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Spirale
Arts • Lettres • Sciences humaines

La violence génocidaire et ses causes


Guerres et génocides au XXe siècle. Architectures de la violence
de masse, de Yves Ternon. Odile Jacob, 398 p.
Georges Leroux

Numéro 218, janvier–février 2008

Guerres justes et injustes dans le monde actuel

URI : https://id.erudit.org/iderudit/10245ac

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Éditeur(s)
Spirale magazine culturel inc.

ISSN
0225-9044 (imprimé)
1923-3213 (numérique)

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Citer cet article


Leroux, G. (2008). La violence génocidaire et ses causes / Guerres et génocides
au XXe siècle. Architectures de la violence de masse, de Yves Ternon. Odile Jacob,
398 p. Spirale, (218), 37–39.

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Brauman, ancien président de Médecins sans frontières (MSF), brosse le
tableau de l'évolution de MSF à travers trois théâtres d'intervention hu-
manitaire: la guerre du Biafra (1967-1970), les événements du Cam-
bodge (1979) et la famine d'Ethiopie de 1984-1985. Karine Vanthuyne
traite de « trois ONG œuvrant pour la "paix" au Guatemala ». Mettant
l'accent sur les processus microsociaux, elle montre comment est « négo-
ciée » la lecture du passé et en quel sens « « la culture de la mémoire »
n'est pas nécessairement réparatrice ». Sandrine Lefranc souligne l'« en-
semble spécifique de pratiques de " résolution " des conflits, mises en mension illocutoire). Cette seconde dimension est
œuvre par des ONG internationales ». Quant à Éric Poinsot, il analyse la parfois caractérisée, dans le domaine médiatique
dynamique d'Amnesfy International, montrant la manière dont l'organi- par exemple, par une incertitude, un flottement, ré-
sation cherche à s'adapter, depuis 1970, à de nouvelles formes d'abus, sultante des luttes d'intérêt, de la concurrence des
plus subtiles et plus radicales. discours et des limites concrètes d'accès aux
« faits ». Une logique sociale ensuite, par la multi-
plication des situations où les transformations dis-
Ouvertures cursives sont en fait dictées par les situations par-
On peut trouver dans ce recueil une unité de questionnement remarqua- ticulières, par des luttes de légitimité. Enfin, cet
ble et ce, malgré la diversité des thèmes et des contextes de crises abor- ouvrage donne à penser sur les rapports entre la
dés. En effet, les études tendent, par exemplarité, vers une double logi- fiction et l'activité journalistique, entre le travail de
que de production d'effets. Une logique linguistique d'abord, par une l'historien et le travail du journaliste — cet « histo-
démonstration de l'instrumentalisation des concepts, de leur portée at- rien de l'actuel » — et entre le rapport entre le tri-
testée (la dimension perlocutoire) et de leur portée intentionnelle (la di- bunal et la pratique de l'histoire. ©

nnSSIFR GUERRES JUSTES ET INJUSTES DANS LE MONDE ACTUEL

La violence génocidaire
et ses causes
GUERRES ET GÉNOCIDES AU X X E SIÈCLE. ARCHITECTURES DE
LA VIOLENCE DE MASSE de Yves Temon
Odile Jacob, 398 p.

O
ce
in
S elon qu'ils sont présentés par les historiens ou par les juges, les
génocides sont l'objet de définitions qui peuvent varier: là où les
historiens cherchent d'abord des explications et une vérité qui per-
met d'établir des causes, les juges ont en vue des responsabilités et des
peines. Cette différence a beaucoup d'importance au moment de préciser
tidisciplinaires, il renonce dès le point de départ à
la recherche d'un modèle explicatif unique. S'il est
vrai, par exemple, que les génocides sont souvent
le résultat de guerres dont ils constituent l'aboutis-
sement extrême, on ne les comprend vraiment que
UJ le concept même de ce qu'est un génocide. Les principaux textes du droit lorsqu'on introduit dans l'analyse plusieurs autres
o pénal international remontent à 1945 et 1948, alors qu'il faut attendre les composantes, comme leur insertion dans un projet
oc dossiers instruits au sujet de Fex-Yougoslavie et du Rwanda pour voir mis révolutionnaire: cette approche est d'abord celle de
o en œuvre des tribunaux internationaux mandatés pour les -mettre en Robert Melson, le premier à avoir comparé le géno-
UJ application. La mise sur pied de la Cour pénale internationale permettra cide arménien et la Shoah (Revolution and
o peut-être une évolution plus rapide, mais elle se fonde elle aussi sur les Genocide, University of Chicago Press, 1984). La
ru textes rédigés dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale. Pour leur révolution rend possible en effet l'accélération du
part, les historiens ont développé le champ très complexe des « Genocide processus par lequel les victimes sont désignées
studies », dans le but de voir ce qui rapproche ou ce qui distingue des comme ennemis à abattre et elle détruit toute
massacres comme ceux du Cambodge, des famines provoquées comme forme de résistance morale aux projets purifica-
celles d'Ukraine en 1932-1933 et tant d'autres crimes contre l'humanité teurs des décideurs.
au cours de l'histoire ancienne et moderne.

