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THEME 3. HISTOIRE ET MEMOIRES.

Introduction
Savoir différencier ce qui relève de l’Histoire et ce qui relève de la mémoire. Comprendre les
interactions entre histoire et mémoires.

I. La différence entre Histoire et mémoires


Question 1 page 193 :

L'histoire cherche à produire un récit objectif des événements en se fondant sur des méthodes
scientifiques qui permettent d'établir des faits (en utilisant des archives et des sources différentes
et en en faisant une analyse critique).
La mémoire est portée par les témoins du passé ou leurs descendants. Elle est donc plurielle,
subjective et évolutive, et différente de l’histoire.

Question 2 page 193 :

La relation face à une situation apporte différentes perceptions d’un évènement.

Hérodote, considéré comme le premier historien, décrit l’Histoire comme une « procédure
de vérité ». Pour Pierre NORA, l’histoire est une science humaine et sociale, qui se veut être une
discipline scientifique aux méthodes détachées du passé qu’elle étudie. L’Histoire est produite par
des spécialistes qui se place sur le terrain de la connaissance.

Les historiens restituent le passé de la manière la plus objective en s’appuyant sur un savoir
scientifique, sur la confrontation et l’étude critique des sources. L’Histoire révise régulièrement ses
connaissances en fonction des progrès de la science historique, de l’accès aux sources…

La mémoire désigne la faculté pour un individu de conservé, de se remémorer des


connaissances ou des souvenirs. Selon Pierre NORA, la mémoire correspond à une relation affective
avec des évènements passés. Pour le sociologue Maurice HALBWACHS, la mémoire collective d’un
événement est une représentation du passé lié a un vécu que partage un groupe et dont il entretient
le souvenir. Il précise que la mémoire est donc subjective et liée à l’émotion.

On remarque qu’il existe différentes mémoires :

Il y a des mémoires officielles, qui sont reconnues par l’Etat et qui s’expriment par la présence de
mémoriaux, de cérémonies commémoratives… Néanmoins, certains nient certaines mémoires, et
pour éviter la négation de certains crimes contre l’humanité, des lois mémorielles ont été
promulguées : en 1990, la loi Gayssot pour la Shoah, en 2001, la loi Taubira pour l’esclavage, en 2001
la loi pour le génocide arménien.

Il existe des mémoires conflictuelles, comme lors de la Seconde Guerre Mondiale avec la mémoire de
la Shoah, celle des criminels nazis, des soldats/civils, des STO, la mémoire des résistants contre celle
des vichystes.

Histoire et mémoires ont des différences quant au questionnement adressé au passé. Les
mémoires veulent « sauver de l’oubli » ou « réhabiliter le passé ». L’histoire elle veut comprendre,
elle veut expliquer. Histoire et mémoires sont néanmoins aussi complémentaires, puisque l’histoire
s’appuie sur les mémoires, mais elle les confronte à d’autres sources.
Histoire = étude et écritures des faits passés
 Buts : expliquer le passé et produire un
récit objectif
 Méthode : approche scientifique des
Contextualiser et Sources et
sources
fait évoluer Sujet d’étude
Mémoires = se souvenir d’un évènement passé
 Buts : faire revivre le passé d’un groupe et
produire un récit subjectif qui rassemble
 Méthode : approche affective, utilisation
sélective des souvenirs

Question 3 page 191 :

Enjeux sociaux : reconnaissance des victimes, retrouver de l’humanité, rendre justice


Enjeux politiques : reconnaissance d’un génocide pour ne pas tendre vers du négationnisme
Enjeux géopolitiques : éviter de basculer dans un conflit

II. Les notions de crime contre l’humanité et de génocide, et leur contexte


d’élaboration.
Comprendre comment de nouveaux concepts juridiques ont réformer le droit international au
lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

Question 1 page 191 :

La mise en place d’une justice pénale est d’abord passée par la mise en place de cours de justice dans
le but de juger les crimes après la seconde Guerre mondiale. Elles se situent à Nuremberg (1945) et à
Tokyo (1946). Dans les années 1990, des Tribunaux pénaux internationaux sont créés pour la
Yougoslavie en 1993 et pour le Rwanda en 1994 après les génocides que ces pays ont connus. Enfin,
en 1998, le Statut de Rome crée la Cour pénale internationale pour juger les génocides, les crimes
contre l’humanité, les crimes de guerre… de plus, on voit tout au long du XXème siècle des lieux

Au sortir de la 2nde Guerre Mondiale et après les atrocités commises par l’Allemagne nazie, Les alliés
engagent un processus de dénazification, et à la suite de l’accord de Londres (aout 1945), les alliés
décident de mettre en place un tribunal international à Nuremberg (novembre 1945 et octobre
1948). A l’occasion de ce tribunal international vont être créées de nouvelle notion juridique pour
pouvoir juger des crimes d’une ampleur nouvelle.

A. Des nouvelles notions de droit international


Question 1 page 197 :

Selon Lauterpacht, un crime contre l’humanité est le meurtre, l’extermination, la réduction en


esclavage, la déportation etc. d’un grand nombre de personnes civiles appartenant au même groupe
relevant d’un plan systémique. La seconde Guerre Mondiale est un crime contre l’humanité
notamment après les bombardements de Hambourg, car c’est l’élimination systémique
Question 2 page 197 :

Un génocide est le meurtre d’un grand nombre de personnes appartenant à un même peuple dans
un but d’extermination programmée, et ce pour des motifs raciaux, ethniques, religieux...

La notion de crime contre l’humanité est pensée par Hersch LAUTERPACHT, et à l’origine, cette
notion correspond aux exactions commises à l’encontre de populations civiles en temps de guerre.
On entend par exaction des assassinats, des exterminations, l’esclavage, la déportation et la
persécution. Ce crime contre l’humanité est dit imprescriptible, c’est-à-dire qu’il sera toujours puni.
La définition a été élargie dans les années 1990 notamment avec la création de la cour pénale
internationale en 2002 :

 Le préalable d’un conflit armé disparait.


 Des exactions sont ajoutées : la torture, le viol, l’emprisonnement.

La notion de génocide est créée par Raphael LEMKIN dans son ouvrage Axis Rule in Occupied
Europe (1944). Il le définit : «  par génocide, nous entendons la destruction d’une nation ou d’un
groupe ethnique […]. Il entend plutôt signifier un plan coordonné de différentes actions à la
destruction de fondements essentiels à la vie de groupe nationaux, d’en exterminer les groupes
eux-mêmes.  »

Cela signifie que le génocide est un crime de masse, ou trois critères les distinguent des crimes
contre l’humanité :

 L’objectif d’anéantissement,
 Ce sont des motifs raciaux, religieux et/ou ethniques,
 Une programmation organisée de l’anéantissement.

B. Juger les crimes contre l’humanité


 Cf. article

Une fois les procès de Nuremberg terminés, l’ONU s’emploie à universaliser le droit qui en est
issu. Pour ce faire, la résolution 95 de décembre 1946 reprend la notion de crime contre l’humanité.
Deux ans après en 1948, l’ONU adopte la convention pour la prévention du crime de génocide. A
partir de ce moment-là, ces deux actes d’accusation (crime contre l’humanité et génocide) sont dès
lors considérés comme relevant du droit international. Les états ne sont donc plus les seuls à décider
des poursuites pénales. En 1968, la convention sur l’imprescriptibilité sur les crimes de guerres et
crimes contre l’humanité à lieu. La justice pénale va s’étoffer dans les années 1990 avec la mise en
place de nouveaux tribunaux internationaux exceptionnels, qui ont pour but de juger des crimes de
masse et des génocides : en 1993 la Yougoslavie et en 1994 le Rwanda. On remarque que des
exactions continue à être commises par des états et vient alors le besoin de mettre en place un
tribunal permanent : la Cour pénale internationale (CPI) en 2002. Cette CPI a été ratifiée par de
nombreux pays (le pays qui signe et ratifie reconnait le statut de la cour pénale internationale et
l’autorise à intervenir), d’autres n’ont fait que signer, et d’autre sont refusés la ratification et la
signature (ex : Russie, Chine, Etats-Unis). Certains ont refusé car ils refusent une ingérence étrangère
sur leur territoire (perdre leur souveraineté), ou encore parce que des dirigeants sont complice voir
même auteur de crimes contre l’humanité.

Les crimes contre l’humanité, étant imprescriptibles, ils peuvent être jugés très longtemps après
les faits, et il est parfois alors nécessaire à aider les juges a mieux comprendre la période et le
contexte durant lesquels ont été commis les crimes. Ces pourquoi on fait parfois appel à des
historiens, par exemple l’historien Robert PAXTON qui est appelé à expliquer le contexte lors du
procès de Maurice PAPON. A l’inverse, d’autres historiens comme Henri ROUSSO se refusent d’aller
témoigner lors des procès, puisque selon eux les historiens évoquent des faits et ne sont pas des
témoins au sens juridique du terme.

Axe 1. Histoire et mémoires des conflits.

Les conflits et leur histoire sont durablement inscrits dans la mémoire collective des sociétés
et dans les mémoires individuelles, marquant profondément les groupes. Ils donnent souvent
naissance à une mémoire officielle de la part des gouvernements, qui parfois étouffe ce qui pourrait
diviser les populations. Ces conflits peuvent également générer des refoulements, des tensions entre
les groupes mémoriels, parfois même des tensions internationales. Le travail de l’historien est donc
alors essentiel. Il doit produire un récit objectif des conflits pour contribuer à dépassionner les
mémoires. La première guerre mondiale et la guerre d’Algérie (1954-1962) ont alimentées de très
vifs débats géopolitiques et politiques et mémoriels qui ont fait l’objet de nombreux travaux
historiques.

 Comment les conflits s’inscrivent-ils dans l’histoire et les mémoires des populations ?

Jalon 1. Un débat historique et politique : les causes de la 1ère Guerre Mondiale.


Connaitre et comprendre les controverses entourant les causes de la grande guerre. Connaitre et
comprendre les conséquences des recherches historiques sur les sociétés et les décisions politiques.

Dès 1933, l’intellectuel et ancien combattant René GERIN écrit que «  la question des responsabilités
de la guerre est, depuis 1914, et sera sans doute longtemps encore la question des questions
européennes ». Cette citation montre bien les futurs débats qui tournent autour des origines de la
Première Guerre Mondiale.

