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Le français de spécialité

(relations internationales)
N.Plakhotnuk. Le français de spécialité (relations internationales). Видавничий дім
«АртЕк». Київ, 2021. 144 с.

1. LES ETATS (с. 9-27)

Depuis la signature du traité de Westphalie [1648] jusqu’au début du XXe


siècle l’Etat était considéré comme l’acteur principal, voire unique, des relations
internationales.
Progressivement, d’autres acteurs sont apparus et jouent un rôle important,
sans pour autant remettre en cause son rôle primordial.
Le phénomène de globalisation a suscité un débat sur le fait de savoir si l’Etat
continuait à être l’élément pivot des relations internationales, ou si d’autres acteurs
transnationaux, tels que les réseaux, n’étaient pas venus s’éclipser.

Les éléments constitutifs d’un Etat


L’Etat est caractérisé par un gouvernement exerçant le contrôle d’une
population sur un territoire donné. Territoire, population, gouvernement sont les
trois caractéristiques d’un Etat auxquelles il faut ajouter la souveraineté. L’Etat est
d’abord délimité par des frontières.
L’histoire des relations internationales montre que les conflits ont
principalement eu pour origine des contestations de frontières ou des revendications
territoriales.
L’Etat exerce sa souveraineté sur l’ensemble du territoire délimité par ses
frontières, qu’il s’agisse de l’espace terrestre, maritime (douze milles marins à partir
des côtes), ou aérien. L’espace situé au-dessus de l’espace aérien, qu’on appelle
l’espace extra-atmosphérique, est libre. Cela explique que le survol d’avions doit
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être soumis à autorisation alors que les satellites peuvent survoler tout à fait
librement le territoire des Etats.
La taille du territoire ne peut être considérée comme un obstacle à la
constitution d’un Etat. Il у a des micro-Etats d’une taille extrêmement réduite et
inférieure à celle de bien des villes. Les exemples les plus connus sont ceux de
Nauru (21 km2) ou Tuvalu (26 km2). Les cas de Singapour (693 km2) ou Bahreïn
(665 km2), qui se situent parmi les pays les plus riches du monde, montrent que la
taille d’un Etat n’est pas forcément un obstacle à la prospérité.
La population d’un Etat est formée par l’ensemble des individus nationaux et
étrangers qui vivent sur le territoire. Le lien juridique qui attache l’individu à l’Etat
est le lien de nationalité dont chaque Etat détermine librement les conditions
d’attribution. Pas plus que la taille du territoire, l’importance de la population ne
joue pour permettre la constitution d’un Etat. Nauru avec 10 150 habitants et Tuvalu
avec 10 500 habitants, sont néanmoins considérés comme des Etats.
Tout Etat a un gouvernement qu’il se choisit librement; la forme (démocratique
ou non) du gouvernement n’a aucune importance aux yeux du droit et des relations
internationales.
Il est simplement nécessaire que le gouvernement dispose de l’effectivité, c’est-
à-dire qu’il assume réellement les fonctions étatiques (légiférer, administrer, juger) à
l’égard de la population vivant sur le territoire.

L’Etat dans l’ordre international


L’Etat demeure le véritable lieu d’expression de la démocratie et de la
définition de l’intérêt général, fonction que ne peuvent remplir tout à fait les autres
acteurs, qu’il s’agisse des ONG, des multinationales et évidemment encore moins des
mafias. C’est dans le cadre étatique que se définit encore la lutte pour le pouvoir et
que se prennent les arbitrages essentiels. Les politiques de santé publique,
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d’éducation, de fiscalité, d’investissement sont encore très largement définies par les
gouvernements des Etats.
L’Etat, qui est souverain, n’est subordonné à aucun autre membre de la
communauté internationale. Il n’y a pas de supérieur, il n’y a que des égaux, qui sont
tous les autres Etats en vertu du principe de leur égalité souveraine. L’article 2
paragraphe 1 de la Charte des Nations unies dispose, en effet, que «l’organisation est
fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres». Cette égalité est
bien sur plus théorique que réelle. Tous les Etats n’ont pas la même puissance. Le
droit international lui-même reconnait parfois cette inégalité dans les faits. Ainsi les
membres permanents du Conseil de sécurité ont plus de pouvoir que les autres pays
membres de l’ONU. Le traité de non-prolifération autorise cinq Etats à avoir l’arme
nucléaire et l’interdit aux autres.
On ne peut plus résumer les relations internationales aux seules relations
interétatiques. Mais si l’Etat n’a pas le monopole du qualificatif d’acteur des relations
internationales, il en demeure l’acteur central et il joue toujours un rôle pivot et
incontournable. C’est vers lui que se tournent les autres acteurs pour obtenir une
décision. Ces derniers peuvent avoir pris une importance indéniable dans la vie
internationale, peuvent influer sur le rapport de force, au final, c’est l’Etat qui décide,
signe ou non les traités, autorise ou non une firme étrangère à s’établir chez lui, libère
ou non tel prisonnier politique pour lequel se mobilise l’opinion publique
internationale etc. Avec le phénomène de mondialisation, certains ont cru que l’Etat
allait disparaitre ou perdre de sa pertinence comme acteur international. Il était
présenté comme obsolète, devant s’effacer devant les flux et les réseaux. On a même
prédit la fin des frontières. L’Etat était présenté comme «trop grand pour les petites
choses, trop petit pour les grandes choses».
C’est pourtant le phénomène inverse qui s’est produit. L’Etat a même tellement
de succès que l’on assiste à une véritable «prolifération étatique». Le nombre d’Etats
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existants, qui s’était réduit au XIXe siècle (unité allemande, italienne), s’est
considérablement agrandi au XXe (éclatement des Empires austro-hongrois et
ottoman après la Première Guerre mondiale, décolonisation après la Seconde Guerre
mondiale, explosion de l’URSS et de la Yougoslavie après la fin de la guerre froide).
On assiste même à l’apparition de micro-Etats, qui parfois n’ont pas de réelle
viabilité et guère les moyens d’exercer leur souveraineté. Cette accentuation de
poussées sécessionnistes, est souvent plus motivée par la recherche d’un avantage
économique que par la volonté d’affirmer une identité nationale.
Enfin, un nouveau phénomène est apparu, celui des Etats faillis (collapsed
states), Etats qui, du fait d’affrontement internes, n’ont plus les moyens d’exercer le
monopole de la violence légitime à l’intérieur de leurs frontières. La Somalie, la
République démocratique du Congo, l’Afghanistan constituent ainsi des exemples
d’Etats faillis.
La liste des États membres de l'Organisation des Nations unies recense les 193
États membres, soit la quasi-totalité des 197 États actuellement reconnus par
l'Organisation des Nations unies (ONU).
Les traités de Westphalie (ou paix de Westphalie) signés le 24 octobre 1648
concluent simultanément deux séries de conflits en Europe:
La guerre de Trente Ans qui a impliqué l'ensemble des puissances du continent
dans le conflit entre leSaint-Empire romain germanique et ses États allemands
protestants en rébellion.
La guerre de Quatre-vingts Ans opposant les Provinces-Unies révoltées
contre la monarchie espagnole.
Modifiant profondément les équilibres politique et religieux en Europe et dans
le Saint-Empire, ils sont aussi à la base du « système westphalien », expression
utilisée a posteriori pour désigner le système international spécifique mis en place, de
façon durable, par ces traités.
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Tous les états qui constituent (l’ONU) l’organisation des nations unis sont
différents, il y a des états unitaires comme la France et des états fédéraux, comme les
Etats-Unis.
Un État fédéral est un État central composé de plusieurs régions politiques,
appelées «états fédérés», qui sont autonomes, elles se gouvernent elles-mêmes.
Elles ont une autonomie en générale dans les domaines suivants: éducation,
culture, police... L'État central conserve tout de même la gestion de certains
domaines comme la défense, l'économie, les impôts, etc. La répartition de ces
domaines de compétence est variable d'un pays à l'autre.
L’etat unitaire: etat dans lequel il n’existe qu’un seul centre de pouvoir.
Les organes de l’État détiennent la totalité´ des attributions étatiques.
La France présente la capacité´ d’être un état unitaire. On retrouve dans la
constitution du 24 septembre 1792: «la république française est une et
indivisible».
Un État unitaire est un pays où le gouvernement dirige tout le pays: il y a un
seul pouvoir politique qui s'exerce sur l'ensemble du territoire étatique. C'est la
centralisation: dans la centralisation, l'Etat ne reconnaît aux collectivités aucune vie
juridique. L'Etat est ainsi la seule personne publique pour l'ensemble du territoire et
assume seul, grâce à son budget et à ses agents, la satisfaction des besoins d'intérêt
général. Mais il y a des aménagements à la centralisation:
La décentralisation est un «système administratif et politique dans lequel
certains pouvoirs de décision sont assumés par des organes autonomes généralement
élus ayant personnalité juridique, ressource et autorités propres. La décentralisation
consiste à transférer des missions, des compétences et des pouvoirs aux
collectivités territoriales (départements et régions). Ces transferts s'effectuent
entre Etat et Conseils régionaux et Conseils généraux.
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La déconcentration est entendue comme étant un «système administratif et