Yves Temon connaît bien le sujet. Il a déjà beaucoup écrit sur le néga- Entre juristes et historiens
tionnisme et s'est intéressé, avec Gérard Chaliand, au génocide des Les historiens savent bien que toutes les guerres ne
Arméniens. Son plus récent livre est à la fois un bilan critique et un effort conduisent pas à des projets d'extermination et le
pour dépasser les débats théoriques sur les définitions. D'abord historien, défi est dès lors de comprendre comment et en
il propose une synthèse comparative des trois grands génocides du ving- vertu de quelles causes intrinsèques le génocide
tième siècle: le génocide des Arméniens, la Shoah et le génocide des devient un but en soi, au sein même de la guerre:
Tutsi au Rwanda. Prenant appui sur un vaste éventail de recherches mul- si les guerres doivent d'abord atteindre des buts
politiques, et si elles développent à cette fin un
droit de tuer qui affecte autant les militaires que les
civils, en dépit de toutes les conventions destinées
à encadrer ce droit, on ne peut pas en dire autant
des génocides, qui sont de pures entreprises
d'anéantissement. Il est certes toujours possible de le suivant : dans quelle mesure les génocides sont-ils identifiables, histori-
les considérer politiquement, mais c'est alors au quement et juridiquement, comme des ensembles où se conjuguent une
détriment d'un concept du politique interprété diversité de ces crimes? Le cas du Darfour permet de comprendre l'impor-
comme recherche d'un bien ou d'une justice supé- tance de la rigueur, car l'État soudanais pourrait à brève échéance devoir
rieure. Le crime contre l'humanité, par son carac- répondre de crimes complexes de ce genre contre ses populations civiles.
tère absolu, ne peut en aucune manière être sub- Il peut paraître plus prudent de parler de crimes contre l'humanité, mais
sume par le politique, sauf à proposer une forme de une analyse plus précise pourrait conduire à évoquer le génocide.
nihilisme. C'est ce qui explique que ce livre soit
divisé en deux parties: on y trouve d'abord une Certains théoriciens, comme Jacques Sémelin, ont recommandé une telle
analyse rigoureuse du concept de la guerre dans prudence, préférant recourir au terme générique descriptif « massacres »
son rapport à sa limite extrême qu'est le génocide, dans tous les cas de doute sur la finalité, mais la plupart acceptent d'intro-
et cette analyse est suivie de la discussion compa- duire le génocide quand il s'agit d'un projet d'anéantissement avéré. Yves
rative des trois cas les plus déterminants pour l'his- Temon pense pour sa part que la désignation du génocide est accessible et
toire du vingtième siècle. que l'historien ne doit pas se laisser arrêter par les complexités du concept,
encore moins par le soupçon qui pèse sur son travail et qui le transforme
Au point de départ, le concept du génocide semble souvent en juge influencé par un jugement prédéterminé et cherchant dans
s'apparenter à celui qu'on trouve déjà chez l'enquête la confirmation a posteriori d'un projet d'extermination. Ce ne
Clausewitz, celui de « guerre totale ». Parce qu'il sont pas seulement les articles 2 et 3 de la Convention de 1948 qui l'y auto-
s'agit d'une destruction physique, massive et inten- risent, mais un jugement prudentiel sur la « nature substantielle » de la des-
tionnelle d'un groupe humain, le génocide apparaît truction. La discussion sur les critères, et en particulier sur les actes décrits
comme la réalisation du concept extrême de la à l'article 2, permet ainsi de dégager le caractère essentiel de l'intention, de
guerre ; pourtant, cette assimilation demeure impos- l'identité du groupe ciblé, de la nature de la destruction et de la qualité des
sible, puisque dans la doctrine classique la guerre individus civils. Les historiens travaillent à interpréter plusieurs guerres et
est d'abord une entreprise qui poursuit des buts et massacres historiques tels que des génocides complets ou partiels, mais
qu'elle met en présence des États possédant des comme y insiste Yves Temon, les génocides les plus évidents et les plus
frontières et opère en frappant des cibles militaires. nettement identifiables sont ceux qui furent perpétrés au vingtième siècle,
La limite interne des guerres est donc la militarisa- précisément parce qu'ils correspondent à ces critères. Que ce fait soit
