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PARIS
CLASSIQUES GARNIER
2018
Alexandra Merle, ancienne élève de l’ENS
est professeur à l’université
de Caen. Elle
travaille sur la littérature politique de l’Espagne moderne.
de violence à la plèbe aveugle sont des traits fréquents dans les textes
historiographiques de l’époque moderne, la fonction première de ces
textes étant pour ainsi dire réparatrice. Il s’agit d’abord de projeter une
image flatteuse du règne mais aussi du royaume, et de permettre dans
le présent et dans le futur proche une réconciliation, une restauration
de la concorde. Plusieurs contributions démontrent que cet objectif est
largement partagé, y compris par des récits commandités par les instances
qui se sont soulevées contre l ’autorité royale, et par des témoignages plus
spontanés. Il en est ainsi des chroniques aragonaises postérieures à la
répression de la révolte de Saragosse, analysées par Jesús Gascón Pérez,
qui s’emploient d’une part à défendre la loyauté des sujets aragonais
envers la couronne – de même que les écrits valenciens qui abordent les
Germanías et les chroniques du règne de Charles Quint qui, dans leur
traitement des Comunidades, s’accordent sur la loyauté des Castillans –
et d’autre part à refonder, pour l’avenir proche, les rapports entre le
royaume et le monarque en préservant le régime foral aragonais.
Les oscillations entre une « dépolitisation » des révoltes et leur « re-
politisation » en fonction de l ’évolution du c ontexte d’écriture ont retenu
l’attention. Ainsi, Alexandra Merle constate que les revendications
des comuneros concernant les rapports entre le roi et les Cortes (donc la
forme de la monarchie) et les c onceptions basées sur le droit de résis-
tance sont généralement passées sous silence pendant toute l’époque
moderne, et ce non seulement dans les chroniques mais aussi dans des
écrits consacrés à la réflexion politique, alors même qu’ils débattent des
causes des révoltes et des moyens d ’y remédier et s’appuient sur cette
forme d ’expérience qu’est l’histoire ; de la même façon, la conjuration
des Pazzi c ontre les Médicis, dans les écrits des penseurs des Lumières
étudiés par Marion Bertholet, est le plus souvent présentée comme une
manifestation des rivalités lignagères et un épisode de vendetta, tout
en étant parfois exploitée (par Voltaire notamment) pour dénoncer les
ingérences de l’Église dans les affaires temporelles.
Le prolongement des analyses sur une longue durée permet la mise
en évidence de lectures successives, et parfois c ontradictoires, des évé-
nements, étroitement liées aux enjeux politiques propres aux différents
contextes d’écriture : ainsi, l ’éclosion du libéralisme en Espagne amène
un réexamen des Germanías et des Comunidades et une re-politisation de
ces événements, comuneros et agermanados étant désormais vus c omme des
14 A. MERLE, S. JETTOT ET M. HERRERO SÁNCHEZ
des lectures très contrastées des événements. Sur ce point, ces chapitres
suivent un ordre chronologique qui permet de repérer des évolutions
significatives au cours de la période. Comme le souligne Laura Casella,
la publication des chroniques, des journaux et des livres de familles
au xixe siècle s’est accompagnée d ’une suppression de tous les détails
et circonstances qui ne semblaient pas liés à l’histoire et à ses figures
héroïques. Ces publications érudites ont écarté tous les acteurs jugés
« mineurs », femmes, petits artisans, soldats. Ainsi, les cahiers de Venere
Bosina, une veuve appartenant au milieu artisanal et marchand, mêlent
des notes sur sa vie quotidienne et sur les diverses crises politiques du
xvie siècle. Ils témoignent de sa manière d’agir auprès de ses proches et
de réagir aux crises de son temps. Livres de c ompte ou de raison, journal
intime, généalogies ou mémoires sont autant d ’archives du « for privé »
qui participent à la mémoire des révoltes et révolutions27. Les finalités
associées aux actes d ’écriture et de préservation des documents divergent
des grandes entreprises historiographiques ou érudites.
Dans les documents du xviie siècle étudiés par Ann Hughes, la
consignation des épreuves subies s’inscrit dans l’espoir de dédomma-
gements à venir. Ces documents qui livrent des chiffres mais aussi des
bribes de récits, sont pour elle une forme de transmission de l’expérience,
individuelle et collective, de la révolution. En effet ces archives n’étaient
pas produites par des officiers d’un état « moderne » mais par les familles
et leurs voisins qui participaient à leur élaboration en apportant témoi-
gnages, objets, documents susceptibles de satisfaire leurs attentes. En ce
sens, le « tournant mémoriel » identifié depuis plus d ’une décennie est
indissociable d’un « tournant archivistique » valorisant les conditions
matérielles de la création des archives28. Ces dernières n’ouvrent pas
nécessairement sur l’intimité des individus et des familles, leur sous-
bassement mêle les sphères privées et publiques. Au-delà de la question
des réparations, elles témoignent de la diversité des attentes associée à
la mémoire : le souci de transmettre les traumatismes et de leur donner
un sens, l’espoir de récréer un sentiment de c ontinuité entre l’avant et
l’après ou bien la volonté de défendre une réputation.
Des premiers livres de familles, les ricordanze italiens étudiés par
Laura Casella aux témoignages décrits par Ann Hughes un siècle plus
27 Arnoul, Bardet, Ruggiu, 2010.
28 Corens, Peters, Walsham (éd.), 2016.
16 A. MERLE, S. JETTOT ET M. HERRERO SÁNCHEZ
À propos des mémoires orales, qui sont l ’objet d’un autre ensemble
de contributions, tous les auteurs partagent le même constat : il est
particulièrement difficile d ’exhumer ces mémoires des révoltes en milieu
urbain, et plus encore en milieu rural. Elles supposent un travail à partir
des sources moins formalisées, existant à l’état de traces ou d ’indices
dans les archives judiciaires ou les chroniques. La distinction opérée
entre une mémoire « culturelle » fondée sur l’écrit et la littérature en
particulier et une mémoire « communicationnelle » construite autour
de l’oralité et les témoignages, est de ce point de vue fondatrice30. Les
processus de damnatio memoriæ conduits par les institutions semblent
avoir été efficaces. Pour l ’époque médiévale, Vincent Challet détaille la
variété de l’arsenal répressif développé par les autorités pour disqualifier
le souvenir des révoltes rurales en recourant à des termes péjoratifs pour
désigner les émeutiers, c omme celui de « Jacques Bonhomme » pour les
29 Cremonini, 2016 ; Chappey, 2013.
30 Assmann, 2010, p. 19.
Introduction 17
Alexandra Merle,
Stéphane Jettot
et Manuel Herrero Sánchez
PREMIÈRE PARTIE
L’ÉCRITURE DE LA RÉVOLTE
perspectiva limitada (como la forma en que una sociedad se refiere a su pasado) o bien
desde una perspectiva más amplia (como “la modalidad de c onciencia de sí misma
por parte de una c omunidad humana”). Según el propio autor, la primera vez que
sugirió la utilidad de dicha herramienta heurística fue en un artículo publicado en
1983 (ibid., p. 29).
18 Por ejemplo, en Gascón Pérez, 1995, p. 17-23, e Id., 1999, p. 244-252.
19 El noble aragonés utilizó dicha expresión en Gurrea y Aragón, Comentarios de los sucesos
de Aragón, p. 305.
20 Leonardo de Argensola, Informacion de los sucesos del Reino de Aragon, p. 1.
21 Murillo, Fundacion milagrosa, tratado ii, p. 137-138. La cita latina corresponde al Antiguo
Testamento, en concreto a Eclesiástico, 19, 4: “El que es fácil en creer es ligero de corazón.”
28 JESÚS GASCÓN PÉREZ
mismo precepto fue recordado por el padre Murillo, quien, con criterio
más riguroso, puntualizó al respecto que “quando es cosa sucedida y no
ficcion lo que se escribe en verso, tiene obligacion el que lo escribe de
mirar que diga verdad; porque en tal caso no hace officio de Poeta, sino
de Historiador, y como tal ha de huyr de ficciones.”26 Una idea que, como
es sabido, Cervantes plasmó en el Quijote poniéndola en boca del bachiller
Sansón Carrasco, a cuyo parecer “uno es escribir como poeta, y otro como
historiador: el poeta puede c ontar o cantar las cosas, no c omo fueron, sino
como debían ser; y el historiador las ha de escribir, no c omo debían ser, sino
como fueron, sin añadir ni quitar a la verdad cosa alguna.”27 De manera
que, como sentencia el propio don Quijote pocas páginas más adelante,
“La historia es c omo cosa sagrada, porque ha de ser verdadera, y donde
está la verdad, está Dios, en cuanto a verdad; pero, no obstante esto, hay
algunos que así c omponen y arrojan libros de sí c omo si fuesen buñuelos.”28
Dejando a un lado la c onsideración teológica planteada por el perso-
naje cervantino, lo cierto es que resulta fácil c onstatar que, al igual que
sus coetáneos de los siglos XVI y XVII, los cronistas objeto de nuestro
estudio tomaron varios referentes de la preceptiva clásica, como queda
de manifiesto en la antedicha referencia a Horacio. A esta circunstancia
cabría añadir el evidente entronque con el archiconocido pasaje del diálogo
De oratore, en el que Cicerón presenta a la historia como “maestra de la
vida”29, una idea bien perceptible en el siguiente comentario de Vicencio
Blasco de Lanuza, pese a que no se cita expresamente al autor latino:
Es la historia maestra de la vida humana, porque de la variedad de sucessos,
y memoria dellos, (que la historia c onserva) nace la prudencia, govierno de
nuestra vida: y por esta causa, y otras muchas ha tenido muy buen lugar entre
todas las naciones del mundo: haziendo della la estimacion, que merece30.
31 A este respecto, véanse, por ejemplo, los trabajos de Ramón Palerm, 1998, e Id., 1999.
32 Blasco de Lanuza, “Prologo al letor”, en Ultimo tomo de historias eclesiasticas, s.p.
33 Ibid., s.p.
34 Véanse a este respecto Gascón Pérez, 2013, e Id., 2017, así c omo Jarque Martínez, 2013.
35 Burke, 2016, p. 67.
36 Ibid., p. 93.
37 La imagen de Zurita como cronista riguroso continúa inalterable desde su época. A ello
ha contribuido el estudio clásico de Andrés de Uztárroz, Dormer, Progressos de la Historia
“La verdad sencilla y desnuda de los sucesos de Aragón” 31
cartas, como las escritas por Felipe II o por su general don Alonso de
Vargas en abono de la fidelidad del reino, que fueron aportadas por
Blasco de Lanuza44. Pero también, c omo fue el caso de Lupercio de
Argensola, documentos relativos a la c onvocatoria y celebración de las
Cortes de Tarazona de 1592, así como la sentencia dictada tres años
más tarde por el Consejo de Aragón c ontra el duque de Villahermosa45.
No obstante, como herederos de la tradición historiográfica clásica,
varios de estos autores recurrieron también al aval de su c ondición de
observadores directos de los hechos, lo cual permitió al c onde de Luna
argumentar que “lo que digo vi, y lo que vi escribo”46; a fray Marcos de
Guadalajara, referir “el principio, sucesso, y fin desta Inquietud, c omo
testigo de vista”47; al padre Murillo, reclamar “aver sido testigo de vista
en sus desventuras”48; y al abad Martín Carrillo, aducir “aver sido testigo
de vista, de lo que por esta causa sucedio en la ciudad de Çaragoça este
año [1591], y el siguiente.”49
Bajo estas premisas metodológicas se debe considerar la manera en
que estos autores c onstruyeron su interpretación apologética, surgida, no
hay que olvidarlo, en un c ontexto político y social c ondicionado por las
graves consecuencias del conflicto registrado en 1591, que influyeron
de modo decisivo en la elaboración y difusión de sus trabajos50. En este
sentido, la síntesis del c onflicto elaborada por el citado abad Carrillo en
1622 para formar parte de sus Annales puede ayudar a ilustrar el discurso
final elaborado, así como servir de base al análisis de su contenido según
los términos planteados páginas atrás:
En Aragon se c omovio cierta inquietud popular bien molesta, por querer
algunos favorecer la persona de Antonio Perez, sucessos mal entendidos,
y peor escritos por algunos autores estrangeros […] Tenia su Magestad un
exercito aprestado, para que passasse a Francia: sucedio en esta ocasion y año,
44 Así puede verse por ejemplo en el capítulo viiii de Blasco de Lanuza, Ultimo tomo de his-
torias eclesiasticas, p. 265-268, que contiene varias de esas cartas y que lleva el descriptivo
título de “Lo que don Alonso de Bargas escriviò a algunos hidalgos de Ribagorza. Lo
que a su Magestad, y a las Universidades desde Reyno. Lo que su Magestad estimò, y
honrò el valor, y fidelidad de los Aragoneses.”
45 Leonardo de Argensola, Informacion de los sucesos del Reino de Aragon, p. 163-230.
46 Gurrea y Aragón, Comentarios de los sucesos de Aragón, p. 16.
47 Guadalajara y Xavier, Quarta parte de la Historia pontifical, p. 5.
48 Murillo, “Prologo apologetico al christiano lector”, en Fundacion milagrosa, tratado i, s.p.
49 Carrillo, Annales y memorias cronologicas, p. 420vo.
50 Así lo he recordado en Gascón Pérez, 2013b, p. 120.
34 JESÚS GASCÓN PÉREZ
que Antonio Perez preso, y acusado por delictos graves, y por el Santo oficio,
fue por algunos, a quien el tenia engañados, y al vulgo sacado de las carceles,
y puesto en libertad: atrevieronse estos inquietos a la justicia, y al tribunal
de la Santa Inquisicion; era necessario el castigo destos excessos, mandò su
Magestad que dicho exercito passasse por Aragon, é hiziesse alto en Çaragoça:
entrò en la Ciudad sin contradicion, encuentro, ni detenimiento, como en
casa propria, y tierra de su Rey y señor: con esto se dio autoridad y poder
a la justicia, y fueron castigados los inquietos, y favorecedores de Antonio
Perez, pagando sus atrevimientos, unos c on las vidas, otros c on destierros,
segun sus delictos […]51.
Estando entendiendo la Magestad Catolica del Rey Don Philippe II en la
quietud y sosiego de Aragon, por medio de Cortes generales; entraron por las
Montañas de Jaca, con la gente y favor de Madama, la Princessa de Bearne, los
valedores de Antonio Perez, y se apoderaron de la villa de Biescas: creyendo
estos que luego se armaria la Montaña en su favor, quedaron desengañados;
porque la sangre leal y antigua de los Aragoneses, aun ervia en sus venas, en
defensa del Rey, y lealtad: y en consequencia desto, salieron contra ellos bien
apercebidos, y con la gente de la tierra llana, mezclados con los ginetes de
don Alonso de Vargas, y vanderas de Infanteria; desalojaron al enemigo, y
cerraron contra el, y de seyscientos que serian, murieron cassi quatrocientos; y
los demas fueron presos, sino algunos pocos que llevaron la nueva a su tierra:
a los Franceses se les dio luego libertad, y fueron degollados en Çaragoça
algunos de los inquietos naturales. Finalmente en Taraçona, ciudad deste
Reyno, por orden de su Magestad, se ajuntaron los quatro braços, y con la
presencia del Catolico Rey, se asentò en aquellas Cortes lo que c onvenia para
perpetua paz y sosiego del Reyno, dexando en su fuerça y vigor sus livertades
y Fueros antiguos: lo qual se podra ver en nuestros historiadores, y estrangeros
desapasionados52.
para explicar las razones del conflicto, pues, como se hace notar en los
relatos más extensos, Pérez tuvo la habilidad suficiente para azuzar a
su favor dos sentimientos colectivos: por un lado, la c ompasión, pues,
como apunta Lupercio de Argensola, “sin más especulación de medir
el poder del rei y de un vasallo, siempre juzga el vulgo en favor del
menos poderoso: falsa imágen de piedad, que engaña á muchos en este
reino”53; y por otro, el apego al régimen foral, ya que, según indicó el
padre Murillo, “el hypo del pueblo era no permitir que se les quebran-
tassen los fueros.”54 De hecho, en opinión de muchos cronistas, fue este
segundo aspecto el que tuvo efectos más poderosos en la movilización
de la población, ya que, en palabras de Gonzalo de Céspedes,
en lo que mayor fundamento abrio, a su maquina; fue en el ingerir y mezclar,
con su propio negocio c on sus pretensiones y causas; diestramente, la obser-
vancia inviolable, de sus leyes y fueros. Para c on tal pretesto, c onfundir sus
delictos, divertir el castigo, y hazer (mediante su vigor, y las diligencias de
los sediciosos amigos) comun y publico, el daño particular y propio55.
lettrés10. Même si, pour des raisons diverses, aucune des œuvres qu’ils
entreprirent ne fut publiée de son vivant11, plusieurs de ces textes men-
tionnent les Germanías, et il existe aussi d’autres chroniques, consacrées
à l’ensemble du règne de Charles Quint, à un événement particulier
ou encore spécifiquement au royaume de Valence. La c onfrontation de
plusieurs de ces récits, dont certains rédigés par des Valenciens, pen-
dant le règne ou après la mort de l’empereur, et même à une certaine
distance dans le temps, sera l’objet de cette étude qui, sans prétendre
à l’exhaustivité12, s’efforcera de mettre en lumière des différences de
traitement et d’interprétation de la révolte, en fonction de la nature
des textes, des circonstances de leur élaboration et des intérêts propres
à chaque contexte.
10 Sur les chroniques du règne de Charles Quint, on consultera Morel-Fatio, 1913 ; Redondo,
1976, p. 303-349 ; Cuart Moner, 1994 ; Alvar Ezquerra, 2000.
11 Certains chroniqueurs laissèrent des manuscrits inachevés – Mexía notamment –, ou
des notes que leurs successeurs utilisèrent – Guevara, dont les papiers servirent à fray
Prudencio de Sandoval ultérieurement – ; Sepúlveda, le seul des chroniqueurs qui acheva
son histoire du règne, renonça à la publier.
12 Nous examinerons cinq chroniques générales du règne de Charles Quint, deux histoires
générales et deux textes valenciens, appartenant à des époques différentes, du règne de
l’empereur jusqu’au xixe siècle.
44 ANNE-LISE RICHARD
13 Pedro Mexía, doté d’une formation autodidacte principalement basée sur les mathéma-
tiques, la géographie, l’astronomie et l’histoire, avait été veinticuatro de Séville et avait
longtemps vécu loin de la cour. Sur sa vie et son œuvre historiographique, consulter
Costes, 1920 ; Chaulet, 2010 ; voir également Mata Carriazo, 1945.
14 Pedro Mexía, Silva de varia lección, Sevilla, Domingo de Robertis, 1540.
15 Pedro Mexía, Historia imperial y cesárea, en la qual en summa se contienen las vidas y hechos
de todos los Emperadores de Roma, desde Julio Cesar hasta el Emperador Maximiliano, Sevilla,
Juan de León, 1545.
16 Ce texte a été publié pour la première fois dans la Revue Hispanique, sous le titre de
Historia de Carlos V, par Raymond Foulché-Delbosc, puis une seconde édition a vu le
jour en 1945 : Pedro Mexía, Historia del Emperador Carlos V, edición de J. Mata Carriazo,
Madrid, Espasa-Calpe, 1945. C’est l ’édition que nous utilisons.
17 Pour plus d ’informations sur Santa Cruz, c onsulter Dahlgren, 1892 ; Cuesta Domingo,
2004.
18 Alonso de Santa Cruz, Crónica de los Reyes Católicos, edición de Juan de Mata Carriazo,
Sevilla, Escuela de Estudios Hispano-Americanos, 1951.
19 Il a été publié au xxe siècle : Alonso de Santa Cruz, Crónica del emperador Carlos V, edición
de Antonio Blázquez y Ricardo Beltrán y Róspide, Madrid, Real Academia de la Historia,
1920-1925, 5 vol.
Entre interprétations et omissions 45
26 Diego Hurtado de Mendoza est nommé vice-roi en 1520 avant de devoir abandonner
Valence en 1521, suite à la bataille de Gandie. Il y revient à la fin de cette même année
et reprend le contrôle sur les rebelles.
27 « con sus capirotes en las cabezas y sus cruces en las manos, diciéndoles “misericordia, misericordia”,
ellos respondían “justicia, justicia”, y así fué que después vino por todos ellos la justicia de Dios,
y de ellos [los agermanados] fueron muertos á cuchillo, y otros en batalla y por justicia », Alonso
de Santa Cruz, p. 234-235.
28 Ibid., p. 215.
29 « por manera que ya Valencia no era Reino de caballeros y ciudadanos, sino una behetría de
públicos ladrones », Ibid., p. 417.
30 Comme l’a constaté Augustin Redondo, la prophétie, qui « appartient au domaine reli-
gieux et à l’ordre du divin puisque le prophète est directement inspiré par Dieu […] a
permis toutes les manipulations, soit pour légitimer le pouvoir, soit pour le subvertir »,
Redondo, 2000, p. 6.
31 « tenía por profecía de viejas que aquel Reino se había de tornar á perder por causa de los moros »,
Alonso de Santa Cruz, p. 417.
Entre interprétations et omissions 47
UN TRAITEMENT PARTICULIER :
L’OMISSION DE LA RÉVOLTE
37 Sur Juan Ginés de Sepúlveda, sa vie et son œuvre, on pourra consulter : Fernández
Santamaría, 2007 ; Cuart Moner, 2001 ; Losada, 1949.
38 On dispose a ujourd’hui d ’une édition moderne, publiée à partir de 1995, en version
bilingue (latin-espagnol), en plusieurs volumes, par la municipalité de Pozoblanco,
village de la province de Cordoue où Sepúlveda serait né. Les tomes I, II, X, XI, XIII,
XIV composent la Historia de Carlos V. C’est l ’édition que nous utilisons.
39 Baltasar Cuart Moner, dans son étude historique du premier volume de la Historia de
Carlos V, évoque plusieurs raisons à ce refus de publication : son découragement face à
l’absence de protection de la part de la cour lors de la controverse de Valladolid et aussi
le désappointement suite à certaines critiques reçues par des courtisans ayant lu son
manuscrit. Il fait également allusion à l’utilisation du latin comme possible frein à la
publication. De fait, suivant les c onseils de son ami Diego de Neila, Sepúlveda se résolut
à laisser inédit son manuscrit.
40 Juan Ginés de Sepúlveda, Historia de Carlos V, t. X, p. 39.
Entre interprétations et omissions 49
maures de ces régions sous leur dépendance dans des villages et les employaient
presque comme des esclaves, en vertu d’une loi autrefois imposée aux vaincus,
car ceux qui étaient seulement vassaux du roi jouissaient d’une législation
plus bienveillante41.
41 « Esta ley, sin embargo, no había sido aceptada en los reinos de Aragón ni de Valencia, al pedirlo
con mucha insistencia los nobles, que tenían a la mayoría de los moros de aquellas regiones bajo su
dependencia por aldeas y servían casi como esclavos en virtud de una ley impuesta antiguamente a
los vencidos, pues los que sólo eran vasallos del rey gozaban de una legislación más benigna », Ibid.
42 Baltasar Cuart Moner, dans Juan Ginés de Sepúlveda, Historia de Carlos V, t. XII, p. xviii.
43 Burke, 1999, p. 435.
44 Le texte a été publié par Manuel Fernández Álvarez dans le Corpus documental de Carlos V,
Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca, t. IV, 1979, p. 459-567.
45 Baltasar Cuart Moner, dans le t. I des Obras completas, écrit : « Sepúlveda […] que cree que
su misión c omo historiador es c ontar las hazañas de los españoles y no sus desavenencias – de hecho,
poco tratará de la historia interna de Castilla y casi nada de las de Aragón, ausentes como están
las Germanías en su crónica. » (p. lxiii).
46 Ricardo García Cárcel, 2002, p. 212.
50 ANNE-LISE RICHARD
51 « Marchó a Zaragoza, en calidad de Mayordomo de don Fernando de Aragón, nieto del Católico y
posteriormente arzobispo de Zaragoza. Poco tiempo permaneció en su nuevo destino, puesto que “por
defender la real sangre de Vuestra Señoría – escribirá su hijo en la dedicatoria a don Fernando
de Aragón de una de las variantes de la tercera parte – y amparar sus criados en la iglesia de
Alcañiz celebrándosse la missa […] fue muerto por los c omuneros alterados”. » (Sebastián García
Martínez, 1983, p. 41)
52 Dans la dédicace au Libro de Alabanzas, Viciana écrit « me perdonen por haver vertido esta
obra de valenciana a castellana, que por la misma causa huve de vertir la Chronica de Valencia
[…] que después de haberlos copilado, en la versión de todos ellos tuve otro tanto trabajo, solamente
por hazerlos comunicables a muchas otras Provincias » (cité par Sebastián García Martínez,
1983, p. 57). Mais nous n ’avons pas trouvé trace de cette version en valencien.
53 Le premier chroniqueur officiel du royaume de Valence est Gaspar Juan Escolano, nommé
en 1604. Voir Castañeda y Alcocer, 1920, p. 35.
54 D’autres cronistas valenciens du xvie siècle ont également rédigé des textes sur les Germanías :
Jeroni Soria, Dietari de Jeroni Soria, Valencia, Acción Bibliográfica Valenciana, 1960.