politique hiérarchisé dans lequel le pouvoir central délègue ou transfère des
pouvoirs de décision à des services ou des autorités qui le représentent localement.
Un pays peut également être dit enclavé (ou enfermé) lorsqu'il n'a pas d'accès
direct à une mer ouverte (c'est-à-dire à l'océan mondial). Actuellement, 44 pays dans
le monde peuvent être qualifiés d'enclavés. Deux d'entre eux, le Liechtenstein et
l'Ouzbékistan, sont dits doublement enclavés, c'est-à-dire bordés uniquement de
pays eux-mêmes enfermés, ce qui signifie qu'ils ont besoin de traverser au moins
deux États pour avoir un accès à l'océan.
Fragments et exclaves.
Certains territoires ne peuvent être atteints du pays qui en a la souveraineté que
par les eaux internationales. On les considère comme des fragments détachés plutôt
que comme de véritables exclaves :
Les villes espagnoles de Ceuta et Melilla, ainsi que les 3 autres Plazas de
soberanía espagnoles (Rocher de Vélez de la Gomera, Îles Zaffarines et Îles
Alhucemas), sur la côte nord du Maroc.
La colonie britannique de Gibraltar, sur la côte sud de l'Espagne.
• La Guyane, fragment de la France en Amérique du Sud bordé par le Suriname
et le Brésil.
• Ocussi-Ambeno, un fragment du Timor oriental, à l'intérieur de la partie
indonésienne de l'île de Timor.
• Cabinda, un territoire appartenant à l'Angola entouré par la République
démocratique du Congo et la République du Congo.
• Le territoire russe de l'Oblast de Kaliningrad, entre la Pologne et
la Lituanie, qui, avant la Seconde Guerre mondiale était la cité allemandede
Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, elle-même une exclave allemande.
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• Le district de Temburong dépendant du sultanat de Brunei est séparé du reste


du pays par la Malaisie.
• La péninsule du Musandam dépendant du sultanat d'Oman est séparée du
reste du pays par les Émirats arabes unis.
• Les bases militaires souveraines britanniques d'Akrotiri et Dhekelia sur la côte
sud de Chypre.
D'autres fragments ne peuvent être atteints qu'en traversant le territoire d'un ou
de plusieurs états étrangers tel que :
• Le territoire du Nakhitchevan qui est détaché de l'Azerbaïdjan et est entouré
par l'Arménie, la Turquie et l'Iran.
De nombreux pays possèdent en fait des fragments détachés qui ne peuvent
être atteints que par bateau ou par avion. L'Alaska, détachée du reste des États-Unis,
en est un exemple extrême mais au moins deux autres fragments des États-Unis ne
peuvent être atteints à pied sans pénétrer au Canada: Point Roberts dans le nord-ouest
de l'État de Washington et le Northwest Angle dans le Minnesota.
La côte extrême sud de la Croatie est également détachée du reste du pays par
le petit corridor de Neum appartenant à la Bosnie-Herzégovine. Neum est également
en quelque sorte une enclave, puisque pour rejoindre les autres localités de Bosnie-
Herzégovine, il faut passer par le delta de la Neretva, en territoire croate.
Géopolitique. Comment les micro-États parviennent-ils à exister et peser sur
l’échiquier mondial en dépit de leur modeste taille?
Par Thomas MERLE, le 14 octobre 2018
Professeur agrégé de géographie, professeur agrégé d’histoire, Thomas Merle
est doctorant en géographie politique, Université de Reims Champagne-Ardenne,
laboratoire E.A.2076 Habiter.
Il existe des dizaines de micro-États dans le monde. Leur poids spatial et
démographique souvent réduit ne doit pas faire oublier leur surreprésentation
8

