Institut des Hautes Etudes Commerciales.

Carthage
Filières : LFG1 & LAG1………..………………………………….…
Matière : Microéconomie..……..…………………………………… 2H
Enseignants : Aflouk N., Ben Abdennebi H., El May R., Guerfali A.,
Kammoun S., Mallouli Y., Mechri S., Redissi J. & Zouari S.

Examen principal, Janvier 2018

Questions de réflexion

1 – Dans un contexte de crise, le prix des jeans a fortement baissé sur le marché. A court-terme,
les fabricants des jeans accepteront-ils de produire à perte ? Justifiez votre réponse en référence
aux différents seuils. Donnez une représentation graphique. (2 points)
Ils accepteront de produire à perte, à court-terme, si et seulement si cette perte n’excède pas les coûts
fixes. Les entreprises donc ne décideront de produire que si le profit est au moins supérieur à (-CF),
CV
soit :  ( Y )  - CF  p.Y - CT ( Y )  - CF  p.Y - CV - CF  - CF  p   p  CVM.
Y
Les fabricants de jeans ne produisent donc une quantité strictement positive que si le prix de vente est
supérieur au coût variable moyen. Si le prix de vente est inférieur au coût variable moyen, les recettes
totales ne permettraient même pas de couvrir les coûts variables, c’est à dire les frais inhérents
directement à l’acte de production, tels que la rémunération des salariés, l’achat des matières
premières, etc.
Soient les prix pf et pr, correspondant respectivement aux valeurs minimales du coût variable moyen et
du coût moyen. Le prix pf est appelé seuil de fermeture, alors que le prix pr est appelé seuil de
rentabilité de l’entreprise. Selon les valeurs prises par le prix de vente, le comportement optimal des
firmes est résumé comme suit :

Cas possible Définition de YCT ( p ) Profit

p > pr CmCT ( Y ) = p >0
Pf < p < pr CmCT ( Y ) = p - CF <  < 0
p < pf Y=0  = - CF

Graphiquement, on peut donc déterminer pour chaque niveau de prix de vente p, une quantité de
production idéale YCT ( p ) à offrir, tel que Cm CT ( Y ) = p.
Cette fonction YCT ( p ), qui associe au prix de vente la quantité produite, est appelée la fonction
d’offre de court terme des fabricants de jeans.
Coûts, p

Cm CT
p
CM CT
CVM CT

pr
pf

0 Yf Yr Y( p ) Y

1
2 – A propos de l’augmentation du prix de l’huile d’olives, le Ministre de l’Agriculture a
déclaré : « la consommation d’huile d’olive n’est pas dans nos traditions ». Selon vous, quelle est
la nature du bien considéré ? Quelle est sa relation avec ses substituts ? Commentez. (2 points)
Il faut bien évaluer l’esprit d’analyse de l’étudiant.

Exercice 1

Un consommateur achète deux biens X et Y. Ses préférences sont représentées par la fonction d'utilité
suivante :
U ( x , y ) = (x + 6) * ( y + 8)

où x et y désignent les quantités consommées des deux biens X et Y. Les prix respectifs des biens X et
Y sont 𝑝𝑥 et 𝑝𝑦 , le revenu de ce consommateur est R.

Sachant que R = 104, 𝑝𝑥 = 2 et 𝑝𝑦 = 1,

1 - Déterminez l'équilibre de ce consommateur, ainsi que son niveau d'utilité.

𝑝 𝑦 +8
𝑥∗
𝑇𝑚𝑆𝑦𝑥 = 𝑝 𝑥 =2 𝑥 ∗ = 25
A l’équilibre du consommateur : E* 𝑦 ∗ ? / 𝑦 𝑥 +6
𝑅 = 𝑝𝑥 𝑥 + 𝑝𝑦 𝑦 104 = 2 𝑥 + 𝑦 𝑦 ∗ = 54
et U E * (25 , 54) = (25 + 6) * (54 + 8) = 1922. (1 point)

2 - Définissez la courbe de consommation - revenu. Déterminez son équation. Représentez

graphiquement cette courbe.
La courbe de consommation-revenu montre comment l’équilibre du consommateur se modifie lorsque
le revenu change. Cette courbe illustre la manière avec laquelle se déforme la structure de
consommation en fonction des variations du revenu. Si les consommations des biens x et y
augmentent lorsque le revenu augmente, on dit que ces biens sont normaux. (0,5 point)
𝑝𝑥 𝑦 +8 𝑦 +8
Equation de la CCR : y* (x*) ? / 𝑇𝑚𝑆𝑦𝑥 = =2 =2 y = 2 x + 4.
𝑝𝑦 𝑥 +6 𝑥 +6
La CCR est une droite croissante de pente 2 et d’ordonnée à l’origine 4, donc x et y sont normaux.
(0,5 point)

y*

CCR : y = 2 x + 4
(0,5 point)

0 x*

3 - Définissez et déterminez les équations des courbes d'Engel des 2 biens X et Y.