tion, alors que le génocide déborde entièrement le d'abord tributaire de l'avènement d'un totalitarisme d'État à la faveur de
militaire : il vise la destruction des populations civi- guerres ou de révolutions particulières intéresse moins dans ce cadre que
les. Même si les deux guerres mondiales du siècle le caractère systématique et délibéré des exterminations.
dernier peuvent être interprétées comme des guerres
totales, parce qu'elles ont mobilisé toutes les res-
sources des États en guerre, sans discrimination des Arméniens, Juifs, Tutsi : trois figures exemplaires
civils, le génocide constitue un phénomène qui les La seconde partie de l'ouvrage se concentre sur trois cas irréfutables, et
dépasse tout en s'en nourrissant: il supprime en leur analyse permet d'éviter les discussions qui font s'affronter juristes et
effet au sein d'une population toute inhibition par historiens sur des cas moins clairs, parfois qualifiés de situations inter-
rapport à une violence généralisée. Ce phénomène médiaires, comme le nettoyage ethnique en Bosnie et au Kosovo, les
en est un de continuité, comme l'écrit Yves Temon : famines d'Ukraine et les massacres révolutionnaires du Cambodge.
« La totalisation du meurtre dans la guerre annonce Chaque section est ici présentée comme un dossier autonome et complet :
la radicalisation de la destruction génocidaire dans l'auteur met en œuvre certes une procédure comparative, mais il s'agit
la guerre. » d'abord pour lui de montrer comment, dans trois cas exemplaires, l'in-
tention génocidaire a donné lieu à des crimes et à des exactions concer-
L'évolution du droit international, et en particulier la tées et systématiques. C'est donc le caractère substantiel de la violence
rédaction des conventions et protocoles relatifs aux qui est ici mis à l'épreuve, dans son rapport intrinsèque et immédiat à
crimes de guerre, a joué dans cette analyse un rôle une planification par un pouvoir. L'érudition sur le génocide arménien et
déterminant: le crime contre l'humanité, dont la sur la Shoah est certes plus volumineuse que sur le Rwanda, mais les
portée devient claire dans le statut de Londres en données mises au jour par l'historien et la synthèse qu'il en propose ne
1945, est d'abord une notion destinée à justifier l'in- laissent aucun doute sur la comparabilité de ces trois situations. Le débat
tervention humanitaire. Le Tribunal international de international sur le génocide arménien pourrait avoir trouvé sa conclu-
Nuremberg a fondé sa compétence sur la nécessité sion dans la récente résolution du Congrès américain pour le reconnaî-
de juger par un mécanisme spécifique les crimes tre, après la plupart des pays d'Europe et le Canada, mais on ne doit pas
commis contre les civils et ces crimes figureront de s'attendre à le voir s'atténuer, compte tenu de son importance dans l'his-
manière distincte dans les conventions de Genève toire nationale de la Turquie moderne. Par comparaison, le négation-
en 1949. Yves Temon consacre un chapitre impor- nisme européen relatif à la Shoah, et sa reprise récente par le pouvoir ira-
tant à l'avènement de cette doctrine, et en particu- nien, paraît constituer une bien faible résistance. Mais l'historien ne
lier à la question de l'imprescriptibilité de ces cri- s'encombre pas de ces débats politiques, il travaille sur un horizon trans-
mes. La déportation, la réduction en esclavage, les historique où la qualité du génocide, en tant que meurtre de masse, est
disparitions forcées, l'apartheid, les violences d'abord ce qui compte.
sexuelles deviennent ainsi objet de la Cour pénale
internationale. L'état actuel de la discussion est donc Spécialiste de l'Arménie, Yves Temon donne à la fois une reconstitution
historique complète et nuancée des dispositions prises par les Jeunes
Turcs qui ont conduit au génocide, dès les premières mesures de dépor-
tation en février 1914. Il reconstitue les préparatifs et décrit également les
complicités internationales, notoirement la responsabilité de la chan-
cellerie allemande, qui sont accablantes. Mais l'essentiel de son effort
l'accomplissement d'une violence historique mise
en marche dès la conquête romaine. L'historien
peut refuser de tenir compte de cette incommensu-
rabilité, il ne peut pas cependant refuser d'intégrer
l'antisémitisme séculaire dans son explication du
génocide européen.

