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Ouvertures politiques

Introduction
à l’
anthropologie
du politique

Riccardo CIAVOLELLA
Éric WITTERSHEIM

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INTRODUCTION :
LE POLITIQUE AUTREMENT

Comprendre comment individus et groupes font face aux tensions et aux conflits
qui traversent le monde ; décrire les relations entre les peuples et les États, entre
les gouvernants et les gouvernés, mais aussi l’émergence de nouvelles formes de
pouvoir et de mobilisation ; étudier le politique à partir des rapports de pouvoir
d’échelle planétaire qui s’exercent sur les individus, et qui occupent quotidien-
nement les médias et nos conversations : ces objectifs s’imposent avec force.
Pour y répondre, l’anthropologie politique a développé des outils d’enquête et
d’analyse spécifiques, que ce manuel se propose de présenter d’une manière aussi
synthétique et claire que possible. Élaborés à partir de l’étude du politique depuis
les sociétés « tribales » jusqu’au monde contemporain, ces outils s’appuient sur
la capacité de la discipline à regarder le politique « autrement ». En cela, ce
manuel, bien que consacré au politique, peut aussi se lire comme une introduc-
tion à l’anthropologie générale vue sous l’angle du politique. Il donne en effet un
aperçu de la manière dont l’anthropologie a, depuis sa naissance, décrit le monde
et les nombreux changements qu’il a subis. Il s’agit donc d’un manuel sur l’anthro-
pologie du politique, mais il offre aussi des clefs et des outils d’analyse pour
comprendre comment faire de l’anthropologie politique, du point de vue des
méthodes, des outils d’interprétation, des concepts et des considérations éthiques.

1. À QUOI SERT L’ANTHROPOLOGIE POLITIQUE AUJOURD’HUI ?


La science politique, la philosophie, l’histoire, la géographie ou de nouvelles
disciplines comme la communication contribuent toutes à nous éclairer sur la
complexité des problèmes politiques contemporains. Y ajouter le regard de
l’anthropologie peut néanmoins sembler quelque peu surprenant aux non-
spécialistes. Ne disait-on pas que l’anthropologie était avant tout la science des
« ethnies », ces peuples dits « sans histoire » et « sans État », et qu’elle concer-
nait plus particulièrement l’étude des modes de vie et de cultures lointaines et

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différentes ? Écartons d’emblée cette idée : il y a déjà longtemps que l’anthro-


pologie a élargi son champ de recherche à toutes les sociétés, ainsi qu’à tous
types de situations, en se tournant vers l’étude du monde contemporain. Elle
l’a fait d’une part en dépassant l’opposition systématique entre ce qui serait
« traditionnel » et ce qui serait « moderne », ou authentique et inauthentique
dans les sociétés lointaines ; et d’autre part en étudiant les sociétés dites occi-
dentales de la même manière que les autres 1.
On a souvent reproché à l’anthropologie d’être née en contexte colonial et de
s’être développée dans une perspective trop européo-centrée. Si ceci est vrai pour
les phases initiales de la branche disciplinaire que l’on appelle « anthropologie
politique » dans les années 1930-1940, celle-ci s’est vite employée par la suite à
détacher son regard de ses présupposés ethnocentristes, anticipant en cela les
autres sciences humaines et sociales. Elle a en effet mis l’accent sur le dynamisme
historique propre à toute société, son inscription dans l’histoire, ainsi que les
tensions politiques qui la traversent. C’est donc sur un héritage conséquent que
l’anthropologie politique peut s’appuyer aujourd’hui pour affronter l’étude du
monde contemporain et « globalisé », ce qui lui ouvre un champ de recherche
pratiquement infini. Dans cette perspective, revenir aux œuvres et aux auteurs
classiques s’avère indispensable, à condition de le faire dans la perspective de les
actualiser, c’est-à-dire de les penser à la fois dans leur temps et dans le nôtre.
Nous nous efforçons donc de recontextualiser les classiques de l’anthropologie
politique selon trois angles : le présent à partir duquel nous les revisitons,
l’époque à laquelle ils ont été produits et le lien avec les autres auteurs, en dia-
logue ou en opposition avec lesquels ils ont été écrits.
Les anthropologues et leurs théories sont tous les produits de leur époque. Nous
les présentons ici en référence aux débats d’idées dans lesquels ils s’inscrivaient.
Les différents courants et « moments » de l’anthropologie politique doivent aussi
être décrits en référence aux bouleversements historiques des sociétés étudiées,
qui ont eux-mêmes transformé le regard anthropologique : la colonisation, les
conflits idéologiques, les crises économiques et politiques, les effets de la globa-
lisation, etc. Nous présentons donc dans cette Introduction une synthèse des
apports respectifs des différents courants, rappelant aussi le rôle de ceux qui n’ont
pas survécu mais ont malgré tout fait progresser l’étude anthropologique du
politique. Nous essayons d’y évoquer avec le plus d’objectivité possible les auteurs
qui ont représenté ces courants, comme l’évolutionnisme, le structuro-
fonctionnalisme ou le marxisme : tous ces « isme » aux noms peut-être étranges
pour les étudiants nés après la fin du colonialisme et de la Guerre froide, mais
qui montrent à quel point hommes et femmes ont cherché, de longue date, à

