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Témoignage de Esther SÉNOT

Nous avons eu la chance d’entendre le témoignage poignant d’Esther Sénot, une des dernières
survivantes du camp d’Auschwitz-Birkenau.

Esther est née en Pologne mais elle et sa famille ont dû fuir celle-ci à cause de l’antisémitisme
qu’ils subissaient en 1930, alors qu’elle n’était que très jeune. Elle et sa famille ont fui pour aller en
France, ils se sont installés dans un quartier populaire à Belleville dans le 20e arrondissement actuel. Pour
subvenir aux besoins de la famille ses frères effectuaient de petits boulots. Esther quant à elle, lorsqu'elle
était en âge et dès qu'elle le pouvait avait elle aussi un petit boulot pour aider sa famille. Elle est allée en
maternelle puis en primaire. Mais le 2 septembre 1939 des suites à la déclaration de la guerre Paris a été
évacué (elle n’avait que 11 ans) par peur de bombardements. Elle est ensuite retournée à Paris avec sa
famille en octobre pour la rentrée des classes. Comme elle nous l'a décrit lors de son témoignage de 1939 à
1940 il ne se passait rien en France c'est une époque que l'on a appelé la drôle de guerre.
Les offensives de mai 1940 ont conduit la France à la capitulation en juin 1940. L'Alsace Lorraine
appartenez maintenant aux Reich allemand et le nord était interdit d’accès par les Allemands.
En octobre 1940 le général Pétain crée un ministère consacré au statut des juifs, ils doivent se recenser et
ainsi avoir un tampon sur leurs papiers d'identité, un couvre-feu est instauré à 20h, les lieux publics sont
interdits aux juifs et aux chiens (un des exemples concrets qui montre que les juifs sont rabaissés aux
animaux) , lorsqu'ils prennent le train ils doivent monter dans le dernier wagon et ils n'ont l'accès aux
ravitaillement qu’à partir de 16h au moment où les produits les plus communs sont déjà partis. Esther nous
expliquait que certaines fois sa famille ou d'autres familles juives s'arranger avec leur voisin pour qu'ils
puissent leur ramener leur ravitaillement.
En 1941 suite à la collaboration entre le général Pétain et Hitler de nouvelles lois antisémites sont parus en
France et de nombreuses familles juives ont reçu des convocations comme quoi il devait aller au
commissariat un des frères d’Esther a reçu cette convocation (billet vert) ils ont tous été envoyés dans un
camp d’internement pour ensuite être emmener à Auschwitz. Son frère faisait partie du convoi 4 cette rafle
fut appelé la rafle du billet vert. En juin 1942 une nouvelle loi de Pétain est parue les juifs devaient aller
acheter une étoile jaune au commissariat et là coudre sur tous leurs vêtements pour qu'ils soient reconnus
en toutes circonstances. Le matin du 16 juillet 1940 a été marquée par la rafle Vel d’Hiv, 65 familles dans
le passage Ronce ou habitait Esther ont été arrêtés, déplacés dans un le camp d’internement de Drancy
14000 personnes ont été arrêtées dont 4000 enfants. Lorsqu’ Esther n'était pas chez elle ses parents ont été
arrêtés et envoyés à Drancy puis à Auschwitz. Elle n'avait que 14 ans et était livrée à elle-même et ne
savez pas où aller. Elle a été hébergée pendant une quinzaine de jours chez une gardienne. Mais cela
devenait dangereux car elles pouvaient être arrêtées. Elle décida donc d'aller rejoindre son frère à Pau.
Mais il lui fallait passer la frontière entre la France « libre » et la France occupée. Elle paya un passeur
pour passer la frontière mais celui-ci une fois l'argent empoché abandonna le camion, elle se retrouva donc
seule à Bordeaux. Un chauffeur de car l'a aidée et un homme lui a indiqué la route. Elle a couru dans les
bois, dans la forêt toute une nuit, seule à 14 ans. Elle se réfugia chez un fermier qui la nourrit et qui lui
paya un billet pour Pau. Une fois arrivée à Pau elle retrouva son frère à la caserne. Il lui trouva une
chambre de bonne où elle resta confinée jusqu'en novembre 1942.
En novembre 1942 la division de la France en une partie occupée et une partie « libre » est abolie tous les
juifs devaient être déportés. Esther est retournée chez la gardienne à Paris puis est allée dans un orphelinat
en tant que clandestine et dormait dans le grenier. Elle est allée dans différents orphelinats jusqu'en juillet
1943. Un jour en sortant du métro elle est arrêtée et emmenée au camp de Drancy en août 1943.
Arrivé à Drancy, Esther subit son premier traumatisme, la fouille. Elle dort par terre et doit exécuter des
corvées.
Fin août 1943 mille femmes sont mises dans le convoi numéro 59 en direction du camp de travail de
Auschwitz. Il y a environ 70 personnes par wagon un sceau pour boire, un tonneau pour faire ses besoins.
