C’est dire qu’il y a exigence de l’inscription ou de la déclaration


modificative complémentaire lorsqu’après l’immatriculation ou la
déclaration initiale, la situation de l’assujetti subit ultérieurement des
modifications qui exigent la rectification ou le complément des énonciations
portées au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

La cessation partielle d’activité doit également être mentionnée au


registre du commerce et du crédit mobilier.

Toute demande de modification, ou de mention complémentaire ou


secondaire est signée comme indiqué à l’article 39 de l’Acte uniforme relatif
au droit commercial général.

Le greffier ou le responsable de l’organe compétent dans l’Etat partie


délivre un accusé d’enregistrement qui mentionne la formalité accomplie
ainsi que sa date.

Notons que le RCCM sert aussi à recevoir les inscriptions


complémentaires constatant les modifications intervenues dans l’état ou la
capacité des personnes immaculées ainsi que les dépôts des actes.

Ainsi, aux termes de l’article 52 de l’AUDCG révisé, si la situation de


l’assujetti subit ultérieurement des modifications qui exigent la rectification
ou le complément des énonciations portées au Registre du Commerce et
du Crédit Mobilier , il doit formuler , dans les 30 jours de cette modification,
une demande de rectification ou de mention complémentaire.

Toute modification concernant notamment l’état civil, le régime


matrimonial, la capacité, et l’activité et la capacité d’assujetti personne

46
physique, ou encore toute modification concernant le statut des personnes
morales assujetties à l’immatriculation doit être mentionnée au RCCM.

La cessation partielle d’activité doit également être mentionnée au


RCCM. Toute demande de modification, ou de mention complémentaire ou
secondaire est signée et le greffier délivre un accusé d’enregistrement qui
mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date.

Toute personne physique ou morale assujettie à l’immatriculation au


registre du commerce et du crédit mobilier est tenue, si elle exerce son
activité à titre secondaire dans le ressort d’autres juridictions, de souscrire
une déclaration d’immatriculation secondaire dans le délai d’un mois à
compter du début d’exploitation.

La demande d’immatriculation secondaire doit être déposée au RCCM


du tribunal dans le ressort duquel est exercée l’activité et le greffier
adresse, dans le mois de l’immatriculation secondaire, une copie de
déclaration d’immatriculation secondaire au greffe en charge du registre où
a été effectuée l’immatriculation principale. Toute inscription d’un lieu
d’exercice secondaire de l’activité donne lieu à l’attribution d’un numéro
d’immatriculation.

B- La radiation de l’inscription des hypothèques

La radiation des inscriptions des hypothèques doivent aussi être


inscrites au RCCM.

Ainsi, on entend par radiation une opération qui vise à rendre


l’inscription hypothécaire inexistante tant dans les rapports entre parties
qu’à l’égard des tiers. De cette façon, tous les actes constitutifs et
modificatifs perdent leur effet.

Conformément à l’article 202 de L’AUS L’hypothèque est radiée selon


les règles de l’Etat-partie où est situé le bien immobilier grevé.

47
Le greffier porte mention en marge de l’inscription au RCCM de
l’ordonnance de main levée ou du formulaire de radiation agréée par le
conservateur.

Paragraphe 2: Les conséquences en cas d’inobservation


d’inscription au Registre du Commerce et du Crédit
mobilier

Les sociétés n’acquièrent la personnalité juridique qu’à compter du


jour de leur inscription au RCCM. Par conséquent, une société non- inscrite
au RCCM en est dépourvue. Comme effet pratique découlant de cette
carence, une telle société ne devrait pas pouvoir ni ouvrir un compte
bancaire, ni ester en justice ni accomplir un quelconque acte juridique.
L’immatriculation est donc une condition d’existence de la société.

A- L’inexactitude des renseignements

Toute personne physique assujettie à l’immatriculation au RCCM qui


n’a pas demandé celle-ci dans les délais prévus , ne peut se prévaloir ,
jusqu’à son immatriculation , de la qualité de commerçant lorsque son
immatriculation est requise en cette qualité.

Aussi, toute personne morale assujettie à l’immatriculation au RCCM


qui n’a pas demandé celle-ci dans les délais prévus , ne peut se prévaloir
de la personnalité juridique jusqu’à son immatriculation.

Comme dit supra, les personnes physique ayant la qualité de


commerçant et les entreprises qui s’abstiennent de procéder à
l’immatriculation ne peuvent se prévaloir de la qualité de commerçant et ne
pourront notamment pas bénéficier des règles de preuve en matière
commerciale. Cependant, elles supportent toutes les obligations du
commerçant car elles ne peuvent s’abriter derrière l’absence
d’immatriculation pour s’en soustraire.

48
En d’autres termes, le défaut d’inscription prive l’assujetti du bénéfice
des règles propres au commerçant mais ne lui permet pas de se soustraire
aux charges inhérentes a cette qualité.

Toutefois, ceci ne sera pas le cas si l’assujetti établi qu’au moment où


ils ont traité, les tiers ou administrations en cause avaient connaissance
des faits et actes dont s’agit.

En outre, lorsqu’un commerçant n’a pas procédé à l’immatriculation


dans les délais requis, les tribunaux ont toujours la possibilité de rendre
soit, d’office, soit à la requête du greffe ou de tout intéressé, une décision
enjoignant l’intéressé de demandé son immatriculation.

Enfin, toute personne s’abstenant d’accomplir les formalités exigées


pour l’immatriculation, ou qui l’aurait effectué frauduleusement, peut-être
sanctionnée en vertu des lois pénales prises par les Etats-parties en vertu
des normes OHADA.

B- L’inopposabilité des sûretés

Le défaut d’inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier


ayant pour conséquence l’absence de personnalité juridique engendre le
défaut de capacité d’ester en justice12. L’opposabilité de l’hypothèque
conventionnelle aux tiers est conditionnée par son inscription au RCCM et
dans le livre foncier.

12

TC BRAZZAVILLE, Ord. réf. n° 065, 28 Oct. 2011, Aff. Sté générale WIETC Company Ltd C/ Sté BRAEL-CONGO
SARL, dans cette affaire, l’action en rétractation d’une ordonnance présidentielle intentée par la Société générale WIETC
Company Ltd a été déclarée irrecevable du fait de l’absence de personnalité juridique, cette action ne pouvait donc être
introduite que par les membres de cette société individuellement .

49
Elle est notifiée par Acte Extra Judiciaire au propriétaire, au
conservateur et au bailleur. Il n’y a pas de garantie hypothécaire sans
inscription. Par conséquent, une surèté non inscrite au Registre du
Commerce et du crédit Mobilier est inopposable aux tiers.

50
DEUXIEME PARTIE :
LE ROLE DU REGISTRE DU COMMERCE ET DU CREDIT MOBILIER DANS LA SECURISA

51
Dans cette partie, il s’agira d’apprécier le rôle que joue le Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier dans l’amélioration de crédit. Autrement dit,
voir dans quelle mesure ce registre et les mécanismes mis en place pour
en assurer l’effectivité et l’efficacité contribuent à l’amélioration de l’accès
au crédit des entreprises de l’espace OHADA.

Ainsi donc, il conviendrait de montrer non seulement que le Registre


du Commerce et du Crédit Mobilier en tant que mécanisme innovant
favorise l’accès au crédit (Chapitre I), mais aussi d’évoquer le contentieux
pouvant naitre en cas de mépris dudit instrument, avant d’envisager
quelques réformes nécessaires ou solutions envisageables pouvant
consolider cet accès au crédit et ainsi sécuriser les affaires (Chapitre II).

CHAPITRE I : LES INNOVATIONS FAVORISANT L’ACCES AU


CREDIT ET LA SECURISATION DES AFFAIRES

Les innovations apportées par le droit OHADA à travers son Registre


du Commerce et du Crédit Mobilier sont notables surtout avec le système
de centralisation des inscriptions des suretés. Il convient donc de présenter
le nouveau mécanisme avant de voir comment il contribue à renforcer le
crédit des entreprises de l’espace OHADA.

Section 1 : La centralisation des suretés


52
A ce stade, il sied de passer d’abord en revue le mécanisme de
centralisation des inscriptions des suretés ( §1), avant d’examiner les
avantages liés à la centralisation au regard de l’amélioration du crédit des
entreprises( §2).

Paragraphe 1 : Le mécanisme de centralisation des sûretés

L’architecture du RCCM-OHADA prend la forme d’une structure


pyramidale : à la base, les registres locaux sont, dans chaque Etat, tenus
au greffe de la juridiction compétente ou par l’organe compétent désigné
par l’Etat Partie. Dans chaque Etat les informations des différents registres
sont centralisées dans un fichier national ; au sommet de la pyramide, le
fichier régional, tenu auprès de la CCJA, assure la centralisation des
renseignements et informations consignés dans les fichiers nationaux.
Ainsi, sont inscrites dans ces registres les sûretés mobilières(A) et
immobilières en l’occurrence l’hypothèque(B)

A- L’inscription des sûretés mobilières

La centralisation des inscriptions telle qu’organisée par le droit OHADA


à travers le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier doit être comprise
dans ses différents sens.

