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Raphaël Cosson TR 09/01/2024

THÈME 3 : HISTOIRE ET MÉMOIRES | DISSERTATION | CORRECTION


Sujet : « Les formes et les enjeux de la transmission des mémoires des Juifs et des
Tsiganes en Europe depuis 1945 »

Les Stolperstein autours du lycée vincent van gogh et dans les rues de la Haye sont des
pierres commémorant les Juifs et les Tsiganes morts lors de la seconde guerre mondiale.
Elles nous rappellent au quotidien que ces personnes ont souffert et tout perdus lors de
cette période. C’est ainsi que depuis ces événements qui se sont terminés ( en 1945 ) à
aujourd'hui, la transmission des mémoires Juives et Tsiganes que ce soit par la préservation
ou encore l'éducation s’organise en Europe. Cela s’illustre sous différentes formes, tel que
les mémoriaux ou encore les musées, mais cela représente également différents enjeux tel
que la réconciliation ou encore la transmission de ces mémoires, ces souvenirs du passé.
On peut donc se poser la question, de quelles manières les mémoires des Juifs et des
Tsiganes sont transmises en Europe depuis 1945 ? Nous verrons dans un premier temps
les formes et les enjeux des lieux de mémoire, puis dans un deuxième temps les formes et
les enjeux du jugement pour finir avec les formes et les enjeux dans littérature et le cinéma.

La transmission des mémoires des Juifs et des Tsiganes en Europe depuis 1945 passe
d'abord par les lieux de mémoire. Ils sont représentés sous différentes formes et présentent
différents enjeux.
Les lieux de mémoires existes sous différentes formes. Tout d’abord, on peut évoquer les
anciens camps. Cela concerne les camps de concentration ou encore les camps
d’extermination. Des camps où les nazis déportaient tous ceux qu'ils estimaient « nuisibles
». C’est a dire les opposants au régime nazi, Juifs, Tsiganes, homosexuels, etc. On
distingue les différents camps. Les camps de concentration n’étaient pas destinés à la mort
des prisonniers. Mais les conditions de détention y étaient tellement rudes qu'elles
devenaient mortelles. Pour ce qui est des camps d'extermination, construits à partir de 1941
ils avaient pour but d'assurer la mort programmée des Juifs et des Tsiganes d'Europe.
Les monuments (mémoriaux) liés à la Shoah, au génocide des Tsiganes sont egalement
une forme de lieux de memoire.
Après la guerre et les dégâts subis par les différentes communautés, on assiste à une
mémorialisation des lieux de la Shoah. C’est ainsi que le mémorial des victimes de la Shoah
Yad Vashem est créé par une loi israélienne de 1953 mais également le Mémorial de la
Shoah, en 2005 à Paris, apposant sur ses murs extérieurs les noms de 75 568 Juifs
déportés de France entre 1942 et 1944 par exemple.
Parmis les lieux de mémoire on peut aussi compter les musées et les maisons. On
retrouve des musées sur le genocide des Juifs et des Tsiganes dans de nombreux pays à
travers le monde. On peut y retrouver le musée Juif de Berlin, celui de Sydney ou celui de
Shanghai. Pour ce qui est des maisons, nous pouvons compter certaines maisons de
victimes transformées afin que le public puisse les visiter comme la maison d’Anne Frank à
Amsterdam par exemple.
