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Carlos Barros
Université de Saint-Jacques de Compostelle
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Texte de la Communication présentée au Colloque International “Bilan et perspectives de
l’histoire immédiate”, organisé pour le Groupe de Recherche en Histoire Immédiate (GRHI)
de la Université Toulouse-Le Mirail le 5 avril 2006. Publié en : Bilan et perspectives de
l’histoire immédiate (Actes du Colloque International du GRHI, 5 et 6 avril 2006), Toulouse,
2007, pp. 29-32.
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Depuis 1999, le réseau HaD a enregistré presque
3000000 de visites sur son site (www.h-debate.com) traduit en
espagnol, en français et en anglais, y sont présentés des listes
de discussion, une liste générale sur la méthode, sur
l’historiographie et sur la théorie de l’histoire avec 2700
adhérents et une liste de discussion sur l’histoire immédiate est
particulièrement active - 800 adhérents -, participants
originaires de 50 pays débattent régulièrement.
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En avril 2002, durant un colloque d’histoire de
l’Association d’histoire actuelle, à Cadix, en Espagne, ma
communication a porté sur le thème « Est-il possible d’écrire
une histoire immédiate ? », nous parlions à ce moment là
d’une nouvelle approche de la recherche.
Au mois de juillet 2004, a été organisé le 3 ème colloque
international Histoire en Débat, où l’histoire immédiate a
occupé une place importante. C’est à ce moment-là que se sont
renforcées nos relations avec la France avec la participation de
Nicolas Prognon, membre du GRHI, et de Christian Thibon,
de l’Université de Pau, ici présents ; par la suite, nous avons
fait la connaissance de Jean-François Soulet et Guy Pervillé,
fondateur et directeur du Groupe de Recherche en Histoire
Immédiate de Toulouse.
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Pour faire aboutir cette internationalisation, il y a – à mon
avis et d’après notre expérience - trois conditions, par rapport
à l’heure de la mondialisation de la communication et de
l’information qui nous vivons:
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1. Pour faire de l’Histoire immédiate, il faut changer les
paradigmes historiographiques, car pour inclure le
présent en tant que sujet dans la recherche historique. Le
positivisme ne nous est plus utile. Le mythe scientiste
que le positivisme a diffusé, selon lequel, il faut 50 ans
pour écrire l’histoire de façon « impartiale », est
aujourd’hui invalidé. Même les Annales disaient qu’il
faut comprendre le passé pour le présent et le présent
pour le passé, mais ne jamais étudier comme historiens le
présent pour lui-même. Par exemple : le témoignage de
Marc Bloch sur la deuxième guerre mondiale, auquel on
décline les caractères d’un ouvrage d’histoire ; pourtant,
Bloch –« l’historien des campagnes »- a écrit qu’il
applique sur ces événements tragiques et vécus. « les
mêmes habitudes de critiques, d’observation et j’espère
d’honnêteté » (L’étrange défaite. Témoignage écrit en
1940, Paris, Société des Éditions Franc-Tireur, 1946, p.
32).
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ce sujet, il existe un débat sur le site HaD qui s’intitule :
« Sommes-nous encore dans l’histoire contemporaine ? ».
Non, nous sommes dans un autre temps que nous
appelons Histoire immédiate… pour le moment ! Tous
les historiens sont formés pour étudier le présent comme
l’était après tout Marc Bloch, où comme le sont
aujourd’hui les médiévistes, auxquels j’appartiens. Nous
sommes, également, contre la prétention d’un petit
nombre de collègues en Histoire contemporaine - du
moins en Espagne - de monopoliser, de façon
corporatiste, l’histoire du monde actuel.
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histoire sans jalousie, il faut partager le champ de
l’Histoire immédiate avec d’autres sujets : académiques
mais aussi historiques, sociaux et politiques. Aujourd’hui,
tout le monde souhaite écrire l’histoire, c’est bon ? Oui,
c’est bon pour nôtre histoire professionnelle. Pour
redéfinir l’histoire comme discipline académique, nous
devons participer au débat social et politique sur
l’histoire - bien sûr - mais sans exiger de privilèges
exclusifs. D’ailleurs, il faut éviter combattre l’histoire
officielle des certaines institutions politiques réclament
une autre « histoire official » des historiens. Nous ne
sommes pas d’accord, avec une histoire
« monopole académiste» des historiens. En bref, nous
sommes contre le « retour » actuel à Ranke, Seignobos et
Langlois, parce que nous ne pouvons pas, nous ne devons
pas, faire table rase de la critique que Marc Bloch et
Lucien Febvre ont fait contre la vieille « histoire
historisante ». Enfin, il faut éviter la fracture entre
l’histoire et la mémoire, le métier d’historien et la vie,
l’académie et la société civile, l’histoire académique et le
monde des institutions politiques. Et si on observe des
différences entre historiens, ou entre historiens et groupes
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sociaux et politiques, sur la mémoire et sur l’histoire,
nous devons donc stimuler l’histoire en débat. Le débat,
la pluralité, l’engagement, c’est nécessaire, chers
collègues, même à l’intérieur de l’académie qui à aussi
besoin de la démocratie.
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sociaux ou politiques. Un exemple à l’échelle
internationale : la collaboration de Paul Preston, historien
hispaniste, avec l’assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe qui vient de condamner le franquisme et de
demander la réhabilitation des ses victimes. C’est la
première fois que fait cela une institution internationale et
s’est produit avant la publication de la loi mémorielle
qu’est en train de préparer le gouvernement de José Luis
Rodríguez Zapatero, qui ne va pas empêcher, ni pénaliser
le débat sur la guerre civile, évidemment. Merci.