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UNIVERSITE DE MEDEA ANNEE 2021 – 2022

Faculté des lettres et des langues


Département de français

2ème année Licence

MATIERE :

ETUDE DE TEXTES

EXERCICES

• Connotation et dénotation
• Le ton du texte

ENSEIGNANT

LAFRID SAHRAOUI

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I. Connotation et dénotation

Exercice 1

Voici des phrases avec des noms d’animaux. Tantôt, ces mots ont une simple
valeur dénotative, tantôt ils une connotation. Répartissez les phrases suivant
ce critère.

1) Nous avons couru côte à côte, deux beaux chevaux à un même char.
2) La lande devait avoir trois ou quatre lieus dans le sens où ils la traversaient.
Du haut des chevaux, ils dominaient la végétation basse.
3) Et d’abord les yeux de Fabrice furent attirés vers une des fenêtres du second
étage, où se trouvaient dans de jolies cages, une grande quantité d’oiseaux de
toute sorte. Fabrice s’amusait à les entendre chanter, et à les voir saluer les
derniers rayons du crépuscule du soir tandis que les geôliers s’affairaient
autour de lui.
4) Les oiseaux qui explorent l’eau peu profonde ont des pattes très allongés.
5) On n’imagine pas le nombre de chiens qu’il peut y avoir en France.
6) Ah ! garce, je t’en donnerais moi des chiens-chiens, des robes Chanel, des airs
de ne pas s’apercevoir que j’existe !
7) Nous pouvions tuer une mouche, un taon, une guêpe ; mais quand une abeille
entrait dans la pièce, familière et pareille elle- même à une goutte de miel,
nous la suivons d’un regard ravi.
8) Elles (les mouches) pondent du plafond comme des grappes de raisins noirs, et
ce sont elles qui noircissent les murs ; elles se glissent entre les lumières et
mes yeux, et ce sont leurs ombres qui me dérobent ton visage.

Exercice 2

L’amour est souvent représenté par un chérubin ailé qui recherche ses
« victimes », un arc à la main. Relevez d’une part les termes qui évoquent la
recherche, d’autre part ceux évoqués par la flèche du désir amoureux. Quel
procédé fait l’intérêt de ce texte, la dénotation ou la connotation.

La fille du mareyeur ne joue plus à courir. Elle a quatorze ans et en revenant de


l’école, belle et forte comme une femme, elle fouille dans le casier roulant du libraire.

Ce soir que je cherchais aussi, ses yeux se sont plantés si droit que j’ai choisi sans trop
savoir un traité sur l’acupuncture. Elle sur les avions. Nous avons payés des livres
sans titre et j’ai tenu la porte. Elle m’a remercie d’un sourire. Nos chemins ne peuvent
aller qu’en sens inverse. Mais je marche comme un homme soûl.

Georges I. Godeau, Votre vie m’intéresse

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Exercice 3

Deux bonnes, Claire et Solange, s’apprêtent à empoisonner leur patronne. Le


poison est dans la tasse de tilleul. Relevez toutes les connotations funéraires. A
qui sont- elles destinées ? Quel est leur effet ?

CLAIRE, seule, avec amertume. Madame nous enveloppait de sa bonté. Madame


nous permettait d’habitait ensemble, ma sœur et moi. Elle nous donnait les petits
objets dont elle ne se sert plus. Elle supporte que le dimanche nous allions à la messe
et nous nous placions sur un prie-Dieu près du sien.
Voix de Madame, en coulisse. Ecoute ! Ecoute !
CLAIRE. Elle accepte l’eau bénite que nous tendons et parfois, du bout de son gant,
elle nous en offre !
Voix de Madame, en coulisse. Le taxi ! Elle arrive. Hein ? Que dis- tu ?
CLAIRE, très fort. Je me récite les bontés de Madame.

MADAME, elle rentre, souriante. Que d’honneurs ! Que d’honneurs !... et de


négligence. (Elle passe la main sur le meuble.) Vous le chargez de roses, mais
n’essuyez pas les meubles.
CLAIRE. Madame n’est pas satisfaite du service ?
MADAME. Mais très heureuse, Claire. Et je pars !
CLAIRE. Madame prendra un peu de tilleul, même s’il est froid.
MADAME, riant, se penche sur elle. Tu veux me tuer avec ton tilleul, tes fleurs, tes
recommandations. Ce soir…
CLAIRE. Implorant. Un peu seulement…
MADAME. Ce soir je boirai du champagne. (Elle va vers le plateau de tilleul).
(Claire remonte lentement vers le tilleul.) Du tilleul ! Versé dans le service de gala !
Et pour quelle solennité !

