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Si La Fontaine s’inspire de l’Antiquité et notamment du poète grec Esope, ces fables illustrent

bien les tensions présentes à son époque. Ainsi, « le Lion et le Moucheron » illustre avec humour la
fragilité du pouvoir royal. La légèreté apparente du propos cache une vision profonde de l’état. La
Fontaine tente-t-il à travers cet apologue de justifier la monarchie absolue telle qu’elle existait sous
Louis XIV ?

Nous analyserons d’abord le caractère comique de la fable avant de nous pencher sur sa
signification allégorique. Enfin, nous réfléchirons à la double morale, en nous intéressant au contexte
historique. « Si tu veux la paix, prépare la guerre ».

I. Parodie de l’épopée

A) Division du texte en deux parties bien distinctes.


Première strophe, discours narratif plutôt humoristique avec 2 animaux comme
protagonistes.
5 derniers vers : présence d’un narrateur qui s’adresse à un public ou au lecteur
(« nous »), on s’écarte brutalement du registre comique. Le narrateur tente de dégager une
vérité de l‘histoire. ( présent de vérité générale)
Focalisation sur le caractère comique (division en plusieurs parties du texte narratif).
B) Caractérisation des personnages
le Moucheron : « chétif insecte » «  excrément de la terre », « Moucheron »
Devient durant la bataille « le trompette » « le héros », héros terme qui désigne
Achille dans « l’Iliade » « avorton de mouche » « l’invisible ennemi »
Contraste entre le moucheron d’un côté et sa caractérisation grandiloquente
Mouvement inverse avec le lion qui répond au début « au titre de Roi » puis devient
durant la bataille  un simple « quadrupède » et enfin le groupe nominal « la bête
irritée»

Cette caractérisation peu nuancée, hyperbolique, produit un effet comique, encore


accentuée par le registre épique utilisé par l’auteur dans un sens parodique

C) Le registe épique parodiée

Première partie parfaitement symétrique : dialogue au discours direct qui rappelle


l’iliade d’Homère. On fait parler les deux belligérants,

Champ lexical de l’héroïsme pour qualifier le moucheron: triomphe, héros, le


trompette, sonner la charge, se retire avec gloire

Termes techniques militaires : embuscade, mettre en sang,


Confusion des temps : passé simple et présent historique, donne une certaine vivacité
au récit. Domination des octosyllabes, hémistiche. Effet burlesque produit par cette parodie du
registre épique

II. Allégorie de la guerre ( figure de rhétorique ; description récit dont on tire par analogie un
enseignement abstrait)

A) Personnification des animaux. Ils parlent. Discours direct. On peut imaginer que le Lion,
c’est l’armée royale et le moustique, une armée de moindre importance, (celle d’un un état plus petit,
par ex). L’accumulation des verbes d’action durant la bataille, donne le sentiment que le moucheron
n’est pas seul, qu’il représente toute une armée.

B) Image de la guerre civile ; Ce n’est pas une image classique de la guerre ( deux lions qui
s’opposent). Ici, il s’agit d’un sujet du Roi des animaux, victime de l’un de ses sujets. Le
lions’autodétruit. Le moucheron se contente d’affoler le roi Evocation des sons « sonne la charge »
etc. Cette charge est renforcée, illustrée, par des vers très rythmés : alexandrin et octosyllabes, rimes
embrasséee et croisées, etc. Le son a une grande importance. Le lion rendu fou par le moucheron finit
par se détruire lui-même « Le malheureux Lion se déchire lui-même »

C) Violence extrême de la guerre. Il n’y a pas de vainqueur. Les deux protagonistes


disparaissent à la fin du conte. Brutalité de la disparition du moucheron en deux vers, contraste avec la
bataille au registre épique.

Présence de « On » « On tremble », le pronom personnel désigne les autres animaux qui ne
participent pas au combat (la population civile)mais craignent pour leur vie. La guerre est avant tout
violence…

III. La double Morale de la Fontaine

A) Point de vue du narrateur, quasi pédagogue… ton sérieux, présent de vérité générale. Le
narrateur donne son point de vue. Le ton sérieux de la fin s’oppose au caractère comique de la
première partie. Double morale : finalement il faut se méfier des grand comme des petits. La
structure lourde (4 alexandrins et 1 octosyllabe) donne une certaine gravité au propos. A
travers ce procédé le rythme ralentit. La morale est inquiétante : il faut se méfier des plus
petits et toujours se préparer à être agressé « Si tu veux la paix, prépare la guerre » proverbe
romain
B) A travers cette fable en apparence légère, La Fontaine défend la monarchie absolue.
Louis XIV laisse peu de liberté à ses sujets. Allusion à la Fronde (1648- 1653) qui a lieu
durant la minorité de Louis XIV

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