Deux manuscrits (le Breu relació de la Germania de València de Guillén Ramón Català
et La Germanía dels menestrals de Valencia de Miquel García) ont été édités par Eulalià
Duran dans : Les cròniques sobre les Germanies de Guillem Ramon Català i de Miquel García
(segle XVI), Valence, Tres i Quatre, 1984.
55 Ricardo García Cárcel, 1975, p. 15.
52 ANNE-LISE RICHARD
dans ses débuts le mouvement fut pacifique et que son premier dirigeant,
Joan Llorenç, était désireux d’employer la communication plus que
les armes. Ce sont les prédicateurs dont il était entouré56 qui suscitent
la critique du chroniqueur : ils manipulent une population livrée à
elle-même. Llorenç a également recours à de nombreuses ambassades
adressées à l’empereur, prouvant son désir d’éviter toute violence, et se
désolidarise des actions brutales et gratuites :
La Germania ne fut certainement pas constituée pour exécuter des actions si
scandaleuses et abominables, mais pour châtier les méchants et faire justice,
et pour apporter paix et tranquillité à cette terre, mais puisque les gens sans
ordre s’enhardissent à commettre toutes sortes d’actions mauvaises, je vois
clairement que ceux-là seront cause de la perdition et de la désolation de la
ville, car ils ne c onnaissent pas la honte et ne craignent ni Dieu ni le Roi, et
refusent d’obéir aux officiers et d’accorder crédit aux c onseils des anciens57.
Viciana prend soin de dissocier « ceux qui n ’avaient pas honte de leurs
actions et ne craignaient plus Dieu » de Llorenç et des premiers initiateurs
d’un mouvement qui n ’était pas dans ses c ommencements une révolte
paysanne ou populaire désordonnée mais reposait sur des intentions
saines. Après avoir insisté sur cette première phase – plus que Mexía ou
même Santa Cruz qui mettaient en valeur la radicalisation de la révolte –
Viciana ne cache pas son hostilité envers la prise de pouvoir du peuple.
À ses yeux les agermanados, poussés par l’ambition, se sont servis de la
situation désastreuse qui existait à Valence – fuite des autorités royales,
abus des nobles, attaques barbaresques – pour tenter de modifier la fis-
calité et de gouverner alors q u’ils n’avaient ni c ompétence ni légitimité,
remettant ainsi en cause les fondements de cette société si hiérarchisée.
Viciana dénonce leur œuvre de destruction de Valence, symbolisée par
leur décision de briser les tablas58 afin de ne plus avoir à payer d ’impôts.
Ces meneurs populaires sont en outre pour beaucoup, selon Viciana, des
« étrangers » fauteurs de troubles, distingués des vrais « naturels » de Valence :
ainsi, il met en scène une c onversation entre Juan González, secrétaire du
56 Rafael Martín de Viciana, Libro quarto de la crónica…, fo 3vo.
57 « No por cierto fue inuentada la germania, ni hecha para hazer coſas tan eſcandaloſas y abominables,
ſino para caſtigar los malos y hazer iuſticia, y poner en paz y ſoſſiego la tierra, pues la gente ſin
orden ſe deſmanda, a hazer y emprender toda coſa mala, veo claramente que eſtos ſeran cauſadores
de la perdicion y deſolacion de la ciudad, porque no tienen verguença, ni temen a Dios, ni al Rey,
ni quieren obedeſcer a los officiales, ni creen alos anſianos que les aconseian », Ibid., fo 59v-60ro.
58 Tables où sont répertoriés les droits de l’Église, du Roi, de la Ville et du royaume.
Entre interprétations et omissions 53
quelques deux cents ouvrages. Après avoir rédigé sur la demande du roi
Ferdinand VII une Historia política y militar de la Guerra de Independencia
en España contra Napoleón Bonaparte desde 1808 á 181493, il entreprit
quelques décennies plus tard l’écriture d ’une Historia del Emperador
Carlos V94 qui est en grande partie une adaptation d ’un ouvrage de
William Robertson datant du siècle précédent95, avec des modifications.
Dans cette Histoire publiée en 1862, Muñoz Maldonado livre une
interprétation en partie semblable à celle des chroniqueurs du xvie siècle,
et qui exprime mépris et défiance envers le peuple. À ses yeux, les classes
populaires se sont servies des attaques barbaresques c omme d’un prétexte
pour s’armer, « en réalité pour se soustraire à l’autorité des nobles qui
les brimaient96 », et les meneurs des agermanados étaient des êtres cruels,
violents et manipulateurs dont « la férocité et la détermination intrépide
suppléèrent au défaut de tactique et de discipline militaire97 ». Mais il
se permet quelques critiques à l ’encontre de Charles Quint, écrivant que
l’empereur, trop pressé de s ’embarquer pour l ’Allemagne, « laissa libre
cours au soulèvement de la multitude98 », et ne fut pas mécontent dans
les premiers temps de voir la noblesse valencienne en difficulté, car elle lui
avait refusé les secours financiers qu’il demandait. Charles Quint partit
donc pour recevoir la couronne de roi des Romains « sans se préoccuper
de laisser derrière lui une terrible révolution qui pouvait l’exposer à
perdre une couronne de plus de prix et qui ceignait déjà son front99 ».
Si certains chroniqueurs du xvie siècle relevaient l’inexpérience du
monarque, la hâte avec laquelle il quitta la Péninsule, indisposant ses
nouveaux sujets, Muñoz Maldonado reproche plus ouvertement au
premier Habsbourg d’Espagne de « tout sacrifier à l’ambition et à la
93 José Muñoz Maldonado, Historia política y militar de la Guerra de Independencia en España
contra Napoleón Bonaparte desde 1808 á 1814, Madrid, 1833, 3 vol.
94 José Muñoz Maldonado, Historia del Emperador Carlos V (1500 á 1558), Madrid,
Establecimiento tipográfico de D. Francisco de P. Mellado, 1862. De nombreux textes
espagnols ont été rédigés au xixe siècle sur l’histoire générale de l’Espagne mais on
compte peu d ’œuvres spécifiquement consacrées à Charles Quint.
95 William Robertson, History of the Reign of the Emperor Charles V, London, 1769, 4 vol.
96 « en la realidad para sustraerse á la autoridad de los nobles que los vejaban », José Muñoz
Maldonado, Historia del Emperador Carlos V, p. 27.
97 « la ferocidad y una resolución intrépida suplieron á la táctica y á la disciplina militar », Ibid.,
p. 111.
98 « autorizó el levantamiento de la multitud », Ibid., p. 27.
99 « sin cuidarse de que dejaba detrás de sí una terrible revolucion que podia esponerle á perder una
corona de mas alto precio y que ya ceñia su frente », Ibid., p. 29.
Entre interprétations et omissions 61
Ces portraits héroïques ne laissent aucun doute sur les sympathies de Perales
et sur son désir d’anoblir l’action des révoltés et de donner aux représentants
du peuple une stature et une dignité nouvelles. Pour lui, les agermanados
étaient les défenseurs des libertés, et il va jusqu’à faire des Germanías un
mouvement en avance sur son temps, précurseur des grandes révolutions
de la fin de l’époque moderne, tout en soutenant qu’il ne s’agissait pas
d’abattre le pouvoir royal mais de libérer le peuple de l’emprise des nobles :
La Germanía, en résumé, fut un mouvement véritablement populaire qui ne
pouvait faire triompher ses idées, parce q u’elles étaient c ontraires à l’esprit
de ce temps-là et au caractère de tous les peuples d ’Europe, subordonnés au
pouvoir de la noblesse dont ils pensaient ne pas pouvoir se passer. […] Elle
détient, à notre avis, l’indiscutable mérite d’avoir défendu courageusement
avant tout autre peuple l’idée de la liberté, devançant de plus d’un siècle la
révolution d ’Angleterre et laissant derrière elle les graines qui devaient germer
plus tard lors de la révolution française113.
CONCLUSION
Anne-Lise Richard
Normandie Univ., UNICAEN
114 « la sangre solo reporta sangre y no suelen ser sus frutos los que más convienen á los pueblos », Ibid.
INTERPRÉTATIONS
ET ÉCHOS DES COMUNIDADES DE CASTILLE
de l’historiographie à la réflexion politique
dans l’Espagne moderne
La révolte des Comunidades, qui débuta alors que le jeune Charles Ier,
récemment porté au trône du Saint Empire romain germanique, se
rendait en Allemagne pour y recevoir sa première couronne et mit le
royaume de Castille à feu et à sang, eut vraisemblablement des causes
multiples, certaines circonstancielles – les maladresses du nouveau
monarque et l’avidité de son entourage flamand et bourguignon entre
autres1 –, et d ’autres plus profondes, liées à l’accroissement de l’autorité
de la couronne au temps des Rois Catholiques et à l’évolution de ses
rapports avec les municipalités. Les revendications des comuneros, telles
qu’elles apparaissent dans divers documents et notamment dans la « loi
perpétuelle » qu’ils tentèrent d ’imposer, c ontenaient, outre des exigences
de nature fiscale et protectionniste2, un certain nombre de clauses visant
1 Né et éduqué dans les Flandres, le fils de Jeanne « la Folle » et de l ’archiduc Philippe le
Beau débarqua dans la péninsule Ibérique en septembre 1517 après avoir été proclamé
depuis Bruxelles roi de Castille et d ’Aragon, alors q u’il aurait dû, selon les termes du
testament d’Isabelle la Catholique, se contenter d’être régent du royaume de Castille
au nom de sa mère, incapable d’exercer le pouvoir. Il était de surcroît accompagné de
conseillers qui se firent attribuer force grâces royales, charges, honneurs et prébendes
ecclésiastiques ; ainsi, la concession de l’archevêché de Tolède à Guillaume de Croy, neveu
de Monsieur de Chièvres, fit scandale. Puis vinrent l’élection impériale de 1519, qui
suscita la crainte d ’un assujettissement du royaume au Saint Empire, et la c onvocation
des Cortes castillanes à Saint Jacques de Compostelle peu de temps après leur réunion à
Valladolid, où les représentants des villes avaient voté un impôt substantiel. La session,
qui avait pour but d ’obtenir de nouveaux subsides afin de financer le voyage du monarque
en Allemagne, se déroula dans un climat de grande tension, et dut être interrompue
pour reprendre à La Corogne. Les procuradores, soumis à des pressions, accordèrent l’impôt
demandé, mais le soulèvement éclata à Tolède en juin 1520.
2 Joseph Pérez (1999, p. 555) parle même de « nationalisme économique » et plusieurs clauses
de la « loi perpétuelle », visant à protéger les intérêts du royaume de Castille, contiennent
l’interdiction répétée de c onfier des charges et des offices à des « non-naturels ». Pour une
66 ALEXANDRA MERLE
idéologique qui n’est pas sans liens avec les théories diffusées depuis
Salamanque dans le dernier tiers du xve siècle. Plusieurs travaux ont
en effet montré que les revendications des comuneros s’appuyaient non
seulement sur un pactisme bien enraciné, qui s ’exprimait aux Cortes en
certaines occasions, mais aussi sur des écrits comme ceux de Pedro de
Osma et Fernando de Roa, commentateurs de la Politique d’Aristote,
qui défendaient la résistance au roi injuste – qualifiée de guerre juste
et distinguée de la sédition – et même le tyrannicide5, et prônaient une
forme de gouvernement limitant le pouvoir du roi et favorisant celui
des « classes moyennes » citadines6.
On peut aisément concevoir que ce soulèvement, auquel participèrent
la plupart des villes de Castille et qui ne fut réprimé que grâce à l ’appui
d’une partie de la noblesse, eut un écho durable et laissa des traces per-
ceptibles – ne serait-ce que dans l’aspect de certains lieux7. Pour notre
part, nous nous intéresserons ici à la mémoire écrite du soulèvement,
c onsultation de ce document nous renvoyons à l’ouvrage de José Joaquín Jerez (2007),
qui publie en annexe différentes versions des revendications des comuneros.
3 Voir par exemple González Alonso (1980), qui relève les similitudes entre la Ley perpetua
et la Sentencia compromisoria élaborée en 1465. Toutefois, le texte de 1520 se distingue
en prévoyant la réunion régulière des Cortes, y c ompris indépendamment de la présence
du roi, et l’obligation pour les procuradores de rendre des c omptes aux villes qui les ont
mandatés. Carretero Zamora (2002) souligne de son côté la nouveauté de l’autonomie
projetée des Cortes.
4 Pérez (1999), López-Vela (2004), Alonso García (2009).
5 Voir notamment Castillo Vegas (2013) et Suárez Varela (2007 et 2013). Sur le droit de
résistance et la question du tyrannicide en Castille nous renvoyons à Nieto Soria (2011)
et Merle (2015).
6 Diago Hernando (2007, p. 111) note que Roa défend « un modelo de gobierno en que el ejercicio
del poder debía quedar en manos de los representantes de las clases medias, con exclusión tanto de
los sectores populares, como de los miembros de la nobleza. »
7 Ainsi à Medina del Campo, certains visiteurs étrangers tels que l ’ambassadeur vénitien
Andrea Navagero se plaisent à relever les vestiges de l’incendie qui c onstitua un épisode
majeur de la révolte. Voir Richer-Rossi, 2008, p. 6.
INTERPRÉTATIONS ET ÉCHOS DES COMUNIDADES DE CASTILLE 67
22 « no fue la intención de los que dieron principio a este negocio que la cosa passase tan adelante
como después pasó, ni que el escándalo fuese tan general ni tan dañoso », Relación del discurso de
las Comunidades, p. 71-72 (nous traduisons).
23 L’auteur, né en 1509 et mort en 1579, fut fondateur en 1538 du Nuevo reino de Granada.
Le titre complet de son manuscrit, dédié au président du Conseil des Indes et aujourd’hui
connu comme Antijovio, est : Apuntamientos y anotaciones sobre la historia de Paulo Jovio,
obispo de Nochera, en que se declara la verdad de las cosas que pasaron en tiempo del emperador
don Carlos V, desde que c omenço a reynar en España hasta el año de MDXLIIII, c on descargo de
la nación Española. Lo qual escrivia y ordenava Don Gonçalo Ximenez de Quesada adelantado
y capitan general en el nuevo reyno de Granada. Le texte fut publié pour la première fois en
1952 à Bogota.
24 Sur les différentes traductions espagnoles de Giovio, voir Cuart Moner, 2001b.
25 « Pues biniendo a tratar de las Comunidades digo q u’el docto Jovio se engañó en asignar por causa
de las alteraciones españolas la cobdicia de los flamencos […] aunque ubo algo desta codicia en
algunos, otros vivieron muy moderadamente c omo personas que merecian tener el lugar que tenian
cabe su príncipe […] », Antijovio, chap. 3.
72 ALEXANDRA MERLE
29 Par exemple, après avoir relevé que Mexía présente Chièvres c omme « muy prudente » et très
fidèle au roi, il écrit : « con todo, parece que habla Pero Mexía con alguna afición, porque respondiendo
al cargo que al rey se hacía, de que extranjeros gobernaban el reino, dice que no era así […] ».
30 « Materia, por cierto, lastimosa, y que yo quisiera harto pasar en silencio por tocar a algunas
casas ilustres, ciudades y villas cabezas destos reinos, que nunca desirvieron a sus reyes, antes
les fueron muy leales. Ni entiendo yo que ellos pensaban que le deservían sino que le sacaban de
una opresión en que sus privados le tenían. Y consta claro en que siempre apellidaron por su rey,
y que no se fuese del reino, que le querían ver y gozar de su real presencia, lo cual no pidieran si
quisieran deservirle », Sandoval, Livre V, p. 280 (nous traduisons).
31 Il transcrit par exemple une lettre envoyée par le conseil de Castille à Charles, alors qu’il
était encore dans les Flandres, pour le dissuader de prendre le titre de roi.
74 ALEXANDRA MERLE
celui du roi, dans la main de Dieu. Les maux qui en résultent sont bien
connus […]. Nous verrons ces royaumes troublés, non par la déloyauté de la
nation castillane, qui a toujours été très fidèle, mais à cause de l ’avarice d’un
favori étranger […]32.
Il s’agit par ailleurs d ’un favori étranger, détail que Sandoval ne manque
pas de relever et qui ajoute au caractère « nationaliste » d’une œuvre
qui tend à glorifier les sujets espagnols de l’empereur, comme cela a
été souvent c onstaté. Enfin, après avoir raconté la déroute de Villalar
et l’exécution des principaux chefs des rebelles, il exalte la clémence
de Charles Quint.
En somme, l’histoire de Sandoval, si elle expose avec précision les
causes immédiates du soulèvement, n’approfondit nullement les velléités de
32 « Ríndense los reyes a sus privados, fíanles el gobierno y piérdense los reinos, porque no los rige su
principe natural, sino el que no lo es, cuyo corazon no esta, como el del rey, en la mano de Dios.
Los daños que de esto resultan son al mundo notorios […] veremos alterados estos reinos, no por
deslealtad de la nación castellana, que siempre fue fidelissima, sino por la avaricia de un privado
extranjero », Sandoval, p. 145 (nous traduisons). Il écrit aussi : « la experiencia muestra que
de venderse los oficios se siguen levantamientos y discordias de los pueblos, como los hubo en Castilla
no por faltar los castellanos en la fidelidad debida a sus reyes, sino por éstas y otras intolerables
demasías de malos ministros. » (Livre II, p. 158).
33 « Por manera que tres fueron las causas principales de las alteraciones. Ver salir al rey del reino,
por estar acostumbrados a tener sus reyes en España […]. La segunda, que se daban los oficios
y beneficios a extranjeros ; la tercera fue gritar que se sacaba el dinero de España en gran suma
para reinos extraños. Y podemos añadir la cuarta : que alguna mala influencia reinó estos años,
porque en todos ellos casi se alteraron en Castilla, en Sicilia, en Cerdeña y aun Austria, haciendo
en todas partes unos mesmos desatinos » (peut-être un écho à l’Antijovio, p. 283).
34 « la privanza de Monsieur de Xevres era tanta que más parecía ser Xevres el rey, el rey su hijo,
que no ser Xevres vasallo y criado como lo era. No había puerta ni oído en el rey, mas de para
quien Xevres quería […] y a la verdad ésta fue la primera ocasion por donde el inocente principe
comenzó a ser malquisto », Sandoval, Livre V, p. 281 (nous traduisons).
INTERPRÉTATIONS ET ÉCHOS DES COMUNIDADES DE CASTILLE 75
LA PRÉSENCE DISCRÈTE
DES COMUNIDADES DANS LA RÉFLEXION POLITIQUE
DE L’ÉPOQUE MODERNE
en 1529, Juan Luis Vives dépeint les angoisses du tyran – d’une manière
certainement dissuasive – sans envisager à aucun moment une possible
action des sujets c ontre lui. Les théologiens de Salamanque, quant à eux,
enveloppent la question d ’une ambiguïté qui a été remarquée – c’est
le cas en ce qui c oncerne Vitoria43 – ou restreignent les possibilités de
déposition en se référant à la potestas indirecta du pape comme le fait
Domingo de Soto44.
Sepúlveda, quant à lui, dans son De regno, composé sans doute à la
fin du règne de Charles Quint mais publié en 1571 seulement, ne veut
envisager que la déposition du tyran d ’usurpation, car les rois légitimes
devenus tyrans d’exercice doivent être supportés patiemment, selon la
volonté divine. Et, s’il évoque – une seule fois – les Comunidades dans ce
texte, c’est pour louer la clémence de l’empereur45, et encore leur ôte-t-il
de l’importance en parlant des « séditions populaires d ’Espagne », et en
leur associant la révolte de Gand, qui fut loin d’avoir la même ampleur
et dont les causes étaient essentiellement fiscales.
De fait, si avec le temps une réactivation du débat sur le droit de
résistance a lieu, favorisée par le contexte des conflits religieux de la
seconde moitié du xvie siècle, le souvenir des Comunidades n’en reste pas
moins ténu dans les textes espagnols, q u’ils soient de nature théorique
ou c onsacrés à un examen circonstancié de la situation de la monarchie.
Mariana lui-même, qui, dans son célèbre De rege et regis institutione, défend
le tyrannicide y compris face à un tyran d’exercice – en laissant de sur-
croît aux sujets l’initiative d’une telle action, pour peu que le caractère
tyrannique du roi ait été reconnu par « des personnes sages », donc, sans
la caution du pape46 – et, non content de proclamer que le royaume est
47 La dignidad real y la educación del rey (De rege et regis institutione), livre I, chap. viii, p. 101.
48 Sur la Historia de rebus Hispaniæ de Mariana, d’abord publiée en latin à Tolède en 1592
(et rééditée plusieurs fois) puis traduite par l’auteur lui-même en espagnol et publiée à
Tolède en 1601, voir par exemple García Hernán, 2004, p. 136-152.
49 « las Comunidades fueron c ulpa sino de la desorden y la ausencia », cité par Fernando Bouza,
2013, p. 69.
50 « Estrangeros no los admita el Príncipe, ni por consejeros, ni por ministros, por la falta de noticia
y de amor, y porque siempre lo llevan mal los vasallos naturales. Los alborotos de Castilla con
nombre de comunidades, en el principio del reyno de Don Carlos, dan a entenderlo. » Aphorisme
CXXVI (nous traduisons). L ’ouvrage d ’Eugenio de Narbona, publié une première fois
INTERPRÉTATIONS ET ÉCHOS DES COMUNIDADES DE CASTILLE 79
’est aussi dans ce sens que Saavedra Fajardo emploie l’exemple des
C
Comunidades dans l’une de ses Empresas políticas, consacrée aux causes
des révoltes. Parmi les mauvais traitements qui poussent les sujets à se
révolter, dit-il,
Les sujets ne ressentent pas moins comme un affront et une honte d ’être
gouvernés par des étrangers, ou de voir q u’on distribue entre eux les dignités
et les grâces ; car (comme l’a dit le roi Henri), « c’est montrer que dans nos
royaumes on manque de sujets capables et méritants ». Ce qui fut la cause des
mouvements de Castille au temps de l’Empereur Charles Quint51.
en 1604 et c onfisqué, fut l’objet d ’une nouvelle édition à Madrid en 1621. Nous citons
d ’après une édition de 1779, p. 107.
51 « no menos sienten los súbditos por agravio y mengua el ser mandados de extranjeros, o que entre
ellos se repartan las dignidades y mercedes ; porque (como dijo el rey don Enrique), “es mostrar que
en nuestros reinos haya falta de personas dignas y habiles”. Lo cual dio motivos a los movimientos
de Castilla en tiempo del Emperador Carlos Quinto », Saavedra Fajardo, Empresa LX, p. 709
(nous traduisons).
52 « los sucesos tristes y calamitosos que se han originado de la predicación imprudente y temeraria
de algunos predicadores arrojados obliga a que, en tiempos turbados y peligrosos, atiendan mucho
a lo que predican y hablan los predicadores por no encender más el fuego de la discordia en vez de
80 ALEXANDRA MERLE
58 Les réflexions sur la révolte des Flandres et les enseignements q u’il c onvient d ’en tirer
sont abondantes dans la littérature politique espagnole, comme le montre l’article de
Manuel Herrero Sánchez dans ce même volume.
59 Álamos conseille au roi de visiter l’Aragon et de « perdonar a todos los presentes, aunque
estén condenados por las revueltas pasadas, y restituirles las haciendas que no hubieran pasado a
tercero, y esto sin excepción de personas. Cuando se llega a perdonar y conviene que se perdone, y
más a sangre fría, a todos ha de ser, y con todos se ha de entender. Y no tendría por buen consejo
dejar predicadores de rebelión para memoria de ellas, c on ver huidos y en reinos extranjeros los no
perdonados, y que con eso no se olvide ni cese la desconfianza » (Discurso político al rey Felipe III,
p. 102-103). Voir aussi l’analyse consacrée à la couronne d’Aragon, p. 22-25.
60 « y éstos son los que jamás han dejado de tener muy gran parte en las conjuraciones y rebeliones,
que siempre se cubren con nombres falsos de religión y libertad, siendo antes destrucción suya. Y
tienen menos que perder. Y por esto, y no tener hijos, ni prendas estables que no hallen en cualquiera
parte que lleguen, son más osados y poderosos en las revueltas : y así lo hemos visto por experiencia
en todos los tiempos » (Discurso político, p. 98-99). Sur le rôle joué par certains membres du
clergé au cours des Comunidades, nous renvoyons à Diago Hernando, 2007.
61 « que si éstos están c on Vuestra Majestad y favorecidos de su mano, y gustosos de su señorío, ¿quién
queda para moverse, ni con la imaginación, a perderle el respeto ? Y más teniendo por experiencia
que éstos fueron los mismos que quebraron la cabeza a aquella bestia descomedida en el siglo de
nuestros abuelos ; que aun por eso quedan ya obligados a sustentar la misma opinión. » (Discurso
político, p. 111)
62 La Historia de las reboluciones del senado de Mesina, publiée en 1692 mais rédigée auparavant.
INTERPRÉTATIONS ET ÉCHOS DES COMUNIDADES DE CASTILLE 83
à une large diffusion. Sans doute n’est-il pas opportun, sous le règne
des Bourbons, de rappeler ces actes d’insolence fondés sur des théories
allant à l’encontre d ’un absolutisme exprimé au grand jour.