La courbe d’Engel du bien x (ou celle du bien y) décrit la relation existant entre la quantité optimale
de ce bien consommée et le revenu, les prix des biens étant constants. (0,5 point)
y = 2x + 4 y = 2x + 4
Equation de la courbe d’Engel du bien x : x* (R) ? / 𝑅 = 𝑝 𝑥 + 𝑝 𝑦
𝑥 𝑦 𝑅 = 2𝑥+𝑦
𝑅 −4
R = 2 x* + 2 x* + 4 x* = . (0,5 point)
4
𝑅 +4
De la même manière : y* = . (0,5 point)
2

2
4 - Si le prix du bien Y augmente et passe à 2 u.m., déterminez le nouvel équilibre.
Décomposez l'effet total de cette variation en effet de substitution et effet de revenu.
Commentez. Le bien Y est-il un bien de Giffen ?
𝑝
𝑥′
𝑇𝑚𝑆𝑦𝑥 = 𝑝′𝑥 𝑦 +8
=1
A l’équilibre nouveau du consommateur : E’ 𝑦′ ? / 𝑦 𝑥 +6
𝑅 = 𝑝𝑥 𝑥 + 𝑝′𝑦 𝑦 104 = 2 𝑥 + 2 𝑦
𝑥′ = 27
. (0,25 point)
𝑦′ = 25
𝑝
𝑥′′ 𝑇𝑚𝑆𝑦𝑥 = 𝑝′𝑥
A l’équilibre intermédiaire du consommateur : E’’ 𝑦′′
? / 𝑦

U E ∗ = U E′′
𝑦 +8
= 1 𝑥′′ = 37,84
𝑥 +6 . (0,25 point)
1922 = (x′′ + 6) ∗ ( y′′ + 8) 𝑦′′ = 35,84

La décomposition de l’Effet Prix Total en Effet de Substitution et en Effet de Revenu :

(0,25 * 6 = 1,5 point)
Effet de Substitution Effet de Revenu Effet Prix Total
𝑝𝑦
E*/E’’ E’’/E’ ES + ER
x’’ – x* = 37,84 – 25 = x’ – x’’ = 27 – 37,84 =
Bien X 2
12,84 - 10,84
y’’ – y* = 35,84 – 54 = y’ – y’’ = 25 – 35,84 =
Bien Y - 29
- 18,16 - 10,84
Commentaires : 1 - La loi de la demande est vérifiée pour le bien Y. (0,25 point)
2 - Le bien X est un substitut au bien Y. (0,25 point)
3 - Les deux biens X et Y sont normaux. (0,25 point)
Le bien Y n’est pas de Giffen puisqu’il n’est pas, d’abord, inférieur et sa loi de la demande est
vérifiée. (0,25 point)
5 - Si par rapport aux données initiales (R = 104, 𝒑𝒙 = 2 et 𝒑𝒚 = 𝟏), l'Etat décide d'interdire tout
achat d'une quantité du bien X dépassant 𝑿 = 30, déterminez et représentez graphiquement la
nouvelle droite budgétaire. Qu'en est-il de l'équilibre ?
La droite de budget, après la décision de rationnement du bien X adoptée par l’Etat, est exprimée par :

104 = 2 𝑥 + 2 𝑦 ; 𝑠𝑖 𝑥 < 𝑥 = 30
. (0,5 point)
0 < 𝑦 < 𝑦 = 104 − 2 ∗ 30 = 44 ; 𝑠𝑖 𝑥 = 𝑥 = 30

104

(0,5 point)
54
44

0 25 30 x

La politique de rationnement adoptée par l’Etat s’avère inutile puisqu’elle ne modifie pas l’équilibre
du consommateur qui demeure E * (25 , 54). (0,5 point)

3
Exercice 2

Soit une entreprise industrielle, opérant dans un marché concurrentiel, dont la fonction de
production est exprimée par :
Y ( L ; K ) = 10 L1/2 * K 1/2

où L, K et Y représentent respectivement le nombre d’unités de travail, de capital et de produit

réalisé.