politique à l’ONU et la puissance économique de certains d’eux, en lien avec des


rentes pétrolières (Qatar), fiscales (Bermudes) ou de situation (Singapour). Certains
micro-États sont confrontés à des enjeux accrus à l’heure de la lutte contre les paradis
fiscaux et quand les ZEE aiguisent les appétits pour leurs ressources halieutiques et
minières.
Ils se caractérisent à la fois par une grande diversité de trajectoires et de
stratégies mais aussi par des enjeux et expédients communs, eu égard à leur petitesse
mais aussi à leur contexte régional. Les micro-États, pour oubliés qu’ils soient des
analyses de géographie politique habituelles, ne sont pas en réalité dans l’ombre de
toutes les grandes puissances. Leur poids géopolitique voire géoéconomique est
souvent supérieur à ce que leur faible taille laisserait penser car ils savent profiter
des failles, plus ou moins légales, du système-monde contemporain.
Le critère le plus évident pour définir les micro-États est celui de la superficie.
Il n’existe aucun seuil qui revête un caractère officiel fort. Le seuil le plus
fréquemment retenu est celui de 1 000 km², qui place 27 États reconnus dans cette
catégorie, soit un peu moins d’un État sur 7. Le seuil de 1 000 km², outre le fait qu’il
s’agit dans le système métrique d’un nombre facile à retenir, a l’avantage de
correspondre à un «seuil naturel» au sens statistique. Il y a de fait un saut entre Sao-
Tomé-Et-Principe (964 km²) et Maurice (2 040 km²). Un seuil à 5 000 km², qui
correspondait à peine à la superficie moyenne d’un département français, n’ajoute
que cinq nouveaux États et le passage à 10 000 n’inclut que 4 États
supplémentaires. Avec un seuil à 20 000, une petite cinquantaine d’États soit près
d’un sur 4 peuvent être qualifiés de micro-États.
L’autre grand critère proposé pour fixer une liste de micro-États est celui du
nombre d’habitants. Ce critère démographique pose les mêmes difficultés que celui
de la superficie, faute de seuil reconnu internationalement. Un seuil un peu facile à
retenir donnant un nombre de micro-États comparable à celui de 1 000 km² est 500
9

000 habitants; dans ce cas, le monde compterait 31 micro-États en 2016. Le seuil du


million ajoute 12 autres États; 12 États supplémentaires se situent entre un et deux
millions. 55 États, un peu plus d’un quart, ont moins de 2 millions d’habitants en
2016.
Les limites de telles approches
Ces deux critères posent un premier problème car ils ne se recoupent pas: les
30 ou 50 États les plus petits ne sont pas exactement les 30 ou 50 États les moins
peuplés et vice-versa. Les recoupements sont nombreux mais pas parfaits. Dès lors
ces deux critères doivent-ils être tous deux remplis pour qu’un État soit considéré
comme micro-État ou le fait de ne pas répondre qu’à l’un des deux suffit-il? La
première hypothèse aboutit à une liste assez réduite et sans doute plus cohérente. Elle
pose problème en excluant certaines entités très petites mais très densément
peuplées et qui sont généralement considérées comme des micro-États (Singapour
avec 718 km² mais près de 7,5 millions d’habitants). À l’inverse, la seconde
possibilité aboutit à une liste large qui inclut des entités vastes mais peu denses pour
lesquelles le statut de micro-État est pour le moins discutable (Islande avec environ
330 000 habitants mais plus de 100 000 km²).
Par ailleurs, si la superficie n’évolue pas ou que de manière réduite, il n’en va
pas de même pour la population.
Une adaptation régulière du seuil serait donc logique; mais relever ce seuil sur
la base de la croissance mondiale moyenne ou même de celle des micro-États
identifiés pose problème sur le long terme, avec la divergence des taux entre ces
entités (déclin annuel de 2 ou 3 % pour les îles Cook quand le Timor oriental se situe
entre + 2,5 et + 3,5 %).
D’autre part, les définitions absolues des seuils sont critiquables. Une autre
définition possible des micro-États serait relative à chaque région du monde.
L’Europe, petit continent, compte en effet beaucoup de micro-États tout comme
10

l’Océanie et les Caraïbes tandis que l’Afrique et l’Asie n’en auraient aucun ou
presque. Pourtant, à l’échelle des États relativement massifs qui s’y trouvent, Taïwan
et la Guinée-Bissau par exemple (36 000 km² environ dans les deux cas) peuvent être
considérés comme des micro-États sur le plan géopolitique, au moins régional.
Enfin les États non reconnus sont fortement surreprésentés parmi les micro-
États et les listes officielles ne les comptent pas. L’Ossétie du Sud mais aussi la
Transnistrie, l’Abkhazie et la partie nord de Chypre sont des micro- États
autoproclamés. Pour la suite de cet article, c’est le seuil de 20 000 km² qui est pris.

