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mission civilisatrice
le rôle de l’histoire coloniale
dans la construction
de l’identité politique française
ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE
9 bis, rue abel-hovelacque
PARIS XIIIe
2008
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ISBN 978-2-7071-5387-6
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dite sans autorisation de l’éditeur.
1. Au-delà des débats d’idées, il convient de citer aussi les tribunes de presse, appels
publics, controverses dans des émissions télévisées, films comme Indigènes de Rachid
Bouchareb, Le Malentendu colonial de Jean-Marie Teno, Harkis d’Alain Tasma, Mon
colonel de Laurent Herbiet, etc., qui ont marqué cette évolution. Par ailleurs, ces der-
nières années, de nombreuses revues ont consacré plusieurs dossiers à la question post-
coloniale : « Pour Frantz Fanon », Les Temps modernes, nº 635/2005-636/2006 ; « Pour
comprendre la pensée postcoloniale », Esprit, nº 10, 2006 ; « La question postcolo-
niale », Hérodote, nº 120, 2006 ; « Faut-il être postcolonial ? », Labyrinthe, nº 24,
2006 ; « Postcolonialisme et immigration », Contretemps, nº 16, 2006 ; « Postcolonial et
histoire », Multitudes, nº 26, 2006 ; « La colonie rapatriée », Politix, nº 76, 2006 ;
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6. Voir Observatoire national des zones urbaines sensibles, Rapport 2004, Éditions de
la DIV, 2004 <www.ville.gouv.fr/pdf/editions/observatoire-rapport-2004.pdf>.
7. L’expression est de H. ROUSSO, Le Syndrome de Vichy, Seuil, Paris, 1987.
8. É. S AVARESE , Algérie, la guerre des mémoires, op. cit., p. 18. Voir aussi
N. BANCEL, P. BLANCHARD et S. LEMAIRE (dir.), La Fracture coloniale. La société fran-
çaise au prisme de l’héritage colonial, La Découverte, Paris, 2005 ; P. BLANCHARD et
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12. F. VERGÈS, « “Le Nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc”, Frantz Fanon, escla-
vage, race et racisme », Actuel Marx, nº 38, 2005, p. 45.
13. Voir E. SAADA, Les Enfants de la colonie. Les métis de l’Empire français entre
sujétion et citoyenneté, La Découverte, Paris, 2007 ; P. W EIL , Qu’est-ce qu’un
Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Grasset, Paris,
2002 ; D. COLAS, Citoyenneté et nationalité, op. cit.
14. « Quel genre de Français est-ce là ? », interview de A. Finkielkraut par Dror Mis-
hani et Aurélia Smotriez pour Haaretz, 18 novembre 2005 (traduction française de
Menhaem Macinam). Voir <www.upjf.org/actualiees-upjf/article-10553-145-7-genre-
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ce préambule, incluant par exemple dans la liste des droits inaliénables de l’homme
celui à l’égalité, ou, dans le cas de la formulation de 1795, prolongeant l’énumération
des droits par celle des devoirs. Notre discours s’appuie sur la formulation de 1789
puisque c’est celle à laquelle la tradition française – jusqu’aux constitutions de 1946 et
1958, qui y font explicitement référence dans leurs préambules respectifs – se réfère de
manière la plus continue.
3. Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, in Les Consti-
tutions de la France depuis 1789 (présentation Jacques Godechot), Garnier Flamma-
rion, Paris, 1995, p. 33.
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3. E.-J. SIEYÈS, Essai sur les privilèges, Paris, 1789, pp. 5-6.
4. Ibidem, p. 2.
5. Ibidem, pp. 14-15.
6. Ibidem, p. 15.
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la vocation à l’universel de la république
7. Ibidem.
8. ARISTOTE, La Politique, Vrin, Paris, 1995, p. 25 (1252a). Notons que, pour ce phi-
losophe, l’esclavage n’est pas toujours et inévitablement l’expression de cette différence
de nature. La mise en esclavage peut intervenir par convention, en conséquence de
l’application de la constriction et de la violence sur un individu naturellement digne
d’un destin de liberté. Mais cela n’enlève rien à la séparation introduite au sein du genre
humain par la notion d’esclavage naturel.
9. Ibidem.
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Intégration nationale
et transcendance républicaine
15. E.-J. SIEYÈS, Qu’est-ce que le tiers état ?, 1788, Paris, p. 21.
16. Ibidem, p. 16.
17. Étienne Balibar dialogue de façon polémique avec Dominique Schnapper dans
É. BALIBAR, Nous, citoyens d’Europe ?, La Découverte, Paris, 2001.
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Nation et citoyenneté
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3. Ibidem, p. 170.
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4. Ibidem, p. 565.
5. Ibidem, p. 566.
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La Révolution et l’esclavage
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9. Les colons s’étaient réunis à l’hôtel Massiac, formant un groupe de pression connu
sous le nom de « club Massiac ». Ses principaux animateurs étaient Barnave, Lameth
et Moreau de Saint-Méry.
10. Mémoire des députés de Saint-Domingue, cité dans M. EZRAN, L’Abbé Grégoire.
Défenseur des Juifs et des Noirs, op. cit., chap. 12.
11. Fondée en 1788 par Brissot, la Société comptait parmi ses membres des person-
nages illustres et influents comme Condorcet, Mirabeau, Necker, Sieyès, La Fayette,
Clavière, Olympe de Gouges… Brissot avait trouvé l’inspiration de sa création dans les
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L’exception coloniale
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23. G. AGAMBEN, Moyens sans fins : notes sur la politique, Rivages, Paris, 1995,
p. 28.
24. Voir H. ARENDT, L’Impérialisme, Fayard, Paris, 1982 (« Points », Seuil, 2006).
Pour H. Arendt le fait d’être apatride est le phénomène de masse le plus moderne, et
les apatrides sont le groupe humain le plus caractéristique de l’histoire contemporaine.
