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UNIVERSITÉ HASSAN II DE CASABLANCA

Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales – Ain Sebâa

CHAPITRE 1

« L’ÉTAT »
Licence fondamentale « droit en français »

Semestre :1

Module : introduction aux relations internationales

Pr. ALAOUI MOULAY RACHID

Année universitaire 2020/2021


L’État
Il s'agit d'une construction juridique destinée à prendre en charge, de façon
permanente, les intérêts d'un groupe (population, peuple ou nation), indépendamment des
personnes physiques qui agissent au nom de l'État.
L'État apparaît lorsqu'il devient nécessaire de séparer l'exercice du pouvoir de sa
propriété. Dans ce cas, si matériellement le pouvoir est exercé par un homme, il appartient en
droit à une institution qui est abstraite par nature (l'État). Dans le premier cas, le chef est
titulaire du pouvoir et l'exerce en son nom propre tandis que dans le second il l'exerce au nom
de l'État.
Le recours à l'État permet de distinguer la propriété du pouvoir de son exercice. Les
gouvernants, puisqu'ils agissent au nom de l'État et non en leur nom propre, sont liés par les
règles Étatiques relatives à l'attribution du pouvoir et à son exercice (l'État rend possible la
constitution).
Ceci ne signifie pas que, dans le cadre de l'État, toute personnalisation du pouvoir
disparaisse. Sur le plan politique, et avec les moyens modernes d'information, demeure
encore une forte tendance à l'identification entre le pouvoir et la personne des gouvernants.

Section 1 : les éléments constitutifs de l'État

L'État est constitué par la réunion de trois éléments :


 Un territoire.
 Une population.
 Une autorité publique.

A. Le territoire :
Les historiens ont montré que l'apparition de l'État va de pair avec celle du territoire,
car l'existence de frontières permet de fixer les limites dans lesquelles s'exerce le pouvoir
Étatique.

 Les frontières terrestres :


Depuis le 19ème siècle, les frontières terrestres sont conçues sous une forme linéaire.
Du point de vue de leur tracé, on oppose les frontières naturelles (massifs montagneux,
fleuves...) aux frontières artificielles. Sur le terrain, ces dernières sont fixées, en application
des traités, avec soin minutieux par des commissions de techniciens.

THÉORIE GÉNÉRALE DU DROIT CONSTITUTIONNEL 1


 Les frontières maritimes :
L'État riverain étend sa souveraineté sur l'espace maritime. À partir des eaux
intérieures, il exerce des compétences identiques à celles qu'il déploie sur son territoire
terrestre appelée la mère territoriale.
Ainsi, l'étendue minimale de la souveraineté maritime de l'État riverain, à partir de ses
eaux intérieures, est fixée de nos jours, à 200 miles nautiques (12+188). Au-delà, s'étend la
haute mer, ouverte à tous les États, riverains ou pas.

 Les frontières aériennes

La souveraineté de l'État concerne, l'espace aérien qui le surplombe, en dehors de


l'espace extraatmosphérique. La navigation aérienne, réglementée par la convention de
Chicago du 07/12/1944, autorisé cependant le survol en temps de paix, du territoire national,
par les aéronefs civils étrangers, le traité de Helsinki du 24/03/1992 consacre le régime du ciel
ouvert. Le territoire est donc soumis à la domination de l'État à ce titre le territoire est aussi
de la puissance de l'État.
B- la population
La population est constituée par les individus qui sont soumis à l’autorité Étatique. Il
s’agit d'une catégorie hétérogène puisqu'elle peut recouvrir aussi bien les individus qui vivent

