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Liste épreuve orale

anticipée de français –
Nom de l’élève : N° candidat :

PREMIÈRE PARTIE DE L'ORAL – L'EXPOSÉ

La poésie du XIXème siècle au XXIème siècle


Objet d’étude : Œuvre intégrale : Les Texte 1 : L’Albatros.
Fleurs du Mal de Baudelaire. Texte 2 : Spleen.
Lecture analytique. Textes ayant fait Texte 3 : A une passante
l’objet d’une explication linéaire
Parcours associé : l’alchimie
poétique, la boue et l’or.
Lecture analytique (explication Texte 4 : Le crapaud, Tristan Corbière.
linéaire)
Documents complémentaires et Le pain, Francis Ponge, le parti pris des choses
histoire des arts Le cageot, Francis Ponge
J’ai tant rêvé de toi, Corps et biens, Robert Desnos.
Tableau le cri, Edvard Munch, 1893
Œuvre lue en lecture cursive : Poèmes Saturniens de Verlaine.

Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIème siècle


Œuvre intégrale : la princesse de Texte 1 : « Il parut alors….. »
Clèves, Mme de la Fayette. Texte 2 : « la rencontre »
Lecture analytique1( textes ayant fait Texte 3 : «  l’excipit »
l’objet d’une explication linéaire
Texte 4 : la lettre 81adressée par la marquise de Merteuil au
Parcours associé : individu, morale et vicomte de Valmont, les liaisons dangereuses de Choderlos
société de Laclos « Mais moi…….laisser voir »..
Lecture analytique 2( explication
linéaire)
Thérèse Raquin d’Emile Zola
L’excipit de la princesse de Montpensier de Mme de La
Documents complémentaires et histoire Fayette.
des arts L'incipit de l'Education sentimentale, Flaubert, " ce fut
comme une apparition"
Tableau :George de la Tour( 1593-1652°, Madeleine aux
deux flammes

[Œuvre lue en lecture cursive : la peste d’Albert Camus

La littérature d'idées du XVIème siècle au XVIIIème siècle


Montaigne, Les Essais, livre 1, chapitre Texte 1 : « Or je trouve……
XXXI , des cannibales, des coches. Texte 2 : « Ce n’est pas comme on pense….qu’il est mort ».
Lecture analytique1( explication Texte 3 : « ils dirent qu’ils trouvaient……..de hauts- de –
linéaire) chausses.

[Intitulé du parcours : notre monde Texte 4 : Le nègre de Surinam, Candide, Voltaire
vient d’en trouver un autre
Lecture analytique2 (explication
linéaire)

Documents complémentaires et histoire Montesquieu, De l’esclavage des nègres.


des arts Montesquieu, Lettres Persanes, comment peut-on être
persan?
Image : destruction des Indes(1598), Théodore de Bry
Œuvre lue en lecture cursive : Candide de Voltaire.
Langue : phrase simple et phrase complexe, l’interrogation directe et indirecte,
l’expression de la négation.
Le théâtre du XVIIème siècle au XXIème siècle
Œuvre intégrale : Texte 1 : acte2 , scène5, "Monsieur Diafoirus- il se retourne
Le malade imaginaire, Molière. vers son fils......de beaux discours".
Lecture analytique 1 Texte 2 : acte 3, scène 12, "Toinette s'écrie: Ah! mon Dieu!
(textes ayant fait l’objet d’une Ah, malheur.....votre famille pour vous",
explication linéaire)
Intitulé du parcours : spectacle et
comédie
Lecture analytique (explication linéaire) Beaumarchais, Le mariage de Figaro, acte 1, scène 1

[Œuvre lue en lecture cursive : Don Juan, Molière

DEUXIÈME PARTIE DE L'ORAL –


L'ENTRETIEN

Je proposerai l'œuvre suivante :

La poésie du XIXème siècle au XXIème siècle


Parcours; l'alchimie poétique, la boue et l'or
A une Pas ante
Le Crapaud

Un chant dans une nuit sans air…


– La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

… Un chant ; comme un écho, tout vif


Enterré, là, sous le massif…
– Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…

– Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,


Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue… – Horreur ! –

… Il chante. – Horreur !! – Horreur pourquoi ?


Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
.....................
Bonsoir – ce crapaud-là c’est moi.
              Ce soir, 20 Juillet.

Tristan Corbière - (1845-1875)  Les Amours jaunes


Documents complémentaires

Le pain
La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi
panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les
Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four
stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations,
crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la
lumière avec application couche ses feux, – sans un regard pour la mollesse ignoble
sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des
éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les
coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se
détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable…
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que
de consommation
Francis Ponge, le parti pris des
choses,1942

Francis Ponge, LE CAGEOT

   À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à


claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à
coup sûr une maladie.
   Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne
sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou
nuageuses qu’il enferme.
   À tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans
vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose
maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus
sympathiques, — sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir
longuement.
Objet d'étude: Person age de roman du XVI ème siècle à nos jours
Lecture 3
Enfin M. de Nemours y alla lui-même, sur le prétexte d'aller à des bains. Elle fut
extrêmement troublée et surprise d'apprendre sa venue. Elle lui fit dire, par une
personne de mérite qu'elle aimait et qu'elle avait alors auprès d'elle, qu'elle le priait de
ne pas trouver étrange si elle ne s'exposait point au péril de le voir et de détruire par sa
présence, des sentiments qu'elle devait conserver; qu'elle voulait bien qu'il sût, qu'ayant
trouvé que son devoir et son repos s'opposaient au penchant qu'elle avait d'être à lui, les
autres choses du monde lui avaient paru si indifférentes qu'elle y avait renoncé pour
jamais ; qu'elle ne pensait plus qu'à celles de l'autre vie et qu'il ne lui restait aucun
sentiment que le désir de le voir dans les mêmes dispositions où elle était.
M. de Nemours pensa expirer de douleur en présence de celle qui lui parlait. Il
la pria vingt fois de retourner à Mme de Clèves, afin de faire en sorte qu'il la vît ; mais
cette personne lui dit que Mme de Clèves lui avait non seulement défendu de lui aller
redire aucune chose de sa part, mais même de lui rendre compte de leur conversation. Il
fallut enfin que ce prince repartît, aussi accablé de douleur que le pouvait être un
homme qui perdait toutes sortes d'espérances de revoir jamais une personne qu'il aimait
d'une passion la plus violente, la plus naturelle la mieux fondée qui ait jamais été.
Néanmoins il ne se rebuta point encore, et il fit tout ce qu'il put imaginer de capable de
la faire changer de dessein. Enfin, des années entières s'étant passées, le temps et
l'absence ralentiront sa douleur et éteignirent sa passion. Mme de Clèves vécut d'une
sorte qui ne laissa pas d'apparence qu'elle pût jamais revenir. Elle passait une partie de
l'année dans cette maison religieuse et l'autre chez elle ; mais dans une retraite et dans
des occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères ; et sa vie, qui fut
assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables.
Objet d'étude: Person age de roman du XVI ème siècle à nos jours
Documents complémentaires

Thérèse Raquin, Emile


Zola

La publication en 1867 de Thérèse Raquin, le premier roman d'Emile Zola, fut un


succès empreint de scandale : l'ouvrage fut accusé d'être de la « littérature putride », et
on lui reprocha de décrire des scènes obscènes.
Thérèse Raquin, la fille d'une Africaine et d'un capitaine français qui était en
Algérie, fut confiée, à la mort de sa mère, à madame Raquin, sa tante. Thérèse partage
l'enfance et l'adolescence maladives de son cousin Camille, avant de l'épouser. La vie
pour Thérèse est monotone jusqu'à la rencontre avec Laurent, un collègue de Camille.

