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Introduction
Accroche ou amorce :
Définir le sujet : définir mémoires et génocide.
Problématique : Comment caractériser les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes et leurs
évolutions à l’échelles de l’Europe depuis 1945 ?
ou : comment les différentes formes de transmission des mémoires du génocide des Juifs et des
Tsiganes sont impactées en Europe depuis 1945 par des enjeux mémoriels en évolution ?
Annonce de plan : Nous verrons que la transmission de ces mémoires, qui prend trois formes
principales, n’est pas une priorité durant la période de l’après-guerre (1945 – 1960), puis que cela
devient un besoin de 1960 à 1980 et un devoir depuis les années 80.
Développement
La priorité est donnée à la reconstruction et aux réconciliations nationales. Les États européens
mettent en avant la Résistance et les déportés politiques. En France par exemple, la République
cherche à oublier la collaboration du régime de Vichy avec l’occupant nazi et entretient le mythe
« résistencialiste ».
a/ Justice : Le procès de Nuremberg de novembre 1945 au 1 er octobre 1946. De 1946 à 1949, douze
autres procès sont organisés en Allemagne Le crime de génocide est abordé lors de ces procès, mais
il est dilué dans la masse des crimes nazis. La destruction par les nazis de nombreuses preuves
matérielles rend également le travail des enquêteurs complexe.
Donc, une fois la vague de procès de l’après-Nuremberg passée, la poursuite des criminels nazis se
ralentit. La guerre froide marque un net ralentissement dans l’organisation de ces tribunaux et
procès, qui deviennent dès lors moins visibles dans l’espace public et dans les enjeux des sociétés
d’après-guerre. La traque des anciens nazis est en effet moins prioritaire que la reconstruction et le
développement de la RFA dans le contexte de la guerre froide.
Le génocide des Tsiganes fut pour sa part largement oublié au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale (ainsi, aucun témoin tsigane n’est appelé au tribunal de Nuremberg).
En France, lois d’amnistie de 1947 et de 1951 – 1952.
b/ Lieux de mémoires : Assez rapidement, la mémoire du génocide des Juifs se fixe en grande partie
sur un lieu central : le camp d’Auschwitz-Birkenau. Le musée d’Auschwitz ouvre ainsi le 14 juin
1947. Au départ le musée met l’accent sur les conditions de vie des détenus. Il faut attendre
plusieurs décennies pour que la question génocidaire y soit présentée plus amplement. La Pologne
préfère mettre l’accent sur la souffrance des populations civiles en général que sur le sort réserv »é
aux Juifs et Tsiganes. Il y a toutefois des initiatives particulières (CDJC, Mémorial du Martyr juif
inconnu à Paris, 1946, monument ghetto Minsk…), mais ceci sort difficilement de la sphère
d’influence du monde juif.
C/ Arts : Les survivants, s’emparèrent rapidement de la littérature au lendemain de la guerre. Dès
1945, de nombreux écrits vinrent raconter la spécificité de l’anéantissement des Juifs d’Europe,
mais ne trouvèrent que peu d’audience et firent face à bien des obstacles dans leur diffusion.
La forme du documentaire est utilisée dans l’après-guerre, mais elle élude le génocide dans un
premier temps (toujours la même problématique : mise en avant par les États européens de la
Résistance et les déportés politiques durant l’immédiate après-guerre). En 1956, « Nuit et
Brouillard », d’Alain Resnais a pour sujet les camps de concentration et les centres de mise à mort,
mais le caractère racial de l’extermination n’est pas différencié des déportations politiques.
b/ Lieux de mémoire : certains États reconnaissent les victimes du génocide. En 1962, le génocide
des Juifs est étudié dans les programmes scolaires de la RFA et en 1970, le chancelier de ce pays,
Willy Brandt, s’agenouille devant le monument du ghetto de Varsovie. La reconnaissance officielle
du génocide des Tsiganes viendra plus tard même si les premiers lieux de mémoire du génocide des
Roms, visant à faire reconnaître le massacre des Tsiganes par les nazis, sont inaugurés au début des
années 1970 (exemple sur le territoire du centre de mise à mort de Birkenau).
C/ Arts : Succès retardataire de Primo Levi en 1963, il faut attendre les années 1970 pour assister à
une forme de renouveau dans les productions littéraires, au moment de l’affirmation de la mémoire
de la Shoah et d’importants progrès de la connaissance historique sur le sujet. Des romans de fiction
se multiplient ainsi comme le « Choix de Sophie » de William Styron en 1977.
Succès mondial de la série américaine « Holocauste » (1978).
A/ Justice : l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité permet que, près de quarante ans après
se tiennent les procès de certains responsables. En France, la traque des criminels nazis fut en très
grande partie menée par les époux Serge et Beate Klarsfleld : Barbie (1987), mais aussi Touvier,
Papon.
Le négationnisme est souvent condamné par les États. En France, la loi Gayssot de 1990 permet de
lutter contre les discours qui nient ou minimisent les crimes contre l’humanité. L’Allemagne et la
Belgique ont des lois similaires.
B/ Lieux de mémoire : Des États reconnaissent leur responsabilité et leur participation au processus
génocidaire. En 1982, le chancelier allemand Helmut Schmidt reconnaît officiellement le génocide
des Tsiganes. En 1995, Jacques Chirac président de la République française reconnaît la
responsabilité de l’État français dans la Rafle du Vel d’Hiv.
Dans les années 1980, en Pologne, lieu d’installation des centres de mise à mort, la Shoah est
introduite dans les programmes scolaires.
En 1993, en France, la journée du 16 juillet devient une journée consacrée à la mémoire des
persécutions racistes et antisémites. En 2002, le 27 janvier, pour la découverte du camp
d’Auschwitz en 1945, devient sous l’égide du Conseil de l’Europe « journée de mémoire de
l’holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité ». Enfin, la date du 2 août a été
retenue comme journée européenne de commémoration de l’holocauste des Roms.
Des plaques et monuments rappellent la mémoire des victimes au sein des villes, comme le
monument dédié aux victimes Sinti et Roms inauguré par Angela Merkel en 2012 à Berlin.
2005 : fusion des deux centres pour créer le Mémorial de la Shoah à Paris.
Conclusion
Ouverture de sortie : Ce devoir de mémoire devient logiquement de plus en plus délicat :en effet, à
mesure que les événements s’éloignent dans le temps, les commémorations et les lieux de mémoire
manquent parfois de signification pour les sociétés actuelles. Dans certains pays, notamment en
Europe de l’Est, ce travail sur la mémoire n’a pas été suffisamment effectué, laissant la place à une
instrumentalisation politique, à des oublis ou réécritures historiques et à des discours haineux.
Enfin, la nécessité d’éclairer davantage le génocide des Tsiganes reste un défi à relever.