I – A court terme, on suppose que K = 100 et que les prix du facteur travail L et du bien produit
sont, respectivement : p L = 50 et p = 10.
1 - Déterminez puis identifiez les différentes phases ou étapes de production de l’entreprise.
Si K = 100, alors Y ( L ) = 100 L1/2 et Pm L = 50 L-1/2 , sachant que d PmL / d L = - 25 L -3/2 < 0
PM L = Y ( L ) / L = 100 L-1/2 . Par conséquent : PM L > Pm L quelque soit L, ceci signifie que le
rendement de la dernière recrue (Pm L) est toujours inférieur à celui de ceux qui l’ont précédée dans le
processus de travail (PM L).
Pour cette fonction de production, les rendements du travail sont alors immédiatement décroissants,
donc elle ne présente qu’une étape unique, celle de la maturité. (1 point)

2 – Enoncez puis montrez que la loi des rendements marginaux décroissants est vérifiée à court
terme.
La loi des rendements décroissants du facteur variable (L) est énoncée comme suit :
En présence de facteurs fixes (K) et d’un seul facteur variable (L), le produit additionnel ou produit
marginal, qu’on obtient à la suite d’une unité supplémentaire du facteur variable, est à partir d’un
certain seuil, décroissant.
La loi des rendements décroissants exprime le fait que les facteurs de production, inclus dans un
processus productif, ne sont pas parfaitement substituables l’un à l’autre. Ils sont dans une certaine
mesure, complémentaires, chaque facteur étant nécessaire à la production. (0,5 point)
Puisque dPmL/dL = - 25 L - 3/2 < 0, alors cette loi est vérifiée à court terme quelque soit L. (0,5 point)

3 - Quelle est la production qui permet de maximiser le profit de l’entreprise ? En déduire la

valeur de ce profit, sachant que les coûts fixes (CF) s’élèvent à 1 000.
 = p Y – p L L – CF
A l’équilibre, le profit est maximal, d’où : (0,5 point)
d pL
 0  p.PmL  pL  PmL   L  100 et Y  1000
dL p
Le profit qui découle de cet état d’équilibre est :  (L = 100) = 4 000. (0,5 point)

4 - L’entreprise utilise des quantités optimales de facteur L. En vue de réduire le chômage,

l’Etat oblige, alors, cette entreprise à accroître le nombre de travailleurs de 21 unités, et
s’engage en contrepartie à lui payer toute réduction de profit qui en découlerait. Combien doit
verser l’Etat à l’entreprise pour que celle-ci garde le même profit ?
L = 121  Y = 1 100   (L = 121) = p Y – p L L – CF = 3 950.
L’Etat s’engage à verser à l’entreprise l’équivalent de la réduction qui a atteint le profit suite au
recrutement des 21 nouveaux travailleurs :  = 50. (1 point)

4
II – Désormais, le raisonnement est mené à long terme, où L et K sont tous les deux variables et
que les coûts unitaires de leurs utilisations sont, respectivement : p L = 50 et p K = 100.

1 – Montrez que la fonction de production est homogène de degré 1. En déduire la nature des
rendements d’échelle.
Y ( L ; K ) = 10 ( L )1/2 * ( K ) ½ = 10  1/2 L 1/2 *  1/2 K ½ =  10 L 1/2 * K ½ =  Y ( L ; K ).
La fonction de production est alors homogène de degré 1 (0,5 point). Les rendements d’échelle sont
alors constants. (0,5 point)

2 – Définissez, déterminez et représentez graphiquement le sentier d’expansion.

La courbe, joignant l’origine O et les différents points d’équilibre de l’entreprise, indique dans quelles
proportions changent les quantités de facteurs, lorsque se modifient le budget et le volume de
production, c’est à dire lorsque l’activité s’effectue à différentes échelles. Cette courbe, exprimant les
différentes hypothèses de croissance de l’entreprise, est appelée sentier d’expansion ou ligne d’échelle
ou isocline. (0,5 point)
L’allure du sentier d’expansion dépend de l’égalité : TmSTKL = p L / p K <===> K = ½ L. (0,5 point)

Le sentier d’expansion est une droite croissante passant par

l’origine et de pente ½.

(0,5 point)
½

0 L

3 - Déterminez la fonction du coût total et celle du coût marginal pour cette entreprise. Quelle
sera sa fonction d’offre et son seuil de fermeture ?
Sachant que : K = ½ L, alors :
𝑌 𝑌
Y = 10 L ½ * K ½ = 10 L ½ * ( ½ L ) ½ = 10 ( ½ ) ½ L = 5 . 2 ½ L, donc : L = 5 .2 ½ et K = 10 .2 ½ .
𝑌 𝑌 𝑌
CT ( Y ) = p L L + p K K = 50 . + 100 . 10 .2 ½ = 20 = 10 2 ½ Y. (0,5 point)
5 .2 ½ 2½
𝑑 𝐶𝑇
Cm ( Y ) = 𝑑 𝑌 = 10 2 ½. (0,25 point)
La fonction d’offre :
Y ( p ) ? /  max <==> p = Cm ( Y ) <==> p = 10 2 ½. (0,25 point)
L’offre est une droite horizontale, parfaitement élastique, égale à 10 2 ½. (0,25 point)
Par conséquent, son seuil de fermeture correspond, aussi, à 10 2 ½. (0,25 point)