Une porte s'ouvrit. Sur le seuil, au milieu d'une lueur blanche, [Laurent] vit Thérèse en
camisole, en jupon, toute éclatante, les cheveux fortement noués derrière la tète. Elle
ferma la porte, elle se pendit à son cou. Il s'échappait d'elle une odeur tiède, une odeur
de linge blanc et de chair fraîchement lavée.
Laurent, étonné, trouva sa maîtresse belle. Il n'avait jamais vu cette femme. Thérèse,
souple et forte, le serrait, renversant la tête en arrière, et, sur son visage, couraient des
lumières ardentes, des sourires passionnés. Cette face d'amante s'était comme
transfigurée, elle avait un air fou et caressant ; les lèvres humides, les yeux luisants, elle
rayonnait. La jeune femme, tordue et ondoyante, était belle d'une beauté étrange, toute
d'emportement. On eût dit que sa figure venait de s'éclairer en dedans, que des flammes
s'échappaient de sa chair. Et, autour d'elle, son sang qui bridait, ses nerfs qui se
tendaient, jetaient ainsi des effluves chauds, un air pénétrant et acre.
Au premier baiser, elle se révéla courtisane. Son corps inassouvi se jeta éperdument
dans la volupté. Elle s'éveillait comme d'un songe, elle naissait à la passion. Elle passait
des bras débiles de Camille dans les bras vigoureux de Laurent, et cette approche d'un
homme puissant lui donnait une brusque secousse qui la tirait du sommeil de la chair.
Tous ses instincts de femme nerveuse éclatèrent avec une violence inouïe ; le sang de sa
mère, ce sang africain qui brûlait ses veines, se mit à couler, à battre furieusement dans
son corps maigre, presque vierge encore.
Texte

(L'Éducation sentimentale est le roman d'un grand amour. À dix-huit ans, Frédéric
Moreau vient de passer son baccalauréat à Paris et rentre en Normandie en descendant
la Seine. Parmi les passagers du bateau, il aperçoit une femme, Marie Arnoux; c'est le
coup de foudre.)

Frédéric, pour rejoindre sa place, poussa la grille des Premières',


dérangea deux chasseurs avec leurs chiens.
Ce fut comme une apparition:
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule; ou du moins il ne distingua personne,
dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu'il passait, elle leva
la tête; il fléchit involontairement les épaules; et, quand il se fut mis plus loin, du même
côté, il la regarda.
Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent,
derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils,
descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l'ovale de sa figure. Sa robe
de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en
train de broder quelque chose; et son nez droit, son menton, toute sa personne se
découpait sur le fond de l'air bleu.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour
dissimuler sa manoeuvre; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le
banc, et il affectait d'observer une chaloupe sur la rivière.
Jamais il n'avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette
finesse des doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec
ébahissement, comme une chose extraordinaire.
Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé?
Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu'elle avait portées,
les gens qu'elle fréquentait; et le désir de la possession physique même disparaissait
sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n'avait pas de limites.
Une négresse, coiffée d'un foulard, se présenta, en tenant par la main une petite fille,
déjà grande. L'enfant, dont les yeux roulaient des larmes, venait de s'éveiller.
Elle la prit sur ses genoux. «Mademoiselle n'était pas sage, quoiqu'elle eût sept ans
bientôt; sa mère ne l'aimerait plus; on lui pardonnait trop ses caprices.» Et Frédéric se
réjouissait d'entendre ces choses, comme s'il eût fait une découverte, une acquisition.
Il la supposait d'origine andalouse, créole peut-être; elle avait ramené des îles cette
négresse avec elle?
Cependant, un long châle à bandes violettes était placé derrière son dos, sur le bordage
de cuivre. Elle avait dû, bien des fois, au milieu de la mer, durant les soirs humides, en
envelopper sa taille, s'en couvrir les pieds, dormir dedans! Mais, entraîné par les
franges, il glissait peu à peu, il allait tomber dans l'eau, Frédéric fit un bond et le
rattrapa. Elle lui dit:
- «Je vous remercie, monsieur.»Leurs yeux se rencontrèrent.
- «Ma femme, es-tu prête?» cria le sieur Arnoux, apparaissant dans le capot de l'escalier.

