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Thème 3: Histoire et mémoire (3)

Axe 2: Histoire, mémoires et justice

Comment la justice peut-elle oeuvrer pour apaiser la mémoire et rétablir la paix?

1. La guerre civile yougoslave voit se multiplier les crimes de guerre

(Assassinat des civils musulmans à Bijeljina [Bosnie], le 31 mars 1992.)

En 1992, durant la guerre en Bosnie des troupes paramilitaires serbes lancent des
opérations de «nettoyage ethnique» visant à chasser par la terreur les civils
bosniaques musulmans des zones revendiquées par les Serbes de Bosnie. Le
photojournaliste américain Ron Haviv a suivi la milice des «Tigres d'Arkan» et
photographié leurs exactions. Ces clichés seront ensuite utilisés comme preuves par
le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie afin de condamner les membres
de cette milice nationaliste.

Questions

1. En quoi cette photographie caractérise les violences de la guerre en ex-


Yougoslavie?
2. Qui sont les auteurs de ces violences? Qui sont les victimes?

2. Quels souvenirs pour le génocide rwandais dans la mémoire collective?

(Caricature de Kroll parue dans Le Soir (Belgique), 6 avril 2019.)


En 2019, les commémorations du génocide des Tutsis organisées par l'Etat rwandais
ont permis de poursuivre la politique de réconciliation engagée par le président Paul
Kagamé. La caricature de Kroll s'interroge à la fois sur la place de ce génocide dans
la mémoire collective tout en rappelant la lenteur coupable de la communauté
internationale à intervenir et à s'interposer lors des massacres.
Questions

1. Que dénonce le dessin de Kroll?


2. A quoi peuvent servir les commémorations de ces crimes?

Repères: une justice pour établir la paix


Les limites d'une justice pénale internationale
«Les juridictions pénales internationales sont fondées à la fois sur un discours pénal
des droits de l'homme et sur l'idée que la paix ne peut être pérenne sans justice. Elles
entendent promouvoir ces valeurs d'humanité et de justice dans la mondialisation, y
pliant au besoin les États. Cependant, ces juridictions n'ont pas les moyens de leurs
prétentions: elles ne se situent pas en dehors de la matière du monde pour informer
celui-ci. Elles dépendent dès leur origine puis dans leur fonctionnement des États, de
leur coopération requise, négociée, contrainte par d'autres États ou par le Conseil de
sécurité.»
Bertrand Mazabraud, «La justice pénale internationale: moralisation du monde,
mondialisation d'une morale», Revue d'éthique et de théologie morale, vol. 269, n°2,
2012.
Questions

1. Comment la justice internationale permet-elle le rétablissement de la paix et de


la démocratie?
2. Quels sont les pays qui ne soutiennent pas cette justice internationale?
3. Quelles sont les faiblesses de cette justice internationale?

Cours: Histoire, mémoire et justice

Comment la justice peut œuvrer pour apaiser la mémoire et rétablir la paix?

A. L'amnistie ou l'oubli, la paix sans justice

1. Nuremberg ou l'élaboration des concepts juridiques

Après la Seconde Guerre mondiale, l'idée de mettre en place une justice


internationale qui poursuivrait les dirigeants allemands et japonais s'impose. Les
tribunaux militaires de Nuremberg puis de Tokyo se chargent de juger les principaux
responsables des régimes nazi et militariste nippon. Peu de procès sont en revanche
organisés dans tous les autres pays belligérants. En France, l'épuration légale est
limitée, laissant la place à une loi d'amnistie dès 1951. L'oubli répond à la nécessité
de la reconstruction et à un retour rapide à la «normale».

