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Analyse linéaire, étude linéaire, commentaire linéaire « J’aime l’araignée… », Les

Contemplations, Victor Hugo, 1856. 


(Ceci n’est pas un modèle, mais un exemple. Vos réflexions personnelles peuvent mener à d’autres
pistes de lecture.)
Introduction:

Victor Hugo est l’une des grandes figures du romantisme au XIXème siècle. Auteur
de pièces de théâtre (Hernani), romancier à succès (Les Misérables, Notre-Dame de
Paris), écrivain engagé (contre la peine de mort, Dernier jour d’un condamné), il
s’impose aussi comme un des plus grands poètes de son temps. Son recueil Les
Contemplations est publié en 1856 pendant son exil sur les îles anglo-normande de
Jersey et Guernesey sous le règne de Napoléon III, et porte beaucoup sur la mort de
sa fille Léopoldine.(accroche avec informations sur l’auteur)
Le recueil est composé en deux grandes sections « Autrefois » et « Aujourd’hui ». Le poème «
J’aime l’araignée… » se situe dans la première section, dans le Livre III intitulé « Les luttes et les
rêves » qui en appellent à la compassion et à la considération de la misère. Il est construit en sept
quatrains, avec des rimes croisées et une alternance entre décasyllabe et pentasyllabe. Le poème
étudié prend dès lors toute sa place dans ce livre puisqu’il met en avant l’amour d’Hugo pour
l’araignée et l’ortie, animal et plante détestés.(Présentation)
Comment Victor Hugo à travers une défense de l’araignée et de l’ortie parvient-il à lancer un appel
à l’amour universel? (Problématique)
Le premier mouvement du poème comprend les sept premières strophes. Il porte sur les causes de
l’amour du poète pour l’araignée et l’ortie. Le second mouvement des trois dernières strophes est
une invitation à l’amour. (Annonce des mouvements)
Premier mouvement : L’amour expliqué du poète pour l’araignée et l’ortie. (Les cinq
premières strophes)
-v.1: parallélisme « j’aime », la conjonction de coordination « et » crée une impression de
rapprochement entre un animal et un végétal, qui semblent différer.
-v.2: le paradoxe se poursuit ensuite « Parce qu’on les hait », les deux vers sont antithétiques : «
aime » et « hait ». Le poète pose son originalité « on ». Locution « Parce que » introduit une cause.
-v.3: De nouveau parallélisme rappelant le premier vers: « que rien n’exauce et que tout châtie ».
On n’accorde rien à l’araignée ou l’ortie, on les punit d’exister pour les désagréments qu’elles
génèrent.
v.4: personnification de l’araignée et de l’ortie : « leur morne souhait ».
-v.5-6:Liste des causes avec répétition anaphorique de la locution « Parce que ». Catalogue
paradoxal de leurs défauts, qui sont en fait pour Victor Hugo des raisons de les aimer, presque des
qualités. Énumération: « maudites, chétives, Noirs êtres rampants; ».
-v.7-8:Une nouvelle cause apparaît sur les deux vers suivants qui s’enchaînent avec un
enjambement: « Parce qu’elles sont les tristes captives/ De leurs guets-apens; ». Personnification
avec l’expression « tristes captives ». Leurs pièges sont leurs conditions misérables.
-v.9: La nouvelle raison invoquée insiste sur la notion de piège : « prises dans leur œuvre ».
– v.10: ici, le tragique s’invite dans ce vers avec un champ lexical tragique et une ponctuation
expressive avec les points d’exclamation: « Ô sort! fatals noeuds! ».
– v.11-12: Comparaison dans les deux vers suivants avec « une couleuvre » pour l’ortie, animal
détestée aussi, et un « gueux » pour l’araignée, pauvre personne du peuple méprisée.
– v.13: Dernière strophe exposant les raisons paradoxales de l’amour d’Hugo pour l’araignée et
l’ortie, avec l’anaphore sur trois vers de « Parce que ». Il reprend dans cette strophe les raisons
évoquées avant.
– v. 13,14,15: la métaphore « l’ombre des abîmes » fait écho à « Noirs êtres rampants ». « Parce
qu’on les fuit » correspond à « Parce qu’on les hait ». « Parce qu’elles sont toutes deux victimes »
reprend le piège dans lequel elles sont enfermées.
– v.16: le dernier vers de ce mouvement fait le lien avec le deuxième mouvement. « De la sombre
nuit… » correspond avec « ombre des abîmes », les points de suspension crée une tension pour
annoncer la suite.
Deuxième mouvement: un appel à la compassion et à l’amour. (Les trois dernières strophes)
– apostrophe aux lecteurs: « Passants », Hugo se lance dans une prière, une demande avec
l’impératif: « faites ». Il en appelle à la pitié des hommes pour l’ortie et l’araignée: « faites grâce à
la plante obscure,/ Au pauvre animal ».
– Aux vers 19-20: il en appelle ici à la compassion des hommes dans un parallélisme qui finit de
manière très expressive dans le vers 20: « Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, / Oh! plaignez le
mal! ».
– La sixième strophe élargit le propos du poète : « Il n’ait rien qui n’ait sa mélancolie ». Le « rien »
signifie tout. Une nouvelle personnification qui calque sur les orties et araignées le sentiment bien
humain de la mélancolie, de la tristesse accompagnée de rêverie.
– Dans la même idée, le pentasyllabe suivant globalise l’envie, le désir de tendresse : « Tout veut un
baiser ». Les végétaux et les animaux sont comme les êtres humains.
– L’enjambement des vers 23-24 nous rappelle le destin tragique de l’ortie et de l’araignée: «De les
écraser ». Destin à plaindre, et demande du poète de l’éviter : « pour peu qu’on oublie ».
– Reprise de la locution « Pour peu qu’on » pour insister sur la nécessité de prendre en compte
l’ortie et l’araignée. « un œil moins superbe » fait référence à un caractère hautain, condescendant.
– « Tout bas, loin du jour, » est une nouvelle périphrase pour l’obscurité dans laquelle vivent l’ortie
et l’araignée.
– L’enjambement des deux derniers vers fait parler (« murmurent ») l’ortie et l’araignée. Cette
dernière personnification ,accompagnée des deux adjectifs péjoratifs « vilaine » et « mauvaise »,
termine le poème par un mot très fort avec une majuscule et un point d’exclamation : « Amour! ».
– Ici, nous comprenons avec la chute, que l’appel à l’amour d’Hugo a une portée universelle. Il
utilise métaphoriquement l’ortie et l’araignée pour en appeler à la compassion, à l’amour de tous
pour tous. Les pauvres, les indigents, les personnes physiquement moins belles, tous , nous avons
besoin d’amour, et nous le méritons.
– La chute du poème ressemble donc à une morale implicite.
Conclusion:
Les deux mouvements du poème s’enchaînent. Dans un premier temps, Hugo fait un éloge
paradoxal de l’araignée et de l’ortie, en mettant en avant tous leurs défauts, mais en les aimant, en
les transformant presqu’en qualités. Suit la deuxième étape qui s’attache à provoquer la compassion
du lecteur pour tout ce qui existe, et la compréhension que chacun nous avons besoin d’amour.
(reprise des conclusions des mouvements).
Victor Hugo réussit à écrire une ode à l’amour universel en se concentrant pourtant sur une araignée
et une ortie. Il fait de ces deux éléments une métaphore des faibles, des exclus qui ont besoin
d’amour comme tous. (Réponse à la problématique).
Ce poème d’Hugo rappelle le combat sempiternel de l’homme engagé contre la misère, comme on
peut le lire dès la préface de Les Misérables. (Ouverture)

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