Un classement selon la genèse


Les micro-États ne sont pas tous apparus au même moment. Il existe deux
origines principales. La première concerne des États anciens qui sont les vestiges
directs du morcellement politique du Moyen Âge et de l’époque moderne. Ces
entités ont échappé au processus de concentration des territoires et d’unification.
Par Thomas MERLE, le 14 octobre 2018
Professeur agrégé de géographie, professeur agrégé d’histoire, Thomas Merle
est doctorant en géographie politique, Université de Reims Champagne-Ardenne,
laboratoire E.A.2076 Habiter.
Il existe des dizaines de micro-États dans le monde. Leur poids spatial et
démographique souvent réduit ne doit pas faire oublier leur surreprésentation
politique à l’ONU et la puissance économique de certains d’eux, en lien avec des
rentes pétrolières (Qatar), fiscales (Bermudes) ou de situation (Singapour). Certains
micro-États sont confrontés à des enjeux accrus à l’heure de la lutte contre les paradis
fiscaux et quand les ZEE aiguisent les appétits pour leurs ressources halieutiques et
minières.
Ils se caractérisent à la fois par une grande diversité de trajectoires et de
stratégies mais aussi par des enjeux et expédients communs, eu égard à leur petitesse
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mais aussi à leur contexte régional. Les micro-États, pour oubliés qu’ils soient des
analyses de géographie politique habituelles, ne sont pas en réalité dans l’ombre de
toutes les grandes puissances. Leur poids géopolitique voire géoéconomique est
souvent supérieur à ce que leur faible taille laisserait penser car ils savent profiter
des failles, plus ou moins légales, du système-monde contemporain.
Le critère le plus évident pour définir les micro-États est celui de la superficie.
Il n’existe aucun seuil qui revête un caractère officiel fort. Le seuil le plus
fréquemment retenu est celui de 1 000 km², qui place 27 États reconnus dans cette
catégorie, soit un peu moins d’un État sur 7. Le seuil de 1 000 km², outre le fait qu’il
s’agit dans le système métrique d’un nombre facile à retenir, a l’avantage de
correspondre à un «seuil naturel» au sens statistique. Il y a de fait un saut entre Sao-
Tomé-Et-Principe (964 km²) et Maurice (2 040 km²). Un seuil à 5 000 km², qui
correspondait à peine à la superficie moyenne d’un département français, n’ajoute
que cinq nouveaux États et le passage à 10 000 n’inclut que 4 États
supplémentaires. Avec un seuil à 20 000, une petite cinquantaine d’États soit près
d’un sur 4 peuvent être qualifiés de micro-États.
L’autre grand critère proposé pour fixer une liste de micro-États est celui du
nombre d’habitants. Ce critère démographique pose les mêmes difficultés que celui
de la superficie, faute de seuil reconnu internationalement. Un seuil un peu facile à
retenir donnant un nombre de micro-États comparable à celui de 1 000 km² est 500
000 habitants ; dans ce cas, le monde compterait 31 micro-États en 2016. Le seuil du
million ajoute 12 autres États; 12 États supplémentaires se situent entre un et deux
millions. 55 États, un peu plus d’un quart, ont moins de 2 millions d’habitants en
2016.

Les limites de telles approches


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Ces deux critères posent un premier problème car ils ne se recoupent pas: les 30
ou 50 États les plus petits ne sont pas exactement les 30 ou 50 États les moins peuplés
et vice-versa. Les recoupements sont nombreux mais pas parfaits. Dès lors ces deux
critères doivent-ils être tous deux remplis pour qu’un État soit considéré comme
micro-État ou le fait de ne pas répondre qu’à l’un des deux suffit-il? La première
hypothèse aboutit à une liste assez réduite et sans doute plus cohérente. Elle pose
problème en excluant certaines entités très petites mais très densément peuplées et
qui sont généralement considérées comme des micro-États (Singapour avec 718 km²
mais près de 7,5 millions d’habitants). À l’inverse, la seconde possibilité aboutit à
une liste large qui inclut des entités vastes mais peu denses pour lesquelles le statut de
micro-État est pour le moins discutable (Islande avec environ 330 000 habitants mais
plus de 100 000 km²).
Par ailleurs, si la superficie n’évolue pas ou que de manière réduite, il n’en va
pas de même pour la population.
Une adaptation régulière du seuil serait donc logique; mais relever ce seuil sur la
base de la croissance mondiale moyenne ou même de celle des micro-États identifiés
pose problème sur le long terme, avec la divergence des taux entre ces entités (déclin
annuel de 2 ou 3 % pour les îles Cook quand le Timor oriental se situe entre + 2,5 et +
3,5 %).
D’autre part, les définitions absolues des seuils sont critiquables. Une autre
définition possible des micro-États serait relative à chaque région du monde.
L’Europe, petit continent, compte en effet beaucoup de micro-États tout comme
l’Océanie et les Caraïbes tandis que l’Afrique et l’Asie n’en auraient aucun ou
presque. Pourtant, à l’échelle des États relativement massifs qui s’y trouvent, Taïwan
et la Guinée-Bissau par exemple (36 000 km² environ dans les deux cas) peuvent être
considérés comme des micro-États sur le plan géopolitique, au moins régional.
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Enfin les États non reconnus sont fortement surreprésentés parmi les micro-
États et les listes officielles ne les comptent pas. L’Ossétie du Sud mais aussi la
Transnistrie, l’Abkhazie et la partie nord de Chypre sont des micro- États
autoproclamés. Pour la suite de cet article, c’est le seuil de 20 000 km² qui est pris.
Un classement selon la genèse
Les micro-États ne sont pas tous apparus au même moment. Il existe deux
origines principales. La première concerne des États anciens qui sont les vestiges
directs du morcellement politique du Moyen Âge et de l’époque moderne. Ces entités
ont échappé au processus de concentration des territoires et d’unification.
Toutes ces entités se situent en Europe et presque toutes celles situées en Europe
relèvent de cette catégorie. Saint-Marin a su échapper à l’unification italienne.
Andorre, Monaco, le Liechtenstein et le Luxembourg sont des États qui ont réussi
également à maintenir leur indépendance. Tous ces États ont conservé leur régime
politique d’il y a plusieurs siècles et sont des principautés, sauf Saint-Marin qui est
la plus vieille république du monde (ses frontières datent de 1462). Parfois l’État a pu
disparaître un temps, comme les États pontificaux entre 1870 et 1929, date des
accords du Latran qui créent le Vatican, ou Monaco sous la Révolution française
(annexion en 1793 par la France).
La seconde origine principale correspond à des États issus de la
décolonisation. Ils sont souvent insulaires et situés principalement dans les Antilles
(toutes les îles des petites Antilles sont soit des territoires dépendants, soit des micro-
États) et dans le Pacifique (Kiribati, Tonga, Nauru, le Vanuatu) même s’il y en a
aussi dans l’océan indien (Maldives, Seychelles, Maurice) et au large de l’Afrique
(Cap Vert, Sao-Tomé-Et-Principe). Le morcellement provoqué par l’insularité due à
des arcs volcaniques (Antilles) ou à des formations coralliennes avec des
atolls(Pacifique, océan Indien) est un élément explicatif important, même si le facteur
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humain reste déterminant dans le choix des regroupements ou non. La plupart sont
des archipels (la Micronésie) mais certains sont des îles uniques (Nauru).
Dans quelques cas, il existe des micro-États d’origine coloniale sur le continent
notamment dans l’ancien empire britannique (Bahreïn, Qatar dans la péninsule
arabique, Swaziland en Afrique). Les États issus de la décolonisation sont récents
mais ceux situés sur le continent ont des fondements remontant au XIXe siècle voire
avant (le sultanat de Brunei est un royaume millénaire). Il s’agit de protectorats
britanniques qui n’ont pas été incorporés à d’autres territoires plus grands et qui ont
obtenu une indépendance séparée.
Une troisième vague européenne est liée à la décomposition des deux
fédérations socialistes qu’étaient l’Union des Républiques socialistes soviétiques
(URSS) et la Yougoslavie, avec des entités apparaissant dans les années 1990 et
2000, qu’elles soient reconnues (Monténégro en 2006) ou non (Transnistrie en
1990), le cas intermédiaire étant celui d’une reconnaissance discutée (Kosovo en
2008). Pour une minorité de cas, notamment dans l’ancien empire britannique, la
colonisation avec son instrumentalisation selon le principe du «diviser pour régner»
n’est qu’un facteur d’explication parmi d’autres d’une partition qui divise un petit
État en deux, donnant alors potentiellement un couple de micro-États (Israël et
Palestine; Chypre et Chypre Nord, non reconnue).
La petite taille, faiblesse ou atout économique?
Souvent une économie de rente
Un enjeu majeur des micro-États est la viabilité économique, l’indépendance
n’étant pas toujours une solution. Dans le cas de la Nouvelle-Calédonie qui
s’interroge sur son indépendance à l’occasion du référendum du 4 novembre 2018, le
nickel peut à la fois offrir des garanties de viabilité en cas de cours élevé (l’île
possèderait entre 20 et 40 % des réserves mondiales selon les estimations) et se
révéler un véritable poisson si le cours mondial est faible (avec une dépendance
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puisque 18 % du PIB en est issu directement, sans compter les effets induits).
Certains micro-États s’y sont laissés prendre, l’archétype étant Nauru: le décollage
économique suite l’indépendance en 1968 fut très rapide, classant rapidement l’île
parmi les États parmi les plus hauts niveaux de vie (en 1974 le PIB par habitant se
classe au deuxième rang mondial, derrière l’Arabie Saoudite!) mais l’effondrement
fut inédit par sa rapidité et son ampleur car les gisements étaient largement épuisés
dès le début des années 1990. Le chômage dans les années 2000 y est le plus élevé au
monde (autour de 90 %!) et l’obésité mine l’espérance de vie.
Pour peu qu’un micro-État dispose de ressources recherchées et qu’il les gère
correctement, le revenu par habitant peut être élevé en raison du faible nombre
d’habitants (pétrole pour le sultanat de Brunei et Bahreïn); l’enjeu reste cependant la
diversification (Qatar, qui utilise la manne des hydrocarbures pour développer les
médias comme Al Jazeera et les transports avec Qatar Airways qui se place sur le
créneau de la qualité). Ponctuellement la ressource peut être une rente dont
l’épuisement ne dépend pas de la consommation; c’est le cas d’entités situés sur des
passages stratégiques comme Singapour (micro-État indépendant qui a pris son
indépendance du Royaume-Uni en 1965 et s’est spécialisé dans l’import-(ré) export
notamment), verrou du détroit de Malacca.