1. Un grand nombre de manuels assez récents sont là pour le confirmer : Beaud S. & Weber F.,
Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 1998 ; Géraud M.-O., Leservoisier O. &
Pottier R., Les Notions clés de l’ethnologie. Analyses et textes, Paris, Armand Colin, 1998 ;
Colleyn J.-P., Éléments d’anthropologie sociale et culturelle, Bruxelles, Éditions de l’Université Libre
de Bruxelles, 2002 ; Copans J., Introduction à l’ethnologie et à l’anthropologie. Domaines et approches,
Paris, Armand Colin, 2010 ; Deliège R., Une histoire de l’anthropologie : Écoles, auteurs, théories,
Paris, Le Seuil, 2013 ; Weber F., Une brève histoire de l’anthropologie, Paris, Flammarion, 2015.

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INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE INTRODUCTION 7

comprendre leurs congénères et leurs manières de s’organiser politiquement,


souvent dans l’espoir que cela puisse contribuer à changer le monde.
Si l’on peut établir ce lien entre les « classiques » et le présent de la discipline
pour étudier le monde contemporain, c’est parce que, au-delà des évolutions
imposées par l’histoire ou par les avancées scientifiques, un fil conducteur
semble animer l’anthropologie politique depuis sa fondation : la volonté d’appor-
ter un regard « différent », décalé, sur le politique dans les sociétés contempo-
raines. Le souci de décentrer le regard sur le politique est né, dans les premières
phases, en relation à la question de l’État. Cadre de référence incontournable
pour d’autres disciplines, dont la philosophie politique, l’anthropologie a voulu
justement contourner la question de l’État en s’attachant notamment à l’étude
des sociétés qui n’en possédaient pas, pour voir quelle autre forme y prenait le
politique. Portant son regard décalé sur d’autres contextes, y compris ceux où
l’on constate la présence de l’État, l’anthropologie s’est mise à observer et à
décrire la politique en la déconnectant des seules institutions formelles du pou-
voir. Son regard se porte en effet avant tout sur les expériences et les points de
vue respectifs des personnes ou des groupes sociaux, ainsi que sur les dyna-
miques et les processus politiques concrets.
En accordant de plus en plus de place à la question de la subjectivité et du « sujet »,
l’étude anthropologique du politique se pose, dans le monde contemporain, comme
une tentative de comprendre la manière dont les individus et les groupes réagissent
et se positionnent face aux forces ou aux contingences de l’histoire, aux injustices
économiques ou sociales, aux appels à la réaction, à la conservation ou au contraire
à la refondation des ordres existants. Si certains anthropologues ont parfois regretté
le « silence » de leurs pairs face à des bouleversements politiques radicaux, comme
le 11 septembre 2001 2 ou les émeutes des banlieues en 2005 3, c’est avec un regard
décentré que de nombreuses recherches ont été entreprises, souvent par de nou-
velles générations de chercheurs, sur des phénomènes contemporains, y compris
les plus récents, comme les débats sur le mariage pour tous, les printemps arabes
de 2011, le mouvement Nuit Debout en France en 2016 ou les crises migratoires
en Europe. Il s’agit donc de s’ouvrir aux débats contemporains plus larges, en
s’interrogeant sur la signification du pouvoir à l’époque contemporaine 4. Pour cela,
il est nécessaire de s’intéresser aux débats d’idées qui émergent dans le sillage des
mobilisations sociales et populaires les plus actuelles, un peu partout dans le
monde, et parfois même aux frontières de la discipline 5. Cette Introduction arrive,
en effet, à un moment historique où les sociétés posent avec de plus en plus de
force la question de la création d’autres formes de politique et de « vivre

2. Copans J., « L’anthropologie politique en France après 1980. Une démission program-
mée ? », Journal des anthropologues 92-93, 2003.
3. Fassin D., « Riots in France and silent anthropologists », Anthropology Today, 22, 2006.
4. Gledhill J., Power and its Disguises. Anthropological Perspectives on Politics, London and
Boulder, Pluto Press, 1994 ; Boni S., Culture e poteri. Un approccio antropologico, Milano,
Elèuthera, 2011.
5. Siblot Y., Cartier M., Coutant I. Masclet O., Renahy N. (dir.), Sociologie des classes popu-
laires contemporaines, Paris, Armand Colin, 2015.

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ensemble » ; une actualité du politique dans laquelle l’anthropologie peut donc, de