Elle comporte deux innovations qui contribuent toutes à améliorer le


crédit des entreprises ;

Il s’agit d’abord de la centralisation des différentes inscriptions en un


seul et même lieu, compte non tenu de la nature du bien.

Cela a été dit et il convient de le redire, c’est une évolution , voire une
révolution par rapport à la situation antérieure. Hérité du droit français dans
lequel le système existe encore aujourd’hui malgré les reformes
intervenues en droit des sûretés, ce système prévoyait que le lieu
d’inscription de la sureté était fonction de la nature du bien donné en

53
garantie ; ce lieu était forcément différent suivant les biens et même suivant
les pays.

Ainsi, par exemple pour le cas du Cameroun, le greffe du tribunal était


compétent pour recevoir l’inscription du nantissement du fonds de
commerce, de l’outillage et du matériel professionnel , alors que les
services administratifs et plus précisément les services de transport
recevaient l’inscription des nantissements sur les véhicules automobiles.

L’Acte uniforme prévoit désormais que les inscriptions des suretés qu’il
énumère se fait au RCCM tenu au greffe de la juridiction compétente
ratione loci et ratione materie (article 20 AUDCG). La juridiction compétente
est, suivant le cas, le lieu d’immatriculation de la société, le lieu
d’immatriculation de l’acquéreur ou le lieu d’immatriculation du propriétaire
en cas de nantissement des stocks.

Quant à la procédure , c’est le créancier nanti qui doit solliciter


l’inscription en produisant le titre constitutif de la sureté comportant
certaines informations relatives , par exemple , à l’identité du créancier , au
montant de la créance garantie, à la description du matériel ou des
marchandises dans le cas du nantissement de matériel ou de stock. Le
créancier doit ensuite remplir un formulaire d’inscription en quatre
exemplaires dont l’un reste au dossier ouvert au nom du constituant, l’autre
est remis au créancier et les deux autres envoyés au fichier national et au
fichier régional.

En plus de ces règles générales, chaque nantissement fait l’objet de


règles particulières, quant aux formalités d’inscription dont les conditions et
la durée d’opposabilité des inscriptions diffèrent quelque peu. Il faut s’en
référer ici aux règles prévues aux articles 44 à 62 de l’A.U.D.C.G. qui faut
combiner avec les articles 63 et suivants A.U.S. La durée de l’inscription
qui correspond à celle de l’opposabilité aux tiers varie de 2 à 5 ans. Elle est
de 5 ans pour les nantissements de droits d’associé et de valeurs

54
mobilières, fonds de commerce, matériel professionnel et véhicule
automobile et de 2 ans seulement pour le nantissement des stocks. Cette
durée limitée pour les stocks est probablement justifiée par le caractère
fongible et périssable des marchandises. L’inscription prend fin à l’issue de
la durée, si elle n’est pas renouvelée. Mais avant l’expiration de ce délai,
l’inscription peut être radiée. La radiation peut être totale ou partielle, elle
peut être conventionnelle ou contentieuse. Dans le premier cas, le
créancier consent expressément la radiation. Dans le second, elle est faite
par décision judicaire généralement à la demande du débiteur constituant.

Il s’agit ensuite de la centralisation de toutes les inscriptions de suretés


au niveau national et régional

La centralisation se fait aussi à partir des différents fichiers locaux vers


un fichier national et les différents fichiers nationaux contribuent à
l’élaboration d’un fichier régional. Il s’agit donc d’une centralisation à deux
niveaux (échelles). Des registres locaux vers les fichiers nationaux et des
fichiers nationaux vers le registre régional. C’est ce qui ressort de l’article
20 de L’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général.

Le fichier national comme son nom l’indique est tenu au niveau de


chaque Etat auprès d’une institution désignée par l’Etat (greffe d’une
juridiction d’appel ou autre autorité administrative) ;

Le fichier régional quant à lui est tenu auprès de la Cour de Justice


communautaire dont le siège est à Abidjan.

L’uniformisation à donc été recherchée au maximum.

B- L’inscription de l’hypothèque au Registre du Commerce et du


Crédit Mobilier

Rendue obligatoire pour assurer la sécurité des transactions


immobilières, la publicité de l’hypothèque qu’elle soit conventionnelle ou
forcée est réalisée par une double inscription :

55
- au livre foncier conformément à la réglementation de chaque Etat ;

- aux termes de l’article 195 de L’AUS « tout acte conventionnel ou


judiciaire constitutif d’une hypothèque doit être inscrit conformément
aux règles de publicité édictées par l’Etat-partie où est situé le bien
grevé et prévues à cet effet ».

En effet, il n’y a pas de garantie hypothécaire sans inscription. L’acte


authentique dressé par le Notaire est reçu par le Greffier et classé au
dossier personnel du constituant. La date d’inscription au RCCM et sur les
livres fonciers détermine le rang et l’ordre de paiement en cas de pluralité
de créanciers.

Paragraphe 2 : Les avantages de la centralisation des sûretés

Au regard du crédit et de l’accès au crédit, la centralisation présente


plusieurs avantages, car elle permet de gagner en temps, en argent (A).
Elle contribue aussi à l’amélioration du crédit des entreprises(B)

A- Les avantages en termes de coûts

Par rapport à la centralisation en un même lieu des différentes


inscriptions, le créancier à travers la consultation d’un seul fichier est
désormais renseigné sur toute la situation du débiteur par rapport à
l’ensemble de son patrimoine mobilier.

-elle permet le gain de temps ;

Par rapport à la centralisation au niveau national ou régional, l’accès à


un seul fichier (national ou régional) permet d’avoir accès, au même
moment et au même lieu , aux informations concernant plusieurs
partenaires potentiels dans le même pays ou dans la sous-région, ce qui
peut être utile pour les investisseurs potentiels se situant hors de la région
OHADA.

Elle permet le gain d’argent ;

56
Conséquence logique du gain de temps, la centralisation permet un
gain d’argent parce que les couts d’accès aux informations sont
sensiblement réduits, qu’il s’agisse des couts directs ou des frais indirects,
ce qui peut se ressentir positivement sur le cout du crédit qui sera octroyé.

B--L’amélioration du crédit des entreprises

La centralisation des inscriptions favorise l’accès rapide à l’information


sur la situation de son potentiel partenaire. De cette façon, elle permet la
prise rapide des décisions de financement. 

L’appréciation de la situation patrimoniale du débiteur ou du partenaire


est souvent antérieure à la décision de mise en place effective d’un
financement ou d’un crédit surtout si celui-ci est d’un montant élevé . Les
difficultés d’accès aux éléments d’appréciation peuvent retarder, voire
compromettre cette possibilité. Il est important pour le demandeur de crédit
que l’accès soit aisé à ces éléments pour le prêteur.

De plus, elle établit la confiance entre les partenaires.

Le RCCM permet d’avoir une situation de l’actif mobilier essentiel du


débiteur qui ne peut redouter que certaines informations sur la situation de
l’entreprise lui ait été dissimulées. Faisant ainsi naitre un contentieux.

Section 2 : Le contentieux de l’immatriculation et de l’inscription


des sûretés au RCCM

C’est en vertu des dispositions de l’article 68 de l’Acte Uniforme relatif


au Droit Commercial Général que le juge peut ordonner au commerçant
personne physique, ainsi qu’aux fondateurs d’une société de procéder à
l’immatriculation initiale et aux inscriptions ultérieures au RCCM. Le
domaine de la contrainte judiciaire n’est donc pas négligeable.

57
Les sûretés engendrent souvent les conflits de plus en plus complexes
qui nécessitent des procédures interminables, puisqu’elles touchent en
général aux éléments du patrimoine. Le Greffier est donc souvent sollicité
que ce soit au moment de l’inscription des sûretés, comme nous l’avions
notifié plus haut, ainsi qu’au moment de leur radiation. Aussi, il est
important de distinguer le conflit de l’immatriculation de celui des sûretés.

De ce fait, nous examinerons d’abord le contentieux de l’immatriculation


( §1) avant d’évoquer celui des sûretés(§2)

Paragraphe 1 : Le contentieux de l’immatriculation 

Les opérations d’immatriculation des personnes physiques ou


morales engendrent souvent les conflits de plus en plus complexes et des
procédures interminables puisqu’elles touchent en général aux éléments du
patrimoine. Le Greffier est donc souvent sollicité que ce soit au moment de
la transcription des renseignements qu’en cas d’inscription des sûretés et
de leur radiation du RCCM.

En effet, le contentieux de l’immatriculation du commerçant peut


s’élever dans deux hypothèses distinctes. Le premier cas de contentieux se
situe en amont de la procédure de l’immatriculation et est relatif à
l’inexécution de la publicité au RCCM. Le second cas de contentieux peut
surgir en cours de la procédure d’immatriculation. Il s’explique non
seulement par le rejet de la demande d’immatriculation (A), mais aussi par
la radiation de l’inscrit du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier(B).