Voir aussi A. LOTTO, « Diritti umani e cittadinanza in Hannah Arendt », DEP (Depor-
tate, esuli, profughe), nº 5-6, 2006, <www.unive.it/dep>, I. POSSENTI, L’apolide e il
paria. Lo straniero nella filosofia di Hannah Arendt, Carocci, Rome, 2002.
25. Voir D. COSTANTINI, « L’eccezione coloniale », DEP, nº 7, 2007, <www.unive.it/
dep>.
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Le rétablissement de l’esclavage
et l’« esprit de famille » européen
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La « noblesse de la peau »
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Un « engagement nécessaire »
1. Voir G. MANCERON, Marianne et les colonies, op. cit. et F. VERGÈS, Abolir l’escla-
vage, une utopie coloniale. Ambiguités d’une politique humanitaire, Albin Michel,
Paris, 2001.
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2. Ibidem, p. 92.
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naissance d’une mission
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L’exception algérienne
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9. Voir E. SAADA, Les Enfants de la colonie : les métis de l’Empire français entre
sujétion et citoyenneté, op. cit.
10. Cette notion est définie au chapitre 4 (deuxième partie).
11. P. WEIL, Qu’est-ce qu’un Français ?, op. cit., pp. 225 et 232.
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mesure, cette théorie n’est pas adaptée pour incarner les nou-
velles stratégies de légitimation que les milieux coloniaux per-
çoivent comme nécessaires, des stratégies ne se contentant pas
de revendiquer la nécessité du fait colonial, mais entendant
argumenter en faveur de son bon droit. Cette nécessité
s’exprime dans le curieux destin du livre de A. Girault à travers
ses éditions successives. Republié en 1943 sous la forme d’une
édition revue et condensée par Maurice Besson, sous-directeur
au ministère des Colonies et directeur de l’Agence écono-
mique des colonies françaises, le texte de A. Girault est signifi-
cativement épuré de toute référence à l’évolutionnisme social,
et devient le véhicule de la nouvelle doctrine officielle de la
colonisation. Cette nouvelle version représente ainsi la volonté
de renouvellement que les milieux coloniaux se sont appropriée
durant ces années, une volonté qui passe par l’abandon de l’ana-
logie biologique et vise à la progressive moralisation des argu-
ments coloniaux.
L’un des partisans de la moralisation est Georges Hardy, his-
torien, géographe et sociologue, également recteur de l’aca-
démie d’Alger pendant dix ans et directeur honoraire de l’École
coloniale. Selon lui, insister sur le caractère naturel de la coloni-
sation risque d’empêcher de saisir la spécificité de la coloni-
sation contemporaine. Ce qui compte pour comprendre le
phénomène historique de la colonisation n’est pas ce qui le lie
à la colonisation végétale et animale, mais ce qui l’en sépare
toujours plus. Pour comprendre la spécificité de la colonisa-
tion contemporaine, Hardy conseille de « ne pas confondre la
colonisation avec les différents modes de l’expansion ou de la
dissémination primitives : invasion, migration, refoulement,
conquête 5 ».
Le simple transfert spatial d’une population – qu’il soit
volontaire ou forcé, comme dans le cas du « refoulement » – ne
produit pas en soi du colonial, mais correspond à un mécanisme
instinctif que les groupes humains partagent avec les lichens et
les fourmis. La colonisation en tant que phénomène historique,
pour autant qu’elle puisse s’appuyer sur un instinct partagé par
l’homme et tous les autres êtres vivants, est le fruit de l’évolu-
tion de cet instinct, une évolution qui en modifie la nature et
rend inadéquat à sa compréhension tout réductionnisme de type
biologique. La colonisation du XXe siècle ne peut donc pas être
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Coloniser, civiliser
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26. Né en 1872, membre de l’Assemblée nationale à trente ans, Albert Sarraut fut une
personnalité politique de premier plan dans la France du début du siècle. Radical-socia-
liste, défenseur convaincu du « parti colonial », il fut deux fois gouverneur général de
l’Indochine française (de 1911 à 1914 et de 1916 à 1919), sept fois ministre des
Colonies, et deux fois Premier ministre (en 1933 et en 1936). Il poursuivit sa carrière
politique après la guerre, devenant en 1959 et 1960 président de l’Union française.
27. A. SARRAUT, Grandeur et servitude coloniales, op. cit., p. 79.
28. Ibidem, p. 79.
29. Ibidem, p. 102.
30. Ibidem, p. 102.
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sont aussi impérieux que ses droits sont légitimes 31. Une thèse
analogue est soutenue par Albert Bayet (universitaire) et Mau-
rice Viollette (parlementaire), tous deux membres influents du
Parti radical, lors du congrès national de la Ligue des droits de
l’homme de 1931, organisé sur le thème de « la colonisation et
les droits de l’homme » :
« La colonisation est légitime quand le peuple qui colonise apporte
avec lui un trésor d’idées et de sentiments qui enrichira d’autres
peuples ; dès lors la colonisation n’est pas un droit, elle est un
devoir […]. Il me semble que la France moderne, fille de la Renais-
sance, héritière du XVIIe siècle et de la Révolution, représente dans
le monde un idéal qui a sa valeur propre et qu’elle peut et doit
répandre dans l’univers. […] Le pays qui a proclamé les droits de
l’homme, qui a contribué brillamment à l’avancement des sciences,
qui a fait l’enseignement laïque, le pays qui, devant les nations,
est le grand champion de la liberté, a, de par son passé, la mis-
sion de répandre partout où il le peut les idées qui ont fait sa propre
grandeur 32. »
La théorie de l’assimilation
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des excuses supposées décisives pour les abdications les plus hypo-
crites, pour les paresses les plus honteuses, pour les lâchetés les plus
avilissantes 47. »
Inconsciemment conditionnée par les habitudes d’une société
incivile, la mentalité du non-civilisé semble « cristallisée »,
incorrigible. La culture particulière à laquelle les populations
colonisées appartiennent corrompt les capacités intellectuelles
et donc celles d’apprentissage, empêchant ainsi toute possibilité
d’en sortir. Le non-civilisé vit donc dans une condition définie
par R. Allier comme une « vraie désagrégation spirituelle » :
« Cette désagrégation, dont les origines remontent à des dates incal-
culables et qui est faite essentiellement d’abdication presque machi-
nale devant le fait, d’une passivité à peu près radicale devant les
événements moraux qui constituent la vie intérieure, d’une absence
complète d’initiative, est la cause profonde de cette ankylose intel-
lectuelle et morale qui a rivé chacune de ces peuplades aux stades
qu’elle n’a jamais pu dépasser 48. »
L’ankylose créée par l’habitude de l’incivilité enferme les
non-civilisés dans leur condition d’infériorité. Passifs par défi-
nition et ne possédant aucun esprit d’initiative, ceux-ci demeu-
reraient, sans la providentielle intervention d’une nation
évoluée, enfermés dans le cercle de leur barbarie, destinés à
le parcourir éternellement : « depuis des millénaires, [ils] sont
esclaves d’une mentalité déterminée qui les empêche de monter
plus haut 49 ».