S’il existe quelques exceptions, annonçant la grande publicité qui
sera donnée au xixe siècle aux Comunidades et leur réinterprétation, elles
concernent des écrits qui restèrent confidentiels et qui sont empreints
d’intentions polémiques. Ainsi, dès 1741 le comte Juan Amor de Soria,
un Aragonais qui fut partisan des Habsbourg au temps de la guerre de
Succession et qui s’exila à Vienne, écrit une Enfermedad chrónica y peligrosa
de los reynos de España69 : ce texte curieux mentionne les Comunidades
à plusieurs reprises, en utilisant la chronique de Sandoval comme
principale source70, mais se soucie fort peu de cohérence. Tout d’abord,
pour fustiger par c ontraste la cruauté de la répression menée par les
Bourbons, l’auteur évoque la clémence dont fit preuve Charles Quint
envers les comuneros et s’empresse d’extrapoler pour louer la « générosité
de la maison d ’Autriche71 ». Puis il reprend et développe le souvenir
des Comunidades, cette fois pour déplorer l’amoindrissement du rôle
des Cortes après la bataille de Villalar : la défaite des comuneros signifia
en effet « abolition des lois fondamentales du royaume, réduction des
peuples à la servitude, puis despotisme sur la noblesse et la plèbe, et
pouvoir arbitraire72 ».
Une telle tirade fait penser à la phrase bien c onnue de León de
Arroyal qui, dans une de ses lettres au comte de Lerena, dans les années
69 Les papiers de ce personnage parvinrent jusqu’à la bibliothèque de la Academia de la
Historia, où ils furent retrouvés par J.A Maravall (1967) puis c ommentés par d ’autres
historiens, tels que Fernández Albaladejo, Antonio Elorza (1988, p. 154), et plus récem-
ment Virginia León Sanz (1990 et 1993) et Ernest Lluch. Voir son édition sous le titre
Aragonesismo austracista (1734-1742). Conde Juan Amor de Soria, edición y estudio intro-
ductorio de Ernest Lluch, Zaragoza, Institución « Fernando el Católico » (CSIC), 2010,
p. 73-375. Sur cet auteur, voir aussi Alabrús (2007).
70 Il utilise plus exactement une réédition ou c ompilation de cette chronique par Martínezla
Puente, Historia del emperador Carlos V, 1675.
71 « Las historias de España nos demuestran ejemplos muy opuestos en tantas guerras civiles de estos
reinos, pues a la pacificación interna siguió el olvido, el absoluto perdón, y fueron admitidos a los
oficios, a los cargos y a los empleos los mismos que se vieron complicados en las alteraciones contra
sus reyes legítimos, y así es notable el caso de la generosidad austriaca, cuando sucedieron las
comunidades en tiempo del emperador Carlos V […] » (Aragonesismo austracista, p. 194).
72 « abolición de las leyes fundamentales del reino, servidumbre de los pueblos, sucesivo despotismo
sobre nobleza y plebe, poder arbitrario », Aragonesismo austracista, p. 234 (nous traduisons).
Puis, il note que la défaite de Villalar « produjo la servidumbre de las ciudades y la esclavitud
de los pueblos. »
86 ALEXANDRA MERLE
De telles expressions n’ont jamais été proférées par les Espagnols à propos
de leur roi, pas même lors des Comunidades au temps du roi Charles Ier, car
alors la souveraineté était respectée et les plaintes se limitaient au gouverne-
ment des Flamands sous le baron de Chièvres ; de sorte que la violence des
Comunidades était populaire, les excès particuliers furent nombreux mais il
n’était pas question de c onjuration ni de manque de respect envers l ’autorité
royale. La plèbe déchaînée ne prononça jamais dans ses excès le nom de la
personne sacrée du roi pour blasphémer, et on ne vit aucun membre du clergé
resusciter la doctrine hérétique du régicide et du tyrannicide, condamnée
et proscrite par le Concile oecuménique de Constance, et qui, pourtant, a
été propagée et donnée pour commune, acceptable et même digne d’éloge
pendant le soulèvement de Madrid, et même après, c omme on le verra dans
la suite des faits77.
CONCLUSIONS
Alexandra Merle
Normandie Univ., UNICAEN
ANR CURR
82 « I cannot but promiss my self, that this Narration will not be unwelcolm to your curious eies, in
regard it doth punctually relate the no less strange, then true transactions, betwixt Charles the Fifth
in his Minorities anf his Subjects in Spain, which had so much similitude to divers late passages
in the our Nation, that had not those of Castilla had the privilege of many years before us, we
might have been said to have been their pattern, although the successes are different », The Civil
Wars of Spain in the beginning of the Reign of Charls the 5th, 1652, « To the Reader », adresse
au lecteur non paginée (nous traduisons). Il ne semble pas que la traduction modifie en
profondeur le texte de Sandoval, bien qu’il s’agisse d ’un condensé, mais le traducteur
prend soin de souligner l ’attachement du chroniqueur aux intérêts de la couronne et sa
sévérité obligée avec les comuneros.
ÉCRITURES, MÉMOIRES ET USAGES
POLITIQUES D
’UNE RÉVOLUTION MANQUÉE
La c onjuration des Pazzi
et la révolte des Florentins (1478)
dans l’historiographie des Lumières à Sismondi
En 1476, le duc de Milan, Galéas Marie Sforza, fut assassiné par des
conjurés dans une église de sa cité. Une fois le coup mortel porté au
duc, une terrible répression s’abattit sur eux : l’un mourut dans l’action
et son corps fut livré aux exactions de la foule tandis que ses compères
furent arrêtés quelque temps après, puis jugés et exécutés1. Les trois
conspirateurs étaient tous issus de la noblesse milanaise ; il s’agissait de
membres de la famille des Visconti, des Olgiati et des Lampugnati. Ce
complot de palais a eu quelque retentissement dans l ’historiographie, mais
sa postérité a toujours été moindre au regard de celle de la c onjuration
des Pazzi qui se déroula deux ans plus tard, à Florence, en 1478. La
complexité des facteurs ayant animé le poignard des Pazzi et le contexte
du système politique et institutionnel médicéen peuvent expliquer la
différence de traitement de ces deux événements dans l ’historiographie.
Toutefois, il existe des points communs flagrants entre eux, car tous
deux illustrent parfaitement le passage des violences de type c ommunal
aux violences des arcanes imperii2. À partir du resserrement politique
que c onnaissent les cités au cours du xive siècle3, les affrontements de
matrice communale laissent place à de nouvelles violences : les complots
de palais symbolisés par le poignard et le poison. Cette évolution politico-
institutionnelle s’est accompagnée d’un glissement spatial : aux luttes
urbaines du temps des communes ont succédé les complots fomentés
Pazzi auraient d ’abord voulu empoisonner les frères Médicis lors d’un
banquet auquel Julien ne s’était pas rendu, ils auraient alors décidé de
les frapper, le 26 avril 1478, dans l ’église Santa Maria del Fiore. Lors de
l’office, avec l’aide de leurs alliés, ils attaquent les deux frères : Julien
décède de ses blessures, tandis que Laurent parvient à se réfugier dans
la sacristie où il se barricade avec ses proches. Ils tentent ensuite de
soulever Florence mais le peuple se retourne violemment contre eux
et une sanglante chasse à l’homme est déclenchée dans les rues de la
cité du lis. L’archevêque de Pise et Francesco dei Pazzi sont pendus aux
fenêtres du Palazzo Vecchio, tandis que les autres personnes impliquées
sont pourchassées les jours suivants et subissent le même sort. Le peuple,
par son retournement, opère une véritable entreprise de vengeance au
bénéfice de Laurent de Médicis7. Peu après, Sixte IV mobilise ses alliés
contre Florence, officiellement pour punir la mort des ecclésiastiques,
victimes des représailles populaires. La tension monte, mais la situation
est rapidement pacifiée par l’intervention du prince florentin à Naples8.
L’exposition des différents acteurs et de leurs motifs supposés a une
importance capitale dans les interprétations politiques de l’assassinat.
C’est en effet autour de tous ces éléments que la mémoire de la c onjuration
des Pazzi a été transmise et retravaillée par l ’historiographie. Plusieurs
récits ont immédiatement été produits par les écrivains proches des
Médicis pour expliquer aux membres des réseaux diplomatiques cet
événement touchant l ’équilibre d’une cité importante dans la politique
européenne9. Par la suite, l’historiographie a détaillé les rouages de la
conjuration, c omme le fait Machiavel dans les Histoires florentines (1532)
ou Muratori dans son œuvre les Annali d’Italia (1751)10. C’est princi-
palement à partir de ces éléments que le xviiie siècle a construit ses
représentations sur la conjuration des Pazzi. Les auteurs des Lumières
se sont appropriés la grande complexité de cet événement et sont par-
venus à l ’accommoder à leurs diverses préoccupations. En dépit de cette
diversité, les interprétations du xviiie siècle se caractérisent globalement
par un fort attachement envers les princes médicéens : l’acte des Pazzi
apparaît comme illégitime, visant des gouvernants capables d’apporter
15 Voltaire, Essai sur les mœurs, Paris, Garnier, édition de R. Pomeau, 1990, 2 tomes, t. II,
p. 70.
16 Bacot, Douzou, Honoré, 2008 ; Kalifa, 2016.
17 Voltaire, Essai sur les mœurs, t. II, p. 68.
96 MARION BERTHOLET
Concile de Trente, la foi passant après les intérêts des acteurs religieux :
« ed ecco dove si lasciavano trasportare allora i papi per cagion di quel nepotismo
da cui finalmente abbiam veduto esenti ai dí nostri alcuni saggi pontefici, e
da cui spezialmente alieno rimiriamo il glorioso pontificato del regnante papa
Benedetto XIV23 ». Muratori adopte une attitude plus mesurée vis-à-vis des
critiques religieuses. Il dénonce les excès temporels des papes, mais il les
circonscrit dans un cadre temporel précis en soulignant la rupture qui fut
par la suite opérée. En creux, ces critiques des temps anciens permettent
de louer les pratiques rénovées du présent ; débarrassées de tous ces abus
injustes elles se recentrent sur le plus important : la foi catholique.
Une autre interprétation se lit chez l’historien Carlo Denina, auteur
de l’Istoria delle rivoluzioni d ’Italia (1769-1770). Tout en appartenant au
monde ecclésiastique, ce dernier a tenu des positions très critiques vis-à-vis
du clergé, notamment sur les questions de l ’inutilité des ordres réguliers
et de l’implication sociale de la religion24. Or, il dédouane entièrement
le pape Sixte IV de toute intervention dans la c onjuration des Pazzi25. Il
s’attarde peu sur cet événement dans son récit, passant sous silence les
détails. Les seuls motifs qu’il avance sont ceux de l’invidia des Florentins
et notamment des Pazzi contre le pouvoir des Médicis. S’il évoque la
présence d’ecclésiastiques dans la conjuration, il exprime cependant clai-
rement l’idée de l’innocence du pape. Bien qu’il signale la sympathie de
Sixte IV pour les conjurés et sa haine particulière à l’égard de Laurent
de Médicis, Denina ne fait intervenir le pape que dans un second temps,
après la répression de la conjuration, lors de la mise au point de l’alliance
politique qu’il suscite c ontre Florence, pour venger la mort des membres
de son clergé. Cette attitude, plus en retrait, moins vindicative que chez
Voltaire, relève éventuellement du statut de clerc de Denina, mais c’est
surtout le c ontexte d’écriture qui peut l’éclairer. L ’élaboration de son
œuvre historique est étroitement soumise au c ontrôle de la censure des
rois de Sardaigne et à la volonté d’éviter sa mise à l’Index par Rome. Par
ses aspects polémiques, la dénonciation de l’action d ’un pape dans la
conjuration des Pazzi pourrait être perçue comme une attaque frontale
vis-à-vis de l’Église ; ce que Voltaire, dans un esprit provocateur n’hésite
pas à faire, mais que Denina ne peut se permettre.
23 Muratori, t. II, p. 1338-1339.
24 Fagioli Vercellone, 1990 ; Venturi, 1976, p. 78-85.
25 Denina, Delle rivoluzioni d ’Italia, Milano, Giovanni Sivelstri, 1819, 6 tomes, t. V, p. 13-16.
98 MARION BERTHOLET
L’INTERPRÉTATION DE L’ABSENCE
DE RÉVOLTE C ONTRE LES MÉDICIS
terribles qui ont secoué la cité du lis depuis son époque c ommunale.
Cette instabilité est longuement développée dans le récit de Condillac,
influencé par les ouvrages de Machiavel. Elle était entretenue, selon le
philosophe des Lumières, par une mauvaise constitution, créée dans des
temps d’obscurantisme. La tentative d’assassinat des Pazzi serait la der-
nière réminiscence de ces vicissitudes, issues du régime « républicain » ;
désormais le prince, légitime et aimé de ses c oncitoyens, assure la paix
dans sa cité et lui donne sa prospérité. L ’idée de la sagesse et de la pru-
dence de Laurent se retrouve chez Voltaire et Denina pour qualifier la
réaction qu’il eut après la c onjuration. Selon le premier, le pape, n ’étant
plus à un abus près, porte l’injustice jusqu’à user de l’excommunication
et de l’anathème pour pourchasser les Florentins, coupables uniquement
d’avoir défendu leur prince contre les calculs de la papauté. Voltaire
vante l’action diplomatique et protectrice de Laurent de Médicis, qui
est parvenu à mettre rapidement fin au conflit. Denina reprend égale-
ment cette conclusion. Il montre que le Magnifique a assuré la paix à
l’Italie, grâce à son habileté. La c onjuration a permis au jeune prince
de se légitimer dans son action et de se c oncentrer sur le bien public,
tout en assurant l’équilibre des forces en Toscane et dans la péninsule.
L’échec des Pazzi est l ’incarnation pour les philosophes des Lumières
de la sagesse du gouvernement des Médicis. Ils en trouvent confirmation
dans la réaction du peuple, qui, en agissant publiquement, appuie le bon
gouvernement dont il bénéficie. Après la conjuration, Laurent de Médicis
a également su se montrer digne de l ’attachement de ses c oncitoyens et
de leur confiance en garantissant la paix à Florence et, plus largement,
dans l’Italie entière.
LA DÉPOLITISATION DE LA CONJURATION
DANS L’ÉCRITURE DES LUMIÈRES
SISMONDI : LA JUSTIFICATION DE LA C
ONJURATION
ET DU TYRANNICIDE DES PAZZI
du tyran. Il leur oppose les Pazzi qui eux sont nobles de naissance, mais
se sont acculturés aux pratiques et à la culture marchande. Ces derniers
sont les symboles du triomphe de l ’ethos des marchands-magistrats de
Florence, capables de conduire les affaires publiques avec la sagesse qu’ils
accordent à leurs affaires privées.
Par cette opposition, Sismondi associe les conjurés à la continuité
culturelle et politique de l’ancienne élite qui gouvernait sainement
Florence. Par conséquent, ces hommes se battent pour rendre la liberté
à leur cité ; à l ’inverse, les frères Médicis sont associés à des tyrans q u’il
faut abattre par un geste salvateur pour mettre fin à leur mauvais gou-
vernement et rétablir l’ancienne république.
L’UNIQUE MOYEN D
’AGIR : LE TYRANNICIDE
47 Alfieri a composé cette œuvre entre 1779 et 1781. Les protagonistes de la tragédie sont
Raimondo dei Pazzi (personnage fictif associé à Guglielmo dei Pazzi), son épouse Bianca
(sœur des frères Médicis), le prêtre Salviati, Julien et Laurent de Médicis. Alfieri dresse
son action autour du sacrifice vain de Raimondo dei Pazzi, héros de la liberté, mort pour
sauver Florence du joug médicéen. Le traitement réservé à Laurent de Médicis oscille entre
la haine du tyran et l’admiration pour le protecteur des arts. Maier, 1989 ; Fenocchio,
2012.
48 Sismondi, Histoire des républiques, t. VII, p. 105.
49 Ibid., t. VII, p. 105.
106 MARION BERTHOLET
L ’INTERPRÉTATION DE L’ÉCHEC
DU TYRANNICIDE ET DE LA RÉVOLTE DES FLORENTINS
CHEZ SISMONDI
50 Dans la notice « Pazzi », écrite pour la Biographie universelle des frères Michaud, Sismondi
résume ces motivations : « Les Pazzi zélés pour la liberté de leur patrie, et jaloux d ’une
maison rivale, formèrent, en 1478, le projet de rendre à Florence son antique constitution » ;
Casalena, 2012, p. 284.
51 Landi, 2006.
LA CONJURATION DES PAZZI ET LA RÉVOLTE DES FLORENTINS 107
c ommun chez les citoyens. Ils ne sont plus entièrement tendus vers la
liberté, leurs révoltes et leurs violences ne parviennent plus à rétablir
la perfection des institutions en les régénérant. Ici la « populace » se
détache du reste du peuple, les c omposantes sociales de la cité n ’agissent
plus de c oncert en un bloc uni.
La conjuration des Pazzi rompt avec la manière dont Sismondi
concevait les séditions florentines du xiiie-xive siècle. Le conflit était
alors un moyen de restaurer la liberté, les hommes par leurs violences
agissaient dans l ’intérêt du bien c ommun56. Sa perception est largement
marquée par la lecture des partis développée par Machiavel, qui voyait
dans les affrontements de l’ancienne Rome un moteur permettant de
maintenir la res publica et d ’œuvrer c onstamment pour la perfection de
son gouvernement57. Sismondi a transposé cette vision dans le monde
communal italien et notamment florentin. Ce processus s’est par exemple
illustré en 1343, lorsque le peuple a chassé, les armes à la main, le duc
d’Athènes qui, la même année, avait imposé sa seigneurie sur la cité. Par
son éloignement des pratiques c ommunales, son gouvernement autoritaire
a poussé la tradition florentine à le rapprocher des figures tyranniques58.
La principale source dont se sert Sismondi pour détailler la révolte est
la célèbre chronique de Giovanni Villani59 (mort en 1348), où le peuple
est célébré c omme uni, entièrement tendu vers la reprise de sa liberté
(Villani, Nuova Cronica, Livre XIII, Chapitre 17). L’auteur genevois s’en
inspire et perçoit cette force dans le cri de libertas, qui montant des rues
de Florence symbolise la c oncorde des citoyens dans le rétablissement
de leurs anciennes valeurs « républicaines » et dans la reprise de leur
indépendance politique60. Ce processus de régénération par la violence
et la sédition s ’exprime clairement chez Sismondi à travers un proverbe
toscan mentionné dans la chronique de Villani : « Firenze non si muove,
se non tutta si duole ». Or, cet ancien cycle de violence semble terminé.
Désormais les Florentins ne sont plus capables de reprendre leur liberté
par la sédition. Au temps de la c onjuration des Pazzi, dans un climat
politique glissant vers l’établissement de la tyrannie, l’assassinat était
l’unique forme de violence opérationnelle. Mais cette action n ’a pas été
56 Je me permets de renvoyer à mes propres travaux : Bertholet, 2015.
57 Skinner, 2001.
58 Zorzi, 2013 ; Zablia, 2013.
59 Bordone et Garofani, 2000 ; Ragone, 1998.
60 Sismondi, Histoire des républiques, t. IV, p. 26-30.
LA CONJURATION DES PAZZI ET LA RÉVOLTE DES FLORENTINS 109
c ontre le duc d’Athènes. Ils sont désormais analysés selon les principes
du sensualisme64. Leurs impressions dominent leurs opinions, ce qui les
pousse à soutenir les individus faisant appel à leurs sens, et non ceux
œuvrant pour leur salut politique. Ils sont par là même les instruments
de leur propre servitude. Les acteurs des violences contre les Pazzi ne
sont d’ailleurs pas associés par Sismondi au peuple florentin, à savoir
les personnes les plus dignes – les marchands, les citoyens et ceux qui
possèdent une fortune – mais à la « populace ». Les violences de cette
dernière, en dominant les anciennes formes de sédition d ’un peuple
uni, amènent une rupture. Là où les citoyens de la bourgeoisie étaient
capables de rétablir la liberté, « la populace », sans guide vertueux,
renforce la tyrannie des Médicis, qui la domine entièrement par la
manipulation de ses impulsions. Dans cette distinction, Sismondi est
tributaire de son système de pensée libéral. Il est méfiant vis-à-vis des
excès des foules, q u’il associe aux déboires de la Terreur dont il a subi
les effets lors de la révolution à Genève en 1793-1794. Il distingue ainsi
les révoltes libérales, mesurées et réunissant la communauté entière
pour renverser la tyrannie, des foules guidées par leurs sens ; privées de
réflexion intérieure, elles appuient aveuglément les tyrans et s’opposent
à la liberté que leur offrent des héros incompris.
LA CRÉATION D ’UNE MÉMOIRE PATRIOTIQUE
DE LA CONJURATION
escorté dans les rues de Florence, il subit les insultes et les humiliations
du peuple. Selon lui, ce tourment le rendit muet et le poussait à soupirer,
mais il n’interprète pas sa peine à l’aune de ses sentiments politiques
(Histoires florentines, Livre VIII, chapitre ix). Sismondi associe cette attitude
prostrée au regret de voir ses égaux se jeter dans les bras de la tyrannie.
L’affliction que ressent Francesco dei Pazzi est entièrement suscitée, selon
lui, par la vision de ses concitoyens ne comprenant pas l ’affranchissement
qu’il leur offrait. Il sublime ainsi l’isolement du héros de la liberté, seul
conscient du triste avenir de sa cité et ne pouvant enrayer son destin.
La qualité de héros de la liberté se heurte aux traditions du xviiie siècle,
qui se sont peu intéressées aux Pazzi pour se concentrer sur les autres
acteurs de la c onjuration ou sur les motifs privés de la famille floren-
tine. Sismondi s ’oppose vivement à ces traditions en voulant rétablir la
mémoire de ces hommes, tout en ne cachant pas que le motif initial de
leur action était d ’ordre personnel. Dans un premier temps, il s ’interroge
sur l’idée de l ’orgueil et des vices q u’on leur prête traditionnellement66.
Selon lui, cette vision est héritée de la subjectivité des écrivains proches
des Médicis, comme Politien, qui dans leur partialité ont déformé la
réalité. Sismondi, au contraire, insiste sur la piété de ces hommes, en
l’illustrant par l’exemple de la charité de Iacopo dei Pazzi, prêt à aider
les pauvres et à orner les églises de Florence grâce à ses dons.
La revalorisation de leurs vertus personnelles ne suffit pas pour rétablir
la mémoire de leur acte. Sismondi doit également encenser leur action
dans la sphère publique et transcender leur assassinat, a priori motivé
par des éléments privés, en violence libérale. La tradition du xviiie siècle
insistait sur le caractère personnel de la querelle entre les deux familles
rivales, mais la politisation de l’acte des Pazzi, tentée par Sismondi,
pose néanmoins des problèmes d ’interprétation qu’il doit dépasser.
Les conjurés portent les rancœurs de l’ancienne oligarchie florentine ;
or, Sismondi encense les modèles politiques équilibrés et déplore leur
fermeture. De manière idéalisée, il trouve son absolu institutionnel dans
le gouvernement des arts florentins qui aurait triomphé, précise-t-il,
jusqu’au retour d ’exil de Côme de Médicis en 1434. Ces représentations
poussent Sismondi à oublier la dimension aristocratique des projets
politiques des c onjurés, pour les rattacher à l’esprit démocratique et
libéral caractérisant la période pré-médicéenne. Il précise cette vision,
66 Ibid., t. VII, p. 116.
112 MARION BERTHOLET
71 Varanini, 1993.
72 Zorzi, 2013 ; Ortalli, 1992 ; Fiorese, 2004.
73 Ibid., t. II, p. 278.
LA CONJURATION DES PAZZI ET LA RÉVOLTE DES FLORENTINS 115
Marion Bertholet
Université de Grenoble-Alpes
CLIO, UNE MUSE MINEURE ?
ou l’Histoire du soulèvement des Pays-Bas
de Friedrich Schiller1
spanische Tyranney so unversöhnlich erbittert haben, als dieses Beyspiel der empörendsten Tücke
und Grausamkeit. » (« Telle fut la fin du comte Egmont que la traîtrise de Philippe avait
attiré dans ses filets et du sang duquel jaillit la liberté des Provinces Unies. Car rien
d’autre n’aurait su souder la noblesse néerlandaise et les autres états contre la tyrannie
espagnole d’une manière aussi irréconciliable que cet exemple de la perfidie et de la
cruauté le plus éhonté. »)
20 von Eberstein (1787), « Vergebens bietet der mächtige Monarch seine furchtbaren Kräfte auf :
der Staat entsteht ! kann nicht in der Geburt erstickt werden. », p. 17-18.
21 Ibid.
22 Spittler, 1787, p. 714-752.
23 Ibidem, p. 752 : « …, was wir gegen jeden Feind für dich thun würden, für dich, den unser
ganzes Volk liebt. » (« qui feront tout pour toi contre tes ennemis, pour toi qui aimes tout
notre peuple. »)
24 Hammerdörfer, 1788, p. 1, « gegenwärtig Hauptgegenstand, um den sich das Gespräch in
grossen und kleinen Gesellschaften drehet ».