 En quoi les causes de la première guerre mondiale ont été à la fois sources de débats entre
historiens, mais aussi parfois un objet utilisé par les Etats à des fins politiques, dont la
mémoire évolue dans les sociétés jusqu’à aujourd’hui encore ?

Question 1 page 205 :

L’Autriche-Hongrie à choisit de faire la guerre, au départ régional et qui se transformera en guerre


mondiale, car elle faisait face à un risque de révolution au sein de son pays. L’Allemagne aussi faisait
face à une crise. Avec l’Autriche-Hongrie, elles ont toutes deux créé les conditions d’une guerre
qu’elles ont voulue. De plus, le plan du chancelier Hollweg montre qu’avant le début de la guerre,
l’Allemagne avait déjà pour ambition de conquérir certains territoires de France, d’Afrique et de
Belgique en faisant une guerre, car elle était confiante en sa capacité à gagner grâce à ses
armements. La France, face a ce risque de guerre créée par l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, n’a
rien fait pour apaiser les tensions et l’a au contraire acceptée, et se prépare à attaquer à son tour. En
ordre général, c’est la montée du nationalisme, les crises sociales, l’impérialisme et le capitalisme de
chaque Etat qui sont à la cause de la guerre.

Question 2 page 205 :

C’est l’Allemagne qui est considérée comme principale responsable de la guerre. Selon Rounevin et
Fischer, l’Allemagne se trouvait dans une situation de crise car sa puissance s’affaiblissait, ce qui l’a
poussée à déclencher la guerre pour pouvoir réaffirmer sa puissance. Il y a également une volonté
impérialiste

Des 1914, les différents belligérants cherchent à convaincre les opinions de leurs bons
sentiments lors des tensions d’avant-guerre. Ils souhaitent aussi se présenter comme les agressés et
non comme les agresseurs, et insistent sur la nécessité de se défendre contre les comportement
belliqueux et dangereux des adversaires.

Au moment de l’armistice, puis au moment du règlement de la paix, la controverse sur la


responsabilité de la guerre, où se mêlent les causes et la responsabilité de chacun, enflent. Cette
question se pose dès le début, puisqu’aucun état ne l’a revendiquée. Celle-ci s’étant éternisée,
chaque pays tente de justifier tous les sacrifices qui ont été imposé en rejetant la faute sur l’ennemi.
Les opinions publiques dans les différents pays sont durablement marquées par cette idée de « non-
responsabilité ». Quand il faut signer la paix le 11 novembre, il va falloir construire cette paix, et
l’Allemagne n’est pas conviée aux négociations. Elle est obligée d’accepter le traité de Versailles du
28 juin 1919 (paix négative).

Question 1 page 207 :

L’intention des Etats vainqueurs lors du traité de Versailles était d’imposer le traité de Versailles,
d’imposer l’Allemagne comme entière responsable de la guerre, de son déroulement et de ses
conséquences, et de l’humilier. Les alliés peuvent ainsi récupérer des compensations financières de
la part de l’Allemagne.

Question 2 page 207 :

C’est le parti nazi allemand, le NSDAP, qui a bénéficié du rejet par les Allemands du traité de
Versailles. En effet, celui-ci était considéré comme un « diktat », le NSDAP en a profité pour s’en
servir dans sa campagne et gagner des faveurs de l’opinion publique allemande en accablant la
République de Weimar de faiblesse.

L’article 231 du traité de Versailles stipule que l’Allemagne et ses alliés sont coupables des pertes et
des dommages subis par les alliés, et qui justifies de lourdes réparations. L’Allemagne est donc
responsable du conflit. Cela est fondamental pour l’histoire du pays et de l’Europe, puisque ça va être
l’un des piliers de l’ascension du NSDAP au pouvoir. Il y aura une rhétorique autour du diktat, qui
sera martelée dans les discours et affiches de propagandes.

Des la signature du traité de Versailles, sa dénonciation est quasi unanime en Allemagne et on a un


rejet massif des différentes mesures prises. Cela conduit à ce que l’historien allemand Gerhard
HIRSCHFELD appelle le « mythe de l’innocence ». Cette théorie vise à démontrer que contrairement a
ce que stipule l’article 231, les responsabilités de la guerre n’incombent pas seulement à l’Allemagne,
que celles-ci sont partagées. Il explique que l’Allemagne, encerclée et donc menacée par les
différentes puissances de l’entente avaient donc « dérapée dans la guerre » par nécessité défensive.
Cette thèse de l’encerclement va devenir le leitmotiv de tous ceux qui dénoncent et veulent ébranler
la thèse de l’unique responsabilité allemande.

A. L’entre deux guerres


1. Les années 1920
Dans les années 20, le récit défend toujours la thèse d’une responsabilité allemande, et donc histoire
et mémoires se rejoignent. En France, l’historien Pierre RENOUVIN dans son ouvrage Les origines
immédiates de la guerre charge les puissances centrales avec des responsabilités essentielles. Pour
lui elles ont imposé la guerre à toute l’Europe, le rôle de la France est alors secondaire.

Cette unanimité à propos de la responsabilité unique allemande se fissure rapidement. Des


pacifistes, comme Mathias MORHAKT (secrétaire de la ligue des droits de l’homme), cherchent à
rééquilibrer l’analyse des responsabilités. D’ailleurs, il montre que le président de la République
Raymond POINCARRE (1913-1920) a toujours mené une politique de haine envers l’Allemagne, et ce
même avant le début de la guerre et après la fin de la guerre. Cette thèse est reprise tout
dernièrement par un historien allemand, Stefan SCHMIDT. Si ces thèses se révèlent exactes, tout ce
qui a été dit par les alliés s’effondrent, et leur politique également. Néanmoins, ce mouvement reste
minoritaire.

2. Les années 1930

On constate quelques évolutions : certains historiens vont analyser la marche à la guerre comme le
choc inévitable des impérialisme européens. Pour eux, il n’y a pas un responsable, mais plutôt une
idéologie qui serait coupable, à savoir l’impérialisme.

On voit également apparaitre des théories moins favorables aux alliés. Celles-ci ne correspondent ni
aux attentes du pouvoir, ni aux attentes des populations. Par exemple, Jules ISAAC va publier Un
débat historique, le problème des origines de la guerre (1933). Se développe alors l’idée que même si
les Allemands sont les premiers responsables de la guerre, la France n’a rien fait pour l’éviter.

En Allemagne, les historiens et le pouvoir nazi dénoncent ce qu’ils appellent le « mensonge de la


culpabilité allemande », plus connu sous le nom de Kriegsschuldüge. Ils insistent sur la responsabilité
franco-russe, ce qui leur permet de dénoncer le diktat de Versailles et entraine des conséquences
(réarmement etc.).

B. L’affaire Ficher
Question 3 page 207 :

Selon la thèse de Fischer publiée en 1961, c’est l’Allemagne qui est responsable de la guerre et l’a
déclenchée dans l’espoir de devenir une puissance mondiale, et que le traité de Versailles explique la
montée du nationalisme. Fischer exprime cette théorie malgré le fait qu’il ait adhéré au NSDAP de
1939 à 1942. Il réfute cette accusation en se justifiant par le contexte nationaliste.

Question 4 page 207 :

Hitler et le président de l’Assemblée s’opposent à cette thèse en annulant sa tournée aux Etats-Unis.
Cette opposition montre que les gouvernants et le peuple allemand sont en désaccord, la place de
l’historien est donc alors de montrer la vérité et non d’aller dans le sens de l’opinion.

Selon Fischer dans son ouvrage Les buts de l’Allemagne impériale 1914-1918 (1961), il
réévalue la responsabilité de l’Allemagne dans le déclenchement du conflit. Il affirme que c’est la
politique du Reich, et ce depuis Bismarck, qui par ses volontés expansionnistes et sa quête de
puissance mondiale qui a engendré la grande guerre. Il établit une continuité dans la politique
extérieure allemande de Bismarck à Hitler. Ce livre est à contre-courant de tous ce qui a été publié
dans l’entre-deux guerres allemandes.
Pour dire ça, il s’appuie sur un texte qui s’appelle « Programme de septembre ». Ceci est un
programme annexionniste et belligène qui a été publié par le Reich. Il va plus loin, car il publie un
deuxième ouvrage, La guerre des illusions (1969), dans lequel il radicalise ses opinions en insistant
sur les problèmes économiques de l’Allemagne avant la guerre, ce qui lui permet de justifier cette
entrée en guerre. Fischer fait de son pays le plus coupable de tous les coupables.

Cette parution déclenche un véritable scandale et le débat est relayé par la presse et dépasse même
largement le cadre des historiens. Le gouvernement allemand de la RFA prend même position dans
cette controverse, ce qui met en valeur le véritable enjeu politique qui tourne toujours autour de
cette responsabilité de la Première Guerre Mondiale. Les subsides qui étaient alloués par le
gouvernement à Fischer sont supprimés et sa tournée aux Etats-Unis est annulée en 1964. En
représailles, les Etats-Unis boycottent la venue du ministre allemand des Affaires étrangères.

C. Les études récentes

Dans les années 1980 à 2000, les travaux sur les origines du conflit ne sont plus au cœur de
l’historiographie. Les historiens changent d’optique de recherche, et les recherches se portent sur les
sociétés, sur l’expérience au front. D’autre part, la question de la culpabilité/responsabilité a perdu
tout caractère politique car il y a une réconciliation franco-allemande dans les années 1960. Au début
des années 2000 le débat semblait apaisé, jusqu’à l’approche du centenaire en 2013.

Question 5 page 207 :

Selon Christopher Clark, le déclenchement de la guerre n’est pas dû qu’à l’Allemagne mais à
l’ensemble des Etats belligérants. En effet, c’est l’impérialisme et la paranoïa de tous les acteurs qui
sont responsables de la guerre.