Pour finir, on peut également inclure les plaques commémoratives et les pierres. Les
plaques commémoratives aident à la transmission de la mémoire, elles sont plus
nombreuses car moins chères et prennent moins de place. Pour les pierres, on peut
retrouver l’initiative des Stolperstein qui sont des pierres sur le trottoir en face des maisons
ayant appartenues à des Juifs afin de se rappeler ces terribles événements. Depuis le début
du projet, plus de 85.000 pavés de mémoire sont posés en Allemagne ainsi que dans 25
autres pays européens.
Les lieux de mémoire révèlent différents enjeux. Tout d’abord, on peut penser à l'enjeu de
la célébration des mémoires. Cela est illustré notamment avec le choix d’une journée
spéciale dédiée à la mémoire. Les ministres européens de l'éducation ont adopté, le 18
octobre 2002, la déclaration qui institue une journée de mémoire de la Shoah et de
prévention des crimes contre l'humanité. La date a été laissée libre de choix à chaque pays.
La France et l'Allemagne ont choisi le 27 janvier. Il s'agit d'une date symbolique car elle
correspond à l'anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau. De telles
journées permettent d’apporter une réflexion sur la Shoah et les génocides, et de rappeler les
valeurs humanistes qui fondent la démocratie. On peut également inclure les visites et sorties
scolaires, qui en parallèle des journées dédiées, permettent d’approfondir le sujet et par la
même occasion la transmission des mémoires.
Il faut aussi inclure l’enjeu de l’aseptisation des lieux de mémoire. Certains lieux de
mémoire sont aseptisés, ceci est quelque chose à éviter puisque cela risque de déformer la
réalité. Si un camp de concentration est aseptisé, la transmission de la mémoire est limitée
puisqu’on ne mentionne pas toutes les pratiques ayant existé dans ces camps.
L’aseptisation mène donc à l'ignorance, la mémoire est également moins précise puisqu’on
perd des éléments rappelant certaines pratiques.
Pour finir, on peut évoquer l’enjeu des lieux de mémoire juive qui sont plus importants que
les lieux de mémoire tsigane. En effet, les Tsiganes et leur mémoire ont longtemps été
oubliés. Les camps d’internement des Tsiganes en France ont pratiquement disparu et la
mémorialisation de ces lieux a été trop tardive, certains ont complètement disparu. Par
ailleurs, les commémorations officielles qui célèbrent la déportation des Tsiganes
assassinés en France sont rares. La commémoration du Porajmos (génocide tsigane) est
restée longtemps tres faible. Depuis le début des années 2000, la mémorialisation des lieux
d’internement s’est mise en place. L’Allemagne étant un précurseur, car dès 1982 elle
reconnaît le caractère génocidaire et en 2012 un mémorial aux Sintis et Roms est inauguré
à Berlin. Mais l'on voit bien à quel point il a fallu se battre pour les Tsiganes afin d'obtenir un
peu de reconnaissance. Quelques plaques ont été apposées par des associations
regroupant les descendants de ces victimes dans les anciens camps français d’internement
comme à Montreuil-Bellay à côté de Cholet, mais ces gestes sont bien plus faibles en
nombre que ceux réalisés pour la communauté juive.