A- Le rejet de la demande d’immatriculation

Le rejet est entendu comme la sanction qui atteint une demande


d’immatriculation non conforme aux exigences légales.

58
La conformité se rapporte à la production non seulement d’une
demande contenant toutes les indications requises tant des personnes
physiques que des personnes morales, mais aussi des pièces justificatives
y afférentes. L’ancien article 26 de l’AUDCG qui était applicable au
commerçant, personne physique, prévoyait qu’ « à l’appui de ses
déclarations, le requérant est tenu de fournir les pièces justificatives
suivantes ». L’emploi de la forme impérative augure de la sanction qui peut
suivre en cas de transgression de cette disposition. L’article 28 du même
Acte uniforme qui était relatif aux personnes morales en donnait ainsi : «  à
cette demande, sont jointes, sous peine de rejet, les pièces justificatives
suivantes ».

Pourtant, l’ancien article 41 dudit Acte uniforme qui traitait de l’un des
aspects du contentieux de l’immatriculation ne faisait aucune suite au
pouvoir de rejet ou de refus d’inscription du greffier. Le postérieurement à
l’attribution du numéro d’immatriculation à la société commerciale en cause.
L’immatriculation immédiate aurait ainsi un revers qui risque de ne pouvoir
être réparé que par le recours au juge.

Ainsi, le refus d’accomplir cette formalité ne pourrait a priori être vaincu


par le juge. Pourtant, on pourrait admettre le contraire, en estimant que,
puisque l’immatriculation est une simple formalité, son inexécution relève
de l’inertie ou de la négligence du commerçant, personne physique ou
morale. Le recours à l’exécution forcée

Le traitement judiciaire des incidents de la procédure d’immatriculation.

B- La radiation de l’inscrit du Registre du Commerce et du Crédit


Mobilier

La radiation est l’opération consistant à rayer sur le registre du


commerce l’immatriculation d’un assujetti, personne physique ou morale.

59
La déclaration de cessation d’activité qui aboutit au même résultat
concerne l’entreprenant. D’après l’article 55(1) de l’AUDCG , « Toute
personne physique immatriculée doit, dans le délai d’un mois à compter de
la cessation de son activité, demander sa radiation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier. Cette formalité doit également être
accomplie pour les succursales et établissements ».

Cet article qui ne concerne que les personnes assujetties est


immédiatement complété par l’article 58 pour ce qui est des personnes
morales. L’alinéa 1 de cet article prévoit que la dissolution d’une personne
morale pour quelque cause que se soit doit être déclarée, en vue de son
inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, dans le délai
d’un mois au greffe de la juridiction compétente auprès de laquelle elle est
immatriculée. Il en est même de l’alinéa 2 du même article en ce qui
concerne la nullité de la société, qui doit être inscrite à compter de la
décision qui l’a prononcée.

Les personnes concernées par l’obligation de radiation sont clairement


mentionnées par les textes. Il s’agit en ce qui concerne les personnes
physiques, du commerçant, personnellement en cas de cessation de son
activité, ou de ses ayants droit en cas de décès du commerçant. Quant aux
personnes morales, leur radiation doit être demandée en cas de dissolution
par le liquidateur dans le délai d’un mois à compter de la clôture des
opérations de liquidation.

Les délais prévus pour procéder à la radiation sont les suivants : un


mois à compter de la cessation de l’activité commerciale lorsque la
demande émane l’assujetti personne physique, trois mois à compter de son
décès lorsqu’elle émane de ses ayants droit, et un mois suivant la
dissolution de la personne morale lorsque l’obligation incombe au
liquidateur.

60
En cas de cessation d’activités, la radiation du registre doit être
demandée. Elle vise à éliminer du Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier les immatriculations fictives ou des coquilles vides. Cette formalité
doit également être accomplie pour les succursales et établissements.

La cessation peut être volontaire et, dans ce cas, c’est l’intéressé lui-
même qui demande la radiation dans le délai d’un mois.

En ce qui concerne les personnes physiques ayant la qualité de


commerçant, la cessation peut aussi résulter du décès du commerçant.
Dans ce cas, il appartient aux héritiers de demander, dans le délai de trois
mois, soit la radiation, soit la modification de l’immatriculation s’ils
entendent continuer l’exploitation.

Rappelons-le qu’en cas de décès d’un commerçant, la radiation est d’office.


Sauf dans les cas où les ayants décident autrement. La radiation de
l’inscrit du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier

En cas de dissolution d’une entreprise, c’est le liquidateur qui doit


demander la radiation dans les délais prescrits. La dissolution d’une
personne morale, pour quelque cause que ce soit, doit être déclarée, en
vue de sa transcription au RCCM, dans le délai d’un mois au greffe du
tribunal de commerce ou son équivalent auprès duquel elle est
immatriculée.

A défaut de radiation dans les délais susvisés, le greffier doit saisir le


tribunal compétent. Le greffier procède à la radiation après décision du
tribunal, statuant à bref délai, saisie à sa requête ou à celle de tout
intéressé.

Le greffier en charge du RCCM délivre un accusé d’enregistrement qui


mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date.

Tout intéressé peut également saisir le tribunal d’une requête de


radiation d’une entreprise donnée.

61
La radiation emporte la perte des droits résultant de l’immatriculation.

Il en va de même pour la nullité de la société à compter de la décision


qui l’a prononcée.

Un bref aperçu sur les conséquences de la radiation d’une société du


registre du commerce et des sociétés, nous permet de comprendre que la
radiation de ce registre est une opération technique qui n’entraine pas en
soi, la disparition de la personne morale. Il est vrai que les sociétés
commerciales naissent et jouissent de la personnalité morale à compter de
leur immatriculation au registre du commerce et des sociétés (article L.210-
6 du code de commerce). Par analogie, on pourrait penser que la société
disparait et perd sa personnalité morale à compter de sa radiation du même
registre. Or, ce n’est pas le cas.

A titre d’exemple, lorsqu’une société déclare une cessation d’activité


ou qu’elle est faite d’office, le greffier peut procéder à sa radiation. La
société peut alors demander au greffier ou au juge commis à la surveillance
du registre du commerce et des sociétés de rapporter la radiation. C’est
bien la démonstration que la radiation n’entraine pas la disparition de la
personnalité morale.

Cette interprétation a été confirmée par un arrêt de la Cour de


cassation en ces termes : «  la radiation d’office du registre du commerce et
des sociétés(…) n’a pas pour effet la perte de la personnalité morale »
(Cour de cassation, 20 février 2001, n°98-16842 ; récemment d’une
manière générale sans les termes « d’office » Cour de cassation, 24 juin
2020, n°18-14248 : « la radiation d’une société du registre du commerce et
des sociétés n’a pas pour effet la perte de sa personnalité morale ».

Ce sont donc les opérations qui sont réalisées qui lui font perdre sa
personnalité à la date prévue par la loi comme celle prévue par les
liquidations amiables (1844-8 : « la personnalité morale de la société.

62
Paragraphe 2 : Le contentieux de l’inscription des sûretés

Pour pouvoir produire des effets à l’égard des tiers et leur être opposable,
les sûretés doivent faire l’objet de publicité avec inscription au RCCM.
Celle-ci se réalise par l’accomplissement au greffe de certaines formalités
qui une fois accomplis génèrent d’importants droits pour le créancier inscrit.

A contrario, lorsque le Greffier par sa négligence ou son manque de


professionnalisme, omet le transcrire sur ses registres l’inscription sollicitée,
il met en jeu sa responsabilité.

Le législateur OHADA a, dans l’article 69 de l’AUDCG, clairement


défini les infractions relatives au non-respect des formalités prescrites. Il
ressort donc des dispositions de cet article, la distinction entre les
infractions dites de commissions et celles qualifiées d’omissions (A), ce qui
conduit à la mise en jeu de la responsabilité du Greffier (B).

A- Les infractions dites de commission et omissions blâmables

Les infractions de commission consistent en des actes positifs


perpétrés par l’assujetti avec l’intention d’enfreindre la législation sur
l’immatriculation ou la déclaration d’activité au registre du commerce et du
crédit mobilier.

Il s’agit de la fraude qui peut prendre plusieurs formes. C’est le cas


des déclarations inexactes ou incomplètes effectuées lors de l’inscription ou
de la déclaration d’activité initiale, des inscriptions ou déclarations
subséquentes, de la radiation ou de la déclaration de cessation d’activité,
ou encore des inscriptions ou déclarations effectuées sur la base des
fausses pièces.

Pour que la responsabilité pénale de la personne mise en cause soit


engagée, la preuve de la mauvaise foi doit être rapportée par l’accusation
ce, en vertu de l’adage selon lequel « quiconque allègue la mauvaise foi,

63
est tenu d’en rapporter la preuve ». C’est ainsi qu’en matière de sûretés
mobilières, l’article 65 de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés,
adopté le 15 décembre 2010 à Lomé (Togo), prévoit que : « toute
inscription de sûreté mobilière effectuée par fraude ou portant des
indications inexactes, données de mauvaise foi, est punie de peines
prévues par la loi nationale.

