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UNIVERSITÉ DE LA MANOUBA

INSTITUT SUPÉRIEUR DE COMPTABILITÉ ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES (ISCAE)

Cours Economie des Affaires

CHAPITRE 2: LE MONOPOLE

Niveau: 2ème Année Licence Fondamentale en Comptabilité

Enseignant: M. Sofiane TOUMI

Année Universitaire: 2019/2020


Cours Economie des Affaires : 2ème LFC Chapitre 2 : le monopole M.
Sofiane TOUMI ISCAE

Plan du chapitre

Chapitre 2 : Le Monopole

I. Les origines de la situation de monopole


II. La fonction de demande du monopole
III. L’équilibre du monopole
IV. La perte sèche
V. Le pouvoir du monopole
VI. Le monopole discriminant
VII. Le contrôle des monopoles
VIII. Définitions du monopsone et du monopole bilatéral

Références bibliographiques

BERNIER, Bernard. VÉDIE, Henri-Louis. [1998], « Initiation à la microéconomie », Editions


Dunod.
MEDAN, Pierre. [2002], « Microéconomie », Editions Dunod, 2ème édition.
ORY, Jean-Noël. [1995], « Microéconomie : les marchés », Tome II, Editions Bréal,
collection Lexifac économie.
PICARD, Pierre. [1998], « Eléments de microéconomie », Editions Montchrestien, 5ème
édition.
TALBI, Béchir. [1997], « Analyse microéconomique », Volume II.
VARIAN, Hal R. [2003], « Introduction à la microéconomie », Editions de boeck, 5ème édition.

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Sofiane TOUMI ISCAE

Chapitre 2: Le monopole

Une entreprise est en situation de monopole lorsqu’elle est seule à offrir un certain type de
bien, c’est elle qui détermine le prix de vente.

 L’hypothèse d’atomicité : elle n’est plus vérifiée à 100% ;


 L’hypothèse d’homogénéité du produit : elle n’a plus d’importance car il y a un seul
offreur ;
 L’hypothèse de fluidité du marché : elle n’est plus vérifiée à 100% pour l’offre
puisque l’entrée est bloquée par des barrières, exemple : les brevets ; la concession et
le droit exclusif (STEG, SONEDE…). Toutefois cette hypothèse n’est pas interdite
mais souvent impossible ;
 L’hypothèse de transparence : elle reste satisfaite.

Remarque importante : contrairement à une situation de concurrence pure et parfaite (cpp)


où l’entreprise est un preneur de prix (price taker), la firme en situation de monopole est un
faiseur de prix (price maker).

I. Les origines de la situation de monopole

Quatre causes principales expliquent l’existence de monopoles :

* Le monopole naturel : on dit qu’il y a monopole naturel sur un marché lorsqu’il est plus
efficient et efficace qu’une seule firme soit présente.
Cette situation suppose l’existence de coûts fixes importants et d’économies d’échelle  d’où
le coût moyen est décroissant (CM = CT/Q)  l’existence d’économies d’échelle rend donc
inefficace la présence de plusieurs entreprises sur le marché. S’il existe sur le marché plus
qu’une seule firme, la production totale sera partagée ainsi que la clientèle et les revenus
générés de la vente ce qui ne permet pas aux entreprises de couvrir les charges fixes élevés et
d’atteindre le seuil de rentabilité (SR).

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C’est le cas notamment lorsque la production nécessite de lourdes infrastructures


(généralement des monopoles publics) exemple : eau (SONEDE), électricité (STEG), chemins
de fer (SNCFT), etc.
* Le monopole lié à la détention d’un brevet ou au contrôle d’une ressource rare :
(pétrole ; phosphate…).

* Le monopole institutionnel : c’est la situation où la puissance publique décide qu’une seule


unité productive soit présente afin de maîtriser la tarification ou bien pour des considérations
stratégiques (sécurité civile, …).

* Les mécanismes de la concurrence peuvent conduire à des situations de monopoles :


l’entreprise qui réussit par des innovations dynamiques élimine progressivement les firmes les
moins efficaces (les moins innovantes) et peut s’assurer une situation de monopole. Il s’agit
d’un processus de destruction créatrice.