L’historien australien Christopher Clark publie Les somnambules. Eté 1914  : comment
l’Europe à marché vers la guerre (2013), et dans cet ouvrage, l’historien questionne de nouveau les
responsabilités de l’entrée en guerre et Clark réévalue à la hausse la responsabilité des pays de
l’entente, et notamment celle de la Serbie, de la Russie et de la France. Il relativise quelque peu la
responsabilité des puissances centrales. Il réhabilite la théorie des responsabilités partagées et
notamment le rôle central de la Serbie qui avait été jusque-là trop peu analysé.

Il explique que l’attenta de Sarajevo est le résultat d’une politique agressive de la part de la Serbie
qui avait des visées expansionnistes très claire et ses volontés s’étaient déjà manifestées lors des
guerre balkaniques (1912-1913). D’autre part, il considère que le gouvernement serbe était au
courant du complot qui visait François Ferdinand et qu’en laissant faire l’attentat le gouvernement à
accepter l’éventualité d’un conflit. Cela aurait pu servir la cause d’une éventuelle Grande Serbie.

Il explique également que la France et la Russie sont fautives d’avoir soutenue la Serbie dans son bras
de fer avec l’Allemagne, et donc d’avoir pris le risque d’un affrontement généralisé, puisqu’elles
n’ont pas modéré les ardeurs nationalistes et le comportement belligène des serbes.

Néanmoins, deux critiques sont adressées à cet ouvrage. La première, c’est cette tentative de
rééquilibrage et cette volonté de minimiser les responsabilités austro-hongroises, que l’historien
André LOETZ critique. La deuxième, elle est en référence à la métaphore du titre : les somnambules.
Clark entend par la que les dirigeants européens étaient « hantés par des rêves », aveugles de la
réalité et des conséquences que cela allait engendrer, ils marchaient vers la guerre tels des
somnambules.
En 2014, un autre historien lui répond, GERD KRUMEICH avec Le feu aux poudres. Qui a
déclenché la guerre en 1914  ? A travers cet ouvrage, il défend l’idée que l’Allemagne, en accord avec
l’Autriche Hongrie a mis le « feu aux poudres », alors que tous les autres Etats européens espéraient
trouver une solution pacifique à cette crise. Il met en lumière le poids de la peur qui a conduit au
conflit. La peur voire la phobie de l’encerclement pour l’Allemagne, mais aussi la peur de la France
face à la puissance grandissante de l’Allemagne.

L’ouvrage de Margaret MACMILLAN Vers la grande guerre. Comment l’Europe a renoncé à la


paix  ? (2014) change de perspective. Tous les évènements sont contextualisés, et elle en arrive à la
conclusion que certains dirigeants sont plus responsables que d’autres. L’Allemagne, l’Autriche
Hongrie et la Russie apparaissent comme les plus fautives mais la France et le Royaume Unis ne
voulaient pas la guerre mais n’ont rien fait pour l’éviter.

Malgré la richesse historiographique et les nombreux débats politiques, les causes de 1914
semblent toujours aujourd’hui «  un espace d’incertitude historique  », Joachim KAPPNER.

Jalon 2. Mémoires et histoire d’un conflit : la Guerre d’Algérie.


Connaitre et comprendre l’émergence progressive des mémoires de la Guerre d’Algérie dans le débat
public. Connaitre et comprendre les modalités et les limites de la politique mémorielle menée par les
pouvoirs publics depuis 2000.

Citation de Benjamin STORA dans La guerre d’Algérie 1954-1962. La fin de l’Amnésie (2004) :

«  Les mémoires ont toujours une dimension subjective. Elles fonctionnent comme un discours de
légitimation, de sorte qu’elles sont à la fois question d’événement et miroir déformant. L’histoire
ne peut ni les dédaigner ni s’y soumettre.  »

La guerre d’Algérie prend fin en 1962 quand la France décide de se retirer et d’accorder son
indépendance à l’Algérie avec les accords d’Evian (19 mars 1962). A ce moment-là, il y a sur le
territoire français 2 millions de personnes impliquées dans le conflit, comme les pieds-noirs, les
harkis, les anciens combattants… chacun de ces groupes est porteur d’un vécu, d’une mémoire
différente voire opposée. Durant les deux décennies qui suivent la fin de la guerre, l’interprétation de
la Guerre d’Algérie est radicalement différente selon le côté algérien ou français, et de même pour le
vocabulaire employé.

- Quels rapports l’histoire et les mémoires de la Guerre d’Algérie entretiennent-elles ?


Comment s’articulent les mémoires et le travail de l’historien de la Guerre d’Algérie ?

Point sur la Guerre d’Algérie : Une guerre de décolonisation qui ouvre des blessures.

A partir du 19ème, les puissances européennes fondent leur prestige sur leur possessions coloniales. Le
statut de l’Algérie pour la France est particulier car l’Algérie est trois départements de la France, c’est
une colonie de peuplement. Au moment de la décolonisation, il est donc difficile pour les
gouvernements et pour l’opinion publique d’accepter celle-ci puisqu’elle est vue comme un recul
voire un déclin. Très souvent, on voit ces décolonisations accompagnées de violences, mais pas
toutes basculent dans des guerres.
Parmi les décolonisations difficiles, il y a l’Algérie, où la France a mené une guerre même si elle a très
longtemps refusée de la nommée ainsi puisque le gouvernement successif employait les termes des
« évènements d’Algérie » ou des « opérations de pacification ».
En 1945, des émeutes pour l’indépendances secouent l’Algérie mais sont réprimées. En 1954, les
nationalistes algériens créent le FLN (Front de Libération Nationale). Le 1 er novembre 1954, il
organise une insurrection générale avec des attentas dans tous le pays qui visent les pieds-noirs.
C’est ce qu’on a appelé la Toussaint Rouge.
Dans les années qui suivent, les différents gouvernements de la IVème République refusent de
négocier, et même s’ils ne parlent pas de guerre à proprement parler, ils envoient de nombreux
contingents en Algérie (350 000 soldats, dont des jeunes en services militaires). En parallèle, le
gouvernement et l’armée française reçoivent un renfort de combattants algériens. De part et d’autre,
les exactions se multiplient : on a des attentats, des actes de guérilla de la part du FLN, et une
répression, même des civils algériens, et de la torture de la part du gouvernement français.
Cette guerre va aussi toucher la métropole, car il y a des manifestations en faveur de l’indépendance
et ces manifestations vont être fortement réprimées. Par exemple, la manifestation du 17 octobre
1961, ou des centaines de victimes sont jetées dans la Seine et sont noyées. Il y a des divisions au
sein de la population française. En 1961 est créée l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète), c’est une
organisation terroriste composée de français qui luttent et refusent la politique de De Gaule, qu’ils
trouvent trop conciliant puisqu’en 1959 il propose aux algériens un référendum sur
l’autodétermination. L’OAS commet alors des attentats en France et même contre De Gaule.

En 1962, quand sont signés les accords d’Evian, ont peut dire que la guerre d’Algérie a été une guerre
franco-française (OAS contre la politique de De Gaule), mais aussi algéro-algérienne (FLN contre
harkis, qui sont considérés comme des « traitres »).

Des la fin du conflit, le bilan humain devient un enjeu mémoriel et politique, et ce d’autant plus que
le décompte des victimes est difficile. Chaque groupe mémoriel a intérêt à gonfler ou à sous-estimer
son bilan.

Question 1 page 213 :

Les différents acteurs de la Guerre d’Algérie sont les partisans de l’Algérie française (l’OAS), ceux de
l’indépendance de l’Algérie (le FLN, qui se considèrent comme les vainqueurs/héros de la guerre), la
majorité silencieuse, le contingent français des jeunes du service militaire (mémoire traumatique),
les pieds-noirs (ne sont acceptés nulle part, et sont placés dans des camps de réfugiés) et les harkis
(situation de double trahisons/traumatisme : ils sont considérés comme des traitre par l’Algérie et
subissent des massacres car ils sont trahis par la France qui ne les rapatrient pas).

Malgré la paix, de nombreuses blessures demeurent, et celles-ci donnent naissances à différents


groupes de mémoire, qui chacun aura sa lecture de la guerre.

- Environ 1 million de pieds-noirs est rapatrié en France et ce groupe a du tout quitter. Ils
perçoivent leur départ comme une expatriation forcée.
- Environ 40 000 harkis quittent l’Algérie où leur vie est menacée. Ils sont accueillis dans des
camps de transit et vivent une vie miséreuse et dans une extrême pauvreté.
- Toute une génération de soldats français revient traumatisée, notamment du fait des
violence qu’on leur a demandé d’exercer. Ils vont enfouir leur mémoire et leurs souvenirs de
guerre. D’autant plus car En 1962, des lois d’amnistie mises en place par des pouvoirs
publiques afin d’occulter tous les débats autour de la torture.
- Les combattants du FLN qui s’engagent des 1962 dans un processus de création d’un nouvel
Etat et ceux qui deviennent haut placé développent une mémoire officielle pour légitimer
leur pouvoir.

I. 1960-1970, des mémoires conflictuelles


A. Oublier « la sale guerre » en France

Question 2 page 213 :

La réaction majoritaire a été de vouloir oublier et cacher la guerre d’Algérie. Les amnisties mises en
place ont alors pour rôle de dissimuler la guerre d’Algérie et les actes commis. Elles peuvent paraitre
surprenantes car elles gracient les membres de l’OAS, alors que De Gaule était opposé à l’OAS et
alors que des pratiques comme la torture ont été utilisées et qu’il y a eu une tentative d’assassinat.
Mais elles sont n nécessaire pour l’unité de la France.

A partir de 1962, on rentre dans une période d’amnésie encouragée par l’Etat. Le terme de
« guerre » n’est toujours pas prononcé, on parle des « évènements » d’Algérie ou des « opérations
de sécurité et de maintien de l’ordre ». Il faut absolument oublier le conflit, en parler le moins
possible. On parle alors d’une mémoire occultée et Benjamin Stora dit même que «  la guerre
est  ensevelie  ».

On peut expliquer cette volonté d’oubli par quatre raisons :

- Il faut oublier toute une série de défaites


- Il faut oublier la perte définitive de son empire coloniale, dont l’Algérie était un symbole.
- Il faut évacuer le traumatisme des 2 millions de jeunes soldats qui, au nom de la raison
d’Etat, ont dû commettre des violences et des tortures.
- Il faut masquer les divisions internes, et de tendre vers l’illusion d’une « unité nationale ».