En Espagne, à la fin de la dictature franquiste, la loi d'amnistie de 1977, surnommée


«pacte du silence», empêche de poursuivre à la fois les crimes commis au nom de ou
contre la dictature de Franco. L'oubli semble pourtant une solution provisoire. En
2007, une nouvelle loi «sur la mémoire historique» veut accompagner et indemniser
les victimes du franquisme, déclenchant de vifs débats sur le bien-fondé de
l'ouverture des fosses communes pour tenter d'identifier les victimes. Ainsi, l'amnistie
et l'oubli, qui peuvent être un impératif d'unité nationale dans un premier temps, ne
résistent pas au désir de vérité: ils ne réparent ni les rancœurs ni les fractures au sein
de la population.

2. La vérité remplace l'oubli

D'autres stratégies sont envisagées pour établir la réconciliation. Dans les pays
d'Amérique latine, revenus à la démocratie, des «commissions de Vérité et
réconciliation» sont mises en place, en Argentine (Commission nationale sur la
disparition de personnes) en 1983, au Chili en 1990-1991.

Après le régime d'apartheid en Afrique du Sud, en 1995, la commission Vérité et


réconciliation dirigée par l'archevêque Desmond Tutu propose une amnistie à
condition que les responsables de crimes fassent une confession publique. 7 000
tortionnaires et 22 000 victimes comparaissent ainsi devant cette commission.
B. Justice internationale ou locale pour établir la justice transitionnelle

1. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY)

Dans le contexte de la fin de la guerre froide, l'idée de poursuivre les criminels de


guerre s'impose notamment dans le conflit en ex-Yougoslavie à partir de 1991. Les
bombardements sur Vukovar, le siège de Sarajevo, les opérations de «nettoyage
ethnique» en Bosnie ou en Croatie provoquent l'émoi de la communauté
internationale. Des troupes de l'ONU sont envoyées sans réussir à empêcher les
violations du droit de la guerre. Face à cette inefficacité, l'ONU adopte une résolution
pour fonder le TPIY en février 1993, ce qui n'empêche toutefois pas que soient
commis les crimes les plus graves, en 1995, avec les massacres de Srebrenica.

C'est entre 1999 et 2011 que les principaux responsables sont jugés. Le TPIY a fait
cependant depuis jurisprudence en précisant la qualification de certains crimes, les
crimes contre l'humanité et la notion d'«entreprise criminelle commune». Fermant ses
portes en décembre 2017 après avoir condamné 83 criminels, ce premier tribunal
pénal international a permis d'imposer l'idée d'une justice internationale au
Cambodge, au Sierra Leone, au Liban ou encore au Rwanda.

2. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et les gacaca

En novembre 1994, le TPIR est mis en place pour juger les dirigeants impliqués dans
le génocide des Tutsis du Rwanda. Il fonctionne jusqu'en 2015 et met en accusation
93 personnes. Mais si cette institution est apte à juger les principaux responsables du
génocide, elle est inadaptée pour juger l'immense masse des acteurs de ce «génocide
de voisins».
Le gouvernement rwandais instaure entre 2002 et 2012 près de 12 000 tribunaux
communautaires villageois, les gacaca afin de juger 2 millions d'affaires. Cette
juridiction locale, malgré ses faiblesses, a permis de rendre justice aux victimes en
agissant en faveur d'une justice transitionnelle en œuvrant pour la réconciliation des
communautés hutue et tutsie.

3. La Cour pénale internationale (CPI)

Ces avancées d'une justice internationale ont permis en 2002 la mise en place d'une
juridiction pénale universelle permanente chargée de juger les personnes accusées de
génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre. La Cour pénale
internationale peut ainsi poursuivre les criminels des 123 pays signataires du statut de
Rome (1998) à l'origine de l'institution. Mais des États importants ne sont pas encore
membres du CPI comme la Chine et l'Inde ainsi que les Etats-Unis et la Russie car
ces derniers n'ont pas ratifié le traité. La jeune institution est d'autant plus fragilisée
qu'elle a prononcé une série d'acquittements très contestés comme par exemple, en
janvier 2019, celui de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo pourtant accusé de
crime contre l'humanité.
C. Pardon, politique mémorielle et réconciliation

