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A N A LY S E D E L ’ Œ U V R E CHAPITRE 3
• Comment comprenez-vous l’expression : « Candide, qui cription sèche du spectacle n’en est pas pour cela amoindri,
tremblait comme un philosophe » (l. 10) ? peut-être même au contraire. On pourrait parler ici d’élo-
La comparaison vaut comme antiphrase puisque le philo- quence laconique. Cette sobriété permet d’articuler l’ironie
sophe se définit par la maîtrise des émotions. et l’horreur sans tomber dans le pathos.
• « Boucherie héroïque » (l. 11) : comment nomme-t-on • Comment se fait l’articulation entre la guerre et la philo-
cette figure de style ? sophie ?
Cette figure de style se nomme oxymore. Au niveau des indices textuels, le rappel parodique de quel-
• Quelles articulations logiques structurent le deuxième ques formules « leibniziennes » réinscrit la problématique
paragraphe ? quel effet produisent-elles ? philosophique du conte dans le récit de la bataille, et trans-
Les articulations logiques relèvent du temps (« Enfin, tan- forme cette dernière en machine de guerre contre l’opti-
dis que », « d’abord »), de l’espace (« ici », « là »), et de misme. Voltaire a toujours considéré la guerre comme la
l’indéfini (« d’autres »). Elles soulignent l’opposition entre forme la plus constante du mal sur terre. Nul hasard si,
l e s chassé du paradis terrestre, c’est elle que Candide rencontre
Te Deum et le carnage et produisent un effet d’accumula- en premier.
tion. • Montrez comment la description de la guerre entremêle la
• Relevez les termes qui appartiennent au vocabulaire phi- focalisation zéro et la focalisation interne.
losophique. En quoi leur emploi est-il ici parodique ? La guerre est décrite ici à la fois du point de vue du héros et
Termes philosophiques : « meilleur des mondes », « raison du point de vue du narrateur. La description admirative des
suffisante », « raisonner des effets et des causes », « besoins deux armées, par exemple, est aussi bien la preuve de l’iro-
naturels ». Leur emploi est parodique dans la mesure où ils nie voltairienne que de la naïveté de Candide, qui va passer
sont utilisés dans un contexte qui les dégrade. Le « meilleur brusquement, comme souvent dans le conte, de l’émerveille-
de mondes » est prouvé par un carnage, le principe leibni- ment optimiste à l’horreur. La traversée des villages massa-
zien de « la raison suffisante » (voir chapitre 1, note 2 du crés est faite explicitement du point de vue du personnage.
Petit Classique) est employé de manière comique ; « l’enchaî- Il en est de même de ses espérances crédules sur la
nement nécessaire des effets et des causes » est trivialisé par Hollande, à la fin du passage. Mais le contraste entre le
la baïonnette, et les « besoins naturels » peuvent, de manière carnage et le Te Deum, l’emploi des figures de rhétorique,
plus floue, renvoyer à la théorie des droits naturels attachés ajoutent constamment au point de vue du héros la conni-
à la nature humaine. vence ironique du narrateur avec son lecteur.
• En quoi la guerre est-elle à la fois horrible et absurde ?
Justifiez votre point de vue.
INTERPRÉTATIONS
L’horreur de la guerre est soulignée, dans le premier para-
• Dans le deuxième paragraphe, peut-on relever un champ graphe, par le nombre des tués, considérable pour l’époque
lexical de l’émotion ? Qu’en concluez-vous ? (trente mille soldats : autant que dans le désastre de
On ne trouve aucun champ lexical traduisant l’émotion du Lisbonne, un peu plus loin) ; dans le deuxième, par la fuite
narrateur ou du héros devant le massacre. L’effet de la des- épouvantée de Candide, la nature des victimes (femmes,
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A N A LY S E D E L ’ Œ U V R E
CHAPITRE 5
Depuis « Le lendemain » (l. 66) jusqu’à la fin.
REPÈRES
• Quel est le sujet des deux séquences qui précèdent ce pas-
sage ?
Les deux séquences qui précèdent ce passage décrivent suc-
cessivement le bateau dans la tempête (paragraphe 1) et
l’arrivée dans la ville détruite (paragraphes 2, 3, 4).
• Décrivez l’attitude de Pangloss et de Candide dans ces
deux séquences.
Dans ces deux séquences, Pangloss et Candide restent fidèles à
eux-mêmes. Candide veut se jeter à la mer pour sauver l’ana-
baptiste, son bienfaiteur (paragraphe 1) ; il demande de l’aide
(paragraphe 4). Pangloss, lui, empêche Candide d’agir et se
contente de discourir, même quand les vies de l’anabaptiste et
de Candide sont en jeu. La ratiocination optimiste s’oppose
donc à la solidarité et à l’action pratique. L’optimisme appa-
raît comme une passivité et une démission. Cette grande
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