R. Allier cite Hermann Dieterlen, qui, dans le Journal des
missions évangéliques, se prête à une confirmation bien
informée des thèses sur l’hétérogénéité formulées par
L. Lévy-Bruhl :
« Nous, les Européens, gens de réflexion et de raison, nous
éprouvons un besoin irrésistible de tout comprendre, d’être logiques,
de tout réduire en système, d’écarter toute contradiction dans nos
idées et dans nos croyances. Et nous procédons de la même manière
quand nous cherchons à comprendre et à expliquer les notions reli-
gieuses – ou soi-disant telles – des nègres. Nous échouons : quoi
d’étonnant ? Le nègre se contente d’idées plus vagues et ne se laisse
pas incommoder par les contradictions flagrantes qui s’y trouvent.
Il ne précise pas, il ne raisonne pas, il n’a pas de logique : il n’y
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regarde pas de si près […] ces nègres n’ont pas de théories. Ils
n’ont même pas de convictions, ils n’ont que des habitudes, des
traditions 50. »
Les non-civilisés ne possèdent ni logique ni pensée, n’ont
aucune idée qui ne soit vague et contradictoire. Comme ils ne
sont pas logiques, n’éprouvent aucun besoin d’ordonner leurs
connaissances dans un système et se montrent incapables de
transcender les faits sur le plan constructif de la théorie, leur vie
se déroule éternellement identique à elle-même dans le cercle
fermé de l’habitude et de la tradition. L’incapacité à s’amé-
liorer par l’apprentissage, marquant l’immobilité absolue des
cultures non civilisées, est une particularité qui, insiste
R. Allier, a étonné des générations de colonisateurs et de mis-
sionnaires, lesquels, à partir des allégations très théoriques des
Lumières, s’étaient préparés à les mener à la raison, à combler
leur retard par une patiente œuvre d’éducation. L’expérience
coloniale démontrerait donc le caractère largement idéolo-
gique de la pensée des Lumières et le caractère théorique de
l’affirmation de l’unité essentielle de l’espèce humaine. La pra-
tique coloniale et l’échec auquel conduisent invariablement les
tentatives de civilisation imposent à toute réflexion future sur le
statut des non-civilisés de « poser comme un fait qu’ils sont peu
disposés à la réflexion, au raisonnement abstrait, en un mot à
l’effort intellectuel 51 ».
Toutefois, si l’imperméabilité des non-civilisés à l’éduca-
tion devait se révéler complète, si la différence était véritable-
ment immuable, la principale ambition des civilisateurs, le but
même de la colonisation – faire entrer à l’intérieur de la famille
humaine ses fils dits attardés, assimiler les populations préten-
dument arriérées pour les conduire le long du chemin de la
raison et de la civilisation –, ne pourrait être atteinte. Dans le fil
de ce raisonnement, R. Allier, après avoir douté un moment
de la légitimité de l’ambition civilisatrice, rappelle comme elle
a de tout temps été utile aux conquistadores pour justifier leurs
entreprises d’exploitation ou d’extermination et affirme encore
plus solennellement la noblesse du devoir de civilisation,
d’autant plus élévée que ce devoir est ardu. L’affirmation de
l’unité du genre humain, typique de la tradition universaliste, ne
50. H. DIETERLEN, cité dans R. ALLIER, Le Non-Civilisé et nous, op. cit., p. 35.
51. R. ALLIER, Le Non-Civilisé et nous, op. cit., p. 36.
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peut donc être abandonnée mais doit être précisée dans le sens
que
« cette identité foncière est bien réelle, mais qu’elle n’apparaît pas
dans les faits, que deux humanités semblent bien être en face l’une
de l’autre, aussi différentes que possible, si différentes que les
efforts pour transformer la seconde à image de la première semblent
utopiques et vains 52 ».
L’affirmation de R. Allier est pour le moins obscure, témoi-
gnant bien de l’ambiguïté de la pensée coloniale. D’un côté,
il affirme que l’unité du genre humain est réelle, de l’autre,
que cette unité ne trouve pas d’écho dans les faits, qui démon-
trent au contraire l’existence de deux humanités, tellement dif-
férentes que tout effort d’unification semble vain. Comment
dépasser cette ambiguïté ? Comment penser à la fois l’unité
réelle et la division factuelle du genre humain ?
Pour R. Allier, l’unité du genre humain est réelle, tout
comme l’est, dans la tradition républicaine, l’unité de la nation,
fondée sur l’égalité humaine. Cette dernière précède dans un
sens théorique l’institution du corps politique, constituant le but
de sa réalisation et la raison de sa légitimité. Dans un autre sens,
cependant, elle trouve une concrétisation dans l’institution de
l’État, précisément capable de réaliser l’égalité et de défendre
les droits de l’homme en les transformant en droits du citoyen.