25 Il ne s ’agit bien entendu ici que d ’une esquisse de l ’écho médiatique des événements des
Pays-Bas, il faudrait en effet c onsidérer toutes les autres manifestations imprimées de
cet intérêt c omme les tracts, les feuilles volantes, etc., mais cela dépasserait le cadre de
cet article.
124 ÉRIC LEROY DU CARDONNOY
LA NOTION D’HISTOIRE
ET SCHILLER AVANT L’HISTOIRE DU SOULÈVEMENT
EGMONT : UN HÉROS C
ULTE ?
à cette époque : Weimar-Iéna, les Pays-Bas autrichiens, Rome et Naples pour des raisons
« anthropologiques » similaires.
35 Pour Egmont voir Borchmeyer, 1987, p. 49-74 et Saviane, 1987, p. 47-71.
36 Le centre névralgique du présent article portant sur Schiller, nous nous contenterons
d’esquisser les grandes lignes c oncernant la pièce de Goethe.
37 Cela rappelle les idées développées par Justus Möser dans son essai de 1775 « Der jetzige
Hang zu allgemeinen Gesetzen und Verordnungen ist der gemeinen Freiheit gefährlich »
Patriotische Phantasien, 4 Teile (1774-1786) Teil II. Sämtliche Schriften historisch-kritische
Ausgabe in 14 Bänden (dir. Ludwig Schirmeyer, Werner Kohlschmidt et al.), Oldenburg,
G. Stalling, 1944 Bd. 5, p. 22-27, et qui ont fortement influencé Goethe.
38 J. W. v. Goethe, Italienische Reise, 9. Juli 1787 : « Ich bin fleißig, mein ‘Egmont’ rückt sehr
vor. Sonderbar ist’s, daß sie eben jetzt in Brüssel die Szene spielen, wie ich sie vor zwölf Jahren
aufschrieb, man wird vieles jetzt für Pasquill halten. » Contrairement à Schiller, qui selon
Süssmann utilise le modèle de la tragédie comme matrice du soulèvement batave, Goethe
semble ici lui préférer, du fait de la distance temporelle entre la première et la seconde
rédaction, celui de la satire.
128 ÉRIC LEROY DU CARDONNOY
48 Ibid., p. 776 : « Die kluge Vorsicht, womit er die Anstalten zu Egmonts Verhaftung trifft, ersetzt
ihm an unsrer Bewunderung, was ihm an unsrem Wohlwollen abgeht. »
49 Ibid., p. 777.
50 Ibid., p. 777.
51 Ibid., p. 778 : « [wir] werden durch einen salto mortale in eine Opernwelt versetzt […] ihm
schien die Idee, Klärchen und die Freyheit, Egmonts beide herrschende Gefühle, in Egmonts Kopf
allegorisch zu verbinden, […] ».
52 « Des Grafen Lamoral von Egmont Leben und Tod » dans Thalia – Zweiter Band, Heft
8 (1789), p. 42–83 (1789) Verlag Georg Joachim Göschen.
53 Idem, p. 42 : « Ein historisches Detail seiner Geschichte, aus glaubwürdigen Quellen geschöpft,
dürfte manchen Leser vielleicht interessieren. »
130 ÉRIC LEROY DU CARDONNOY
Mais leur but reste différent : l’un (fictum) en créant une mise en
récit d’événements, réels ou non, se donne pour objectif de représenter
des possibles, et vise aussi au plaisir esthétique et à la distraction tan-
dis que l’autre (factum) tente d ’expliciter, de faire c omprendre des faits
qui ont eu lieu, de trouver les « raisons » de leur enchaînement afin de
permettre à l’homme de s’orienter dans le temps, qui lui est soit anté-
rieur soit c ontemporain, afin également d’envisager d ’autres options
pour l’avenir – une tâche pédagogique et politique donc. Mais tous
les deux, en tant que discours, sont quoi q u’il en soit des narrations,
54 White (1973) montre notamment de quelle manière les structures narratives sont déter-
minantes pour la c onstitution de la c onnaissance historique (ou du savoir historique) en
ce que la différence entre texte fictionnel et texte historique disparaît. Il ne s’agit pas
de nier l’importance des sources, mais de montrer que les liens établis entre les sources
ne se font pas selon un modèle positiviste, mais sont déterminés par un principe de
construction issu des structures narratives nécessaires à l ’écriture de l’histoire.
55 Genette, 2004.
Clio, une muse mineure ? 131
effectivement des mises en discours. Ce n’est donc pas tant sur le quoi
que sur le comment que la différence peut se faire entre ces deux modes
de représentation. Or, Schiller dans son traité tente d’utiliser l’art pour
expliciter l’histoire.
Mais tout d’abord il c onvient de s’arrêter sur le titre de l’ouvrage : en
effet, même si le texte historiographique de Schiller traite de la rébellion,
du soulèvement des Néerlandais c ontre l’Espagne, il est intéressant de
s’attacher à la formulation exacte qu’il a choisie. Tout d ’abord il ne s’agit
pas d’une révolte ou d’une rébellion, encore moins d’un soulèvement.
« Abfall » est en effet le terme utilisé dans la Bible pour qualifier la
situation d’Adam après avoir commis le péché originel (« der Abfall
Adams von Gott »), à savoir une apostasie, dont les connotations sont
loin d’être simplement politiques, et dans le cas présent bien entendu
sécularisées : les Néerlandais sont pour Schiller des Adams modernes.
Malgré le sujet, Schiller parle peu de « Aufstand56 », « Aufruhr » ou
« Erhebung » (tous des synonymes de « soulèvement »), mais beaucoup
de « Rebellion57 ». Avec le terme « Abfall », il ne s ’agit par c onséquent pas
tant d ’un mouvement vers le haut que vers le bas, de mutations dans
l’évolution de l’humanité qui sont pour lui le signe de la liberté. À
l’instar de l’épisode biblique, il y a passage de l’innocence à la faute,
rupture avec le père (Philippe II en l’occurrence). En 1790 dans son
cours magistral à Iéna « Etwas über die erste Menschengesellschaft nach dem
Leitfaden der mosaischen Urkunde », il écrit :
Si donc nous transformons cette voix de Dieu dans l’Éden, qui lui interdit
l’arbre de la connaissance, en une voix de son instinct qui le retenait loin
de cet arbre, cette désobéissance prétendue à cet ordre de Dieu n ’est autre
chose qu’un acte de défection envers l ’instinct, par c onséquent une première
manifestation de son activité propre, un premier essai risqué par sa raison, un
premier c ommencement de son existence morale. Cette défection de l’homme
envers l’instinct, qui porta, il est vrai, le mal moral dans la création, mais
seulement pour y rendre possible le bien moral, est incontestablement le plus
56 Le mot apparaît 10 fois dans l’ensemble du texte et « Erhebung » une seule fois, tandis
que « Aufruhr » est employé 19 fois et « Unruhen » 14 fois.
57 Le mot « Rebellion » apparaît dans le sous-titre de l ’ouvrage, puis 51 fois dans l ’ensemble
du texte, or la rébellion est une révolte c ontre l ’ordre établi, c ’est-à-dire exactement ce q u’a
fait Adam. « Revolution » quant à lui est utilisé trois fois dans l ’introduction uniquement
afin de faire référence aux événements qui suivront ceux dont il traite présentement.
Quant au mot « Abfall », il ne se trouve que 6 occurrences dans l’ensemble du texte,
toujours en relation avec Egmont, Brederode ou le Conseil d’État.
132 ÉRIC LEROY DU CARDONNOY
Même si le texte dont est extrait ce passage est de deux ans postérieur
au texte sur les Pays-Bas, il n’en reste pas moins, selon Peter-André
Alt, qu’il explicite la conception de l’histoire de Schiller au moment de
la rédaction de son premier ouvrage historique. Pour Schiller en effet,
le fait qu’Adam ait mangé le fruit de l’arbre de la connaissance est à
interpréter anthropologiquement, historiquement et philosophiquement
comme un geste fondateur, c omme le passage d ’un état et d ’un être de
nature à un état et un être de culture, et par conséquent moral. Dans
ce même acte, il identifie la défection d’Adam à une libération, la nais-
sance de son malheur mais aussi de sa liberté ; en tant que « première
manifestation de son activité propre », cette défection est par conséquent
le passage de l ’homme à l ’autonomie, au fait q u’il prenne, quelles q u’en
soient les conséquences, son destin en main. Et c’est précisément ce qui
se passe dans le texte de 1788 : les Néerlandais font défection envers le
roi d’Espagne, représentant de Dieu sur terre, qui est aussi le moment
de leur libération du joug hispanique. D ’un point de vue moral, il s ’agit
aussi du passage de la monarchie tyrannique, voire du despotisme royal,
à la république parlementaire bourgeoise, de la prise de responsabilité
personnelle par le remplacement du catholicisme par le calvinisme.
D’un autre côté l’opposition mentionnée dans le titre met face à
face une réalité étatique au pluriel (« die vereinigten Niederlande ») et une
58 Friedrich Schiller, « Etwas über die erste Menschengesellschaft nach dem Leitfaden
der mosaischen Urkunde », Schillers Werke, Historische Schriften. Erster Teil. Hrsg. von
Karl-Heinz Hahn, Weimar, Böhlau, 1970, Bd. 17, p. 399-400 : « Wenn wir also jene
Stimme Gottes in Eden, die ihm den Baum der Erkenntniß verbot, in eine Stimme seines Instinkts
verwandeln, der ihn von diesem Baume zurückzog. so ist sein vermeintlicher Ungehorsam gegen
jenes göttliche Gebot nichts anders, als – ein Abfall von seinem Instinkte – also erste Aeußerung
seiner Selbstthätigkeit, erstes Wagestück seiner Vernunft, erster Anfang seines moralischen Daseins.
Dieser Abfall des Menschen vom Instinkte, der das moralische Uebel zwar in die Schöpfung
brachte, aber nur um das moralische Gute darin möglich zu machen, ist ohne Widerspruch die
glücklichste und größte Begebenheit in der Menschengeschichte ; von diesem Augenblick her schreibt
sich seine Freiheit, hier wurde zu seiner Moralität der erste entfernte Grundstein geleget. […]
denn der Mensch wurde aus einem unschuldigen Geschöpf ein schuldiges, aus einem vollkommenen
Zögling der Natur ein unvollkommenes moralisches Wesen, aus einem glücklichen Instrumente ein
unglücklicher Künstler. »
Clio, une muse mineure ? 133
HISTOIRE ET DRAME
59 Friedrich Schiller, Geschichte des Abfalls der vereinigten Niederlande von der Spanischen
Regierung, Erster Theil enthaltend die Geschichte der Rebellionen bis zur Utrechtischen Verdindung,
Leipzig, Siegfried Lebrecht Crusius, 1788 : « weite leere Strecken, die ich ausfüllen, anscheinende
Widersprüche, die ich heben, isolirte Facta, die ich an die übrigen anknüpfen musste. » p. 2 /
Friedrich Schiller Histoire du soulèvement des Pays-Bas sous Philippe II, roi d’Espagne (traduc-
tion Mis de Châteaugiron), Paris, A. Sautelet et Cie, 1827, p. 1 : « Une c onnaissance plus
approfondie de mon sujet me fit bientôt apercevoir des vides auxquels je ne m ’étais pas
attendu, des vastes lacunes à remplir, des c ontradictions apparentes à faire disparaître,
des faits isolés à rattacher aux autres faits. » Nous avons opté pour la traduction de
Châteaugiron, car elle est plus complète et exacte que celle de Cloët qui date de 1821,
même si toutes les deux suivent l ’édition de 1801. Châteaugiron indique en note de bas
de page les modifications apportées par Schiller dans cette édition.
134 ÉRIC LEROY DU CARDONNOY
Mon but, en publiant cet essai, sera entièrement rempli s’il peut convaincre
une partie du public, instruit de la possibilité d ’écrire les faits historiques
avec fidélité, sans lasser la patience du lecteur ; s’il force l’autre à reconnaître
que l’Histoire peut emprunter quelque chose à l’art dramatique, sans perdre
son caractère60.
60 « Meine Absicht bei diesem Versuche ist mehr als erreicht, wenn er einen Theil des lesenden
Publikums von der Möglichkeit überführt, daß eine Geschichte historisch treu geschrieben sein kann,
ohne darum eine Geduldprobe für den Leser zu sein, und wenn er einem andern das Geständniß
abgewinnt, daß die Geschichte von einer verwandten Kunst etwas borgen kann, ohne deßwegen
nothwendig zum Roman zu werden. » p. 6 / p. 5.
61 de Staël, 1813-1814, p. 344-346, « des historiens allemands et J. de Müller en particulier ».
Clio, une muse mineure ? 135
65 Voir Jäger, 2003, p. 95-114, ici notamment à propos de la polémique avec Fichte en 1795,
p. 97. L’argumentation est reprise par l’auteur dans Jäger, 2011, p. 181-262.
66 Prüfer, 2012, p. 123-241 et Jäger, 2011, p. 289 en particulier.
138 ÉRIC LEROY DU CARDONNOY
CONCLUSION
70 Idem, p. 233.
DEUXIÈME PARTIE
MÉMOIRES PUBLIQUES,
MÉMOIRES PRIVÉES
dans les jours qui suivent, atteindra les territoires riverains et apportera
destruction et mort dans beaucoup de châteaux où l’ancienne noblesse
féodale et philo-Habsbourg – Colloredo, Della Torre, Strassoldo, ennemie
de Savorgnan – croyait avoir trouvé un abri.
L’épisode décrit brièvement ici est une des révoltes les plus sanglantes
et probablement une des plus importantes de l ’Italie de la Renaissance.
Il s’agit d ’une affaire c omplexe marquant le point c ulminant de ten-
sions sociales et de conflits politiques de longue durée, exaspérés par
une difficile c onjoncture économique et politico-militaire, celle de la
guerre de Cambrai.
Un grand nombre d’intérêts et d’acteurs s’affrontent au moment
de la révolte : des paysans qui s’opposent aux seigneurs féodaux après
des années de guerres, de privations, d ’impôts et d ’abus de pouvoir
grandissants ; des nobles de deux factions qui se déchirent depuis des
siècles et qui apportent dans la politique d ’un territoire de frontière
l’écho de leurs relations avec des puissances étrangères, d ’un côté la
République de Venise, de l’autre les Habsbourg. La révolte représente
l’apogée d’une situation de désordres et de conflits dans la partie
de l’État vénitien la moins assimilée à Venise. Après un siècle de
domination vénitienne prudente commencée en 1420, les équilibres
politiques ont bel et bien sauté et la relation d’intérêt réciproque qui
jusque là résultait de la nécessité où était Venise de gouverner un
territoire de frontière, d’un côté, et de la suprématie des Savorgnan
sur ce territoire, de l’autre, en vient à se rompre. Après le massacre,
sans la protection de Venise, Antonio Savorgnan trahit et cherche
refuge sur le territoire impérial, mais ses adversaires le repèrent et se
vengent, le mettant à mort.
Les conséquences de la révolte obligent la République de Venise à
apporter un changement profond dans le système administratif vénitien
au Frioul : elle entame ainsi une centralisation des formes de gouverne-
ment, en luttant d’une manière plus ferme contre le recours à la violence
privée, en limitant les privilèges de nature judiciaire des seigneurs féo-
daux, en mettant en place des voies institutionnelles directes de sorte
que les paysans aient des représentants. Dans la capitale au contraire,
la réforme introduit une nette division entre la noblesse et le peuple, à
l’avantage de la première, dans la composition du Conseil, et l’abolition de
l’assemblée du peuple, l ’Arengo : changements profonds qui restreignent
Mémoire de la révolte et mémoires de famille 145
PREMIER ACTE
Écrire la mémoire de la révolte
DEUXIÈME ACTE
Sélectionner et publier la mémoire de la révolte
13 Francesco Caro, Historia de signori Sauorgnani detti del Monte conti di Belgrado, Castel Nuovo,
In Verona, per Gio. Battista Merlo, 1685 (réédité plusieurs fois au cours du xviiie siècle)
et Benedetto Vollo, I Savorgnani, Venezia, tipografia Cecchini, 1856.
14 C’est ce q u’indiquent les avertissements qui figurent au dos de la couverture du premier
volume de la collection : Giovanni Battista Cergneu, Cronache delle guerre friulane coi
germani dal 1507 al 1524, éd. Joppi Vincenzo e Marchesi Vincenzo, Udine, Doretti, 1895.
Mémoire de la révolte et mémoires de famille 153
delle guerre dei friulani coi germani dal 1507 al 1524 de Giovan Battista
Cergneu15 et de la Cronaca di Soldoniero di Strassoldo dal 1509 al 160316.
Les auteurs, Giovan Battista Cergneu et Soldoniero de Strassoldo,
appartiennent tous les deux à la faction aristocratique ennemie de
Savorgnan. Leurs familles sont de celles qui ont été le plus durement
frappées par la violence des Zamberlani et qui, dans les années suivantes,
se sont trouvées impliquées dans la spirale de vengeances et de duels
qui en découlent. Le père de Soldoniero est même soupçonné d ’avoir
été parmi ceux qui ont commandité le meurtre d’Antonio Savorgnan,
à Villach le 21 juillet 1512.
Les deux écrits, présentés ici c omme chroniques, sont tout d’abord
des textes destinés à la transmission de la mémoire familiale et du rang,
qui est également politique. Ces écrits représentent pour la descendance
un horizon de mémoire à perpétuer, qui demeure indissolublement
publique et privée. Une analyse philologique de ces pages – qui ne
peut se faire q u’à partir d ’une comparaison entre le texte publié et le
manuscrit, quand il est disponible – dénote leur finalité pédagogique
vis-à-vis de la postérité, ce terme désignant tout d ’abord un « public »
fait d ’enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants.
Giovan Battista Cergneu est le fils de Francesco, homme de la faction
des Strumieri, ennemi juré, c omme on l ’a dit, d ’Antonio Savorgnan et
de sa famille17. L’auteur précise en ouverture de sa chronique la raison
pour laquelle il la rédige : il écrit « pour instruire », pour expliquer « les
persécutions et les offenses faites à tous les châtelains de la Patrie, et à
nous, en particulier » ; il écrit afin que « les descendants » « apprennent
à punir18 ». Et il ajoute que si les mots qu’il emploie sont « durs et non
appropriés », c’est parce que « notre profession n’a jamais été d’écrire
15 Voir ci-dessus.
16 Éditée par Ernesto Degani, Udine, Doretti, 1895.
17 Girolamo Savorgnan, le cousin d’Antonio, le situe aussi dans les rangs de l’armée impériale
pendant le siège d ’Osoppo : « Francesco Cergneo, lo quale era c on l ’inimici in campo sotto Osoppo
[…] et per aventura consigliava li nemici da che parte dovessero piantar l’artiglierie […]. Per ogni
via possibile cercavano la rovina, et destruttion mia ; non mia ma della Serenità Vostra », Per il
sentar di mezo delli deputati della Terra d’Udene. Discorso di Girolamo Savorgnan, Biblioteca
del Museo Correr, Venezia, ms. P.D. 220, cc. 133r-161v, publié dans Casella, 2003, p. 302.
18 « Volendo io le persecuzioni ed injurie a tutti i nobili castellani della Patria, ed a noi particolar-
mente fatte, a nostri posteri con breve compendio esplanare, acciocchè de nostri mali edocti li loro
con premeditate conjecture castigare imparino », Giovan Battista Cergneu, Cronaca delle guerre
dei friulani, p. 2.
154 LAURA CASELLA
BCU, Fondo Joppi, ms. 67, Cronache friulane, fasc. IV. Historia delle guerre et fattioni in
Friuli dal 1507 al 1525 de Giambattista di Cergnocco, qui sur le frontispice arbore un
titre encore différent : Cronica delle guerre et fationi in Friuli dal 1507 fino al 1518. Des
copies postérieures se trouvent à la BCU, Fondo Principale, mss 694, 695, 696 et aux
Archives d ’Udine : Archivio di Stato di Udine (ASU), Archivio Caimo, b. 60.
22 Comme on peut le lire au début de la table des matières, Cronaca di Soldoniero di Strassoldo
dal 1509 al 1603, ed. Ernesto Degani, Udine, tipografia Doretti, 1895, p. 3. Il n ’a pas été
pas possible de trouver la trace du manuscrit original que Degani prétend avoir obtenu
grâce à un descendant du Strassoldo, Nicolò Panciera di Zoppola. Une c onsultation des
archives conservées par la famille confirme l’absence de ce manuscrit depuis la fin du
xixe siècle.
156 LAURA CASELLA
28 L’éditeur le présente comme tiré du manuscrit autographe dans Rotolo di esazioni di Agostino
e Marzio di Colloredo, Archivio di Paolo di Colloredo. Voir « Pagine friulane », a. 2, n. 1
(17 febbraio 1889), p. 5-6.
29 À cette typologie des mémoires il faut ajouter aussi la Cronaca udinese dal 1554 al 1564,
tirée des notes qu’Emilio Candido, un noble d’Udine, confie aux pages d’un Rotolo des
dépenses et des recettes (Bibliothèque du Séminaire archiépiscopal, Fondo Cernazai).
Dans ce cas aussi, Vincenzo Joppi retranscrit pour la publication (Udine, Tipografia del
Patronato, 1886) les nouvelles des chroniques d ’Udine qui dénoncent encore, des décennies
plus tard, une forte instabilité, causée aussi bien par la propagation des épidémies que
par les séquelles de l’opposition entre les familles de la noblesse : Candido lui-même
mourra dans une embuscade tendue par le parti adverse en 1570, alors qu’en tant que
député de la ville il faisait partie de la suite du Lieutenant vénitien.
30 ASU, Archivio Torriani, b. 79.
158 LAURA CASELLA
ÉCRITURE POLITIQUE
ET ÉCRITURE DOMESTIQUE
La Historia della crudel zobia grassa
et les Diarii udinesi des Amaseo
dans la Patrie du Frioul ; rumeurs qui prétendent que ces troupes sont
aux portes d’Udine. Le récit s’appuie également sur son « intelligence »
directe des faits, Amaseo ayant été un des acteurs. Gregorio est mis en
scène comme soutien du lieutenant et, au nom de la vieille amitié qui
l’avait uni dans le passé aux Savorgnan, intervient quelques heures avant
le début du soulèvement pour que ce dernier arrête le massacre. Une
reconstruction menée par Amaseo grâce au dédoublement du souvenir,
accompagnée de l’intention d’être bref et direct, et de l’utilisation de la
première personne quand il parle de lui-même et de son implication :
ces éléments nous poussent à considérer cette mémoire comme une sorte
d’abrégé de ces événements sanglants. Presque c omme s’il s’agissait de
notes préparatoires du produit le plus accompli que sera l ’Historia della
crudel zobia grassa, l’histoire est placée dans les pages du livre « de la
maison », entre une partie écrite par Azio et la reprise de l’enregistrement
des événements classés chronologiquement par Gregorio.
La deuxième considération concerne, précisément, la nécessité d’établir
une c omparaison entre ces pages, insérées à une date ultérieure dans les
Diarii, confirmant leur configuration en tant que mémoire personnelle et
familiale, et l’Historia. Une analyse plus approfondie devrait être menée
sur les deux écrits de point de vue du lexique et du style compte tenu
des différents publics auxquels ils s’adressent.
Le style différent et la structure littéraire de l’Historia sont signalés par
des éléments très éloquents que nous mentionnons ici brièvement dans
le but de souligner l’épaisseur historico-politique que l’auteur donne à
l’écriture. Dans la première partie, Amaseo présente le cadre historique,
dans un contexte large et non simplement local, celui des guerres d’Italie.
Ainsi, les deux factions qui s ’affrontent dans la région du Frioul ne sont
pas présentées, sur le mode local, comme Strumieri et Zambarlani, mais,
comme dans le reste de l’Italie, en tant que Guelfes et Gibelins. Dès les
premiers chapitres est décrit le rôle d ’Antonio Savorgnan, sa direction et
donc sa responsabilité dans l ’épisode. Sa puissance est ancienne, dérivée
de l’hégémonie de sa famille, enracinée dans les c ommunautés, dans les
villages, dans la ville, mais rénovée à la suite du pouvoir légitime que
lui attribue Venise en tant que chef de la « cernide », les contingents des
paysans armés pour la défense du territoire.
Amaseo prend ouvertement position c ontre lui et il montre quelques
épisodes advenus au cours des années et des mois précédents comme
166 LAURA CASELLA
être entendu. « Con sommo stupor de tutti [e] con pochissima satisfation delli
offesi » (à la grande stupeur de tous [et] au grand déplaisir des offensés),
Savorgnan reviendra dans la lagune. Justice n’a pas été rendue, tout du
moins pas la justice des hommes. La justice divine, « la qual mai non
falla47 », ne manquera pas de se manifester cependant : les tremblements
de terre, la peste, la famine sont autant d’événements qui expliquent,
avec une dimension surnaturelle, la tragédie et confirment les signes
qu’Amaseo signale comme prémonitoires – la « pessima constellazione » qui
caractérisait astrologiquement cette journée48 – auxquels s’ajoutent les
anges aux épées couvertes de sang entourés par le feu, vus par « diverse
persone religiose et dignissime di fede » au dessus de l’église Saint François,
près de la demeure de Savorgnan49.
