La régulation

de la concurrence au Maroc :
Evolution du cadre législatif et
réglementaire
Mohamed El Merghadi
Secrétaire Général du Conseil de la Concurrence

1
L’expé ie ce du Ma oc da s le la décision de mettre en place tout un
arsenal législatif sur les prix et la
domaine de la concurrence : une concurrence comme pilier logique et
lente évolution. nécessaire des options que le Maroc a
choisies afin de moderniser son économie,
La prise en compte des règles de la
de fa ilite so p o essus d’i t g atio
concurrence et des modalités de sa
da s l’ o o ie mondiale et de mettre son
régulation a émergé comme préoccupation
appareil productif au diapason des
à la fin des années 80.Une préoccupation
impératifs des mutations de la scène
consécutive à l’appli atio du p og a e
économique interne et internationale.
d’ajuste e t st u tu el ue les auto it s
P og essive e t s’est o stitu e la
publiques ont été conduites à mettre en
platefo e ui va i itie l’ la o atio de la
chantier afin de permettre à l’ o o ie
loi 06.99 relative à la liberté des prix et de
marocaine sur de renouer avec l’ uili e
la concurrence. Cette plateforme semble
a o o o i ue et de l’ouve tu e
annoncer le o e e e t d’u e visio
g a dissa te su l’e t ieu .
profonde de l’a se al des lois économiques
Lors de la mise en application des
au Ma o e di e tio d’u e eilleu e
premières composantes de ce programme,
concordance avec la philosophie de la
le esoi s’est fait se ti d’i t odui e des
législation e vigueu da s l’espa e o d
changements profonds en matière de
méditerranée d’u e pa t, et ave l’esp it
règles du jeu économique au Maroc,
des lois réglementant les affaires au niveau
particulièrement dans le sens de faire de la
international, de l’aut e.
formation des prix une affaire de règles
Dans ce contexte, la constitution
internes au marché et o le f uit d’u e
marocaine de 1996 a consacré le principe
i jo tio ou d’u e i te ve tio
de la liberté économique. Son article 15
administrative.
prévoit que « le droit de propriété et la
Dans cette perspective, les pouvoirs publics
li e t de l’i itiative p iv e sont garantis »,
ont veillé à mettre en place de nouvelles
e ui sig ifie u’e p i ipe, toute
modalités de formation des prix en
pe so e a le d oit d’a de à ’i po te
o latio ave le li at d’ouve tu e
quel secteur ou marché sans entraves, et
ascendante que connaît le pays avec
sa s u’elle soit vi ti e d’u e
notamment le relâchement du
prépondérance ou domination illégale par
rôle orientation et de commandement
le biais de pratiques injustes ou
u’e e çait l’Etat su les sph es des
discriminatoires.
affaires et de la finance. En 1989 très
Dans ce cadre, il est à souligner que la
exactement, fut élaboré le premier projet
o u e e est l’u e des modalités
de loi qui annonce le principe de la liberté
d’appli atio des p i ipes de la
des p i et ui au he l’ e de
démocratie dans le domaine économique
l’appli atio des gles et p i ipes
qui garantit à toute personne le droit
préliminaires de la concurrence.
d’a s au a h s et d’offre des produits
Partant de là, les pouvoirs publics ont pris

2
en toute liberté, le dernier mot devant
revenir au consommateur qui peut choisir
le produit ou la marchandise qui lui
conviennent tant sur le plan du prix que sur
celui de la qualité. C’est du reste ce que
l’adoptio de la loi . elative à la
liberté des prix et de la concurrence,
promet de consacrer au Maroc.
Les dispositions de cette loi sont conformes
au o te u de l’a o d de pa te a iat
conclu entre le Royaume du Maroc et
l’U io Eu op e e da s le sens du
respect des principes de la transparence,
de la loyauté et de la juste compétition
dans les transactions, adoptés dans le
cadre des recommandations de
l’O ga isatio Mo diale du Co e e et
1
de la CNUCED .
Si nous voulons placer la loi relative à la
liberté des prix et de la concurrence dans
son cadre général, il y a lieu de souligner
u’elle se situe dans le contexte des
fo es de l’e vi o e e t i stitutio el
de l’économie marocaine. Elle constitue
l’u des fa teu s de sa requalification et de
l’affe isse e t de so aptitude à la
compétition e vue de la alisatio d’u
développement durable et de la création
des conditions de viabilité dans un paysage
économique international caractérisé par
la mondialisation et la globalisation.
Lors des dernières décennies, y compris au
cours des conjonctures de récession et de
crise, il y a une quasi unanimité en ce que
l’o d e o u e tiel este la eilleu e voie
1
A la différence des accords de libre échange qui lient le
Ma o à d’aut es pa s, l’a o d de li e échange et de
pa te a iat ave l’u io Eu op e e a o sa
questions de la concurrence. Voir le quatrième chapitre – les
articles 36- de l’a o d de pa te a iat.
pou l’e ploi opti al des essou es et le
chemin le plus efficace pour garantir la
créativit , l’i ovatio et l’a lio atio de
la répartition des revenus à travers ce que
permet la compétition entre producteurs
et la o u e e à l’i t ieu des a h s
comme prix « naturels » concurrentiels qui
garantissent au consommateur le moyen le
plus adéquat pour exercer une pression
tangible sur le prix et le soustraire à toute
te tative d’augmentation artificielle ou
intempestive et partant la meilleure
fo ule de l’ uatio p i / ua tit .
Ce faisant, se précise le sens général de la
concurrence tel ue l’a adopté la loi 06.99.
Il se fonde globalement sur deux principaux
 La li e t d’a s au a h s et au
piliers :
secteurs sans entraves ou obstacles
 La liberté des prix et de leur
de quelque nature que ce soit ;
formation par le biais de la libre
concurrence entre les divers acteurs
et dans la transparence la plus totale
des marchés et la clarification
intégrale des conditions du
déroulement des affaires.
