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Analyse Linéaire n°1 :

Jean de La Fontaine, Les obsèques de la


lionne

Introduction :
La Fontaine célèbre fabuliste, il a écrit quatre recueils de
fables. Nous sommes dans le 2ème recueil, c’est-à-dire dans les
livres 7 à 11 paru en 1678. La Fontaine a renouvelé la fables
(depuis l’antiquité : Ésope, Pilpay). Les 1ères fables sont écrites pour
des enfants : le dauphin et le duc de bourgogne. Au livre 8 les
fables sont plus longues et plus graves, Les obsèques de la lionne a
été inspiré de Abstémius (fabuliste italien), il illustre la comédie du
pouvoir à travers une satire de la cour et du roi absolu. C’est une
comédie ne trois actes qui raconte la ruse d’un cerf pour
échapper à la cruauté royale
Nous nous intéresserons ici au 1er acte qui constitue la cérémonie
des obsèques suivi discours du fabuliste.
Nous lettrons en lumières comment par sa variété fables
permet une critique efficace de la cour et du pouvoir.

Mouvements du texte :

➢ Vers 1 à 16 : La cérémonie et la comédie du deuil


➢ Vers 17 à 23 : Discours du fabuliste sur la cour
Linéaire :
Ier mouvement : la cérémonie et la comédie du deuil

L’exposition est très rapide, in medias res, les vers 1,2,3 ce sont des
octosyllabes, les 2 premiers verbes sont au passé simple et La
Fontaine varient les tonalités, tonalité tragique de la mort (mourut)
et humour des animaux anthropomorphes (périphrase), de plus
elle a diérèse sur « lion » et la majuscule donne de l'importance à
ce mot et mime la majesté du pouvoir. Au vers 2 le verbe «
accouru » montre un empressement et l'adjectif « chacun »
montre que c’est tous les courtisans. Le vers 3 est une
subordonnée circonstancielle de but dans le verbe « s'acquitter »
montre une obligation, un devoir. Le mot « Le prince » reprend le
mot « lion » au vers 1 (terme employé par les humanistes du 16e
siècle pour désigner le roi). Le mot est mis en valeur a la rime et
rime avec « province ». La fontaine passe à l'alexandrin qui est
rallongé par la diérèse « consolation ». Les compliments sont des
condoléances l'adjectif « certains » vient mimer le caractère
hypocrite des courtisans. « Consolation » viens rimer avec affliction
au vers 5 (avec diérèse) qui est précédé du mot « surcroît » qui
montre que les courtisans en fond de trop et que leur peine est
donc surjouée. Aux vers 6 à 10, la satire se poursuit avec le prince
qui au lieu d'être absorbé par le chagrin se consacre à
l'organisation des obsèques, le déterminant possessif « sa » et la
rime « Province » et « prince » souligne la démonstration de
puissance du monarque absolu. « Province » étant une métonymie
pour désigner la France entière que les obsèques se feraient un tel
jour. Les vers sont en enjambement (vers 6 et 7) pour montrer
l'autorité du roi et le caractère officiel des obsèques le vers se
termine par un futur « se ferait » (vers 6) une date et un jour précis.
Au vers 8 dans un alexandrin rythmé 3/3//6. Les prévôts sont des
officiers royaux qui expriment implicitement la menace d'un
pouvoir policier qui contrôle le bon déroulement de la cérémonie ;
le parallélisme des deux compléments circonstanciels de but
« pour régler » ; « pour placer » donne à voir le poids de l'étiquette
dans une société de cours totalement sous contrôle. Au vers 11,
l'ironie du fabuliste dans l'impératif « jugent » interpellant le lecteur
qui sait qu'il y a obligation de paraître à la cour et que personne
ne peut s'y soustraire. Aux vers 12 et 13 il y a un spectacle
ostentatoire du chagrin du lion le verbe « s'abandonna » suggère
le jeu d'un comédien qui se donne en spectacle ; les notations
auditives « les cris » et le verbe « résonne » plus l'hyperbole « toute
son antre » fond entendre un vacarme à la fois effrayant et
ridicule à la place des pleurs sincères. Au vers 14 le mot « temple »
(connotation sacrée) s’oppose à l’antre : vocabulaire animalier.
Aux vers 15 et 16, le vers 15 commence par le pronom indéfini
« on » dans lequel s’inclut La Fontaine pour critiquer les courtisans ;
ainsi le verbe « rugir » (verbe animalier) vient remplacer « les cris »
(humain) du roi. Au vers 12 pour montrer que les courtisans
adoptent le rugissement du lion et donc qu'ils imitent un langage
qui n'est pas le leur. Le mot « patois » désigne le parler local de
chaque courtisan et c'est un mot trivial qui renvoie au domaine de
la farce. En mélangeant les références humaines et animalière le
narrateur fait entendre une cacophonie comique qui ridiculise les
courtisans.
IIème mouvement : le discours du fabuliste sur la cour
Au vers 17 le fabuliste interrompt le récit de sa fiction comme dans
un entracte et s'exprime à la première personne il vient remplacer
le récit à la 3e personne. Son intention est didactique. Il utilise un
verbe de pensée « je définis ». D'ailleurs il utilise 3 présents de vérité
générale « définis », « sont » et « tâche » : Jean de La Fontaine
propose ici en moraliste une définition et une critique audacieuse
et non voilée du monde de la cour. Le vers 18 fais se suivre les
adjectifs « triste », « gaie » suivi d'une hyperbole, dans un premier
hémistiche au rythme saccadé 2/1/3//6 pour montrer la versatilité
des courtisans qui ne font qu'imiter le roi ; sans toujours y parvenir.
Au vers 19 et 20, le verbe « paraître » montre bien qu'il est seul
contre les apparences. Au vers 21 le fabuliste se sert de 2
animaux : le caméléon qui est un reptile qui se fond dans le décor
et le singe qui a le pouvoir d'imitation. Ce sont deux métaphores
péjoratives et animalières qui se poursuivent au vers suivant par
une image monstrueuse « un esprit anime mille corp » pour monter
que tous les courtisans pensent la même chose ; ce sont des
marionnettes, sans penser autonome. Au vers 23 le poète donne
une image mécanique de ces hommes avec l'image du ressort, la
tournure « c'est bien là que les gens sont de simples ressorts » forme
présentative qui créer une connivence avec le lecteur qui
partage la même idée que l'auteur et nous prépare donc au
revirement final de lavable ou la cour crie au miracle après le
discours du cerf.
Conclusion :

Ainsi, nous avons pu voir comment en utilisant à la fois du récit, de


la fiction et du discours, le moraliste est au cœur même de sa
fable Jean de La Fontaine fait le procès de la cour et du pouvoir. Il
réinvente le genre de la fable (ici le latin : Abstémius) et lui donne
une véritable dignité littéraire en la haussant au niveau de la satire
politique et morale invitant les puissants à la modernisation et à la
sagesse. Par son une esthétique de la variété (hétéronormétrie,
alternance récit-discours, références humaines et animalières,
registre comique et tragique) il parvient toujours à maintenir en
éveil l'attention de son lecteur.

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