La synthétique description du texte – qui raconte le retour de
Savorgnan, vu comme une personnification de la peste, la perte puis
la récupération, grâce à Girolamo Savorgnan du territoire du Frioul, la
trahison et la mort d’Antonio – laisse entrevoir une richesse symbolique
et historique qui demande un approfondissement, qui devra nécessaire-
ment passer par une collation soignée des manuscrits et des éditions de
cette même Histoire. Pour la contextualisation des écrits, la comparaison
avec les autres écritures familiales des Amaseo, notamment les Diarii
et les lettres que les membres de la familles échangeaient, sera d ’une
extrême importance50.
Cette perspective de recherche sur les écrits de la famille nous conduit
en effet à mettre en évidence un troisième élément de réflexion. Il aborde
les raisons pour lesquelles en 1518 Amaseo insère sa reconstruction
synthétique de la révolte du jeudi gras et rédige – bien que, nous le
répétons, tout soit encore à clarifier sur les temps et les modalités de
cette écriture – l’Historia della crudel zobia grassa.
L’hypothèse est que cette histoire, qui insiste de façon accusa-
toire sur l’épisode et sur les responsabilités de Savorgnan, émane
de la plume d ’un membre de la plus récente noblesse urbaine, de ce
patriciat qui se renforçait dans son rôle social et politique grâce aux
47 Ibidem, p. 162.
48 Ibidem, p. 137.
49 Ibidem, p. 163.
50 Une partie des lettres se trouve à la BAM, Cod. A 59 inf, c ontenant les epistole en latin
et les lettres en langue vulgaire échangées par divers membres de la famille de plusieurs
générations. On trouvera une première utilisation de ces sources dans Casella, 2015.
168 LAURA CASELLA
années pour conserver la position que les Amaseo ont atteinte dans le
contexte politique communal.
La défense de sa maison, de la nouvelle élite patricienne à laquelle
il appartient et qui a grandi dans le contexte de la réforme adminis-
trative de la ville d ’Udine, qui revendique son rôle de capitale de la
région parce qu’elle est le siège des tribunaux de Venise, forment un
tout dans la mémoire reconstruite et critique – confiée aux pages de
la Historia – d ’une révolte qui était le dernier et terrible sursaut d ’un
ordre politique désormais dépassé.
Ses mots ne peuvent pas lier plus clairement le plan familial et
personnel, celui de l’appartenance sociale et le plan politique, de la
ville et de l’État, sanctifiés par l’observance religieuse et la paix : « je
n’avais jamais fait une telle opération ni de réforme de nouveaux ordres
de notre ville et Patrie, ni d’une telle histoire vulgaire pour offenser
quelqu’un, mais seulement par souci de justice et de liberté et pour le
bien commun, à la gloire de Dieu, grand et éternel, et de la tranquilité
de notre ville et Patrie56. »
La conclusion que nous pouvons en tirer, pour reprendre le fils d’un
raisonnement qui tend à suggérer ici le potentiel d ’une resémantisation
de la tradition de l’écriture sur la révolte de 1511, est de réfléchir sur
richesse que représentent les sources personnelles non seulement pour
l’histoire familiale, mais encore pour l ’histoire politique, dans un jeu de
miroirs qui leur est utile et propre, chacune étant le miroir de l’autre.
Laura Casella
Università di Udine
being not able to pay Contribution, John Ward, a corporal to Captain Wells
tooke from me two milch cowes out of three worth £5 although I did give
him a particular of my losses and the necessities I and my family was in15.
Keyte was, or had been, a relatively prosperous man who had served
as village c onstable, but his evidence demonstrates that illiteracy was not
a barrier to giving in accounts, while civil war exactions were imposed
on a wide range of the population. Thus the parish accounts offer access
to the recollection and ordering of experience by a significant propor-
tion of the population. Comparison with later taxation records suggests
that at least a third of households are represented in the accounts from
Warwickshire parishes, and many were much more inclusive. The county’s
accounts encompassed the losses of Thomas Barnet of Leek Wootton, “a
very poore man and hath nothing but what he getts by his dayly labour”;
others claimed to include “the accounts of cottars and laboring men”; or
“the charges and losses of every particular parishioner.”16
for these fouer or five yeares last past; nor can possibly so call to mynd the
sayd charges every way as to make any perfect Account thereof. They thus
desired to be excused from making any further return18.
PATTERNS OF RECOLLECTION
The shared contexts in which people placed their civil war losses under-
line the social nature of remembering, while personal and specific details
and forms of expression reveal individual experience. I will deal briefly in
turn with temporal markers, the enumeration of lost possessions, complex
22 TNA SP 28/184, Part Five.
23 See, especially, Wood, 2013, p. 249-250, 258-260.
24 TNA SP 28/182, Part Three.
180 ANN HUGHES
Goods given to, or taken by soldiers were defined precisely and des-
cribed in detail, only very rarely were they listed with a monetary
value alone. Widow Crafts of Long Lawford, Warwickshire, had sent
provision worth 3s. “to the heath to the earle of Essex when he cam
downe first from London, 8 gallons of drinke one lofe of Bread and 2
cheeses”28. This precise delineation of everyday necessities is one example
amongst thousands of personal descriptions of lost possessions, linens,
plate, cattle, clothes, dishes, food, hay and grass. The specific goods
themselves mattered as much as their estimated cash value, whether
they were c ommonplace provisions, albeit difficult to spare, or more
valuable c onsumer goods. One of Widow C rafts’ neighbours, Thomas
Webb, listed “a boke the practis of pietie and a pare of spures and a
table napkin a pare of gloves and a band and a handcarcheve”, taken by
Sir William W aller’s men, while another, Edward Atkins had lost the
same widely read book as well as “a hat and a jackit Coat and a new
pare of stocings for a man”, to the same soldiers29. The term “plunder”,
a relatively recent English coinage, was frequently deployed as when
John Chantler of Church Lawton in Cheshire listed, “Plundered from
him, by souldiers that weare under Command of Sir William Farefaxe,
Two flaxon sheets, five yards of woollen Cloath, two silke garters, one
hatbande, sixe hand carchaffes, Two bands & one payre of stockings”,
valued in all at £130. John Burton, a Coventry tiler, indignantly listed
property, “lost by the Scots these goods following which they violently
took from him”, including a musket and a sword, a woman’s coat, three
pairs of new stockings, new sheets, pewter dishes and a brass kettle, and
“one hogshead of strong beer”, worth in all about £8. Where many poor
people relied on second-hand goods, it was important to stress where
new possessions had been taken, and one of B urton’s neighbours, Richard
Lakins, also emphasised that the goods “plundered by the Scots” were
all new, including a new belt, a new pair of shoes and a new comb31. As
plundered goods were vividly described, so the experience of plunder
a bureaucratic demand, but “rarely in fact complied with it”; as in England the petitions
included irrelevant or superfluous detail, and lapsed into narrative: Auslander, 2005,
p. 1015-1045. I am grateful to Margot Finn for this reference.
28 TNA SP 28/183/33.
29 TNA SP 28/183/33.
30 BL Harley MS 1943 f. 13r.
31 TNA SP 28/174, Part One, the accounts of Gosford Street Ward, Coventry.
182 ANN HUGHES
those “who cam twice in the night with five horses and five men and
put me in feare… to the damage of 20s”45.
As in Wildbore’s aside that he had been put “in feare”, several of my
examples have hinted at violent encounters with soldiers: Humphrey
Greswold had lost his hat through what was in effect an assault, while
the Scots had “violently” taken John Burton’s goods. The evidence is
relatively rare and usually oblique, which might seem surprising given
what we know about the heavy casualties during the civil wars. Only
the deaths of sick quartered soldiers, because they usually led to greater
expense for their reluctant hosts, are recounted directly. The accounting
form did not easily allow for descriptions of physical assaults that did
not involve direct financial loss and where assaults are described, they
are usually presented as excuses for imperfect accounts or in c onnection
with subsequent losses. Lot Keyte explained that he had been “wounded
in two places of my body”, adding as an afterthought that this was at
the hands of the k ing’s soldiers, explaining why he had not executed
a parliamentary warrant, while Thomas How sought to justify the
failings in his accounts:
In regard of a wound I receaved on Kington fight day, which hath occationed
my much prejudice and misery, as it is not unknowne to most part of the
towne, I am not able to give an exact account of all my losses and Payments
and therefore shall wave what is due to mee for quarteringe many souldiers at
severall tymes, because I know not the names of the men nor theyr officers46.
CONCLUSIONS
53 See, amongst a rich literature: Morrill, 1998, a revision of Revolt of the Provinces, first
published in 1976; Ashton, 1994; Braddick, 2008, p. 413-426; Hughes, 1986, p. 49-78;
TAKING ACCOUNT AND MAKING MEMORIES 189
Sexby quoted at the Putney Debates: Sharp, 1998, p. 120; Anna Trapnel, Report and
Plea (London, 1654), p. 50.
54 Shepard, 2015, p. 287-290.
55 Pollman and Kuijpers, 2015: in 1608 the States of Holland offered pensions to all who
had survived the siege of Oudewater, prompting survivors to narrate their stories; Stewart,
2016, p. 229-234.
190 ANN HUGHES
Ann Hughes
Keele University
56 TNA SP 28/184, Part One, High Pavement Ward. For the musters of these forces from
November 1643 to December 1646: TNA SP 28/121A, 122, and 123.
57 TNA SP 28/174, accounts of Gosford Street Ward, Coventry.
58 Cf. Stoyle, 2003, p. 222 (although Stoyle reaches a different conclusion).
59 See, for example, Legon, 2015; Neufeld, 2013; Lyon, 2016; Scott, 2000; Knights, 2004.
DE LA DISSIMULATION
À LA C
OMMERCIALISATION
Les mémoires familiales
de la première révolution anglaise (1660-1740)
L’une des questions cruciales posées par les mémoires des révoltes
et révolutions tourne autour de l ’environnement social et politique qui
entrave ou facilite leur circulation. Bien des recherches traitent de la
manière dont les autorités travaillent à endiguer le flot de souvenirs
subversifs dans l’espoir d ’imposer une mémoire officielle et univoque.
Pour l’histoire moderne, on estime que la paix et le rétablissement de
la souveraineté après les temps de troubles, s’accompagne de mesures
assez efficaces qui mêlent l’amnistie de la majorité des acteurs et la
damnatio memoriæ de quelques individus. C ’est dans un second temps
que le cortège des souvenirs resurgit de manière plus incontrôlable dans
la sphère publique et suscite des appropriations controversées.
Ainsi, sous le règne de Louis XIV, les événements de la Fronde
ont-ils été désamorcés et privés de leur potentiel subversif par le biais
des académies savantes et des historiographes du roi. Dans un premier
temps, la fabrication d’un « roi de guerre » destinée à disqualifier pour
l’éternité la légitimité de la révolte armée a, semble-t-il, été d’un grande
efficacité1. Le succès de cette amnésie s’explique par la complicité d’une
partie significative de la population, et notamment d’une large part de
la noblesse, soucieuse de souligner sa fidélité vis-à-vis de l’État royal.
De manière tacite et négociée, les élites sociales et la monarchie se sont
accordées sur l’occultation des événements frondeurs. Ainsi, les enquêtes
généalogiques menées au début du règne de Louis XIV ne doivent pas
être interprétées comme une police mémorielle susceptible de traquer
jusque dans les archives privées la complicité des parents dans des
révoltes anciennes ou récentes. Ces instruments « ne furent pas réellement
1 Cornette, 2010 (1993) ; Burke, 1995.
192 STÉPHANE JETTOT
8 Murphy, 2011.
9 Sur les liens entre événements, archives et mémoires familiales, voir Fentress et Wickham,
1992, Teuscher, 2004, Butaud et Pietri, 2006, Ruggiu, 2007, Mouysset, 2008, Ketelaar,
2010.
10 L’éclairage sera c onsacré aux familles restées dans les îles britanniques. Dans le cas des
communautés exilées lors des révolutions de 1640 et de 1689, voir Woolf, 2003, Jettot,
2015, Corens, 2016.
11 Harris, 1992, p. 700-720.
194 STÉPHANE JETTOT
L’INVENTION DE « L’INTERRÈGNE »
(1660-1680)
1661, sur 507 députés, seuls 168 ont c ombattu dans les armées royales
pendant la guerre civile et 164 ont exercé des charges publiques sous
Cromwell. Par un dispositif qui n ’est pas sans rappeler les amnisties
antérieures accordées par Elisabeth en 1559 aux élites catholiques de
Marie Tudor, la violence des divisions se trouve occultée au nom du
principe de charité19.
Cette amnistie collective n ’est pas imposée par le gouvernement,
elle répond au souhait des familles. Les lignes de partage au cours
de la révolution ont été d ’une grande porosité et les parlementaires
comptent dans leurs rangs et dans leurs familles un bon nombre de
convertis de la dernière heure, les « turncoats20 ». Parmi ces derniers
figurent des personnalités célèbres, le colonel Hutchinson, un régicide
qui se rallie aux Stuarts en 1660. Le cas d ’Hutchinson mérite d ’être
souligné dans la mesure où son amnistie fut obtenue par la mobilisation
de toute sa parenté, de son épouse et d ’un rappel de son prestigieux
pedigree. L’honneur de la famille, illustré sur plusieurs générations des
différentes branches des Hutchinson permettait, d’occulter le souvenir
de la dernière décennie21. De plus, les familles enrichies et distinguées
pendant la révolution espéraient faire remonter leur ascension sociale
à une période ultérieure. Pour la plupart d’entre elles, la monarchie
accède à leurs désirs. Ainsi, le College of Arms, une institution chargée
depuis le xve siècle d ’authentifier la validité des titres de la gentry, invite
indistinctement toutes les familles à présenter des preuves de noblesse.
Dans un mémoire publié en 1667, les hérauts d’arme, Edward Walker
et William Dugdale, enjoignent les personnes ayant reçu le titre de
baronet à venir le faire enregistrer. Une invitation qui s’adresse en priorité
aux familles ayant été distinguées dans des conditions « douteuses ou
contestables », en l’occurrence des combattants royalistes récompen-
sés sur le champ de bataille par Charles Ier avant sa mort ou bien des
dignitaires républicains22. Le héraut d ’arme William Dugdale réalise
ensuite un recueil généalogique de toutes les familles nobles dans un
ouvrage luxueux intitulé Baronage (1675). Si dans la préface, il déplore de
19 Walsham, 2006.
20 Hooper, 2010.
21 Lucy Hutchinson et ses Memoirs of the Life of Colonel Hutchinson with a fragment of
Autobiography. Voir Norbrook, 2012, p. 233 ; Gheeraert-Graffeuille, 2010, p. 69.
22 A Catalogue of the baronets of this kingdom of England from the first erection of that dignity until
this time (1667).
De la dissimulation à la commercialisation 197
23 « And that the greatest part of King Charles the F irst’s, was calm and peaceable, until the pre-
valent party in that unhappy Long Parliament, being tainted with Presbyterian Principles ; raised
such an insurrection as destroyed many Thousands », The baronage of England, or, An historical
account of the lives and most memorable actions of our English nobility, London, 1675, p. ii.
24 Kiessling (éd.), 2002, p. 222.
25 « What is striking about the kind of petitioning that became common in 1641, therefore, was
that print provided a valuable means of demonstrating popular views, and that this was done
in ways which tended to prioritize and validate numerical strength rather than social status »,
Peacey, 2012, p. 282. Pour un phénomène comparable pendant la Révolution française
voir Chappey, 2013, p. 170 et suiv.
26 Holmes, 1980 ; Hughes, 1982, p. 42 ; Broadway, 2012, p. 39.
198 STÉPHANE JETTOT
31 « There must be treaty had with the Gentlemen of that County and their consents obtained that I
may have free access to view and take notes out of their antient writings and evidences », Pogson,
2014, p. 9.
32 Stoyle, 2003, p. 204.
33 « I have that pride not to bear with patience, abiding in a country where my family has been
eminent twenty descents and bore always places of trust under their kings, now to be trampled on
and falsely accused by such as, till their fighting against the king and buying the estates of his
loyal subject, were not in the least known », cité par Appleby, 2012, p. 106.
34 Hooper, 2002.
200 STÉPHANE JETTOT
À partir des années 1680, cette discipline collective est mise à mal par
une série de crises qui font rejouer les traumatismes de la révolution35.
L’efficacité de la répression, un terme envisagé à la fois dans un sens
politique et psychologique, est c ompromise par la fragilité des Stuart.
Dans un premier temps, la Restauration s ’est traduite par la répression
des non-conformistes protestants mais lorsque la perspective d’un roi
catholique se confirme – avec la c onversion du frère du roi, Jacques
d’York – le Parlement se divise entre une majorité favorable à une
loyauté inconditionnelle à la dynastie Stuart (Tories) et une opposition
croissante qui refuse la perspective d ’un roi catholique (Whigs). Cette
crise de succession à partir de 1679 c onduit nombre de c ontemporains à
redouter l ’imminence d ’une nouvelle guerre civile36. À la différence de
la Fronde, la polarisation de la société est bien plus profonde puisqu’elle
joue sur des engagements religieux opposés (presbytériens, quakers,
anglicans, catholiques). La crise se dénoue une décennie plus tard avec
la « Glorieuse révolution » en 1689, l’exil de Jacques II et son rempla-
cement par un roi protestant.
Ces deux nouvelles crises politiques de 1679 et de 1690 vont trans-
former en profondeur les usages de la mémoire familiale aristocratique.
Cette dernière commence à être mobilisée dans les affrontements partisans
au Parlement et elle se déploie à l’échelle de la métropole londonienne
qui c oncentre les journalistes et les libraires. Londres prend une place
centrale dans la divulgation de secrets de famille qui n ’aurait pas été
permise dans un cadre où les mécanismes d’auto-censure étaient plus
résistants. Y circulent de manière précoce et clandestine des récits
manuscrits sur la révolution, notamment The Epitome of the Civil Wars
(Behemoth) d ’Hobbes. En effet, La suspension de toute autorisation sur
les imprimés – le Licensing Act en 1679 et à partir de 1695 – c ontribue
à une forte mobilisation partisane des équipes de presse londoniennes.
35 Harris, 1992.
36 Knights, 2005, p. 4, p. 20.
De la dissimulation à la commercialisation 201
37 A Brief Survey of the Late Troubles to which is added A Perfect Narrative of the Treaty at
Uxbridge in an. 1644, London, 1681, p. 111, p. 418.
38 « The present age in being has always the pleasure and advantage of looking from the top of this
Teneriff upon the two oceans of past and future and by the comparing several events of distant
age », The Weekly Discovery of the Mystery of Iniquity in The Rise, Growth, Methods and Ends
of the Late Unnatural Rebellion in England, London, p. i.
39 « Many of the clergy and Gentry and some of the nobility were carried down the stream […] and
help to swell the flood », Ibid.
202 STÉPHANE JETTOT
du côté des royalistes, cette audace fut, du point de vue de l ’auteur tory,
d’une irresponsabilité singulière p uisqu’elle contribua au discrédit de la
personne royale. Dorset s ’attira ainsi la punition divine, en mourant en
1652 isolé dans son domaine et couvert de dettes. À nouveau, le choix
de la famille Sackville c omme artisan involontaire du chaos politique
n’est pas une coïncidence puisque son fils figure parmi les premiers
fondateurs du parti Whig. Ainsi, loin d’être occulté, le souvenir de la
révolution devient l ’instrument polémique privilégié du nouveau parti
tory. Le huitième numéro décrit les insolences du baronet et parlementaire
Sir John Hotham. En avril 1642, ce dernier avait interdit au roi l ’accès
à la ville de Hull et à son dépôt d’armes40. Comme pour Dorset, cet
affront est payé en retour par une suite de mésaventures qui le conduit
dans les geôles londoniennes et à son exécution par les parlementaires.
Du côté des Whigs, la stratégie vise à démontrer que le devoir de
révolte, dans des circonstances précises, est l’un des attributs des plus
grandes familles. La révolution est envisagée dans son sens astronomique,
celui d’un rétablissement de l’ordre ancien. À la différence de la première
révolution, la seconde était présentée comme une authentique restauration
des équilibres coutumiers entre le roi et le Parlement. En réponse aux
attaques tories lors de la crise d’Exclusion, l’une des premières initiatives
whig conduit à réhabiliter une partie des familles républicaines dans leur
opposition à la fois à Charles Ier et à Cromwell. Ainsi dans son Discours
sur le gouvernement, le républicain Algernon Sidney récuse la validité du
devoir d ’obéissance passive vis-à-vis de princes. Leur légitimité est dis-
cutable, de même que leurs généalogies sont le plus souvent douteuses,
à la différence de celles des plus grandes familles de la noblesse. Les
Tudor, vainqueurs de la guerre des Roses en Angleterre, n’avaient-ils pas
qu’un « sordide » pedigree gallois à faire valoir41 ?. Capturé en possession
d’une version manuscrite de son Discours, Sidney est exécuté en 1683
et lors de son procès, il évoque le lignage prestigieux de sa famille. Ce
n’est pas la loi des princes à laquelle il faut obéir mais celle donnée par
ses ancêtres et par soi-même. La mémoire illustre d’une famille est ici
40 The Weekly Discovery, Ibid., 6 mars 1681.
41 « Three kings and two presumptive heirs of the crown were m urder’d, and the nation brought
to that shameful exigence, to set up a young man to reign over them, who had no better cover for
his sordid extraction than a Welsh pedigree, that might shew how a tailor was descended from
Prince Arthur, Cadwallader and Brutus », Discourses Concerning Government, 1698. Sur la
résurgence d’une mémoire républicaine, on se reportera à Scott, 1991.
De la dissimulation à la commercialisation 203
42 « […] not knowing what use might be made of such communication to their Disadvantage », To
the reader, A. Wood, Athenae Oxoniense, vol. 1, préface.
43 Sherlock, 2008, p. 193.
44 Cowan, 2012.
204 STÉPHANE JETTOT
aux parents des clercs anglicans. Walker évoque l ’ensemble des manus-
crits que les familles concernées ont c onsenti à lui transmettre. Fiona
McGall démontre que pour ces familles de la middle sort, l’éloignement
de Walker hors du cadre c omtal a atténué l ’autocensure des fils et filles
des clercs ayant subi les persécutions45.
Dans un mouvement symétrique, la Glorieuse Révolution autorise
aussi une mise à jour des souffrances endurées par les presbytériens ou
les anabaptistes pendant la Révolution de 1640. Elle s’inscrit dans la
suite de la révocation de l ’édit de Nantes qui a conduit à l ’exil de nom-
breuses familles huguenotes, dont de nombreux éditeurs et libraires. De
Pierre Bayle à Rotterdam à Abel Boyer à Londres, l’influence huguenote
va se traduire par la circulation de nouveaux formats d’édition et en
particulier la promotion des dictionnaires biographiques. Ainsi, un
proche de Pierre Bayle, John Toland, publie de 1697 à 1699 une série de
mémoires de parlementaires radicaux et non-conformistes comme James
Harrington, Denzil Holles et Edmond Ludow. De même, en riposte
aux notices biographiques d’Antony Wood, le non-conformiste Edmund
Calamy publie en 1702 An Abridgement of Mr Baxter […] with an account
of many others of those Worthy ministers who were ejected46 . À nouveau la
préface souligne l’importance des enquêtes menées auprès des familles
afin de documenter leur souffrance47. Comme pour les Tories, le savoir
antiquaire est mobilisé pour soutenir l’engagement partisan. Toutefois,
la réhabilitation des non-conformistes ne passe pas encore par celle de
la cause républicaine. Ainsi, en 1715, le presbytérien Ralph Thoresby,
publie son Ducatus Leodiensis, or, The Topography of Leedes. Son père,
un marchand de la ville, s’était engagé c ontre Charles Ier dans l’armée
du parlement. L ’ouvrage est financé par souscription et publié à plus
de 2000 exemplaires. Si les persécutions des non-conformistes à Leeds
sont évoquées pendant les années de « trouble », en revanche il n’est
pas question d’assumer l’héritage des violences républicaines, ni celui
du régicide. Ainsi, un proche de Thoresby, Jonathan Priestley, le félicite
d’avoir passé sous silence la révolte républicaine de Farnley Wood en
1663 qui avait été utilisée par les Tories pour démontrer les liens entre
48 « I am glad you did no fool your book with Farnly-wood plot, as it was then called ; for so far as
I ever understood, it was a pure piece of malice and revenge to draw in some not very ill-meaning
people that had a favour for O liver’s government », cité dans Hooper, 2002, p. 283.
49 « Tho’ this manuscript is worthy of preservation, yet it should not be published no exposed to publick
view, because several worthy families now living descended from the Persons herein m
ention’d who abhor
such fanatic Commonwealth Principles as their forefathers were foolishly drawn into », Ibid. p. 283.
50 « The greatest monster of power and wickedness that ever infected the face of the earth […]. A
great voracious land-fish whom we call a wicked minister ». Cité par Kramnick, 1968, p. 21.
206 STÉPHANE JETTOT
51 Memoirs of the antient and noble family of Sackville. Collected from old records, wills, Manuscripts,
our most a pprov’d Historians, London, 1741.