Sur la base de cette conception, il importe
de distinguer entre deux niveaux dans la loi
 Le niveau des principes en premier,
de la concurrence :
relatif au système des valeurs qui
constituent la référence ou
soubassement théorique de la loi
sur la concurrence et qui fondent
les normes du bon comportement
telles u’elles so t e o ues et
approuvées sur le plan
u tit e au
international ;
3
  Le niveau des pratiques en second toutefois les prérogatives de la
lieu et qui concernent la politique de justice.
la concurrence comme mécanisme
de mise en application possible des I- Les principales orientations
p i ipes e fo tio de l’ tape ue de la loi de la concurrence au
t ave se l’ o o ie et de sa apa it Maroc avant la constitution
d’assi ilatio de es p i ipes.
de 2011
Co e a t l’adoptio de es p i ipes par
Après quelques années de préparation, la
le Ro au e du Ma o , le hoi s’ tait pos
loi 06.99 fut promulguée le 5 Juin 2000. En
entre deux orientations ou deux écoles lors
effet, l’id e de o f e u e ase ju idi ue
de la prise de décision relative aux
aux règles de la concurrence a évolué et a
préparatifs préliminaires de la loi 06.99 :
pris corps dans des projets de textes
- L’ ole ou l’optio a glo-saxonne qui
juridiques depuis la fin des années 80
semble faire de la concurrence une
puisque nous trouvons trois avant-projets
fin en soi et une condition
en Juillet 1995 et en Février puis Mai 1996,
obligatoire parmi celles du progrès
dont quelques dispositions paraissent plus
o o i ue da s le ad e d’u e
avancées ou plus osées2 que celles de la loi
o eptio ui fi e à p io i e u’elle
06.99 qui est entrée en vigueur une année
tient comme pratiques illicites et
après sa promulgation et en guise des
interdites par nature, et qui confère
préparatifs de son décret d’appli atio e
ai si à l’auto it de la justi e le rôle
Septembre 2001.
d’i te ve tio pou les juguler et les
La restitution des spécificités de la
sanctionner.
conjoncture générale que vivait le Maroc,
- L’ ole eu op e e qui tient la
économiquement et politiquement au
concurrence comme un instrument
milieu des années 90, constitue un
parmi les outils de développement
élément fondamental pour comprendre les
et un mécanisme parmi ceux de
te a ts et les a outissa ts de l’ la o atio
l’o ga isatio des fo es du a h
de ce texte et de sa teneur comme projet
tout en se basant sur une vision des
de loi de la part du gouvernement en
structures institutionnelles, des
premier lieu, puis comme texte de loi qui a
comportements et des transactions
subi des amendements au niveau des deux
en fonction de la réalisation des
chambres du parlement de façon qui va
o ditio s d’u e o u e e lo ale
impacter par la suite la manière de sa mise
qui cible le développement et le
en application et de son rayonnement au
p og s de l’ o o ie atio ale, et
qui confère à des institutions de type
administratif le rôle de suivi et
d’ valuatio de l’i pa t du
2
Ces avant-projets ont été publiés par le Conseil de la
Concurrence parmi les publications de la REMALD – Série
fonctionnement des conditions de la
« Thèmes actuels » - n°68/2010 : culture de la concurrence,
libre concurrence, sans ignorer pp. 199-235.

4
sei des sph es de l’ o o ie et des
affaires.
La loi 06.99 relative à la liberté des prix et
de la concurrence se compose de 103
articles répartis sur 9 chapitres. L’esse tiel
du contenu de ce texte se concentre sur la
formulation des dispositions qui
gouvernent les garanties de la liberté des
pi et l’o ga isatio de la li e
concurrence. Cette loi détermine les règles
de la protection de la concurrence dans le
ut de sti ule l’effi a it o o i ue et
d’a lio e le ie te des
consommateurs. Elle vise également à
garantir la transparence et la loyauté dans
les transactions commerciales.
2.1- Titre 1er : Cha p d’application
Ce titre est dédié au ha p d’appli atio
assez vaste du este, puis u’il concerne
toutes les activités économiques de
production, de distribution et de services
et ouv e l’e se le du te itoi e atio al.
Il vise le suivi de toutes les formes de
restriction ou de déséquilibre pouvant
affe te la o u e e u’elles émanent
des comportements ou des structures.
2.2- Titre 2 : De la liberté des prix
Ce titre traite du principe de la liberté des
p i et l’ ige e gle g ale de
formation des prix, et ce par la voie de la
libre concurrence afi d’assu e le ie
être du consommateur en faisant baisser
le coût de la vie. Néanmoins, le principe de
la liberté des prix demeure limité dans le
texte de loi par deux exemptions qui
o f e t à l’Etat le d oit d’i te ve i da s
la fixation des prix, et ce pour un certain
nombre de raisons :
- La première se rapporte à des causes
structurelles lorsque la concurrence
5
se trouve limitée ou carrément
i e ista te, soit e aiso d’u
monopole dans un secteur tel que
elui de l’eau ou de l’ le t i it , soit
en raison de dispositions
réglementaires tels que les prix
administrés.
- La seconde exception est issue de
causes conjoncturelles liées à un
événement ou à des imprévus ou à
une situation anormale dans un
secteur donné ou dans un segment
du a h telle ue l’aug e tatio
excessive des prix sans raison
économique valable. Toutefois,
l’i te ve tio de l’Etat de eu e
entourée de conditions et en
pre ie la de a de de l’avis du
Conseil de la Concurrence afin
d’assu e la ga a tie ju idi ue o t e
tout éventuel retour injustifié à la
réglementation des prix.