1. Politique du pardon

La justice transitionnelle nécessite une prise en compte juridique, politique,


symbolique et mémorielle. Dans les États qui ont subi une guerre civile et des crimes
graves, le retour à la démocratie s'accompagne d'un long processus de réconciliation.
Après 1945, l'Allemagne est le premier État à mener une politique de pardon via des
mesures symboliques lancées par le chancelier Adenauer vis-à-vis d'Israël. En 1952,
un accord sur un versement de réparations en faveur des victimes juives est signé
entre les deux gouvernements. Par ailleurs, des jumelages entre des villes allemandes
et israéliennes ont pour but de renforcer les liens culturels entre les pays.

2. Commémorer les crimes pour réconcilier

La réconciliation passe par la justice, la repentance et la commémoration des crimes


passés mais également par un hommage aux victimes. Au Rwanda, les cérémonies
rappelant le génocide sont des actes politiques forts impliquant l’État, la population,
la communauté internationale: le 25e anniversaire des massacres a été organisé très
solennellement en avril 2019.

A l'inverse, en ex-Yougoslavie, le processus mémoriel est fort peu engagé, la


réconciliation entre les populations et entre les États de l'ancienne Yougoslavie
tardant également. Les projets d'adhésion à l'UE, notamment pour la Serbie et la
Bosnie-Herzégovine, offrent cependant l'espoir d'une perspective de réconciliation.

Chiffres clés

Le TPIY en chiffres:
*169 personnes mises en accusation:
– 90 condamnées
– 19 acquittées
– 37 procédures closes
– 13 transférées dans les pays de l'ex-Yougoslavie
– 2 nouveaux procès
* 4 650 témoins
* 10 800 jours de procès
* 2,5 millions de pages de compte rendus d'audience

Dates clés

1945: procès de Nuremberg.


1948: convention pour la prévention et la répression du génocide.
1949: conventions de Genève: ensemble de traités internationaux dont le but est
d'imposer des règles de conduite durant la guerre (protection des civils, des blessés,
des prisonniers de guerre et aides humanitaires).
1968: adoption de la Convention de l'ONU pour l'imprescriptibilité des crimes
internationaux.
1984: convention internationale contre la torture.
1993: mise en place du TPIY.
1994: mise en place du TPIR.
2002: mise en place de la CPI.

Jalon 1: Les tribunaux gacaca face au génocide des Tutsis?

A. Quelles sont les étapes du génocide des Tutsis?

Repères: le génocide rwandais (1994)

*Le dernier grand génocide du XXe siècle. Entre avril et juin 1994 des extrémistes
hutus massacrent de manière systématique environ 800 000 Tutsis au Rwanda.
Ancienne colonie belge, le Rwanda a accédé à l'indépendance en 1962. Les Hutus
majoritaires (environ 80% de la population) prennent alors le pouvoir. Deux vagues
de massacres ont lieu en 1963 et 1973, provoquant le départ d'une partie des Tutsis
dans les pays voisins.
* Un crime prémédité. A partir de 1990, une opposition politique et militaire tutsie
(Front patriotique rwandais, FPR) dirigée par Paul Kagamé s'organise en Ouganda.
La communauté internationale tente de mettre fin à la guerre civile en amenant le
gouvernement rwandais à signer un cessez-le-feu et les accords d'Arusha (1993) qui
prévoient le retour à la paix et un partage du pouvoir entre Tutsis et Hutus. Mais à
Kigali, au sein du pouvoir hutu, les extrémistes refusent tout accord avec le FPR,
pourtant imposé par la communauté internationale, et préparent l'extermination des
Tutsis en attisant les haines communautaires dans les médias. L'attentat contre le
président Habyarimana, le 6 avril 1994, marque le début du génocide.
Acteurs clés

Juvénal Habyarimana (1937-1994)


Homme d’État rwandais hutu, il s'empare du pouvoir en 1973 et mène une politique
favorisant les Hutus. En 1990, sous la pression de la guérilla du FPR, il s'engage dans
des réformes qui instaurent le multipartisme. Il signe en 1993, les accords d'Arusha
avec la guérilla tutsie. Le 6 avril 1994, il meurt dans l'explosion de son avion.