II. La fonction de demande du monopole

Puisque le monopoleur est seul sur le marché alors la demande qui s’adresse à lui est celle du
marché. Notons :
D (p) ; demande totale sur le marché, elle est fonction décroissante du prix du produit ;
D (p) = y ; relation entre la demande totale sur le marché et la quantité y de produit fabriqué
par le monopoleur. On peut également exprimer p en fonction de y :
p = D1 (y) ou encore p (y) = D1 (y)  p (y) est la fonction inverse de la fonction de
demande D (p), elle définit le prix maximal auquel la quantité y peut être écoulée sur le
marché  D (p) est une fonction décroissante alors p (y) est aussi décroissante.

Le monopoleur connaît la demande (l’hypothèse de transparence, c'est-à-dire de l’existence


d’une information parfaite reste satisfaite en situation de monopole). Compte tenue de la
demande, le monopoleur doit donc décider de la quantité du produit (y) et de son prix (p).

II. 1. La Recette Totale (RT)


Elle définit le chiffre d’affaires pour une quantité produite y → RT (y) = p (y) .y

II. 2. La Recette Moyenne (RM)

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RT ( y )
C’est le chiffre d’affaires par unité produite → RM (y) = p (y) = y

II. 3. La Recette marginale (Rm)


C’est le supplément du chiffre d’affaires qui résulte de la production d’une unité
supplémentaire de bien.
RT ( y ) p ( y )
Rm (y) = y
= p (y) + p (y) .y; avec p (y) = y

Produire et vendre une unité supplémentaire conduit le monopoleur à accepter une baisse du
prix pour agir sur la demande  la variation du prix est décroissante ; p (y)  0 (nouveau
prix  ancien prix). Ainsi la Rm (y)  RM (y)  le supplément du chiffre d’affaires apporté
par une unité supplémentaire de production Rm (y), est donc nécessairement inférieur au
prix auquel étaient vendues les unités produites jusqu’alors RM (y).

En situation de monopole : Rm (y)  RM (y) = p (y) ; alors qu’en cpp : Rm = RM = p

Remarque importante : graphiquement, la courbe de recette marginale a une pente négative


2 fois plus grande en valeur absolue que celle de la recette moyenne.
Soit la recette moyenne linéaire: RM (y) = p (y) =    y → RT (y) = p (y). y = y   y2
RT ( y )
Rm (y) =
y
=   2  y  la recette marginale est linéaire et a une pente double

Figure 1: Recette marginale, recette moyenne

Recettes

RM(y)

Rm(y)

Quantités

Y/2 Y

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III. L’équilibre du monopole

Il s’agit de déterminer le niveau de production choisi par le monopoleur qui maximise son
profit ;  (y) = RT (y)  CT (y)
 ( y )
Condition de 1er ordre: Max  (y)  y
=0

 ( y ) RT ( y ) CT ( y )
=  =0
y y y

Rm (ŷ) = Cm (ŷ)
Le niveau de production optimal ŷ choisi par le monopole est donc caractérisé par l’égalité :
Rm = Cm

A l’équilibre du monopole : Cm (ŷ)  p (ŷ)


Puisque nous avons vu que: Rm (y) = p (y) + p (y). y  p (y)
D’où: Cm (ŷ) = Rm (ŷ) = p (ŷ) + p (ŷ). ŷ  p (ŷ)

A l’équilibre du monopole : Rm (ŷ) = Cm (ŷ) p (ŷ) = RM (ŷ)


Ceci veut dire que le monopole fixe p  Cm. Il fait alors   0 même sur la dernière unité
vendue. Contrairement à la CPP où à l’équilibre on a : Rm = Cm = p.

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Figure 2 : Equilibre du monopole

Coûts
Recettes
Cm

C
pmonopole D
CM

F RM = p(y)

A Rm
B
Quantités
Pt E : ŷ

 La production optimale ŷ est définie par l’intersection des courbes de Rm et Cm  le


point F ;

 Le prix à l’équilibre est indiqué par le segment [EC] et le coût moyen est représenté
par [EB] ;

 Le profit unitaire  (y)/unité = p (ŷ)  CM (ŷ) = EC  EB = BC ;

 Le profit total  total est indiqué par la surface ABCD ;

 On voit bien qu’à l’équilibre du monopole on a Cm  p  p  Cm = EC  EF = FC  il


s’agit du profit sur la dernière unité vendue.