52 Barnard, 2001, p. 1-16 ; Parry, 2008.
De la dissimulation à la commercialisation 207
53 « If there be any who think I have wrote too favourably of such as suffer’d for their loyalty to
King Charles the First, I can truly answer that as I esteem’d their adherence to the Sovereign
in his Troubles, to be a virtue, so the reader will find that I have had an equal regard for those
patriots who e ndeavour’d the redressing the grievances of the Nation and the exorbitant Power of
the Crown. » Proposal, p. 6.
54 Holmes, 1987, p. xvi.
55 Rosenheim, 1998.
56 Sweet, 1997, Plumb, 1967, p. xviii.
57 Richard Savage, « On false historian » (1741), cité par Watson, 1985, p. 323.
58 Peltonen, 2005, p. 400.
208 STÉPHANE JETTOT
59 « An account of your family which will be of great service to the Publick », British Library Ms
Add 24120, fol. 1.
60 Thomas Wotton, The English Baronets, being a genealogical and historical account of their
families, 1727 ; Id., The English Baronetage : Containing a Genealogical and Historical Account
of All the English Baronets, 1741.
61 George Warrender à Wotton, BL Add. Ms 24121, f. 327 ; The English Baronetage, op. cit.,
vol. 4, p. 172.
De la dissimulation à la commercialisation 209
Stéphane Jettot
Sorbonne Université
TROISIÈME PARTIE
ORALITÉS ET TRANSMISSIONS
4 Voir Justice, 1994, p. 13-66. L’auteur réfute l’idée, généralement admise, que de tels
billets auraient été rédigés par John Ball et montre comment ils ne peuvent être l’œuvre
que des insurgés eux-mêmes.
5 Pour l’opinion inverse qui insiste au contraire sur la spécificité de l’usage de l’écrit dans
le contexte des révoltes anglaises voir Cohn, 2010.
6 Bischoff, 2009, p. 62. L’auteur montre toutefois comment le Chant du Rosemont a pu
préserver des fragments d’une mémoire alternative.
7 Sur les raisons qui me conduisent à préférer, au terme de « mémoire collective » mis en
avant par Maurice Halbwachs, celui de « mémoire sociale », voir l ’excellente discussion
menée par Haemers, 2011, et sa c ontribution dans ce même volume.
8 Ginzburg, 1980.
Entre oubli et résurgence 217
incertaines qui, souvent, parviennent jusqu’à nous parce que leur caractère
séditieux a pu inquiéter les autorités, à l’instar de ce brassier de Beaucaire
qui, coupable d ’avoir dit publiquement tout le bien qu’il pensait des
Tuchins de Languedoc, écopa en 1382 d’une amende colossale de dix
francs d’or9. De telles paroles, pour autant, ne restent pas inaudibles pour
l’historien dès lors q u’il parvient à capter les murmures des archives et
à se départir de l’idée tenace que les rebelles des temps médiévaux ne
parviendraient pas à se déprendre de la c ulture dominante10. Travailler
sur la mémoire des révoltes paysannes, c’est tenter de retrouver une
« vision des vaincus », tenter « en quelque sorte de passer de l’autre
côté de la scène et de scruter l’histoire à l’envers, puisque aussi bien
nous sommes accoutumés à considérer le point de vue (des dominants)
comme l’endroit11 ». C ’est qu’en effet ce qui, au premier abord, paraît
se dissoudre n’est pas tant la révolte que sa signification profonde en
termes politiques et sociaux pour les rebelles dans la mesure où leurs
mots, leurs gestes et leurs cris ne nous parviennent q u’à travers l’écho
assourdi et déformé de sources narratives et judiciaires dont l’objectif
ne saurait être de nous renseigner sur ce que pensent les révoltés. Enfin,
travailler sur la mémoire des révoltes paysannes, c’est ne pas négliger son
revers, celui de l ’oubli, puisque l ’omission, q u’elle ne soit q u’apparente
ou bien réelle, constitue une part incontournable de la mémoire12. On
sait en effet comment, tout au long de la période médiévale, certains
groupes dominants n’hésitèrent pas à devenir de véritables prescripteurs
de mémoire en forgeant et reforgeant à leur guise et selon leurs propres
intérêts les événements passés, opérant de ce fait des reconstructions
historiques autant que mémorielles13. C’est ainsi que, tout au long du
xie siècle, certains moines se muèrent en professionnels de la manipu-
lation mémorielle pour façonner et refaçonner, en recourant à de faux
diplômes si nécessaire, un passé carolingien indispensable à la défense
des droits de leurs monastères sur des terres qui leur étaient disputées
par des laïcs, même si un tel phénomène, aussi maîtrisé soit-il, ne peut
9 Bibl. Nat. de France, ms. lat. 9176, fo 86 : c ondamnation de Jacme Blausac pour avoir
dit que « les Touchins estoient bon compaignons et ce qu’ils faisoient estoit bien fait ».
Sur la révolte des Tuchins, voir Challet, 2003.
10 Dumolyn et Haemers, 2012.
11 Wachtel, 1971, p. 22. C
’est moi qui remplace ici « des européens » par « des dominants ».
12 Geary, 1994.
13 Pour un exemple précis, celui des c onsuls montpelliérains, voir Challet, 2015.
218 VINCENT CHALLET
24 « Le cappitaine du Louvre et Pierre Gilles ourent les langues tranchées, pour ce q u’ilz
avoient dit villaines paroles de monseigneur le duc de Normandie, de madame la duchesse
aussi. » Chronique des quatre premiers Valois (1327-1380), Siméon Luce éd., Paris, 1861,
p. 85. Selon un procédé assez courant au Moyen Âge, la dimension politique des paroles
prononcées est ici occultée au profit d’injures à caractère sexuel.
25 Foucault, 1975. La même idée est reprise, entre autres, par Gonthier, 1998.
26 Sur cette enquête, voir Bourin et Challet, 2013. Sur l ’enquête en général, voir Gauvard,
2008.
222 VINCENT CHALLET
27 Sur cet aspect et en particulier la présence exceptionnelle d’un juge, d’un crieur public ou
encore d ’un bourreau dans le cadre du village de Soumont en Lodévois, voir Challet, 2015a.
28 Petit Thalamus de Montpellier, édition en ligne, http://thalamus.huma-num.fr/annales-occi-
tanes/annee-1381.html : « Item, I dimercres a V de mars, mossen Enguerran d ’Eudin, senescal
de Belcayre, anan de Latas a Bezers, trobet prop Sant Vincens d ’Ortols XX homes de Porssan
sens armas, dels quals tantost senes enformacion et senes enquesta, de fach, el ne fes pendre en los
albres XIX e l’autre fo aussit a glazi. »
29 Ibid., http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1383.html : « Et entretant
los Tochis sauteron detras per los murs, et per so foron ne prezes XVI de que los XV foron tantost
pendutz, et l’autre fo mes en prezon. »
30 Challet, 2002, vol. 2, p. 481-483.
31 Challet, 2010a.
Entre oubli et résurgence 223
32 Challet, 2006b.
33 Watts, 2007.
224 VINCENT CHALLET
silence sur les actes c ommis et rétablissaient la fama publica des béné-
ficiaires. De manière significative, la chancellerie royale usait, en guise
de conclusion, de la formule super predictis silencium imponendo, signifiant
par là que nul ne pourrait à l’avenir parler du crime et le plongeant dans
les limbes de l’oubli34. Or, de nombreux individus impliqués dans les
révoltes paysannes, soit au titre de la rébellion elle-même, soit au titre
de sa répression, bénéficièrent de telles lettres35 si bien que rémission
rima bien souvent avec omission. Dans certains cas, le pouvoir royal
put même aller jusqu’à l’interdiction pure et simple de toute évocation
d’une révolte : à Nîmes, ville qui s’était longtemps montrée favorable
aux Tuchins, il fut crié publiquement « à voix de trompette, que nul ne
feust si hardi d’appeler aucune personne touchin36 ». Une telle décision
justifiée par la volonté de faciliter le retour à la paix civile et d ’éviter
le déclenchement de vengeances privées n’en assimilait pas moins le
terme de Tuchins à une insulte et procurait au pouvoir royal un outil
remarquablement efficace pour effacer toute mémoire de la révolte.
Ainsi privées de tout support écrit c omme de toute c ommunication
orale, les rébellions paysannes semblaient être c ondamnées à tomber
dans l’oubli. A contrario, l’efficacité du processus de damnatio memoriæ
ne se mesure jamais autant que dans le cas de révoltes dont le succès
parvint à mettre un terme à la domination seigneuriale. Là, la mémoire
de la rébellion est capable de survivre et de se transmettre de généra-
tion en génération jusqu’à devenir l’un des fondements mythiques de
l’action politique des c ommunautés. C ’est ce qui se produisit en Suisse
où l’histoire de Guillaume Tell et le serment originel d’assistance réci-
proque prêté entre trois paysans de Swyz, Uri et Unterwalden fonction-
nèrent c omme un mythe c onstamment réactualisé, moteur de l’action
politique. Il est vrai cependant que cette mémoire put s’appuyer sur
une large production écrite, à l ’instar du poème c omposé pour célébrer
la victoire des Suisses sur le duc Léopold de Habsbourg à Sempach en
1386, des chansons composées pour célébrer le triomphe de Murten
en 1476 ou de ces nombreux Kampflieder dont la survie s’explique par
l’absence d’une autorité impériale ou ducale capable d’en interdire la
40 Challet, 2010b.
41 Ainsi, la chanson no 35 intitulée « A la compagnie d’ung bauchier » qui proclame : « Se
les Englois viennent piller / Nous les mectrons à tel martire / Que nous les garderons de
rire / Et d ’aller à notre poullier », cité par Billiet, 2007.
42 Challet, 2006a.
43 Voir la c ontribution d’Éva Guillorel dans ce même volume.
44 Ces chants sont publiés par Dobson, 1970, p. 383-385. Sur la rébellion de Jack Cade,
voir Harvey, 1991.
Entre oubli et résurgence 227
Vincent Challet
Université Paul-Valéry-Montpellier 3
ANR CURR
49 Neveux, 1997.
50 Blickle, 1998.
51 Mistral, 1968.
52 Dommanget, 1971, p. 17.
53 Dobson, 1970, p. 31.
54 Schmitt, 1979.
“WE WILL ASK FOR A NEW ARTEVELDE”
Names, Sites, and the Memory of Revolt
in the Late Medieval Low Countries1
In recent years there has been a lot of scholarly interest in the political
culture of remembrance in the early modern Low Countries, particularly
within the context of the Dutch Revolt. For the period starting from the
Sixteenth century onwards, such a memorial culture, often specifically
of traumatic events like wars and revolts experienced by c ommunities,
has been well documented in chronicles, pamphlets, ego-documents and
literary works2. But while the source situation is greatly improved for
the early modern period, collectively c ommemorating political events
was already a well-established practice. The reconstructed genealogies
and heroic ancestors of medieval elite families often appear in chronicles
they c ommissioned and religious c ommunities manipulated the memories
of their founders and establishment in hagiographies, chronicles and
charters. Yet prior to 1300, “non-elite” sources are lacking and other
texts offer only occasional glimpses of popular speech and culture, thus
making the reconstruction of social memories of European peasant or
urban populations a difficult task3. It is only from the later medieval
period onwards that we have substantial evidence at our disposal for
wider societal groups collectively remembering major events, such as
popular insurgencies and wars.
By means of these constructed and reconstructed “collective” or “social”
memories dealing with past social and political c onflicts or disasters,
communities created a specific sense of history. As with conflicts in
preindustrial Europe in general, the medieval Low Countries, a region
characterized by waves of popular rebellion, “counter-memories” of
1 We thank Godfried Croenen, Lisa Demets and Dirk Schoenaers for their help with
specific chronicle fragments.
2 Kuijpers, 2013; Arnade, 2008; Duke, 2009.
3 Geary, 1994; Fentress, Wickham, 1992, p. 144-172; Marchal, 2001.
232 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
institutions that provided the means, people and ideology for collective
actions, sometimes in coalitions with segments of the elites. Leaders usually
functioned as mere spokesmen or sometimes as charismatic figures tem-
porarily needed to transcend discord among the different groups taking
part in the rebellion.
Pieter Coutereel lent his name to such a guild revolt in 1360. A chro-
nicle account suggests that Coutereel challenged the Duke of Brabant’s
authority by supporting Leuven’s craftsmen in their ultimately successful
demand for the right to elect aldermen. He was the city sheriff – the
Duke’s c hief local judicial officer, in other words, as well as a former
advisor. His presence at the side of the rebels played an important
part in legitimizing their demands. Coutereel also repeatedly acted
as their spokesman during negotiations, but he later remained in the
background. Despite this, one chapter of a Brabant chronicle is titled
“How Pieter Coutereel organised his riot with the commoners against
the good men”, thus portraying one individual as the primary cause of
events13. Even if the revolt was not in fact instigated by Coutereel, but
rather by the guilds’ leaders, Coutereel’s participation remained central
to later reconstructions of what happened. The same can be said of
Pierre Andricas, a Liège fur merchant, who in the first quarter of the
fourteenth century led a craft revolt against the urban elite. The main
chronicler of the insurgency, Jean d’Outremeuse, reported that Andricas
“inflamed the people to wage war against the bishop”. However, this
revolt was also not a one-man show, as it was fueled by the craft guilds’
common cause in overthrowing the oligarchical city government. In
the end, they were successful; the 1313 “peace of Angleur” gave them
the right to participate in city council meetings. Afterwards, Andricas
became a symbol of the rebellion, even though he had clearly not been
its c hief instigator14.
When a revolt failed, popular leaders usually received an exem-
plary punishment, serving as scapegoats for everything that had gone
wrong in the eyes of the authorities. The most remarkable case is that
of Jacob Peyt, a charismatic leader of the 1323-1328 peasant rebellion
in coastal Flanders, who was persecuted even after his death in 1327.
13 “Hoe Peter Coutereel sijn opset maecte metter ghemeinten jeghen die goede manne” (De Brabantsche
Yeesten, vol. 2, p. 160). See Haemers, 2014.
14 Xhayet, 1997, p. 164-166.
“We Will Ask for a New Artevelde” 235
15 Challet, 2010a, p. 409; Oliva Herrer, 2007, p. 188-192. About Jacob Peyt: te Brake,
1993, p. 117-118.
16 He is usually referred to in English as James of Artevelde.
17 Van Bruaene, 1998, p. 133.
236 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
again “so well held in justice” as during J acob’s reign26. In short, the
name Artevelde had become a synonym for good times in general and
rightful rebellion in particular, and a central topic of popular stories
transmitted both orally and in writing.
referring to the king of the Romans, as Maximilian was then called, and
Philip of Cleves, the nobleman who led the rebellion against Maximilian30.
However, even these names were only occasionally applied to the fac-
tions because their divisions were not always clear-cut. The later terms
“Philippins” and “Monetans” used in the Excellent Chronicle of Flanders,
one or two generations after the civil war, reshaped the memory of the
conflict into a clear dichotomy: two opposing parties, two specific names.
The reality, however, had been more complex and nuanced, involving
different social groups and political ideologies.
The very use of such names could evoke “bad” memories of unruli-
ness and discord, as has been shown with regard to factional struggles
in Italian cities31. In the Northern Low Countries, only the long-term,
structural c onflict between the so-called “Hooks” and “Cods” in four-
teenth and fifteenth century Holland is comparable in the sense that
even if the political realities and group compositions changed, their
party names remained the same. The Hooks (Hoeken) and the Cods
(Kabeljauwen) were used to designate the citizens and nobles allied with
different candidates claiming to be the rightful Count of Holland.
Neither Hooks nor Cods gained the upper hand, and civic strife remained
endemic, flaring up during periods of economic and political crisis32.
Memories and stories, as well as insults and reproaches towards former
enemies, could stir up emotions in such a volatile climate, and so rulers
actively tried to erase them. For example, in July of 1428, Philip the
Good stipulated that “nobody of whichever estate or condition he may
be”, should reproach another person for what had happened in one of
the violent fights that took place when he had become the governor of
the Countess of Hainaut (Jacqueline of Bavaria) after her imprisonment
by Philip. The new governor further decreed that people persisting
in using the names Hooks and Cods would be punished in order to
silence the conflict once and for all33. Obviously, using party names
and was perhaps added by a later copyist. Philippijnen may also be an early sixteenth-
century addition. See also Demets, Dumolyn, 2016.
30 State Archives of Ghent, Collection Varia 3, no 244, documents 5, 24, and 26 (1492).
About this revolt and its protagonists, Haemers, 2007.
31 Martines, 2003; Crouzet-Pavan, 2007; Gentile, 2009.
32 Van Gent, 1994; ter Braake, 2009.
33 “Item, est ordonné que nul d ’un costé ne d ’autre, de quelque estat ou c ondicion q u’il soit, ne reproche
a autre aucunes choses passees a l’occasion de ceste guerre ne ne parle doresenavant de houc ne de
240 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
could generate memories that could possibly endanger the new c ount’s
political position.
Although we would certainly not downplay the importance of more
straightforward economic and political reasons in explaining the ratio-
nale of factional conflict, it is obvious that the social memories of such
parties were also vital to their organisational longevity. Every faction
member worthy of the name would have been socialized since infancy
to believe that there were certain acts – such as a murder – that had
to be remembered for all eternity simply for the sake of remembrance.
This was a crucial credo of the code of honour and revenge that inspired
factions34. During such conflicts memories of the « injustices » inflicted
upon a particular group were kept alive, and this was particularly true
in the ever-combative political climate of Liège, which was known for
its factionalism. There, political victories were regularly celebrated in
order to commemorate certain events and capitalize upon them. On
January 6, 1433, after their victory over the Datin faction, a coalition
of the Surlet-delle Chaussée faction and the city’s 32 craft guilds ins-
tituted an annual celebration of their rise to power. It c ommenced on
the market square. The g uilds’ charter of alliance was read aloud, and
a bonfire was lit from wood gathered on their enemies’ lands in Jehay,
near Huy, as well as coal from their mines. It ended with a meal for
representatives of the craft guilds and the urban authorities35. This
annual festivity was clearly supposed to commemorate and bolster the
supremacy of one faction above another. Of course, this was not firm
foundation for enduring peace, as obviously the defeated faction would
continue, either privately or in much a more covert fashion, to cherish
another, equally one-sided view of the conflict.
It appears that memories of political struggles could only serve to
pacify a situation if they were framed or ritualized in ways that could
be shared or accepted by all parties involved. Examples in the prince-
bishopric of Liège, demonstrate that the creation of such common memo-
ries by means of religious rituals could be highly useful in decreasing
political tensions. On May 16, 1335, the so-called “Paix des Douze” was
cabillau, sur peine d’en estre puni tellement que tous autres y prendront exemple” (Cauchies,
2010, p. 54).
34 Remembering “noble deeds” was important for the status of nobles and the same can be
said of factions, see Harari, 2004, p. 111-115; Buylaert, 2010; Sterchi, 2005.
35 Xhayet, 1997, p. 385.
“We Will Ask for a New Artevelde” 241
c oncluded between the Awans and Waroux clans in order to end their
long-running vendetta36. The treaty was arranged by a commission
of six representatives from each family, which was also charged with
regulating similar c onflicts in the future. Apart from including a clause
that prohibited clan members from again taking up arms, it also created
favorable c onditions in which memories of the factional conflict could
be used to pacify it. The treaty obliged the competing parties to found
a new church in which thirteen chaplains (twelve for the families, and
one for the Virgin Mary) would celebrate mass for the deceased members
of both factions at thirteen altars. Jointly financed, the church would
symbolize the union between the families and commemorate the peace
settlement. In the end, the church was never constructed, presumably
because of the prohibitive expense of such an undertaking. However,
an “altare illarum de Awans et Waroux” was established in the church
in Waremme near Liège, along with two other altars for the twelve
apostles and the Holy Virgin, with the aim of celebrating the “memo-
ria” of clan members. Memoriae clearly indicates obiit masses held for
deceased family members – the most frequent meaning of this term in
the medieval c ontext – and a mainstay of memorial practice in general,
also in political contexts37.
These rituals were echoed in a similar service organized in the county
of Namur more than a century later, albeit not to c onclude a factional
struggle, but rather the long-running inter-urban rivalry between the
cities of Namur and Dinant. That latter had erected military fortresses
on the river Meuse to the south of Namur, making it an important
military hub for the prince bishop of Liège because Dinant belonged
to his territories. A violent war broke out in 1430, and in December of
1431, Dinant surrendered following a siege and fierce attack by the new
Count of Namur – Duke Philip the Good, who had recently bought the
county. In the peace settlement, prince bishop John of Heinsberg agreed
to dismantle some of these fortresses. Furthermore, a new chapel was to
be established on Christmas Day of the following year in the parochial
church of Bossière, where a mansion of the Count of Namur was located,
and a perpetual mass held “for the salvation and the welfare of the souls
of subjects of the Duke of Burgundy who had died there, and the other
36 Masson, 2013, p. 668-669; Xhayet, 1994, p. 320.
37 Oexle, 1982; Richard, 2009; for the Low Countries: Trio, 2010.
242 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
victims of the war”38. Although the peace settlement did not prevent
further c onflict between Namur and Dinant some decades later, this
remarkable foundation once again demonstrates that common religious
rituals were a popular medium for memories of past conflicts. Thus, as
in the “Paix des Douze” of 1335, the ritual of obit masses fulfilled both
religious and political goals: keeping the peace via the remembrance of
victims of war and factional struggle while praying for their souls in a
spirit of Christian forgiveness.
SITES OF MEMORY
40 Chronica monasterii Sancti Andreae, 1868, p. 87-89; Longus, 1880, p. 864; Huygebaert,
1960, p. 86-87. About the revolt: Wyffels, 1966; Bardoel, 1994. The sanctuary was
finally demolished in 1550 by Jan van den Weerde, the abbot who took up office after
Goethals. The chapel was also described in a continuation of the Sint-Andries chronicle,
the Continuatio Chronicae monasterii Sancti Andreae.
41 Wyffels, 1966, p. 81-82.
42 “Qua ratione perit? Mortem quo jure meretur? Qui patriam, populum, libertatem tuetur. Ne per
dissidium vulgus commune gravetur. Balduini necis haec quum causa fuisse putetur” (Chronica
244 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
it was because of these very inscriptions that the people still knew that
Priem had been an innocent because the m arker’s placement had been
prevented by the count and his successors until ninety years later. A bit
further in the text, the chronicle is also very partisan in its support for
the rebels of the Flemish revolt of 1302. It c ontains a fictitious story of
how Philippa, the daughter of the count, was strangled while in French
captivity together with her twenty chamber maidens and then thrown
into the Seine. The chronicler thought it was probable that she had died
because of Divine Vengeance for the blood of the innocent five lords.
Mention is also made of a yearly mass celebrated on July 11th, which
was not only the Feast of Saint Benedict, the abbey’s patron, but also
the day upon which the Flemish militias defeated the French army at
the battle of Courtrai in 1302. In this manner, the religious community
succeeded in closely associating itself with these benefactors and the
memory of their just c onduct in the c ontext of a period of revolt in
Flanders and especially in Bruges, a memory which their ancestors also
wanted to be cherished43.
A very comparable case deals with the memory of Zeger van Kortrijk,
a Flemish knight arrested by the Count of Flanders on the eve of the
Hundred Years War because he had sided with the English and had
strong connections to the city of Ghent. Immediately after his execu-
tion in 1337, the Artevelde party came to power in Flanders, and they
considered Zeger a hero of the popular cause44. Two centuries later, the
1544 Antwerp Songbook, the first major printed collection of popular
songs in Middle Dutch, included one dealing with the same Zeger van
Kortrijk. Although by then, his name had been transformed into “Cort
Rozijn”, which derived from the French version of his name: “Sohier le
Courtraisien”. The song clearly sided with the rebels, even thought it
narrated the events in a depoliticized and fairy tale-like style45. As in
the case of the Bruges rebel leaders, it seems that Z eger’s memory was
kept alive because he was buried in a chapel. This “site of memory”
was located in Our Lady in Drongen, in Zeger’s seigniory. Versions of
the abovementioned Memory Books of Ghent mention that in 1336
46 Memorieboek der stad Ghent, 1852, p. 45. See also Van Bruaene, 1998, p. 53-54.
47 De Potter, Broeckaert, 1864, vol. 2/1, p. 17.
48 “Nous estions advertiz […] que si […] estait faite mention de la paix de Gavere, meismement du
mot de la paix de Gavere, que le peuple se mettrait en commotion” (Gaillard, 1856, p. 172).
246 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
them as soon as possible, which is what the city of Liège did after the
death of Charles the Bold. From this point of view, the inscription on
one of the main towers on the city walls in Liège (the so-called “Tour de
Moxhons”) is revealing. This triumphantly commemorated its restoration,
specifically indicating that it had been paid for by a common tax levied
just for that purpose: “I am the Tour au Moxhon […] rebuilt in 1483
by the means and the good c onduct of the tax collectors of the city”52.
The inscription illustrates the inhabitants’ pride and the importance
they attached to the walls. They were not only physical markers that
distinguished the city from the countryside, but also places that evoked
memories of conflict and victory.
