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La peine de mort en chiffres

Plus de deux tiers des pays du monde ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique.

Au total, 144 pays (ce qui représente plus des deux tiers des pays) ont aboli la peine capitale en
droit ou en pratique :

 110 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes ;

 7 pays ont aboli la peine de mort pour les crimes de droit commun, mais pas pour les crimes
commis en temps de guerre ;

 27 pays sont abolitionnistes en pratique parce qu’ils n’ont procédé à aucune exécution
depuis au moins 10 ans et semblent avoir pour politique ou pour pratique établie de
s’abstenir de toute exécution.

55 pays et territoires sont rétentionnistes. Ils maintiennent toujours la peine de mort et appliquent
ce châtiment :

 18 pays ont procédé à des exécutions en 2021 ;

 Les 5 pays qui ont le plus exécuté au monde en 2020 sont, dans l'ordre, la Chine, l’Iran,
l'Égypte, l’Arabie saoudite et la Syrie ;

 en 2021, le nombre d’exécutions a recommencé à augmenter. Ce chiffre a augmenté de 20 %


par rapport à 2020, passant d'au moins 483 à au moins 579. Au moins 2052 condamnations à
mort ont été prononcées ;

 à la fin de l'année 2021, 28 670 personnes étaient identifiées comme étant sous le coup
d'une condamnation à mort.

Le nombre total réel d'exécutions et de condamnations à mort est probablement bien plus
élevé. Les gouvernements rétentionnistes ne divulguent souvent que peu d'informations. La Chine,
par exemple, garde secret le nombre d'exécutions. Le pays exécute vraisemblablement plus de
personnes que tous les autres pays réunis.

Source / en savoir plus : Amnesty International

« Oeil pour oeil et le monde finira aveugle » (Ghandi)

IMAGE : Sebastián León Prado sur Unsplash

Qu'est-ce que la peine de mort ?


La peine de mort est une sanction pénale ordonnant la suppression de la vie d’un condamné. Elle est
infligée à une personne reconnue coupable d’un crime passible de cette peine, à l’issue d’un procès
organisé par une juridiction légale appartenant à un État dont la législation prévoit ce châtiment.

Il existe d’autres cas dans lesquels des agents d’un État prennent la vie d’une personne, mais on
parlera alors d’exécution extrajudiciaire, d’exécution sommaire ou simplement d’assassinat.

Malgré les avancées en matière d’abolition, le débat sur la peine de mort n’est pas clos. Les partisans
de la peine capitale (les rétentionnistes) invoquent la nécessité de protéger la société, de dissuader
les criminels ou encore de contenter les victimes. Ceux qui réclament l’abolition universelle
s’appuient en particulier sur le droit fondamental à la vie, la cruauté de ce châtiment et
l’irréversibilité de la peine.

Dossiers thématiques sur la peine de mort

Les dossiers thématiques de l'ACAT-Suisse et de la Coalition mondiale contre la peine de mort qui
apparaissent chaque année à l'occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort (10
octobre) fournissent un aperçu approfondi.

Peine de mort : un chemin pavé de torture (2022) : Le chemin vers la peine de mort est pavé de
torture et de mauvais traitements. Notre brochure examine ce lien.

Les femmes et la peine de mort, une réalité invisible (2021) (Voir aussi le communiqué d'Amnesty
International du 8 octobre 2021 : « Journée mondiale contre la peine de mort. Les femmes
condamnées à mort sont en butte à une discrimination abjecte »)

L’accès à la défense : une question de vie ou de mort (2020) : Pour les personnes qui risquent la
peine capitale, l’accès à un avocat ou une avocate peut faire la différence entre la vie et la mort. Ce
dossier examine le droit à une représentation juridique efficace à tous les stades de la procédure – et
même après.

Une condamnation en héritage : Les enfants de la peine de mort (2019) : Une condamnation à mort
a toujours des répercussions sur les proches du condamné. Quelle est la situation des personnes
dont le père ou la mère a été condamné(e) à mort ou exécuté(e) ?

Les conditions de détention dans le couloir de la mort (2018) : La peine capitale ne fait pas «que»
priver les condamnés à mort du droit humain le plus fondamental, le droit à la vie. Elle s’accompagne
le plus souvent de conditions de détention déplorables, qui transforment la période séparant la
condamnation de l’exécution en torture perpétuelle.
Pauvreté et justice, un duo mortel (2017)

Terrorisme et peine de mort : le cercle vicieux de la violence (2016)

Faits sur la peine de mort

Méthodes d’exécution

Même si les anciennes méthodes barbares ont été abandonnées (crucifixion, écartèlement, roue,
bûcher…), il n’existe aucune technique « humaine » pour ôter la vie, aucune méthode douce
d’exécution.