Gustave Flaubert, L’Education


sentimentale(1869)
Première partie, chapitre I
LITTÉRATURE D'IDÉES DU XVIÈME SIÈCLE AU XVIIIÈME
SIÈCLE

PARCOURS : « NOTRE MONDE VIENT D'EN TROUVER UN AUTRE


»
Œuvre intégrale : « Des Cannibales » (Livre I, 31) et « Des Coches" (Livre III, 6), Les Essais de
MONTAIGNE

Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare

ni de sauvage dans ce peuple, d'après ce que l'on m'en a dit, sinon que

chacun appelle barbarie ce qui n'est pas dans ses coutumes ; et en vérité, il

semble que nous n'avons d'autre critère de la vérité et de la raison que

l'exemple et l'idée générale qui nous viennent des opinions et des usages du

pays où nous sommes. Là se trouve toujours la parfaite religion, le parfait

gouvernement, la façon la plus parfaite et la plus complète de tout faire. Ces

hommes sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que la

nature a produits d'elle-même et par sa marche ordinaire : tandis que, en

vérité, ce sont plutôt ceux que nous avons dégradés par notre artifice et

détournés de l'ordre normal que nous devrions appeler sauvages. Dans les

premiers demeurent vivantes et vigoureuses les vertus et les propriétés

véritables, les plus utiles et les plus naturelles, que nous avons abâtardies

dans les seconds, et seulement accommodées au plaisir de notre goût

corrompu. Et pourtant, même notre goût trouve excellentes, en comparaison

de nos propres fruits, la saveur et la finesse de certains de ceux qui poussent

dans ces pays-là, sans culture. Il ne serait pas normal que l'art emporte le

prix d'honneur sur notre grande et puissante mère Nature. Nous avons

tellement surchargé la beauté et la richesse de ses ouvrages par nos

inventions que nous l'avons complètement étouffée. Toujours est-il que,


partout où sa pureté resplendit, elle fait extraordinairement honte à nos

vaines et frivoles entreprises,[...]

« Des cannibales » (Livre I, chapitre XXXI), Les Essais, MONTAIGNE (1580)

LITTÉRATURE D'IDÉES DU XVIÈME AU XVIIIÈME SIÈCLE

PARCOURS : « NOTRE MONDE VIENT D'EN TROUVER UN AUTRE


»
Œuvre intégrale : « Des Cannibales » (Livre I, 31) et « Des Coches" (Livre III, 6), Les Essais de
MONTAIGNE (édition de référence Etonnants classiques)

Lecture 2

Ce n'est pas, comme on pense, pour s'en nourrir, comme le


faisaient anciennement les Scythes ; c'est pour exprimer
(représenter) une extrême vengeance. J'en veux pour preuve ce
qu'ils firent quand ils s'aperçurent que les Portugais, qui s'étaient
ralliés à leurs adversaires, les faisaient périr autrement, quand ils
les capturaient: ils les enterraient jusqu'à la ceinture, tiraient sur
le reste du corps une grosse bordée de flèches, puis les
pendaient. Quand ils virent cela, ils se dirent que ces gens de
l'autre monde, en hommes qui avaient semé la connaissance de
beaucoup de vices chez leurs voisins, et qui étaient bien plus
experts qu'eux en toute sorte de matière, ne choisissaient pas
sans raison cette sorte de vengeance , et qu'elle devait être plus
dure que la leur: ils se mirent alors à quitter leur ancienne
coutume pour suivre celle-ci? Ce qui me désole, ce n'est certes
pas que nous remarquions l'effroyable barbarie qu'il ya dans une
telle action; c'est bien plutôt que, jugeant bien de leurs fautes,
nous soyons si aveuglés sur les nôtres. Je pense qu'il y a plus de
barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort, à
déchirer par des tortures et supplices un corps qui a encore
toute sa sensibilité, à le faire rôtir à petit feu, le faire mordre et
blesser par les chiens et les pourceaux ( comme nous l'avons ,
non seulement lu, mais vu de fraîche date, non entre des
ennemis d'autrefois, mais entre des voisins et des concitoyens,
et, ce qui est pire, sous prétexte de piété et de religion), que de
le rôtir et le manger une fois qu'il est mort.
"Des Cannibales" (Livre I, chapitre XXXI), Les Essais, Montaigne
(1580)