Ainsi, l’unité du genre humain précède par principe sa réali-
sation concrète mais n’est pas confirmée par les faits, qui mon-
trent encore une humanité divisée entre ceux qui ont eu accès à
la raison civilisatrice et ceux qui l’attendent encore. Dire que les
hommes sont égaux par principe mais que cette égalité n’est
pas encore concrète signifie que tous sont également capables
de s’acheminer sur la voie de la civilisation, qui conduit à la
pleine humanité de l’homme, mais que tous ne l’ont pas encore
fait, que tous sont civilisables mais pas encore civilisés. De la
même façon que l’État opère l’unité de la nation en transfigu-
rant l’homme dans le citoyen, le colonialisme réalise l’unité du
genre humain. En assimilant le non-civilisé, il le transforme en
un homme accompli, unifiant ainsi l’humanité divisée. R. Allier
résume ainsi le devoir fondamental du colonialisme :
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72. Ibidem.
73. R. MAUNIER, Introduction générale, op. cit., p. 12.
74. J. FOLLIET, Morale internationale, op. cit., pp. 200-201.
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3. Ibidem, p. 23.
4. A. SARRAUT, La Mise en valeur des colonies françaises, Larose, Paris, 1923.
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Travail et civilisation
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46. Cité dans A. RUSCIO, Le Credo de l’homme blanc, op. cit., p. 68.
47. J. FOLLIET, Le Travail forcé aux colonies, op. cit., p. 218.
48. Ibidem, p. 188.
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le colonialisme comme mission européenne
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7. L’éducation coloniale du peuple français n’a pas un caractère épisodique, lié aux
seules Expositions coloniales (qui d’ailleurs se multiplient, l’Exposition internationale
parisienne ayant été précédée quelques années auparavant par celles de Marseille et de
Strasbourg, et de la célébration fastueuse du centenaire de la conquête de l’Algérie).
Elle connaît entre les premières années 1920 et 1930 une accélération décisive, comme
en témoignent les modifications introduites dans les programmes scolaires. Dès 1925,
les nouveaux programmes scolaires pour le collège avaient rendu obligatoire l’étude de
la formation de l’empire colonial français, même si de fait celle-ci était déjà abordée
dans les manuels les plus utilisés. En 1938 l’étude des colonies françaises intègre éga-
lement le programme des écoles élémentaires. Voir R. GIRARDET, L’Idée coloniale,
op. cit., p. 122.
8. A. LYAUTEY, préface à Exposition coloniale internationale de Paris 1931. Rapport
général présenté par le Gouverneur général Olivier, t. 1 : Conception et organisation,
Imprimerie nationale, Paris, 1932.
9. P. REYNAUD, L’Empire français. Discours prononcé à l’inauguration de l’Exposi-
tion coloniale, Imp. De Guillemat et Lamathe, Paris, 1931, p. 31.
10. R. GIRARDET, L’Idée coloniale, op. cit., p. 121.
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le colonialisme comme mission européenne
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sujet est l’Europe et dont l’objet est constitué par les masses indi-
gènes, pensées comme une totalité indifférenciée :
« Par le mot et l’idée de colonisation, je veux ici seulement évoquer
le problème des rapports créés entre les races par l’expansionnisme
colonial, le problème de puissance et de conscience soulevé par les
contacts, les relations, les réactions de la domination européenne et
des masses indigènes qu’elle a colonisées 17. »
La colonisation – et donc la question des rapports entre les
races des colonisateurs et des colonisés – est un fait de la plus
grande importance dans le développement de l’humanité, qui est
à l’origine de toutes les grandes transformations de la modernité.
La modernité est un monopole de l’Europe. Elle est son bien
le plus précieux et son fardeau le plus pesant. A. Sarraut cite
l’expression de Kipling, « white man’s burden 18 », dont il
reprend le ton moral. La colonisation est pour l’Europe une obli-
gation et une nécessité qui descendent naturellement de son évi-
dente supériorité. Même lorsque A. Sarraut se projette dans un
futur aussi hypothétique que peu déterminé en termes de dis-
tance, dans lequel le rapport entre les races pourrait se modi-
fier vers plus d’égalité, de collaboration et de solidarité, il est
absolument évident que le sujet actif de la relation coloniale n’est
à ses yeux que l’homme blanc. Par l’action de l’homme blanc,
la lumière de la civilisation a commencé à resplendir sur les
colonies, permettant que des pays s’auto-excluant de l’histoire
depuis des millénaires s’acheminent sur la voie de leur propre
modernité. La colonisation européenne est donc pour A. Sar-
raut un « incomparable témoignage de civilisation et de puis-
sance 19 », dont le bilan séculaire est « incontestablement
admirable 20 ». Pour démontrer la bonté de l’entreprise colo-
niale européenne, il énumère la liste des bienfaits coloniaux : les
progrès introduits par la mise en valeur, l’hygiène, l’alimenta-
tion, l’instruction ; l’introduction du droit, de la propriété privée,
l’amélioration de la condition féminine, etc. Dans ce contexte, il
est difficile de comprendre le ressentiment des peuples colo-
nisés envers leurs bienfaiteurs. L’explication de A. Sarraut, nous
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Défense de l’Occident
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33. Ibidem, p. 9.
34. Ibidem, p. 10.
35. Ibidem, p. 11.
36. Ibidem, p. 8.
37. Ibidem, p. 12.
38. Les trois manifestes en question sont présents dans C. LIAUZU, Aux origines des
tiers-mondismes, op. cit., pp. 257-264.
140
le colonialisme comme mission européenne
39. Il suffira ici de rappeler que, par exemple, dans les tumultueuses années 1930,
A. Sarraut parvient à être nommé deux fois Premier ministre et que, lors de l’après-
guerre, il devient président de l’Union française, l’instrument à travers lequel la
IVe République tentera de réformer ses relations avec les colonies.
141
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Un premier épilogue :
la Conférence africaine française de Brazzaville
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67. Même si le terme de « race », très fréquent sous la plume de C. de Gaulle jusqu’à
la fin de la guerre, devient par la suite plus rare, il reste présent dans ses textes, repré-
sentant la constante des traits sociaux, linguistiques et religieux qui font la nation (voir
D. COLAS, Citoyenneté et nationalité, op. cit.).
68. D. COLAS, Citoyenneté et nationalité, op. cit., p. 189.
69. C. DE GAULLE, « 14 juillet 1943, discours prononcé à Alger (place du Forum) »,
in C. DE GAULLE, Discours et messages, op. cit., p. 313.