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sur le territoire que ceux qui se ne vivent pas sur le territoire national mais sont liés à l'État
par un lien spécial. La nationalité.
S'il s'agit des individus qui vivent sur le territoire, on trouve parmi eux tant nationaux
que des étrangers. Le régime juridique applicable à ces deux types de résidents n'est pas
identique. Les nationaux sont entièrement soumis à l'autorité de l'État sous réserve des
obligations internationales contractées par l'État, notamment en matière des droits de
l'homme.
Les étrangers quant à eux peuvent bénéficier d'une protection particulière en
application d'i droit international. En outre, les étrangers ne bénéficient pas de même droits
que les nationaux et sont fréquemment privés de la jouissance des droits liés à la citoyenneté.
"La substance humaine de l'État est constitué par la population c'est à dire par un groupe
d'individus sédentaires, et qui présente une individualité par rapport à d'autres, au point de
constituer une nation."
Si l'on considère que la population est composée des seuls nationaux, cette catégorie
recouvre aussi bien les nationaux vivant sur le territoire que ceux qui résident à l'étranger.
Ce qui est déterminant ici, c'est l'existence d'un lien juridique, la nationalité, qui unit l'individu
à l'État." La détermination des modes d'acquisition de la nationalité relève de la compétence
discrétionnaire de chaque État." En autres termes, chaque État définit librement ses nationaux.
Le phénomène de nationalité va bien au-delà de l'établissement d'un simple lien
juridique, il touche à l’inconscient collectif lorsqu'il traduit le sentiment d'appartenance à une
communauté particulière, caractérisée par une identité collective, la nation.
L'existence d'une nation a d'ailleurs été fréquemment considérée comme l'une des
conditions d'existence de l'État.
1. LA NATION :
Les concepts s'opposent profondément lorsque l'on essaiera de déterminer quels sont
les caractères spécifiques que doit revêtir une collectivité humaine pour être considérée
comme une nation.
 Selon une première école, d'inspiration germaniques, la nation reposerait sur des
éléments objectifs tels que la langue, la religion, la culture, qui traduisent
l'appartenance à une communauté globale.
Cette vision a été poussé jusqu'à ses conséquences les plus perverses lorsque les nazies
ont prétendu fonder l'existence d'une nation sur des critères raciaux et sur la supériorité d'un
race (=Aryenne). Par contre, il est exact que la langue, la religion et la culture, au sens large
du terme, constituent des éléments d'identité et de la solidarité collective.
La preuve en est apportée par les difficultés que rencontrent les États multilingues à
vivre un destin commun. (Que l'on songe à la situation de la Belgique ou du Canada ou même
de l'ex-Yougoslavie 5 républiques, 4 Groupes ethniques, 3 religions, 2 langues émergée dans
une État fédérateur).

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Même si le recours au fédéralisme puisse permettre de surmonter certaines difficultés
comme le montre l'exemple de la confédération helvétique, État multilingue.
Il faut pas méconnaître que de nombreuses nations modernes, comme la France et le
Royaume-Uni, se sont constituées par assimilation progressive de la population qui, à
l'origine, ne partageaient ni langue, ni religion commune.
 Pour la seconde conception, d’origine essentiellement française, la nation se
construit sur la base « d’une volonté de vivre ensemble, fondée sur un passé partagé
».

Exemple :
L’Alsace-lorraine, annexée par l’Allemagne en 1870 appartient, en raison de la volonté de
ses habitants, à la nation française bien qu’elle fasse partie de l’aire culturelle germanique.