Le trajet dure environ 3 jours, il y a des morts, les conditions de voyage sont affreuses le sceau ou les
déportés ont fait leurs besoins s'est renversé.
Une fois arrivé les SS les font sortir à coups de matraques. Des camions étaient là pour emmener les
personnes les plus faibles en direction du camp d'extermination d’Auschwitz-Birkenau. Environ 650
personnes sont allées dans les camions, des personnes âgées, malades, qui ne pouvaient pas travailler. En
tout 106 femmes était en état de travailler dans le camp d'Auschwitz, en décembre 1943 la moitié était
encore vivantes.
Une fois arrivé au camp de Birkenau les déportés ont pris une douche froide et se sont fait marquer où faire
chaud un numéro, il n'avait plus d'identité. Dans tout le camp il y avait une fumée noire qui était en réalité
issue des crématoriums. L'objectif ultime était d’exterminer la population juive en Europe. Esther a
travaillé sur des chantiers pour créer de nouveaux camps d'extermination. Dans des conditions
météorologiques horribles elle était dehors, en décembre sous -10°C /-15°C. Le soir ils avaient droit à un
bol de soupe et de temps en temps une tranche de pain avec un petit bout de margarine. Il dormait assis sur
une rangée de 6 chaluts. Le matin ils devaient sortir les morts qui n'avaient pas survécu à la nuit. Le matin,
lorsqu'elles allaient aux toilettes ou plutôt des latrines c'était l'endroit où elles pouvaient parler aux autres
déportées car les odeurs étaient tellement nauséabondes que les SS n'y entraient pas. Elles le surnommaient
« radio chiotte ».
Le camp avait une envergure de 170 hectares et compter en tout 5 crématoriums.
Esther retrouva par hasard sa sœur Fanny dans le camp qui avait été dénoncé avec sa tante fin de novembre
1942. Grâce à Mala une amie de sa sœur Esther ainsi que Marie, une de ses amies, ont pu changer de poste
et travailler à l'intérieur pour avoir un peu plus chaud. Elle avait été admise au poste de tissage, où tous les
jours son objectif était de tisser 10m de tissage par jour sinon elle était punie et devait faire 10 pompes
dans la neige. En mars 1944 les déportés ont dû déplacer les rails qui a emmené au camp de Birkenau
directement au camp d'extermination d’Auschwitz, pour mener les déportés directement aux chambres à
gaz.
Fanny, sa sœur, est tombée gravement malade, et a dû aller à l'infirmerie. Esther la rejoint. Celle-ci
crachait du sang. Elles savaient toutes les deux ce qui l'attendait car elle ne s'était pas présentée au travail.
Sa sœur fit promettre à Esther de répandre sa parole et de dire au monde les horreurs qu'elles ont vécu au
camp. Et de ne pas être les oubliés de l'histoire. Plus d'un million de juifs ont été assassinés dans ce camp.
Le 17 janvier 1945 a eu lieu l'évacuation du camp dans le froid, la neige et les intempéries. Esther et son
amie Marie ont été déportées dans un autre camp en Autriche vers le 15/20 avril 1945. Elles ne
travaillaient pas car ce n'était pas un camp sous le contrôle des SS. Le 5 mai 1945 le drapeau blanc fut
levé les juifs du camp se sont enfuis pour ne pas se faire fusiller au retour des Allemands. Après sa
libération Esther se fit soigner par des médecins américains elle ne pesait que 32 kilos et avait attrapé le
typhus. Elle fut avec son amie Marie, rapatriée en France fin mai début juin. Dans un hôtel réquisitionné
où on leur fabriqua des cartes d'identité. Marie qui avait été fiancée avait retrouvé son fiancé et était rentré
avec lui. Esther n'avait plus de famille. Deux jours après, Marie est venue la chercher et Esther a habité
dans le studio du couple durant une quinzaine de jours.
Les déportés se sont sentis délaissés, oubliés. Ils ressentaient un sentiment de culpabilité, car eux avaient
survécu à cette misère.
Esther décida de remonter à Paris dans l'espoir de retrouver des membres sa famille en vain. Fin 45, eut
lieu la création de l'association des survivants. Esther se sentait malheureuse, délaissée, incomprise. Elle
tomba dans une profonde dépression et un soir fis une tentative de suicide. Pour son geste, elle passa 6
mois en hôpital psychiatrique. À sa sortie, elle tenta de trouver du travail malgré son manque d'expérience
à l'école cause de la guerre. Elle trouva finalement un travail en tant que vendeuse dans une boutique de
tissus. Là-bas elle se fit une amie et parti avec elle pour la première fois en vacances en 1948. Elle y
rencontra son mari eu 3 enfants, puis 6 petits enfants et 6 arrière-petits-enfants.
Comme Esther l’a si bien dit, « c'est une bonne revanche sur la vie ».

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