La juridiction compétente, ou l’autorité compétente dans l’Etat partie,


en prononçant la condamnation, peut ordonner la rectification de la mention
inexacte dans les termes qu’elle détermine ».

En d’autres termes, celui qui est poursuivi, doit avoir agit en


connaissance de cause.

Dans ces types d’infractions l’intention frauduleuse est donc


indispensable.

A côté des infractions de commissions nous avons les infractions


d’omissions.

Les infractions d’omission consistent au fait, pour les personnes


physiques assujetties à l’obligation d’immatriculation ou de déclaration
d’activité au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, de s’en être
abstenues aussi bien en ce qui concerne l’obligation d’inscription ou de
déclaration d’activité initiale, que celle des inscriptions ou de déclarations
ultérieures. Alors que l’obligation d’immatriculation concerne aussi bien les
personnes physiques que morales, celle de déclaration d’activité, ne
s’applique qu’aux seules personnes ayant la qualité d’entreprenants.

L’article 44 al.1er de l’AUDCG, fait obligation à toute personne dont


l’immatriculation est requise d’en faire la demande auprès du greffe de la
juridiction compétente ou de l’organe compétent dans le premier mois de
l’exercice de son activité. Il s’agit donc des personnes physiques ayant la
qualité de commerçant au sens de l’article 2 de l’acte uniforme précité.

64
C’est dire que la qualité de commerçant est déterminante pour l’obligation
d’immatriculation des personnes physiques au RCCM dans l’espace
OHADA.

De plus, pour marquer la rupture avec la législation jusque là


applicable dans la plupart des Etats, l’Acte uniforme a étendu l’obligation
d’immatriculation à deux catégories spécifiques de commerçants : le
locataire gérant et l’agent commercial. De même, on s’accorde aujourd’hui
en doctrine, en vertu de la théorie de l’anticipation, à admettre l’extension
de l’obligation d’immatriculation à une personne physique qui n’est pas
encore commerçante. C’est le cas de l’acquéreur d’un fond de commerce
qui n’exerce pas encore une activité commerciale.

Dans tous les cas ces personnes doivent requérir leur immatriculation
dans le premier mois de l’exploitation de leur commerce. Faute de quoi
elles sont susceptibles d’être poursuivies pour défaut d’immatriculation.
Donc, pour infraction d’omission.

C’est dire que, toutes personnes assujetties à l’immatriculation, qui


feraient montre de non respect de ces formalités, s’expose aux sanctions
pénales.

Il en va de même pour les inscriptions et déclaration d’activités


ultérieures.

Ainsi, pour toutes les infractions d’omission, l’intention n’est pas


exigée.

L’élément morale s’analyse en la négligence et surtout au non-respect


de la règlementation. Cette absence d’intention coupable constitue une
différence fondamentale avec les infractions de commission.

Cependant, pour les deux catégories d’infractions, la détermination de


la peine applicable n’est pas une tâche aisée.

65
B- La mise en jeu de la responsabilité civile et pénale du Greffier

Contrairement à certains Actes uniformes qui consacrent


expressément des chapitres ou des sections aux dispositions pénales,
dans l’AUS deux (2) articles seulement traitent des fraudes. Ce sont les
articles 65 et 66.

Pourtant le Greffier engage sa responsabilité tant civile que pénale


dans le cas d’inscription ou de radiation frauduleuse.

- La responsabilité civile du greffier

La responsabilité civile du Greffier est engagée toutes les fois que sa


négligence et sa mauvaise foi seront prouvées. L’article 66 de L’AUS fait
obligation au Greffier de donner une réponse dans un délai de deux (2)
jours, à un demandeur d’informations.

Ainsi, le Greffier a l’obligation d’informer. A toute demande


d’information formulée, le Greffier doit répondre immédiatement ou au plus
tard dans les deux (2) jours, à compter de la réception de la demande au
RCCM .

L’AUS lui fait obligation de délivrer au demandeur soit un certificat


attestant qu’aucune inscription n’a été prise , soit un état général de toutes
les inscriptions existantes avec leurs mentions marginales , soit un ou des
états particuliers lorsque la demande ne concerne qu’un bien ou une
catégorie de biens appartenant au débiteur ou au constituant.

Le Greffier qui n’aura pas satisfait à cette demande d’informations,


cause un énorme préjudice au demandeur et par ce seul fait , il met en jeu
sa responsabilité. Le fondement juridique de cette responsabilité reste
l’article 1382 du code civil.

De plus, les inscriptions ou les radiations doivent être exempts de


mentions frauduleuses ou erronées, sous peine de mise en œuvre de la
responsabilité du Greffier.

66
Aux termes de l’article 66 al 3 « toute inscription, modification ou
radiation non conforme aux prescriptions de la loi ainsi que toute délivrance
d’extraits incomplets ou erronés engagent, selon le cas la responsabilité du
greffier ou du représentant de l’organe compétent dans L’Etat-partie ».

Cette responsabilité sera également engagée en cas de :

- délivrance d’extraits incomplets ou erronés ;

- refus et rejet d’inscription sans motifs valables ;

- défaillance dans la notification de l’inscription, la radiation ou le rejet ;

- la responsabilité pénale du greffier.

Si le demandeur d’une inscription en fraude encourt une peine pénale,


on peut comprendre que le Greffier qui accepte de transcrire ces mentions
frauduleuses , soit lui aussi poursuivi, si ce n’est en qualité de co-auteur, au
moins en qualité de complice.

Le siège de la responsabilité pénale du Greffier est à rechercher au


travers de deux (2) infractions :

- l’infraction d’inscription frauduleuse ou inexacte (art.65) ;

- la privation de privilège du bailleur (184 al.3) ;

- l’infraction d’inscription frauduleuse ou inexacte.

Aux termes de l’article 65 de L’AUS « toute inscription de sûreté


mobilière, effectuée par fraude, ou portant des inscriptions inexactes
données de mauvaise foi, est punie des peines prévues par la loi pénale
nationale… »

Ainsi, quiconque en utilisant des manœuvres frauduleuses, ou en


portant des informations inexactes, aura obtenu l’inscription, ou aura inscrit
une sureté, encourt une peine qui sera prévue par la législation de chaque
Etat-partie.

67
Le Greffier qui sachant que les informations qui sont portées à sa
connaissance, sont fausses ou inexactes, mais accepte néanmoins
d’inscrire de mauvaise foi une sûreté, s’expose à une peine d’amende ,
fixée par chaque Etat-partie.

La privation de privilège du bailleur :

Le bailleur d’un immeuble jouit d’un privilège sur les meubles qui
garnissent les lieux loués. Ce privilège s’étend à toutes les créances du
bailleur contre le preneur ainsi que tous les dommages et intérêts qui
pourraient lui être alloués.

Ainsi, aux termes de l’article 184 al.3, le preneur ou toute personne ,y


compris le Greffier du RCCM compétent , qui sciemment et par des
manœuvres frauduleuses, prive le bailleur de son privilège , encourt une
sanction pénale.

On notera que L’AUS énonce, quoique assez maladroitement , les


incriminations mais laisse à chaque Etat-partie de déterminer les sanctions
applicables.

Ainsi, les articles 24 et 25 de la loi n°12-2013 du 28 juin 2013


punissent de peines d’amendes et d’emprisonnement, les atteintes à ces
deux infractions .

A cet effet, l’infraction d’inscription frauduleuse ou inexacte est punie


d’une amende allant de 100.000 à 150.000 Francs CFA, (art.24) ;

Tandis que le coupable de privilège du bailleur écope d’une peine


d’emprisonnement de 2 à 6 mois assortie d’une amende de 200.000 à
24.000.000 Frs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement (art.25).

L’alinéa 2 de l’article 65 précise que « la juridiction compétente, en


prononçant la condamnation peut ordonner la rectification de la mention
inexacte dans les termes qu’elle détermine » afin de rétablir les tiers contre
lesquels la sureté a été inscrites.

68
En effet, que ce soit l’infraction d’inscription frauduleuse ou celle de
privation de privilège, il existe un dol général qui doit être sanctionné car les
manœuvres pratiquées par l’une des parties l’acte l’inscription , sont telles
qu’il est évident que sans elles l’inscription n’aurait pas eu lieu.

L’auteur du dol doit se servir de manœuvres dolosives dans le but


d’obtenir l’inscription et il doit avoir conscience de la fausseté des
informations qu’il donne ou celles par lesquelles il obtient l’inscription de sa
sûreté.

CHAPITRE II : LES MESURES NECESSAIRES POUR CONSOLIDER

LE CREDIT DES ENTREPRISES

Il est vrai que le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier apparait


aujourd’hui comme un puissant instrument de sécurisation juridique et
judiciaire des affaires, dans la mesure où il constitue une innovation de
valeur considérable pour les investisseurs dans l’espace OHADA.
Cependant, il n’en demeure pas moins vrai que certaines mesures doivent
encore être prises afin de consolider le crédit des entreprises. Au nombre
desquelles figurent, la détermination des peines applicables en cas

69
d’inobservation des formalités liées au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier(Section 1), puis nous envisagerons quelques esquisses de solution
pour une meilleure sécurisation des affaires par le Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier (Section 2).