nouveau, jouer un rôle important. Ce manuel s’adresse bien sûr en priorité aux
étudiants en anthropologie et des autres disciplines s’intéressant au politique. Mais
il se veut aussi accessible à tous ceux et celles qui, militants ou non, cherchent à
mieux comprendre le monde et le politique d’aujourd’hui.
Par sa capacité à décrire les rapports de pouvoir, à partir d’enquêtes de terrain de
longue durée, l’anthropologie peut offrir des modes de compréhension de ce qui
se joue politiquement dans les sociétés contemporaines. L’anthropologie suit
généralement une démarche inductive : toute théorisation part d’une étude empi-
rique effectuée lors d’une enquête prolongée ou répétée dans le contexte social en
question. Elle fonde donc son savoir et ses interprétations sur un point de vue
toujours situé dans l’espace et dans le temps. Ceci provient de l’outil méthodolo-
gique le plus emblématique de l’anthropologie : l’enquête de terrain ethnogra-
phique, désormais pratiquée par d’autres disciplines pour étudier les sociétés
contemporaines, en Europe ou ailleurs. Face aux transformations du monde
contemporain, la discipline a certes dû faire évoluer ses techniques d’enquête, pour
tenir compte des jeux d’échelles entre dynamiques globales et réalités locales. Elle
ne cherche plus absolument à définir les spécificités locales par la notion de
« culture », conçue comme un ensemble de règles stables et homogènes, partagées
par les individus d’un groupe, et inspirant leurs actions et leurs modes de pensée.
Elle s’est ouverte à la sociologie et à l’histoire, ce qui lui permet de penser les
sociétés lointaines en dehors de tout exotisme. Les enquêtes sont aujourd’hui de
plus en plus « multi-situées », afin de suivre les circulations des personnes, des
idées et des marchandises, et de franchir les frontières largement mythifiées du
village. Cela s’avère encore plus pertinent lorsque l’anthropologie étudie des phé-
nomènes politiques. Par exemple, dans l’analyse des mobilisations politiques et
identitaires locales, celles-ci ne devront pas être considérées comme des survi-
vances ou des réactions s’opposant en tous points de vue aux dynamiques histo-
riques globales, mais comme des phénomènes nouveaux induits par l’interaction
d’expériences locales et de dynamiques globales. Cela va des mouvements identi-
taires en lutte pour leur reconnaissance à des réalités a priori aussi insaisissables
et incompréhensibles que les organisations terroristes.

2. POURQUOI UN NOUVEAU MANUEL D’ANTHROPOLOGIE POLITIQUE ?


Cinquante ans ont passé depuis la publication d’Anthropologie politique (1967) de
Georges Balandier et de Political Anthropology (1966) de Marc Swartz, Victor Turner
et Arthur Tuden. Ces deux ouvrages ont marqué l’histoire de la discipline pour
plusieurs raisons. Ils représentaient tout d’abord une première synthèse critique
des « trente glorieuses » de l’anthropologie politique, dont la naissance est asso-
ciée à la publication quasi simultanée, en 1940, d’African Political Systems de
Meyer Fortes et Edward Evan Evans-Pritchard et de la célèbre monographie de
ce dernier : Les Nuer. Les deux « manuels » parus il y a cinquante ans introdui-
saient également une rupture par rapport à la tradition dont ils étaient issus, en
ouvrant le champ de l’anthropologie politique à des territoires d’enquêtes et à des

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INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE INTRODUCTION 9

objets d’analyses nouveaux. Ils rompaient ainsi avec l’idée que celle-ci devait
limiter son champ d’étude aux sociétés « traditionnelles ».
Les travaux de Balandier et de ses contemporains ont contribué à faire recon-
naître la légitimité scientifique de l’anthropologie politique comme discipline,
en particulier face à la philosophie et aux sciences politiques. Mais ils ont
contribué en même temps, par leur apport critique, à transformer les objets du
questionnement anthropologique sur le politique. Ils ont paru au moment
même où la discipline s’engageait dans une entreprise d’autocritique, en cher-
chant à dépasser le « grand partage » entre l’Europe et le reste du monde 6.
Depuis, les anthropologues de langue française se sont rarement risqués à
proposer un autre manuel, à l’exception de Claude Rivière 7, un ancien élève
de Balandier qui a offert une synthèse succincte de la discipline, organisée par
concepts plutôt que par théories, auteurs et courants. Quelques bilans synthé-
tiques mais significatifs de l’histoire et des concepts de l’anthropologie politique
ont été publiés sous forme d’articles 8.
Pendant longtemps, le politique a été relégué à une position secondaire parmi
les objets privilégiés des anthropologues, qui ont plutôt porté leur attention sur
le symbolique, sur l’économique, et plus récemment, sur l’identité, les circula-
tions et le métissage. À partir des années 1990, de nouveaux objets politiques
s’offrent au regard de l’anthropologue dans un monde plus connecté et intégré 9.
Ceci conduit les spécialistes du politique à développer des perspectives qui
rompent avec l’héritage disciplinaire en termes de méthodes et de théories, ou
à le renouveler dans des perspectives inédites. Depuis, les anthropologues qui,
en milieu francophone, se sont intéressés aux questions politiques l’ont surtout
fait en insistant sur la spécificité de leur approche ou sur leur engagement
personnel, en analysant de manière critique l’héritage de cette branche disci-
plinaire 10. Cependant, leur propos n’ambitionnait pas de livrer une présenta-
tion exhaustive et complète de l’anthropologie politique, par-delà ses nombreux
courants et écoles de pensée. Il s’agissait plutôt de présenter et défendre l’ori-
ginalité d’une nouvelle approche, ou d’affirmer une prise de distance par rap-
port aux traditions passées ou contemporaines de la discipline 11.