Des expédients liés à leur faible taille démographique


Beaucoup de micro-États n’ont cependant pas de telles ressources. Le statut de
micro-État induit des coûts liés au statut d’État (existence d’un chef d’État, d’un
gouvernement, etc.) exerçant une pression financière forte quand le nombre
d’habitants est réduit. Les micro-États peuvent certes tirer profit des amateurs de
numismatique et des philatélistes mais les revenus tirés de ces émissions sont souvent
marginaux, avec des exceptions notables (10 % des revenus de Saint-Marin). Tout est
bon à prendre pour certains États: les îles Tuvalu louent ainsi leur nom de domaine
16

(tv), lequel intéresse les chaînes de télévision, moyennant plusieurs millions de


dollars par an. Le Vatican peut quant à lui s’appuyer sur les revenus et le patrimoine
de l’Église dans le monde, lesquels ne doivent cependant pas être exagérés.
Les micro-États insulaires bien situés par rapport aux bassins émetteurs de
touristes peuvent en tirer profit: c’est le cas en particulier dans les Antilles, première
zone pour le tourisme de croisière au-delà des séjours sur les îles (le lien avec
l’ancienne métropole conditionne en partie l’origine du tourisme). C’est le cas aussi
dans l’océan indien (Seychelles, Maldives). Le morcellement insulaire, qui explique
en partie le nombre de micro-États suite à la colonisation, est ici un atout. Malte et
dans une moindre mesure Chypre drainent aussi des touristes en Méditerranée.
Surtout les micro-États en général sont surreprésentés parmi les paradis fiscaux
et réciproquement beaucoup de micro-États sont des paradis fiscaux. Cela permet à
certaines entités une viabilité issue de faibles prélèvements sur un nombre
d’entreprises important au regard de leur population; la petite taille se fait atout. Ce
modèle concerne en particulier les Antilles (proximité avec les États-Unis et
intégration à la zone dollar) et les micro-États européens (proximité de grands États
anciennement développés, avec une intégration de fait à la zone euro de plusieurs
micro-États non membres de l’Union européenne comme Monaco et Andorre).
Certains États du Pacifique sont aussi des paradis fiscaux. Le succès est parfois au
rendez-vous (Bahamas) mais ce n’est pas toujours flagrant (Tuvalu). La lutte contre
les paradis fiscaux, renforcée depuis la crise de 2008-2009, ne fait pas leur jeu. Les
règles fiscales expliquent qu’un grand nombre de micro-États (Monaco, les Kiribati,
Tuvalu, etc.) ne soient pas candidats à l’OMC, ou que leur dossier de candidature
piétine (Andorre, les Bahamas).