Que le sentiment d’un destin partagé soit un ferment puissant d’identité nationale ne
signifie pas pour autant que les éléments objectifs ne joue aucun rôle. Car, n’existe pas de
nation sans volonté de vivre ensemble, cette volonté repose bien souvent sur une langue ou
une culture.
En effet, les auteurs français (RENAN) considèrent que la genèse d’une nation est
beaucoup plus complexe et qu’à côté des éléments ethniques, il faut faire entrer en ligne de
compte « le volontarisme ». La conception française est celle du vouloir vivre ensemble. Elle
signifie que les nations se forment sous l’influence de facteurs aussi nombreux que varié. Sans
doute il faut prendre en considération les éléments objectifs , mais aussi combiner avec les
éléments subjectifs .
D’abord, les événements historiques : les guerres, les calamités, en sens inverse, les
années de prospérité, les réussites communes. L’âme nationale est faite de souvenirs partagés,
de souffrance et de bonheur.
Ensuite, la communauté d’intérêt, principalement d’ordre économique, qui résulte en grande
partie de la cohabitation sur le même territoire.
Enfin, le sentiment de la parenté spirituelle, le fait que sans avoir les mêmes croyances,
une nation c’est une famille
2. L’ÉTAT ET LA NATION :
En occident, la nation est considérée comme le résultat d’un processus historique se
développant et même s’achevant avant la naissance de l’État : celui-ci abaissant en dernier
lieu, pour centraliser politiquement et juridiquement la nation. En fait, dans la plupart des
pays européens, le format de la nation a précédé celle de l’État. La nation allemande, la nation
italienne ont été des réalités sociologiques évidentes avant de prendre chacune la consistance
d’un État.
Dans cette perspective de « l’antériorité » de la nation par rapport de l’État, se pose le
problème de savoir si toute nation peut et correspondre un État. Le droit international apporte
sur ce point une réponse positive. Notamment à travers le principe des nationalités et le des
peuples à disposer d’eux-mêmes [l’auto-détermination].

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a) Le principe des nationalités :
Ce principe, qui consiste à affirmer que toute nation a droit devenir un État, a été
propagé par la révolution française. L’affirmation des droits de la nation est, en effet, à la base
de son idéologie.
Sur le plan interne, ce dernier conduit à admettre que l’origine du pouvoir réside dans
la nation : c’la doctrine de la souveraineté nationale sur le plan international. Elle conduit à
affirmer que le premier droit de la nation est de se réaliser politiquement et juridiquement
d’une façon intégrale. Ce qui revient à dire que toute nation a droit à former un État.
b) Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes [l’auto-détermination] :
En liaison avec le mouvement de décolonisation, le principe a été adopté par la charte
des nations unies (article, paragraphes 2 et 55) et affirmé par la résolution du 14 décembre
1960 dite « déclaration sur l’octroi de l’indépendance pays et aux peuples coloniaux. » la
nation palestinienne, par exemple, est fondée à en réclamer le bénéfice.
Cependant, le droit d’un peuple ne peut pas aboutir à ce qu’il dispose de celui d’autrui.
La deuxième guerre du golfe, en 1991, aura été allé du droit de l’existence du Koweït face aux
prétentions hégémoniques de l’Irak. En revanche, les nationalismes croates et serbes ont été
à l’origine de dépeçage de l’État de Bosnie-Herzégovine à partir de 1992.
3. DISSOCIATION ENTRE NATION ET ÉTAT :
L’absence de concordance entre la nation et l’État rencontre dans plusieurs situations.
On s’attachera ici à la nation nono constituée, écartelée ou regroupée avec une ou plusieurs
autres.
a) La nation non constituée :
Dans le tiers-monde, en règle générale, l’État a précédé la nation à l’inverse de la
démarche occidentale. L’a été plaqué, plus ou moins arbitrairement par le colonisateur, sur
une réalité sociologique composée d’une mosaïque d’ethnies juxtaposées les unes aux autres.
L’hétérogénéité de la société, du point de vue linguistique, religieux, culturel ou
économique, se concilie mal avec l’unité l’État.
b) La nation écartelée :
Une nation peut être tronçonnée par des frontières. Les exemples sont nombreux :
celui de la nation allemande partagée 40 ans entre la R.F.A. [République fédérale d’Allemagne
fondé en 1949] et la R.D.A. [République démocratique allemande], celui de la nation
arménienne déchirée entre la Bulgarie, la Grèce et l’ex-république yougoslave de macédoine
ou celui de la nation kurde écartelée entre la Turquie, l’Irak, l’Iran.
c) Les nations regroupées :
Il se peut, en effet, qu’État associe, tant bien que mal, un certain nombre de nations,
sinon d’ethnies, à l’intérieur de ses frontières. Chute du communisme a redonné toute acuité
à ce problème avec l’apparition de nouvelles tensions (minorités Hongroises en Roumanie et
Slovaquie, minorités russes en Lettonie et Estonie).