2.3- Titre 3: Les pratiques
anticoncurrentielles
Sans aucun doute, il existe des pratiques
qui nuisent à la concurrence ou qui
l’e t ave t da s u se teu ou da s u
marché dans son ensemble. Ce genre de
pratiques prend la forme soit de
connivence pour imposer un niveau de prix
ou pour se répartir les marchés entre les
entreprises, soit d’a us de position
dominante dont jouit une entreprise ou un
groupe d’e t ep ises pour imposer son prix
ou ses conditions. Le texte de la loi sur la
liberté des prix et de la concurrence avance
deux définitions des principales pratiques
anticoncurrentielles :
- L’e te te, selo l’a ti le , réside
da s toutes les fo es d’a tio s
 concertées, de conventions et de
coalitions expresses ou tacites qui
visent ou qui aboutissent à nuire au
jeu de la concurrence, soit par le
biais des prix, le contrôle de la
production et de ses conditions ou
encore par le biais du partage des
marchés ou des clients ;
- L’e ploitatio de la positio
do i a te selo l’a ti le est li e à
l’a us de l’e ploitatio du pouvoi
économique dans un secteur ou au
sei d’u a h et ui peut
prendre la forme de refus de vente
et de fixation des prix avec
conditions de vente et de fixation
des p i ave pou effet l’ li i atio
du a h d’u e e t ep ise ou d’u
de ses produits et la constitution
d’o sta les d’a s à u a h .
Il est à note ue l’a ti le i t oduit des
exemptions à ces pratiques dans deux cas
majeurs :
- Dans tout contexte où ces pratiques
sont tolérées comme monopoles
juridiquement reconnus en raison de
l’appli atio d’u te te l gislatif ou
règlementaire ;
- Dans le cas de l’e iste e de
dispositions contractuelles ou de
o ve tio s justifia t u’elles o t
pour effet de contribuer au progrès
de l’ o o ie atio ale sa s
préjudice à la concurrence, comme
’est le as des e t ep ises ou
coopératives qui recourent à
l’app ovisionnement commun afin
de réduire les coûts et en faire
bénéficier le consommateur. Ce
faisa t, la loi s’est p i ipale e t
6
préoccupée du secteur agricole et
des PME.
2.4- Titre 4 : La concentration économique
Ce titre se préoccupe des structures à
même de provoquer un déséquilibre ou
une atteinte à la concurrence, et
notamment les effets des opérations de
concentration économique. Les
dispositions des articles 10 à 13 invitent à
suiv e l’ volutio des st u tu es afi
d’ vite tout a ue e t à la
concurrence. La loi 06.99 a adopté comme
critère 40% des ventes, achats ou autres
transactions sur un marché de biens
produits ou services comme conditions de
saisie du Premier Ministre des projets de
concentration. Celui – ci saisit à son tour le
Conseil de la concurrence pour avis en
tenant compte de la situation du Maroc
comme pays en voie de développement où
la nécessité de formation de groupements
économiques se fait sentir face à la
concurrence mondiale.
Sur cette base, les dispositions en la
matière émettent deux conditions pour le
contrôle des opérations de concentration
économique :
- L’o u e e d’u e attei te ou
entrave à la concurrence ;
- L’av e e t et la concrétisation
d’u e do i atio su plus de %
d’u se teu ou d’u a h da s
son ensemble.
Dans les deu as, il s’av e i p atif
d’i fo e les autorités et de saisir le
Co seil de la Co u e e afi d’i st ui e
et d’ tudie le as e o e tatio ave les
entreprises et les parties concernées. Le
appo t o te a t l’avis fo ul suite au
délibérations du Conseil est transmis au
Premier Ministre ou Chef de d’e i hi la loi su la o u e e.
Gouve e e t selo l’appellatio La création de ce Conseil a été considérée
consacrée par la nouvelle constitution. comme constituant un élément parmi les
2.5- Titre 5 : Les organes de régulation de éléments de garantie juridique envers les
la concurrence a teu s de l’ o o ie pa le iais de
Ce tit e o sa e l’i stitutio d’u o seil l’a lio atio de ses capacités à traiter les
consultatif de la concurrence dont les dossiers qui lui sont dévolus, et par les
prérogatives déclarées se résument en éclairages que ce Conseil fournirait à
l’ issio d’avis et de o seils et la l’ad i ist atio et au dive ses i stitutio s
formulation de recommandations en qui demanderaient son avis. Il s’est av
matière de pratiques anticoncurrentielles par la suite la faible propension de
et d’op atio s de o e t atio l’ad i ist atio elle-même à saisir le
économique. Co seil d’affai es dive ses afi d’e i hi
En plus de son président, le Conseil se so e p ie e d’u e pa t, et da s le ut
compose de 12 membres : de faire évoluer la manière de traiter et
- 6 représentants des départements d’appli ue les gles de la o urrence
ministériels essentiels, mais dont la da s l’e se le du pa s d’aut e pa t.
atu e ’est pas toujou s d’esse e 2.6- Titre 6 : Les pratiques restrictives de
économique ; la concurrence
- 3 membres choisis en raison de leur Ce titre traite des principes qui visent le
compétence dans le domaine strict respect de la transparence, de la
juridique, économique, de loyaut et de l’ho tet da s les
concurrence ou de consommation ; o ditio s d’ ha ge et de facturation,
- 3 membres issus des milieux ainsi que la nécessité de lutter contre la
d’a tivit s o o i ues ou vente liée et les pratiques discriminatoires
commerciales. et les pratiques imposées de prix bas.
Le Conseil dispose de rapporteurs pour Les pratiques restrictives à la concurrence
effectuer les investigations sur les dossiers este t li it es da s l’espa e, ais aussi
qui lui sont présentés et la loi 06-99 a du côté de ceux qui les commettent. Il
conditionné le statut de rapporteur à son s’agit de p ati ues uotidie es do t les
appartenance au cycle des hauts préjudices et dommages restent moindres
fonctionnaires. Pareille disposition a été que ceux des pratiques
considérée comme antinomique à anticoncurrentielles qui touchent un
l’i d pe da e et aussi o e fa teu de se teu da s sa totalit , voi e l’ o o ie
restriction dans le recrutement des dans son intégralité.
o p te es. E ta t u’i stitutio 2.7- Titre 7 : Domaines de la
chargée de veiller sur la concurrence, le réglementation de la concurrence
Conseil exerce aussi un rôle de premier Ce titre mentionne que les modalités
pla da s l’ la o atio de o epts d’appli atio des dispositio s elatives au
juridiques et de jurisprudence à même prix des produits ou services réglementés,

7
sont fixés par voie réglementaire.