Des micro-États insulaires qui attisent les convoitises


17

Beaucoup de micro-États, notamment dans le Pacifique, restent cepen-dant


pauvres, marqués principalement sur le plan économique par des cultures vivrières
(noix de coco) et la pêche. Leur écart des grands pôles émetteurs de flux touristiques
ne leur permet que difficilement de développer ce secteur même si le lien à
l’ancienne métropole peut aider, avec la beauté des lagons et ensemble coralliens.
Cependant ces archipels en apparence déshérités possèdent en général de vastes
Zones Économiques Exclusives (ZEE) : les Kiribati se classent ainsi au 13ème rang
mondial, à l’opposé du classement selon la superficie terrestre, avec près de 3,5
millions de km² ; la Micronésie est à 2 millions tout comme les îles Cook. 11 autres
micro-États, la plupart dans le Pacifique (mais aussi les Seychelles et Maurice dans
l’océan Indien et le Cap-Vert dans l’Atlantique) ont une ZEE de plus de 600 000
km². La ZEE est d’une importance croissante pour la pêche mais aussi
potentiellement les nodules polymétalliques (même si les profondeurs du Pacifique
s’y prêtent moins que d’autres océans). Les micro-États, par leur faible taille, sont
encore plus confrontés que les grands (qui ont déjà des difficultés à faire respecter
leurs droits) à l’enjeu de la maîtrise de ces espaces.
L’exploitation directe est matériellement (manque de ressources humaines),
financièrement (insuffisance des capacités d’investissement) et/ou techn
ologiquement difficile pour beaucoup de micro-tats mais ils peuvent s’associer à
d’autres États notamment leur protecteur officiel ou non pour exploiter ces ressources
(Timor Oriental avec l’Australie). Des accords négociés directement avec des
entreprises portant sur des concessions sont également envisageables (voir les
consortiums privés autour de Nauru et des îles Tonga pour exploiter les nodules
polymétalliques) mais posent le risque d’une dépendance accrue.

Un poids géopolitique limité


Dépendance ou indépendance politique?
18

La faiblesse économique de la plupart des micro-États (sauf exception comme


Singapour) induit qu’ils sont largement dépendants de puissances extérieures, en
général voisines ou proches, pour assurer leur défense. Les micro-États sont
largement surreprésentés parmi les États sans armée (17 sur 20, les trois autres États
sont de petits États: le Costa Rica, le Panamá et l’Islande). Les accords de défense
peuvent s’appuyer sur un défenseur principal (la France pour Monaco, les États-Unis
au moins jusqu’en 2044 pour les Palaos) ou sur deux (la France et l’Espagne pour
Andorre), ce dernier cas permettant de maintenir un équilibre plus favorable aux
micro-États. La zone des Caraïbes se distingue par l’existence d’un Système de
sécurité régionale qui mutualise la défense de sept micro-États (Antigua et Barbuda,
la Barbade, la Dominique, la Grenade, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie et Saint-
Vincent-et-les-Grenadines). La coopération permet ici de réduire les coûts, tout en
augmentant l’effet dissuasif (qui reste certes limité).
Cela montre combien l’insertion régionale est vitale pour les micro-États, dont
les besoins ne peuvent être couverts par eux-mêmes et qui, le cas échéant, ne
bénéficient pas d’un marché intérieur suffisant pour écouler leurs productions et se
développer. Certains micro-États disposent de forces armées conséquentes au regard
de leur superficie mais maintiennent tout de même des accords de défense (Singapour,
protégé par les États-Unis et le Royaume-Uni) ; dans certains cas il n’existe aucun
accord officiel de défense mais un protecteur évident se dessine eu égard à la force
des liens entre le micro-État est un voisin puissant (Nauru, avec l’Australie). En
général quand il y a un voisin direct, c’est ce dernier qui a pu imposer sa protection
(Saint-Marin et l’Italie) mais parfois les relations sont plus délicates et le micro-État
s’appuie sur d’autres États proches (le Lesotho, qui dépasse certes le seuil de 20 000
km², enclavé en Afrique du Sud, peut compter sur le soutien du Mozambique et du
Zimbabwe).
19

La dépendance à un (ou plusieurs) pays ami(s) peut se voir au niveau


purement politique. La Nouvelle-Zélande gère ainsi très officiellement l’essentiel de
la diplomatie des îles Cook depuis 1965, même si une autonomisation est en cours
dans ce domaine. De fait, les micro-États n’ont pas les moyens d’ouvrir
d’ambassades dans la plupart des États du monde: la petite taille s’oppose aux
économies d’échelle en la matière. Même sur le plan intérieur une tutelle au moins
formelle peut s’exercer: jusqu’en 2002, le « Ministre d’État », chef du gouvernement
de Monaco, devait être un haut-fonctionnaire français proposé par le gouvernement
français; depuis la révision de la Constitution il peut aussi être monégasque mais la
France reste consultée. Andorre, dernier État féodal d’Europe (il date du XIIIe siècle)
est une Co-principauté dirigée par l’évêque d’Urgell et le président de la république
française en tant qu’héritier du roi de France, lui-même héritier du pouvoir du comte
de Foix. La constitution établie en 1993 va dans le sens d’une émancipation de la
tutelle française, illustrant la tendance à l’autonomisation croissante des micro-États.

L’ONU, organisation essentielle, et la question de la reconnaissance


Si d’une manière générale les micro-États sont extrêmement sensibles à
l’intégration régionale (par exemple dans les Caraïbes, ou en Europe avec l’Union
européenne), l’ONU (Organisation des Nations Unies) est encore plus importante
pour eux. Preuve en est que, en dépit de moyens limités, tous les micro-États
membres de l’ONU, comme tous les autres États, ont une représentation à l’ONU, le
dernier à l’avoir établi étant les Kiribati en 2013. L’adhésion des micro-États à
l’ONU s’est faite en deux vagues principales en fonction de leur genèse : dans les
années 1970 et au début des années 1980 adhèrent la plupart des micro-États issus de
la décolonisation (Antilles et Pacifique en particulier) tandis que les années 1990
comprennent une autre vague avec quelques micro-États du Pacifique nouvellement
indépendants (Palaos) ou plus anciens (Kiribati) mais aussi les micro-États
20