Littérature d'idées du XVIème au XVIIIème siècle

Parcours : « Notre monde vient d'en trouver un autre »

Œuvre intégrale : Les Essais de MONTAIGNE « Des Cannibales » (Livre I,


31) et « Des Coches" (Livre III, 6),

Lecture 3

Ils dirent qu'ils trouvaient en premier lieu fort étrange, que tant de grands
hommes PORTANT barbe, forts et armés, qui étaient autour du Roi (il est
vraisemblable qu'ils parlaient des Suisses de sa garde) se soumissent à
obéir à un enfant, et qu'on ne choisissait PLUTÔT quelqu'un d'entre eux
pour commander.
Secondement (ils ont une façon de leur langage telle, qu'ils nomment les
hommes moitié les uns des autres) qu'ils avaient aperçu qu'il y avait parmi
nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et
que leurs moitiés étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et
de pauvreté ; et trouvaient étrange comme ces moitiés ici nécessiteuses,
pouvaient souffrir une telle injustice, qu'ils ne prissent les autres à la
gorge, ou missent le feu à leurs maisons.
Je parlai à l'un d'eux fort longtemps, mais j'avais un truchement qui me
suivait si mal, et qui était si empêché à recevoir mes imaginations par sa
bêtise, que je n'en pus tirer rien qui vaille. Sur ce que je lui demandai quel
fruit il RECEVAIT de la supériorité qu'il avait parmi les siens (car C'ÉTAIT un
Capitaine, et nos matelots le nommaient Roi) il me dit que c'était marcher
le premier à la guerre ; de combien d'hommes il était suivi ; il me montra
une espace de lieu, pour signifier que c'était autant qu'il en pourrait en
une telle espace, ce pouvait être quatre ou cinq mille hommes : si, hors la
guerre, toute son autorité était expirée, il dit qu'il lui en restait cela que,
quand il visitait les villages" qui dépendaient de lui, on lui dressait des
sentiers au travers des haies de leurs bois, par où il pût passer bien à
l'aise.
Tout cela ne va pas trop mal : mais quoi ? ils ne portent point de hauts-de-
chausses.
Montaigne, Les ESSAIS, « Des cannibales » (I,31)

Parcours associé
LITTÉRATURE D'IDÉES DU XVIÈME AU XVIIIÈME SIÈCLE
PARCOURS ASSOCIÉ : « NOTRE MONDE VIENT D'EN TROUVER UN AUTRE »

Voltaire, Candide,(1759 )

Explication linéaire

En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre,


n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ;
il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh ! mon
Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l'état horrible
où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant,
répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? -
Oui, monsieur dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour
tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la
meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous
enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce
prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me
vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : « Mon cher
enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux; tu as
l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune
de ton père et de ta mère. » Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils
n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois
moins malheureux que nous; les fétiches hollandais qui m'ont converti me
disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et
noirs. Je ne suis pas généalogiste; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous
sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas
en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est
fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ?
disait Cacambo.
- Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est
mal » ; et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra
dans Surinam.

Documents complémentaires

De l'esclavage des Nègres

Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici
ce que je dirais :

Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en
esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.

Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des
esclaves.

Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si
écrasé, qu'il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une
âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.

Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité,
que les peuples d'Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport
qu'ils ont avec nous d'une manière plus marquée.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui chez les
Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d'une si grande conséquence,
qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas
d'un collier de verre que de l'or, qui chez des nations policées, est d'une si grande
conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce
que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne
sommes pas nous-mêmes chrétiens.

Des petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains : car, si elle
était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe,
qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de
la miséricorde et de la pitié.

Montesquieu, De L’Esprit des


Lois,1748

Les Lettres persanes Montesquieu

Lettre 30 : Comment peut-on être Persan ? (1721)

RICA A Smyrne.

    Les habitants de Paris sont d'une curiosité qui va jusqu'à l'extravagance. Lorsque
j'arrivai, je fus regardé comme si j'avais été envoyé du ciel : vieillards, hommes,
femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux
fenêtres ; si j'étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi ;
les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui m'entourait. Si
j'étais aux spectacles, je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure : enfin
jamais homme n'a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d'entendre des gens qui
n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : Il faut avouer
qu'il a l'air bien persan. Chose admirable ! Je trouvais de mes portraits partout ; je me
voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de
ne m'avoir pas assez vu.
    Tant d'honneurs ne laissent pas d'être à la charge : je ne me croyais pas un homme si
curieux et si rare ; et quoique j'aie très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais
imaginé que je dusse troubler le repos d'une grande ville où je n'étais point connu. Cela
me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne, pour voir s'il
resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable. Cet essai me fit
connaître ce que je valais réellement. Libre de tous les ornements étrangers, je me vis
apprécié au plus juste. J'eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m'avait fait perdre
en un instant l'attention et l'estime publique ; car j'entrai tout à coup dans un néant
affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût
regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche ; mais, si quelqu'un par
hasard apprenait à la compagnie que j'étais Persan, j'entendais aussitôt autour de moi un
bourdonnement : " Ah ! Ah ! monsieur est Persan ? C'est une chose bien extraordinaire !
Comment peut-on être Persan ? "
A Paris, le 6 de la lune de Chalval, 1712
Le théâtre du XVIIème siècle au XXIème siècle
Parcours : Spectacle et comédie

Lectures analytiques
Molière: le malade imaginaire
Texte 1
Le malade imaginaire; Spectacle et comédie
Texte 1 Acte 2, scène 5
MONSIEUR DIAFOIRUS..... (Il se retourne vers son fils et lui dit.) Allons, Thomas,
avancez. Faites vos compliments.
THOMAS DIAFOIRUS est un grand benêt nouvellement sorti des écoles, qui fait
toutes choses de mauvaise grâce et à contretemps.)
N'est-ce pas par le père qu'il convient de commencer.
MONSIEUR DIAFOIRUS
Oui.
THOMAS DIAFOIRUS
Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir et révérer en vous un second père, mais
un second père auquel j'ose dire que je me trouve plus redevable qu'au premier. Le
premier m'a engendré; mais vous m'avez choisi. Il m'a reçu par nécessité; mais vous
m'avez accepté par grâce. Ce que je tiens de lui est un ouvrage de son corps; mais ce
que je tiens de vous est un ouvrage de votre volonté; et, d'autant plus que les facultés
spirituelles sont au-
dessus des
corporelles, d'autant
plus je vous dois, et
d'autant plus je
tiens précieuse
cette future filiation,
dont je viens
aujourd'hui vous
rendre, par avance,
les très humbles
et très
respectueux
hommages.
TOINETTE
Vivent les collèges d'où l'on sort si habile homme!
THOMAS DIAFOIRUS
Cela a-t-il bien été, mon père?
MONSIEUR DIAFOIRUS
Optime.
ARGAN, à Angélique.
Allons, saluez monsieur.
THOMAS DIAFOIRUS
Baiserai-je?
MONSIEUR DIAFOIRUS
Oui, oui.
THOMAS DIAFOIRUS, à Angélique.
Madame, c'est avec justice que le ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque
l'on...
ARGAN
Ce n'est pas ma femme, c'est ma fille à qui vous parlez.
THOMAS DIAFOIRUS
Où donc est-elle?
ARGAN
Elle va venir.
THOMAS DIAFOIRUS
Attendrai-je, mon père, qu'elle soit venue?
MONSIEUR DIAFOIRUS
Faites toujours le compliment de mademoiselle.
THOMAS DIAFOIRUS
Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux
lorsqu'elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé
d'un doux transport à l'apparition du soleil de vos beautés et, comme les naturalistes
remarquent que la fleur nommée héliotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour,
aussi mon coeur dores-en-avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants
de vos yeux adorables, ainsi que vers son pôle unique. Souffrez donc, mademoiselle,
que j'appende aujourd'hui à l'autel de vos charmes l'offrande de ce coeur qui ne
respire et n'ambitionne autre gloire que d'être toute sa vie, mademoiselle, votre très
humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et mari.
TOINETTE, en le raillant.
Voilà ce que c'est que d'étudier! on apprend à dire de belles choses.
ARGAN
Eh! que dites-vous de cela?
CLEANTE
Que monsieur fait merveilles et que, s'il est aussi bon médecin qu'il est bon orateur, il y
aura plaisir à être de ses malades.
TOINETTE
Assurément . Ce sera quelque chose d'admirable, s'il fait d'aussi belles cures qu'il fait de
beaux discours.