Outre le critère de fixation des prix ( marge
bénéficiaire/prix de vente ou de revient), il
fait tat de l’o ligatio de d la atio de
détention de ce genre de produits, des
ristournes ou prélèvements
compensatoires de la caisse de
compensation, et énumère (article 60) les
majorations jugées illicites des prix pour les
marchandises, produits ou services dont les
prix demeurent réglementés.
2.8- Titre 8 : Enquêtes et sanctions
Concernant les pratiques restrictives à la
o u e e et e guise d’appli atio des
dispositions de la loi 06-99, des
fonctionnaires assermentés sont chargés
des investigations et enquêtes à côté du
corps des contrôleurs des prix en tout ce
qui concerne les dispositions de la phase
transitoire relative aux marchandises dont
les prix restent réglementés. Toutefois, ce
genre de missio s s’effe tue e deho s du
cadre du Conseil de la Concurrence par la
Direction des Prix et de la Concurrence
comme institution indépendante de ce
Conseil, ce qui consacre une dualité
handicapante qui se solde par une lenteur
certaine da s l’e utio et le suivi des
mesures relatives à la politique de la
concurrence.
Ces fonctionnaires sont réputés être
assermentés et soumis au secret
professionnel. Concernant les sanctions,
elles sont essentiellement de nature
administrative et sont fixées au taux de 2 à
% du hiff e d’affai es s’il s’agit d’u e
entreprise, et à un montant entre 200.000
et 2.000.000 de dirhams pour les autres
entités. Quant aux sanctions pénales,
elles ne sont prévues que dans deux cas
8
seulement :
- Le as d’u e pe so e ui a pa ticipé
frauduleusement et en connaissance
de cause dans la conception,
l’o ga isatio ou la ise e œuv e
des pratiques anticoncurrentielles au
terme des articles 6 et 7 de la loi
06.99 ;
- Le as d’u e pe so e a a t
e p h les e u teu s d’effe tue
leurs missions ou ayant pris
l’i itiative de falsifie , de subtiliser
ou cacher les documents
susceptibles de faciliter les
investigations.
En définitive, cette loi apporte des
formules générales qui paraissent
satisfaire, du point de vue des principes
généraux du droit de la concurrence, aux
règles reconnues sur le plan international.
Mais ’est u e loi ui est mue par
l’o sessio de p ise e o pte des aspe ts
spécifiques de certains secteurs et
e t ep ises au sei de l’ conomie
a o ai e d’u e pa t, et l’i p atif de
progressivité dans la ise e œuv e des
gles de o u e e d’aut e pa t.
Il découle des dispositions générales
o te ues da s la loi . ue ’est
l’auto it de l’Etat, dans son ensemble, qui
est ha g e de p e d e l’i itiative e
matière de mesures réglementaires dans
toute situation qui nécessite une
réglementation comme les cas de
monopoles ou les difficultés
d’app ovisio e e t ou aut es situatio s
e eptio elles et d’u ge e, et e dans le
but de garantir le bon fonctionnement des
a is es d’off e et de de a de. Ce
faisant, cette loi reste dans son essence un
i st u e t d’o ga isatio et de ise e
fo tio e e t de l’ o o ie de a h
da s le ad e d’u e visio glo ale ui ti e
ses références des principes visant la
justice sociale.
En résumé, les principes sur lesquels
repose la loi de la concurrence au Royaume
du Maroc se ventilent selon les
orientations suivantes :
a/ Li e t des p i et li e t d’a s au
marché ;
b/ les pratiques anticoncurrentielles qui
limitent ou qui contrecarrent la
concurrence, c'est-à-dire les
comportements qui inhibent la liberté de la
concurrence de la part des acteurs
économiques ;
/ La po t e et l’i pa t des op atio s de
concentration économique sur la structure
de l’appa eil p odu tif et les seau de
commercialisation ;
d/ Les exceptions liées au progrès
économique, aux spécificités et aux cas
d’u ge e ;
e/ L’i stitutio d’u Co seil de la
Concurrence comme organe consultatif
chargé de veiller à la mise en application
d’u e politi ue de la o u e e côte à
côte d’u e di e tio de p i et de la
o u e e, et les deu so t sous l’o d e
et la tutelle générale du Premier Ministre ;
f/ L’a e t is su la ga a tie de la
transparence dans les rapports entre les
professionnels, la protection économique
des o so ateu s et l’i te di tio des
pratiques restrictives à la concurrence,
sa s l’e iste e toutefois de a is es
qui consacrent cela, et ce plusieurs années
après la promulgation de cette loi ;
g/ La prise en compte des procédures
9
d’i vestigatio et d’e u te afi de
respecter les droits des acteurs :
« concertation, communication, respect
des droits de la défense, droit de requête
et d’appel » dans le but de garantir la
apidit et l’effi a ité des sanctions
punitives, mais dont la teneur est restée
en-dessous de e ui s’appli ue da s
d’aut es pays, et dont le contenu par
conséquent reste de nature
essentiellement pédagogique.
II- Les caractéristiques de
l’expé ie ce a ocai e en
matière de régulation de la
concurrence et ses
perspectives de réforme.
Les autorités de la concurrence au Maroc
se composent de tout un ensemble
d’o ga is es et d’i sta es ui s’asso ie t
e ati e d’appli atio des gles de la
concurrence selon un système pyramidal
inspiré du modèle français avant sa
fo e e et l’ e ge e d’u e
autorité indépendante de la concurrence.
Le fait de s’i spi e du od le f a çais a
conduit le Maroc à consacrer une dualité
entre la Direction des Prix et de la
Co u e e d’u ôté, et le Conseil de la
Co u e e de l’aut e ; les deux entités
de eu a t sou ises à l’i stitutio du
Premier Ministre (constitution de 1996) ou
du Chef de Gouvernement (constitution de
2011).