Section 1 : La détermination des peines applicables en cas


d’inobservation des formalités liées au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier

Le législateur OHADA a, dans l’article 69 de l’AUDCG, clairement


défini les infractions relatives au non-respect des formalités liées au RCCM.

Toutefois, chaque Etat partie dispose de la liberté de détermination de


la peine applicable, créant ainsi un vide juridique du côté du législateur
communautaire. Cela dit, il sied de mettre en exergue le mutisme de la loi
(§1), puis nous rechercherons les peines applicables (§2)

Paragraphe 1 : Le mutisme de la loi

Ce mutisme se caractérise non seulement par le vide juridique créé


par l’article 69 de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général(A),
mais aussi par l’absence de texte juridique en droit positif Congolais (B).

A- Le vide juridique créé par l’article 69 de l’Acte Uniforme relatif au


Droit Commercial Général
L’article 5, alinéa 2 du Traité de PORT-LOUIS du 17 Octobre 1993
relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique dispose que: «  les
actes uniformes peuvent inclure des dispositions d’incrimination pénale.
Les Etats parties s’engagent à déterminer les sanctions pénales
encourues ».

C’est dire, qu’en ratifiant le traité OHADA, les Etats parties ont pris
l’engagement, aux termes de l’article 5 précité, de « déterminer les
sanctions pénales encourues ». Il convenait alors pour chaque Etat-partie,

70
de relever toutes les dispositions du droit uniforme appelant des sanctions
pénales, de rechercher celles qui existent déjà dans le droit interne ,et de
dire si elles coïncident avec les infractions définies par le droit uniforme et
si elles sont adaptées. Par contre, en cas de silence du droit antérieur sur
ce point, il fallait prévoir des sanctions pénales nouvelles. Cet engagement
a-t-il été respecté ? Certainement pas, surtout en ce concerne les
qualifications prévues à l’article 69 de l’AUDCG, et qui sont relatives au non
respect de l’obligation d’immatriculation ou de déclaration d’activité au
RCCM.

Au Cameroun par exemple, la loi n°2003 /008 du 10 juillet 2003, tout


en s’efforçant de sanctionner véritablement les incriminations contenues
dans les Actes uniformes, reste cependant silencieuse quant à celles
définies à l’article 69 de l’AUDCG. Est-ce un oubli ou une omission
volontaire ? Nous pensons qu’il y a lieu de se pencher pour la première
hypothèse.

En effet, le chapitre premier du titre II de la loi précitée intitulé « Les


infractions contenues dans l’Acte uniforme du 17 Avril 1997 relatif au droit
commercial général » réprime uniquement, en ses articles 2 et 3 pris en
application des articles 65 de l’AUS et 140 de l’AUDCG respectivement,
deux formes d’infractions : l’une de commission ( l’inscription frauduleuse
des suretés mobilières au RCCM ), et l’autre d’abstention ( l’omission pour
le locataire gérant d’un fonds de commerce d’indiquer en tête de ses bons
de commande, factures et d’autres documents à caractère financier ou
commercial , son numéro d’immatriculation au RCCM , ou sa qualité de
locataire gérant ). Faut-il voir à travers la sanction de ces deux infractions la
volonté du législateur camerounais de réprimer toutes les infractions de
commission et d’omission contenues dans l’AUDCG ? On ne saurait
répondre par l’affirmative. Les peines des deux infractions sanctionnent le
non respect de certaines inscriptions subséquentes, qui ne pourraient être

71
faites sans qu’il y ait eu au préalable inscription initiale. La simple logique
aurait voulu que le législateur affecte d’abord des peines au non respect de
l’inscription initiale, quitte à les appliquer par renvoi aux inscriptions
subséquentes.

Peut-on déceler dans l’attitude du législateur camerounais le souci de


dépénaliser les comportements stigmatisés par l’article 69 de l’AUDCG ?
Cela est impensable, car le législateur camerounais ne saurait être plus
« royaliste que le Roi ». La dépénalisation ne serait convenable que si elle
intervenait dans le cadre d’une disposition communautaire. Le traité n’a pas
laissé aux Etats parties la faculté de punir ou de ne pas punir les
qualifications pénales qu’il prévoit. Seul le choix de la peine leur a été
confié. Un Etat partie peut donc pour une infraction donnée choisir une
peine très grave, moyenne ou légère, et même symbolique. On ne le lui
reprochera pas. Dépénaliser un comportement qualifié d’infraction par le
droit communautaire équivaudrait d’ailleurs à la violation de l’engagement
conventionnel librement consenti dans le Traité OHADA. Il y aurait en
même temps violation de la constitution camerounaise qui dispose en son
article 45 que les traités régulièrement ratifiés ont une valeur supérieure à
celle des lois. On peut donc dire sans risque de se tromper qu’il s’agit d’un
oubli du législateur camerounais.

Dans son élan profond, sa ferme volonté de réprimer toutes les


infractions contenues dans l’AUDCG, le législateur camerounais de 2003 à
donc omis les infractions prévues par l’article 69 dudit Acte Uniforme. Cette
omission qui est caractéristique du danger qu’entraine « la fuite de
responsabilité » du législateur communautaire, ne traduit en rien la volonté
du législateur camerounais à renvoyer pour les sanctions de ces infractions
aux textes préexistants. Pour éviter que cette omission ne soit un gage
d’impunité, l’exploration des lois pénales nationales s’avère nécessaire

72
dans le but de rechercher véritablement les peines applicables en la
matière.

B- L’absence de texte dans le droit positif Congolais

Dans notre pays, l’on constate l’inexistence des textes de lois


applicables en cas d’inobservation des formalités liées au Registre du
Commerce et du Crédit, créant ainsi un vide juridique. Une question
demeure, celle de savoir si ce vide ne constitue t-il pas un gage d’impunité
dans ce domaine ?

D’où il parait parfois nécessaire de recourir aux textes antérieurement


applicables pour résoudre le problème de la peine applicable au cas
d’espèce, participant ainsi à la logique même du législateur OHADA qui a
prévu dans l’article 69 de l’AUDCG que « toute personne tenue d’accomplir
une des formalités prescrites au présent Acte uniforme, et qui s’en est
abstenue, ou encore qui a effectuée une formalité par

fraude, est punie de peines prévues par la loi pénale nationale, ou


encore le cas échéant par la loi pénale spéciale prise par l’Etat partie en
application du présent acte uniforme ». C’est dire que lorsque le législateur
OHADA a prévu les infractions qui existaient déjà en droit interne, la peine
applicable est celle prévue par une loi spéciale prise par l’Etat partie.

Paragraphe 2 : La recherche des peines applicables

Suite au manquement du législateur de 2003, Camerounais bien


entendu, puisque nous sommes toujours dans le cas du Cameroun et,
pour éviter le déni de justice, la doctrine propose, pour la sanction des
infractions contenues dans l’article 43 de l’AUDCG , des solutions aussi
bien diverses qu’embarrassantes. Pourtant, il existe une solution simple : la
nécessaire application des sanctions préexistantes.

73
Ainsi, la doctrine est loin d’être unanime relativement aux peines qu’il
faut affecter aux infractions de l’article 69 de l’AUDCG.

A- Les peines relatives aux infractions de commission

D’après l’article 18(1) du décret de 1930 précité, « est puni d’une


amende de 1000 à 12 000 F tout commerçant, tout gérant ou
administrateur d’une société ayant son siège social au Cameroun, tout
directeur de la succursale d’une société qui ne requiert pas dans le délai
prescrit les inscriptions obligatoires ou n’observe pas les prescriptions de
l’article 11 ».

Comme on peut le constater, le défaut d’immatriculation était puni


uniquement de la peine d’amende. Il n’y avait donc pas de peine
d’emprisonnement. De plus, le montant de l’amende était libellé en francs
français de l’époque. Or on sait qu’entre-temps la monnaie française avait
changé de parité par rapport au franc CFA. Depuis, le franc français a
disparu au profit de l’euro. Mais pour déterminer la sanction applicable
aujourd’hui au Cameroun lorsqu’il y a défaut d’immatriculation, on peut faire
la conversion en se basant sur la parité du franc CFA par rapport au franc
français avant le basculement vers l’euro. C’est dire que le défaut
d’immatriculation ou de déclaration d’activité initiale, secondaire,
modificative, de radiation ou de cessation d’activité devrait être puni au
Cameroun d’une peine d’amende de 100 000 à 1 200 000 francs CFA.

L’alinéa 2 de cet article indique que l’amende est prononcée par le


président du Tribunal de 1ère instance. Mais la personne mise en cause doit
avoir été préalablement entendue ou dûment appelée. Le tribunal ordonne
en même temps l’inscription omise sera faite dans 15 jours.