6. Lenclud G., « Le grand partage ou la tentation ethnologique », in Althabe G., Fabre D. &
Lenclud G. (dir.), Vers une ethnologie du présent, Paris, Maison des sciences de l’Homme, 1992.
7. Rivière C., Anthropologie politique, Paris, Armand Colin, 2000.
8. Chazan-Gillig S., « Anthropologie politique. Savoirs et pouvoir », Journal des anthropo-
logues 92-93, 2003 ; Pilon-Lê L., « Le politique en anthropologie : une anthropologie poli-
tique ? », in Perspectives anthropologiques. Un collectif d’anthropologues québécois, Montréal,
Éditions du Renouveau pédagogique, 1979.
9. Abélès M., « Political Anthropology : New Challenges, New Aims », International Journal
of Social Sciences, 153, 1997 ; Constant-Martin D. (dir.), Sur la piste des OPNI (Objets politiques
non identifiés), Paris, Karthala, 2002.
10. Abélès M., Anthropologie de l’État, Paris, Armand Colin, 1990 ; Gellner E., Anthropology
and Politics, Oxford, Blackwell, 1995 ; Amselle J.-L., L’Anthropologue et le politique, Paris,
Nouvelles Éditions Lignes, 2012.
11. Abélès M. & Jeudy H.-P. (dir.), Anthropologie du politique, Paris, Armand Colin, 1998 ;
Nugent D. & Vincent J. (eds), A Companion to the Anthropology of Politics, Oxford, Blackwell,
2004.

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Il nous semble ici utile d’établir un bilan de la branche disciplinaire que l’on
nomme « anthropologie politique » et plus largement de la manière dont l’an-
thropologie en général s’est saisie de l’objet politique. Ce bilan bien que forcément
incomplet, devrait permettre, on l’espère, d’apprécier à la fois le chemin qu’elle
a parcouru et son état actuel, ainsi que d’inspirer étudiants et chercheurs d’hori-
zons disciplinaires proches ou lointains – mais aussi tout lecteur curieux ou
intéressé – par l’idée d’aborder « autrement » l’analyse du politique.
La production en anthropologie politique est devenue conséquente à l’heure
actuelle, et bien différente de ce qu’elle était à la sortie de l’ouvrage de Balandier
en 1967. Il demeure difficile d’esquisser les contours d’une discipline commune
à partir de ces perspectives qui, bien que parfois similaires ou comparables,
s’opposent néanmoins, à travers une définition propre, voire antagoniste, de ce
que sont l’anthropologie et le politique. La présente Introduction se propose de
répondre à ce défi. Elle vise à introduire le lecteur aux différentes manières
dont on peut concevoir une approche anthropologique de l’étude du politique,
en offrant à la fois un regard rétrospectif, de l’ordre de l’histoire des idées, des
courants et théories développées, et une présentation plus thématique des
grands objets et questions qui traversent l’anthropologie du politique, tout
comme de ceux qui sont novateurs et en rupture.
Ce texte a été pensé pour un public francophone. Cependant, il a été rédigé
avec la conviction qu’il est désormais contre-productif et illusoire de se can-
tonner à un champ disciplinaire national ou linguistique particulier. Cela
impose de se référer aux recherches britanniques et américaines, ces dernières
étant parvenues à occuper largement le champ de l’anthropologie politique au
niveau international. Mais tout en reconnaissant l’héritage des classiques de
l’anthropologie anglophone et francophone, cet ouvrage estime nécessaire de
faire de la place à d’autres courants et à d’autres voix. Il importe en effet de
souligner les apports de certaines trajectoires anthropologiques nationales
moins connues, et d’insister sur les perspectives théoriques et les idées pro-
duites dans une perspective postcoloniale, voire décolonialisée.

3. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET MODE D’EMPLOI DU MANUEL


L’anthropologie du politique est faite d’approches et d’objets différents, mais aussi
de controverses théoriques et idéologiques parfois vives. Les différents position-
nements et engagements politiques des anthropologues, leur inscription dans des
courants de pensée particuliers, ainsi que les terrains et les méthodes ethnogra-
phiques à partir desquels ils ont élaboré leurs travaux ont déterminé une pluralité
d’approches et de théories souvent contradictoires. Loin de présenter la discipline
comme une simple boîte à outils théoriques et méthodologiques prêts à l’emploi,
ou comme un simple savoir cumulatif qui aurait atteint aujourd’hui, au moment
où nous écrivons, un stade d’achèvement, ce manuel intègre deux perspectives.
D’une part, il offre une lecture diachronique, en restituant l’évolution progressive
de la discipline et de ses courants, la chronologie des débats et les développements