Pour ce faire, des lois d’amnisties sont votées, notamment en ce qui concerne les membres de l’OAS
(1968). Elles ont pour rôle de masquer la torture employée par l’armée française. D’autre part, les
témoignages sont censurés. C’est notamment le cas de Henri ALLEG, qui est un militant communiste
qui a soutenu le FLN, et son livre La question (1958) est interdit.

Le travail des historiens lors de cette période est quasi-inexistant, à l’exception d’un pionner, Pierre
VIDAL-NAQUET qui parvient lui à publier des ouvrages dénonçant la torture et l’attitude des autorités
française (exemple : L’Affaire Audin (1958) et La torture dans la République (1972)). Progressivement,
les travaux des historiens permettent le réveil des mémoires.

La culture joue aussi un rôle important, notamment la filmographie, car des réalisateurs vont essayer
de représenter la guerre. Par exemple avec La bataille d’Alger (1966), qui met en scène le colonel
Matthieu qui a une mission importante à accomplir, mais pour y parvenir il emploie des moyens
exceptionnels : la torture. Néanmoins, à sa sortie le film est censuré et les deux seuls cinémas
voulant le projeter sont victimes d’un attentat. En 1972, le film Avoir 20 ans dans les Aurès sort. Le
réalisateur est antimilitariste réalise son film à partir de témoignages d’anciens appelés. Ce film
dénonce les méthodes employées par l’armée française. Ce film reçoit le Prix de la critique au festival
de Cannes.
B. Des mémoires confisquées en Algérie

Question 3 page 213 :

La version officielle qui a été imposée en Algérie est celle d’une Algérie victorieuse, celle de la
mémoire des combattants du FLN. C’est sur ces mémoires que reposent la légitimité de l’Etat.
Mohammed Harbi utilise l’expression d’Etat « anhistorial, théologien » car les autres groupes de
mémoire comme les combattants non FLN ou les berbères ne sont pas représentés dans ma mémoire
officielle mise en place par l’Etat algérien. L’histoire devient une religion d’Etat, puisque l’Etat a la
mainmise sur l’histoire.

Dans les anciennes colonies, l’obtention de l’indépendance est tout d’abord un objet de fierté. Ces
Etats nouvellement créés diffusent une mémoire officielle qui héroïse les hommes ayant combattu
pour cette indépendance. En Algérie, la guerre est considérée comme une « guerre de libération ».
C’est le sentiment victorieux qui domine, et des mesures phares sont prises, comme l’insurrection du
1er novembre 1954 (la « Toussaint Rouge ») qui devient une fête nationale, la « fête de la
révolution ». Le drapeau du FLN devient l’emblème national. Cette indépendance voit la création
d’un nouvel Etat non-démocratique car le FLN, qui devient parti unique, et il prend le pouvoir par la
force lors d’un putsch en 1965 (temps de latence entre 1962 et 1965 ou … est au pouvoir). Cet Etat
va imposer une vision de l’histoire qui correspond à ses intérêts. Cela implique que le gouvernement
contrôle la recherche historique. Il met en avant des faits d’armes, réalise des biographies de figures
historiques du FLN. On assiste globalement à une idéalisation de l’histoire, car il est expliqué que tout
le peuple algérien s’est uni sans aucune division contre l’occupant français. Ils adoptent le slogan
suivant : « Un seul héro, le peuple ». L’histoire officielle nie les divisions et tensions durant la guerre
(FLN, pieds noirs et harkis) et la diversité sociale et culturelle (opposition entre ville et campagne).
Seul le rôle du FLN est mis en avant. En réalité, seule une petite partie des Algériens a pris les armes
contre les Français, et les divisions, y compris au sein même du FLN. Le président de la République
Ahmed BEN BELLA (de 1963 à 1965), malgré ses faits d’armes, est destitué par le coup d’Etat au sein
du FLN par BOUMEDIENNE, et est emprisonné jusqu’en 1981.

Pourquoi cette mémoire ?

L’objectif de cette mémoire est d’abord politique : elle justifie la place de l’armée dans le nouvel Etat
(l’Etat est militaire et autoritaire). On a ainsi un monument aux martyres d’Algérie (cf. page 215), qui
sert de lien entre les soldats de la guerre d’indépendance et les soldats de l’armée algérienne.

II. Les années 1980-1990, les années de rupture


A. Le réveil des mémoires en France

Dans ces années, certains groupes mémoriels deviennent contestataires et revendicateurs, et par ces
actions, on voit progressivement les mémoires sortirent de l’oubli. Par exemple, les enfants de harkis
mettent en avant la dureté des conditions de vie et se font entendre pour que l’Etat reconnaisse
l’histoire de leurs pères. Les pieds noirs, quant à eux, cultivent et expriment ce qu’ils ont appelé la
« nostalgérie ». Ils l’expriment notamment au travers du cinéma, avec par exemple le film Le corps
de Sirocco (1979).

Ce réveil progressif des mémoires est accompagné de travaux d’historiens : ces derniers comment
véritablement à s’étoffer, car ils expliquent et analysent la guerre. On voit l’Etat s’engager dans une
politique de reconnaissance mémorielle. L’Etat prend des mesures fortes :
- 1983 : enseignement de la guerre d’Algérie dans les programmes scolaires
- 1983 : François Mitterrand, pour apaiser les tensions, invite de manière officielle le président
de la République algérien. A cette occasion, la France joue l’hymne national algérien, c’est-à-
dire celui du FLN, pour la première fois.
- 1999 : une loi reconnait officiellement le terme de « guerre d’Algérie » et accorde le statut
d’anciens combattants aux appelés du contingent.

Durant cette période, les historiens travaillent sur les zones d’ombres de la guerre et notamment sur
la répression du 17 octobre 1961 (les manifestants jetés dans la Seine). On voit en parallèle la
libération de la parole des anciens appelés du contingents, qui s’expriment auprès d’historiens. Un
ouvrage de Benjamin STORA, La mémoire de la Guerre d’Algérie (1991), donne une impulsion a la
recherche historique qui suit. Néanmoins, il y a toujours en France des tensions assez vives et ces
tensions vont être exacerbées par l’extrême droite. Incarnée par Jean-Marie Lepen et son parti le
Front National, elle entretient une mémoire hostile à l’Algérie nouvellement indépendante et met en
avant sa nostalgie d’une Algérie coloniale. Elle va même jusqu’à défendre l’armée et les exactions
qu’elle a pu commettre.

B. Le réveil des mémoires en Algérie

La décennie 1980 est marquée par un début de fissure dans le discours officiel sur le conflit. Plusieurs
historiens, comme Mohamed HARBI, cherchent à remettre en cause le discours officiel. Néanmoins
leur travail est très difficile, du fait du poids de la société, de la censure et de la difficulté d’accéder
aux archives. En effet, le travail de recherche est entravé par le pouvoir et ce car il manque de
sources. En effet, ces sources émanent des autochtones qui souvent était illettrés, on avait donc
plutôt des sources orales. Le peu d’archives écrites venaient des colonisateurs, et donc n’était pas
favorables au discours voulu. On voit un tournant avec le président CHALDI puisqu’il va se lancer
dans une vague d’amnisties et libère Ben BELLA en 1981. D’autre part, il réhabilite certains héros de
guerre, qu’on appelle les « pères maudits » du nationalisme algérien comme Messali HADJ ou Abane
RAMDANE.

En 1988, le pays en frappé par une vague d’émeutes et celles-ci demandent des concessions
démocratiques. Ces émeutes proviennent de la jeunesse, et il y a aussi une volonté de connaitre le
passé, les vrais faits et de lutter contre les mémoires confisquées.

III. Depuis les années 2000, de la mémoire à l’histoire


Question 2 page 215 :

Grâce aux mémoriaux nationaux, les Etats reconnaissent les faits de la guerre d’Algérie en incluant
tous les groupes mémoriels dans une volonté de réconciliation et d’apaisement, ce que les lieux de
mémoire communautaires ne faisaient pas. Le but final serait de tendre vers une certaine unité.

Question 3 page 215 :

Les vrais faits à propos de la disparition de Maurice Audin, à savoir son arrestation, sa torture puis
son assassinat, par l’armée française sont restés cachés jusqu’en 2018. Il aura donc fallu attendre
près de 61 ans pour que l’Etat reconnaisse ses actes, ce qui nous montre que le processus historique
et mémoriel de la guerre d’Algérie est lent mais avance, car pendant la période de déni l’Etat ne
reconnait rien, et le début de la reconnaissance se fait grâce au travail des historiens (ouverture des
archives, témoignages)
A. La France à l’heure de la reconnaissance

La fin des années 1990 marque en France le début d‘un processus de reconnaissance par les
autorités des réalités de la guerre d’Algérie. Après la reconnaissance du terme de « guerre », on voit
l’inauguration d’un mémorial en 2002 par le président Chirac à Paris, et le 5 décembre 2003 on
décrète une journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Afrique du Nord. En
parallèle, la France reconnait aussi officiellement le rôle des harkis et le 25 septembre 2005 devient
la journée nationale d’hommage des harkis.

Dans les années 2010, la reconnaissance s’oriente sur le terrain des violences de la guerre. François
Hollande en 2012, reconnait la responsabilité de l’Etat dans la répression de la manifestation du 17
octobre 1961, suite au documentaire Ici, on noie les Algériens. Le travail des histories est également
facilité, de nouvelles thématiques sont mises en lumières, notamment la torture pratiquée par
l’armée française. L’historienne Raphaëlle Branche va publier La torture et l’armée pendant la guerre
d’Algérie (2001), dans lequel elle démontre que la torture n’est pas un acte isolé mais qu’elle était
régulière et qu’elle apparait comme autorisée par les dirigeants. C’est un sujet de polémique, mais
les polémiques ont permis le retour de cette mémoire du conflit dans les débats historiques et
permet l’exploration de zones d’ombre qui n’avaient pas encore été explorée. C’est notamment le
cas de l’affaire Maurice AUDIN, qui est devenu un emblème de la guerre d’Algérie. Maurice AUDIN
est un jeune militant communiste, professeur de math à l’université d’Alger, qui a été enlevé et
torturé par l’armée française en 1957 et officiellement porté disparu. En 2018, Macron reconnait
officiellement la responsabilité de l’Etat et de l’armée française dans son assassinat. La même chose
est reconnue en 2021 pour Ali BOUMENDJEL, qui lui avait été défenestré par les militaires français
lors de la bataille d’Alger (1957).