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Application

Soit la fonction de demande sur le marché d’un bien X donnée par : p = x + 100 avec p le
prix du bien X et x la quantité totale sur le marché. L’offre de ce bien est assurée par une
entreprise en situation de monopole. La fonction de coût est donnée par : C (x) = 4x + x2
Déterminer l’équilibre du monopole (volume optimal de production, prix d’équilibre). En
déduire le profit.

Correction de l’application

1/ Quantité optimale produite à l’équilibre (x*) ?


C’est la quantité qui maximise le profit :
 = RT  CT = p.x + 4x  x2 = (x + 100).x + 4x  x2 =  2 x2 + 104 x

Max  = = 0   4 x + 104 = 0  x* = 26
x
Ou bien on sait qu’à l’éq. monopole : Rm = Cm   2 x + 100 =  4 + 2 x  x* = 26
2/ Prix à l’équilibre (p*) ?
On sait que x* = 26 alors p* = x + 100 = 74
3/ Le montant du profit total à l’équilibre ?
* =  2 x2 + 104 x = 1352

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IV. La perte sèche

La perte sèche (appelée également charge morte ou perte de surplus social) résulte de la baisse
du surplus global lors d’un passage d’une situation de concurrence pure et parfaite à une
situation de monopole.

Comparaison de l’équilibre d’un marché de monopole et celui en CPP

Figure 3: Equilibre sur un marché en CPP: p = Cm

Coûts
Recettes
Cm

SC
E
p*cpp A

SP RM = p

Quantités
Y*

A l’équilibre, le surplus des consommateurs (SC) est la surface comprise entre la courbe de
demande totale (RM) et le segment [AE]. Le surplus du producteur (SP) est la surface
comprise entre la courbe du Cm et le segment [AE]. (Surplus global : SG = SC + SP).

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Figure 4: La perte sèche (la charge morte)

Coûts
Recettes
Cm

SC

D
pmonopole B
E
pcpp A

SP RM = p(y)

E’
Rm

Quantités
Ym* Ycpp*

Lors du passage d’une situation de CPP à celle de monopole, nous constatons une diminution
du surplus des consommateurs (SC) mais un accroissement du surplus du producteur (SP).
Toutefois, le surplus global (SG = SC + SP, appelé également surplus collectif) est réduit d’un
montant équivalent à la surface (E’E D), appelée perte sèche ou perte de bien être social subie
par la société suite à une situation de monopole  (E’ED) est appelée aussi charge morte du
monopole.

Conclusion : le comportement du monopoleur peut être qualifié de « comportement


malthusien » : un monopoleur produit moins et vend plus cher qu’une firme concurrentielle
afin de réaliser un profit plus important. (y* monopole  y* cpp) et (p* monopole  p* cpp).

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V. Le pouvoir du monopole

Puisque à l’équilibre Rm = Cm < p → le pouvoir du monopole représente la capacité du


monopoleur à fixer un prix largement ou faiblement supérieur au coût marginal
L’écart entre le prix et le coût marginal (p  Cm) permet de déduire si le pouvoir du monopole
est fort ou au contraire faible :
- Si l’écart est grand (p – Cm >>> 0 → p >>> Cm) alors le pouvoir du monopole est fort.
- Si l’écart est petit (p – Cm > 0 → p > Cm) alors le pouvoir du monopole est faible.

Le pouvoir du monopole peut être caractérisé plus précisément :

RT ( y ) p ( y )
Rm (y) = y
= p (y) + p (y) .y; avec p (y) = y

p ( y ) p ( y ) y p ( y ) y
Rm (y) = p (y) + y
.y = p (y). [1+ y
. p( y)
]; avec 1/e = y
. p( y)

0
A l’équilibre: Rm = Cm
1
Rm = Cm = p (y). [1+ ] → Rm = Cm = p (y). [1-1//e/]
e

1
A l’équilibre du monopole on a: Rm = Cm  Cm = p* [1 + ]
e

e : élasticité prix directe de la demande totale adressée au monopole ; e  0  lorsque le prix


d’un bien diminue, sa quantité demandée s’accroît et inversement.
La recette marginale (Rm) est égale à la recette moyenne (RM) multipliée par un coefficient
correcteur qui dépend de l’élasticité prix de la demande. Cette forme de recette marginale
(Rm = p(y). [1 + 1/e]) est spécifique au monopole, le terme [1 + 1/e] représente le pouvoir du
monopole. Plus l’élasticité de la demande est faible (e faible), c'est-à-dire plus les clients
éprouvent des difficultés pour substituer ce produit, et plus le pouvoir de monopole est
important ([1 + 1/e] est grand), et vis versa. Les cas extrêmes sont :