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INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE INTRODUCTION 11

théoriques marqués par des ouvrages fondateurs. De l’autre, il propose une analyse
critique détaillée des grands questionnements et thématiques qui traversent les
différents courants et les différentes époques. Ces lectures croisées permettent en
outre de saisir ce qui caractérise le regard anthropologique par rapport aux autres
disciplines traitant du même objet.
La première partie (« De la tribu aux sociétés postcoloniales : entre ordre social et
dynamique historique ») suit un ordre chronologique, des origines jusqu’à la
phase de crise et d’éclatement de la discipline survenue en parallèle à la fin de
l’hégémonie coloniale. L’anthropologie politique s’est d’abord développée pour
combler l’absence de connaissances sur les organisations et les systèmes politiques
dits « traditionnels ». De cette manière, elle s’est engagée dans une logique d’inven-
taire et de formalisation théorique et comparative des systèmes et des organisations
politiques, selon les canons de la politique comparée anglo-saxonne 12. Ceci lui a
fait mettre l’accent sur la stabilité plutôt que sur le changement, et sur les institu-
tions politiques plutôt que sur les rapports et l’exercice effectifs du pouvoir 13. En
dépit de ses avancées, cette première approche a été victime de cette vision figée
et de cette intention formalisatrice. Malgré les critiques qu’elle a portées aux ana-
lyses eurocentriques et philosophiques qui concentraient leur interrogation sur
l’État, en élaborant notamment d’autres catégories comme celle de « sociétés sans
État », « segmentaires » ou « acéphales », elle a continué à faire du paradigme
étatique un critère déterminant et discriminant.
La deuxième partie (« Rapports de pouvoirs et sujets politiques : vers une anthro-
pologie politique du monde contemporain ») s’articule de manière thématique,
pour saisir la complexité des objets et des perspectives théoriques qui ont donné
forme à l’anthropologie politique actuelle. L’importance accrue accordée aux évé-
nements et aux situations dans la description ethnographique a transformé le point
de vue anthropologique, invitant à étudier le dynamisme propre à toute société.
La grande question qui traverse l’anthropologie politique depuis les années 1960-
1970 est sans doute moins celle du pouvoir en lui-même que celle des rapports
de pouvoir, par définition inégaux, auxquels sont soumis les individus. Cette prise
en compte de la dimension dynamique et historique du social a ouvert la voie à
de nouveaux terrains : les formes de résistance des « subalternes » dans les socié-
tés paysannes et les sociétés industrielles par exemple, ou encore la question du
rapport à l’État et à la politique dans le monde contemporain. Enfin, la discipline
a dû prendre en charge un nouveau défi : la nécessité de travailler de plus en plus
à des échelles différentes pour tenter de saisir le phénomène de globalisation, et
la manière dont les individus y évoluent et se le représentent.
Les deux parties du livre sont divisées chacune en quatre chapitres. Chaque
chapitre aborde une école ou une thématique majeure de l’anthropologie poli-
tique, à partir de deux sous-thématiques qui permettent de la traiter sous des
angles différents. Ils soulignent également l’importance des idées et des

12. Easton D. The Political System, an Inquiry into the State of Political Science, New York,
Knopf, 1965.
13. Balandier G., Anthropologie politique, op. cit.

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12 INTRODUCTION INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE

événements qui les ont influencés à l’époque, ainsi que les critiques qui leur
ont été portées, permettant à la discipline de progresser.
Le chapitre 1, « L’anthropologie du politique avant l’anthropologie politique »,
porte d’abord l’attention sur les philosophes considérés comme les précurseurs
d’une lecture anthropologique du politique depuis l’antiquité, puis sur les
premiers véritables anthropologues qui, durant la deuxième moitié du
XIXe siècle, vont jouer un rôle décisif dans la naissance de la discipline et de son
premier grand cadre explicatif, l’évolutionnisme, utilisé pour expliquer, entre
autres, l’organisation politique des sociétés dites « primitives ».
Le chapitre 2, « Le politique “imbriqué” dans les sociétés lignagères », se penche
sur la manière dont on a cherché à reconnaître ces sociétés pour ce qu’elles
sont, et non dans une logique de classement sur une échelle évolutive de
l’humanité. Avec l’école structuro-fonctionnaliste, on s’est ainsi engagé dans
une démarche de formalisation théorique, qui a porté l’accent sur la stabilité et
l’équilibre des systèmes sociaux « traditionnels » et plus particulièrement « tri-
baux », à partir de la connaissance de leurs institutions politiques.
Le chapitre 3, « Conflit, pouvoir et dynamisme historique », explique comment
l’anthropologie politique a remis en cause le fixisme de l’approche structuro-
fonctionnaliste en révolutionnant la méthode ethnographique : des anthropo-
logues s’engagent en effet dans l’analyse de situations concrètes et l’étude des
changements induits par la colonisation. Le rôle et la stratégie des acteurs
politiques deviennent alors un élément central des enquêtes et des écrits
anthropologiques, au détriment des « formes » idéales de pouvoir.
Le chapitre 4, « De la situation coloniale au postcolonialisme », analyse à la
fois l’impact de la colonisation sur les sociétés dites traditionnelles et la situa-
tion coloniale elle-même, tout comme l’idéologie qui la sous-tend : le colo-
nialisme. Revendiquer l’historicité des sociétés colonisées signifiait pour les
anthropologues reconnaître leur capacité à s’engager dans des formes de
contestation du pouvoir colonial. Cette réflexion anthropologique sur le
colonial, ainsi que les différentes réactions politiques et intellectuelles de
nature « postcoloniales » qu’elle a suscitées, a marqué les développements
successifs de l’anthropologie politique jusqu’à nos jours.
Dans la deuxième partie, le chapitre 5, « Inégalités et domination dans le débat
idéologique français », présente une lecture des vifs débats politiques qui ont
traversé, bien au-delà des séminaires d’anthropologie politique, toutes les
sociétés occidentales dans les années 1970. En anthropologie, ils ont opposé
les tenants d’une approche marxiste, fondée sur l’idée que les mécanismes de
domination reposent toujours sur des facteurs d’ordre économique, à des pen-
seurs libéraux ou anarchistes, qui ont cherché à aborder la question du poli-
tique en dehors de l’État, considéré comme l’instrument absolu de l’oppression
totalitaire.
Le chapitre 6, « Résistances, subalternité et subjectivité », examine la question
des rapports entre domination et résistance. Des enquêtes menées sur des ter-
rains variés, comme l’Amérique latine ou l’Asie du Sud, permettent de faire