La transmission des mémoires des Juifs et des Tsiganes en Europe depuis 1945 passe
également par un processus judiciaire.
La justice permet de juger les coupables des infractions qu’ils ont commises, aidant ainsi
les victimes à aller mieux et a la mémoire de se transmettre. La justice devient alors un outil
mémorielle. Parmi ces outils mémoriels on peut penser à des procès, tel que celui de
Nuremberg. Celui-ci vise à juger des criminels nazis pour leurs actes commis, et le 1er
octobre 1946, le Tribunal militaire international réuni à Nuremberg, rend son verdict. Sur les
22 dirigeants de l'Allemagne nazie, accusés de complot, de crimes contre la paix, de crimes
de guerre et de crimes contre l'humanité, douze sont condamnés à mort, sept à des peines
de prison et trois sont acquittés. Ces condamnations ont permis de rendre la justice aux
yeux des victimes et de commencer le processus de réconciliation.
On peut également penser au procès de Klaus Barbie, Paul Touvier ou encore Maurice
Papon. Ces trois personnes ont été jugées. Paul Touvier, responsable de la milice sous
Vichy, est condamné en 1994 à la prison à perpétuité pour complicité de crime contre
l'humanité. En 1998, Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde, est
condamné pour complicité de crime contre l'humanité a 10 ans de prison. Lors du procès en
France de l'ancien nazi Klaus Barbie en 1987, celui ci fut condamné à perpétuité. Ont voit
bien ici que des anciens collaborateurs et sympathisant du regime nazi sont condamnes.
Après les hauts dirigeants nazis à Nuremberg, on juge maintenant des personnes ayant eu
moins de pouvoirs. Cela contribue à un accès à la mémoire plus facile, ce sont des individus
tels que Barbie, Touvier ou encore Papon qui ont été le plus souvent en contact direct avec
les victimes. Elles sont donc également touchées même si leur rôle est moindre.
Pour finir, il faut évoquer les lois mémorielles. Celles-ci ne constituent pas une catégorie
de lois dotées d'un statut particulier comme le sont les lois constitutionnelles, les lois
référendaires, les lois organiques. Sous cette expression sont désignées des lois qui ont
pour point commun de donner un point de vue officiel sur des événements historiques. Il y
en a deux qui existent concernant la mémoire juive et tsigane. La loi du 14 avril 1954
consacrant le dernier dimanche d'avril au souvenir des victimes de la déportation et morts
dans les camps de concentration du 3e Reich au cours de la guerre ( 1939-1945 ). Mais
egalement la loi du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou
xénophobe, dite aussi loi Gayssot. Ces lois ont permis à ces communautés d'être protégées.
La transmission de la mémoire de celles-ci est également assurée, que ce soit en lisant ces
lois comme avec les effets des lois.
La justice étant utilisée comme outil mémorielle comporte tout de même une multitude
d’enjeux.
On peut penser au fait de rendre hommage aux victimes. Lorsque la justice intervient dans
le jugement et tout ce qui est en lien avec la mémoire des victimes, il faut assurer qu'elles
leurs rendent hommage. Sans blesser leurs familles et former leurs mémoires. En faisant le
travail attendu, des leçons seront tirées. Connaître les violences et les tragédies du passé
permettrait de construire au présent des sociétés pacifiées et tolérantes et de prévenir ainsi
la répétition de conflits violents.
Un autre enjeu serait celui d’une imprescriptibilité, la question du jugement des vieillards
se pose. Cet enjeu est important, car d’un côté, même si cela arrive tard, les descendants
des victimes et les survivants demandent que justice soit rendue. Car si ces atrocités
semblent lointaines, elles ont bien eu lieu. Mais de l’autre côté, les faits remontent à plus de
75 ans. Les personnes ayant commis ces faits ont déjà un certain âge. Certains anciens
soldats comme Joseph Schütz, le plus vieux criminel nazi age de plus de 100 ans. Son
procès s’est ouvert en octobre 2021. La question de peut-on juger des vieillards est donc un
enjeu important.
Pour finir, on peut penser à la lutte contre le négationnisme. Celle-ci représente un enjeu
fort pour la mémoire des juifs et des tsiganes. Le fondement essentiel de l'idéologie
négationniste est de nier la politique d’extermination nazie à l'encontre des juifs et tsiganes.
Cette idéologie est apparue dans les années 1980/1990, elle prend de plus en plus
d’ampleur et de membres. Leur but est essentiellement de réhabiliter le nazisme et
l’antisemitisme. Pourtant, les camps de concentration comme d’extermination n’ont pas été
improvisés, ils ont été intégrés dans la société nazie comme usines à profit traitant de
‘l’homme’ comme objet, matière, et organisant industriellement la mort. Malgré que ce fut un
plus gros problème auparavant, le négationnisme est toujours un enjeu actuel
La littérature et le cinéma interviennent souvent dans la transmission des mémoires juives
et tsiganes.
Tout d’abord, on peut voir que la littérature comme le cinéma transmettent l’histoire. Les
films sont très régulièrement cités, car ils constituent des marqueurs d’une histoire culturelle