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- Demande inélastique : e = 0  pouvoir du monopole absolu (très fort) : 1/e  


→ p – Cm >>> 0 → p >>> Cm
- Demande élastique : e   pouvoir du monopole inexistant (très faible) 1/e  0 →
p – Cm > ≈ 0 → p > ≈ Cm
VI. Le monopole discriminant

De manière générale un monopole n’est pas obligé de vendre à un prix unique. Il y a


discrimination par les prix lorsqu’un même produit est vendu à des prix différents selon
l’acheteur concerné. L’idée est que le comportement rationnel du monopoleur implique que
celui-ci va vendre chaque unité là où elle rapporte le plus en termes de recettes. Seul un
monopoleur peut discriminer car en concurrence les autres offreurs contraindraient le prix du
marché à s’égaliser avec le coût marginal. Pour que la discrimination soit possible il faut que :
- Le bien produit par le monopole ne puisse pas être revendu par un client bénéficiant d’un
prix bas à un client qui paie un tarif plus élevé, d’où il faut séparer les marchés, exemple pour
le transport, appliquer des tarifs différents selon le statut étudiants, salariés, etc ou encore
vendre à un prix à l’étranger et à un autre prix à l’intérieur du pays, etc ;
- Les clients doivent avoir des élasticités prix de la demande différents, c'est-à-dire que la
variation du prix fait varier différemment la demande selon la catégorie de personnes. Le
monopoleur doit et peut alors répartir ses clients en groupes clairement identifiables.

Selon Pigou, il existe 3 types principaux de discrimination par les prix :


* La discrimination du 1 er ordre, ou du 1er degré : le monopoleur fixe un prix différent pour
chaque client, cela suppose qu’il n’y a pas de circulation de l’information entre les acheteurs
sinon il y aura contestation de la part des clients payant le prix élevé. Il s’agit d’une
discrimination parfaite en termes de prix.
* La discrimination du 2ème ordre, ou du 2ème degré : le prix ne différent pas selon les
individus mais selon les quantités achetées. La politique tarifaire consiste à fixer un prix
composé d’une somme fixe puis d’une somme variable. Exemple, la consommation d’eau.
(SONEDE)
* La discrimination de 3ème ordre, ou du 3ème degré : elle correspond à une situation où le
monopoleur peut répartir ses clients en des groupes parfaitement différenciés du point de vue
élasticité prix de la demande. Le prix est différent selon la personne qui achète et non selon
les quantités. Exemple, les tarifs préférentiels pour les étudiants, pour les personnes âgées,

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tarif différent selon le sexe, etc. C’est la forme la plus fréquente de discrimination en termes
de prix.

Equilibre du monopole discriminant

Soit un monopole à deux marchés (2 types de clients, il s’agit d’une discrimination de 3 ème
ordre) :
 Di (p) est la demande totale provenant des clients du groupe i avec i = 1, 2 ;
 La recette moyenne (RM) correspondant aux usagers de ce groupe est notée pi (yi ) qui
représente donc le prix maximal auquel la quantité yi peut être vendue aux clients du
groupe i ;
 La recette totale (RT) du monopole est égale à la somme des recettes provenant des 2
groupes : RT (y1, y2) = p1 (y1) y1 + p2 (y2) y2 ;
 La fonction de coût total (CT) définit le coût de production en fonction de la quantité
totale produite y : CT (y) = CT (y1 + y2) avec y = y1 + y2 ;
 Le profit total du monopole est :  (y1, y2) = RT (y1, y2)  CT (y1 + y2)

L’équilibre du monopole est tel que  max : yi (ŷ1 , ŷ2 ) = 0 avec i = 1, 2.

ŷ1 et ŷ2 sont les ventes réalisées par le monopole pour chaque groupe de clients lorsque  est
max. On a donc à l’équilibre : Rmi (ŷ1 , ŷ2 ) = Cm (ŷ1 + ŷ2 ) avec i = 1, 2.

Avec Rmi : la recette marginale du groupe i, et Cm : le coût marginal.