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mission civilisatrice
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6. Ibidem, p. 7.
7. Ibidem, p. 27.
8. Ibidem, p. 8.
9. Ibidem.
10. Ibidem, p. 9.
11. Ibidem.
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12. Ibidem, p. 7.
13. A. CÉSAIRE, « Culture et colonisation. Communication au Congrès des écrivains
noirs », in A. CÉSAIRE, Œuvres complètes, vol. 3 : Œuvre historique et politique : dis-
cours et communications, Désormeaux, Paris, 1976, p. 443.
14. A. CÉSAIRE, Discours sur le colonialisme, op. cit., p. 9.
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22. Ibidem.
23. Ibidem, p. 54.
24. Ibidem, pp. 10-11.
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53. R. CAILLOIS, « Illusions à rebours », Nouvelle Revue française, nº 25, 1955, p. 69.
54. Ibidem.
55. Ibidem, p. 70.
56. Ibidem.
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Colonialisme et hitlérisme
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62. Ibidem.
63. Ibidem, p. 23.
64. E. RENAN, La Réforme intellectuelle et morale, 1871, cité dans Ibidem, p. 15.
65. A. CÉSAIRE, Discours sur le colonialisme, op. cit., p. 13.
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Dialectique de la Négritude
90. Ibidem.
91. Ibidem, pp. 430-431.
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92. Le mouvement continuera après la guerre, trouvant son expression la plus signifi-
cative dans l’expérience éditoriale de Présence africaine – qui naît en 1947 grâce à
A. Césaire, L. Sédar Senghor, P. Hazoumé et Richard Wright, est dirigée par Alioune
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98. E. SAID, Culture et Impérialisme, Fayard, Paris, 2000, p. 325. Cependant, pour
E. Said, cette critique ne porte pas sur l’œuvre entière de A. Césaire, qui rend compte
du caractère inadéquat du « nativisme » et de la nécessité de le transcender pour poser
la question plus générale de la libération de l’homme.
99. Revenant sur le sens de son appartenance au mouvement, A. Césaire confirme
avoir été, dès le début, conscient du risque de voir glisser ses propres positions vers le
racisme : « Notre doctrine, notre idée secrète, c’était : “Nègre je suis et nègre je res-
terai.” Il y avait dans cette idée l’idée d’une spécificité africaine, d’une spécificité noire.
Mais Senghor et moi nous sommes toujours gardés de tomber dans le racisme noir. J’ai
ma personnalité et, avec le Blanc, je suis dans le respect, un respect mutuel »
(A. CÉSAIRE, Nègre je suis, nègre je resterai, op. cit., p. 28).
100. J.-P. SARTRE, « Orphée noir », Les Temps modernes, nº 37, 1948, p. 582. Il s’agit
d’un long extrait de la préface à L. S. SENGHOR, Anthologie de la nouvelle poésie nègre
et malgache de langue française, PUF, Paris, 1948.
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la réaction postcoloniale à l’universalisme colonial européen
« Le nègre ne peut nier qu’il soit nègre, ni réclamer pour lui cette
abstraite humanité incolore : il est noir. Ainsi est-il acculé à
l’authenticité : insulté, asservi, il se redresse, il ramasse le mot de
“nègre” qu’on lui a jeté comme une pierre, il se revendique comme
noir, en face du blanc, dans la fierté 101. »
Négation de la négation de l’homme noir, forme réactive de
racisme antiraciste, la Négritude s’annonce en affirmant la
supériorité de l’émotion noire sur la raison hellène, en ruinant
les hiérarchies du préjugé.
« La Négritude apparaît comme le temps faible d’une progression
dialectique : l’affirmation théorique et pratique de la suprématie du
blanc est la thèse ; la position de la Négritude comme valeur anti-
thétique est le moment de la négativité 102. »
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le discours sur le colonialisme d’aimé césaire
faut pas perdre de vue que l’organisation politique que s’est libre-
ment donnée un peuple fait partie, et à un degré éminent, de la
culture de ce peuple, culture que d’autre part elle conditionne 125. »
La question relative à la culture des peuples colonisés ne peut
être résolue si elle n’est pas comprise comme une question poli-
tique. Pour A. Césaire, la ruine culturelle des peuples colo-
nisés est le résultat direct de leur exclusion de toute
responsabilité politique : « un régime politique et social qui
supprime l’autodétermination d’un peuple tue en même temps
la puissance créatrice de ce peuple 126 ».
Les peuples colonisés à qui a été enlevée la capacité poli-
tique, c’est-à-dire la liberté d’« initiative historique 127 », ne pos-
sèdent et ne peuvent posséder aucune culture. Ils ne peuvent pas
non plus en recevoir une des peuples colonisateurs – qui ne
sont d’ailleurs disposés à fournir la leur que de façon hautement
sélective. L’acquisition de la culture des colonisateurs est niée,
puisque est niée la possibilité de toute utilisation libre des élé-
ments qui la composent :
« Des éléments étrangers sont devenus miens, ont passé dans mon
être parce que je peux en vers, parce que je peux les plier à mes
besoins. Parce qu’ils sont à ma disposition et non moi à la leur.
C’est très précisément le maniement de cette dialectique qui est
refusé au peuple colonisé. Les éléments étrangers sont posés sur son
sol, mais ils lui restent étrangers. Choses de Blancs. Manières de
Blancs. Choses que côtoie le peuple indigène mais sur lesquelles le
peuple indigène n’a pas puissance 128. »
Les peuples colonisés peuvent seulement aspirer à créer, en
même temps que l’indépendance politique, les conditions d’une
renaissance de leurs propres cultures. C’est seulement après la
récupération de la capacité politique que certains éléments
dérivés du patrimoine européen pourront être intégrés dans les
cultures locales. C’est ce que le Japon, par exemple, a pu réa-
liser en vertu du fait qu’il a toujours gardé son indépendance.