En 2021, les exécutions ont eu lieu principalement par décapitation (Arabie saoudite), pendaison
(Bangladesh, Botswana, Egypte, Émirats Arabes Unis, Japon, Soudan du Sud, etc.), injection létale
(Chine, États-Unis, Vietnam, etc.) et fusillade (Belarus, Chine, Corée du Nord, Somalie, Yémen, etc.).

Au Yémen, neuf hommes ont été exécutés par balles en public en 2021, devant des centaines de
personnes sur la place Tahrir de Sanaa.

Crimes passibles de la peine de mort

Dans tous les pays pratiquant la peine de mort, le meurtre est le principal crime pour lequel des
sentences de mort sont prononcées. Mais bien d’autres crimes peuvent entraîner des
condamnations à mort : le viol, l’enlèvement, l’atteinte à la sûreté de l’État, le terrorisme,
l’espionnage, le trafic de drogues, l’incendie volontaire, l’homosexualité, l’adultère. Les exécutions
capitales pour homosexualité et adultère ont lieu dans les pays musulmans pratiquant la charia.
L’adultère y a une définition beaucoup plus large que la nôtre, une femme violée peut ainsi être
condamnée pour « adultère ».

La Chine détient le record du nombre de crimes passibles de la peine de mort (68) dont un bon
nombre – la fraude fiscale, le détournement de fonds, etc. – ne relèvent pas de la criminalité
violente.

Il est très fréquent que les sentences de mort soient prononcées après des procès bâclés et
expéditifs : absence ou manipulation de preuves, absence d’avocat, absence des accusés eux-mêmes,
absence d'interprètes, instruction uniquement à charge, faux témoignages, aveux obtenus sous la
torture, pas de possibilité d’appel, etc.
A contrario, il est important de souligner que, pour les crimes les plus graves comme le génocide ou
les crimes contre l’humanité, les juridictions internationales ont exclu le recours à la peine capitale.

La peine de mort et le droit international

"Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de la personne" (art. 3, Déclaration


universelle des droits de l'homme, 1948).

La rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) est le fruit d’un compromis
entre les représentants des États qui souhaitaient que l’on affirme que la peine de mort viole le droit
à la vie et ceux qui voulaient en dire qu’elle ne constitue qu’une limitation au droit à la vie. Le
résultat fut que toute référence explicite à la peine de mort disparut du texte définitif de la DUDH.

Il existe néanmoins quatre textes internationaux concernant l’abolition de la peine de mort. Les États
signataires s’engagent à ne pas avoir recours à la peine capitale:

 Le Deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits


civils et politiques, visant à abolir la peine de mort. Adopté en décembre 1989, il a été ratifié
par 71 États. Trois autres pays ont signé le Protocole, signifiant ainsi leur intention de devenir
partie à cet instrument à une date ultérieure.

 Le Protocole à la Convention américaine relative aux droits de l’homme, traitant de


l’abolition de la peine de mort. Adopté en juin 1990, il a été ratifié par huit États du continent
américain et signé par deux autres.

Ces deux protocoles prévoient l’abolition totale de la peine capitale, mais laissent aux États qui le
souhaitent la possibilité d’y avoir exceptionnellement recours en temps de guerre.

 Le Protocole n°6 à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés


fondamentales (Convention européenne des droits de l’homme) concernant l’abolition de la
peine de mort. Ouvert à la signature en avril 1983, il est entré en vigueur en mars 1985. Il a
été ratifié par 46 États européens et signé par un autre. L’objet du Protocole n°6 à la
Convention européenne des droits de l’homme est l’abolition de la peine de mort en temps
de paix.

 Le Protocole n°13 à la Convention européenne des droits de l’homme, relatif à l’abolition de


la peine de mort en toutes circonstances. Ouvert à la signature en mai 2002, il est entré en
vigueur en juillet 2003. Il a été ratifié par 41 États européens et signé par 4 autres.

Ce Protocole prévoit l’abolition totale de la peine de mort en toutes circonstances.

De plus, la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’ONU en 1989, énonce:
"Les Etats parties veillent à ce que nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants : ni la peine capitale ni l'emprisonnement à vie sans
possibilité de libération ne doivent être prononcés pour les infractions commises par des personnes
âgées de moins de 18 ans." (Article 37, § a).

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