Le non-respect de cette dernière inscription dans le délai indiqué peut


entrainer l’infliction d’une nouvelle amende .

B- Les peines applicables aux omissions blâmables

74
« Il est généralement plus graves de mentir que de se taire », affirment
Jean LARGUIER et Philippe CONTE. C’est pourquoi le fait de donner, de
mauvaise foi, des indications inexactes ou incomplètes en vue d’une
immatriculation ou d’une modification de l’inscription constitue le délit prévu
par l’article 69 de l’acte uniforme précité. Il s’agit donc d’une infraction
intentionnelle, car il y a mauvaise foi de la part du commerçant ou du
dirigeant social.

L’article 19 (1) du décret de 1930 précité dispose à cet effet que


« Toute indication inexacte donnée de mauvaise foi, soit en vue de
l’immatriculation ou de l’inscription au registre du commerce, soit dans les
mentions prescrites par l’article 11, est punie d’une amende de 24 000 à
480 000 F et d’un emprisonnement d’un mois à six mois, ou de l’une de ces
deux peines seulement ». Contrairement aux infractions d’omission, il y a ici
une peine d’emprisonnement d’un à six mois. De plus, le taux de l’amende
est très élevé. En faisant la même opération de conversion que celle faite
ci-dessus à propos de la sanction du défaut d’immatriculation, on peut dire
qu’en cas de déclaration inexacte ou incomplète faite au cours de
l’immatriculation, le contrevenant encourt une peine d’emprisonnement de
un à six mois et une peine d’amende de 2 400 000 à 48 000 000 de francs
C, ou l’une de ces deux peines seulement.

Le jugement du tribunal qui prononce la condamnation ordonne dans


le même temps que la mention inexacte soit rectifiée dans les termes qu’il
détermine .

En définitive, force a été de constater que le choix opéré par le


législateur OHADA de laisser à chaque Etat membre le soin de sanctionner
les infractions qu’il définit pose entre autres problèmes celui de l’effectivité
même de leur répression.

Section 2: Les esquisses de solutions pour une meilleure


sécurisation des affaires au moyen du Registre du

75
Commerce et du Crédit Mobilier

S’il est évident que le fonctionnement de l’économie moderne exige


de plus en plus de moyens financiers, techniques et humains, quel que soit
la taille de la structure juridique qui peuvent se concentrer tout en
conservant chacune son indépendance, et au-delà de toutes les
considérations, l’espace OHADA a modernisé le droit des affaires. Il
apparait désormais comme un puissant instrument devenu indispensable à
l’activité économique. Ce, grâce à ses différents Actes uniformes ;
notamment, celui relatif au Droit Commercial Général. Toutefois, quelques
amendements méritent d’être apportés. Au nombre desdits amendements
figurent l’accessibilité aux informations inscrites au Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier (§1) et les solutions judiciaires envisageables à la
sécurisation des affaires par le RCCM (§2).

Paragraphe 1 : L’accessibilité aux informations inscrites au


Registre du Commerce et du Crédit Mobilier

Pour atteindre les buts visés par le législateur OHADA en instaurant le


Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, ces registres doivent être bien
renseignés et accessibles à tous les potentiels partenaires.

Cette accessibilité est rendue possible non seulement par la mise en


place réelle et effective des fichiers (A), mais aussi par la vulgarisation de
l’importance du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (B).

A- La mise en place effective des fichiers

Les Registres de commerce ne sont pas véritablement des institutions


nouvelles puisqu’ils existent déjà auprès des greffes des juridictions. Le
problème de la mise en place est surtout un problème de réorganisation de
ces fichiers surtout le volet crédit mobilier qui, dans la pratique a du mal à
se mettre véritablement en place à cause de certaines difficultés au nombre
desquelles figurent :

76
- Le transfert des compétences des anciennes aux nouvelles
autorités13 ;

- La création des fichiers nationaux dont la désignation de l’autorité


compétente et l’organisation des procédures de transfert des fichiers
a été laissée par la loi aux autorités nationales ;

- La mise en place du fichier régional (création, organisation matérielle,


désignation des responsables, etc.). Le fonctionnement harmonieux
des fichiers ;

- La tenue matérielle des registres des greffes suivant les exigences


légales 14;

- La transmission des informations d’un registre à l’autre : le fichier


national est alimenté par les fichiers locaux et le fichier régional par
les fichiers nationaux, harmonisation de la procédure (question de la
prise en charge des coûts, problème des mises à jour et donc de
fiabilité des informations des différents registres15. L’organisation du
système de communication est d’une valeur indéniable dans le
remplissage de la fonction de publicité que l’on attend du RCCM.

C’est à travers l’accès aux différentes suretés inscrites dans les


différents fichiers que les investisseurs peuvent être informés de la situation
des entreprises partenaires et apprécier le crédit (en termes de confiance)
qui peut leur être accordé. Cette fonction de publicité du RCCM semble être
apparue tellement évidente pour les rédacteurs de l’acte uniforme qu’ils
n’ont pas spécialement organisé le système de publicité, d’accès aux
différents registres, ce qui en affecte largement l’efficacité.

En effet, le RCCM permet d’assurer la publicité des suretés. Cette


fonction de publicité, entendue comme l’ensemble des moyens mis en
œuvre pour porter une sureté à la connaissance du public, n’est pas propre
13
Exemple : service des transports-greffes
14
Question des lenteurs et couts qui pourraient entrainer des variations importantes d’un greffe à l’autre, d’un pays à l’autre
15
Exemple : Mise à jour des modifications intervenues (radiation d’une inscription).

77
aux suretés organisées par l’AUS mais est inhérente à la quasi-totalité des
suretés, surtout les suretés réelles (exemple : pour l’hypothèque, la
publicité est faite par le biais du livre foncier).

Pour ce qui est de son rôle, en plus d’être un substitut à la


dépossession du constituant, la publicité, surtout celle des nantissements,
jouent un rôle spécifique. Elle permet le classement des droits de
préférence entre les créanciers, puisque chacun sera traité en fonction de
son rang d’inscription ; mais surtout, au regard de l’accès au crédit, elle
permet aux partenaires commerciaux de mesurer les risques encourus
dans leurs relations avec l’entreprise débitrice, car ils peuvent avoir accès à
l’état des inscriptions des suretés au RCCM. Ainsi par exemple, l’inscription
d’un nombre important de suretés peut dévoiler la situation compromise de
l’entreprise constituante. A contrario une situation favorable au regard du
RCCM peut améliorer l’accès au crédit de l’entreprise.

B- La vulgarisation de l’importance du Registre du Commerce et du


Crédit Mobilier

Vulgariser, c’est le fait d’adapter les connaissances techniques,


scientifiques, pour les rendre accessibles à un lecteur non spécialiste. Ainsi,
la vulgarisation de l’importance du Registre du commerce et du Crédit
Mobilier n’a pas forcément pour but d’enseigner quelque chose, mais de
faire découvrir à un public un concept ou une science et d’en expliquer
grossièrement les tenants et les aboutissants.

Douze (12) ans après l'entrée en vigueur de l'AUDCG qui a institué le


RCCM, il s'agit d'apprécier le rôle du RCCM dans l'amélioration de
l'accès au crédit. Autrement dit, dans quelle mesure ce registre et le
mécanismes mis en place pour en assurer l'effectivité et l'efficacité

78
contribuent réellement à l'amélioration de l'accès au crédit de
entreprises de l'espace OHADA, c'est-à-dire à renforcer le crédit de
entreprises de la région en terme de confiance et de possibilité d'accès au
crédit?

C’est le rôle dévolu aux Commissions Nationales, instituées auprès


Ministres de la justice de chaque Etat-partie, et qui s’occupent de la
vulgarisation et de la promotion du Droit OHADA. Il est donc important de
donner les moyens nécessaires à leur fonctionnement efficient et efficace.

Ces organes ne sont pas certes, prévus par le traité, mais sont
directement rattachés au Secrétariat Permanent qui pourvoit au
financement et au fonctionnement. Les CNO sont présidés par les
représentants du Ministre de la Justice avec un vice-président nommé par
le Ministre des Finances.

En réalité, Si la fonction que l'on assigne traditionnellement au RCCM


ou à d' autres mécanismes jouant un rôle identique est d'abord une fonction
publicité qui permet notamment aux tiers d'avoir accès à des informations
concernant des actes juridiques dont ils ne sont pas partie,
cette fonction de publicité est elle-même conditionnée dans son
effectivité et son efficacité par un autre rôle qui est celui de la collecte
voire de la centralisation des informations qui en l'espèce ont trait aux
différents droits réels consentis, généralement à titre provisoire, sur des
biens mobiliers.

Le RCCM ne peut atteindre les objectifs à lui assignés


que s'il remplit convenablement ces deux fonctions différentes, mais
complémentaires qui lui sont assignées à savoir la centralisation des
inscriptions et leur publicité à travers la diffusion des informations. Cette
centralisation a le mérite de comporter deux innovations majeures qui
contribuent toutes à améliorer le crédit des entreprises :

79
Il s'agit d'abord de la centralisation des différentes inscriptions
en un seul et même lieu, compte non tenu de la nature du bien.