City gates were also linked with popular memories about past events
and, again, religious practices commemorating death. The 1544 Antwerp
Songbook includes one titled “My Lord of Lelidam”, and it is an inte-
resting case in point. The narrative is structured as a dialogue between
two protagonists: the Lord of L’Isle-Adam and Philip the Good, against
whom the people of Bruges rebelled in 1436, and, in general, it closely
follows the line of events as recounted in numerous other sources53.
On May 22, 1436, Jehan de Villiers, lord of L’Isle-Adam, was killed in
Bruges as the Burgundian army tried to seize the rebellious city. In the
song, the Lord of “Lelidam” (literally “Lilly Dam”, an adaptation of his
name as a result of folk etymology), who had supposedly taken Paris
three times, did not want the city of Bruges to be c onquered by treason.
However, even though the author of the song was clearly familiar with
the urban landscape of Bruges, he does not mention the Boeverie Gate,
through which the Burgundian army had entered the town in 1437.
Part of Philip the Good’s harsh verdict against the city stipulated that
a chapel where a daily mass would be said in his memory be set up
in the Boeverie Gate, which was to be bricked up. The painters’ guild
would receive a yearly sum for administering the c hapel’s services, at
which Bruges’ aldermen and all of the guilds’ deans had to be present.
In 1452, the gate was reopened because Bruges had obeyed the prince
52 “Je suis nommée la Tour au Moxhon qui fut démolie et détruite par Charles de Bourguignon l ’an
mille quat cent soixante huitte et puis reffaite, qui bien me duit l ’an huitant troye en verité par le
moyen et bon conduit des fermeteurs de la cité”. The “fermeteurs” were the urban functionaries
charged with the collection of the taxes levied for the fortification of the town, see Denoel,
2005 and Billen, 2010, p. 82-83.
53 Van der Poel, 2004, vol. 1, p. 151-153, vol. 2, p. 167-170. See Dumolyn, 2007.
248 JAN DUMOLYN ET JELLE HAEMERS
and not supported Ghent’s current revolt. The song may have been
composed then, but it could also have been written in the c ontext of
the turbulent 1477-1490 period in Bruges54. Indeed, when revolt broke
out again in 1477, the new rebellious city government was unwilling
to c ontinue funding the obit in the chapel of the painters’ guild55.
Regardless, Philip left his mark on Bruges, where he died in 1467.
Until 1796, another annual mass was held in the main church of Saint-
Donatian, where he had his grave and a tombstone, with an inscription
and the year 1437 in chronogram56. Again, it seems plausible that it
was this memorial practice, in connection with specific sites, that had
given rise to – or helped to reconstruct – later social memories of both
this and subsequent revolts.
A final example showing the traumatic and lasting effects princely
repression could generate consists of the stories told in the city of Arras
during the 1570s. They shed light on what is perhaps the most important
medium for memories in the late medieval period, though also the most
difficult to retrieve, namely oral narratives. Arras had an unfortunate
history: after the death of Charles the Bold in the beginning of 1477,
the county of Artois and its main city Arras were violently c onquered
by the French King Louis XI who severely punished the city for its
stiff resistance. Not only were the main quarters pillaged and burnt,
Louis XI also removed the city bells and dubbed the city “Franchise” in
reference to the privileges the French kings had granted it in previous
centuries. Though the city was renamed Arras in 1482, some inhabitants
used the remembrance of the tragic events of 1477 as evidence of the
unreliability of the French kings. During the turbulent 1570s, when the
Estates General of the Low Countries discussed a possible alliance with
King Henry III of France against their Habsburg ruler, the Spanish
king Philip II, burghers argued against the alliance by mentioning
tales told by elderly women about the cruelties of Louis XI, calling
him “the bad king” and “the worst Christian king who had reigned in
the last two centuries”. The existence of these stories is mentioned in a
contemporary report made by the Catholic jurist Pontus Payen, who was
54 Given that a very similar version is mentioned in a 1517 chronicle, it seems that the
story was circulating some decades before it was printed in 1544: Divisiekroniek, 1517,
fo 285 vo.
55 Brown, 2011, p. 268-270.
56 Viaene, 1958.
“We Will Ask for a New Artevelde” 249
against the alliance with France. He justified the anger that existed in
Arras (and elsewhere) against the French, by stating that the stories about
Louis XI caused “an irreconcilable hatred against the French nation”
because “they were transmitted with the mother’s milk to children”57.
It is impossible to know whether Payen was telling the truth, but what
matters is that he used these vivid memories of repression in support
of his argument. This once more demonstrates that the Low Countries
had a well-established tradition of passing rebellious stories from one
generation to another “with the m other’s milk”, as it were. Both urban
and princely authorities as well as specific milieus among the elite and
popular classes c ontinuously and functionally used distorted stories about
traumatic defeats and glorious victories with the aim of influencing
contemporary debates. It is now clear that the well-studied culture of
political remembrance in the Low Countries during the Reformation
and the early modern period already had a long history – or should we
say a long memory?
Jan Dumolyn
(Ghent University),
Jelle Haemers
(University of Leuven)
57 “Meismes les vielles femmes scavent encoires à parler de ce roy, qui at esté de son temps le plus cruel
et malicieux que prince chrestien quy ayt régné depuis deux cens ans, le nommant le roy bossu,
et en font de beaux longs contes qu’ils ont apprins de leurs devanchiers à leurs enffans, affin de
leur faire sucher avecq le laict une haine irréconciliable contre la nation franchoise” (Mémoires
de Pontus Payen, 1861, vol. 2, p. 75-76). See Duquenne, 2010, p. 61. On Arras in 1477:
Naegle, 2012.
LA MÉMOIRE COMME MOTEUR
DE LA RÉVOLTE
Réflexions autour du rôle subversif
des traditions orales dans l’Europe moderne
24 Archives départementales des Côtes-d’Armor (Saint-Brieuc), G182, 1677. Pour une remise
en perspective de ce prophète d’après les sources médiévales et modernes, voir Le Bihan,
2013.
25 Dumolyn, Haemers, 2015.
La mémoire comme moteur de la révolte 261
RÉEMPLOIS ET RENOUVELLEMENTS
DES MÉMOIRES ORALES DES RÉVOLTES
CONCLUSION
44 Id., p. 333.
45 Burke, 1997, p. 54.
46 Joutard, 1977 ; Joutard, 1983 ; Cabanel, Joutard, 2002.
47 Joutard, 1977, p. 310-311 ; Joutard, Poujol, Cabanel, 1987.
La mémoire comme moteur de la révolte 267
Éva Guillorel
Normandie Univ., UNICAEN
ANR CURR
“RESTAURAR EL REINO DE FRANCIA
EN SU ANTIGUO ESPLENDOR”
Percepción y fundamentación histórica
en la sublevación de los malcontents (1574-1576)
3 La bibliografía sobre las Guerras de Religión es muy amplia. Algunos de los trabajos de
carácter más general y más citados: Jouanna, 1998; Crouzet, 1990; Le Roux, 2009.
4 Ver Mellet, 2007, p. 83-88.
5 El escrito que da cuenta c on mayor lujo de detalles de lo acaecido durante la reunión de
los Estados Generales en Blois lo firma un grande de la historia de las ideas políticas,
Juan Bodino, Relation journalière de tout ce qui s’est négotié en l’Assemblée généralle des Estats
[…], 1614. La mejor expresión de las demandas reformadas en los Estados de Blois la
encontramos en una Remonstrance escrita por el también polemista protestante Philippe
Duplessis Mornay, quien firma este escrito haciéndose pasar por un “buen católico francés”.
Remonstrance aulx Estats de Blois pour la paix sous la personne d’un Catholique romain […],
1824. Otro escrito significativo es la Remonstrance d’un bon catholique François, aux trois
Estats de France, qui s ’assembleront a Blois […], cercana en título y c ontenido al escrito de
Mornay y c onfundida a menudo c on la primera. En cuanto a las demandas católicas, ver
“Restaurar el reino de Francia en su antiguo esplendor” 271
8 Consultar el escrito publicado por uno de los miembros destacados de esta casa nobilia-
ria para justificar su adhesión al levantamiento malcontent: De Montmorency-Damville,
Déclaration et Protestation de Monseigneur de Dampville maréchal de France […], 1872-1905,
col. 1105-1111. La historia de esta importante saga familiar en Kermina, 2002.
9 Exigencia, presente, por ejemplo, en Remonstrances de los tratadistas hugonotes Gentillet
y Hotman. [Innocent Gentillet], Briève remonstrance à la noblesse de France sur le faict de la
Declaration de Monseigneur le Duc d’Alençon […], 1576, p. 211. Remonstrance aus seigneurs
gentilshommes, p. 37.
10 El estudio clásico sobre el tema es el de Mastellone, 1972. Innocent Gentillet llega a
considerar la c ompra de oficios en los Parlamentos y otras instituciones políticas y judi-
ciales no sólo c omo la causa del desgobierno y la deficiente administración de justicia
en Francia, sino incluso como una causa directa de la guerra civil: “Porque desde que
la puerta de los oficios se abrió para los extranjeros, los ambiciosos y los avaros, que no
pudiendo acceder a ellos por virtud, los obtuvieron c on dinero, y desde que el número
de magistrados ha crecido tanto, no se han visto en Francia más que un montón de
asesinatos, masacres, robos y guerras civiles”, Brieve remonstrance a la noblesse, p. 157.
“Restaurar el reino de Francia en su antiguo esplendor” 273
del reinado de Carlos VI28 y de las que Gentillet había podido tener
noticias leyendo las crónicas de Froissart29. Se trata, en ambos casos, de
conjuras aplastadas c on gran violencia por el rey francés y la nobleza
pero que, durante algunos meses, llegaron a amenazar la estabilidad y
pervivencia de la monarquía francesa. Los ejemplos de conjuras de gente
“de baja estoja” que Gentillet citó con cierto desprecio en el Discours
contre Machiavel permiten ilustrar bien su posición hacia las demandas
del pueblo. Sensible hacia sus sufrimientos y partidario de la moderación
tributaria, Gentillet comprendía que se produjeran motines populares
en situaciones extremas, pero no los justificaba. Al contrario, como buen
defensor del orden estamental tradicional, su intención en el Discours
contre Machiavel fue más bien la de aconsejar a los reyes el modo idóneo
y ordinario de fijar tributos para evitar tener que enfrentarse a una
contestación violenta. Sostiene Gentillet pensando en estas conjuras:
Lo mismo ha sucedido a menudo en Francia, ya que en tiempos del rey
Felipe Augusto El Conquistador, en tiempos de San Luis, en tiempos del rey
Juan y en muchas otras ocasiones, los Judíos y los Italianos que tenían bancos
y ejercían la usura en Francia, arruinando al pueblo, fueron expulsados del
reino, prohibiéndoseles también su entrada. Las facciones de los Maillotins, de
los Chaperons de livree y otras invenciones populares semejantes, tendentes a
las sediciones y guerras civiles, no tuvieron otro fundamento que éste, puesto
que siempre fueron personas necesitadas y de baja condición los autores y
ejecutores de tales facciones y sediciones30.
por la opresión violenta y los abusos fiscales que suelen estar detrás de
las revueltas plebeyas. Siguiendo las pautas generales del argumentario
anti-extranjero de los malcontents, Gentillet apunta de nuevo a un cabeza
de turco, en esta ocasión banqueros italianos y judíos, para descargar
en estas comunidades “extranjeras” la responsabilidad de los motines
populares suscitados c ontro el cobro de impuestos excesivos.
Como todo ejercicio de memoria política, también éste tuvo una tra-
ducción práctica casi inmediata. Sabemos, por ejemplo, que entre 1579
y 1580 tuvo lugar una importante insurrección campesina y artesana en
la región del Delfinado, de la que Gentillet era oriundo. Las revueltas
populares habían c omenzado en febrero de 1579 c on el ataque a una de
las posiciones fortificadas de los reformados, Châteaudouble, gobernado
a golpe de exacciones por el capitán hugonote La Prade. En el verano de
ese mismo año, la Reina Madre Catalina de Médici estaba de visita en la
región para intentar poner de acuerdo a nobles protestantes y católicos
y se inquietaba viendo el futuro de la Corona y de la nobleza de ambas
religiones comprometido ante la amenaza creciente que representaba el
hastío campesino por las exacciones fiscales. En una de las cartas que
dirigió a su hijo Enrique III, le informaba con preocupación, precisamente,
de que había escuchado de boca de los nobles delfineses que los líderes
de una liga de “villanos” alzaban un rastrillo para agitar al pueblo y lo
convocaban al toque del cuerno helvético31. Es sabido que rastrillo y
cuerno son dos símbolos esenciales del republicanismo anti-nobiliario
suizo32 cuyo espectro atraviesa, como vemos, los Alpes en esta fase o
episodio predominantemente social de las llamadas Guerras de Religión.
La mezcla de este influjo republicano y de la suma de exacciones
fiscales impuestas a los campesinos y artesanos de la región para finan-
ciar los ejércitos nobiliarios protestantes y católicos desde el c omienzo
de las Guerras de Religión es un cóctel explosivo que no tarda en
explotar. La insurrección plebeya se hace generalizada en el Delfinado
en febrero de 1580 y, curiosamente, motiva una tregua general entre
nobles católicos y protestantes. Con una finta maestra, los protestantes,
por intermediación precisamente de Gentillet, que en este período ocu-
paba el cargo de secretario del caudillo protestante delfinés Lesdiguières,
31 Roman, 1890, p. 343.
32 Hemos analizado las características del republicanismo suizo del siglo XVI y la atracción
que ejercía en la Francia del último cuarto del siglo XVI en el artículo Egío, 2013.
282 JOSÉ LUIS EGÍO
EL RECUERDO IDEALIZADO
DE UN BUEN ORDEN ANTIGUO,
MOTOR DEL DESCONTENTO
GENTILLET Y MAQUIAVELO
Una disputa en torno a la gestión de la memoria
y el oficio de polyhistor
LA MÉMOIRE DE LA RÉVOLTE
DANS L ’ACTION POLITIQUE
NEGOCIACIÓN, SUBLEVACIÓN
Y CONCIERTO
Memoria e imagen de la revuelta de Flandes
en los Países Bajos meridionales durante la negociación
de la Tregua de los Doce Años (1598-1609)1
del siglo XVI8. El agravamiento del conflicto con los neerlandeses, que
para estos años alcanzó nuevas cotas empezando a incorporar el ámbito
ultramarino como escenario de sus enfrentamientos, llamaba a la bús-
queda de soluciones y remedios9. Prioritario en este sentido resultaba
el afianzamiento de la estabilidad política en unos territorios que, tras
unos primeros años de rebelión, finalmente habían acabado mante-
niéndose leales a la Corona y a la fe católica. En línea c on la defensa
que, para estos años, ciertos juristas y hombres de estado hacían de
políticas c onservacionistas como fundamento para el mantenimiento
de la hegemonía y del patrimonio10 parecía más c onveniente lograr
dicha estabilidad por medio de una vía de blandura (voie de douceur) y
no solamente por la fuerza de las armas (voie de force), especialmente en
unos territorios diezmados por décadas de conflicto y en los aún podría
reverdecer la semilla de la rebelión11. Tal y c omo quedó advertido el
archiduque en 1600 por un papel anónimo con algunas recomendaciones
para el gobierno de los asuntos flamencos, no sería fácil poner remedio
a la situación de inseguridad política en unos territorios que
son c omo un cuerpo lleno de malos humores […] porque se han amontonado los
desórdenes, como la pelota de nieve que rodada por ella, va siempre creciendo
y espesándose. Con todo esto no queda desahuciado el remedio si Vuestra
Alteza se sirve de aplicarse a ello de veras y sin más dilación, metiéndose
delante de los ojos la memoria de las desórdenes pasadas y presentes […] para
según eso resolverse a tomar el camino seguro y cierto, y dejar el incierto12.
8 Para un balance general de las c ondiciones en las que tiene lugar la sucesión de Felipe III
al trono en 1598 véanse García García, 1996; Feros, 2002. Un análisis más centrado en
cuestiones de política exterior en Allen, 2001.
9 Referencias a las dimensiones globales que tomaba el c onflicto en Israel, 1997, p. 25-26.
Un análisis de la presencia y la importancia que la cuestión de las Indias cobraría en los
años siguientes en Herrero Sánchez, 2009.
10 En García García, 2007, p. 1215-1219.
11 Sobre el afecto real y el amor hacia los súbditos c omo instrumento para la c onservación
del Estado y la comunidad política, véase Pérez y ÁlamosBarrientos, 1991, p. 23-32.
Aunque es principalmente en la transición entre los siglos XVI y XVII y en el contexto
de una reorientación de las bases de su hegemonía cuando desde la Monarquía se da más
peso a mecanismos como la negociación y la reconciliación, probablemente haya que ver
en el siglo XVI el origen de estas dinámicas (SOEN, 2009).
12 CODOIN, 42, p. 244.
Negociación, sublevación y concierto 295
los primeros meses de 1605 entre los Estados Generales y los Estados de
Brabante. El hecho de que estas c onversaciones directas entre “rebeldes”
y “obedientes” se c ondujesen por canales en los que ni los archiduques
ni ningún representante de Felipe III participaban suscitó una honda
preocupación en el entorno del monarca, así c omo la denuncia de nume-
rosas voces que, teniendo en cuenta esta correspondencia y contacto de
los vasallos leales c on el enemigo, hicieron revivir desde Madrid el anti-
guo fantasma de la rebelión y el miedo a una nueva sublevación de las
provincias católicas. En las c onsultas celebradas en el Consejo de Estado
a lo largo de la primera mitad de 1605 se apuntaron c on insistencia los
peligros que nacían de una negociación protagonizada por los naturales
y que corría por vía de sus representantes e instituciones tradicionales,
al margen de sus soberanos. De las opiniones emitidas por los distintos
consejeros se percibe la pervivencia de una imagen de los habitantes de
los Países Bajos en la que se recalcaba su tendencia a la rebelión y a la
desobediencia hacia sus príncipes. Una imagen que tenía su origen en
la revuelta de 1568 y que se rescataba ahora especialmente con motivo
de las negociaciones, pero que probablemente nunca llegó a desaparecer
de la memoria colectiva de ciertos grupos, ni siquiera tras las fórmulas
de reconciliación arbitradas por Farnesio o la renovación de lealtades
promovida por los archiduques. En este sentido, Álamos de Barrientos
hacía para 1598 pocas distinciones entre los rebeldes neerlandeses, a
los que cabía c onsiderar enemigos públicos, y “los reducidos, porque lo
fueron y quédales la memoria y temor de la ofensa, cuyo castigo más
entienden que se les ha diferido que perdonado.”20 En relación a las
conversaciones entre rebeldes y obedientes a las que nos hemos referido,
las palabras del c onde de Olivares en la c onsulta del Consejo de Estado
de 24 de marzo son representativas a la hora de poner en evidencia la
sospecha generalizada que entre los c onsejeros existía hacia las mismas,
advirtiendo cómo estas podían acabar dando lugar a una colaboración
entre las provincias del norte y las del sur para procurar la salida de los
españoles, “lo cual desean tanto los obedientes c omo los rebeldes. Y así es
de creer que en procurarlo serán todos uno.”21 El Comendador Mayor de
León, por su parte, apuntaba cómo estos tratos podían dar lugar a “que
de aquí nazca arrimar a Sus Altezas o hacerlos retirar, c omo le sucedió al
señor don Juan de Austria.” Sin duda el miedo a que aquellas antiguas
reivindicaciones que habían marcado la pasada revuelta pudiesen volver
a cobrar fuerza justificaba la respuesta tajante del monarca “vuélvase a
escribir a mi tío que de ninguna manera c onviene la c omunicación de
los obedientes c on los rebeldes, y que así corte estas pláticas.”22
Las críticas del c onsejo, por otra parte, no solo se vertían c ontra los
súbditos flamencos, sino que también alcanzaron al archiduque Alberto
por haber dado lugar a este tipo de actuación. La permisividad del archi-
duque fue duramente reprendida por individuos c omo el c ondestable
de Castilla que, subrayando la necesidad de hombres y dineros para
evitar cualquier desorden recomendaba la toma de precauciones contra
Alberto y “que el dinero vaya de manera que Su Alteza no pueda dis-
poner de él si la paz se hiciese entre los Estados.”23 La justificación del
archiduque no tardó en llegar por medio del c onde de Solre, quien
informó al monarca de cómo esta correspondencia “fue forzoso hacerse
[…] por no poner en desesperación a los súbditos obedientes de que no
se les permitía siquiera el dar oídos y respuesta a lo que los de las Islas
le propusiesen.” Como parece reflejarse de consultas como la de marzo
de 1605 la opinión mayoritaria de los miembros del consejo mantuvo
esa tendencia hacia la desconfianza de los naturales y la denuncia de sus
malas intenciones pese a las palabras del archiduque en defensa de sus
súbditos, quien garantizaba que el respeto y la obediencia de que estos
hacían gala imposibilitarían una actuación en contra de la voluntad de
su príncipe o en perjuicio de su autoridad24. Asimismo, el propio c onde
de Solre se nos muestra c omo uno de los más enérgicos defensores de
la lealtad de los flamencos, de los que señala cómo “correspondiendo al
deber de buenos vasallos y al amor y respeto que siempre han tenido
a sus Príncipes y a la conservación de la Religión Católica, los han
acudido siempre c on sus ayudas”25, siendo necesario por tanto “que se
quiten todas las sombras de desconfianza que tanto mal han causado y
podrían causar, y se hagan tales demostraciones de c onfianza que c on
ellos crezca la autoridad de Su Majestad.”26 Pese a esto, todo apunta
22 Ibíd.
23 AGS, Estado, leg. 2024, 53. Consulta del Consejo de Estado de 29 de enero de 1605.
24 AGS, Estado, leg. 2024, 76. Consulta del Consejo de Estado de 24 de marzo de 1605.
25 AGS, Estado, leg. 2024, 47. Apuntes biográficos del conde de Solre y de su posicionamiento
ante el problema flamenco en García García, 2002.
26 AGS, Estado, leg. 2024, 69.
Negociación, sublevación y concierto 299
LA MEMORIA DE LA REVUELTA
Y LA EXPERIENCIA DE LA HISTORIA C
OMO FUNDAMENTO
DE LA ACCIÓN POLÍTICA
1 El presente trabajo se enmarca dentro del proyecto de investigación: “El modelo policéntrico
de soberanía compartida (siglos XVI-XVIII). Una vía alternativa en la construcción del
Estado Moderno” (HAR 2013-45357-P). radicado en la Universidad Pablo de Olavide,
ES-41013, Sevilla, España, del que soy director y que está financiado por el MINECO
gracias a los fondos FEDER de la Unión Europea.
2 Merle, Oïffer-Bomsel, 2017; Carrasco Martínez, 2013; Martínez Bermejo, 2010.
3 Kattenberg, 2017.
310 MANUEL HERRERO SÁNCHEZ
EL IMPACTO DE LA REVUELTA
DE LOS PAÍSES BAJOS Y DE LA GUERRA DE FLANDES
ENTRE LOS C ONTEMPORÁNEOS
atención de una Europa asolada por la guerra y por todo tipo de movi-
mientos de protesta derivados de las crecientes exigencias fiscales y de
los sangrientos enfrentamientos religiosos que dividían el c ontinente.
Como ha advertido c on acierto Jasper Van der Steen en un reciente
libro en torno al peso de la rememoración de la guerra de Flandes a
lo largo del siglo XVII, dicho c onflicto se c onvirtió en un referente
fundamental en la conformación de una memoria c omún tanto en las
Provincias Unidas como en los Países Bajos del sur que se mantuvieron
fieles al monarca católico13. No debemos olvidar tampoco que, a pesar
de la notable difusión y el impacto de los innumerables panfletos dis-
tribuidos desde Holanda en contra de los Habsburgo14, los libros sobre
la guerra de Flandes que lograron mayor circulación fueron publicados
en el espacio político católico. En 1632, el que fuera internuncio papal
en Bruselas entre 1607 y 1615 y nuncio apostólico en París entre 1616
y 1621, Guido Bentivoglio, publicaba en Colonia la primera parte Della
guerra di Fiandria que no tardó en convertirse en la obra de referencia
sobre la fase inicial del conflicto, como acreditan las sucesivas reediciones
y el gran número de lenguas a las que fue traducido15. Ahora bien, el
libro más c onsultado sobre sobre el c onflicto de los Países Bajos fueron
los diez volúmenes redactados por el jesuita Famiano Strada aparecidos
por vez primera en latín en 1632 y que, a pesar del elevado coste de la
edición, serían traducidos nada menos que a seis idiomas. Una versión en
holandés llegó a publicarse con gran éxito en Dordrecht por la aceptación
que alcanzó entre los sectores anti-orangistas de la república debido a
las ácidas críticas vertidas contra el Estatúder y su entorno cortesano16.