Paul Kagamé (né en 1957)


Homme d’État rwandais tutsi. En 1987, il cofonde le Front patriotique rwandais
(FPR). Il mène les troupes du FPR contre le régime de Kigali. Après le génocide, il
s'impose comme l'homme fort du pays.
1. Aux origines du génocide rwandais
«Les Tutsis sont traditionnellement éleveurs et propriétaires de bovins (la possession
de vaches est le symbole éminent de la richesse); les Hutus, agriculteurs, cultivent de
petits lopins de terre. [...] Au Rwanda, la monarchie s'appuyait sur l'élite tutsie qui
exerçait un monopole du pouvoir, [...] aux dépens des Hutus, pourtant majoritaire en
nombre. Cette prééminence politique, économique et sociale, a engendré un
sentiment d'exclusion pour les Hutus, des frustrations et des tensions entre les deux
composantes de la population. [...]

A leur arrivée, les colons allemands et belges s'appuyèrent sur l'élite tutsie, en
utilisant à leur profit leurs institutions traditionnelles locales pour imposer l'ordre
colonial. [...] De plus, les colons adoptèrent la notion de "race supérieure" reconnue
aux Tutsis. Les frustrations sociales et politiques se cristallisèrent alors à partir de
l'exclusion des Hutus – de l'école, de l'administration - [...] et de l'affirmation d'une
différenciation ethnique entre Hutu et Tutsi, inculquée et transmise de génération en
génération, ainsi que de l'instrumentalisation politique de "l'ethnicisme".»
R. Pourtier, «La Guerre des Grands Lacs», Cahiers français «Les conflits dans le
monde», n°290, 1999, La Documentation française © DILA.

2. Le génocide rwandais
3. Une propagande anti Tutsi
4. Bilan chiffré du génocide

Travailler autrement

Construire une chronologie: sélectionnez dix dates importantes de l'histoire du


génocide rwandais. A partir de cette chronologie, rédigez un récit en trois parties:
causes/différentes étapes du génocide/conséquences.

B. Comment juger les responsables du génocide?

https://www.youtube.com/watch?v=B7K1TDQfNHU

Repères: quelle justice pour le génocide rwandais?

* Justice internationale et justice locale. Dès novembre 1994, l'ONU établit un


Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) siégeant à Arusha en Tanzanie.
Rapidement mis en place, il semble que la communauté internationale ait voulu se
faire pardonner son inaction durant les massacres. Ce tribunal condamne 74 hauts
responsables; mais comment juger l'immense masse de la population qui a pris part
aux massacres? A l'échelle locale, la mise en place de tribunaux traditionnels
(gacaca) entre 2002 et 2012 va permettre de faire comparaître près de 2 millions de
Rwandais.
* Une justice transitionnelle. Le TPIR et les gacaca ont permis de traduire en justice
l'ensemble des acteurs du génocide. Mais la justice transitionnelle, c'est aussi assurer
la transition d'un État déchiré et meurtri par la guerre civile en un État de droit,
démocratique. Il faut donc promouvoir la mémoire des victimes par l'organisation de
cérémonies commémoratives et œuvrer pour l'établissement de la vérité historique, en
combattant les thèses négationnistes et en établissant toutes les responsabilités.
1. Les gacaca, une justice traditionnelle, sur la «pelouse»

Un accusé, portant la tenue rose des prisonniers, comparaît devant le tribunal à


Gotovo, le 20 février 2003, en présence d'un survivant du génocide.

2. L'instauration d'un Tribunal pénal international pour les crimes les plus graves
3. L'action des gacaca

5. La question de l'implication de la France


Synthétiser un article

https://www.cairn.info/revue-negociations-2008-1-page-29.htm

Relevez les critiques faites aux tribunaux villageois gacaca.