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INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE INTRODUCTION 13

émerger le point de vue des dominés et des subalternes au sein des sociétés
paysannes, au gré des rébellions, des révoltes et de formes de résistance plus
quotidiennes et ordinaires. Elles font écho aux recherches menées à la même
époque par les historiens sur les mondes ouvriers et paysans.
Le chapitre 7, « Anthropologie de l’État contemporain », explique comment les
anthropologues ont progressivement dessiné les contours d’une anthropologie
de l’État, puis la manière dont ils ont décrit le rapport des individus à la poli-
tique, et enfin ont développé une anthropologie du rapport à l’État au quoti-
dien, dans les situations ordinaires. Le chapitre revient aussi sur l’évolution du
modèle « État-nation », parfois remis en cause, et les débats sur l’identité et
l’ethnicité qui le mettent en tension.
Enfin, le chapitre 8, « Gouvernement du monde et nouvelles subjectivités dans
la globalisation », explore la manière dont l’anthropologie prend en compte les
bouleversements récents, dans un monde où la globalisation économique et la
dispersion des centres de pouvoir accentuent l’interdépendance des individus
et des sociétés sur le plan à la fois local et global. Cette situation nouvelle invite
à saisir l’articulation de ces différentes dimensions, mais aussi les points de vue
subjectifs, eux aussi fort complexes, des individus et des nouveaux collectifs
qui les réunissent.
À la fin de chaque chapitre, le lecteur trouvera quelques informations complé-
mentaires : un court résumé des enjeux et des notions discutés dans le chapitre ;
quelques orientations bibliographiques, choisies pour leur caractère accessible
(nous avons privilégié les articles de synthèse en français) ; et enfin, des ques-
tions de cours. Une bibliographie détaillée est disponible dans la version
numérique de l’ouvrage, accessible via la plateforme Noto (voir détails en 2e de
couverture).

4. REMERCIEMENTS
Nos premiers remerciements vont à Yohann Aucante, ainsi qu’à Alexandre
Dézé, qui nous ont témoigné une grande confiance en nous chargeant de cette
tâche passionnante qui consistait à réaliser un état des lieux de l’anthropologie
politique aujourd’hui. Nous tenons également à remercier Enric Porqueres i
Gené de nous avoir confié depuis la rentrée 2012-13 un enseignement général
d’anthropologie politique à l’Ehess, dont cet ouvrage est le prolongement direct.
Durant les deux premières années de ce séminaire, nous avons pu bénéficier
de l’expérience de Jean-François Gossiaux qui, assurant cet enseignement avec
nous, ne manquait jamais d’apporter des nuances à nos points de vue parfois
trop catégoriques. Nous avons une dette envers tous les collègues qui, à Paris
comme ailleurs, nous ont permis, au travers d’échanges et de discussions,
d’améliorer notre connaissance de l’anthropologie politique, dont nous espé-
rons que ce livre donne une vision aussi large et nuancée que possible. Des
amis ont relu et commenté la première version de certains chapitres, nous les
en remercions. Conformément à l’usage, nous sommes bien entendus seuls

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14 INTRODUCTION INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE

responsables du contenu de ce manuel, dont nous assumons toutes les limites


et les imperfections.
Enfin, nous souhaitons dédier ce livre à tous les étudiant(e)s qui ont participé
à nos enseignements, à l’EHESS et ailleurs, pour leur enthousiasme et leur
contribution toujours stimulante, ainsi qu’aux personnes qui nous ont accueil-
lis et guidés dans nos enquêtes sur le terrain depuis de nombreuses années, en
Afrique, en Océanie et en Europe. Enseigner, écrire et enquêter sont les activi-
tés par lesquelles les anthropologues tentent de saisir et d’expliquer le monde
qui les entoure. Nous percevons chacune de ces activités comme une relation
et un échange, sans lesquels il n’y aurait pas d’anthropologie. Que cette relation
constructive et basée sur la confiance et le respect puisse, malgré les soubresauts
du monde actuel et les menaces qu’ils font peser sur l’anthropologie, continuer
malgré tout, car nous sommes convaincus que ce monde en a justement plus
que jamais besoin. Un remerciement et une pensée, enfin, à nos épouses et à
nos enfants, qui nous accompagnent dans notre quotidien de chercheurs,
citoyens, personnes et parents, en nous incitant constamment à découvrir le
monde, à le regarder autrement et à en construire des nouveaux.

