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Lecture et commentaire : dénonciation

de la guerre

Par Agathe 4 juillet 2010

« Rien n'était si beau (…) l'avaient traité de même ».

Voltaire consacre le chapitre 2 au fonctionnement quotidien de l'armée : enrôlement,

entraînement des soldats, discipline, sanction... La guerre apparaît au chapitre 3 et met en

valeur la fameuse description des deux armées. Candide va assister à la grande bataille

entre le Roi de France et le roi de Prusse travestis respectivement en roi des Abares et des

Bulgares. Alors que le texte apparaît comme un éloge de l'armée et du combat, l'ironie et

le réalisme en font un violent réquisitoire contre la guerre.

→ Comment l'ironie, en transformant la guerre en spectacle, dénonce-t-elle la folie des

hommes ?
I : Un discours apparemment favorable à la guerre.

1 : Un registre épique au service de l'éloge.

2 : Une vision esthétique de la bataille ( une parade, une fête ).

3 : Justification de la guerre par diverses considérations.

4 : Minimisation du caractère meurtrier de la guerre.

II : Un discours en réalité accusateur.

1 : Une succession de clins d'oeil ironiques qui créent un décalage.

2 : La représentation macabre et pathétique des victimes ( cf : réalisme ) : guerre horrible

et absurde.

3 : Satire de la lâcheté de Candide et des Philosophes / Satire des pouvoirs politiques et

religieux.

I:

1 – NB : l'épique est un registre caractérisé par l'amplification des êtres et des choses

grâce à l'hyperbole et parfois à l'intervention du merveilleux. L'histoire aussi bien que les

personnages font l'objet d'une simplification de nature symbolique.

L'amplification est un procédé littéraire qui consiste à développer une idée pour lui

donner plus d'éclat et de force ou de portée.

Le discours développée semble favorable à la guerre de par le registre épique utilisé pour

en faire l'éloge : on note un grand nombre d'occurrences en relation avec le héros :

« héroïque », « les héros », « quelques héros ». La description des actions en relation avec
la guerre participe de cette dimension épique « renverser, « ôter », « aller », « gagner ».

Enfin, les hyperboles chi!rées « six mille », « dix mille », « quelques milliers », « trentaine de

mille »... Ainsi que l'utilisation des pluriels et des nombreuses énumérations renforcent la

dimension hyperbolique du discours.

2 – Justifications morales : le terme religieux « te deum » est utilisé pour accompagner la

préparation à la guerre et donc pour légitimer en quelque sorte l'acte guerrier ( ligne 13 ).

Justification philosophiques : le raisonnement accrédite la guerre comme l'indique la

! Rechercher
reprise d'un terme de philosophie de Leibniz « la raison est su"sante » ( ligne 7 ), « des

e!ets et des causes » ( ligne 14 ), « meilleur des mondes » = formule de Pangloss.

Justification d'ordre légal : « droit public » ( ligne 17 ) = l'acte guerrier est une fois de plus
musique
légitimé par une référence au droit international qui régit les relations entre états.

Langues
3 – Une vision esthétique de la bataille : une parade, une fête.

La présence d'un lexique évaluatif conséquent donne à la description de la guerre une


Scolaire
dimension esthétique : c'est une sorte de parade, de fête. Un grand nombre de termes

laudatifs sont utilisées « beau, leste, brillant, ordonné » ( ligne 1 ) associés à l'intensif « si »

de la première phrase. Musique

Une guerre sur un fond musical : l'harmonie auditive est suggérée par des instruments de
Informatique
musique associés au canon : « trompettes, fifres, hautbois, tambour » / « canon ». ( ligne 2

et 3 ).
Sport & danse
On en vient même à se demander si on n'a pas a!aire à un jeu de quilles : « les canons se

renversèrent ». Ceci attribue peu d'importance à la vie humaine.


Art & loisir

La description qui est faite de la guerre a donc une connotation laudative complétée par

une justification de la guerre et une minimisation de ses conséquences.


4 – Minimisation meurtrier de la guerre.
Développement personnel
La guerre est présentée sous ses « avantages » : elle « nettoierait » du « mauvais ». On peut

en juger par le vocabulaire dépréciatif utilisé pour désigner les victimes : « coquins » ( ligne

6 ), « infecter » ( ligne 7 ).

Enfin, la vision de la guerre passe par cet euphémisme assez choquant : « ôta du meilleur

des mondes ». L'acte est présenté de façon atténuée, et non pas dans sa dimension

cruelle.

II : 1 – Une succession de clins d'oeil ironiques.

L'utilisation du registre épique est détournée : les héros sont des violeurs, l'action

« héroïque » est en fait « une boucherie ». ( voir « boucherie héroïque » ).

On note aussi les antiphrases « si beau, si leste... » ( voir l'accumulation d'adjectifs qui vise

aussi le ridicule par l'exagération ), « harmonie », « meilleur des mondes » ( alors qu'il s'agit

d'une scène de bataille ! ).

= l'ensemble de ces procédés basé sur antiphrase et oxymore, confère au texte un

registre ironique qui vise à ridiculiser la situation en soulignant volontairement le caractère

absurde de la scène.

2 – La représentation macabre et pathétique des victimes ( cf : réalisme ) : une guerre

horrible et absurde.

On relève d'abord le caractère hyperbolique des données chi!rées : nombre de tués

dans le premier paragraphe, considérable pour l'époque « trentaine de mille ». ( ligne 9 ).

Les victimes sont par ailleurs « femmes, enfants et vieillards » . C'est donc un massacre

d'innocents, des victimes avant tout vulnérables.

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