Il s'agit ensuite de la centralisation de toutes les inscriptions des


sûretés au niveau national et régional.

Au regard du crédit et de l'accès au crédit, la centralisation présente


Plusieurs avantages :
- Tout d’abord, elle permet un gain de temps eu égard à la
centralisation en un même lieu au fichier local des différentes inscriptions,
le créancier à travers la consultation d'un seul fichier est désormais
renseigné sur toute la situation du débiteur par rapport à l’ensemble de son
patrimoine mobilier. Par rapport à la centralisation au niveau national ou
régional, l'accès à un seul fichier (national ou régional) permet d'avoir
accès, au même moment et au même lieu, aux informations concernant
plusieurs partenaires potentiels dans le même pays ou dans la sous-région,
ce qui peut être utile pour les investisseurs potentiels se situant hors de la
régionOHADA.
- Ensuite, elle permet un gain d'argent. Conséquence logique du gain de
temps, la centralisation permet un gain d'argent parce que les coûts
d'accès aux informations sont sensiblement réduits, qu'il s'agisse des coûts
directs ou des frais indirects, ce qui peut se ressentir positivement sur le
coût du crédit qui sera octroyé.
- elle permet en outre une prise rapide des décisions de financement. En
effet, l'appréciation de la situation patrimoniale du débiteur ou du partenaire
est souvent antérieure à la décision de mise en place
effectivement d'un financement ou d'un crédit surtout si celui-ci est d'un
montant élevé. Les difficultés d'accès aux éléments d'appréciation
peuvent retarder, voire compromettre cette possibilité. Il est donc
important pour le demandeur de crédit que l'accès soit aisé à ce elle établit

80
la confiance entre les partenaires.

Le RCCM permet d'avoir une situation de l'actif mobilier


essentiel du débiteur qui ne peut redouter que certaines informations sur
la situation de l'entreprise lui ait été dissimulées.

Paragraphe 2 : Les solutions judiciaires envisageables à la


sécurisation des affaires par le Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier dans l’espace
OHADA

Pour les besoins de justice et de sécurité, l’Acte Uniforme relatif au


Droit Commercial Général a prévu les voies de recours contre les décisions
de rejet de la demande d’immatriculation et de retrait de l’immatriculation ou
de radiation de l’inscrit susceptibles d’être rendues par le greffier . Ceci dit,
l’examen des voies de recours contre les décisions du Greffier ou de
l’organe compétent (A) et l’aménagement des organes de contrôle (B)
parait nécessaire.

A- Les voies de recours contre les décisions du Greffier ou de


l’organe compétent

A ce titre, toutes les décisions rendues par le greffier doivent être


motivées et notifiées au demandeur de l’immatriculation et l’action de ce
dernier doit être intentée dans le délai de quinze jours suivant la
modification. Encore faut-il savoir devant quelle juridiction doit être porté le
recours en question. L’AUDCG indique simplement que le recours contre la
décision du Greffier ou du responsable de l’organe compétent dans l’Etat
partie est fait devant la juridiction compétente ou l’autorité compétente
statuant à bref délai dans l’Etat partie. Logiquement, il n’est pas d’autre
juridiction que celle du lieu de localisation du RCCM qui puisse

81
normalement être compétente pour connaitre du contentieux relatif à
l’immatriculation. Il y a là un gage de simplification et de sécurité judiciaire.

Toutefois, la véritable interrogation demeure celle de savoir quelle est


la suite que le juge peut donner au recours exercé par l’assujetti contre la
décision du greffier ou de l’organe compétent dans l’Etat partie. La loi ne
fournit pas d’éléments explicites de réponse. Mais, lorsqu’on prend en
compte le fait que la décision du premier juge peut être contestée devant la
juridiction de recours compétente, trois séries de solutions sont
envisageables.

La première est relative à la confirmation de la décision du greffier.


C’est le cas de figure qui correspond nettement à la lettre de l’article 66, al.
6 de l’AUDCG qui prévoit le recours contre la décision d’instance. A
supposer que la décision du Greffier ait été définitivement confirmée, la
question qui se pose est celle de savoir si l’assujetti peut encore soumettre
un autre dossier d’immatriculation. A notre sens, rien ne s’y oppose. Il
suffirait que les inexactitudes précédemment sanctionnées aient été
corrigées.
La deuxième tient à l’injonction faite au greffier de procéder à
l’immatriculation. Cette solution semble difficilement réalisable.

Mais elle n’est pas impossible. Il suffit de se souvenir que le RCCM


est tenu par le greffe de la juridiction compétente ou l’organe compétent
dans l’Etat partie sous la surveillance du Président de ladite juridiction ou
du juge délégué par lui à cet effet ou de l’autorité compétente dans l’Etat
partie. L’on peut ainsi supposer que la surveillance dont il s’agit permettra
par ailleurs au juge de déceler quelques erreurs qui pourront être corrigées
au besoin.

La dernière tient à l’injonction faite au greffier de rétablir


l’immatriculation de la personne physique ou morale injustement radiée.

82
Cette option n’est possible que s’il est prouvé que le greffier a une fois
encore commis des erreurs dans l’exercice du contrôle de régularité de la
demande d’immatriculation qui lui a été soumise.
La décision de rétablissement de l’immatriculation au RCCM servira alors à
les rectifier. Ajoutées à la responsabilité du Greffier, ces contraintes
permettraient d’accroitre la crédibilité de la procédure d’immatriculation.

A- L’aménagement des organes de contrôle

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ne pourra atteindre


réellement les objectifs à lui assignés que si les organes chargés de son
contrôle sont réellement mis en place et fonctionnent correctement.

Pour ce faire, au regard des difficultés rencontrées dans la mise en


œuvre de cette reforme il est recommandé à notre pays la République du
Congo de :

- accélérer la signature du Décret relatif à la mise en place d’un fichier


national du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ;

- nommer les juges délégués au Registre du Commerce et du Crédit


Mobilier dans les Tribunaux de commerce ou dans les juridictions
compétentes en matières commerciales ;

- spécifier la juridiction compétente à connaitre des recours contre les


décisions du Greffier ou du responsable de l’organe compétent ;

- renforcer la formation du personnel judiciaire chargé du RCCM dans


le maniement du logiciel d’informatisation du RCCM, afin que cet outil
ne reste pas toujours sous le contrôle total de son concepteur.

83
CONCLUSION

La juste et complète information sur les partenaires économiques


apparait aujourd’hui comme une condition majeure du bon développement
des affaires dans une économie de marché. Tel n’a pourtant pas toujours
été le cas. Pendant longtemps, le secret des affaires était considéré
comme le prolongement du secret de la vie privée. Les clients et les
fournisseurs désirant se renseigner sur la solvabilité de leur cocontractant
commerçant devaient exiger de lui les informations nécessaires, ce qui
n’était pas toujours facile, le chef d’entreprise estimant alors qu’il était seul
responsable de la gestion de ses affaires et qu’il n’était par conséquent
tenu de donner des informations ou des explications à personne, tant qu’il
était en mesure d’exécuter ses obligations.

84
Le problème s’est posé différemment dans les sociétés commerciales
où l’obligation d’information était et reste encore une nécessité dans
certaines situations. De même, dans les entreprises individuelles, le
principe du secret a été fortement récusé lorsque les salariés ne sont pas
informés de l’évolution d’une entreprise à laquelle leur destin économique
est lié. Ces différentes raisons ont été à l’origine de l’institution de la
publicité légale, dont le pole principal en OHADA réside dans l’institution du
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).

L’information légale contenue dans le registre du commerce constitue


un rouage essentiel de la vie économique. Une telle conception n’a pas
toujours prévalu. En effet , le registre du commerce issu de la loi française
du 18 mars 1919 tel qu’introduit dans les légalisations africaines était un
simple répertoire de renseignements donnés sur les commerçants et ne
jouait pratiquement aucun rôle juridique . Il s’agissait alors d’une sorte de
« bottin », d’un répertoire administratif fournissant la liste des commerçants
ainsi quelques renseignements sur leur état et leur capacité, mais dépourvu
de tout effet civil.

C’est pourquoi cette institution a connu en France des reformes


successives en vue de renforcer son role, à partir de l’important décret du 9
Août 1953. Ce dernier texte n’avait pourtant pas été rendu applicable outre-
mer, ce qui a incité certains Etats africains à opérer également des
réformes en la matière.

Les dispositions de l’Acte uniforme OHADA relatif au Droit Commercial


Général (AUDCG) relatives au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
(RCCM) opèrent une refonte détaillée des législations existantes dans les
Etats parties. Le registre garde son objectif traditionnel de répertoire de
renseignements donnés sur les commerçants personnes physiques et
morales à travers la procédure d’immatriculation. En même temps, l’Acte
uniforme innove en l’érigeant en un instrument de renforcement de la

85
sécurité du crédit et des transactions. A cet effet, le registre reçoit
dorénavant l’inscription des suretés mobilières énumérées à l’article 35,
alinéas 6, 7 et 8 de l’AUDCG , d’où la rénovation de son appellation .