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C. L’AUTORITÉ ÉTATIQUE :
L’existence d’une autorité publique qui exerce le pouvoir sur le territoire et la
population constitue troisième élément constitutif de l’État.
Cette autorité prend toutes les décisions relatives à la gestion des affaires communes.
Elle dispose du pouvoir de coercition afin d’assurer le des décisions prises.
L’autorité Étatique présente trois caractères : elle est personnifiée, elle est souveraine,
elle est soumise au respect du droit.
1. L’État, personne morale :
Dans la mesure ou l’État est la forme institutionnalisée du pouvoir, il est doté de la
capacité de vouloir et agir sur le plan juridique. Il possède la personnalité morale.
À ce titre, l’État se distingue des gouvernants. Si sont bien ces derniers qui prennent
sont pas imputables en tant que les décisions, ces décisions ne leur sont pas imputables en
tant qu’individus. Les décisions prises par les gouvernants sont imputables à l’État, personne
morale.
Cette solution présente deux avantages :
 Dans la mesure ou l’État est distinct des gouvernants, il jouit de la permanence
à travers les changements de personnel politique. C’est la règle de la « continuité
de l’État.
 Cette règle a aussi comme conséquence que les gouvernants sont engagés par les actes
des gouvernements précédents et que ces actes survivent aux changements politiques.
C’est « la permanence du droit ».
2. L’État souverain :
La caractéristique d’une collectivité souveraine est qu’elle ne tient son pouvoir que
d’elle-même et n’est soumise à aucune autorité qui lui soit extérieure.
À ce titre, la souveraineté est caractéristique qui distingue l’État des autres collectivités
territoriales comme la région, ou la commune.
La souveraineté présente une face interne et une face externe :
 Sur le plan interne, dire que l’État est souverain, c’est affirmer qu’il possède un
pouvoir absolu de décider en dernier ressort. Tous les autres groupements et
toutes les personnes physiques, exerçant leurs activités sur le territoire, sont soumis
à l’État.

Exemple :
Droits de législation et de règlementation, de justice, de police, de battre la monnaie,
de lever et entretenir une armée, d’accéder à la fonction publique, de conférer la nationalité.

 Sur le plan externe, la souveraineté de l’État réside dans son indépendance à l’égard
de toute autre autorité. La souveraineté externe de l’État est en effet limitée par
l’obligation de respecter la souveraineté des autres États. L’État doit observer les règles

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internationales qui ont pour objet le respecte la souveraineté des autres membres de
la communauté internationale.

3. L’État de droit :
La souveraineté serait arbitraire si elle n’était limitée par le droit c’est la thèse de
l’autolimitation de l’État par le droit (Carré de Malberg).
L’État de droit se distinguerait de l’État de police en ce sens que, dans le premier, la
puissance publique ne peut agir que sur la base et dans les limites des règles qui s’imposent à
elle tandis que le second, malgré l’existence des règles juridiques, la puissance publique
pourrait agir selon son bon vouloir sans être tenu au respect de ces règles.
La théorie de l’État de droit a permis de subordonner l’administration au respect de la
loi, mais le législateur, seul apte à exprimer la volonté nationale, restait souverain. L’évolution
des dernières décennies a conduit à soumettre le législateur au respect de la constitution, à
travers le contrôle de la constitutionalité des lois.
Section 2 : les formes de l’État