El valor ejemplarizante de la guerra de Flandes parecía estar indiso-
lublemente unido a los motivos que movían a la Monarquía Hispánica
a mantener su presencia militar en dicho territorio a pesar del elevado
coste en hombres y en dinero y de las numerosas voces que apostaban
por alcanzar un acuerdo de paz c on los rebeldes flamencos que permi-
tiera a la corona canalizar sus energías hacia otros escenarios. En 1640,
lo advertía de forma harto elocuente Saavedra Fajardo cuando señalaba:
Con las guerras de los Países Bajos se olvidaron en España las civiles. Mucho
ha importado a su monarquía aquella palestra o escuela marcial, donde se
han aprendido y ejercitado todas las artes militares. Si bien ha sido c omún la
enseñanza en los émulos y enemigos suyos, habiendo todos los príncipes de
Europa tomado allí lección de la espada. Y también ha sido costoso el sustentar
la guerra en provincias destempladas y remotas, a precio de las vidas y de
graves usuras, con tantas ventajas de los enemigos y tan pocas nuestras, que
se puede dudar si nos estaría mejor el ser vencidos o el vencer, o si c onvendría
aplicar algún medio, con que se extinguiese, o por lo menos se suspendiese
aquel fuego sediento de la sangre y del oro, para emplear en ambos mares,
Mediterráneo y Océano, manteniendo en África la guerra, cuyos progresos,
por la vecindad de Italia y España, unirían la monarquía. Pero el amor a
aquellos vasallos tan antiguos y tan buenos, y el deseo de verlos desengañados
de la vil servidumbre que padecen a título de libertad, y que se reduzcan al
verdadero c ulto, puede más que la razón de Estado17.
Barca: Rodríguez, 2002 y 2008. Por su parte, Porfirio Sanz Camañes hace referencia a
otras obras de teatro c omo Los amotinados de Flandes de Luis Vélez, El valiente negro en
Flandes de Andrés de Claramonte o El saco de Amberes atribuida a Rojas Zorrilla: Sanz
Camañes (2004).
26 Diego Saavedra Fajardo, Locuras de Europa, 1645. Este texto no se publicaría hasta mediados
del siglo XVIII pero su circulación manuscrita fue muy amplia y su impacto, como la
mayor parte de la obra de Saavedra Fajardo, uno de los publicistas y diplomáticos que
mayor reconocimiento alcanzó en la Europa del momento, considerable.
La memoria de la revuelta de Flandes 319
31 Entre los c onsejeros de Estado que prepararon el arresto se encontraba el duque de Alba
lo que, según un observador contemporáneo era un “mal presagio para flamencos por las
cabezas que quitó su abuelo en los Países Bajos” en Vermeir, 2009, p. 320-321.
32 Archives Générales du Royaume de Bruxelles (AGRB), Secrétairerie d’État et de Guerre
SEG, 254, f.120, El Archiduque Leopoldo Guillermo a Felipe IV, Bruselas, 1653.
33 Herrero, 2000, p. 201-220. Véase también Ribot, 2015.
34 Archivo General de Simancas (AGS), Estado, 2267 Carta de Felipe IV a Don Juan José
de Austria, Madrid, 11-7-1656.
322 MANUEL HERRERO SÁNCHEZ
LA MEMORIA DE LA REVUELTA
DE FLANDES EN LA CONSOLIDACIÓN DE LA ALIANZA
HISPANO-NEERLANDESA FRENTE A LUIS XIV
De la tiranía española a la francesa
CONSIDERACIONES FINALES
INTRODUCTION
The “Coup d’État” as a fundamental element
of Genoese history
3 Pacini, 1999.
4 The insurrection of Gian Luigi Fieschi is well recounted by Pacini, 2010; see also Raggio,
1997. On the events of the years 1575-1576 see Savelli, 1981, and for a more general
overview of the institutional revolutions of the sixteenth century see Pacini, 2003.
5 Schiller, 1783. Schiller’s influence on Verdi also inspired the latter’s Simon Boccanegra,
which recalls another famous c onspiratorial episode of fourteenth century Genoa (see
The Ever-impeded Revolt 335
18 Congiura di Gregorio Leveratto e Gio. Batta Vassallo contro il Serenissimo Duce di Genova e
nobiltà tutta…
19 On the reward – in truth an archducal title – promised to Balbi, see also the amusing
reconstruction given in the so-called Stella Nera (Ansaldo, 1934).
The Ever-impeded Revolt 339
22 The correspondence is held in the Archivio di Stato di Genova, Archivio segreto, Lettere
cardinali, 2812.
23 Pinelli wrote of having adopted this policy so that “all that which Your Serenity [the
Doge] and Illustrious Sirs [the College] have instructed me may fall silent.”
24 On the Genoese polemicists, in particular relation to the events of 1575-1576 and to the
movements in Rome, see Savelli, 1980.
25 Relatione di Genova…
26 On this issue, see in particular Doria, Savelli, 1980, p. 277-355, note 83.
The Ever-impeded Revolt 341
30 The date of Lorenzo S auli’s murder is more precisely traceable thanks to a letter written
by the v ictim’s brother, Cardinal Antonio Sauli, who in May 1601 wrote to thank the
government for the condolences which they had expressed (ASG, Archivio segreto, Lettere
cardinali, 2817).
The Ever-impeded Revolt 343
31 Beyond the c ontemporary and archival sources, on which we will focus shortly, there
exists a single c omprehensive – albeit much later dated – account of this conspiracy:
Arias, 1897.
32 An in-depth analysis of the practice of memorialising condemnation through the columns
of infamy has yet to be made. It is an instrument which partly derives from the practice
of defamatory painting, for which I refer readers to Ortalli, 1979. In any case, the column
of infamy was at the centre of various literary-juridical reflections, amongst which stands
out Manzoni’s Storia della Colonna infame, which has been subject to numerous critical
editions over the years (here, I cite one of the most recent and c omprehensive: Manzoni,
2002).
33 After the failed conspiracies of Gian Paolo Balbi in 1648 and Raffele Della Torre the
younger in 1672, two defamatory plaques were erected, and remain visible in two dif-
ferent locations within the city’s historical centre. On the attempted coup of ‘Raffaellino’
Della Torre, which was directly tied to the outbreak of the second guerra savoina, see
Demaria, 1892; Marana, La congiura di Raffaello Della Torre con le mosse della Savoia contro
la Repubblica di Genova; Salvi, 1933.
344 DIEGO PIZZORNO
37 On the extremely delicate situation which arose in the wake of this attempted c onspiracy,
see Quazza, 1930.
38 On the wider movements of Mongiardo, see also Pizzorno, 2015a.
39 Casoni, Annali della Repubblica di Genova del secolo decimosettimo, p. 140.
40 Ruffo was arrested in September 1627, specifically on the grounds of his ties to Ansaldi
(ASG, Archivio segreto, 2984: Informazioni prese per l’arrivo del Conte Ansaldo Agente del
Duca di Savoia in Rapallo, e carcerazione di Giacomo Raffo [sic] per aver praticato con lo stesso).
Benigassi had instead been subject to two separate trials on counts of having conspired
alongside Claudio De Marini himself. Having been sentenced to exile in Sicily in June
1626, Benigassi was later restored to freedom upon the payment of his bail. The court
346 DIEGO PIZZORNO
proceedings of the case against Benigassi are held in the Archivio di Stato di Genova,
Archivio segreto, 2981-2982.
41 Rodino himself remains a largely obscure figure, and was probably acting in search of
atonement. Between 1625 and 1626, he had been on trial for high treason, on charges
of having orchestrated, alongside his relatives Giovanni Gregorio and Giovanni Paolo,
the Piedmontese invasion of the Ligurian Ponente in 1625 (Rodino had been resident in
Diano). The court proceedings against Rodino, which began in August 1625, are held
in the Archivio di Stato di Genova, Archivio segreto, 2982.
42 Arias, 1897, p. 72-73.
43 On the Savoyard assassination attempts in Genoa between 1628 and 1629, see Pizzorno
(unedited).
The Ever-impeded Revolt 347
Diego Pizzorno
HISTORY IN THE SERVICE OF ORDER
The memory of popular revolts
in the public domain and in judicial practices
(Kingdom of Naples, 17th-18th century)1
10 “Nihil in discordiis civilibus f estinatione tutius, ubi facto magis quam c onsulto opus est”, Tacitus,
Histories I 62, quot. by Caravita, Institutionum criminalium, II, p. 480.
11 Caravita, Institutionum criminalium, II, p. 469-479: “statim compressa seditiosa audacia, Galli
omnes uno, et concordi animo in obsequium Principis proniores se reddiderunt”.
History in the service of order 355
Masaniello the time to plot their machinations and incite the “plebs”
against the government17.
In my opinion, the recourse to similar examples taken from the history
of the previous centuries, which is very frequent in Caravita but is also
found in the work of other jurists, such as in the treatises of Aniello de
Sarno (1672), Carlo Antonio de Rosa (1680) or Giuseppe Basta (1783),
met multiple requirements: of the juridical, psychological and political
kind. The two primary goals are those which I have already mentioned:
distinguishing between the different cases of rebellion and providing the
rulers with models and anti-models of behaviour, indicating the most
appropriate strategies in order to avert any threat. This need was all
the more perceived inasmuch as in the Kingdom of Naples the proce-
dures to be adopted in case of disturbances were not rigidly codified: in
matters of political crime, the Roman laws and jurisprudence remained
the foundations for the organization and the doctrine, and no law of
the Kingdom was specifically devoted to rebellion18. The examples
taken from the history of the recent centuries thus had the function
of bringing the somewhat abstract and often anachronistic formulas of
Roman law back to c oncrete situations. In doing so, they allowed for
a distinction between the different specific cases of rebellion and the
different situations, for the formulation of a sort of hierarchy of crimes
on the basis of their seriousness.
Alongside this need, however, it is possible to recognise other, less
explicit, and sometimes, to some extent, even unconscious needs. If
“the very act of writing was an effective way of coping with exceptio-
nal events” because it made it possible to give order and meaning to
traumatic memories19, reference to the past in particular was one of
the tools that made it possible to inscribe those, often traumatic, events
into a sequence, to give them an order and to evaluate them in light
of the past. Textual criticism, as well as studies of social psychology
and cultural sociology, confirm that disruptive events, especially when
they represent a threat to the social order and to the collective identities
connected to it, in the public sphere are often related to recognized
causes and the multiplicity of the subjects who were their protagonists.
The reworking of their memory had begun in the aftermath of their
occurrence, by the restored authorities and cultural agents27 (chroniclers,
poets, jurists, painters, etc.) who had been entrusted with the task, or
granted the power, of providing readings of the events that had occur-
red. From 1648, c ontrol over the publication and circulation of news
was strengthened28, in sync with what was happening in other areas
in Europe29, and stricter control of communication processes favoured
the establishment of agreed versions of the past30. The c onstruction
of a shared memory was successful in spreading and establishing the
images of an upheaval produced by the insolence, greed and thirst for
“novelties” of the urban plebs, in the context of the glorification of the
Spanish monarchy. In this powerful narrative, the participation of the
different social groups, as well as the projects and political goals of the
insurgents, were c onsiderably scaled down and discredited, if not omitted;
the insurrectional movement was presented as the consequence of the
cupidity of some c onspirators and of the basest impulses of the urban
plebs. A similar reading is found, for example, in the famous history
of the viceroys written by Parrino at the end of the 17th century, which
ascribes the revolt to the action of the “discontented, who served as bel-
lows to light this fire”. The leading figure amongst these was Genoino,
who, “taking advantage of the K ing’s clemency, sought opportunities
to vent his rage, and the malevolence, which he harboured in his
soul”31; his “pernicious maxims” found an audience in some leaders of
the urban plebs, like Giuseppe Palumbo and Domenico Perrone, who
were “greatly cross, for having been held in prisons for many months”
for dealing in c ontraband, and especially in Masaniello, “base servant
of a fishmonger”, who was also full of rancour towards the government
since the arrest of his wife: “he was seeking the opportunity to avenge
such an affront, and c ontemplated the idea of stirring some uprising”32.
The reading furnished by Troyli in the middle of the following century
was not very different; Troyli models his narration after the chronicle
27 Alexander, 2012.
28 Santoro, 1986, p. 34-36; Lombardi, 2000, p. 146-147.
29 Dooley, Baron, 2001; Koopmans, 2005.
30 Fentress, Wickham, 2008, p. 41-85.
31 Parrino, Teatro eroico e politico, II, p. 345.
32 Ibid., p. 345-346.
360 DOMENICO CECERE
43 Archivio di Stato (Napoli), Real Camera di S. Chiara, Bozze di Consulte, vol. 5, 77; De
Ruffi, Difesa per le Università; Grassi, Ragioni dell’Illustre Marchese.
44 Cecere, 2013b.
364 DOMENICO CECERE
45 Grassi, Ragioni d ell’Illustre Marchese. Of one of them it was said “ne per l’età canuta se gli
è raffreddato quel mal talento, quella perversità, quel furore, che trasse fin dalle fasce.”
46 Ibid.
47 Von Lobstein, 1973, p. 259-260.
48 Grassi, Ragioni d ell’Illustre Marchese: “[…] ne sono vive tuttavia in q uel’ Paese le rimembranze
tramandate da lor maggiori”.
History in the service of order 365
Domenico Cecere
Telemme, Aix-Marseille Université
CONTESTED MEMORIES
The Revolutions of the Past
in Eighteenth-Century Britain
6 See Niggemann, unpublished. For the concept of narrative “refiguration” see Ricœur,
1983, p. 109-129.
7 Holmes, 1987; Speck, 1970; Hill, 1976 and 1996; Harris, 1993.
8 Rubini, 1967.
9 Niggemann, 2013, p. 63-75.
370 ULRICH NIGGEMANN
but also by large-scale rioting25. These riots took place in the aftermath
of the trial of Henry Sacheverell, who was impeached by the House of
Commons in December 1709 due to a sermon he had preached on the
5th of November that year. A cleric of the Anglican Church, Sacheverell
had preached against Protestant dissenters and against the toleration
established by the “Glorious Revolution” in 168926. The sermon was
understood by his opponents as a statement against the Revolution
Settlement itself, and for this offence, the Whig majority within the
House of Commons pushed the impeachment through Parliament.
The verdict confirmed Sacheverell’s guilt, but dismissed him with a
mild punishment. The trial caused much popular unrest, and the lax
punishment represented a triumph for S acheverell’s supporters. The
rioting and pamphlet war persisted that year through highly-contested
parliamentary elections, which brought a landslide victory for the Tories
and enormous losses for the Whigs27. The sermon by Sacheverell, and
the riots as well as the Tory victory can be interpreted as symptoms of
a broad dissatisfaction with the political and religious situation in post-
revolutionary England. Thus they constituted a high point of religious
and political conflict during the reign of Queen Anne.
It is, however, crucial to note that the party struggle was not about the
legitimacy of the Revolution of 1688-1689. It was about the Church and
which party the Queen could trust. The projected Hanoverian succession
was already looming, set to become reality in 171428. In this situation,
recollections of the two revolutions of the seventeenth century framed
political debates. These memories were used as arguments against the
claims of the political enemy, and they became mighty weapons used
to vilify and defame the opposite party.
As shown, the Tories and their High Church allies made use of memo-
ries of the mid-century revolution to attack the Whigs as Republicans
in disguise, seeking to destroy the monarchy and the Church of England
to erect a republic and a Presbyterian Church. The memories of the civil
wars and the interregnum were, from a Tory point of view, a constant
29 Hyde, The History of the Rebellion and Civil Wars in England, Begun in the Year 1641. See
Richardson, 1977, p. 36-38.
30 Potter, 1999, p. 240-262; Sharpe, 2000, p. 383-405; Lacey, 2003.
31 Milbourne, The Measures of Resistance to The Higher Powers, p. 5.
32 [Sacheverell], The Answer of Henry Sacheverell, p. 9.
Contested Memories 375
engraving. The scenery of both is quite similar, but now Sacheverell sits
as postillion on the front horse, and James Francis Edward Stuart, the
suspiciously born son of James II, sits in the coach. The horses trample
down the concepts of “Moderation”, “Toleration”, “Liberty” and “Property”,
and at the back of the coach are wooden shoes, symbolising French sla-
very43. This print was a clear warning that Toryism, as represented by
Sacheverell, meant nothing less than the destruction of the Revolution
Settlement. Many other pamphlets struck the same chord44. Even the
articles of impeachment against Sacheverell accused him of a “wicked,
malicious, and seditious Intention, to undermine and subvert Her M ajesty’s
Government, and the Protestant Succession as by Law established, to
defame Her M ajesty’s Administration, to asperse the Memory of His late
Majesty, to traduce and c ondemn the late happy Revolution”45.
Thus, the Tory and High Church position, with its strict rejection
of resistance, was thought to be a rejection of the Revolution; therefore,
the Tories and their supporters were seen as Jacobites in disguise.
The struggle concerning the interpretation of the past had pragmatic
and strategic implications. The aim was not only to enforce a certain
meaning of the events, but to establish interpretative predominance. Both
parties tended to ignore the fact that there were different interpretations
of the “Glorious Revolution”. They judged the opposite position based
on their own understanding. In doing so, they refigured the memories
of both revolutions not only to give meaning to the events, but also to
serve present-day purposes. Both sides used memories of the past to
construe a negative image of their adversaries as enemies of the present
settlement. These techniques were part of a political practice of defama-
tion and self-fashioning, and they worked against the background of the
bogy of Jacobite and/or Republican threats. It was a highly emotional
contest, because the images and memories were charged with symbolic
meaning and moral judgments, and were linked to central aspects of
society, in particular the Church. The fervour of these debates may
explain why, in the course of the impeachment against Sacheverell,
people took to rioting.
43 Pincus, 1995, p. 333-361.
44 For example [Kennett], A True Answer to Dr. S acheverell’s Sermon Before the Lord Mayor;
Anon., Chuse which you Please; [Toland], High Church Display’d. For a comprehensive
overview of contemporary publications, see Madan, 1978.
45 [Sacheverell], The Answer of Henry Sacheverell, p. 5.
378 ULRICH NIGGEMANN
had been betrayed by the governing Whig party. In this c ontext, The
Craftsman argued that central aspects of British liberties had not been
codified in the Bill of Rights. Thus, a corrupt government could easily
destroy the achievements of the Revolution49.
However, it was in the 1760s – after George III’s accession to the
throne and the end of the Whig monopoly in the ministry – that a
new debate opened, in which memories of Britain’s revolutionary past
once again played an important role. Not only had some of the most
authoritative histories of England been published towards the middle of
the century – such as Paul de Rapin T hoyras’s History of England (1732)
and, even more importantly, David H ume’s History of England From the
Invasion of Julius Caesar to the Revolution of 1688 (1754-1761) – which
provided the public with a stringent narrative of England’s past50.
Yet the political and societal circumstances themselves enforced a cri-
tical retrospect in search of models to solve current problems and to
serve as ideological weapons against opponents. Ministerial crises; an
expensive war; the burgeoning struggle with the American colonies;
and the revival of religious strife between the Church of England and
new dissenting groups, such as the Methodists, are only some of the
problems that were at hand51.
John Wilkes and radicals in the second half of the eighteenth century
continued those attacks which opposition groups in the earlier century
had begun52. In fact, Wilkes cherished the Revolution as “the great æra
of English liberty”, stressing that from then on, “freedom has made a
regular, uninterrupted abode in our happy island”53. Edward Pickard, a
dissenting preacher, also lauded the “Glorious Revolution” as the great
caesura in England’s history of liberty54. This praise of the Revolution of
1688-1689 can be further interpreted in light of Tory ministers appointed
49 For example [Saint John], The Craftsman, vol. 6, p. 121; Ibid., vol. 7, p. 399-400; Ibid.,
vol. 8, p. 238-239. Similarly [Toland], Letters from the Right Honourable the late Earl of
Shaftesbury, to Robert Molesworth, vii-viii; Anon., The Right of British Subjects, p. 4-5. See
Niggemann, unpublished, p. 412-471.
50 De Rapin Thoyras, The History of England; Hume, The History of England from the Invasion
of Julius Caesar to the Revolution of 1688. See Okie, 1991.
51 For an introduction, see Langford, 1989.
52 For Wilkes and his supporters, see Rudé, 1962; Christie, 1962; Wilson, 1998, p. 206-236.
53 Wilkes, The History of England from the Revolution to the Accession of the Brunswick Line,
p. 5.
54 Pickard, National Praise to God for the glorious revolution, p. 15.
380 ULRICH NIGGEMANN
CONCLUSION
Ulrich Niggemann
Augsburg Universität
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428 LA MÉMOIRE DES RÉVOLTES EN EUROPE À L’ÉPOQUE
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Les Aragonais qui ont écrit sur la rébellion de 1591 prétendent, c omme
Lupercio de Argensola, exposer « la vérité simple et nue des événements
d’Aragon ». Cependant, dans leurs discours est perceptible un processus
sélectif de mémoire et d ’oubli, visant à appuyer un projet politique c oncret.
Ce travail explore ce processus, influencé par les limites du métier d ’historien,
par la situation difficile après le conflit et par le changement de paradigme
historiographique enregistré à l’époque.
Au xviiie siècle, le c omplot des Pazzi était utilisé par les auteurs des
Lumières pour dénoncer la violence d ’une époque, durant laquelle, des princes
aussi légitimes que les Médicis pouvaient être la proie des plus odieux calculs
politiques. Sismondi, au début du xixe siècle, introduit une nouvelle lecture :
celle du tyrannicide. Les Pazzi souhaitaient rendre la liberté à leur cité asservie
politiquement et redonner à leurs c oncitoyens les moyens d’agir pour la res
publica.
Ann Hughes, « Taking Account and Making Memories in the English Civil
War »
Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « “We Will Ask for a New Artevelde”. Names,
Sites, and the Memory of Revolt in the Late Medieval Low Countries »
Après les c onflits urbains survenus dans les Pays-Bas à la fin du Moyen Âge,
les autorités, les princes tout comme leurs sujets et les révoltés façonnèrent divers
450 LA MÉMOIRE DES RÉVOLTES EN EUROPE À L’ÉPOQUE
MODERNE
Après 1598, le rapprochement diplomatique initié par les archiducs avec les
Provinces Unies fut suivi de près en Espagne, et au Conseil d ’État s’exprimèrent
des préoccupations au sujet des c ontacts entre les sujets catholiques des Pays-Bas
des Habsbourg et les rebelles néerlandais. La mémoire des anciens épisodes de
révolte et la peur d’un nouveau soulèvement général aux Pays-Bas ont toujours
été à la base de la réticence des c onseillers devant la négociation avec l ’ennemi.
Résumés 451
Le coup d ’État est un fil rouge dans l’histoire de Gênes. Le dernier coup
réussi, celui de Doria en 1528, a donné à la République une structure qui,
malgré l’insurrection de Fieschi (1547) et une guerre civile (1575-1576), a
trouvé sa stabilité. Cet essai contient deux exemples antithétiques de mani-
pulation effectuée au xviie siècle par l’oligarchie génoise sur la mémoire des
épisodes insurrectionnels : le coup de Leveratto, couvert par l’oubli, et celui
de Vachero, voué à la damnatio memoriæ.
et religieux du xviiie siècle. Les partis whig et tory ont mobilisé les souvenirs
de ces révolutions pour se discréditer mutuellement auprès des monarques.
Après 1760, ces oppositions partisanes c ommencent à s’étioler avec l ’émergence
de mouvements réformateurs qui c onduisent à la réhabilitation de certains
segments de la révolution de 1640 aux dépens de celle de 1688-1689.
TABLE DES MATIÈRES
Première partie
L’ÉCRITURE DE LA RÉVOLTE
LES USAGES POLITIQUES
DE L’HISTORIOGRAPHIE
Marion Bertholet
Écritures, mémoires et usages politiques
d’une révolution manquée.
La conjuration des Pazzi et la révolte des Florentins (1478)
dans l’historiographie des Lumières à Sismondi . . . . . . . . . . . . . . 91
Éric Leroy du Cardonnoy
Clio, une muse mineure ?
ou l’Histoire du soulèvement des Pays-Bas
de Friedrich Schiller . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Deuxième partie
MÉMOIRES PUBLIQUES,
MÉMOIRES PRIVÉES
LES ARCHIVES FAMILIALES
DE LA RÉVOLTE
Laura Casella
Mémoire de la révolte et mémoires de famille.
La crudel zobia grassa (1511)
dans les livres de famille du xvie siècle :
brève histoire des manuscrits et des éditions . . . . . . . . . . . . . . . 143
Ann Hughes
Taking Account and Making Memories
in the English Civil War . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Stéphane Jettot
De la dissimulation à la c ommercialisation.
Les mémoires familiales de la première révolution anglaise
(1660-1740) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Table des matières 455
Troisième partie
ORALITÉS ET TRANSMISSIONS
LES EFFETS SUBVERSIFS
DE LA REMÉMORATION
Vincent Challet
Entre oubli et résurgence.
Le souvenir des révoltes paysannes dans l’Occident médiéval . . . 215
Jan Dumolyn et Jelle Haemers
“We Will Ask for a New Artevelde”.
Names, Sites, and the Memory of Revolt
in the Late Medieval Low Countries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Éva Guillorel
La mémoire comme moteur de la révolte.
Réflexions autour du rôle subversif
des traditions orales dans l’Europe moderne . . . . . . . . . . . . . . . 251
José Luis Egío
“Restaurar el reino de Francia en su antiguo esplendor”.
Percepción y fundamentación histórica
en la sublevación de los malcontents (1574-1576) . . . . . . . . . . . . . 269
456 LA MÉMOIRE DES RÉVOLTES EN EUROPE À L’ÉPOQUE
MODERNE
Quatrième partie
LA MÉMOIRE DE LA RÉVOLTE
DANS L ’ACTION POLITIQUE