A. Césaire en vient ainsi à dénoncer comme fausse l’alterna-
tive qui oppose la sauvegarde des cultures traditionnelles à la
modernisation européisante :
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Neeman, Sherbrooke, 1984. Voir également Lire Albert Memmi : déracinement, exil,
identité, Actes du congrès international organisé en l’honneur de A. Memmi par le
Forum des cultures méditerranéennes à l’Institut Van Leer de Jérusalem (2-4 novembre
1998), Factuel, Paris/Genève/Bruxelles, 2002 et J. ROUMANI, Albert Memmi, Celfan,
Philadelphie, 1987.
2. Le caractère autobiographique de l’œuvre de A. Memmi est au centre de l’interpré-
tation de Joëlle STRIKE, Albert Memmi : autobiographie et autographie, L’Harmattan,
Paris, 2003.
3. Il s’agit d’un thème commun à la littérature maghrébine d’expression française,
divisée par sa double appartenance linguistique et culturelle. Voir la thèse (de lettres)
de J.-R. GOUDAY, La Quête de l’identité dans la littérature maghrébine de langue fran-
çaise, Brest, 1978 et I. YETIV, Le Thème de l’aliénation dans le roman maghrébin
d’expression française (1952-1956), Celef, Sherbrooke, 1972.
4. L’œuvre sociologique de A. Memmi n’est pas à l’origine d’une littérature critique
d’un intérêt particulier. On peut rappeler, parmi les quelques textes méritant d’être
signalés, Albert Memmi : écrivain et sociologue, Actes du colloque tenu à l’Université
de Paris-X-Nanterre (15-16 mai 1988), L’Harmattan, Paris, 1990. Pour une analyse sous
l’angle plutôt médical et psychiatrique, consulter Figures de la dépendance autour
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Un métis de la colonisation
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10. Réévoquant avec quelques années de recul les circonstances de l’écriture des Por-
traits, A. Memmi écrit : « Rentré en Tunisie au début des événements qui devaient
aboutir à l’indépendance de ce pays, je vécus un drame. J’avais des affections et des
amitiés dans les deux camps ; les colonisateurs et les colonisés n’étaient pas des figures
théoriques, mais des hommes et des femmes que je côtoyais journellement, des parents,
des collègues… et moi-même ! » (A. MEMMI, Le Racisme. Description, définitions, trai-
tement, Gallimard, Paris, 1994, p. 49).
11. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 155.
12. Ibidem, p. 159.
13. Ibidem.
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Colonialisme et racisme
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35. « Seul le racisme autorise à poser pour l’éternité, en la substantivant, une relation
historique ayant eu un commencement daté » (Ibidem, p. 93).
36. Ibidem, p. 90. Dans L’Homme dominé, un quatrième point sera ajouté, déjà impli-
cite dans les Portraits, qui précise comment le comportement raciste tend toujours à
légitimer une agression ou un privilège, effectif ou hypothétique (A. MEMMI, L’Homme
dominé : le Noir, le colonisé, le prolétaire, le Juif, la femme, le domestique, le racisme,
Payot, Paris, 1973).
37. A. MEMMI, Le Racisme, Gallimard, Paris, 1994, p. 55.
38. « Insister sur une différence, biologique ou autre, n’est pas du racisme ; même si
cette différence est douteuse. […] Bref, le constat d’une différence n’est pas du
racisme, c’est un constat. Mais ce constat peut être utilisé pour une agression raciste »
(Ibidem, p. 51).
39. A. MEMMI, Portrait d’un Juif, op. cit., p. 84.
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40. J.-P. SARTRE, Réflexions sur la question juive, Gallimard, Paris, 1985 (1946),
pp. 88-89. Memmi répond directement à Sartre dans Portrait d’un Juif, op. cit., p. 272.
41. Lorsqu’il s’agit de définir cette différence – en niant comme étant mythique
l’existence d’une différence biologique, socioéconomique, religieuse capable
d’embrasser l’entière communauté juive – Memmi finit par rejoindre inconsciemment
Sartre, trouvant dans la communauté d’oppression le vrai noyau commun de la judéité.
La différence se maintient dans le projet (dans l’existence, dit Memmi, d’un vouloir-
vivre juif), c’est-à-dire dans le fait que l’oppression subie impose selon Memmi une
libération dans la différence qui trouve sa forme la plus conséquente dans le nationa-
lisme juif (voir en particulier A. MEMMI, La Libération du Juif, Gallimard, Paris, 1966).
42. A. MEMMI, Portrait d’un Juif, op. cit., pp. 84-85.
43. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 91.
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Le refus de soi
65. J.-P. SARTRE, préface de A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 25.
66. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., pp. 105-106.
67. Ibidem, p. 107.
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68. Dans son autobiographie, A. Memmi parle brièvement de son rapport avec
F. Fanon, pour nier toute dérivation directe de son œuvre de la réflexion de l’Antillais :
« Nos livres se sont entrecroisés. […] Mais je ne l’avais pas lu, et je ne sais pas s’il
m’avait lu ; notre parenté venait de l’air du temps » (A. MEMMI, Le Nomade immobile,
op. cit., p. 83).
69. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., pp. 136-137.
70. « De même que beaucoup de gens évitent de promener leur parenté pauvre, le
colonisé en mal d’assimilation cache son passé, ses traditions, toutes ses racines enfin,
devenues infamantes » (Ibidem, p. 138).
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De la révolte à l’indépendance
qui profèrent de telles accusations ignorent et la politique depuis longtemps définie par
le Front à l’égard des Européens d’Algérie et l’appui constant qu’apportent à nos unités
ou à nos cellules politiques des centaines et des centaines d’Européens et d’Euro-
péennes » (F. FANON, L’An V de la révolution algérienne, La Découverte, Paris, 2001,
p. 138). Voir aussi S. M. BARKAT (dir.), Des Français contre la terreur d’État (Algérie
1954-1962), Reflex, Paris, 2002.