Si en France, les mémoires de la guerre d’Algérie sont libérées, elles ne sont pas pour autant
apaisées. La reconnaissance mémorielle est incomplète, notamment en ce qui concerne les violences
perpétrées durant la guerre.

B. Une mémoire officielle qui ne passe plus en Algérie

On voit une nette évolution au 21 ème siècle dans la perception du conflit. La jeunesse, qui est
majoritaire, n’accepte plus la mémoire officielle. Il la retourne même contre le pouvoir puisque ce
dernier tire sa légitimité de la révolution algérienne. C’est pour ce faire que l’on voit un certain
nombre de manifestations anti-Bouteflika en 2019, et les manifestants reprennent le slogan « un seul
héros, le peuple » en français. Finalement, ce slogan se retourne contre le pouvoir qui lavait mis en
place (rejet de la population algérienne qui ne veut plus de la mémoire officielle).

Ces dernières années, on a vu des collaborations entre des historiens français et algériens.
Notamment entre Mohamed HARBI et Benjamin STORA qui ont rédigé ensemble La guerre d’Algérie
(2004). Le but de cette collaboration est de montrer qu’il est possible d’en finir avec un passé franco-
algérien douloureux, et qu’il est possible de construire une histoire partagée. Mais la pression des
Etats, la pression des groupes mémoriels, fait que cette histoire est encore sensible aujourd’hui, et ce
dans les deux pays. Cette sensibilité ne permet pas encore l’écriture d’une histoire transnationale. Et
malgré les différentes reconnaissances de la responsabilité de l’Etat français, l’Algérie réclame des
excuses officielles, puisque pour elle cette guerre est toujours qualifiée de massacre, de crime d’Etat.
Conclusion de l’AXE 1

L’histoire est au centre de multiples enjeux tant politiques que mémoriels. Pour expliquer les origines
de la grande guerre, le débat historique s’est longtemps focalisé sur la question de la responsabilité
et donc de la culpabilité (celle des vaincus dans un premier temps). Après la seconde Guerre
Mondiale, dans le contexte de rapprochement franco-allemand, la question perd son caractère
politique et les recherches se centrent sur d’autres objets. On peut dire que globalement aujourd’hui
la polémique internationale est clause.

L’exemple de la Guerre d’Algérie met en valeur l’articulation entre histoire et mémoires. En France, la
volonté d’occultation par l’Etat n’a pu empêcher la résurgence des mémoires enfouies. On a vu à
partir des années 70 différents acteurs demander des réparations. Ces évolutions ont poussé les
pouvoirs publics à entamer une politique de reconnaissance officielle des multiples mémoires, même
si en Algérie celles-ci sont toujours étouffées par une mémoire officielle.

Axe 2. Histoire, mémoires et justice.

En novembre 2020, le chef de guerres sénégalais SHEKA est condamné à la prison à vie par un
tribunal militaire local pour de graves violations des Droits de l’Homme. Il a perpétré des pillages, des
recrutements d’enfants soldats, des viols de masse, de l’esclavage sexuel et des meurtres. A cette
occasion, l’ONG Human Right Watch, a salué «  un pas important dans la lutte contre l’impunité  ».
Cet exemple révèle trois choses : la multiplication des procès pour crimes de guerre depuis la fin du
20ème siècle, le développement d’une « justice exceptionnelle » à toutes les échelles, et l’ambition
d’uniformiser les pratiques judiciaires.

A la fin de la guerre froide est né l’espoir d’un apaisement dans les relations internationales, mais cet
espoir est vite balayé par de nouveaux conflits interétatiques meurtriers, que ce soit au Rwanda en
1994 ou en ex-Yougoslavie entre 1991 et 2008.

Au Rwanda

En quelques mois, la minorité Tutsi est victime d’un génocide qu’on estime à environ 1 million de
morts. Pour juger un crime d’une telle ampleur, le gouvernement rwandais a pris l’initiative de
convoquer des tribunaux traditionnels, appelés les gacaca, qui travaillent en parallèle des TPIR.

En ex-Yougoslavie

Ce pays est le théâtre de crimes de masse, notamment avec des pratiques de nettoyage ethnique à
l’encontre des Bosniaques musulmans. La communauté internationale s’est montrée impuissante et
n’a pu empêcher les exactions. L’ONU a tout de même mit en place le TPIY (1993) dans une volonté
de lutte contre l’impunité des criminels.

Ces deux exemples nous permettent d’étudier le rôle qu’ont joué la recherche historique et la justice
dans la reconstruction des Etats et des sociétés.
 Comment la justice se saisit-elle des génocides et des crimes de masse aux échelles locale,
nationale et internationale ? La justice peut-elle apaiser les mémoires des génocides et
crimes de masse aux échelles locale, nationale et internationales ?

Jalon 1. La justice à l’échelle locale : les tribunaux gacaca face au génocide des Tutsis
Comprendre le rôle des gacaca dans l’œuvre de justice et de réparation après le génocide des Tutsis.

Le Rwanda est un Etat multiethnique :

- Tutsis (20%) qui sont des éleveurs qui possèdent des troupeaux. Ils dominent la hiérarchie
sociale car c’est de leur ethnie qu’est issue la famille royale.
- Hutus (80%) sont des agriculteurs moins élevés dans la hiérarchie socio-économique.

Au début des années 1990, une guerre civile éclate entre le Front Patriotique Rwandais (FPR) dirigé
par Paul KAGAME fondé par les Tutsis en exil, et les armées loyalistes du président Hutu Juvénal
HABYARIMANA, arrivé au pouvoir en 1973 par un coup d’Etat.

Le Rwanda est dans une situation de conflit permanent depuis l’accès à l’indépendance en 1962.
C’est dans cette période que l’on a assisté à l’exil de 200 000 Tutsis après l’arrivée des Hutus au
pouvoir. Des accords de paix sont signés à Arusha (Tanzanie), mais ces accords sont un échec puisque
la population Tutsi n’est toujours pas intégrée à la population du Rwanda (les violences perdurent).

La logique génocidaire existe dans le pays depuis de nombreuses années, et son paroxysme sera le
génocide rwandais en 1994. Ce génocide sera commis avec la complicité de l’armée et de l’Etat.

En 1994, un attentat est perpétré contre l’avion présidentiel. Des extrémistes Hutus accusent le FPR
d’être responsable de l’organisation et de l’exécution cet attentat. A partir de ce moment-là, ils
entreprennent un massacre systématique des Tutsis et des opposants Hutus avec le soutien du
gouvernement, des pouvoirs locaux et des milices civiles, appelées milices Interahamwe.

Ce génocide est un massacre de masse particulier puisqu’il a des modalités artisanales :

- Les bourreaux ont tué avec des outils du quotidien (machettes, marteaux, couteaux,
serpettes, houes…)
- Les atrocités ont été commises dans des lieux de proximité, du quotidien (collines, écoles,
églises)
- Le génocide a été accompli par des habitants, des voisins, des proches, qui connaissaient les
victimes et leurs habitudes. C’est pour cela que les historiens Hélène DUMAS et Stéphane
AUDOIN-RONZEAU vont parler d’un «  génocide du voisinage  »

Il faut également noter l’importance de l’embrigadement, puisque les autorités hutues en place
assimilent la minorité Tutsi à un danger d’invasion du pays. Les massacres prennent fin en juillet 1994
après une double intervention du FPR et de la force militaire française avec la zone turquoise.

En 100 jours, ces massacres qui ont touché les hommes, femmes et enfants ont fait entre 800  000 et
1M de morts, soit 75% des Tutsis. L’enjeu immédiat après ce génocide est double : juger les
responsables et construire une histoire collective car il faut tenter de réunifier le pays après les
différents massacres.

I. Juger d’abord à l’échelle internationale


Question 1 page 229 :

Le TPIR agis au niveau international : il est chargé de juger les planificateurs, leaders du génocide,
ceux qui ont agis en position d’autorité ainsi que les meurtries de grand renom coupable de tortures
sexuelles ou de viols. Après sa création en 1994, le TPIR fait le procès de Jean-Paul Akayesu en 1995
puis une série de procès de 1996 à 2015 durant lesquels il juge 93 personnes.

Question 2 page 229 :

Les auteurs de crime de masse ont pour certains fui à l’étranger. Certains sont arrêtés dans le Sud de
l’Afrique (par exemple Jean-Paul Akayesu en Zambie), en Europe (par exemple Pascal Simbikangwa à
Paris, mais principalement en Belgique) et aux Etats-Unis.

En 1994, l’ONU décide de la création du TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) qui est
localisé à Arusha. Sa mission est de juger les principaux instigateurs du génocide : les responsables
politiques et militaires, les idéologues du génocide, les ministres du gouvernement, les personnes qui
ont encouragé ce massacre, notamment les médias comme la radio Milles Collines qui dans ses
émissions qualifiait les Tutsis de « cafards, de cancrelats ».

En 1998, le jugement de Jean-Paul Akayesu a lieu, c’est la première condamnation pour crime de
génocide prononcée par le TPIR.

Du coté rwandais, l’action de ce tribunal est critiquée, puisque les rescapés estiment ne pas avoir été
suffisamment pris en compte. Au final, on peut dire que le travail du TPIR est resté plutôt marginal.

II. Juger aux échelles nationales et locales


Question 2 page 227 :

L’Etat rwandais a remis en place les tribunaux gacaca car il fallait juger à l’échelle locale les auteurs
de crimes pendant le génocide, et ainsi de réconcilier et réunifier la population, et le nombre de
personnes à juger nécessite de multiplier les tribunaux.  Ils permettent ainsi de juger et de
condamner des auteurs moins importants dans l’échelle des massacres que la justice internationale
ne jugeait pas.