En s'avancant dans cette discussion, Yves Ternon


ne pouvait pas ne pas évoquer les formes particu-
lières du négationnisme européen et la querelle qui
oppose les intentionnalistes aux fonctionnalistes.
Ici encore, le discours génocidaire, préconisant
l'anéantissement, ne doit laisser planer aucun
doute sur la qualité du génocide et des crimes
contre l'humanité perpétrés par les nazis. L'analyse
du processus de décision, tout autant que la mise
en lumière des procédés, détache particulièrement
le génocide des Juifs de la guerre au sein de
laquelle il a eu lieu. Même si ce livre n'entend pas
contribuer à la querelle des historiens, ou au révi-

Ph sionnisme allemand en général, il lui apporte un


certain éclairage : il ne discute pas la comparabilité
du stalinisme et du nazisme, mais il met en lumière
de manière particulièrement décisive la spécificité
du génocide des Juifs d'Europe dans son rapport à
la guerre mondiale.
Carlos Ste-Marie, Sans titre, (120 x 120 cm), 2000.
Photo : Carlos Ste-Marie. Collection particulière.
Dans la dernière partie de son livre, Yves Ternon
présente le génocide des Tutsi du Rwanda comme
une figure non moins exemplaire de la destruction
systématique et massive. La mise en place du dis-
d'historien est de reconstituer la progression des crimes de guerre contre positif de la guerre ethnique totale est étudié minu-
les chrétiens vers le génocide spécifique des Arméniens à Trébizonde, tieusement, notamment dans ses liens avec les
Kharpout et Sivas. De mai 1915 à janvier 1917, ce processus suit un structures coloniales d'une part, et d'autre part
déroulement implacable, mené à la fois comme opération de guerre radi- avec les politiques de domination des républiques
cale, et comme dépassement des stratégies militaires vers une opération Hutu. L'avènement d'une « culture génocidaire »
d'anéantissement planifié des Arméniens. L'historien pose ici la question après la guerre d'octobre 1990 constitue ici le fait
de savoir comment ce dépassement a été opéré, et on regrettera qu'il majeur: non seulement parce que le génocide s'ac-
n'ait pas donné à cette section une conclusion faisant fond sur son pro- complira comme effet d'une propagande diffusée et
pre appareil théorique, distinguant la guerre et le génocide. Car la vraie largement acceptée dans la communauté hutue,
question du génocide des Arméniens est en quelque sorte son extension mais surtout parce que l'annonce du génocide, ins-
et sa rapidité au sein de la Première Guerre mondiale, alors que les crite dans ce discours, n'a pas su trouver aux
Arihéniens deviennent les parias d'un empire en décomposition et victi- Nations Unies une résistance à sa mesure. Cette
mes d'un fantasme purificateur. Ils ne furent jamais, et cela semble l'ar- logique permet ici, comme dans les deux autres
gument important de l'analyse de Yves Temon, des acteurs politiques de cas, de dégager le projet d'anéantissement comme
ces conflits, ils n'étaient que des obstacles, des étrangers, des minorités un projet débordant une stratégie militaire; elle
à détruire. C'est ce qui explique que le débat avec les historiens turcs, qui permet surtout de mesurer l'autonomie du proces-
n'est pas examiné ici, se concentre d'abord sur cette qualité politique, et sus génocidaire, son registre propre qui est ici celui
non sur le projet génocidaire. de la violence ethnique. Par son caractère cru et
moins technique, le génocide des Tutsi du Rwanda
La destruction des Juifs d'Europe constitue le cas exemplaire du géno- met à nu la pulsion destructrice qui est à l'œuvre
cide, à un point tel que son unicité ou sa singularité pourrait lui faire dans tout génocide.
réserver le concept. Le caractère incommensurable de la Shoah trouve ici
une sorte de mise en abyme terrifiante. La planification de cette destruc- Ce livre remarquable se clôt en se maintenant sur
tion massive ne cesse d'être étudiée, son exécution minutieuse peut le seuil d'une théorisation trop rapide, il évite le
encore bénéficier du témoignage de survivants et l'analyse des archives schématisme et respecte l'identité de chacune des
allemandes livre encore plusieurs secrets. L'essentiel demeure cependant, figures interrogées. C'est déjà beaucoup que
comme y avait insisté Hannah Arendt, de la convergence du racisme et d'avoir mis en lumière cette dialectique de la
du nationalisme, conférant au génocide des Juifs d'Europe le caractère guerre et du génocide et d'avoir insisté sur la matu-
d'une persécution transnationale et systématique. Parce que cette persé- ration des génocides au sein des guerres, comme
cution venait achever au sein d'une guerre mondiale un processus d'éra- formes limites d'idéologies destructrices. Mais
dication amorcé presque dans l'Empire romain et accéléré dans l'Europe comme l'auteur y insiste, cette approche n'expli-
médiévale, soutenu par un anti-sémitisme violent dont les pogroms ont que pas tout, elle ne fait que placer les jalons d'une
constitué la manifestation la plus constante, elle acquit dans le génocide compréhension à venir de la violence de masse. On
cette qualité d'absolu qui fait du génocide des Juifs une figure incom- sera reconnaissant à Yves Ternon d'avoir eu le cou-
mensurable à toute autre: elle n'est pas insérée dans une temporalité rage de sa comparaison et de sa méthode : il n'était
donnée, où elle achèverait l'extermination d'une minorité, elle est plutôt certainement pas facile de prendre ce double ris-
que, mais il le fallait au nom même de la rigueur
du concept et en vue de l'avènement de lois inter-
nationales plus précises et plus contraignantes. ©

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