Exposé: une perspective élargie: les crimes au Congo:


https://www.youtube.com/watch?v=9wjhnXPcz_I
Après avoir vu ce reportage, faites le point sur l'influence de la situation intérieure
rwandaise au Congo.

Jalon 2: Face aux crimes de masse: le Tribunal pénal international


pour l'ex-Yougoslavie (TPIY)

A. La Yougoslavie, guerre civile ou guerre contre les civils?

Repères: La guerre civile yougoslave


*La fin de la Yougoslavie. Née en 1918, elle rassemble autour du royaume de Serbie
d'anciens territoires de l'Empire austro-hongrois peuplés de populations de langue
serbo-croate et de religion catholique, orthodoxe ou musulmane. Démantelée par les
puissances de l'Axe au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie est
libérée par les partisans communistes de Tito. En 1980, à sa mort, c'est un État
profondément divisé. La chute des régimes communistes en Europe de l'Est et
l'affaiblissement de l'URSS après 1989 provoquent la déstabilisation de la fédération
yougoslave. La dissolution de la Ligue communiste de Yougoslavie entraîne un vide
politique et facilite l'émergence des nationalismes et des séparatismes. La Slovénie, la
Croatie et la Macédoine proclament leur indépendance en 1991. Le nationaliste
Slobodan Milosevic souhaite rassembler tous les Serbes autour d'une «grande
Serbie»; c'est le début de la guerre en ex-Yougoslavie (1991-1999).

*Une guerre contre les civils. Le bilan humain de la guerre en ex-Yougoslavie est
évalué à 130 000 morts au total entre 1991 et 1999, dont 100 000 en Bosnie-
Herzégovine (dont la moitié de civils), 15 000 en Croatie, 13 000 au Kosovo (dont
environ 10 000 civils). Ce conflit a multiplié les entorses aux conventions de Genève,
les populations civiles ont été déplacées ou exterminées au nom de la purification
ethnique.
1. Les conflits en ex-Yougoslavie

2. Des experts internationaux recherchent les preuves des massacres (charnier de


Pilica, 24 juillet 1996)

Environ 8 000 habitants d'origine musulmane ont été massacrés après le départ des
Casques bleus et la chute de Srebrenica aux mains de l'armée des Serbes de Bosnie
dirigée par Mladic, en juillet 1995.

Chronologie

Mai 1980: Mort du maréchal Tito remplacé par une présidence tournante.
Juin-octobre 1991: Proclamation d'indépendance de la Slovénie, la Croatie et de la
Macédoine.
Août 1991: Attaque serbe sur Vukovar, début de la guerre entre Croatie et Serbie.
Janvier 1992: Cessez-le-feu en Croatie et mise en place de la Force de protection des
Nations unies (Forpronu).
Mars 1992: Référendum et proclamation de l'indépendance de la Bosnie-
Herzégovine.
Avril 1992-décembre 1995: Siège de Sarajevo par les forces serbes.
Janvier 1993: Attaque de milices croates en Bosnie-Herzégovine.
Février 1993: Instauration du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
(TPIY).
Juillet 1995: Massacres de Srebrenica perpétrés par Ratko Mladic.
Novembre 1995: Accords de Dayton mettant fin aux combats en Bosnie-
Herzégovine.
Février 1998: Opérations militaires serbes contre les rebelles albanais du Kosovo.
Mars-juin 1999: intervention de l'OTAN au Kosovo. L'ONU devient administrateur
du pays.
Février 2008: Proclamation d'indépendance du Kosovo: Proclamation d'indépendance
du Kosovo.

3. Une guerre contre les civils


B. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie marque-t-il l'établissement
d'une justice internationale?
2. Un responsable en prison (Caricature de Chappatte, 2003.)