Question 3 page 229 :

Le rôle de la justice dans le processus mémoriel a été de clarifier ce qui s’est produit + permettre aux
nouvelles générations d’avoir accès à cette mémoire + lutter contre le négationnisme + reconnaître
les coupables en tant que coupables d’actes de génocide en tant qu’acte fort, à l’échelle locale et
internationale + éviter l’impunité et la résurgence + tendre à une nouvelle unité et arriver peut-être à
une réunification des deux communautés. D’autres actions accompagnent la mémoire du génocide
et de la reconstruction du pays comme les commémorations, la création d’associations. Ces
tribunaux prennent parfois place sur le lieu même où se sont produits les massacres = portée
émotionnelle  apaiser le ressentiment des populations victimes du génocide.

Question 3 page 227 :


Les limites des juridictions gacaca sont l'absence de vrais juges car ceux présents ont été
sélectionnés et n’ont reçu qu’une formation de deux semaines. De plus, tous les auteurs de crimes
n’ont pas été arrêtés ou condamnés. On voit également des critiques sur la politisation de ces
juridictions au cours des années accompagnées de tensions ethniques encore bien présentes (des
exactions sont toujours commises, donc pas de paix). 

Une des particularités du génocide rwandais réside dans le nombre important de génocidaires. C’est
pourquoi dès l’été 1994 les nouvelles autorités rwandaises doivent faire face à un chaos, puisqu’il y a
un nombre très important de prisonniers dans les geôles (en 2001, encore 120 000 prisonniers dans
les prisons). La justice joue un rôle essentiel pour deux raisons : elle doit permettre une politique de
mémoire collective, mais surtout reconnaitre les souffrances des victimes. C’est pourquoi, dès cet été
l’idée d’une amnistie est écartée.

En 1996, une loi est promulguée pour organiser la poursuite des différents coupables à l’échelle
nationale.

8 mois plus tard, moins de 10 000 jugements ont été rendus, donc à partir des années 2000 on voit la
réactivation de tribunaux ancestraux : les gacaca. Ce sont des tribunaux populaires à ciel ouvert qui
rassemblent l’ensemble de la communauté villageoise et traditionnellement jugeaient des problèmes
entre voisins. Dans ce cas-là, ils jugent les actes des auteurs des génocides. Ils rendent donc une
justice de voisinage, et permettent de mieux comprendre le génocide et de pouvoir en faire l’histoire.

A partir de 2015, plus de 12 000 gacaca prennent en charge les jugements de centaines de milliers de
prévenus. Ces tribunaux poursuivent les « infractions constitutives de crime de génocide ou de
crimes contre l’humanité » commises entre le 1er octobre 1990 et le 31 décembre 1994. Ce sont des
juges non-professionnels qui vont présider les débats et on encourage les accusés à avouer et à
plaider coupable.

Ces procès sont parfois organisés sur les lieux même des massacres, ce qui permet de reconstituer
fidèlement les différents événements, de raconter les circonstances qui entourent la mort des
victimes, d’établir une chaine de responsabilités, de construire une histoire collective et commune,
mais également de découvrir des fausses et des charniers. Le repentir et les excuses exprimées par
les accusés sont censés participer à l’œuvre de réparation voulue par le gouvernement.

L’historien Sébastien LEDOUX : «  La reconnaissance des expériences traumatiques de collectivités


structurent en grande partie les nouveaux rituels commémoratifs qui ont eux-mêmes
symboliquement valeur de réparation envers les victimes.  »

Bilan du Jalon 1 :

Les gacaca ont mobilisés 170 000 juges et ont examinés 2 millions de cas. Ainsi, 11,5 % des prévenus
ont été condamnés (planificateurs, grands criminels, auteurs de viols), 61,6% de condamnations pour
les meurtriers/personnes ayant agi dans l’intention de donner la mort et 26,9% de condamnations
pour atteinte à la propriété.

Face à cette justice d’urgence, de nombreuses réserves ont vu le jour :


- Les organisations de défense des Droits de l’homme ont dénoncé des atteintes au droit de la
défense (certains accusé pas droit avocat de la défense).
- Certains historiens soulignent une instrumentalisation de cette justice par le pouvoir
rwandais, qui lui vise un but purement politique, qui est la réconciliation à tout prix, même
s’il faut parfois prendre certaines libertés avec la vérité (pour accéder à la réconciliation, on
passe certains détails...).

Quant à la mémoire du génocide, elle se heurte à trois choses :

- A l’euphémisation de l’évènement, qui pourtant est bien qualifié de génocide.


- Au négationnisme de la part de certains bourreaux, même si certains ont été jugés et
condamnés.
- La résurgence de l’idéologie génocidaire (envie d’extermination des Tutsis par les Hutus)

Jalon 2. La construction d’une justice pénale internationale  : le TPIY.


Comprendre le rôle du TPIY dans l’évolution du droit international. Comprendre l’établissement
d’une justice dans un pays ou les tensions ne sont toujours pas apaisées.

I. Le contexte de la guerre en ex-Yougoslavie


 Carte page 231

La Yougoslavie est un Etat fédéral constitué de 6 Républiques et de deux provinces autonomes, pour
24 millions d’habitants en 1991. Celles-ci sont regroupé dans ce qui était appelé la nation des
« Slaves du Sud ». Durant la Guerre froide, la Yougoslavie était dirigée par le maréchal TITO sur un
modèle socialiste, qui s’était émancipée de la tutelle soviétique. Au moment de l’effondrement du
bloc de l’Est, le pays implose : il se fractionne en différentes nations qui se construisent sur la base de
différentes identités ethniques et religieuses. Le tout est nourris par un profond nationalisme, et
dans un contexte d’appauvrissement général. Les quatre principaux groupes ethniques sont les
Serbes qui détiennent le pouvoir, les Croates, les Bosniaques et les Albanais du Kosovo.

La crise s’ouvre à proprement parler avec différentes déclarations d’indépendance :

- En 1990, c’est la Croatie qui proclame son indépendance.


- En 1992, c’est la Bosnie-Herzégovine.
- En 1998-1999, c’est le Kosovo.

Sous prétexte de maintenir l’unité et de protéger les 3,3 millions des Serbes, le président Milosevic
déclenche des guerres contre ces territoires. On voit alors une multiplication de massacres et le viol
devient une arme systématique. Des villages entiers sont vidés de leur population non-serbes. On
voit ce qu’on va appeler des opérations de nettoyages ethniques. Cette expression est pour la
première fois définie par l’ONU en 1993 : « méthode rendant un territoire ethniquement homogène
par l’usage de la force ou de l’intimidation pour éradiquer des personnes de groupes donnés de ce
territoire ». Ces violences de masse dégénèrent parfois en génocide des Serbes contre les
Bosniaques.

En 1995 a lieu le massacre de Srebrenica en Bosnie, qui est organisé par l’armée Serbe (dirigée par
trois généraux : Milosevic, Mladic, Karadzic) et des troupes de police paramilitaire. Ce massacre s’est
déroulé entre le 11 et le 16 juillet 1995, et durant ces trois jours, 8 000 hommes et adolescents
bosniaques musulmans sont tués, le tout sous les yeux des Casques Bleus qui sont impuissants. C’est
le plus grand massacre commis en Europe depuis 1945. Le général Mladic ne s’est jamais caché de
cette volonté de purification de la société, puisqu’au moment du massacre il dit « Srebrenica est
enfin serbe. Nous offrons la ville au peuple serbe. L’heure a enfin sonné de notre vengeance contre
les Turcs ».

II. La communauté internationale face à la catastrophe.


Ce conflit en ex-Yougoslavie marque le retour de la guerre en Europe et réactive les traumatismes
liés aux génocides. Pourtant, l’Europe et la communauté internationale vont prendre de la distance
par rapport aux évènements, et même les Etats-Unis vont rester en retrait jusqu’au mandat de Bill
Clinton. L’ONU a quand même envoyer 14 000 Casques Bleus (résolution 743) mais ces derniers n’ont
rien pu faire et ont assister aux évènements sans pouvoir réagir. Finalement, les dispositions les plus
efficaces vont être l’acheminement et la mise en place de l’aide humanitaire. L’Union Européenne ne
parvient pas à faire cesser les combats, et à résorber le conflit, et c’est l’intervention de l’OTAN en fin
1995 qui met fin à la guerre et qui débouche sur les accords de Dayton négocié par les Etats-Unis.

Le bilan de cette guerre est très lourd, et il est toujours incertain. Entre 1990 et 1999, 130  000 morts
(100 000 en Bosnie-Herzégovine, dont la moitié de civils ; 15 000 en Croatie ; 13 000 au Kosovo, dont
10 000 civils).

III. Juger les criminels de guerre par une juridiction internationale


Question 1 page 233 :

L’ONU a créé le TPIY après la politique de nettoyage de l’armée serbe pour juger les personnes jugées
responsables des crimes contre l’humanité, de génocide, de violation des lois ou de coutumes de la
guerre et d’infractions graves aux conventions de Genève commis dans les Balkans entre 1990 et
1999. De plus, le TPIY permet aux victimes de se faire entendre et de pouvoir faire leur deuil, pour
ensuite construire une histoire collective.

Les récits des crimes font état de milliers de civils tué, blessés, torturés, ou pour certains qui sont
victimes d’agressions sexuelles. D’autres ont été chassés de leur domicile et tous ces récits
provoquent l’indignation de la communauté internationale et poussent l’intervention du conseil de
Sécurité de L’ONU. Pour la première depuis les procès de Nuremberg ou de Tokyo après la 2 nde
Guerre Mondiale qu’on a la mise en place d’une juridiction internationale. Cette juridiction se tient
du 22 janvier 1993 jusqu’au 31 décembre 2017. Le but de cette juridiction est la lutte contre
l’impunité, juger tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes. Cette juridiction se tient alors
même que le conflit n’est pas fini. On voit par la résolution 808 la mise en place le TPIY. Les différents
accusés sont poursuivis pour crime de guerre, crime contre l’humanité ou crime de génocide. Au
total, le TPIY a mis 161 personnes en accusation, dont la majorité occupaient des hautes fonctions
(chef de gouvernement, ministres, généraux…). Il y a 90 condamnations, parmi lesquelles les
responsables de Srebrenica : KARADZIC écope de 40 ans de prison (2016), MLADIC écope de
perpétuité (2017) et MILOSEVIC se suicide durant son procès (2006).

Quel bilan peut-on faire ?