Juridiquement, l’État se présente sous deux aspects principaux, l’État simple (unitaire)
comme la France, Maroc, Algérie, Tunisie, et l’État composé (fédéral, à l’instar des États-Unis
ou de l’Allemagne.
A. État unitaire :
Dans l’État unitaire, un seul pouvoir politique s’exerce sur l’ensemble du territoire.
Cette formule implique l’existence d’autorités politiques uniques ; une telle forme d’État
suppose l’assimilation des communauté hétérogènes dans un même ensemble national et donc
un recouvrement parfait entre la nation et l’État.
Cependant, il peut être difficile de gérer un État moderne à partir d’un centre unique
et l’éloignement du lieu de décision des administrés nuit tant à l’information du pouvoir sur
les problèmes réels des citoyens qu’à l’adéquation entre ces problèmes et les décisions qui
seront prisent, Napoléon III disait : « on peut gouverner de loin, mais on n’administre bien
que de près. »
D’où l’existence de modalités d’organisation de l’État unitaire : la décentralisation et
la déconcentration
1. La déconcentration (rapprocher l’administration de l’administré) :
La déconcentration s’analyse dans le transfert de moyens et d’attribution
administratives du pouvoir central au bénéfice d’agents de l’État placés à un niveau local,
c’est redistribution territoriale de pouvoir Étatique, un rééquilibrage entre le centre et la
périphérie est effectué au sein de l’administration d’État.

« C’est toujours le même marteau qui frappe, mais on en a raccourci le manche Pour
ajuster les coups » Odilon barrot

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Exemple : le recteur placé à la tête d’une académie agit en lieu et place du ministre de
l’éducation nationale
2. La décentralisation :
La terminologie anglo-saxonne équivalentes (self-government) [démocratie locale] est
plus expressive, la décentralisation signifie littéralement auto-administration. Elle se ramené
à un transfert d’attributions du pouvoir central au profit d’entités locales élues par les
citoyens même si l’existence des collectivités territoriales peut être garantie par la
constitution, leurs modes d’organisation et leurs pouvoirs sont généralement fixés par la loi.

Selon l’article 135 de la constitution : « les collectivités territoriales du Royaume sont : les
régions, les préfectures, les provinces, et les communes. Toute autre collectivité territoriale
est créée par la loi ».

En outre l’État central garde un pouvoir de contrôle sur les activités des collectivités
décentralisées. L’article 145 de la constitution stipule que : « dans les collectivités territoriales,
les walis de régions et gouverneurs de provinces et préfectures représente le pouvoir central »
Parfois l’autonomie laissée à certaines collectivités peut aller plus loin que la simple
décentralisation. C’est le cas de l’Italie où il existe des régions disposant d’un pouvoir législatif
et en Espagne avec la mise en place dans le cadre de la constitution de 1978 de communautés
autonomes dotées de compétences variables selon les communautés.
C’est également le cas aujourd’hui de Royaume-Uni après la dévolution de pouvoir à
l’Ecosse et pays de galles et après l’accord sur le régime particulier de l’Irlande du nord en
1997 [Good Friday agreement].
Ces États que l’on peut qualifier de « régionaux » ou « communautaires » se
distinguent cependant des États fédéraux en raison de l’existence d’un ordre juridique unique,
celui de l’État.
B. L’État fédéral :
Il s’agit d’une union d’État ou, si l’on veut, d’un État d’États, unis par un lien de société.
Ce principe donne naissance à une fédération (alliance) ou à un État fédéral. De ce fait, l’État
fédéral est un regroupement de collectivités qui acceptent d’abandonner une partie de leurs
compétences au profit de regroupement qu’elles constituent.
L’État fédéral dispose des attributs de la souveraineté notamment sur le plan
international tandis que les collectivités qui le composent (État fédérées) conservent certaines
de leurs compétences.
On assiste donc à la superposition de deux structures qui ne se confondent pas, la
structure fédérale et les structures des États fédérées.
Sur le plan politique, l’État fédéral tente d’établir un équilibre entre le centre chargé
de la gestion des intérêts communs et la périphérie qui entoure composé d’entité fédérées qui
conservent la gestion de leurs intérêts propres. Cet équilibre est évolutif et comme tel,
naturellement générateur de tensions entre le centre et la périphérie.