2.1 Le Premier Ministre
Au Royaume du Maroc, le Premier Ministre
est o sid o e l’auto it
administrative chargée de la politique de la
concurrence. Le cadre juridique de
l’ la o atio de ette politi ue o f e à
cette autorité tout un ensemble de
prérogatives réglementaires et
administratives, mais aussi des
compétences de très grande portée.
- Auparavant, le Premier Ministre au
Maroc était l’auto it ha gée de
fixer les prix, de les ajuster et de
supprimer les produits et services de
la liste des produits et services à prix
réglementés. Les décisions
traduisant cette prérogative sont
émises sous forme de décrets du
Premier Ministre directement ou de
la pa t de l’auto it d l gu e de la
part du Premier Ministre dans ce
domaine3. Mais e ’est plus le as
depuis l’i t odu tion de
l’a e de e t su la liste des
produits.
- Le Premier Ministre préside le
comité interministériel des prix et la
commission centrale des prix ;
- Le Premier Ministre nomme et
installe le Président et les membres
du Conseil de la Concurrence et
désigne les rapporteurs de ce Conseil
sur proposition de son président. Un
droit de regard lui revient également
concernant le règlement intérieur et
le rapport annuel des activités de ce
Conseil ;
- Le Premier Ministre est la première
instance administrative vers laquelle
sont transmis immédiatement les
3
Da s la p ati ue, il s’est av ue la
ministère dit des affaires économiques et générales délégué
auprès du premier ministre avait pour but de doter celui-ci
d’u e e tai e p ise su le suivi de « la gouvernance » de
l’ o o ie.
avis émis par le Conseil de la
Co u e e et ’est lui ui d ide
de la suite qui leur sera réservée et
des modalités de leur publication
éventuelle ;
- Le P e ie Mi ist e est l’auto it à
qui échoit en première instance, le
droit de regard sur tout projet de
concentration économique qui
relève du domaine de la loi 06.99. Il
est le seul habilité, après avoir reçu
l’avis du Co seil de la Co u e e, à
ordonner aux entreprises
concernées par le projet de
concentratio d’ su seoi , de le
odifie et d’ i t g e e tai s
amendements ;
- Le Premier Ministre est chargé en
ati e d’e te tes de p e d e la
décision concernant les conventions
entre PME ou entre coopératives
d’ag i ulteu s commettant des
pratiques anticoncurrentielles ;
- Le Premier Ministre désigne les
fonctionnaires chargés de mener des
investigations en matière de
pratiques anticoncurrentielles ;
- Il lui est conféré également le droit
de e e toute e u te u’il juge
utile et il est le seul qui peut saisir le
Conseil de la Concurrence de toute
action ou fait qui pourrait constituer
des pratiques limitant ou inhibant la
concurrence ;
- Le Premier Ministre est
obligatoirement tenu de demander
atio d’u au Conseil de la Concurrence
concernant tout projet de texte
juridique ou réglementaire qui
pourrait avoir comme impact la
10
 limitation des effets de la
o u e e ou l’a s au a h ou
encore l’octroi d’aides du t so
public ou de subsides des
collectivités locales ;
- Le Premier Ministre est habilité à
prendre des mesures conservatoires
ou à inviter le Procureur du Roi à
mener des poursuites judiciaires en
cas de non respect de la loi 06.99 ;
- E fi , ’est le P e ie Mi ist e ui
autorise la publication des décisions
prises en matière de lutte contre les
pratiques anticoncurrentielles dans
les jou au ou à t ave s l’affi hage
su les espa es u’il d te i e.
Cela ta t et o pte te u de l’ te due des
prérogatives du Premier Ministre, ses
décisions peuve t fai e l’o jet d’appel
devant la chambre administrative de la
ou d’appel, et ’est pou ette aiso ue
les tribunaux de Royaume restent
compétents pour statuer sur tous les
manquements aux dispositions de la loi
06.99 relative à la liberté des prix et à la
concurrence.
C’est pou uoi tout appel o e a t les
jugements prononcés par chaque tribunal
este du esso t du t i u al d’appel et il
convient de souligner que les tribunaux ont
toute latitude de saisir le Conseil de la
Concurrence concernant les pratiques
anticoncurrentielles qui leur sont déférées.
Les tribunaux sont également tenus de
fou i au Co seil de la Co u e e, s’il le
demande, une copie des procès verbaux et
des appo ts d’i vestigatio ou tout autre
document en relation directe avec les faits
et les dossiers portés devant le Conseil de
la Concurrence.
11
2.2 La Direction des Prix et de la
Concurrence
Cette Direction est partie intégrante de la
structure administrative liée au
département ministériel délégué auprès du
Premier Ministre et chargé des affaires
économiques et générales4. Selon le décret
2.08.516 (21 Mai 2009) qui énonce ses
prérogatives, cette direction a pour
principales fonctions :
a/ La préparation et la mise en application
des te tes d’o d e ju idi ue et
réglementaire relatif à la concurrence et
aux prix ;
b/ La lutte contre les ententes illicites et
l’a us de positio do i a te ui i hi e t
le bon fonctionnement du marché ;
c/ Le suivi des opérations de concentration
économique qui menacent de provoquer
un déséquilibre croissant du marché ;
d/ La veille sur la loyauté et la
transparence des transactions
commerciales entre les entreprises, et
entre celles-ci et les groupes de
o so ateu s pa le iais d’e u tes à
caractère économique en collaboration
avec les autres autorités économiques du
pays ;
e/ La participatio à l’o ga isatio , à la
dis ussio et à l’ la o atio des
dispositions relatives à la concurrence
contenues dans les conventions entre le
Maroc et ses partenaires ;
4
Un changement de dénomination est intervenu avec le
gouvernement issu des élections du 25 novembre 2011. On
parlera désormais du ministère délégué auprès du chef de
gouvernement, chargé des affaires générales et de la
gouvernance.
f/ La représentation du Maroc devant les
instances internationales concernées par la
concurrence.