Question 3 page 233 :

Le procès Tadic a permis la mise en place d’un tribunal civil et mondial représentant toute la
communauté internationale, qui aboutira peut-être à la création d’une cour pénale permanente. Le
procès Mladic, quant à lui, représente une « victoire capitale pour la justice », car c’est le
responsable du massacre de Srebrenica et qu’il est jugé par le TPIY. Le président serbe souhaite aller
de l’avant et oublier les massacres commis par l’armée, pour ainsi unifier le peuple.

La mission du TPIY est double : il lui faut juger et condamner les responsables, dont certains
croyaient en leur impunité, et faire la lumière sur la réalité des crimes et des massacres commis. En
faisant de faire éclater la réalité, c’est un moyen de rétablir et réhabiliter les mémoires des victimes.
Ce TPIY a mis en valeur la nature systémique des entreprises d’extermination et a qualifié de
génocide le massacre de Srebrenica. Ces deux faits sont des éléments indispensables pour par la
suite reconstruire et essayer de réconcilier les ennemis d’hier. C’est à cette occasion que l’un des
procureurs du TPIY à déclarer que le tribunal «  jugeait des individus, pas des peuples  ».

Le bilan du TPIY est surtout à l’international, car il a transformé le visage du droit international,
puisque selon la formule d’Antonio GUTERRES (secrétaire général de l’ONU), le TPIY «  a créé une
architecture contemporaine de la justice internationale  ». Ce TPIY a été l’une des étapes décisives
de la mise en place d’une justice pénale internationale permanente (création de la CPI en 2002).
Malgré l’importance de l’œuvre judiciaire, on ne peut pas à proprement parler d’un réel processus de
réconciliation. La paix reste encore très fragile dans les Balkans, les tensions sont vives entre les
différents Etats et populations.

Quelles limites ?

Question 2 page 233 :

Le massacre de Srebrenica a montré les limites de la protection internationale, puisque les Casques
Bleus présents n’ont pas pu intervenir sans autorisations et ont assistés impuissant au massacre. De
plus, on voit une stigmatisation de la population serbe et le tribunal insiste pour différencier la
culpabilité du peuple et des criminels.

Question 1 page 235 :

Le terme de génocide utilisé par la CIJ pour qualifier le massacre de Srebrenica pose problème pour
les historiens, qui jugent que cet évènement ne peut pas être qualifié.

Malgré ces jugements qui se voulaient exemplaires, le TPIY n’a jamais fait l’unanimité :

- Certains jugements ont semblé incohérents, voir même ont provoqués l’incompréhension de
l’opinion publique et des historiens. L’acquittement ou a contrario l’inculpation d’autres ont
pu causer scandale. C’est notamment le cas de Naser ORIC, qui a été considéré pour certain
comme étant un résistant héroïque et historique lors du siège de Srebrenica a d’abord été
reconnu coupable par le TPIY.
- De plus, certain inculpé, notamment VLADIC ont pu bénéficier de la protection de certains
Etats et se sont même permis de narguer le tribunal.
- Des failles ont existé dans le système de sécurité puisque certains accusés ont pu mettre fin à
leurs jours alors qu’ils étaient sous la protection du tribunal. C’est le cas de Slobodan
PRALJACK, qui lui se suicide pendant une session, ou encore de MILOSEVIC.

Conclusion de l’Axe 1 :


Les exemple rwandais et yougoslave illustrent deux modalités de prise en charge des crimes de
masse. Au Rwanda, les gacaca ont jugés à l’échelle du village les génocidaires, participant ainsi à
l’œuvre de réconciliation voulue par le nouveau gouvernement et permettant aussi l’élaboration
d’une histoire et d’une mémoire collective du génocide des Tutsis. En Yougoslavie, face aux violations
des Droits de l’Homme, le TPIY a été créée afin d’accélérer la pacification de la région. Elle est
également une étape majeure dans la mise en place d’une justice pénale internationale. Dans les
deux cas, malgré certaines difficultés, les principaux criminels de guerre ont été condamnés.
Aujourd’hui, les deux procédures de justice sont clauses. Néanmoins, une question demeure : est-il
vraiment possible de concilier à la fois l’impératif de justice et celui d’apaisement des mémoires ?
Dans les deux cas, la justice a été rendue mais des résurgences et tensions restent, les mémoires ne
sont pas apaisées.

Objet de travail conclusif. L’histoire et les mémoires du génocide


des Juifs et des Tsiganes.

Citation de Imre KERTESZ, écrivain d’origine juive-hongroise, déporté à Auschwitz puis Buchenwald
(en 2006) :

«  Je me souviens, je dois me souvenir, sans doute à cause du savoir, le souvenir est un savoir, nous
vivons pour nous souvenir de notre savoir, parce que nous ne pouvons pas oublier que nous
savons.  »

Entre 1944 et 1945, les Alliés découvrent en Allemagne et en Europe de l’Est les atrocités du système
d’extermination mises en place par le régime nazis. Entre 1939 et 1945, on dénombre 6 millions de
Juifs qui ont trouvés la mort, dans les ghettos, puis par l’action des Einsatzgruppen, appelé la « Shoah
par balle », et enfin dans les centres de mise à mort. Il ne faut pas oublier les 250 000 à 300 000
morts Tsiganes. Au sortir de la guerre, les spécificités de ces génocides sont d’abord ignorées, sont
noyés dans l’ampleur de tous les crimes commis, d’autant plus que cinq camps d’exterminations ont
été entièrement détruits. C’est donc progressivement que ces deux génocides ont été jugés comme
des crimes hors norme, qu’il va falloir juger, dont il faut documenter l’histoire et les commémorer.
Ainsi, au moment ou une partie des criminels est condamné, la littérature et le cinéma vont
également s’emparer du sujet pour transmettre l’inexprimable, et les premiers lieux de mémoire
sont érigés.

Jalon 1. Les lieux de mémoires des Juifs et des Tsiganes.


Connaitre les lieux de la mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes ainsi que leurs particularités.
Connaitre et comprendre la place centrale de Auschwitz-Birkenau dans la mémoire du Génocide des
Juifs et des Tsiganes. Comprendre le rôle conciliateur du mémorial de la Shoah, entre histoire et
devoir de mémoire.

En 2020, un groupe nommés « Citoyens pour les Stolpersteine », lance à Paris une pétition pour que
la capitale adopte, a l’instar d’autres villes d’Europe, installe ce type de lieu commémoratif de la
Shoah (Stolpersteine = pavés de mémoires). Les Stolpersteine sont, traduit littéralement, des pierres
sur lesquelles on trébuche, créées par un artiste berlinois (Gunter DEMNIG), ou sont marqué les
noms et dates de vie des victimes de la Shoah ayant vécus à cet endroit. La municipalité trouve que
ce moyen de commémoration renvoie à une image qui ne correspond pas à la France, puisque 75%
des Juifs ont survécus et que marcher sur ces pierres ne constitue pas un symbole acceptable.

Cet exemple montre cinq choses :


- L’importance contemporaine des génocides Juifs et Tsiganes.
- La pluralité des mémoires, qui génèrent encore aujourd’hui des débats.
- La matérialisation de ces mémoires.
- Le rôle de l’art et de la culture dans la diffusion de ces mémoires.
- Une tendance à l’uniformisation mondiale de ces mémoires dans l’espace public.

 Quelles fonctions les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes remplissent-elles
aujourd’hui ? En quoi leur lente construction a-t-elle contribuée à la transmission de
l’histoire du génocide dans les mémoires collectives ?

I. La « mémorialisation » des lieux de génocide en Europe de l’Est


 Page 250-251

A. Les lieux disparus

Dès 1942 et la mise en place de la Solution finale, les nazis ont cherché à cacher la réalité de leurs
crimes en détruisant quasi systématiquement toute trace de leurs exactions. Les ghettos, les fours
crématoires et les chambres à gaz ont été quasiment toujours dynamités après 1944. Les camps de
Belzec, Treblinka et Sobibor ont été rasés. Cependant, des fouilles archéologiques ont été entreprises
sur ces différents camps. A Sobibor, les fouilles ont mis en lumière des objets ayant appartenu aux
détenus, on a trouvé des fondations de chambres à gaz et des charniers (fosses). Elles ont permis de
documenter le génocide donc de lutter contre le négationnisme et de remémorer le martyr juif. 

B. Les lieux mémorialisés

Question 1 page 251 :

Question 2 page 251 :

Auschwitz fonctionne jusqu’en 1945, c’est un site mixte puisqu’il abrite des camps de concentration
et centres de mise à mort. C’est le seul site à avoir échappé à une destruction totale et il demeure
quelques rares témoignages matériels du processus de mort industrielle établi par les nazis. En 1947,
le site est transformé en musée et dans un premier temps, ce dernier se focalise sur les conditions
de vie des détenus. Dans un second temps, des expositions sont proposées notamment sur les
affaires des déportés (vêtements, valises, cheveux…). On a l’institution de mémoriaux en ce qui
concerne les vestiges des bâtiments conservés. On a également la rampe ferroviaire, des ruines de
baraquement et les fours crématoires. En 1979, le site est inscrit au Patrimoine de l’UNESCO puis au
cours des années 1990, il devient véritablement le principal lieu de la mémoire du génocide. Jusqu’à
ces dernières années, il accueillait environ 2 millions de touristes par an qui étaient principalement
des Européens. 
En ce qui concerne les ghettos, ils sont investis d’un lourd poids mémoriel. En 1948, soit 5 ans après
le soulèvement du ghetto de Varsovie (1943), la Pologne inaugure le monument aux héros de cette
insurrection. En 1970, le chancelier allemand W. BRANDT (RFA) va choisir cet emplacement pour
exprimer le repentir du peuple allemand. 