A l’équilibre, il y a égalité entre le coût marginal relatif au volume global de production et la


recette marginale sur chaque marché. En d’autres termes, il y a égalité entre ce que coûte la
dernière unité produite, peu importe sa destination (le groupe 1 ou 2), et la recette que procure
la dernière unité vendue à chacun des marchés. Il s’agit donc de vendre chaque unité là où elle
rapporte le plus.

Rm 1 (ŷ1) = Rm2 (ŷ2) = Cm (ŷ1 + ŷ2)

Considérons la relation de la recette marginale (Rm) qu’on a vu précédemment :

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1
Rm i = pi (yi). [1+ ]
ei

Avec l’élasticité prix de la demande e  0;

Rappel
Q P
On sait que: e = Q/Q  P/P = . ; avec e  0
P Q
 e =   Demande élastique ;
 e = 0  Demande inélastique.

A l’équilibre, l’égalité des recettes marginales Rm1 = Rm2 implique :

1 1
P1 (1 + ) = P2 (1 + )
e1 e2
Vu que e  0 ; on peut écrire :
1 1
P1 (1  e1 ) = P2 (1  e 2 )

Conclusion :

 Si e1  e2  e1  e2 La demande du marché 1 est moins élastique que la

demande du marché 2, d’où p1  p2 ;


 Le marché dont la demande est relativement moins élastique paie un prix plus élevé
(dans notre cas le marché 1) ;
 Le pouvoir du monopole est d’autant plus élevé que l’élasticité est faible  le
monopole pratique une discrimination en faveur du marché dont la demande est plus
élastique (dans notre cas, le monopole fixe un prix plus favorable au marché 2).

Application
Un monopoleur est en mesure d séparer les consommateurs en 2 marchés. Leurs demandes
sont telles que :
P1 = 80  5 y1 ; P2 = 180  20 y2
Le coût total de production est : CT (y) = 50 + 20 (y1 + y2) ; le coût marginal Cm = 20 ;
La recette marginale sur chaque marché est respectivement :

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Rm1 = 80  10 y1 ; Rm2 = 180  40 y2


1/ Déterminer l’équilibre du monopole (y* ; p* ; *) ?
2/ En faveur de quel marché se fait la discrimination de prix ?

Correction de l’application
1/ Equilibre du monopole (y* ; p* ; *) ?
A l’éq : Rm1 = Rm2 = Cm
Rm1 = 80  10 y1 = Cm = 20  y1* = 6 d’où p1* = 50
Rm2 = 180  40 y2 = Cm = 20  y2* = 4 d’où p2* = 100
* (y1, y2) = RT (y1, y2)  CT (y1 + y2) = RT1 (y1) + RT2 (y2)  CT (y1 + y2) = 450

2/ Discrimination ?
D’après la comparaison des prix à l’équilibre, on remarque que le client du marché 2 paie le
double de ce que paie un client du marché 1 pour chaque unité  la discrimination s’est faite
en faveur du marché 1  le marché 1 doit donc avoir la demande la plus élastique.

y1 p1 1 50
e1 = p1 . y1 ; si y1 = 1 alors p1 = 75 et si y1 = 2 alors p1 = 70  e1 = . = -1,67 ;
 5 6

y 2 p2 1 100
e2 = p 2 . y 2 ; si y2 = 1 alors p2 = 160 et si y2 = 2 alors p2 = 140  e2 = . =-
 20 4
1,25.

e1 e2 Le marché 1 est plus élastique, d’où la discrimination se fait en sa faveur.

VII. Le contrôle des monopoles

On a constaté que pour un niveau de demande donné et des coûts donnés, un monopole
produit moins et vend plus cher qu’une firme concurrentielle. Il réduit donc les gains de
l’échange pour les consommateurs (surplus des consommateurs). Afin d’éviter les situations
antisociales résultant du comportement d’un monopole (p  Cm), l’Etat peut intervenir pour
contrôler directement ou indirectement le comportement des monopoles de telle sorte que ces
derniers (les monopoleurs) maximisent le bien être de la collectivité et non leur profit.
Plusieurs techniques de régulation sont possibles :

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 La nationalisation des entreprises privées ;


 Abolir les barrières à l’entrée, c'est-à-dire l’Etat peut démonopoliser une activité afin
de rendre une libre entrée sur le marché
 L’Etat peut imposer au monopole de respecter certains principes notamment en
matière de fixation de prix (en matière de tarification). Les monopoles de ce type
seront appelés : monopoles publics.