de la mémoire du génocide. Au même titre que des procès, des romans, des bandes
dessinées, ils ont parfois devancé, d’autres fois accompagné la prise de conscience de la
spécificité du génocide des Juifs. Ils relatent des faits historiques. Pour la littérature, la
littérature de la Shoah commence dans les camps de concentration comme ceux
d'extermination, dans les ghettos où sont entassés tous les juifs. D'après l'historien
Ringelblum, 'Tout le monde écrivait' dans les ghettos. Après la guerre, la Shoah est devenue
un objet littéraire important. La littérature relatant l'histoire est très complète du côté juif,
puisque les œuvres sont multiples et avec différentes approches.
En plus de transmettre l’histoire, la littérature et le cinéma témoignent. La littérature permet
de témoigner, avec des livres parlant de l'expérience personnelle de certains juifs comme de
personnes extérieures racontant leurs point de vue sur le sort des juifs. Les films refont des
scènes qui ont réellement existées dans le passé. Ceux-ci permettent donc de témoigner
des atrocités commises à l'encontre des communautés juives comme tsiganes. Certains
films peuvent être des adaptations de livres et d’ouvrages écrits. Le cinéma comme la
littérature sont donc des moyens de témoigner, de transmettre la mémoire des victimes.
On peut prendre des exemples d'œuvres cinématographiques et littéraires témoignant et
transmettant l’histoire. Pour le cinema, on peut prendre les films, Holocauste de Marvin
Chomsky publie en 1978 , Shoah de Claude Lanzmann publie en 1985 ou encore La liste de
Schindler de Steven Spielberg publie en 1993. Pour la littérature, on peut penser au journal
intime d'Anne Frank, le travail de l'historien Emanuel Ringelblum (1900-1944) ou encore le
livre de Primo Levi 'Si c'est un homme'. S’arrêter sur ces seuls films et livres est également
délicat, car cela revient à manquer la diversité et le très grand nombre de productions qui
ont été réalisées au sujet du génocide.
La création et la publication d'œuvres cinématographiques comme littéraires révèlent
différents enjeux.
On observe qu’un de ces enjeux est le refus de publier et de diffuser des images
comparables aux réelles atrocités vécues. Par ailleur, Lanzmann écrit ceci : 'Si j’avais trouvé
un film existant – un film secret parce que c’était strictement interdit – tourné par un SS et
montrant comment 3 000 Juifs, hommes, femmes, enfants, mouraient ensemble, asphyxiés
dans une chambre à gaz du crématoire d’Auschwitz, si j’avais trouvé cela, non seulement je
ne l’aurais pas montré, mais je l’aurais détruit. Je ne suis pas capable de dire pourquoi. Ça
va de soi.' Cette position est celle que le réalisateur avait exprimée dès la fin des années
1970. Les acteurs du cinéma ne veulent pas choquer les spectateurs par la diffusion
d’images, qui sont tout de même rares et ne représentent pas l’ensemble des crimes
commis. Les nazis ayant essayé de tout effacer lors de la fin du nazisme.
Un autre enjeu serait celui de l’amnésie et de l’hypermnésie. Il faut limiter le nombre de
personnes étant dans un de ces deux cas, l'amnésie étant comme un trous de mémoire
aucun souvenir n’existe et l'hypermnésie étant plus fort que le souvenir comme un excès de
souvenir en tête. Cela est un enjeu, puisqu’il faut éviter une population comprise dans
chacune de ces cases car elles deformeraient la réalité historique et lutteraient afin que leur
vérité soit appliquée à toute la société.
Pour finir, on peut evoquer l’enjeu de la commercialisation du génocide. On peut voir que
les œuvres en rapport avec le genocide sont nombreuses. Le succès de certaines de ces
œuvres a encouragé certains à publier des livres sur ce sujet. On assiste donc à une
commercialisation du genocide. Avec des livres comme le journal d’Anne Frank qui s'est
vendu plus de 30 millions de fois selon la fondation d’Anne Frank, ou encore des films
comme La liste de Schindler de Steven Spielberg publié en 1993 qui a obtenu différentes
récompenses comme de multiple a la 47e cérémonie des British Academy of Film Awards
( BAFTA 1993 ), a la 51e cérémonie des Golden Globes ou encore à la 66e cérémonie des
oscars. Tous ces succès de différentes œuvres portant sur le même sujet on donc rapporté
beaucoup d’argent et encourage de nombreuses personnes à faire de même.

Pour conclure, la transmission de la mémoire des juifs et des tsiganes prend différentes
formes et rencontre des enjeux multiples. Comme on a pu le voir, elles sont visibles avec les
lieux de mémoire, le cinéma et la littérature ou encore avec la justice. On observe également
que la mémoire juive reste dominante. Elle est trop dominante, nous avons besoin de
découvrir et de mettre en lumière les autres mémoires existantes. Les juifs sont certes la
communauté ayant souffert le plus à cause du nazisme, mais il ne faut pas oublier les
minorités. Aujourd'hui, d’autres mémoires sont donc de plus en plus transmises. C’est le cas
des Malgré Nous, des Collaborationnistes ou encore des Homosexuels.

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