européens, sauf le Luxembourg (plus massif, et membre fondateur de l’ONU en


1945) et le Vatican (qui n’a pas souhaité adhérer mais reste représenté depuis 1964 à
l’ONU qui lui donne le statut d’État observateur non membre). L’adhésion des micro-
États féodaux est souvent allée de pair avec une clarification démocratique ou une
réforme de leurs institutions. Le Monténégro a adhéré à son indépendance en 2006,
tandis que le Kosovo n’est pas membre, tout comme les États non reconnus de l’ex-
URSS; ces derniers se reconnaissent entre eux et coopèrent, organisant des sommets
et signant des traités.
Les micro-États ont pu adhérer à l’ONU avec un statut plein et entier découlant
de la règle voulant, qu’à l’Assemblée générale du moins, chaque État dispose d’une
voix, indépendamment de sa population ou de sa superficie. La création d’un statut
ad hoc avait été évoquée notamment en 1967 mais a suscité l’opposition d’une
majorité de pays, en particulier ceux issus de la décolonisation qui craignaient une
remise en cause du principe d’égalité. Corollaire: si les micro-États n’ont pas le
même poids effectif que les membres permanents du Conseil de sécurité ni même que
des États comme l’Inde ou l’Allemagne (preuve en est le fait qu’il n’y a jamais eu de
micro-État des Antilles, de l’océan Indien et du Pacifique parmi les 10 membres non
permanents du Conseil de sécurité à une exception près, Trinité-et-Tobago en1985 et
1986), ils restent surreprésentés par rapport à leur superficie et/ou leur démographie.
En cela leur voix est stratégique et ils peuvent de fait la monnayer; ce
monnayage de souveraineté concerne notamment la reconnaissance d’autres États, en
général des petits ou micro-États. Il existe ainsi dans le Pacifique et les Antilles une
véritable guerre de reconnaissance entre la Chine et Taïwan, les micro-États faisant
monter les enchères et pouvant basculer leur reconnaissance (Nauru a reconnu
Taïwan entre 1980 et 2002, puis la Chine, avant de revenir en 2005 vers Taïwan;
Sainte-Lucie a changé de reconnaissance entre 1997 et 2007). Le Pacifique a été
concerné dans une moindre mesure par la question de la reconnaissance des États non
21

reconnus que sont l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie suite à leur reconnaissance par la
Russie à l’été 2008: Moscou a consenti des prêts ou aides financières à des îles
comme les Tuvalu et Nauru pour obtenir une reconnaissance des entités ayant fait
sécession de la Géorgie, qui de son côté essaye de s’opposer à toute reconnaissance y
compris dans le Pacifique.
D’une manière générale, les micro-États sont en pointe dans la reconnaissance:
plusieurs reconnaissent encore le Sahara occidental (Antigua-et-Barbuda, le Timor
Oriental, le Lesotho, etc.), même si la majorité ont retiré cette reconnaissance dans les
années 2000 (Seychelles, Nauru, Kiribati, Tuvalu, Saint-Christophe-et-Niévès, …).
La vente de reconnaissance et le fait que beaucoup de micro-États sont des paradis
fiscaux entachent cependant leur crédibilité. Certains mènent donc des actions visant
à les présenter sous un angle positif dans les médias. Ainsi de Monaco qui,
s’appuyant sur son fameux aquarium, se pose en défenseur des mers et notamment
protecteur du thon rouge de Méditerranée, réalisant des campagnes publicitaires à cet
effet. Ainsi en 2010, alors que la critique sur les paradis fiscaux enfle, Monaco tente
de blanchir son image auprès des Français notamment.
Les micro-États ne sont pas des exceptions. Il en existe des dizaines dans le
monde. Leur poids spatial et démographique souvent réduit ne doit pas faire oublier
leur surreprésentation politique à l’ONU (même si leur poids y reste faible en valeur
absolue) et la puissance économique de certains d’eux, en lien avec des rentes
pétrolières (Qatar), fiscales (Bermudes)ou de situation (Singapour). Si certains
conservent nominalement un monarque pour chef d’État, notamment en Europe et
dans le Commonwealth, les micro-États, par exemple les cités-États, peuvent
favoriser l’exercice plus direct du pouvoir sans aller jusqu’à la démocratie directe: à
Saint-Marin, deux chefs d’État (les capitaines-régents) dirigent l’État pendant un an,
donnant des chances relativement élevées d’exercer cette fonction au cours de leur
vie aux peu nombreux (25 000 environ) citoyens. Cependant l’effectivité de leur
22

pouvoir est limitée. Certains micro-États sont confrontés à des enjeux accrus à
l’heure de la lutte contre les paradis fiscaux et quand les ZEE aiguisent les appétits
pour leurs ressources halieutiques et minières.
Les micro-États sont également l’occasion de réfléchir à ce qui fait l’État. Le fait
que Vatican soit un État fait plutôt consensus (même si certains juristes discutent son
cas) car il dispose de 44 ha comme territoire. En revanche, l’ordre souverain de
Malte n’est pas considéré comme un Etat en général, malgré son passé d’État attesté
(1530-1798), ses représentations diplomatiques, ses timbres et l’extra-territorialité
dont il bénéficie au siège de son gouvernement, le Grand Conseil, au 68 via Condotti
à Rome.
Octobre 2018-Merle/Diploweb.com

DEVOIR 1
Trouvez et apprenez les acceptions des mots et expressions compte tenu du
contexte:
1. La haute mer/bénéficier de qqch.
Вся планета покрита державами за виключенням відкритого моря,
космічного простору і Антарктики, остання користується особливим статусом.
2. Depuis/progressivement /se répandre /conquérir
Починаючи з 12-го століття з’являється держава як форма організації
суспільства, яка поступово поширюється та завойовує світ.
3. émergence/maturité, f
Зпоявою князівств і королівств вона конкретизується, а потім досягає своєї
зрілості у формі держави-нації.
4. Se substituer à qqch, qqn/à partir de /originel /s’imposer.
23

Починаючи з XVIII-го століття Нація заміняє (приходить на зміну) короля,


держава встановлюється як форма організації суспільства, незважаючи на різні
первинні її прояви.
5. Population nomade/importer /errer
Для кочівних народів, які постійно кочують чи переміщуються, кордони не
мають значення.
6. Aux confins/Etats limitrophes
Курди знаходилися в складі п ’яти держав.
7. Faire face à qqch, à qqn
Хоча деякі народи не зважають на кордони, держави зберігають
встановлені кордони щоб протистояти такому переміщенню.
8. Du fait de/еxercer une autorité
Через нестабільність політичної влади, деяким країнам важко мати доступ
до міжнародних відносин, без чого неможливо стати повноправним учасником
м/в. та здійснювати реальну владу.
9. Estimer/réunir
Держава вважається суверенною, якщо вона відповідає трьом умовам.
10. Revendiquer
Кожна держава може вимагати такі ж права, як і всі інші держави, хоча
насправді сильні держави мають більше ваги в м/в.
11. restreint-réduit
Мікро-держави характеризуються обмеженою територією і населенням.