Jean Grenet, Les Bonnes

Exercice 4

Le paysage décrit dans ce texte, d’abord connoté positivement, devient soudain


angoissant. Relevez les deux séries de connotations. Indiquez où se fait la
transition.

C’était la saison où pendant quelques jours la campagne charentaise est parsemée de


taches blondes : carrés de blés murs d’un seul bloc jaune, champs d’avoine, dont la
surface de pâle mousseline laisse voir en transparence des dessous roses ou verts, et
que surmonte un bel arbre rond qui baigne dans les épis. Et puis des peupliers au bord
d’un pré, des champs de vignes et leurs longues tresses de feuillage bien ordonnées,
des routes blanches comme les maisons. Plaine variée, onduleuse, qui fait surgir d’un
mouvement harmonieux des échappées bleuâtres sur les coteaux.

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Après Angoulême, le train sembla haleter sur une voie montante. M. Pommerel quitta
la banquette de son compartiment de seconde classe et, se tenant debout, sa main
gantée sur le barreau de la portière où le vent agitait des rideaux fanés, il regarda la
montueuse, toute couverte de prairies entourées de haies et d’arbres ébranchés, réduits
à un tronc tordu, au panache effiloché, où les feuilles repoussent comme une maladie :
et il suivit un moment des yeux une étroite rivière luisante et sombre entre les prés.

Chardonne, Les Destinées Sentimentales

II. Le ton du texte

Exercice 1

Dans le poème suivant, que pense V. Hugo de sa propre jeunesse ? À quoi le


voyez- vous ? Quel est le ton employé ?

La coccinelle
« Elle me dit : Quelque chose
Me tourmente. » Et j’aperçus
Son coup de neige, et, dessus,
Un petit insecte rose.

J’aurai dû – mais, sage ou fou,


A seize ans on est farouche, -
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l’insecte à son cou.

On eût dit un coquillage ;


Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche fraîche était là : -


Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle ;
Mais le baiser s’envola.
« Fils apprends comme on me nomme »,
Dit l’insecte du ciel bleu,
« Les bêtes sont au bon Dieu ;
Mais bêtise est à l’homme. »
Hugo, Les Contemplations

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Exercice 2

Oreste, parce qu’il aime Hermione, accepte de tuer l’amant qui la dédaigne. Mais
Hermione, lui reproche ensuite le meurtre commis et se tue. Oreste crie son désespoir
sur deux tons mêlés. Les quels ? Justifiez votre réponse.

« Grâce aux dieux ! mon malheur passe mon espérance !


Oui, je te loue, o ciel, de ta persévérance !
Appliqué sans relâche au soin de me punir,
Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ;
Ta haine a pris plaisir à former ma misère ;
J’étais né pour servir d’exemple à ta colère,
Pour être du malheur un modèle accompli.
Hé bien je meurs content, et mon sort est rempli.
Où sont ces deux amants ? Pour couronner ma joie,
Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie ;
L’un et l’autre en mourant je les veux regarder :
Réunissons trois cœurs qui n’ont pu s’accorder… »
Racine, Andromaque
Exercice 3

Dans le texte suivant, quel est le ton du deuxième paragraphe ? Justifiez votre
réponse. Quel est le ton que des Grieux, l’amant désespéré, refuse d’adopter ? A
quoi le voit- on ? Pourquoi n’adopte t-il pas ce ton ?
Pardonnez, si j’achève en peu de mot un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur
qui n’eut jamais d’exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le
porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d’horreur, chaque fois
que j’entreprends de l’exprimer.
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse
endormie et je n’osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son
sommeil. Je m’aperçu, dès le point du jour, en touchant ses mains qu’elle les avait
froides et tremblantes. Je les approchais de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce
mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d’une voix faible,
qu’elle se croyait à la dernière heure. Je ne pris d’bord ce discours que pour un
langage ordinaire dans l’infortune, et je n’y répondis que par les tendres consolations
de l’amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement
de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes, me firent connaître
que la fin de ses malheurs approchait.
N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses
dernières impressions. Je la prédis ; je reçus d’elle des marques d’amour, au moment
même qu’elle expirait. C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et
déplorable événement.
Abbé ¨Prévost, Manon Lescaut

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Exercice 4

Lisez d’abord les deux paragraphes du texte suivant. Quel en est le ton ?
Justifiez votre réponse. Lisez maintenant les deux derniers paragraphes : sur
quel ton le texte se termine t-il ? Quel est le mot à double sens qui facilité le
passage d’un ton à l’autre ?