O o state a ai si ue l’ te due et la
teneur des prérogatives dévolues à la DCP
nécessitent des moyens conséquents. La
alit des hoses a o t ue ça ’a
jamais été le cas. Avant comme après la
atio d’u Co seil de la o u e e et
sa récente relance.
2.3 Le Conseil de la Concurrence
Selo l’ o de la loi . , le Co seil de
la Concurrence constitue une instance
o sultative ha g e d’ ett e des avis,
des conseils et des recommandations.
Formellement, ce Conseil a pour rôle
d’ paule le P e ie Mi ist e ou l’auto it
u’il délègue pour le suivi et la supervision
de la mise en application des règles et lois
gouvernant la concurrence au Maroc.
Ce faisant, le Conseil de la Concurrence est
appel lo s u’il est saisi pa le P e ie
Ministre ou les commissions permanentes
du parlement, les Conseils de régions et les
chambres professionnelles, les
organisations syndicales et associations
d’utilit publique et les tribunaux, à
émettre des avis, des conseils ou des
recommandations.
Le Conseil de la Concurrence a des
attributions limitées en matière de
pratiques anticoncurrentielles et dans le
domaine de la concentration économique
et aussi des prix. Il convient à ce propos de
eleve ue le Co seil ’a u’u ôle
strictement consultatif puisque la décision
aussi bien en matière de pratiques
anticoncurrentielles ou d’op atio s de
concentration relève du Premier Ministre
12
ap s eptio de l’avis du Co seil de la
Concurrence.
Aussi et à la lu i e de l’e p ie e de la
mise en application de loi 06-99 et afin de
pe ett e à e Co seil d’e e e
pleinement ses prérogatives en toute
efficience, s’est i pos l’i p atif
d’a e de la loi le o e a t da s le se s
d’u e eilleu e o o dance avec les
nouvelles normes et pratiques
internationales dans ce domaine.
Plus particulièrement, il est devenu
nécessaire de lui conférer un pouvoir
décisionnel dans les domaines sus-
soulignés et lui att i ue le d oit d’auto
saisine dans les affaires concernant la
concurrence tout en lui accordant une
indépendance concrète sur le plan
structurel, et notamment pour tout ce qui
concerne ses ressources humaines et les
modalités de prise de décision.
2.3.1 la nouvelle relance du Conseil :
quelques enseignements
Nonobstant la p se e de l’a se al
juridique énonçant la création du Conseil
depuis l’a e , la p e i e
expérience de lancement de cette
i stitutio e s’est pas a a t is e pa une
continuité. Il a fallu attendre le début de
2009 pour décider et mettre en place les
o ditio s d’ une relance pour que le
Conseil de la Concurrence commence
réellement à exercer.
En toute vraisemblance, une nouvelle
conjoncture a émergé pour faire mûrir les
conditions permissives garantissant
l’ difi atio de es i sta es o sultatives,
ota e t ave l’ la gisse e t des
espa es de l’ o o ie de a h au
Ma o et le esoi p essa t d’e digue les
s uelles de la p iode où l’Etat s’est
arrogé les mannes du commandement
direct de l’ o o ie, ave tout e ui e a
résulté comme atteintes aux règles de la
libre concurrence et comme ressorts de
l’ o o ie de e te.
Les trois premières années consécutives à
cette relance du Conseil se sont
caractérisées, en sus de la mise en place
des bases organisationnelles et matérielles
de l’ad i ist atio du Co seil, pa la
pou suite d’u e politi ue i te sive de
sensibilisation dans le but de faire
connaître les domaines de compétences et
les spécificités des prérogatives du Conseil.
Cette orientation a concerné toutes les
parties qui peuvent saisir le Conseil, que ce
soit des institutions, administrations et
syndicats au niveau central comme au
niveau local.
Si le Co seil s’est gale e t p o up
depuis sa nouvelle ela e de l’ tude d’u
nombre assez important de dossiers dont il
fut saisi, il ’e de eu e pas oi s ue le
nombre limité de ceux-ci dénote une faible
propension à saisir le Conseil pour des
considérations découlant naturellement
des limites que la loi a dressé, mais aussi et
principalement du très modeste niveau de
la culture de la concurrence au Maroc et de
la méconnaissance des acteurs concernés
du contenu de la loi de la liberté des prix et
de la o u e e, et de tout e u’elle a
ouvert comme marges pour affronter des
situations de domination sur les marchés
et d’h g o ie su les rouages de
l’ o o ie a o ai e.
Devant les limites découlant du rôle
consultatif du Conseil et qui se
matérialisent dans les très faibles
13
tendances des personnes morales citées
par la loi à saisir le Conseil et à lui
soumettre des dossiers et des affaires à
e d’aiguiser ses aptitudes à
l’i vestigatio , l’e u te et la d li atio ,
le conseil de la concurrence restait loin des
conditions qui pouvaient lui permettre de
faire évoluer son expérience et
développer son expertise. L’e p ie e
actuelle du conseil ne repose guère sur
une jurisprudence marocaine assez variée
et apte à constituer une base première de
travail et à ouvrir des perspectives
nouvelles au développement de la
régulation de la concurrence au Maroc.
C’est la aiso ui o duisit la présidence
du Conseil à se préoccuper, dès le départ,
de la problématique de la réforme de la loi
06-99.
Cet intérêt peut paraître à première vue
comme un paradoxe au moment où le
Co seil tait e phase d’ difi atio
physique même et ’a a t pas e o e
totalement éprouvé ses capacités à traiter
des affaires qui lui sont déférées.
Cepe da t, ette p o upatio s’est
transformée en focalisation interne puis en
revendication portée sur la place publique
pou u’à ou t te e des amendements
essentiels soient préparés et introduits sur
le contenu du titre V de la loi 06.99. Cette
fo alisatio s’est appuyée du reste, sur les
leçons de la pratique du Conseil lui-même
d’u e pa t, et de l’aut e su la nouvelle
orientation prise par les instances
similaires à travers le monde, et qui ont
e egist u passage lai et et d’u
statut consultatif pur à un statut
décisionnel sans ambages.