86. Le caractère géométrique de l’écriture de A. Memmi – relevé notamment par
J.-P. Sartre dans sa préface aux Portraits – présente ici une lacune dans le fait que
l’auteur néglige la possibilité d’une révolte de la métropole contre le scandale de la
colonisation comme une solution potentielle à la question coloniale. Cette carence
s’explique par le fait que A. Memmi interprète la question coloniale comme inévita-
blement périphérique et séparée, contribuant ainsi à la construction schizophrénique de
l’histoire et de l’identité de la France.
87. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 143.
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la réaction postcoloniale à l’universalisme colonial européen
« Considéré en bloc comme eux, ils, ou les autres, à tous les points
de vue différent, homogénéisé dans une radicale hétérogénéité, le
colonisé réagit en refusant en bloc tous les colonisateurs 88. »
Il s’agit d’un racisme de défense, non pas fondé sur des
considérations biologiques ou métaphysiques, mais historiques
et sociales :
« Il n’est pas basé sur la croyance à l’infériorité du groupe détesté,
mais sur la conviction, et dans une grande mesure sur un constat,
qu’il est définitivement agresseur et nuisible 89. »
Les valeurs du colonisateur, qui pour le candidat à l’assimi-
lation constituaient un modèle, deviennent pour le révolté
l’emblème d’une parfaite négativité. Tout ce qui fait partie de
la culture du colonisateur doit, dans cette phase, être refusé.
La nécessité de ce mouvement empêche, au cours de la révolte,
tout accès du colonisé aux valeurs universelles. Pour
A. Memmi, le seul fait que l’Occident ait déclaré agir en leur
nom les rend inutilisables pour le colonisé, qui n’y fera jamais
appel. La révolte éclate ainsi comme une exaltation de sa dif-
férence, de son incapacité à être assimilé, de son sentiment
d’étrangeté face aux valeurs du colonisateur, et donc de sa
propre « étrangeté » à tout universalisme (ou à un soi-disant
humanisme, tant les deux termes ne semblent pas différer en
substance aux yeux de A. Memmi). La révolte passe donc par
le repli identitaire, la revendication orgueilleuse des origines, le
recouvrement des traditions culturelles et religieuses :
« Le colonisé s’accepte et s’affirme, se revendique avec passion.
Mais qui est-il ? Sûrement pas l’homme en général, porteur des
valeurs universelles, communes à tous les hommes. Précisément, il
a été exclu de cette universalité, sur le plan du verbe comme en
fait. Au contraire, on a recherché, durci jusqu’à la substantifica-
tion ce qui le différencie des autres hommes. On lui a démontré
avec orgueil qu’il ne pourrait jamais s’assimiler les autres ; on l’a
repoussé avec mépris vers ce qui, en lui, serait inassimilable par les
autres. Eh bien ! Soit. Il est, il sera cet homme-là. La même passion
qui lui faisait admirer et absorber l’Europe, lui fera affirmer ses dif-
férences ; puisque ces différences, enfin, le constituent, constituent
proprement son essence 90. »
216
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93. « Les institutions du colonisé sont mortes ou sclérosées. Celles qui gardent une
apparence de vie, il n’y croit guère, il vérifie tous les jours leur inefficacité ; il lui arrive
d’en avoir honte, comme d’un monument ridicule et suranné » (Ibidem, p. 121).
94. Ibidem, p. 117.
95. Ibidem.
96. Cf. en particulier A. MEMMI, Juifs et Arabes, op. cit. et A. MEMMI, La Libération
du Juif, op. cit.
97. A. MEMMI, « Israël, les Arabes et le tiers monde », in A. MEMMI, Juifs et Arabes,
op. cit., p. 150.
98. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 154.
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102. Revenant au thème du rapport entre les cultures, dans « Israël, les Arabes et le
tiers monde », A. Memmi montrera qu’il croit en la possibilité d’une taxinomie entre
les cultures, déclarant qu’il considère démagogique l’idée que les cultures sont égales
en valeur. Selon lui, seules quelques cultures sont dignes d’être considérées comme
égales, par exemple la culture grecque et la culture juive (voir A. MEMMI, « Israël, les
Arabes et le tiers monde », loc. cit.).
103. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 129. L’italique est de l’auteur.
104. A. MEMMI, Portrait du colonisé, op. cit., p. 48.
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110. « L’immigré est un nouveau venu et les retardataires ont rarement de bonnes
places. Surtout, il existe un malentendu entre le majoritaire et l’immigré. L’immigré
s’impatiente de ne pas bénéficier d’un statut égal à celui de ses nouveaux concitoyens ;
pourquoi n’a-t-il pas accès aux postes les plus prestigieux ? Or, le majoritaire croit qu’il
a déjà beaucoup accordé en le recevant. Il ne peut, d’emblée, lui offrir tous les avan-
tages que procure l’appartenance ancestrale ; il faudra qu’il fasse ses preuves » (Ibidem,
p. 112).
111. Ibidem, p. 92.
112. Ibidem, p. 149.
113. Ibidem, p. 134.
114. Ibidem, p. 107.
115. Ibidem, p. 140.
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Un Antillais en Algérie
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18. Concernant l’influence ambiguë mais décisive de F. Fanon – qui affirmait que
l’on ne pouvait défendre la solidarité interafricaine qu’en soutenant les projets de libé-
ration nationale – sur ces luttes et sur le panafricanisme, voir R. J. C. YOUNG, « Fanon
et le recours à la lutte armée en Afrique », Les Temps modernes, nº 635-636,
2005-2006, pp. 118-135.
19. F. FANON, L’An V de la révolution algérienne, op. cit., p. 9.
20. Ibidem, p. 10.
21. Ibidem, p. 12.
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231
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Démystifier l’humanisme
23. Selon L. R. Gordon – qui aborde l’œuvre de F. Fanon à travers Husserl –, c’est
F. Fanon lui-même qui représente en premier lieu, à travers son expérience de vie, une
incarnation de la crise de l’Europe et, de manière plus générale, de la raison occidentale
(L. R. GORDON, Fanon and the Crisis of the European Man, Routledge, New York/
Londres, 1995).