DEVOIR 2
Trouvez les équivalents contextuels français:
1. Problème en suspens
24

2. La fameuse expression
3. Le globe(terrestre)
4. Sans compter
5. Jouir d’un droit
6. A quoi ça revient?
7. Le fruit du processus
8. Se répandre graduellement
9. Le pouvoir croissant
10.La naissance d’un Etat
11.Notamment le repli
12.Le Prince s’efface au profit de la Nation
13.Dès cette époque
14.Malgré les formes spécifiques
15.Les éléments déterminant l’Etat
16.Les frontières peuvent changer
17.Les problèmes surgissent
18.Ils accueillent les déplacés
19.Les frontières comptent peu
20. Les Etats ayant les frontières communes
21. Les Kurdes font partie de quelques Etats
22. Les frontières après la colonisation
23. Plus au moins stable
24. Passer les accords
25. Une autorité réelle
26. Avoir le débouché sur la mer
27. L’indépendance est l’expression politique de l’Etat
25

28. S’immiscer dans les affaires


29. Les grandes puissances
30. Une hiérarchie entre les pays
31. Garantir l’ordre
32. Diminuer la puissance
33. Accorder le statut
34. Nul n’est indépendant
35. L’effondrement de l’empire
36. La forme la plus répandue
37. Avoir une grande autonomie
38. Avoir des compétences internationales
39. La diplomatie appartient à l’Etat
40. L’autonomie s’étend pour les domaines économiques et sociaux
41. Etre chassé du pays
42. Le pays qui prospère
43. Ne pas avoir accès à la mer
44. Mettre au point le programme
45. Réunir des voix
46. Sous-estimer l’importance
47. La capacité d’exister
48. Restreint

DEVOIR 3
Trouvez les équivalents français dans le texte:
1. Сучасний вигляд
2. Уступка /передача/ території
3. На відміну від стереотипів
26

4. Колоніальний розподіл
5. Розвал імперії
6. Відділення території
7. Спірні території
8. Держава встановлюється
9. Непорушні кордони
10. Незмінні кордони
11. Встановлені кордони
12. Вважатися такими, що не можна порушувати
13. Вимагати права
14. Вимагати когось
15. Вимагати дотримання правил
16. Надати статус
17. Мати права
18. Мати доступ
19. Складати –бути основою
20. Анклавні держави
21. Острівні держави
22. Федеральний штат
23. Федеративна держава
24. Унітарна держава
25. Нижче 100000/вище 10 000
26. Життєздатність
27. Швидкий ріст
28. Вихід в море (3)
29. Однак-проте (4)
30. Також (2)
27

31. Невтручання у внутрішні справи

DEVOIR 4
Trouvez dans le texte le (les)contraire (s) homogène/droit/immixtion (3)/raison
(2)/abriter /évitable/acquisition/être
dispersé/objectif/

DEVOIR 5
Préparez-vous à répondre aux questions:
• qu’est-ce que comprend le territoire de l’Etat?
• commentez la phrase: ces frontières sont réputées inviolables mais elles ne
sont pas intangibles
• quels sont les problèmes de l’Etat hétérogène?
• qu’est-ce qui a causé l’accentuation de poussées sécessionniste?
• qu’est-ce qui témoigne de l’inégalité des Etats dans les faits?
• donnez des exemples des Etats insulaires (consultez la carte)
• donnez des exemples des Etats enclavés (consultez la carte)
• en quoi consiste la subjectivité du dernier élément déterminant l’Etat
• comment comprenez-vous l’expression de Max Weber “monopole de la
violence légitime” (L’Etat)
• à part les Etats quels sont d’autres acteurs des RI?
• quels sont les facteurs déterminant les frontières étatiques?
• y a-t-il des critères pour définir les micro-Etats?
• quels sont les défis auxquels sont confrontés les micro-Etats?

DEVOIR 6
28

Mettez les verbes au présent (si le contexte le permet à l’imparfait, au passé


composé, au passé simple, au futur simple au futur antérieur):
1. Cette forme conquérir le monde.
2. L’Etat princier naître au XVe siècle.
3. Les idées se répandre à travers le monde.
4. Il acquérir de l’expérience.
5. L’Etat atteindre sa maturité avec L’Etat-Nation au XVIIIe siècle.
6. L’Etat apparaître et s’imposer comme une forme inévitable d’organisation
de la société.
7. Il admettre au concours: forme passive.

DEVOIR 7
Donnez les substantifs des verbes ci-dessous et faites-en des expressions:
Conquérir, naître, répandre, acquérir, apparaître, admettre, obtenir, disposer,
accéder à, généraliser, recourir à, régler, élaborer, mettre au point, amoindrir, atteindre
à, autoriser qqn à faire qqch

DEVOIR 8
Traduisez en français en utilisant le lexique: mille marin, constitutif, exercer sa
souveraineté, prolifération, délimiter par, espace extra-atmosphérique,
indépendamment de, être soumis à autorisation, prospérité, quel que soit, bien que,
côtes, assister à, en dépit de, être subordonné à, attribuer, déterminer, comporter,
revendications territoriales, à partir de, en vertu de, disposer de l’efficacité, légiférer,
administrer, contestation de frontières, avoir pour origine.
1. Складовими елементами держави є політична влада, територія і
населення. Уряд здійснює контроль над населенням на даній території.
Суверенність є ще одним елементом держави.
29

2. Незалежно від форми управління всі держави рівні в правах і м/в.


3. Хоча держава не підпорядковується іншим державам, відповідно до
принципу рівності Статуту ООН, насправді, не всі держави мають однакову
вагу і вплив в м/в.
4. Важливо, щоб уряд був ефективним, тобто виконував державні
функції: приймати закони, управляти, судити.
5. Спори через кордони і територіальні претензії були причиною
воєнні
і військових конфліктів.
6. Держава здійснює контроль на території, обмеженій кордонами, за
виключенням космічного простору і морського простору за 12 мор ських миль
від берегів.
7. Ось чому для перельоту літаків потрібен дозвіл, а супутники
пролітають вільно над територією держав.
8. Такі мікро-держави як Науру і Тувалу та Сингапур і Бахрейн
свідчать, що розмір держави не є перепоною для її створення чи достатку для
двох останніх.
9. Умови надання громадянства визначає кожна держава.
10. Останнім часом спостерігалось збільшення кількості держав.
11. До Югославії входили шість слов’янських груп: серби хорвати¸
словени боснійці македонці та чорногорці.
12. Крім того угорці та албанці жили в двох автономних регіонах.
13. Слід зауважити, що деякі групи складали меншість в певних
республіках.
14. В цьому розмаїтті етнічних груп з чотирма державними мовами
співіснували три релігії: православна, католицька та мусульманська.
30

15. Якби всі маленькі держави входили до складу міжнародних


організацій то відповідно до принципу – одна держава – один голос-вони
набрали би близько третини голосів.

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