Dans le cas du Maroc, le besoin s’est fait
sentir pressant de transformer les
mécanismes de la régulation de la
o u e e d’u gi e d’e iste e
formellement consultatif dépendant du
sommet de la décision politique et
économique et des conjonctures qui
gouvernent sa réaction et ses initiatives, en
un espace de travail normal et
institutionnel qui fonde ses préoccupations
et les modalités de sa mise en application à
partir des besoins de la scène économique
générale et de ce que nécessite la phase de
ha ge e t des st u tu es de l’ o o ie
en termes de régulation,
d’a o pag e e t et de efonte. En effet,
l’ o o ie a o ai e a souffe t d’u e
problématique centrale qui se résume
grosso modo dans soit le retard, soit la
tergiversation qui ont caractérisé la
p iode de t a sitio d’u e o o ie
gouve e pa la logi ue de l’appa eil de
l’Etat ve s u e o o ie de a h li e
ue pa la volo t d’ouve tu e et
d’i t g atio e i hissa te da s le
processus de mondialisation.
C’est pou ette aison que le choix portant
su l’a lio atio et l’app ofo disse e t
de l’a tio du Co seil est pa u h poth u
par la capacité à élaborer un projet de
réforme de la loi en cours tout en prenant
en considération deux principaux
impératifs :
- L’i p atif d’élargissement objectif
des prérogatives et des compétences
dans le sens de leur concordance
qualitative avec ce que pratiquent
les instances ou autorités similaires
da s le o de d’aujou d’hui ;
- La nécessité de garantir une
indépendance réelle au Conseil, dans
14
sa composition comme dans la
nature de sa tutelle, pour lui
pe ett e d’a o pli so dou le
rôle de régulation des marchés et
d’affe isse e t de la politi ue de
la o u e e da s l’e se le du
pays, en toute objectivité,
transparence et sérénité dans la
formulation des avis et des
recommandations.
En tout état de cause, la recherche de cet
objectif multidimensionnel et aux
i pli atio s dive ses su l’a tio du
gouve e e t et les a is es u’il
utilise pour le suivi et la veille sur les
mutations de l’ o o ie, ’a happ i
aux problèmes et difficultés de mise en
œuv e i au efus et oppositio s. Mais
compte tenu de la conjoncture ayant
caractérisé le printemps 2011, il était donc
normal que la revendication de la réforme,
après avoir buté sur un attentisme
incompréhensible, figure parmi les
nouvelles dispositions de la constitution du
1er Juillet 2011.
. . Pe spectives d’évolution du Conseil :
de la constitutionnalisation à
l’a e de e t de l’a se al ju idi ue et
réglementaire de la concurrence :
Ces perspectives dépendent évidement de
la nature de la réforme qui entrerait en
vigueur et elle découlerait concrètement
de e u’a a o l’a ti le de la
nouvelle constitution. Le fait que celle-ci ait
consacré tout un espace au Conseil de la
Concurrence constitue en lui-même une
annonce, voire une injonction de
ovatio et d’a tualisatio de l’a se al
juridique, institutionnel et réglementaire
en matière de régulation de la
concurrence. de la nécessaire existence de cette
Une première lecture du contenu du texte politique comme principe directeur dans
de la nouvelle constitution permet de les programmes gouvernementaux afin
eleve ue l’a ti le ui ige le Co seil d’ vite tout risque de non
de la Co u e e au statut d’i sta e constitutionnalité.
constitutionnelle fait partie des articles du Cette très explicite consécration
titre 12 relatif aux principes généraux de la constitutionnelle du Conseil de la
bonne gouvernance et des instances de Concurrence et de ses prérogatives est
protection et de promotion des droits de o e d’u e a i e glo ale et inclut ce
l’Ho e. ue l’a ti le o e « les pratiques
En réservant un article à part entière au commerciales déloyales ». Cette
Conseil de la Concurrence, la nouvelle consécration est de nature à faire passer le
architecture de cette constitution Co seil de la Co u e e d’u e situatio
e tio e so statut d’i sta e auto o e d’i sta e o di ai e sou ise au i itiatives
chargée de garantir la bonne gouvernance. de son autorité de tutelle actuelle (le chef
Ainsi, le Conseil de la Concurrence est de gouvernement ) à elle d’u e i sta e
appelé à passer du statut consultatif à un qui intervient et qui évolue en toute
statut d’auto o ie à e de pe ett e autonomie et sous le couvert de garanties
sa promotion vers un rôle décisionnel dans constitutionnelles.
un futur proche5. Il est donc évident que cette consécration
La o stitutio alisatio sig ifie l’ l vatio est intervenue pour appuyer la
de la «valeur » ju idi ue de l’instance eve di atio d’a e de e t de la loi
chargée de veiller sur les règles de la 06.99 dans une nouvelle perspective dont
concurrence libre et loyale, et promeut par la philosophie générale reste la recherche
conséquent son statut en explicitant sa de plus de concordance avec ce qui est
consécration dans le corpus de la devenu mondialement reconnu et pratiqué
constitution. da s l’o ga isatio des i sta es et
Ce faisant, la politique de la concurrence se autorités de la concurrence de par le
trouve consacrée par un support monde.