* La tarification au coût marginal : il s’agit de maximiser le surplus collectif (global) et


éviter la perte de bien être (plus précisément la réduction du surplus du consommateur), et
ceci en passant p Cm à une situation où p = Cm, cela veut dire que l’Etat impose un jeu de
concurrence pure et parfaite (cpp), car on a vu SG cpp  SG monopole.
Cette tarification au Cm n’est possible que lorsque Cm  CM sinon le monopole serait en
situation déficitaire.
Remarque : En situation de monopole naturel où les coûts fixes sont importants, le CmCM
d’où si l’entreprise vend à p=Cm elle sera déficitaire. Il faut donc des années pour que
CmCM, or ceci n’est possible qu’après une quantité produite très importante.

* La tarification Ramsey-Boiteux (tarification optimale) : il s’agit de fixer un prix encore


plus fort pour le produit dont la demande est inélastique et un prix moins important pour le
bien dont la demande est élastique  maximisation du bien être social en garantissant un
équilibre budgétaire.

* La tarification optionnelle (tarif binôme) : il s’agit de fixer un tarif composé d’une prime
fixe (exemple, abonnement téléphonique, électricité, etc) et d’un montant variable
proportionnel à la consommation effective de l’utilisateur. Cette méthode de tarification
permet d’éviter à l’opérateur de subir un déficit. En effet, l’abonnement permet de couvrir les
frais fixes de l’opérateur.

* La tarification au coût moyen ( = 0) : les procédures de nationalisation d’une entreprise


d’inscrivent dans la logique de servir l’intérêt général (collectif) et non d’une maximisation du
profit. En annulant le profit, il s’agit d’offrir la plus grande quantité possible de biens au prix
le plus faible possible   = 0  RT = CT  p = RM = CM.

* La tarification basée sur le système des subventions croisées : ce principe de tarification


constitue un mécanisme de redistribution des richesses. On distingue 2 types :

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- Subventions entre coûts : l’opérateur public réalise des investissements et affecte les
ressources de façon inefficace entre les différents agents, exemple, financement du téléphone
dans les régions rurales à faible densité démographique par les régions plus denses ;
- Subventions entre demandes : les prix sont fixés de façon à favoriser une certaine catégorie
de consommateur. Exemple, dans les télécommunications il s’agit de réaliser des profits sur
les communications longue distance utilisées surtout par les entreprises, pour compenser les
pertes subies sur les communications locales dues essentiellement aux ménages.

VIII. Définitions du monopsone et du monopole bilatéral

VIII. 1. Le monopsone
Définition : on dit qu’une entreprise est un monopsone lorsqu’elle est le seul acheteur sur le
marché d’un de ses facteurs de production (facteur primaire ou de consommation
intermédiaire). Exemple, une grande entreprise du secteur agroalimentaire qui achète la
totalité des productions de petits agriculteurs.

VIII. 2. Le monopole bilatéral


Définition : on dit qu’il y a monopole bilatéral sur un marché, lorsque celui-ci comprend un
seul acheteur et un seul vendeur. Dans cette situation on a une confrontation entre 2 types de
comportements :
 Le vendeur en situation de monopole veut maximiser son profit en réduisant la
production et en élevant le prix ;
 L’acheteur en situation de monopsone veut maximiser son profit en réduisant sa
demande et en baissant le prix.
On peut facilement constater que l’équilibre prix-quantité est difficile à déterminer de façon
spontanée. Les 2 agents sont amenés à chercher une coopération destinée à maximiser leurs
profits en décidant du prix et de la quantité échangée.
Dans une situation de monopole bilatéral, chaque partie souhaite parvenir à des conditions qui
sont les plus avantageuses pour elle. Le résultat final dépendra de la capacité de chaque acteur
à imposer son point de vue. Exemple, le cas du marché de travail lorsqu’un syndicat ouvrier
(UGTT) représente les intérêts de l’ensemble des salariés, et un syndicat patronal représente
les intérêts de l’ensemble des entreprises (UTICA). La négociation entre des syndicats
ouvriers et patronaux devrait conduire à définir le taux de salaire et les décisions en matière
d’embauche et de licenciement.

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