INTANT_CS6_MAC_OSX.indb 14 09/11/2016 18:40


TABLES DES MATIÈRES

Introduction : Le politique autrement ..................................................................... 5


1. À quoi sert l’anthropologie politique aujourd’hui ?......................................................................... 5
2. Pourquoi un nouveau manuel d’anthropologie politique ?.......................................................... 8
3. Présentation générale et mode d’emploi du manuel .................................................................... 10
4. Remerciements .......................................................................................................................................... 13

PARTIE 1
De la tribu aux sociétés postcoloniales :
entre ordre social et dynamique historique
CHAPITRE 1
L’anthropologie du politique avant l’anthropologie politique........... 17
1. Les précurseurs philosophiques (selon les anthropologues) ....................................................... 18
1.1 Les anthropologues à la recherche de pères philosophiques ...................................................... 18
1.2 L’homme comme animal politique : Aristote ................................................................................. 18
1.3 Le contrat social contre l’état de nature : Hobbes ...................................................................... 19
1.4 État de nature, contrat social et comparatisme : de Spinoza à Rousseau
et Montesquieu .................................................................................................................................... 20
1.5 Des précurseurs hors du monde occidental : Ibn Khaldun.......................................................... 22
1.6 Les anthropologues face aux philosophes ....................................................................................... 23
2. Ébauches évolutionnistes ........................................................................................................................ 23
2.1 L’anthropologie du politique aux frontières du capitalisme ........................................................ 23
2.2 Évolution et comparaison des cultures du monde ........................................................................ 25
2.3 Historicisme et comparatisme chez Henry S. Maine .................................................................. 27
2.4 Le politique naît de l’inégalité et des rapports de parenté ........................................................ 28
2.5 De la famille à l’individu, du statut au contrat, de la consanguinité au territoire ............... 29

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250 TABLES DES MATIÈRES INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE

2.6 Entre monde colonial et cause indienne : Lewis H. Morgan ..................................................... 31


2.7 Une voie intermédiaire du politique : la « Ligue des Iroquois » ................................................. 32
2.8 La société archaïque et la théorie des stades................................................................................ 33

CHAPITRE 2
Le politique « imbriqué » dans les sociétés lignagères ............ 37
1. L’école structuro-fonctionnaliste et le politique.............................................................................. 38
1.1 Naissance et fondements de « l’anthropologie politique ».......................................................... 38
1.2 À la recherche de l’équilibre et de l’ordre ....................................................................................... 40
1.3 La société impose ses lois ................................................................................................................... 42
1.4 Sociétés sans État et États « primitifs » .......................................................................................... 43
2. L’anarchie ordonnée de la société segmentaire : les nuer.......................................................... 45
2.1 Les bases matérielles de l’organisation sociale des Nuer ........................................................... 45
2.2 Le système politique : principe de segmentarité et anarchie ordonnée.................................. 47
2.3 Un classique face à ses critiques ...................................................................................................... 49
2.4 L’anthropologie structuro-fonctionnaliste face au colonialisme ................................................ 51

CHAPITRE 3
Conflit, pouvoir et dynamisme historique............................. 57
1. Conflit et processus politique ................................................................................................................ 58
1.1 Gluckman, l’École de Manchester et la résolution des conflits ................................................. 58
1.2 L’homme comme acteur politique .................................................................................................... 60
1.3 Le processus politique .......................................................................................................................... 63
2. Dynamiques de l’autorité et de l’état dans les sociétés « traditionnelles » ........................... 64
2.1 Le « chef sans pouvoir » et les fondements religieux de la chefferie ........................................ 64
2.2 Le chef comme leader .......................................................................................................................... 66
2.3 Le « lieu du politique » dans une société acéphale ...................................................................... 68
2.4 L’origine de l’État .................................................................................................................................. 69
2.5 La spatialité de « l’État segmentaire » ............................................................................................ 71
2.6 Les espaces de « frontières » .............................................................................................................. 74

CHAPITRE 4
De la situation coloniale au postcolonialisme................................... 77
1. « Situation coloniale » et anticolonialisme.......................................................................................... 78
1.1 « Un citadin africain est un citadin » : le détour par l’anthropologie urbaine ....................... 78
1.2 « Le pont » et l’analyse situationnelle .............................................................................................. 81
1.3 Le dépassement de l’opposition tradition/modernité ................................................................... 84

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INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE TABLES DES MATIÈRES 251

1.4 De l’École de Manchester à l’anthropologie dynamiste de Balandier...................................... 86


1.5 La « reprise d’initiative » des sociétés coloniales et semi-coloniales........................................ 88
1.6 Mouvements religieux de libération et anticolonialisme ............................................................. 90
1.7 L’anthropologie politique et l’anticolonialisme en France........................................................... 91
1.8 La place du politique dans le débat anthropologique français................................................... 94
2. Critique de la science impérialiste et postcolonialisme ............................................................... 97
2.1 L’autocritique de l’anthropologie comme science coloniale ....................................................... 97
2.2 Les postcolonial studies ................................................................................................................................ 101
2.3 L’anthropologie après le postcolonialisme ...................................................................................... 104
2.4 La voix de l’anthropologue et la crise postcoloniale d’autorité ................................................. 106