Texte 2
Le Malade imaginaire
Acte III, Scène 12

Scène 12 - BELINE, TOINETTE, ARGAN, BERALDE

TOINETTE
Ah! mon Dieu! Ah! malheur! Quel étrange accident!

BELINE
Qu'est-ce, Toinette?

TOINETTE
Ah! madame!

BELINE
Qu'y a-t-il?

TOINETTE
Votre mari est mort!

BELINE
Mon mari est mort?

TOINETTE
Hélas! oui; le pauvre défunt est trépassé.

BELINE
Assurément?

TOINETTE
Assurément; personne ne sait encore cet accident-là, et je me suis trouvée ici
toute seule. Il vient de passer entre mes bras. Tenez, le voilà tout de son long
dans cette chaise.

BELINE
Le ciel en soit loué! Me voilà délivrée d'un grand fardeau. Que tu es sotte,
Toinette, de t'affliger de cette mort!

TOINETTE
Je pensais, madame, qu'il fallût pleurer.

BELINE
Va, va, cela n'en vaut pas la peine. Quelle perte est-ce que la sienne? et de quoi
servait-il sur la terre? Un homme incommode à tout le monde, malpropre,
dégoûtant, sans cesse un lavement ou une médecine dans le ventre, mouchant,
toussant, crachant toujours; sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur,
fatiguant sans cesse les gens, et grondant jour et nuit servantes et valets.

TOINETTE
Voilà une belle oraison funèbre!

BELINE
Il faut, Toinette, que tu m'aides à exécuter mon dessein; et tu peux croire qu'en
me servant ta récompense est sûre. Puisque, par un bonheur, personne n'est
encore averti de la chose, portons-le dans son lit, et tenons cette mort cachée,
jusqu'à ce que j'aie fait mon affaire. Il y a des papiers, il y a de l'argent, dont je
me veux saisir; et il n'est pas juste que j'aie passé sans fruit auprès de lui mes
plus belles années. Viens, Toinette; prenons auparavant toutes ses clefs.

ARGAN, se levant brusquement.


Doucement!

BELINE, surprise et épouvantée.
Ahi!

ARGAN
Oui, madame ma femme, c'est ainsi que vous m'aimez!

TOINETTE
Ah! ah! le défunt n'est pas mort!

ARGAN, à Béline, qui sort.


Je suis bien aise de voir votre amitié et d'avoir entendu le beau panégyrique que
vous avez fait de moi. Voilà un avis au lecteur qui me rendra sage à l'avenir, et
qui m'empêchera de faire bien des choses.