constitutionnel clair, de so te ue l’o e E atte da t ette fo e et afi d’ vite
peut ignorer ses règles et faire table rase tout essai d’e haustivit ui s’av e ait
fastidieux, les principaux amendements
5
Article 166 : « le Conseil de la Concurrence est une aptes à refléter l’ o de l’a ti le de
institution indépendante chargée, dans le cadre de la ouvelle o stitutio s’o do e t
l’o ga isatio d’u e o u e e li e et lo ale, autour de 14 axes :
d’assu e la t a spa e e et l’ uit da s les elatio s
o o i ues, ota e t à t ave s l’a al se et la / L’ la gisse e t du do ai e
régulation de la concurrence sur les marchés, le
d’appli atio de la loi elative à la li e t
contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des
pratiques commerciales déloyales et des opérations de
des prix et de la concurrence pour y inclure
concentration économique et de monopole ». les personnes publiques chargées des

15
fonctions de gestion et de supervision de
services publics à caractère industriel et
commercial, et qui exercent leurs activités
dans un marché concurrentiel de façon à
ga a ti l’ galit deva t les gles de la
concurrence entre les personnes publiques
et les personnes privées;
2/ L’ la gisse e t de la sph e des
i sta es ui o t le d oit de saisi l’auto it
de la concurrence pour y inclure les
entreprises et les diverses associations de
protection du consommateur ;
3/ L’i stitutio d’u e auto it unique de la
o u e e ui fi ie de l’auto it
intégrale et de la compétence générale,
une autorité à caractère décisionnel, une
autorité autonome par rapport aux sphères
de la décision politique et économique,
aussi bien dans sa composition que dans la
manière de traiter les affaires qui lui sont
soumises, u e auto it ui p e d l’i itiative
d’elle-même et qui bénéficie du droit
d’auto saisi e ha ue fois u’appa aisse t
des indices de déséquilibre dans le
fo tio e e t d’u a h d te i et
lors ue le appel à l’o d e au o des
règles de la concurrence impose une
i te ve tio sous fo e d’avertissement
ou de plaidoyance6;
4/ Conférer à la nouvelle instance
autonome le pouvoir discrétionnaire qui lui
fa ilite d’i te ve i ou de e pas effe tue
d’e u tes et d’i vestigatio s da s les
affaires et les dossiers qui lui sont soumis
selo le deg d’i po ta e de eu -ci et
l’ helle des p io it s de l’a tio de ette
6
Nous utilisons ici le terme « plaidoyance » au lieu de celui
de plaidoyer et donc de plaidoirie pour sig ifie l’a tio de
défendre et de faire triompher les règles et les principes du
droit de la concurrence.
16
i sta e afi d’ happe à toute te tative
d’e o e e t et de su ha ge;
5/ Le renforcement des mécanismes de
contrôle de la nouvelle autorité de la
o u e e pa le iais de l’i stitutio
d’u t i u al ou d’u e ha e sp ialis e
dans les affaires de la concurrence ;
6/ La prise en compte des besoins de
oop atio e t e l’auto it de la
concurrence et les régulateurs sectoriels
su la ase de l’utilit de la o e t atio
et de l’ vite e t du hevau he e t des
prérogatives et de la fructification du
partage des expertises ;
7/ Le renforcement des pouvoirs et des
capacités des servi es d’i vestigatio de la
nouvelle autorité de la concurrence par
l’e pli itatio da s le te te de loi des
a tivit s d’i vestigatio et d’e u te, et
l’o ligatio faite au e t ep ises de fou i
les données et les informations nécessaires
aux enquêtes de concurrence ;
8/ Faire évoluer la prérogative de contrôle
des projets de concentration économique
en la soumettant en premier lieu à des
critères objectifs du point de vue du seuil
du contrôle obligatoire selon le critère du
hiff e d’affai es pa all le e t aux parts
de a h d’u e pa t, et e p e a t e
o sid atio l’i p atif d’e a e du
bilan économique du projet de
concentration tout autant que les
o lusio s du ila o u e tiel d’aut e
part ;
/ Mett e l’a e t su l’i po ta e et la
nécessité de prendre des sanctions
fi a i es de la pa t de l’auto it de la
concurrence en même temps que des
sanctions pénales prises par la justice de
façon à faire concorder les sanctions
privatives de liberté avec les délits commis
d’u e part, et la promotion de la punition
des manquements et atteintes aux règles
de la concurrence à des sanctions
dissuasives et o t aig a tes d’aut e pa t ;
10/ Le développement des capacités de
l’auto it de la o u e e à e ua t
au contrôle des situations de monopole
com e as pa i eu de l’a us de
positio do i a te d’u e pa t, et la
p o otio de l’aptitude de l’auto it de la
concurrence à la plaidoyance et à la
formulation de propositions et de
recommandations à propos de toute
situatio ui essite l’ouve tu e ou la fin
des monopoles actifs dans un secteur
d te i afi de satisfai e à l’i p atif de
fonctionnement concurrentiel naturel du
marché ;
11/ Inclure la possibilité de recours aux
procédures de concertation avec les parties
en situation de litige par rapport au respect
des règles de la concurrence ou le recours
à des usages fallacieux de façon à faciliter
en pratique une entente sur les conditions
de retour à une situation qui garantit le
espe t des gles de la o u e e d’u
ôt , et l’i stau atio d’u li at
susceptible de faire éviter les procédures
d’i i i atio et de pli ue au ha ges
afin de réduire les contentieux et de
renforcer les chances de dénonciation des
ententes préjudiciables au fonctionnement
concurrentiel des marchés et aux intérêts
17
des o so ateu s d’aut e pa t, e ui
pourrait encourager les entreprises à
dénoncer volontairement toute formule
d’e te te et de o ive e o t e la
concurrence loyale afin de faciliter la mise
e œuv e des procédures de pardon, de
l e e et d’a nistie ;
12/ Trouver la formulation idoine pour
traiter les problématiques des pratiques
commerciales déloyales, ce qui nécessite
selo les te es de l’a ti le de la
nouvelle constitution la définition des
a a t isti ues d’u ouveau d lit ui
viendrait s’ajoute essai e e t au
ententes entre entreprises, et aux abus
da s l’e ploitatio du pouvoi o o i ue
et sa transformation en rentes ;
/ L’ la o atio et le e fo e e t de la
fonction ou du rôle de plaidoyance du
Conseil de la Concurrence comme rôle qui
combine entre la formulation de conseils et
l’ la o atio de p opositio s et de
e o a datio s afi d’i p i e les
transactions du secteur privé comme du
se teu pu li d’u e fo te dose de ultu e
de la o u e e, et u’elles assi ile t les
vertus du respect des règles de la libre
concurrence ;
/ Stipule l’utilit de fo ules souples de
coopération et d’ ha ges entre les
autorités de la concurrence de la région
dans les textes de lois et dans les traités de
pa te a iat et d’asso iation.