PARTIE 2
Rapports de pouvoirs et sujets politiques :
vers une anthropologie politique
du monde contemporain
CHAPITRE 5
Inégalités et domination dans le débat
idéologique français ........................................................ 115
1. Clastres et l’hypothèse d’une société contre l’état ......................................................................... 116
1.1 Des sociétés sans État aux sociétés contre l’État ........................................................................ 116
1.2 Les sociétés « primitives » en général et les Guayaki en particulier ........................................ 117
1.3 Inégalité économique et inégalité politique .................................................................................... 118
1.4 Une société qui a autorité sur le chef.............................................................................................. 120
1.5 Violence et contrôle social .................................................................................................................. 120
1.6 De l’antitotalitarisme à la nomadologie .......................................................................................... 122
2. Le marxisme anthropologique, entre exploitation économique
et domination idéologique .................................................................................................................... 123
2.1 Africanisme marxiste et inégalité politique .................................................................................... 123
2.2 La critique du néo-primitivisme ......................................................................................................... 124
2.3 Le pouvoir et la domination au-delà du champ politique ........................................................... 126
2.4 L’exploitation économique et le politique....................................................................................... 127
2.5 La domination idéologique et le politique : structure, symbole, histoire ................................ 130

CHAPITRE 6
Résistances, subalternité et subjectivité ............................. 135
1. Rébellions populaires et histoires subalternes ................................................................................. 136
1.1 De l’hégémonie à la subalternité : le politique entre économie et culture ............................ 136
1.2 Le pré-politique des « rebelles primitifs »........................................................................................ 138
1.3 L’économie morale des classes populaires ...................................................................................... 140

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252 TABLES DES MATIÈRES INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE

1.4 Les sociétés paysannes en contexte « semi-colonial » ................................................................. 141


1.5 Économies morales et révoltes paysannes face à la colonisation et au capitalisme............ 143
1.6 L’histoire « subalterne » des colonisés ............................................................................................. 146
2. Pouvoirs, résistances et acteurs ........................................................................................................... 148
2.1 Pouvoir et gouvernementalité : la nature diffuse et vivante du pouvoir .................................. 148
2.2 Le poststructuralisme en anthropologie : agency et subjectivités................................................ 151
2.3 Résister au pouvoir : entre conscience et pratiques..................................................................... 155
2.4 Les « armes des faibles » : les discours cachés et l’infra-politique ........................................... 157
2.5 Le risque d’un romantisme de la résistance ................................................................................... 159
2.6 Au-delà du « populisme » : la rigueur du terrain ethnographique ............................................ 161

CHAPITRE 7
Anthropologie de l’état contemporain ................................. 165
1. L’État-nation comme objet anthropologique ................................................................................... 166
1.1 L’État contemporain : entre sociologie, anthropologie et science politique ........................... 166
1.2 L’anthropologie des institutions politiques ...................................................................................... 170
1.3 La théâtralité du pouvoir ..................................................................................................................... 172
1.4 L’État et la nation, entre invention et imagination ...................................................................... 176
1.5 L’ethnicité comme instrument de gouvernement et comme référent de mobilisation ........ 180
2. État, citoyens et individus....................................................................................................................... 183
2.1 État et société : une relation politique ............................................................................................ 183
2.2 L’ethnologie politique et historique d’un département français................................................ 184
2.3 Participation, vote, citoyenneté ......................................................................................................... 186
2.4 Corruption et fonctionnement de l’État au quotidien ................................................................. 189
2.5 L’État et ses dispositifs de gouvernementalité : une anthropologie des marges................... 190

CHAPITRE 8
Gouvernement du monde et nouvelles subjectivités
dans la globalisation...................................................... 195
1. Pouvoirs et gouvernance dans la globalisation ................................................................................ 196
1.1 La globalisation comme terrain .......................................................................................................... 196
1.2 La globalisation comme objet ........................................................................................................... 199
1.3 Gouvernance, global-politique et néolibéralisme .......................................................................... 202
1.4 Organisations internationales, politiques publiques et développement .................................. 205
1.5 Les multinationales comme acteurs de gouvernementalité........................................................ 209
2. Vers l’émergence de nouveaux sujets politiques ........................................................................... 211
2.1 Gouvernementalité et production des sujets globaux .................................................................. 211
2.2 Subjectivation et imaginaire dans la globalisation ........................................................................ 214
2.3 Fragmentation des sujets politiques et délégitimation des institutions .................................. 216
2.4 Les mouvements populistes et l’anthropologie .............................................................................. 219

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INTRODUCTION À L’ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE TABLES DES MATIÈRES 253

2.5 Le politique des « sujets » marginalisés ........................................................................................... 221


2.6 Mouvements sociaux et mobilisations ............................................................................................. 222

Conclusion : l’anthropologie politique au-delà du politique.................... 227


1. Quelques spécificités de l’approche anthropologique................................................................... 228
2. La question de l’engagement................................................................................................................. 230

Liste des encadrés .................................................................................................................. 233


Liste des définitions ............................................................................................................... 235
Index des noms propres .................................................................................................... 237
Index des notions .................................................................................................................... 243

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