BERALDE, sortant de l'endroit où il s'était caché.


Eh bien, mon frère, vous le voyez.

TOINETTE
Par ma foi, je n'aurais jamais cru cela. Mais j'entends votre fille. Remettez-vous
comme vous étiez, et voyons de quelle manière elle recevra votre mort. C'est
une chose qu'il n'est pas mauvais d'éprouver; et, puisque vous êtes en train,
vous connaîtrez par là les sentiments que votre famille a pour vous.

Parcours associé: spectacle et comédie


Lecture analytique
le mariage de Figaro de Beaumarchais

Acte I

Le théâtre représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de malade


est au milieu. Figaro, avec une toise, mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête,
devant une glace, le petit bouquet de fleurs d'orange, appelé chapeau de la mariée.

Scène I

FIGARO, SUZANNE

FIGARO. Dix-neuf pieds sur vingt-six.

SUZANNE. Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau ; le trouves-tu mieux ainsi ?

FIGARO lui prend les mains. Sans comparaison, ma charmante. Oh ? que ce joli
bouquet virginal, élevé sur la tête d'une belle fille, est doux, le matin des noces, à l'oeil
amoureux d'un époux !...

SUZANNE se retire. Que mesures-tu donc là, mon fils ?

FIGARO. Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne
aura bonne grâce ici.

SUZANNE. Dans cette chambre ?

FIGARO. Il nous la cède.

SUZANNE. Et moi, je n'en veux point.

FIGARO. Pourquoi ?

SUZANNE. Je n'en veux point.

FIGARO. Mais encore ?

SUZANNE. Elle me déplaît.

FIGARO. On dit une raison.

SUZANNE. Si je n'en veux pas dire ?

FIGARO. Oh ! quand elles Sont sûres de nous !

SUZANNE. Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort. ES-tu mon
serviteur, ou non ?
FIGARO. Tu prends de l'humeur contre la chambre du château la plus commode, et qui
tient le milieu des deux appartements. La nuit, si Madame est incommodée, elle
sonnera de son côté ; zeste, en deux pas tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque
chose ? il n'a qu'à tinter du sien ; crac, en trois sauts me voilà rendu.

SUZANNE. Fort bien ! Mais quand il aura tinté le matin, pour te donner quelque bonne
et longue commission, zeste, en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois sauts...

FIGARO. Qu'entendez-vous par ces paroles ?

SUZANNE. Il faudrait m'écouter tranquillement.

FIGARO. Eh, qu'est-ce qu'il y a ? bon Dieu !

SUZANNE. Il y a, mon ami, que, las de courtiser les beautés des environs, monsieur le
comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c'est sur la
tienne, entends-tu, qu'il a jeté ses vues, auxquelles il espéra que ce logement ne nuira
pas. Et c'est ce que le loyal BAZILE, honnête agent de ses plaisirs, et mon noble maître
à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon.

FIGARO. BAZILE ! ô mon mignon, si jamais volée de bois vert appliquée sur une échine,
a dûment redressé la moelle épinière à quelqu'un...

SUZANNE. Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu'on me donne était pour les beaux
yeux de ton mérite ?

FIGARO. J'avais assez fait pour l'espérer.

SUZANNE. Que les gens d'esprit sont bêtes!

FIGARO. On le dit.

SUZANNE. Mais c'est qu'on ne veut pas le croire.

FIGARO. On a tort.

SUZANNE. Apprends qu'il la destine à obtenir de moi secrètement certain quart


d'heure, seul à seule, qu'un ancien droit du seigneur... Tu mis s'il était triste ?

FIGARO. Je le sais tellement, que si monsieur le Comte, en se mariant, n'eût pas aboli.
ce droit honteux, jamais je ne t'eusse épousée dans ses domaines.

SUZANNE. Eh bien, s'il l'a détruit, il s'en repent; et c'est de ta fiancée qu'il veut le
racheter en secret aujourd'hui.

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