Arrêté en 2001, l'ancien président serbe Slobodan Milosevic est traduit devant le
TPIY. Mais il meurt d'un infarctus le 11 mars 2006, avant la fin de son procès.

3. Les revers du TPIY

«L'inculpation et l'arrestation des criminels a été complexe puisque le TPIY ne


disposait pas de forces répressives propres; la candidature de la Croatie et de la
Serbie à l'entrée dans l'Union européenne a été suspensive de l'arrestation des
principaux accusés recherchés, et de la collaboration juridique obligatoire avec le
TPIY. Les élites politiques ont dû faire un compromis entre les exigences de l'UE et
l'hostilité populaire face à l'inculpation et la condamnation des inculpés considérés
comme des héros dans leur pays. Ces pressions externes ont eu pour conséquence de
fragiliser l'image du TPIY chez les populations ex-Yougoslaves, le concept de
coopération perçu comme un acte de compromission, et interprété comme une
exigence des grandes puissances à faire plier ces petits Etats. Par ailleurs, il a été
reproché au TPIY de faire des préférences ethniques lorsqu'il s'agissait d'émettre des
injonctions ou de décider d'arrêter tel ou tel prévenu. D'ailleurs, les acquittements de
2012 et 2013 ont jeté le discrédit sur ce tribunal. En effet, après avoir été condamnés
pour crimes contre l'humanité et violations des lois ou coutumes de la guerre, les
généraux croates Ante Gotovina et Mladen Markac, respectivement à 24 ans et 18 ans
d'emprisonnement et le général serbe Momcilo Peresic à 27 ans de prison; ces trois
généraux étaient acquittés une année et demie plus tard. La différence de verdict entre
les deux chambres a de quoi surprendre, le Tribunal ayant estimé qu'il n'avait pas été
démontré qu'ils avaient ordonné ou approuvé les crimes commis par leurs
subordonnés.»
Catherine Lutard-Tavard, «Les pays ex-Yougoslaves vers l'Union européenne: des
mémoires fracturées», ©Diploweb, 16 février 2014.

Travail de groupe: Vous êtes une équipe de procureurs du TPIY: préparez et rédigez
un réquisitoire contre les actions de Slobodan Milosevic.

Vocabulaire

Crime contre l'humanité: assassinat, extermination, réduction en esclavage,


déportation et tout autre acte inhumain commis contre des populations civiles
persécutées pour des motifs politiques, raciaux ou religieux.
Crime de guerre: violation des lois et coutumes de la guerre (pillage, mauvais
traitement, destructions, sans motifs militaires, assassinat) envers les populations
civiles ou les prisonniers de guerre.
Génocide: actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe
national, ethnique, racial ou religieux.
Justice internationale: tribunaux chargés de faire appliquer le droit international et,
spécifiquement, de juger les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité; la
fonction que ces tribunaux assument.
Justice transitionnelle: processus composé de mesures judiciaires et non judiciaires
permettant de passer d'une société en guerre (guerre civile, génocide) à une société
qui a rétabli l’État de droit et la démocratie. Durant ce processus, il est nécessaire
d'organiser les procès, établir la vérité, indemniser les victimes, engager des réformes
institutionnelles et promouvoir la réconciliation.
Gacaca: tribunaux communautaires villageois (signifiant «herbe douce» en
kinyarwanda) sur le modèle de la justice traditionnelle, créés pour accélérer la justice
et juger l'ensemble des acteurs du génocide.
Purification ethnique ou nettoyage ethnique: formules nées lors du conflit en ex-
Yougoslavie pour qualifier la persécution de groupes selon des critères ethniques. Le
terme peut aussi bien désigner l'émigration forcée, le transfert de populations, la
stérilisation de masse, le viol des femmes, voire le génocide d'une communauté
préalablement discriminée.
Amnistie: loi imposant que les fautes passées doivent être oubliées et interdisant de
futures poursuites.
Franquiste: nom donné aux partisans du dictateur espagnol Francisco Franco au
pouvoir de 1939 à 1975.

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