24. F. FANON, Les Damnés de la terre, op. cit., p. 46.
25. L’expression est de J.-P. Sartre, qui continue ainsi : « puisque nul ne peut sans
crime dépouiller son semblable, l’asservir ou le tuer, ils [nos soldats] posent en principe
que le colonisé n’est pas le semblable de l’homme » (J.-P. SARTRE, préface des Damnés
de la terre, op. cit., p. 23).
26. F. FANON, Les Damnés de la terre, op. cit., p. 302.
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234
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Racisme et culture
La banqueroute morale de l’Europe trouve son expression la
plus paradigmatique dans le racisme, qui, pour F. Fanon comme
pour A. Césaire et A. Memmi, constitue l’essentiel du fait
colonial :
« Quand on aperçoit dans son immédiateté le contexte colonial, il est
patent que ce qui morcelle le monde c’est d’abord le fait d’appartenir
ou non à telle espèce, à telle race 38. »
C’est pour cette raison que, selon F. Fanon, pour rendre
compte de manière adéquate de la question coloniale, il faut inté-
grer l’analyse marxiste :
« Aux colonies, l’étranger venu d’ailleurs s’est imposé à l’aide de
ses canons et de ses machines. En dépit de la domestication réussie,
malgré l’appropriation, le colon reste toujours un étranger. Ce ne sont
ni les usines, ni les propriétés, ni le compte en banque qui caracté-
risent d’abord “la classe dirigeante”. L’espèce dirigeante est d’abord
celle qui vient d’ailleurs, celle qui ne ressemble pas aux autochtones,
“les autres” 39. »
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55. F. Fanon commente ainsi sa lecture de l’« Orphée noir » de J.-P. Sartre : « Alors
que je lui dis : “Ma Négritude n’est ni une tour ni une cathédrale, elle plonge dans la
chair rouge du sol, elle plonge dans la chair ardente du ciel, elle troue l’accablement
opaque de sa droite patience…”, alors que moi, au paroxysme du vécu et de la fureur,
je proclame cela, il me rappelle que ma Négritude n’est qu’un temps faible. En vérité,
en vérité je vous le dis, mes épaules ont glissé de la structure du monde, mes pieds n’ont
plus senti la caresse du sol. Sans passé nègre, sans avenir nègre, il m’était impossible
d’exister ma négrerie » (F. FANON, Peau noire, masques blancs, op. cit., pp. 111-112).
56. F. FANON, Les Damnés de la terre, op. cit., p. 203.
57. Ibidem, p. 202.
58. Ibidem, p. 210.
59. Ibidem, p. 222.
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Violence et action
70. « Nous estimons qu’un individu doit tendre à assumer l’universalisme inhérent à
la condition humaine » (Ibidem, p. 8).
71. Ibidem, p. 186.
72. F. FANON, Les Damnés de la terre, op. cit., p. 233.
73. F. FANON, Peau noire, masques blancs, op. cit., p. 177.
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86. J.-P. SARTRE, préface des Damnés de la terre, op. cit., p. 29.
87. Ibidem.
88. Ibidem, pp. 28-31.
89. H. ARENDT, Du mensonge à la violence, op. cit., p. 124.
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94. J. AMÉRY, « L’homme enfanté par l’esprit de violence », Les Temps modernes,
nº 635-636, 2005-2006, pp. 175-189, p. 185. Il s’agit d’un texte de 1969, jusque-là
inédit en français, dans lequel J. Améry commente F. Fanon à travers sa propre expé-
rience du camp nazi, concluant à la nécessité d’une distinction entre deux types de vio-
lence, la « violence oppressive » ou « répressive » et la « violence révolutionnaire ». Si
la première apparaît comme la négation de l’égalité et donc de l’humanité de l’homme,
« la violence révolutionnaire est l’affirmation d’un être humain qui s’accomplit lui-
même face à ce qui essaie de lui nier son humanité, ou encore contre la négation de
l’être humain. La négativité de la violence révolutionnaire a une charge positive »
(Ibidem).
95. F. FANON, Les Damnés de la terre, op. cit., p. 61.
96. F. FANON, « Pourquoi nous employons la violence », loc. cit., pp. 175-176.
97. F. FANON, Les Damnés de la terre, op. cit., p. 70.
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138. B. PARRY, « Resistance Theory. Theorizing Resistance or Two Cheers for Nati-
vism », in F. BARKER, P. HULME et M. IVERSEN, Colonial Discourse / Post-colonial
Theory, Manchester University Press, Manchester, 1994, p. 180.
139. Ibidem, pp. 186-187.
140. J. AMÉRY, « L’homme enfanté par l’esprit de la violence », loc. cit., p. 189.
141. Voir G. WILDER, Race, raison, impasse. Césaire, Fanon et l’héritage de l’éman-
cipation, op. cit. ; B. CHEYETTE, « Fanon et Sartre : Noirs et Juifs », loc. cit. ; F. VERGÈS,
« Frantz Fanon, esclavage, race et racisme », loc. cit.
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5. L. FERRAJOLI, La sovranità nel mondo moderno. Nascita e crisi dello Stato nazio-
nale, Anabasi, Milan, 1995, p. 20. Voir aussi E. TRAVERSO, La Violence nazie, op. cit.
6. P. BOURDIEU, « Esprits d’État », in P. BOURDIEU, Raisons pratiques. Sur la théorie
de l’action, Seuil, Paris, 1994, p. 101.
7. Ibidem, p. 123.
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où les choses, au sens le plus matérialiste, auront repris leur place » (F. FANON, Peau
noire, masques blancs, op. cit., pp. 8-9). Dans cette perspective, on peut penser que ce
ne sera pas au niveau de la théorie mais par une lutte sociale contre la marginalisation
que pourront véritablement être dépassées les équivoques culturalistes toujours à
l’œuvre aujourd’hui.
16. Voir J.-P. SARTRE, Réflexions sur la question juive, Paris, Gallimard, 1954.
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