II. Musées, mémoriaux et commémorations du génocide dans le


monde
A. Des formes et des acteurs multiples

La mémorialisation du génocide Juif et Tsigane prend un premier temps la forme de plaques


commémoratives, la forme de stèles ou encore la forme de monuments. Ces initiatives peuvent
émaner d’acteurs publics comme les municipalités ou d’acteurs privés comme des associations. 
A Jérusalem (Israël), le 19 août 1953, est promulguée la loi sur le souvenir des héros et des martyrs.
A partir de celle-ci, est institué un organisme nommé le Yad Vashem. Il est chargé de la direction de
la mémoire et de la commémoration de la Shoah. Progressivement, il devient le centre mondial de
documentation, de recherche, d’éducation et de commémoration de la Shoah. 
A Paris, en 1956 est créé le mémorial du martyr juif inconnu par I. SCHNEERSOHN. Plusieurs fonctions
sont établies pour ce mémorial : rassembler des preuves et des archives + constituer des dossiers
facilement consultables + préparer le travail des historiens. Il est constitué d’une bibliothèque, d’un
centre d’archives et d’un mémorial. Cet ensemble devient en 2005, sous J. CHIRAC, le mémorial de la
Shoah avec notamment le mur avec les 76 000 déportés de France. 
A Washington, en 1993 est inauguré le musée mémorial de l’Holocauste qui entreprend la tâche de
numériser toutes les archives concernant le génocide.

III. Des commémorations rassemblant officiels et population

De nombreuses dates commémoratives ont été créées, notamment en France :


- La Journée du 16 juillet 
- La Journée du 27 janvier, journée de la découverte d'Auschwitz qui devient
sous l’égide du Conseil de l’Europe la journée de la mémoire de l’Holocauste et
de la prévention des crimes contre l’humanité. 

En parallèle, on a toujours des plaques et des monuments qui rappellent le génocide. En 2012, A.
MERKEL a inauguré le monument dédié aux victimes Sinti et Roms. 

Quelles limites ?

Le génocide Tsigane ne bénéficie pas de la même lisibilité dans l’espace public. La transmission se
fait à l’oral et le rapport à la mort est différent. Certaines critiques dénoncent un véritable tourisme
mondial de la Shoah. A. WIEVIORKA en 2002 : "Auschwitz est de plus en plus déconnecté de l’histoire
qu’il a produit et désigne désormais par métonymie la Shoah”. 

Jalon 2. Juger les crimes nazis après Nuremberg


I. Les procès en Allemagne
Question 1 page 255 :

Les premiers procès des criminels ont lieu après les procès de Nuremberg, dans un objectif de punir
les crimes contre l’humanité. Les acteurs principaux sont l’ONU, qui vote l’imprescribilité de ces
crimes, les différents Etats, notamment Israël qui a un rôle symbolique, les chasseurs de nazis.

Question 2 page 255 :


En 1945, le territoire allemand est divisé en quatre parties. L’Allemagne perd donc sa souveraineté
politique. De juillet à aout 1945, les accords de Potsdam sont organisés et on voit la mise en place
des 4D : dénazification, démilitarisation, démocratisation (avec des élections libres en 1946 à
l’échelle locale) et la décartellisation (démantèlement des liens entre le NSDAP et les groupes
industriels)

Entre novembre 1945 et octobre 1946 se tiennent les procès de Nuremberg, ville symbole du
nazisme. Lors de ces procès, on juge les 22 principaux dignitaires nazis, ceux capturés par les Alliés.
Pour la première fois, on voit l’institution d’un tribunal pénal international. Il est constitué de 4 juges,
un pour chaque pays Allié (anglais, français, américain, soviétique). Ces procès ont des chefs
d’accusations inédits. Parmi les accusés, il y a eu 12 condamnations à mort, 7 emprisonnements et 3
acquittements.

En parallèle, il y a l’organisation de procès militaires, qui sont organisés dans chaque zone
d’occupation contre des personnes qui ont pris part à la réalisation des crimes contre l’humanité
(gardiens, commandants de camps de concentrations…). Néanmoins, la véritable question de
génocide est noyée dans la masse de tous ces procès. Sur les 5 000 suspects condamnés, la majeure
partie l’est pour des crimes contre des civils allemands et non pour des crimes de génocide (=limite
du procès). En outre, les débuts de la Guerre Froide compliquent le travail de justice, puisque pour
accélérer la reconstruction et s’assurer du soutien de la population face à l’autre bloc, de nombreux
prisonnier sont amnistiés.

Dans les années 1950-1960 domine en RFA ce que le Chancelier Konrad ADENAVER a formulé  :
« laisser le passé au passé ». En conséquence, les procès tardent à se tenir. Il y en a quelques-uns :

- 1958 : les procès d’Ulm, de dix Einsatzgruppen. On a pu mettre en valeur l’impunité de


certains criminels ont pu bénéficier ou bénéficient encore.
- 1958 : création du centre national d’enquête sur les crimes de guerre nazis (RFA). Ceci
déclenche l’ouverture de procès civils.
- 1963-1965 : procès de Francfort

Dans les années 1960-1970, on voit principalement des procès à l’encontre de civils. Ils font l’objet de
vives critiques, car les prévenus sont âgés, beaucoup prétendent n’avoir qu’obéit aux ordres de
supérieurs. Pour beaucoup, ils sont acquittés ou n’ont que des peines légères. Néanmoins, des
enquêtes continuent d’être menées, des témoignages entendus et tout ceci favorise le réveil des
mémoires du génocide et facilitent grandement le travail des historiens

II. Juger sans limites de temps ni de frontière


Question 3 page 255 :

Le procès Eichmann a lieu en Israël en 1961. Eichmann, l’accusé du procès, a été enlevé par les
services secret israélien (le Mossad), emmené clandestinement puis jugé à Jérusalem. Le procès se
base principalement sur des témoignages : les témoins sont appelés pour décrire les horreurs qu’ils
ont subi durant la guerre, contrairement aux procès de Nuremberg qui était basé sur des documents.

Question 4 page 255 :

Le procès Eichmann marque une rupture judiciaire car c’est le premier procès qui a pour objectif de
donner une leçon d’histoire, de transmettre aux prochaines générations le passé : il a une vocation
pédagogique. C’est également la première fois qu’un historien est appelé à la barre. Il marque
également une rupture mémorielle, puisque pour la première le procès ne se base plus que sur des
archives : il se base sur de nombreux témoignages. Grâce à ce procès, les victimes des crimes contre
l’humanité gagnent un statut de survivant qui ne leur avait pas encore été reconnu.

Les procès de Nuremberg influencent la tenue de procès exceptionnels dans une dizaine de pays
d’Europe. En Europe de l’Est, des milliers de prévenu sont jugés, et en 1947 se tient le premier procès
d’Auschwitz. La même année, Rudolf Hoss, le principal commandant d’Auschwitz, est jugé par le
tribunal suprême de Pologne. Il est condamné à mort, pendu à cote du four d’Auschwitz I.

En 1961 se tient le procès Eichmann, qui est le coordinateur de la déportation des juifs. Il est enlevé
par les services secret israélien (le Mossad), emmené clandestinement puis jugé à Jérusalem. C’est
un procès médiatique qui met en avant les témoins. Annette Wieviorka parlera alors de «  l’ère du
témoin ». Ce procès participe à faire reconnaitre la spécificité des crimes contre les juifs.

En parallèle de ces procès, des chasseurs de nazis individuels ou regroupés au sein d’ONG (exemple :
le centre Simon-Wiesenthal en 1977) traquent les autres nazis encore en fuite, notamment ceux qui
bénéficient de complaisances de la part de régimes militaire (Amérique latine), voire de
gouvernements occidentaux qui ont recruté des ingénieurs et techniciens nazis. C’est le cas de
Werner Von Bravn, créateur des fusées V2, qui devient directeur de la NASA (la raison d’Etat passe
avant l’Etat de raison).

Question 1 page 257 :

Les contraintes qui freinent le jugement des criminels de guerre nazis en France jusqu’au années
1980 sont les témoins disparus, les documents altérés ou manquants, les mémoires défaillantes ou
reconstruites. De plus, l’Allemagne nazie est considérée comme la seule responsable de la Shoah, ce
qui complique les procès et demande le travail des historiens car la France ne souhaite pas assumer
que le régime de Vichy participe au génocide.

Question 3 page 257 :

Enjeux historiques : reconnaitre la réalité du régime de Vichy avec le procès de Maurice Papon, les
trois procès sont nécessaires au devoir de justice.
Points communs : tous ont le même chef d’accusation : le crime contre l’humanité
Différences : ils n’occupaient pas les mêmes fonctions lors de la guerre n’ont pas les mêmes
nationalités (la France juge des Français), et leurs peines sont différentes (prison à perpétuité pour
Klaus Barbie, mais 10 ans de réclusion criminelle pour Maurice Papon, qui contrairement au deux
autres il n’a pas pris la fuite)

Question 4 page 257 :

Les procès permettent de reconnaitre le régime de Vichy et mettent en lumière la politique de


collaboration, notamment policière et judiciaire (déportation grâce à la milice)

En France, la traque est menée par les époux KLARSFELD et leurs différentes recherches permettent
l’arrestation de Klaus BARBIE en Bolivie. Il est poursuivi pour trois organisation de rafles de juifs, et
notamment celle des 44 enfants d’Izieu en avril 1944. Son procès se tient en 1987, c’est le premier
procès en France pour crime contre l’humanité. Il est condamné à perpétuité.

En 1997, Maurice Papon, préfet de Gironde qui a facilité la déportation des juifs bordelais, écope de
10 ans de prison.
Des procès d’anciens criminels se tiennent jusqu’en 2010 du fait de l’imprescriptibilité. En 2002, le
Centre Simon-Wiesenthal lance l’opération « last chance » qui vise à traquer les derniers criminels
avant qu’ils ne meurent de vieillesse. A cette occasion, une prime de 25 000 dollars est offerte en
échange d’informations qui faciliterai les recherches. Grâce à ceci, l’ancien garde SS d’Auschwitz
Reinhold HANNING est jugé en Allemagne en 2016. C’est un procès très médiatisé et qui a soulevé de
nombreux débats car il reconnait sa participation, il s’excuse et il dit n’avoir fait qu’obéir aux ordres
qu’on lui donnait. Le cœur des débats, c’est l’imprescriptibilité mais aussi la culpabilité fondée sur la
participation passive au crime. Au final, malgré l’ampleur de toutes ces actions entreprises, on peut a
peu près évalué à 3000 criminels qui ont échappés aux poursuites.

Jalon 3. Le génocide dans la littérature et le cinéma .


Cf poly ;

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