L’extase
La nuit était venue, la lune émergeait de l’horizon, étalant sur le pavé bleu du ciel sa
robe couleur souffre.
J’étais assis près de ma bien- aimée, oh ! bien près ! Je serrais ses mains, j’aspirai la
tiède senteur de son cou, le souffle enivrant de sa bouche, je me serrais contre son
épaule, j’avais envie de pleurer ; l’extase me tenait palpitant, éperdu, mon âme volait
à tire d’aile sur la mer de l’infini.
Tout à coup elle se leva, dégagea sa main, disparut dans la charmoie, et j’entendis
comme un crépitement dans la feuillée.
Le rêve délicieux s’évanouit… ; je retombais sur la terre, sur l’ignoble terre. O mon
Dieu ; c’était donc vrai, elle, la divine aimée, elle était, comme les autres, l’esclave de
vulgaires besoins !
Huysmans, A rebours

Exercice 5

Dans le texte suivant, le comique repose sur un mot, lequel ? Analysez les
malentendus sur les mots. Puis, à votre tour, bâtissez un court dialogue dont le
comique naîtra d’un mot mal compris.

BELISE
Veux- tu toute ta vie offenser la grammaire ?
MARTINE
Qui parle d’offenser grand-mère ni grand père
PHILAMINTE
O Ciel !
BELISE
Grammaire est prise à contre- sens par toi,
Et je t’ai dit d’où vient ce mot.
MARTINE
Ma foi !
Qu’il vienne de Chaillot, d’Auteuil, ou de Pantoise,
Cela ne fait rien
BELISE
Quelle âme villageoise !
La grammaire, du verbe et du nominatif,
Comme de l’adjectif avec le substantif,

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Nous enseigne les lois.
MARTINE
J’ai Madame à vous dire
Que je ne connais pas ces gens- là !
PHILAMINTE
Quel martyre !
BELISE
Ce sont les noms des mots, et l’on doit regarder
En quoi c’est qu’il les faut faire ensemble accorder.
MARTINE
Qu’ils s’accordent entr’eux, ou se gourment, qu’importe ?
Molière, Les Femmes savantes

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Références bibliographiques

ADAM J.-M. (1999) : Linguistique textuelle. Des genres de discours aux textes,
Nathan Université, Paris.
BAKHTINE M. (1984) : Les genres du discours, dans Esthétique de la création
verbale, Le Seuil, Paris.
BEACCO J.-C. (2000) : Les dimensions culturelles des enseignements de langue, col.
F., Hachette, Paris.
BEACCO J.-C. (1988) : Parlez- lui d’amour. Le français des relations amoureuses,
CLE, Paris.
COSTE D. (1978) : « Lecture et compétence de communication », Le français dans le
monde, n° 141, p.25-34.
KERBRAT-ORECCHIONI C.(1990) : Les interactions verbales, tome1, Colin, Paris.
MAINGUENEAU. (1998) : Analyser les textes de communication, Dunod, Paris.
LAFRID S., (2015), Pour une réelle compétence générique et textuelle en production
écrite chez les élèves du secondaire en Algérie. Quels rapport à l’écriture ?,
http://revues.clermont-universite.fr/index.php/Signifiances/article/view/124
LAFRID S., (2017), « Pour un enseignement apprentissage du français par
l’évaluation dynamique : cas des étudiants de 1ère année FLE, revue Recherches en
didactique des langues et cultures : Cahiers de l’Acedle, volume 15, 2018. Université
François Rabelais, Tours. https://rpdp2017.sciencesconf.org/resource/page/id/36
LAFRID S., (2017), https://youtu.be/0_8yqZz0kXU
LAFRID S., (2019), https://eapril.org/sites/default/files/2020-04/Proceedings2019_3.pdf
PUREN C. (1994) : La didactique des langues à la croisée des méthodes. Essai sur
l’éclectisme, col. Essais, Editions Didier, Paris.
REUTER Y. (2000) : La description. Des théories à l’enseignement-apprentissage,
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VIGNER G. (1982) : Ecrire, CLE international, Paris.

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