Le Registre du Commerce et du Crédit mobilier est un outil


indispensable pour la sécurité des affaires dans l’espace OHADA et
l’inscription pour tout commerçant est plus qu’une obligation. C’est son acte
de naissance avec tout le sérieux que ledit acte comporte. C’est dire que le
RCCM est un instrument incontournable dans la sécurisation des affaires,
tant sur le plan juridique que judiciaire.

Le juge bénécie de pouvoirs non négligeables dans le contentieux du


déclenchement et du déroulement de la procédure d’immatriculation du
commerçant au RCCM. L’exercice de ses pouvoirs suscite une double
observation : l’une est positive et l’autre négative. Positivement,
l’intervention du juge parait davantage être la garantie nécessaire non
seulement de l’accomplissement de la publicité légale qu’est
l’immatriculation, mais aussi de sécurité pour les assujettis par le règlement
des incidents auxquels ils peuvent faire face. Négativement, le rôle d’appui
que le législateur a assigné au juge dans le cadre de la procédure
d’immatriculation du commerçant au RCCM risque d’être biaisé pour plus
d’une raison.

D’abord, s’agissant de la mise en œuvre du pouvoir d’injonction, le


juge ne dispose légalement d’aucun moyen de contrainte devant lui
permettre de faire exécuter l’ordonnance d’injonction de s’immatriculer
adressée au commerçant, personne physique ou personne morale,
récalcitrant. Pour surmonter la difficulté, le législateur pourrait assortir
l’injonction soit d’une amende, soit surtout de l’astreinte. La piste de
l’immatriculation d’office devrait aussi être explorée. Ensuite, à l’issue du
règlement des contestations entre les assujettis et le Greffier ou l’organe

86
compétent dans l’Etat partie, le juge pourrait, en cas de silence de la loi,
prononcé trois sortes de décisions.

La première peut être la confirmation de la décision querellée du


Greffier; elle n’appelle pas d’observation particulière. Les deux dernières
peuvent être des décisions d’injonction d’immatriculer le commerçant ou de
rétablir l’immatriculation du commerçant radié décernée au Greffier.

L’efficacité de l’injonction dépendra, à coup sûr du sens de diligence et


de responsabilité attendu du Greffier ou du Responsable de l’organe
compétent dans l’Etat partie, lequel occupe une place centrale dans la
réalisation des objectifs assignés au RCCM.

Il convient donc, de ce fait que l’on mette du sérieux surtout dans


notre pays, la République du Congo où le rythme d’appropriation, voire de
domestication du droit OHADA est encore caméléonesque. Si les
innovations apportées sont importantes, dans la pratique leur mise en
œuvre et partant leur efficacité posent problème de sorte qu’il convienne
que les mesures soient prises pour consolider l’accès au crédit des
entreprises. L’amélioration effective de l’accès au crédit des entreprises
sera illusoire aussi longtemps que le mécanisme particulièrement innovant
qu’est le RCCM ne sera pas pris au sérieux ; le succès de l’OHADA en
dépend. Des mesures qui, pour certaines restent encore attendues,
devraient être prise pour sa mise en place effective, pour assurer son
fonctionnement harmonieux conformément aux articles 20 à 23 de
l’AUDCG et pour organiser un système de communication au public afin de
renforcer la transparence et la publicité recherchées par législateur
OHADA.

Au demeurant, le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier reste


donc un instrument important dans la sécurisation juridique et judiciaire
des affaires dans l’espace OHADA.

87
1. Le défaut d’inscriptions ou de déclarations d’activités subséquentes

Les inscriptions ou déclarations d’activités subséquentes à l’obligation


d’immatriculation ou de déclaration initiale ont trait aux inscriptions et
déclarations modificatives et complémentaire d’une part, et à l’obligation
d’immatriculation secondaire d’autre part.

Il y a exigence de l’inscription ou de la déclaration modificative et


complémentaire lorsqu’après l’immatriculation ou la déclaration initiale, la
situation de l’assujetti subit ultérieurement des modifications qui exigent la
rectification ou le complément des énonciations portées au RCCM. La
personne intéressée doit soumettre une demande de mention ou de
déclaration rectificative ou complémentaire, faute de quoi elle peut etre
poursuivie pour défaut d’inscription ou de déclaration au registre. Ces
modifications ou compléments d’informations peuvent, s’agissant de
l’assujetti personne physique , concerner aussi bien son état civil que son
activité, le changement d’activité ou le lieu de son exercice. En ce qui
concerne l’assujetti personne morale, les inscriptions subséquentes
concernent principalement ses statuts.

L’obligation d’immatriculation secondaire figure quant à elle dans


l’article 53 alinéa 1er de l’AUDCG en vertu du quel « toute personne
physique ou morale assujettie à l’immatriculation au Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier est tenue, si elle exerce son activité à titre secondaire
dans le ressort d’autres juridictions, de souscrire une déclaration
d’immatriculation secondaire dans le délai d’un mois à compter du début de
l’exploitation ».

Comme ont peut le constater, ce dernier texte n’envisage


expressément que l’immatriculation des établissements secondaires et des
succursales.

88
En effet, il est de principe que l’assujetti , personnes physique ou
morale , établi dans l’un des Etats parties , ne peut se faire immatriculer
qu’une seule fois sur le territoire de cet Etat. Ce principe connait cependant
un tempérament : l’existence d’une succursale ou d’un établissement dans
un ressort autre que celui dans lequel le commerçant a été immatriculé,
oblige celui-ci à requérir une deuxième immatriculation, appelée
immatriculation secondaire, dans le délai d’un mois à compter du début de
l’exploitation, faute de quoi il pourra être poursuivi devant la juridiction
compétente pour défaut d’immatriculation secondaire. Il en est de même
en ce qui concerne le défaut de radiation.

2. Le défaut de radiation ou déclaration de cessation d’activité

En effet, choisi comme Pays pilote dans le cadre du projet


d’informatisation du RCCM, le Congo avait bénéficié non seulement de
l’installation du nouveau dispositif dans quatre de ses sites et de la
formation.

BIBLIOGRAPHIE

II- Ouvrages généraux :

- BITSAMANA Alain, Dictionnaire de Droit OHADA, Ohadata D-5-33, 229


pages
- CORNU Gérard, Vocabulaire juridique, Paris, 13e éd., puf, p. 1091 Pages.
- KONE Mamadou, le nouveau droit commercial des pays de la zone paraison
avec le droit français, LGDT, Call Bibliothèque de droit Privé, t.406,2002

- Loi n° 17-2000 du 30 Décembre 2000 portant loi de finances pour l’année


2001, dans ses dispositions relatives à la réglementation foncière.

89
- NGUEBOU TOUKAN Josette, Le Droit Commercial général dans l’acte
uniforme OHADA, Presses Universitaires africaines, Yaoundé, 1998.

- POUGOUE Paul Gérard, KUATE TAMEGHE, Les grandes décisions de la


Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA, Paris, L’harmathan,
2010, 692 Pages
- VOGEL Louis, Traité de droit commercial, Paris, Tome 1, vol. 1, 18e éd.,
L.G.D.J, 2001, p. 48.

II-THESE ET COURS :

- EWANE MOTTO Patrice Christian « La gouvernance des sociétés


commerciales en droit de L’OHADA» Droit. Université PARIS-EST, 2015.
- BABELA Christophe Bienvenu, ppCours de droit de surètés OHADA, Année
Académique, 2020-2021

ARTICLES :

- KALIEU ELONGO Yvette Rachel, « le rôle du registre du commerce et du


crédit mobilier OHADA dans l’amélioration de l’accès au crédit », in les
mutations juridiques dans le système OHADA, l’Harmattan,2009,p.133
- FENEON Alain, « le registre du commerce et du crédit mobilier », cahiers
juridiques et fiscaux, 1998, n°2 ;
- CARTRON Aude Marie, « La réforme sur le droit commercial général »,
Penant, n°865, P.433
- Kamnang–Komguep, « Le contentieux de l’immatriculation du commerçant
au registre du commerce et du crédit mobilier en droit OHADA »
- NGWE Marie-Andrée et JOKUNG Serge, « la réforme du registre du
commerce et du crédit mobilier dans la zone OHADA », Droit et Patrimoine,
n°201,2011, P.56
- Formulaires
- La procédure de création des entreprises au Congo Brazzaville

VI- WEBOGRAPHIE :
- https://www. Journaldunet.fr. consulté le 03 septembre 2021
- WWW.nomos-elibrary.

90
- www.Bger.Ch/fr/index/juridiction/jurisdiction-inhait-template/juridiction-recht/juridiction-
rec.htecrtecle 2000.htm
- https://edoctrine.caij.qc.ca/revue-dubarreau/64/1320560486 (consulté le 14 octobre
2021)
- www.ohada.com/ohadata j-0284

91

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