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Les raisons qui militent en faveur de la création d’un État fédérale sont de deux ordres :
 Il peut s’agir d’un regroupement entre des États au paravent distinct qui recherchent
une plus grande efficacité interne ou externe par une maitrise commune de leur destin
(fédéralisme par association comme danse cas des États-Unis d’Amérique ou de la
suisse).
 Il peut s’agir de la recherche d’une formule permettant à la collectivité
hétérogène auparavant regroupées dans un État unitaire de poursuivre une
existence comme tout en acceptant l’expression constitutionnelle de leurs
différences (fédéralisme par dissociation comme le cas dans le Royaume de
Belgique).
Le fédéralisme est donc particulièrement adapté :
 Soit à des ensemble territoriaux très vastes dont l’administration serait impossible
dans un cadre unitaire compte tenu tant de superficie que des différences entre les
populations (cas de la fédération de Russie).
 Soit à des États multiethniques où le formule de l’État unitaire peut donner
l’impression de nier l’identité des différentes communautés (cas de l’ex-république
fédérale de Yougoslavie).
Il n’existe pas de modèle uniforme d’État fédérale, mais des solutions adaptées à
chaque situation particulière.
C. Les principes organisateurs du fédéralisme :
Le fédéralisme s’analyse en une technique de partage ou de distribution du pouvoir,
une construction fédérale repose sur la combinaison de trois principes de superposition,
d’autonomie et de participation. Le premier rend compte de la condition du super-État ; le
second, de celle des unités fédérées et le troisième de leur collaboration au sein de la
fédération.
i. Le principe de superposition :
La constitution fédérale donne naissance va un ordre juridique fédérale superposé à
l’ordre juridique des entités fédérées.
Conséquences :
 L’État fédéral possède des institutions propres (exécutif, législatif,
judiciaire), distinctes de celles des entités fédérées.

 Le droit fédéral l’emporte sur le droit des entités fédérées (règle de primauté) et
s’applique sur le droit des entités fédérées sans que soit nécessaires à cet effet une
quelconque intervention des entités fédérées (règles de l’application directe)
En un mot, le super-État dispose de la souveraineté plénière. Il apparait, en
conséquence, seul sur la scène internationale au point de faire figure d’État unitaire.

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Ainsi dépouillés de leur souveraineté originaire, les unités fédérées n’en conservent
pas moins une autonomie, fondée et préservée par la constitution fédérale, dont il faut prendre
la mesure
ii. Le principe de l’autonomie :
Les entités fédérées disposent de compétences propres : à cette fin, la constitution
répartit les compétences entre État fédéral et entités fédérées. Selon les systèmes, la
compétence de l’État fédéral est plus ou moins étendue.
S’agissant du contenu des compétences, une ligne de répartition sépare grosso modo
les compétences externes et internes.
Les relations avec l’étranger sont assumées, en principe, d’une manière exclusive, par
la super-État, à partir du moment où il possède la souveraineté internationale. Celle-ci se
manifeste dans les domaines diplomatique, militaire, économique et monétaire. Ainsi qu’en
matière de nationalité. Les compétences interne forment le lot des unités fédérées qui
conservent le pouvoir d’auto-organisation interne. À titre d’exemple, l’unité fédérée dispose
d’un drapeau et d’un hymne distinct de ceux de la fédération. Elle détermine ses propres règles
juridiques de droit privé et de droit public. D’où l’extrême diversité d’une unité fédérée à une
autre. (On sait par exemple qu’en États-Unis, ou plus facile de divorcer dans qu’en Californie,
ou que la peine capitale ou l’euthanasie sont abolis ou admis dans certains États, droit
d’avortement)
Par conséquence, les entités fédérées disposent de « l’autonomie institutionnelle »
sous réserve de respecter d’un nombre limité de principes fixés dans la constitution fédérale,
telle la forme républicaine de gouvernement aux États-Unis d’Amérique, et les amendements
ainsi que le « bill of right », elles établissent donc librement leurs constitution et disposant de
leur législatif, de leur exécutive et de leur organisation judiciaire.
iii. Le principe de participation :
Les entités fédérées sont associées à la gestion de l’État fédéral. Outre leur intervention
lors de la révision constitutionnelle, elles participent à l’élaboration des lois par
l’intermédiaire d’une chambre qui les représente au sein du parlement (Sénat aux États-Unis
d’Amérique et le Bundesrat en Allemagne).

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